autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre - irts2013-2016

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autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre - irts2013-2016
AUTISME ET PSYCHANALYSE : POURQUOI LA GUERRE ?
Jean Peuch-Lestrade
L'Esprit du temps | Topique
2007/2 - n° 99
pages 17 à 28
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Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Peuch-Lestrade Jean, « Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? »,
Topique, 2007/2 n° 99, p. 17-28. DOI : 10.3917/top.099.0017
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ISSN 0040-9375
Autisme et psychanalyse :
pourquoi la guerre ?
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« L’État idéal résiderait naturellement dans une communauté
d’hommes ayant assujetti leur vie instinctive à la dictature de la raison.
Rien ne pourrait créer une union aussi parfaite et aussi résistante entre les
hommes, même s’ils devaient pour autant renoncer aux liens de sentiment
les uns vis-à-vis des autres. Mais il y a toute chance que ce soit là un espoir
utopique. »1
Plusieurs d’entre nous auront reconnu Freud (1932) dans sa réponse à Einstein
sur le pourquoi de la guerre2.
Personnellement, cette « dictature de la raison », que Freud appelle de ses
vœux comme solution à la guerre, m’a toujours profondément heurté au point que
j’ai souvent imaginé qu’il serait nécessaire que les psychanalystes rejettent cette
proposition de la même manière que les partis communistes européens avaient, en
leur temps, abandonné « la dictature du prolétariat » !
Est-elle si utopique cette communauté d’humains soumise à la dictature de
la raison et renonçant pour cela à leurs liens affectifs mutuels ? Peut-être pas
tant que ça quand on pense à l’évolution de la pensée « scientifique » du côté
1. Souligné par moi.
2. Dans sa lettre, Einstein rappelait sa conviction que seule une instance supranationale
pourrait contribuer à éliminer la guerre et terminait son propos sur une question adressée à
Freud : « Existe-t-il une possibilité de diriger le développement psychique de l’homme de
manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ? » (1932)
Topique, 2007, 99, 17-28.
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Jean Peuch-Lestrade
TOPIQUE
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de l’autisme. En effet, l’évolution de la pensée sur l’autisme a traversé jusqu’à
présent trois étapes principales. Maladie mentale de l’enfant tout d’abord, avec
Kanner (1943) et Asperger (1944), puis forme la plus grave de la psychose
infantile avec la psychanalyse, elle est devenue, ensuite, handicap à la faveur du
comportementalisme et des théories de Schoppler fondant la méthode TEACCH
en opposition à Bettelheim. Maintenant, ce serait une autre intelligence, comme le
propose Mottron (2005), qui pourrait être à l’origine d’une nouvelle communauté
dans laquelle on entre par un baptême diagnostique scientifiquement validé. Cette
communauté, pensée sur le modèle de la communauté homosexuelle, rassemblerait
ces êtres humains « mutants » qui, du fait qu’ils privilégient une intelligence désubjectivée comme celle des ordinateurs, seraient mieux adaptés à la vie moderne
et à ses machines. Mais ils seraient aussi protégés contre les risques de guerre par
« l’absence de mécanismes de contagion émotionnelle qui contribue, entre autres,
à la façon dont les non-autistes se traitent entre eux ».
Laurent Mottron, dont je qualifierai volontiers la démarche de nouvelle
anti-psychiatrie ancrée dans un cognitivisme fortement mâtiné de génétique,
n’est d’ailleurs pas polémique à l’égard des conceptions psychanalytiques de
l’autisme, tant l’anthropologie freudienne lui semble, dans ce domaine, inadaptée
et dépassée3.
Mais pourquoi vous parler de ce qui se passe chez ceux qui nous dénigrent
si souvent comme les derniers des Mohicans encore présents dans des peuplades
sous-développées comme la France et l’Argentine, et qui soutiennent une
conception non seulement erronée mais encore dogmatique voire religieuse de
l’autisme ?
Pour Piera Aulagnier (1974), le savoir culturel impose comme réalité ce qu’il
reconnaît comme partageable quand le délire met à la place une certitude privée.
