autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre - irts2013-2016
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AUTISME ET PSYCHANALYSE : POURQUOI LA GUERRE ? Jean Peuch-Lestrade L'Esprit du temps | Topique 2007/2 - n° 99 pages 17 à 28 Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-topique-2007-2-page-17.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Peuch-Lestrade Jean, « Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? », Topique, 2007/2 n° 99, p. 17-28. DOI : 10.3917/top.099.0017 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour L'Esprit du temps. © L'Esprit du temps. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps ISSN 0040-9375 Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps « L’État idéal résiderait naturellement dans une communauté d’hommes ayant assujetti leur vie instinctive à la dictature de la raison. Rien ne pourrait créer une union aussi parfaite et aussi résistante entre les hommes, même s’ils devaient pour autant renoncer aux liens de sentiment les uns vis-à-vis des autres. Mais il y a toute chance que ce soit là un espoir utopique. »1 Plusieurs d’entre nous auront reconnu Freud (1932) dans sa réponse à Einstein sur le pourquoi de la guerre2. Personnellement, cette « dictature de la raison », que Freud appelle de ses vœux comme solution à la guerre, m’a toujours profondément heurté au point que j’ai souvent imaginé qu’il serait nécessaire que les psychanalystes rejettent cette proposition de la même manière que les partis communistes européens avaient, en leur temps, abandonné « la dictature du prolétariat » ! Est-elle si utopique cette communauté d’humains soumise à la dictature de la raison et renonçant pour cela à leurs liens affectifs mutuels ? Peut-être pas tant que ça quand on pense à l’évolution de la pensée « scientifique » du côté 1. Souligné par moi. 2. Dans sa lettre, Einstein rappelait sa conviction que seule une instance supranationale pourrait contribuer à éliminer la guerre et terminait son propos sur une question adressée à Freud : « Existe-t-il une possibilité de diriger le développement psychique de l’homme de manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ? » (1932) Topique, 2007, 99, 17-28. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Jean Peuch-Lestrade TOPIQUE Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps de l’autisme. En effet, l’évolution de la pensée sur l’autisme a traversé jusqu’à présent trois étapes principales. Maladie mentale de l’enfant tout d’abord, avec Kanner (1943) et Asperger (1944), puis forme la plus grave de la psychose infantile avec la psychanalyse, elle est devenue, ensuite, handicap à la faveur du comportementalisme et des théories de Schoppler fondant la méthode TEACCH en opposition à Bettelheim. Maintenant, ce serait une autre intelligence, comme le propose Mottron (2005), qui pourrait être à l’origine d’une nouvelle communauté dans laquelle on entre par un baptême diagnostique scientifiquement validé. Cette communauté, pensée sur le modèle de la communauté homosexuelle, rassemblerait ces êtres humains « mutants » qui, du fait qu’ils privilégient une intelligence désubjectivée comme celle des ordinateurs, seraient mieux adaptés à la vie moderne et à ses machines. Mais ils seraient aussi protégés contre les risques de guerre par « l’absence de mécanismes de contagion émotionnelle qui contribue, entre autres, à la façon dont les non-autistes se traitent entre eux ». Laurent Mottron, dont je qualifierai volontiers la démarche de nouvelle anti-psychiatrie ancrée dans un cognitivisme fortement mâtiné de génétique, n’est d’ailleurs pas polémique à l’égard des conceptions psychanalytiques de l’autisme, tant l’anthropologie freudienne lui semble, dans ce domaine, inadaptée et dépassée3. Mais pourquoi vous parler de ce qui se passe chez ceux qui nous dénigrent si souvent comme les derniers des Mohicans encore présents dans des peuplades sous-développées comme la France et l’Argentine, et qui soutiennent une conception non seulement erronée mais encore dogmatique voire religieuse de l’autisme ? Pour Piera Aulagnier (1974), le savoir culturel impose