Bruno Piazza William Siegmann Virginia Fields

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Bruno Piazza William Siegmann Virginia Fields
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HOMMAGE
Bruno Piazza
(19/01/1941 - 28/10/2011)
par Cédric Le Dauphin
Un ami est parti.
Comme il a vécu, dignement, honorablement et comme
il l’avait décidé. Son sourire a glissé une dernière fois entre deux eaux balinaises,
sans fanfare ni public. Il a disparu pour ne nous laisser que le souvenir de son exigence esthétique et son élégance charmeuse.
Tout son itinéraire, de Sciences Po et la diplomatie à la photographie, de l’Art
nouveau à l’Art tribal, a dessiné un chemin à travers le monde et le temps. Un sillon
semé d’amitiés, de joies partagées, d’amours conservées.
Il a su trouver et toucher les gens sensibles à son goût, nous a montré ce dont
l’homme est capable s’il s’en donne la peine, tout en restant un hôte toujours généreux, compatissant sans condescendance et rayonnant d’intelligence et de culture.
Toujours assoiffé de connaissances, plein d’humour et de simplicité, il aimait le
beau, les matières nobles, le travail de qualité et le faisait resplendir.
Son espoir était fort, quotidien et avec un courage que l’on souhaiterait ordinaire.
J’ai perdu un ami, et notre monde aussi.
William Siegmann
Par Kevin D. Dumouchelle
L’art africain a perdu l’un de ses plus éminents représentants lorsque William
Siegmann, conservateur émérite des arts africains et des îles du Pacifique au Brooklyn
Museum, s’est éteint paisiblement chez lui, le 29 novembre 2011.
Bill entretenait une relation profondément personnelle avec le Liberia, qui débuta lors de son service dans les Peace Corps à la fin des années 1960 et perdura tout
au long de sa vie. Il enseigna à l’université de Cuttington, où il fonda également
l’Africana Museum. Bill retourna au Liberia entre 1974 et 1976 afin de mener des
recherches, financées par une bourse Fulbright-Hays. À son retour aux États-Unis,
il officia comme conservateur, d’abord au Museum of the Society of African Missions, à Tenafly, dans le New Jersey, puis aux Fine Arts Museums de San Francisco
de 1979 à 1984. Après avoir reçu une nouvelle bourse Fulbright en 1984, Bill se rendit une nouvelle fois au Liberia. En association avec le West African Museums Programme, il devint directeur du National Museum of Liberia à Monrovia, où il
supervisa la rénovation du bâtiment du XIXe siècle, ainsi que l’agrandissement et la
réinstallation des collections.
Pendant son mandat au Brooklyn Museum, de 1987 à 2007, Bill acquit plus de
mille six cents pièces pour le musée, un record inégalé. En outre, il organisa pas
moins de huit expositions majeures au Brooklyn Museum, notamment African Art
and Leadership, Image and Reflection: Adolph Gottlieb’s Pictographs and African
Sculpture (Art africain et dirigeants, image et réflexion : pictographes d’Adolph
Gottlieb et sculpture africaine), In Pursuit of the Spiritual: Oceanic Art Given by Mr
and Mrs John A. Friede and Mrs Melville W. Hall (À la recherche de la spiritualité :
art océanien de la donation Friede et Melville W. Hall), African Furniture (Mobilier
africain) et Masterworks of African Art From The Collection of Beatrice Riese (Chefsd’œuvre d’art africain de la collection Beatrice Riese), ainsi que quatre réinstallations différentes des collections africaines et des îles du Pacifique. Il publia African
Art: A Century at The Brooklyn Museum (Prestel, 2009), le premier catalogue
consacré à la collection du musée. Dernièrement, Bill était devenu consultant pour le Saint
Louis Art Museum.
Bill était l’un des plus éminents experts sur
les arts du Liberia et de Sierra Leone. Il a beaucoup écrit sur l’art des mascarades, les classes
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d’âge dans cette région, ainsi que sur des questions de muséologie, de collection et
d’interprétation. Il enseigna également dans de nombreuses universités africaines
et américaines.