Elle montre d’autre part comment le discours scientifique promet au sujet qui
renonce à la certitude du discours sacré, un savoir dont le rapport à la certitude
est différé dans le futur.
L’hypothèse faite par Margaret Malher, d’une phase autistique primaire qui
permet de comprendre, sur un modèle régressif, la plus grave des psychoses
infantiles, est dénoncée par Frances Tustin (1992) comme erronée ; celle d’une
responsabilité des parents dans la pathologie de leur enfant qui a tant été reprochée
3. Mais il se pose, lui aussi, la question du « Pourquoi la guerre ? » entre les deux
courants principaux du cognitivo-comportementalisme qui sont soutenus par des
associations de parents d’autistes : celui qui prône la méthode TEACCH et celui qui prône
la méthode ABA ; cf. plus loin.
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à Bruno Bettelheim a elle aussi été abandonnée : elles ne sont plus d’actualité
chez les psychanalystes4.
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Après tout, Margaret Mahler ou Bruno Bettelheim ont bien pu se tromper,
mais que dire de Freud et de sa dictature de la raison ? N’y aurait-il pas quand
même quelque chose à sauver ?
Par cet exemple, je voulais juste faire toucher du doigt, dans quel contexte
contre transférentiel nous nous trouvons actuellement en tant que psychanalystes
s’occupant d’autistes, y compris en institution comme c’est le cas pour moi. Ce
contexte est marqué par une fuite du registre du savoir vers d’autres disciplines
plus « scientifiques », et par la tentative d’un repli sur quelques certitudes
analytiques face à un maelström médiatique. Ainsi, comme le disait Pascal Ory
(2001) sur France Culture : « (...) L’autisme a été, depuis quelques années, le lieu
d’un débat dont l’enjeu dépasse largement ses frontières, où l’on peut voir comme
un Waterloo de la psychanalyse. »
Les tempêtes et les batailles ont un intérêt parce qu’avec ce qu’elles emportent,
elles nous laissent avec des restes qui peuvent bien souvent nous révéler l’essentiel.
L’essentiel pour moi m’est apparu progressivement comme étant le champ du
contre-transfert, contre-transfert paradoxal puisqu’il est en lien avec un sujet en
position de non-transfert et à l’heure actuelle dans un contexte familial et culturel
plutôt hostile.
Contre-transfert, parce qu’on peut repérer chez nos adversaires comment
le fait de ne pas le prendre en compte induit des mouvements identificatoires
passionnés. Contre-transfert envisagé de manière élargie dans la mesure où j’y
inclus toute une dimension politique du fait des puissantes actions de certaines
associations de parents contre la psychanalyse, et je préfère le penser dans le
cadre de ce que j’ai développé comme transfert sur l’institution5, l’institution
étant ici l’institution de la société que constitue la Psychanalyse, soit la société
psychanalytique dans son ensemble.
4. C’est une des raisons qui expliquent que la majorité des psychanalystes français,
après l’avoir adoré, n’évoquent plus guère Bettelheim. Ainsi, il n’est cité qu’une seule
fois (et encore pour critiquer ses positions théoriques à l’égard des parents) dans le récent
ouvrage collectif sous la direction de Bernard Golse et Pierre Delion : Autisme : état des
lieux et horizons (2005).
5. Je conçois l’analyse des transferts sur l’institution (2006) de manière spécifique avec
un modèle politique.
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En même temps, face à ce vide métapsychologique qui se creuse sous nos pas,
nous avons tendance à importer des concepts issus des sciences cognitives pour
rester dans la réalité et à surinvestir le registre des interactions précoces mère-enfant
dans le registre de l’étiologie pour garder une possibilité de psychogenèse.