comme réalité ce qu’il reconnaît comme partageable quand le délire met à la place une certitude privée. Elle montre d’autre part comment le discours scientifique promet au sujet qui renonce à la certitude du discours sacré, un savoir dont le rapport à la certitude est différé dans le futur. L’hypothèse faite par Margaret Malher, d’une phase autistique primaire qui permet de comprendre, sur un modèle régressif, la plus grave des psychoses infantiles, est dénoncée par Frances Tustin (1992) comme erronée ; celle d’une responsabilité des parents dans la pathologie de leur enfant qui a tant été reprochée 3. Mais il se pose, lui aussi, la question du « Pourquoi la guerre ? » entre les deux courants principaux du cognitivo-comportementalisme qui sont soutenus par des associations de parents d’autistes : celui qui prône la méthode TEACCH et celui qui prône la méthode ABA ; cf. plus loin. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps 18 Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? 19 à Bruno Bettelheim a elle aussi été abandonnée : elles ne sont plus d’actualité chez les psychanalystes4. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Après tout, Margaret Mahler ou Bruno Bettelheim ont bien pu se tromper, mais que dire de Freud et de sa dictature de la raison ? N’y aurait-il pas quand même quelque chose à sauver ? Par cet exemple, je voulais juste faire toucher du doigt, dans quel contexte contre transférentiel nous nous trouvons actuellement en tant que psychanalystes s’occupant d’autistes, y compris en institution comme c’est le cas pour moi. Ce contexte est marqué par une fuite du registre du savoir vers d’autres disciplines plus « scientifiques », et par la tentative d’un repli sur quelques certitudes analytiques face à un maelström médiatique. Ainsi, comme le disait Pascal Ory (2001) sur France Culture : « (...) L’autisme a été, depuis quelques années, le lieu d’un débat dont l’enjeu dépasse largement ses frontières, où l’on peut voir comme un Waterloo de la psychanalyse. » Les tempêtes et les batailles ont un intérêt parce qu’avec ce qu’elles emportent, elles nous laissent avec des restes qui peuvent bien souvent nous révéler l’essentiel. L’essentiel pour moi m’est apparu progressivement comme étant le champ du contre-transfert, contre-transfert paradoxal puisqu’il est en lien avec un sujet en position de non-transfert et à l’heure actuelle dans un contexte familial et culturel plutôt hostile. Contre-transfert, parce qu’on peut repérer chez nos adversaires comment le fait de ne pas le prendre en compte induit des mouvements identificatoires passionnés. Contre-transfert envisagé de manière élargie dans la mesure où j’y inclus toute une dimension politique du fait des puissantes actions de certaines associations de parents contre la psychanalyse, et je préfère le penser dans le cadre de ce que j’ai développé comme transfert sur l’institution5, l’institution étant ici l’institution de la société que constitue la Psychanalyse, soit la société psychanalytique dans son ensemble. 4. C’est une des raisons qui expliquent que la majorité des psychanalystes français, après l’avoir adoré, n’évoquent plus guère Bettelheim. Ainsi, il n’est cité qu’une seule fois (et encore pour critiquer ses positions théoriques à l’égard des parents) dans le récent ouvrage collectif sous la direction de Bernard Golse et Pierre Delion : Autisme : état des lieux et horizons (2005). 5. Je conçois l’analyse des transferts sur l’institution (2006) de manière spécifique avec un modèle politique. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps En même temps, face à ce vide métapsychologique qui se creuse sous nos pas, nous avons tendance à importer des concepts issus des sciences cognitives pour rester dans la réalité et à surinvestir le registre des interactions précoces mère-enfant dans le registre de l’étiologie pour garder une possibilité de psychogenèse. 