Au fil du temps, beaucoup d’entre nous furent touchés par la merveilleuse générosité et la grande ouverture d’esprit de Bill. Il fut un ami bienveillant et un mentor
pour certains, moi y compris. C’était un spécialiste d’une valeur inestimable, dont
les conseils et l’intelligence étaient précieux. Cette force, cette chaleur et cette intelligence sont restées intactes, jusqu’à son dernier jour.
Virginia Fields
Par Alan Grinnell
Le monde de l’art tribal a perdu une amie très chère quand
Virginia Fields s’est éteinte dans son sommeil le 16 juin dernier, au cours d’un voyage à Mexico. Accompagnée de son
époux, David, et de son assistante, Victoria, elle devait assister à une conférence donnée dans le cadre de l’exposition
Children of The Plumed Serpent: The Legacy of Quetzalcoatl in Ancient Mexico (Les enfants du serpent à plumes : l’héritage de Quetzalcoatl
dans l’ancien Mexique) prévue en 2012 au Museum of Art de Los Angeles (LACMA).
Arrivée au LACMA en 1989 en tant que première conservatrice d’art précolombien, Ginny était une éminente spécialiste des Mayas. Son expertise couvrait d’ailleurs l’ensemble du continent américain. En vingt-deux ans de présence, elle fit du
LACMA une figure de proue dans le domaine de l’exposition et de l’étude des arts
précolombiens. Sous sa direction, de nombreuses et magnifiques expositions voyagèrent dans d’autres musées, accompagnées de catalogues remarquables combinant
expertise et images splendides. Pour tous ses travaux, Ginny se livrait à une recherche
méticuleuse et proposait une présentation élégante et une documentation abondante.
Elle était très respectée dans le monde des spécialistes de l’art précolombien, tant
pour ses nombreuses collaborations que pour son statut de chercheur et de membre
du comité consultatif à Dumbarton Oaks, le centre précolombien de Harvard.
Elle occupait aussi une place active dans la communauté des collectionneurs.
Pendant plus de vingt ans, elle prit part aux manifestations organisées par l’Ethnic Arts Council, informant ses membres des activités du LACMA. Lors de l’attribution des budgets de l’EAC, elle proposait toujours un projet réfléchi à valeur
éducative, demandant uniquement les sommes dont elle avait besoin, qui lui était
toujours accordées.
Bien que Ginny fût une personne calme, elle pouvait aussi se montrer extrêmement convaincante et déterminée, nourrissant d’ambitieux projets. Elle voulait
constituer la collection précolombienne du LACMA, en s’appuyant sur les très beaux
objets mexicains appartenant déjà au musée. Elle multiplia au moins par quatre la
quantité de pièces du musée, en y ajoutant les importantes collections Kramer et
Ranere, de nombreux objets mayas et du sud du Mexique, ainsi que de très belles
œuvres du Panama. Lorsque Michael Govan devint le nouveau directeur du musée,
elle trouva en lui un allié précieux pour faire du LACMA le premier musée au monde
pour l’art d’Amérique latine. Ils étaient en train d’élaborer les plans d’un centre de
recherche et d’enseignement qui devait voir le jour au LACMA, une sorte de Dumbarton Oaks de l’Ouest. Ginny avait décidé d’obtenir un meilleur espace d’exposition pour l’art précolombien et aurait même effectué de fréquentes visites surprises
dans le bureau de Govan pour réitérer sa requête. Selon la rumeur, alors qu’ils se
trouvaient à Chichén Itzá et que Govan se baignait dans le célèbre cénote, Ginny aurait agrippé la corde qui devait lui permettre de remonter et lui aurait clairement demandé une nouvelle fois quand elle aurait son nouvel espace.
Ginny était un exemple, un atout de taille pour toute la communauté des spécialistes et des passionnés d’art précolombien. Nous chérirons longtemps nos souvenirs
avec elle et espérons que ses projets pour le LACMA deviendront réalité.

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