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Nous retrouvons d’abord ces mouvements dans tous les témoignages
de parents d’autistes qui passent tous par des phases alternant le désespoir et
l’héroïsme, car ils sont seuls face à des murs d’incompréhension de la part des
spécialistes qui les entourent. En poursuivant leur quête solitaire, ils rencontrent
finalement une personne qui les comprend et une théorie ; à travers elle et à partir
de là, les choses vont pouvoir changer6. Lire ces récits mobilise de l’admiration
et un fort mouvement d’empathie à la souffrance du parent incompris et empêché
de l’être.
Écouter tout ensemble, avec une oreille analytique, le discours des
autistes (quand ils parlent), celui de leurs parents et enfin celui des cognitivocomportementalistes amène à prendre en compte de manière différenciée les
registres :
• de la mise en scène, soit celui du primaire pour Piera Aulagnier (1975), qui
se déploie de manière plus évidente du côté de la rencontre avec les parents
autour de ce que j’appellerai la scène traumatique « Bettelheim ».
• celui de la mise en sens, soit celui du secondaire pour Piera Aulagnier, que
je situerai dans le conflit avec les cognitivo-comportementalistes, autour de
l’étiologie psychogenèse versus organogenèse,
• celui de l’autosensualité des autistes sans accès à l’autoérotisme, qui lui se
vivrait de manière privilégiée dans le registre de l’originaire.
Enfin, le vécu contre-transférentiel d’être chahuté dans son vécu identificatoire
en tant qu’humain7 du côté d’une non-existence de l’autre ou/et de nous comme
6. La théorie en cause dans le passé pouvait être la psychanalyse : l’écoute par le
psychanalyste de la souffrance du parent empêché de l’être venait faire contrepoint à la
surdité caricaturale de tel grand professeur de médecine. Désormais ce sont plutôt les
comportementalistes ou les cognitivistes qui sont présentés comme accueillants et les
psychanalystes comme sourds.
7. Ce point métapsychologique de la spécificité d’une identification en tant qu’humain
me semble insuffisamment développé par la psychanalyse. Pour Freud, l’identification
dans sa dimension la plus archaïque se réduit à l’identification au père de la préhistoire
personnelle : le modèle freudien en effet reste vertical et familial sans spécificité d’une
dimension politique. C’est pour cela qu’il me semble désormais nécessaire d’élargir
la métapsychologie de l’identification, basée sur un modèle uniquement familial à une
dimension politique plus large.
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Quiconque rencontre un autiste, est d’emblée frappé par deux dimensions : la
fascination face à cet être bizarre d’une part, et l’isolation d’autre part (ceci pour
reprendre dans le vécu contre-transférentiel l’opposition féconde que proposent
Clément de Guibert et Laurence Beaud (2005) à partir de la pensée de Michel
Lemay (2004) entre l’autisme qui serait du côté de l’isolation et une psychose
infantile à réhabiliter qui serait elle plutôt du côté de la confusion).
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Ceci nous amène à travailler de manière spécifique la question d’être seul dans
le contre-transfert. En institution, il est tout à fait frappant de constater comment
il est naturel de s’isoler avec un autiste, et d’être persuadé d’être seul à le soigner
contre tous les autres. Et je serais d’accord avec Jacques Hochmann (1994) pour
considérer que cette dimension d’isolation est contagieuse au point d’induire des
mouvements hostiles entre les différents courants qui s’occupent des autistes,
courants marqués par l’exclusivité des points de vue du fait du déplacement de
cette problématique des autistes sur ceux qui s’en occupent.
Entendre l’isolation, référée au couple mère-enfant, comme désolation
au sens d’Hannah Arendt (1951), intègre une dimension politique qui renvoie
à la perte d’un sol commun. Nous pouvons ainsi mieux comprendre que cette
dimension soit à la source, dans le contre-transfert, d’un désarrimage par rapport
à la communauté environnante. Ceci va engendrer un recours à la théorie vécue
comme certitude sur le modèle de l’idéologie (soit le fait que la logique d’une
idée vienne prendre la place de la réalité). En politique, ce type de déni de la
réalité s’est mis en scène de manière exemplaire dans les dictatures totalitaires.