20 TOPIQUE Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Nous retrouvons d’abord ces mouvements dans tous les témoignages de parents d’autistes qui passent tous par des phases alternant le désespoir et l’héroïsme, car ils sont seuls face à des murs d’incompréhension de la part des spécialistes qui les entourent. En poursuivant leur quête solitaire, ils rencontrent finalement une personne qui les comprend et une théorie ; à travers elle et à partir de là, les choses vont pouvoir changer6. Lire ces récits mobilise de l’admiration et un fort mouvement d’empathie à la souffrance du parent incompris et empêché de l’être. Écouter tout ensemble, avec une oreille analytique, le discours des autistes (quand ils parlent), celui de leurs parents et enfin celui des cognitivocomportementalistes amène à prendre en compte de manière différenciée les registres : • de la mise en scène, soit celui du primaire pour Piera Aulagnier (1975), qui se déploie de manière plus évidente du côté de la rencontre avec les parents autour de ce que j’appellerai la scène traumatique « Bettelheim ». • celui de la mise en sens, soit celui du secondaire pour Piera Aulagnier, que je situerai dans le conflit avec les cognitivo-comportementalistes, autour de l’étiologie psychogenèse versus organogenèse, • celui de l’autosensualité des autistes sans accès à l’autoérotisme, qui lui se vivrait de manière privilégiée dans le registre de l’originaire. Enfin, le vécu contre-transférentiel d’être chahuté dans son vécu identificatoire en tant qu’humain7 du côté d’une non-existence de l’autre ou/et de nous comme 6. La théorie en cause dans le passé pouvait être la psychanalyse : l’écoute par le psychanalyste de la souffrance du parent empêché de l’être venait faire contrepoint à la surdité caricaturale de tel grand professeur de médecine. Désormais ce sont plutôt les comportementalistes ou les cognitivistes qui sont présentés comme accueillants et les psychanalystes comme sourds. 7. Ce point métapsychologique de la spécificité d’une identification en tant qu’humain me semble insuffisamment développé par la psychanalyse. Pour Freud, l’identification dans sa dimension la plus archaïque se réduit à l’identification au père de la préhistoire personnelle : le modèle freudien en effet reste vertical et familial sans spécificité d’une dimension politique. C’est pour cela qu’il me semble désormais nécessaire d’élargir la métapsychologie de l’identification, basée sur un modèle uniquement familial à une dimension politique plus large. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Quiconque rencontre un autiste, est d’emblée frappé par deux dimensions : la fascination face à cet être bizarre d’une part, et l’isolation d’autre part (ceci pour reprendre dans le vécu contre-transférentiel l’opposition féconde que proposent Clément de Guibert et Laurence Beaud (2005) à partir de la pensée de Michel Lemay (2004) entre l’autisme qui serait du côté de l’isolation et une psychose infantile à réhabiliter qui serait elle plutôt du côté de la confusion). Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? 21 Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Ceci nous amène à travailler de manière spécifique la question d’être seul dans le contre-transfert. En institution, il est tout à fait frappant de constater comment il est naturel de s’isoler avec un autiste, et d’être persuadé d’être seul à le soigner contre tous les autres. Et je serais d’accord avec Jacques Hochmann (1994) pour considérer que cette dimension d’isolation est contagieuse au point d’induire des mouvements hostiles entre les différents courants qui s’occupent des autistes, courants marqués par l’exclusivité des points de vue du fait du déplacement de cette problématique des autistes sur ceux qui s’en occupent. Entendre l’isolation, référée au couple mère-enfant, comme désolation au sens d’Hannah Arendt (1951), intègre une dimension politique qui renvoie à la perte d’un sol commun. Nous pouvons ainsi mieux comprendre que cette dimension soit à la source, dans le contre-transfert, d’un désarrimage par rapport à la communauté environnante. Ceci va engendrer un recours à la théorie vécue comme certitude sur le modèle de l’idéologie (soit le fait que la logique d’une idée vienne prendre la place de la réalité). En politique, ce type de déni de la réalité s’est mis en scène de manière exemplaire