J’essaie de montrer comment il se retrouve tant dans la rencontre clinique avec
l’autiste et sa famille que dans les conflits théoriques autour de cette pathologie.
On peut dire autrement que l’autiste nous oblige à prendre en compte la
dimension institutionnelle dans notre rencontre avec lui. Car il nous bouscule
dans notre capacité à être seul (au sens d’une solitude habitée comme le pense
très justement Hannah Arendt) pour insensiblement nous amener à nous retrouver
dans une position de monade psychique et nous mettre en rapport silencieux et
exclusif avec notre théorie quelle qu’elle soit, dans un registre de certitude. C’est
notre mouvement identificatoire à l’autiste qui nous amène à cela. Il nous amène
ainsi à quitter le registre transférentiel dialectique, car les autres, c’est-à-dire ceux
qui ne pensent pas comme nous et avec lesquels nous aurions pu discuter, ont tous
disparu.
Ainsi je fais l’hypothèse qu’il y a un risque ou une potentialité totalitaire à
affronter pour toute institution qui s’occupe d’autistes, quelle que soit la théorie
explicative en cause. Il me semble que par le passé les institutions référées à la
psychanalyse, qu’elles soient freudiennes, kleiniennes ou lacaniennes, n’y ont pas
échappé, et que ce risque existe toujours pour celles qui se réfèrent actuellement
aux différents courants cognitivo-comportementalistes. Ce risque se réalise par la
projection de l’idéologie sur les autres (car il est contre-nature de se revendiquer
porteur d’une idéologie, ce sont toujours les autres qui sont idéologues) : cela nous
l’observons de manière tout à fait évidente actuellement car c’est le rôle principal
que joue la psychanalyse vis-à-vis des courants cognitivo-comportementalistes.
Ce qui se déplace transférentiellement à ce niveau sur la psychanalyse en tant
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autre, est une constante dont on repère les effets dans les propositions théoriques
pour penser l’autisme.
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Mais, même si chez les cognitivo-comportementalistes des oppositions
farouches voient le jour (entre les tenants de la méthode TEACCH et ceux qui
prônent la méthode ABA8 par exemple), la figure paradigmatique pour cette
projection reste la psychanalyse : En témoignent pour moi, la violence des attaques
qu’on retrouve dans certains blogs de parents d’autistes (les psychanalystes sont
des « psykk » tous pareillement incompétents) et la convocation d’une scène
traumatique identique chaque fois que la psychanalyse est évoquée (celle d’un
Bettelheim maltraitant des enfants arrachés à leurs parents accusés injustement).
Ces deux dimensions me semblent pouvoir être mises en écho l’une avec l’autre :
la violence des parents contre la psychanalyse peut ainsi être considérée comme
le juste retour de celle exercée par la psychanalyse à l’égard de ces parents.
Car Bettelheim représente pour nos adversaires une des figures majeures de
l’imposture psychanalytique9. Il est tout à fait paradoxal que celui qui prônait
pour le soin aux autistes un engagement total comme principe pour l’action
institutionnelle (1974) se retrouve finalement désigné comme un épouvantable
dictateur comparable à ses bourreaux hitlériens : à mon avis, l’école orthogénique
de Chicago, sous sa direction, a eu à affronter le risque totalitaire inhérent à la
prise en charge des autistes dont je parlais plus haut.
Je fais l’hypothèse que la principale raison qui a empêché Bettelheim et
son équipe de l’analyser en ces termes tient à un argument d’autorité qui ne
pouvait pas se discuter : sa méthode thérapeutique s’ancrait dans un savoir secret
d’une expérience totalement traumatique et à jamais intransmissible, mais qu’il
disait cependant avoir pu élaborer grâce à la psychanalyse : celle des camps de
8. Les deux méthodes diffèrent par la nature de leurs projets : compenser un handicap
pour la méthode TEACCH ou guérir l’autisme pour la méthode ABA (du fait d’une prise en
charge précoce et intensive (8 heures par jour) par les parents pour rendre coûte que coûte
leur enfant normal, méthode qui fait penser à la méthode Dowman pour les IMC.) Elles
restent cependant toutes deux basées sur une démarche ré-éducative en suivant pour chaque
enfant un programme préétabli avec une évaluation régulière des difficultés cognitives.
L’explication des troubles se trouve du côté d’un défaut radical de communication qui doit
être compensé, voire corrigé par des propositions pragmatiques (ainsi en est-il par exemple
de l’utilisation de pictogrammes visuels pour communiquer dans la méthode TEACCH).
La situation de l’autiste est comparée à celle d’un sujet se trouvant dans un pays étranger
dont il ne connaît pas la langue. Voir à ce sujet Théo Peeters (1996).
9. Cf. à ce sujet : Richard Pollak, Bruno Bettelheim ou la fabrication d’un mythe, une
biographie, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2003.
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qu’institution étant désormais devenu une revendication socio-politique est
plus ou moins impossible à analyser, faute peut-être d’avoir été entendu par les
psychanalystes en son temps.
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concentration. Ceci garantissait en même temps qu’il ne puisse jamais être un
bourreau et que son institution ne puisse jamais être totalitaire10.
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Ainsi, dans l’approche de Bettelheim, les soignants qui deviennent de véritables
substituts parentaux réparateurs chassent les parents. Dans l’approche TEACCH,
au contraire, les parents deviennent co-thérapeutes, même si le projet est de
proposer une éducation structurée. Dans cette optique, éducation et soins sont plutôt
confondus. Enfin, la méthode ABA installe un des parents, la mère le plus souvent,
comme thérapeute central de leur enfant, même s’ils se font superviser.
On retrouve aussi cette solution identitaire dans l’hypothèse de Mottron,
identité cette fois-ci méconnue, à reconnaître, à faire partager tant par les mêmes
que par les autres du côté d’une communauté basée sur une différence d’humanité
à respecter et rencontrer.
Pour évoquer maintenant une clinique institutionnelle personnelle, je voudrais
montrer comment le modèle de séparation psychique que promeut la psychanalyse
par la mise au secret de la scène thérapeutique peut venir mobiliser une violence
considérée comme nécessaire par les soignants et abusive par les parents ou les
patients11.
10. Le succès de son entreprise qui s’est rapidement trouvé mondialement connu et qui
participait au triomphe de la psychanalyse comme méthode thérapeutique incontournable
tenait pour une part à la fonction cathartique pour la société de penser que par la résilience
dont il avait pu faire preuve face au plus horrible crime que l’humanité avait connu, il
pouvait guérir la plus grave maladie psychique des enfants qui se trouvait comme par
hasard avoir été découverte pendant cette même guerre ; Kanner, par sa découverte, se
trouvant être en même temps l’inventeur de la pédopsychiatrie moderne, et Bettelheim
celui qui ancre celle-ci dans la psychanalyse, d’où l’importance de l’enjeu.
11. Je m’appuie sur la manière dont Piera Aulagnier (1975) conçoit dans le champ
de la violence primaire, ce glissement du nécessaire à l’abusif comme caractéristique des
problématiques psychotiques. Le fait que l’enfant entre dans un monde déjà existant et
une langue dont les mots par le parler lui préexistent aussi l’amène à subir une violence
maternelle nécessaire qui les lui impose pour que la communication soit possible. On peut
faire l’hypothèse que, pour de multiples raisons, celle-ci puisse être vécue par l’enfant
autiste comme insupportablement abusive. De ce fait la rencontre avec l’institution du
langage et par la suite avec l’ensemble des institutions humaines et sociales est gravement
compromise voire impossible. Cf. Nassikas (2007).
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Enfin, je fais l’hypothèse que la problématique identificatoire vient se mettre
en scène de manière spécifique sur l’institution dans les enjeux de pouvoir entre les
uns et les autres qui sont le support des registres du savoir et de la certitude. Cette
problématique identificatoire a tendance à se rabattre sur un conflit identitaire qui
se joue d’abord au niveau des places de chacun autour de l’autiste, en privilégiant
l’exclusion.