dans les dictatures totalitaires. J’essaie de montrer comment il se retrouve tant dans la rencontre clinique avec l’autiste et sa famille que dans les conflits théoriques autour de cette pathologie. On peut dire autrement que l’autiste nous oblige à prendre en compte la dimension institutionnelle dans notre rencontre avec lui. Car il nous bouscule dans notre capacité à être seul (au sens d’une solitude habitée comme le pense très justement Hannah Arendt) pour insensiblement nous amener à nous retrouver dans une position de monade psychique et nous mettre en rapport silencieux et exclusif avec notre théorie quelle qu’elle soit, dans un registre de certitude. C’est notre mouvement identificatoire à l’autiste qui nous amène à cela. Il nous amène ainsi à quitter le registre transférentiel dialectique, car les autres, c’est-à-dire ceux qui ne pensent pas comme nous et avec lesquels nous aurions pu discuter, ont tous disparu. Ainsi je fais l’hypothèse qu’il y a un risque ou une potentialité totalitaire à affronter pour toute institution qui s’occupe d’autistes, quelle que soit la théorie explicative en cause. Il me semble que par le passé les institutions référées à la psychanalyse, qu’elles soient freudiennes, kleiniennes ou lacaniennes, n’y ont pas échappé, et que ce risque existe toujours pour celles qui se réfèrent actuellement aux différents courants cognitivo-comportementalistes. Ce risque se réalise par la projection de l’idéologie sur les autres (car il est contre-nature de se revendiquer porteur d’une idéologie, ce sont toujours les autres qui sont idéologues) : cela nous l’observons de manière tout à fait évidente actuellement car c’est le rôle principal que joue la psychanalyse vis-à-vis des courants cognitivo-comportementalistes. Ce qui se déplace transférentiellement à ce niveau sur la psychanalyse en tant Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps autre, est une constante dont on repère les effets dans les propositions théoriques pour penser l’autisme. 22 TOPIQUE Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Mais, même si chez les cognitivo-comportementalistes des oppositions farouches voient le jour (entre les tenants de la méthode TEACCH et ceux qui prônent la méthode ABA8 par exemple), la figure paradigmatique pour cette projection reste la psychanalyse : En témoignent pour moi, la violence des attaques qu’on retrouve dans certains blogs de parents d’autistes (les psychanalystes sont des « psykk » tous pareillement incompétents) et la convocation d’une scène traumatique identique chaque fois que la psychanalyse est évoquée (celle d’un Bettelheim maltraitant des enfants arrachés à leurs parents accusés injustement). Ces deux dimensions me semblent pouvoir être mises en écho l’une avec l’autre : la violence des parents contre la psychanalyse peut ainsi être considérée comme le juste retour de celle exercée par la psychanalyse à l’égard de ces parents. Car Bettelheim représente pour nos adversaires une des figures majeures de l’imposture psychanalytique9. Il est tout à fait paradoxal que celui qui prônait pour le soin aux autistes un engagement total comme principe pour l’action institutionnelle (1974) se retrouve finalement désigné comme un épouvantable dictateur comparable à ses bourreaux hitlériens : à mon avis, l’école orthogénique de Chicago, sous sa direction, a eu à affronter le risque totalitaire inhérent à la prise en charge des autistes dont je parlais plus haut. Je fais l’hypothèse que la principale raison qui a empêché Bettelheim et son équipe de l’analyser en ces termes tient à un argument d’autorité qui ne pouvait pas se discuter : sa méthode thérapeutique s’ancrait dans un savoir secret d’une expérience totalement traumatique et à jamais intransmissible, mais qu’il disait cependant avoir pu élaborer grâce à la psychanalyse : celle des camps de 8. Les deux méthodes diffèrent par la nature de leurs projets : compenser un handicap pour la méthode TEACCH ou guérir l’autisme pour la méthode ABA (du fait d’une prise en charge précoce et intensive (8 heures par jour) par les parents pour rendre coûte que coûte leur enfant normal, méthode qui