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J’ai mis en place dans l’hôpital de jour dont je suis le médecin responsable,
un dispositif institutionnel visant à analyser les transferts sur celle-ci qui prenne
en compte une dimension politique à l’intérieur tout en se basant sur la possibilité
de secret sur l’ensemble des contenus déposés par les enfants dans l’institution,
tant à l’égard des familles que des autres institutions. L’idée première était de ne
pas se substituer à l’enfant pour toute communication avec les autres, et amener
ainsi enfants et parents à prendre en compte une séparation des espaces comme
possible mise en scène de la séparation des psychés nécessitant pour la rencontre
un engagement dans la parole. Et j’ai bien conscience que notre dispositif est
souvent discuté pour la prise en charge des autistes, dans la mesure où notre
silence vient redoubler pour les parents celui de leur enfant.
Jason est âgé de 4 ans lorsqu’il arrive à l’hôpital de jour et se trouve
rapidement accueilli, sur ma proposition lors de son admission, en parallèle
pour de courts temps dans un groupe qui utilise la méthode TEACCH dans notre
secteur. D’emblée, au cours des premiers entretiens familiaux mensuels avec mon
collègue psychologue qui reçoit les parents puisque, pour cet enfant, je m’occupe
du suivi scolaire, le père mettra en lien la dictature qu’il a connue dans son pays
d’origine, la Grèce, et le fait, qu’à l’hôpital de jour, on ne leur dit rien.
Il fait par ailleurs remonter l’origine des troubles de son fils à une « grosse
peur » qui l’aurait pétrifié chez la nourrice alors qu’il avait deux ans ; à partir de
cet évènement, son début de verbalisation s’est arrêté.
Au cours de l’année suivante, cet enfant autiste mutique va évoluer de manière
très rapide de l’avis de tous les collègues qui s’en occupent. Et, au moment où
Jason recommence à parler, « le père vide son sac » : Il s’appuie sur de nombreux
spécialistes et d’autres parents qui se sont révoltés pour dénoncer la violence
abusive de notre dispositif, car la majorité devrait l’emporter ; il faudrait pouvoir
se mettre à la place des parents plutôt que de leur faire subir un système imposé,
système imposé d’ailleurs tant aux parents qu’aux soignants par le médecin
dictateur que je suis, avec lequel il sait par son expérience de la dictature qu’il est
inutile de parler.
Puis le père ne viendra plus aux entretiens, la mère faisant savoir qu’il n’a plus
rien à dire. L’enfant, pendant ce temps-là, parle de mieux en mieux et s’ouvre aux
autres humains qui l’entourent.
La reprise en réunion d’équipe de cet entretien (dans lequel je repère aprèscoup une dissociation entre le transfert positif sur la personne du psychologue et le
transfert négatif sur l’institution que je représente) a une conséquence immédiate :
je vis un effondrement dans le contrat narcissique qui me relie aux autres membres
de l’équipe et ne crois plus à ma psychotica, « ce droit au secret comme condition
pour pouvoir penser » que j’ai trouvée chez Piera Aulagnier (1976), la théorie
que je mets au cœur du dispositif de soin qui justifie à mes yeux cette nécessaire
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Dans un deuxième après-coup, je pense que c’est le traumatisme que constitue
pour les parents l’entrée dans l’autisme de leur enfant qui s’est transféré sur
l’institution de cette manière : j’ai supporté dans le contre-transfert la figure de
la nourrice traumatisante qui aurait rendu mutique son enfant dans la théorie
paternelle, et j’ai rejoué dans mon propre rapport à ma théorie nourricière, la
« grosse peur pétrifiante » qui en aurait été la cause. Je constate aussi que je ne
m’en suis pas sorti indemne, puisque nous avons pensé aménager notre dispositif
pour en atténuer le tranchant.