fait penser à la méthode Dowman pour les IMC.) Elles restent cependant toutes deux basées sur une démarche ré-éducative en suivant pour chaque enfant un programme préétabli avec une évaluation régulière des difficultés cognitives. L’explication des troubles se trouve du côté d’un défaut radical de communication qui doit être compensé, voire corrigé par des propositions pragmatiques (ainsi en est-il par exemple de l’utilisation de pictogrammes visuels pour communiquer dans la méthode TEACCH). La situation de l’autiste est comparée à celle d’un sujet se trouvant dans un pays étranger dont il ne connaît pas la langue. Voir à ce sujet Théo Peeters (1996). 9. Cf. à ce sujet : Richard Pollak, Bruno Bettelheim ou la fabrication d’un mythe, une biographie, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2003. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps qu’institution étant désormais devenu une revendication socio-politique est plus ou moins impossible à analyser, faute peut-être d’avoir été entendu par les psychanalystes en son temps. Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? 23 concentration. Ceci garantissait en même temps qu’il ne puisse jamais être un bourreau et que son institution ne puisse jamais être totalitaire10. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Ainsi, dans l’approche de Bettelheim, les soignants qui deviennent de véritables substituts parentaux réparateurs chassent les parents. Dans l’approche TEACCH, au contraire, les parents deviennent co-thérapeutes, même si le projet est de proposer une éducation structurée. Dans cette optique, éducation et soins sont plutôt confondus. Enfin, la méthode ABA installe un des parents, la mère le plus souvent, comme thérapeute central de leur enfant, même s’ils se font superviser. On retrouve aussi cette solution identitaire dans l’hypothèse de Mottron, identité cette fois-ci méconnue, à reconnaître, à faire partager tant par les mêmes que par les autres du côté d’une communauté basée sur une différence d’humanité à respecter et rencontrer. Pour évoquer maintenant une clinique institutionnelle personnelle, je voudrais montrer comment le modèle de séparation psychique que promeut la psychanalyse par la mise au secret de la scène thérapeutique peut venir mobiliser une violence considérée comme nécessaire par les soignants et abusive par les parents ou les patients11. 10. Le succès de son entreprise qui s’est rapidement trouvé mondialement connu et qui participait au triomphe de la psychanalyse comme méthode thérapeutique incontournable tenait pour une part à la fonction cathartique pour la société de penser que par la résilience dont il avait pu faire preuve face au plus horrible crime que l’humanité avait connu, il pouvait guérir la plus grave maladie psychique des enfants qui se trouvait comme par hasard avoir été découverte pendant cette même guerre ; Kanner, par sa découverte, se trouvant être en même temps l’inventeur de la pédopsychiatrie moderne, et Bettelheim celui qui ancre celle-ci dans la psychanalyse, d’où l’importance de l’enjeu. 11. Je m’appuie sur la manière dont Piera Aulagnier (1975) conçoit dans le champ de la violence primaire, ce glissement du nécessaire à l’abusif comme caractéristique des problématiques psychotiques. Le fait que l’enfant entre dans un monde déjà existant et une langue dont les mots par le parler lui préexistent aussi l’amène à subir une violence maternelle nécessaire qui les lui impose pour que la communication soit possible. On peut faire l’hypothèse que, pour de multiples raisons, celle-ci puisse être vécue par l’enfant autiste comme insupportablement abusive. De ce fait la rencontre avec l’institution du langage et par la suite avec l’ensemble des institutions humaines et sociales est gravement compromise voire impossible. Cf. Nassikas (2007). Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Enfin, je fais l’hypothèse que la problématique identificatoire vient se mettre en scène de manière spécifique sur l’institution dans les enjeux de pouvoir entre les uns et les autres qui sont le support des registres du savoir et de la certitude. Cette problématique identificatoire a tendance à se rabattre sur un conflit identitaire qui se joue d’abord au niveau des places de chacun autour de l’autiste, en privilégiant l’exclusion. TOPIQUE Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps J’ai mis en place dans l’hôpital de jour dont je suis le médecin responsable, un dispositif institutionnel visant à analyser les transferts sur celle-ci qui prenne en compte une dimension politique à l’intérieur tout en se basant sur la possibilité de secret sur l’ensemble des contenus déposés par les enfants dans l’institution, tant à l’égard des familles que des autres institutions. L’idée première était de ne pas se substituer à l’enfant pour toute communication avec les autres, et amener ainsi enfants et parents à prendre en compte une séparation des espaces comme possible mise en scène de la séparation des psychés nécessitant pour la rencontre un engagement dans la parole. Et j’ai bien conscience que notre dispositif est souvent discuté pour la prise en charge des autistes, dans la mesure où notre silence vient redoubler pour les parents celui de leur enfant. Jason est âgé de 4 ans lorsqu’il arrive à l’hôpital de jour et se trouve rapidement accueilli, sur ma proposition lors de son admission, en parallèle pour de courts temps dans un groupe qui utilise la méthode TEACCH dans notre secteur. D’emblée, au cours des premiers entretiens familiaux mensuels avec mon collègue psychologue qui reçoit les parents puisque, pour cet enfant, je m’occupe du suivi scolaire, le père mettra en lien la dictature qu’il a connue dans son pays d’origine, la Grèce, et le fait, qu’à l’hôpital de jour, on ne leur dit rien. Il fait par ailleurs remonter l’origine des troubles de son fils à une « grosse peur » qui l’aurait pétrifié chez la nourrice alors qu’il avait deux ans ; à partir de cet évènement, son début de verbalisation s’est arrêté. Au cours de l’année suivante, cet enfant autiste mutique va évoluer de manière très rapide de l’avis de tous les collègues qui s’en occupent. Et, au moment où Jason recommence à parler, « le père vide son sac » : Il s’appuie sur de nombreux spécialistes et d’autres parents qui se sont révoltés pour dénoncer la violence abusive de notre dispositif, car la majorité devrait l’emporter ; il faudrait pouvoir se mettre à la place des parents plutôt que de leur faire subir un système imposé, système imposé d’ailleurs tant aux parents qu’aux soignants par le médecin dictateur que je suis, avec lequel il sait par son expérience de la dictature qu’il est inutile de parler. Puis le père ne viendra plus aux entretiens, la mère faisant savoir qu’il n’a plus rien à dire. L’enfant, pendant ce temps-là, parle de mieux en mieux et s’ouvre aux autres humains qui l’entourent. La reprise en réunion d’équipe de cet entretien (dans lequel je repère aprèscoup une dissociation entre le transfert positif sur la personne du psychologue et le transfert négatif sur l’institution que je représente) a une conséquence immédiate : je vis un effondrement dans le contrat narcissique qui me relie aux autres membres de l’équipe et ne crois plus à ma psychotica, « ce droit au secret comme condition pour pouvoir penser » que j’ai trouvée chez Piera Aulagnier (1976), la théorie que je mets au cœur du dispositif de soin qui justifie à mes yeux cette nécessaire Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps 24 Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? 25 Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Dans un deuxième après-coup, je pense que c’est le traumatisme que constitue pour les parents l’entrée dans l’autisme de leur enfant qui s’est transféré sur l’institution de cette manière : j’ai supporté dans le contre-transfert la figure de la nourrice traumatisante qui aurait rendu mutique son enfant dans la théorie paternelle, et j’ai rejoué dans mon propre rapport à ma théorie nourricière, la « grosse peur pétrifiante » qui en aurait été la cause. Je constate aussi que je ne m’en suis pas sorti indemne, puisque nous avons pensé aménager notre dispositif pour en atténuer le tranchant. J’ai certes, dans ma traversée identificatoire, croisé la route de quelques héros comme Freud ou Bettelheim, mais une fois la terreur passée, j’ai construit une plus grande liberté à l’égard de toutes les théories, la psychanalyse y comprise. C’est en ce sens que je dirais que mon rapport à cette théorie du secret d’Aulagnier était idéologique parce qu’elle constituait pour moi un point de certitude, ancré dans mon parcours analytique et mes choix institutionnels, qui pouvait me permettre de me passer des autres avec lesquels pourtant je travaillais. Et, si j’ai désormais pu la réinvestir et me la réapproprier dans une forme moins idéale, c’est par et dans ce rapport aux autres, tous ces autres qu’ont été cet enfant et ses parents, les collègues de l’équipe et ceux du TEACCH. Sans cette mise au travail transversale et dialectique, je n’aurai pu que m’accrocher aux branches de maman Piera et de papa Freud ou alors envoyer promener la psychanalyse qui décidément ne convient pas aux autistes. Cette histoire est venue confirmer le bien fondé de notre démarche pragmatique d’adresser certains enfants en parallèle au groupe TEACCH, ce que nous avions entrepris au départ plutôt à reculons car nos interlocuteurs se déclarent spécialistes de l’autisme. Cette pratique privilégie la rencontre avec d’autres soignants potentiellement hostiles sur une cohérence de notre rapport à une théorie de référence. Je fais l’hypothèse qu’elle peut constituer un modèle identificatoire pour l’autiste et sa famille12. De la même manière, pour moi, si l’autisme déclenche des guerres, c’est qu’il constitue un modèle identificatoire pour les humains dans lequel le rapport à la théorie est autosuffisant. La conséquence en est de rendre totalement superflue la rencontre réelle avec les autres d’autant qu’elle est toujours frustrante. Comme dans le champ théorique, tout est possible dès que cette prévalence du rapport à la 12. Récemment, le fils de la pionnière en France de la méthode ABA, Barbara Donville (2006), se présentait à la télévision comme un ex-autiste guéri par cette méthode. Il nous apprenait que les autistes sont beaucoup plus forts en théorie que les non-autistes, toute méthode tirant son efficace à son avis de l’empêchement à théoriser qu’elle impose pour les obliger à investir un rapport concret au monde et aux personnes. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps violence faite aux parents et aux enfants. Elle m’apparaît alors abusive et remplir, dans ma pratique, une fonction d’idéologie dangereuse pour tous. 26 TOPIQUE Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Ainsi les autistes vivent dans un monde qui fait penser aux dictatures totalitaires, et il n’y a qu’à lire Temple Grandin (1997), par exemple, pour s’en convaincre. En trouver le tyran responsable chez les parents fut l’erreur de Bettelheim. Les recherches contemporaines qui accumulent les résultats du côté d’une causalité neurologique ou génétique pourraient nous laisser croire que nous nous sommes débarrassés de cette figure de la tyrannie. Et depuis, elle erre à la recherche de lieux et de personnes pour prendre forme. Nous pouvons repérer les points de transfert de la dictature sur les parents d’abord, ensuite sur les analystes, comme dans mon exemple clinique, puis sur les autistes eux-mêmes sans oublier, parmi nos collègues cognitivo-comportementalistes, ceux qui s’y prêtent. Enfin, dans mon exemple, il apparaît nettement que transfert et contre-transfert se déploient dans le contexte socio-historico-politique d’une époque et d’une société données et que son rôle est important. Il est aussi frappant de constater le nombre de résonances à la deuxième guerre mondiale dans les propositions et les conflits autour de l’autisme. Je n’en citerai que quelques-unes : ce syndrome est découvert par deux médecins en même temps pendant la deuxième guerre mondiale, un juif émigré aux USA, Léo Kanner (1943) et un Autrichien resté chez lui, Hans Asperger (1944) dont on a mis du temps à parler (son article vient à peine d’être traduit en français14) car son pays venait de perdre la guerre ; il a fallu du temps pour savoir qu’il s’était opposé aux nazis dont les projets d’extermination