J’ai certes, dans ma traversée identificatoire, croisé la route de quelques héros
comme Freud ou Bettelheim, mais une fois la terreur passée, j’ai construit une plus
grande liberté à l’égard de toutes les théories, la psychanalyse y comprise. C’est
en ce sens que je dirais que mon rapport à cette théorie du secret d’Aulagnier était
idéologique parce qu’elle constituait pour moi un point de certitude, ancré dans
mon parcours analytique et mes choix institutionnels, qui pouvait me permettre
de me passer des autres avec lesquels pourtant je travaillais. Et, si j’ai désormais
pu la réinvestir et me la réapproprier dans une forme moins idéale, c’est par et
dans ce rapport aux autres, tous ces autres qu’ont été cet enfant et ses parents, les
collègues de l’équipe et ceux du TEACCH. Sans cette mise au travail transversale
et dialectique, je n’aurai pu que m’accrocher aux branches de maman Piera et
de papa Freud ou alors envoyer promener la psychanalyse qui décidément ne
convient pas aux autistes.
Cette histoire est venue confirmer le bien fondé de notre démarche pragmatique
d’adresser certains enfants en parallèle au groupe TEACCH, ce que nous avions
entrepris au départ plutôt à reculons car nos interlocuteurs se déclarent spécialistes
de l’autisme. Cette pratique privilégie la rencontre avec d’autres soignants
potentiellement hostiles sur une cohérence de notre rapport à une théorie de
référence. Je fais l’hypothèse qu’elle peut constituer un modèle identificatoire
pour l’autiste et sa famille12.
De la même manière, pour moi, si l’autisme déclenche des guerres, c’est qu’il
constitue un modèle identificatoire pour les humains dans lequel le rapport à la
théorie est autosuffisant. La conséquence en est de rendre totalement superflue la
rencontre réelle avec les autres d’autant qu’elle est toujours frustrante. Comme
dans le champ théorique, tout est possible dès que cette prévalence du rapport à la
12. Récemment, le fils de la pionnière en France de la méthode ABA, Barbara Donville
(2006), se présentait à la télévision comme un ex-autiste guéri par cette méthode. Il nous
apprenait que les autistes sont beaucoup plus forts en théorie que les non-autistes, toute
méthode tirant son efficace à son avis de l’empêchement à théoriser qu’elle impose pour
les obliger à investir un rapport concret au monde et aux personnes.
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violence faite aux parents et aux enfants. Elle m’apparaît alors abusive et remplir,
dans ma pratique, une fonction d’idéologie dangereuse pour tous.
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TOPIQUE
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Ainsi les autistes vivent dans un monde qui fait penser aux dictatures totalitaires,
et il n’y a qu’à lire Temple Grandin (1997), par exemple, pour s’en convaincre.
En trouver le tyran responsable chez les parents fut l’erreur de Bettelheim. Les
recherches contemporaines qui accumulent les résultats du côté d’une causalité
neurologique ou génétique pourraient nous laisser croire que nous nous sommes
débarrassés de cette figure de la tyrannie. Et depuis, elle erre à la recherche de
lieux et de personnes pour prendre forme. Nous pouvons repérer les points de
transfert de la dictature sur les parents d’abord, ensuite sur les analystes, comme
dans mon exemple clinique, puis sur les autistes eux-mêmes sans oublier, parmi
nos collègues cognitivo-comportementalistes, ceux qui s’y prêtent.
Enfin, dans mon exemple, il apparaît nettement que transfert et contre-transfert
se déploient dans le contexte socio-historico-politique d’une époque et d’une
société données et que son rôle est important. Il est aussi frappant de constater
le nombre de résonances à la deuxième guerre mondiale dans les propositions et
les conflits autour de l’autisme. Je n’en citerai que quelques-unes : ce syndrome
est découvert par deux médecins en même temps pendant la deuxième guerre
mondiale, un juif émigré aux USA, Léo Kanner (1943) et un Autrichien resté chez
lui, Hans Asperger (1944) dont on a mis du temps à parler (son article vient à peine
d’être traduit en français14) car son pays venait de perdre la guerre ; il a fallu du
temps pour savoir qu’il s’était opposé aux nazis dont les projets d’extermination
concernaient en premier lieu les débiles et les fous.