concernaient en premier lieu les débiles et les fous. Bettelheim bien sûr ensuite met au cœur de son engagement thérapeutique son expérience des camps. Plus subtilement, l’hypothèse du défaut de théorie de l’esprit chez les autistes d’Uta Frith (1989) est la première proposition chez les cognitivistes d’une cause unitaire à cette pathologie. Elle résonne étrangement à mes oreilles avec celle de banalité du mal chez Hannah Arendt (1963). Que nous dit-elle du fonctionnement psychique d’Eichmann : « Plus on l’écoutait, plus on se rendait à l’évidence que son incapacité à s’exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser – à 13. Car, comme le dit David Rousset (1947) à son retour des camps, « les hommes normaux ne savent pas que tout est possible », ce qu’au contraire croient les autistes du fait de leur défaut de théorie de l’esprit. C’est ainsi qu’Uta Frith (1989) nous explique les compréhensions littérales des autistes qui entraînent des comportements improbables, puisque que leurs comportements ne sont pas référés un système cohérent de pensée à propos des intentions des autres, ce qu’elle appelle leur défaut de théorie de l’esprit. 14. La publication de la traduction française de l’article d’Hans Asperger (1944) : « Les psychopathes autistiques pendant l’enfance » date seulement de 1998. La préface de Jacques Constant retrace de manière très intéressante l’histoire de ce retard. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps théorie dans la rencontre inter humaine va s’institutionnaliser pour s’ancrer dans une réalité, l’institution en cause devient potentiellement totalitaire13. Autisme et psychanalyse : pourquoi la guerre ? 27 penser notamment du point de vue d’autrui. » Etait-il lui aussi autiste ainsi que tous les hommes ordinaires qui, comme lui dans des conditions totalitaires, ont exécuté des ordres sans réfléchir aux conséquences ? Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps Comment comprendre toutes ces résonances ? N’ont-elles rien à voir et ne sont-elles qu’un simple effet du hasard ? Est-ce, au contraire, le retour d’une dimension d’impensé de notre histoire ? Comment inclure cette dimension dans la bataille étiologique ? Enfin, dans dictature de la raison, vous aurez compris que j’entends surtout dictature quand d’autres entendent surtout raison. Les autistes m’ont aidé à penser que les libertés de penser, de parler et d’aimer que la psychanalyse vise à restaurer sont plus proches qu’on ne le croit généralement et surtout étroitement dépendantes d’un contexte socio-politique qu’il est plus que jamais urgent de prendre en compte. De ce fait, le souhait freudien d’une dictature de la raison pour éviter les guerres fait froid dans le dos, si l’on considère que l’autisme est une réussite délirante de cette proposition. Jean Peuch-Lestrade 12 place Raspail 69007 Lyon BIBLIOGRAPHIE ASPERGER H. (1944) Les psychopathes autistiques pendant l’enfance. Le PlessisRobinson : Institut Synthélabo, Coll. « Les empêcheurs de penser en rond », 1998. AULAGNIER P. (1974) À propos de la réalité : savoir ou certitude, Topique, 13. AULAGNIER P. (1975) La violence de l’interprétation. Paris : P.U.F., Coll. « Le Fil Rouge ». 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Je fais l’hypothèse qu’il constitue un modèle identificatoire pour les humains dans lequel le rapport à la théorie est autosuffisant, rendant superflue la rencontre avec les autres. Mots-clés : Autisme – Identification – Institution – Psychanalyse – Cognitivocomportementalisme. Jean Peuch-Lestrade – Autism and Psychoanalysis : Why theFight ? Summary : Autism often sparks off great conflict and in particularly violent attacks against Psychoanalysis as an institution. The author of this article argues that autism is a model for identification between human beings in which the correlation with theory is selfsufficient, thus rendering superfluous any encounter with others. Key-words : Autism – Identification – Institution – Psychoanalysis – Cognitivebehaviour theory. Document téléchargé depuis www.cairn.info - IRTS Nord-Pas-de-Calais - - 89.88.17.137 - 04/06/2013 14h21. © L'Esprit du temps 28