Bettelheim bien sûr ensuite met au cœur de son engagement thérapeutique son
expérience des camps.
Plus subtilement, l’hypothèse du défaut de théorie de l’esprit chez les autistes
d’Uta Frith (1989) est la première proposition chez les cognitivistes d’une cause
unitaire à cette pathologie. Elle résonne étrangement à mes oreilles avec celle de
banalité du mal chez Hannah Arendt (1963). Que nous dit-elle du fonctionnement
psychique d’Eichmann : « Plus on l’écoutait, plus on se rendait à l’évidence que
son incapacité à s’exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser – à
13. Car, comme le dit David Rousset (1947) à son retour des camps, « les hommes
normaux ne savent pas que tout est possible », ce qu’au contraire croient les autistes du
fait de leur défaut de théorie de l’esprit. C’est ainsi qu’Uta Frith (1989) nous explique
les compréhensions littérales des autistes qui entraînent des comportements improbables,
puisque que leurs comportements ne sont pas référés un système cohérent de pensée à
propos des intentions des autres, ce qu’elle appelle leur défaut de théorie de l’esprit.
14. La publication de la traduction française de l’article d’Hans Asperger (1944) :
« Les psychopathes autistiques pendant l’enfance » date seulement de 1998. La préface de
Jacques Constant retrace de manière très intéressante l’histoire de ce retard.
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théorie dans la rencontre inter humaine va s’institutionnaliser pour s’ancrer dans
une réalité, l’institution en cause devient potentiellement totalitaire13.
Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ?
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penser notamment du point de vue d’autrui. » Etait-il lui aussi autiste ainsi que
tous les hommes ordinaires qui, comme lui dans des conditions totalitaires, ont
exécuté des ordres sans réfléchir aux conséquences ?
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Comment comprendre toutes ces résonances ? N’ont-elles rien à voir et ne
sont-elles qu’un simple effet du hasard ? Est-ce, au contraire, le retour d’une
dimension d’impensé de notre histoire ? Comment inclure cette dimension dans
la bataille étiologique ?
Enfin, dans dictature de la raison, vous aurez compris que j’entends surtout
dictature quand d’autres entendent surtout raison. Les autistes m’ont aidé à
penser que les libertés de penser, de parler et d’aimer que la psychanalyse vise à
restaurer sont plus proches qu’on ne le croit généralement et surtout étroitement
dépendantes d’un contexte socio-politique qu’il est plus que jamais urgent de
prendre en compte. De ce fait, le souhait freudien d’une dictature de la raison
pour éviter les guerres fait froid dans le dos, si l’on considère que l’autisme est
une réussite délirante de cette proposition.
Jean Peuch-Lestrade
12 place Raspail
69007 Lyon
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Enfin, Laurent Mottron est très prudent dans son hypothèse que les autistes
soient une autre espèce humaine, car il sait bien quel démon il ramène en la
proposant.
TOPIQUE
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Jean Peuch-Lestrade – Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ?
Résumé : L’autisme déclenche des guerres, et plus particulièrement des attaques
violentes contre la Psychanalyse en tant qu’institution. Je fais l’hypothèse qu’il constitue un
modèle identificatoire pour les humains dans lequel le rapport à la théorie est autosuffisant,
rendant superflue la rencontre avec les autres.
Mots-clés : Autisme – Identification – Institution – Psychanalyse – Cognitivocomportementalisme.
Jean Peuch-Lestrade – Autism and Psychoanalysis : Why theFight ?
Summary : Autism often sparks off great conflict and in particularly violent attacks
against Psychoanalysis as an institution. The author of this article argues that autism is a
model for identification between human beings in which the correlation with theory is selfsufficient, thus rendering superfluous any encounter with others.
Key-words : Autism – Identification – Institution – Psychoanalysis – Cognitivebehaviour theory.
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