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1 ACADEMIE DE LILLE ELEMENTS DE SYNTHESE SUR LA SESSION 2012 DE L'EAF CONSIDERATIONS GENERALES I) Une nouvelle fois, grâce aux efforts de chacun : interrogateurs, coordonnateurs, personnel du service des examens et chefs d’établissements, la session a pu se dérouler dans de bonnes conditions sur le plan du travail et de l'accueil. Pour cette session, nous savons que quelques convocations ont été envoyées parfois quelques jours (voire la veille) avant le début des épreuves. Les services ne sont en rien responsables de ces retards de transmission qui, pour la plupart, sont des réponses dans l’urgence à une défection, tardivement signalée, d’un collègue examinateur qu’il faut remplacer. Nous remercions donc ces collègues qui ont répondu à brûle pourpoint à ces convocations tardives et qui ont permis de pallier des absences ou des désistements relativement nombreux cette année. Malgré ces difficultés, nous constatons, avec plaisir, l’engagement des personnels et leur sens des responsabilités. Nous veillerons pour la session prochaine à ce que la date de remise des descriptifs pour envoi dans les centres soit décalée de plusieurs jours afin de ne pas précipiter le travail essentiel de fin d’année autour de l’élaboration du dernier descriptif. Les réunions de préparation et d’harmonisation - Pour l’écrit Ce rapport n’a pas pour objet d’analyser les sujets proposés durant cette session néanmoins les réserves faites par les correcteurs, notamment pour le sujet des séries technologiques, ont été entendues. Mais au-delà de ces remarques sur le contenu de sujets, nous sommes heureux de constater que cette journée consacrée à l’harmonisation remplit parfaitement sa fonction dans un esprit propice aux échanges. Dans tous les centres, les remarques en préambule sur la correction des divers exercices écrits ont été reçues sans faire l’objet d’une polémique exacerbée même si les débats, parfois vifs, sont toujours présents (et nécessaires) La volonté d’évaluer les copies en tenant compte de leur globalité selon les compétences (capacités et connaissances) démontrées dans les quatre champs (Lecture et compréhension/Réflexion personnelle et analyse/Histoire littéraire et culturelle/Expression écrite) était partagée par la très grande majorité des collègues. Dépassant la stérile dichotomie entre « les fortes exigences imposées par les programmes et les injonctions de grande indulgence (certains disent de « laxisme ») au moment de l’examen » ces quelques heures consacrées à réfléchir ensemble à une notation équitable et harmonieuse des copies ne semblent pas superflues tant demeurent des écarts importants dans le rapport à la notation entre les collègues (jusqu’à 8 points sur une copie de commentaire en série ES-S). Tous les correcteurs sont conscients qu’il nous faut travailler à réduire ces écarts et les coordonnateurs constatent avec satisfaction que la séance d’harmonisation contribue à cette réduction. Beaucoup de correcteurs expliquent que ces discussions ont favorisé une évolution de leurs pratiques de notation et qu’elles les ont notamment mis sur la voie d’une évaluation plus sensible aux compétences présentes dans les copies et, partant, moins essentiellement axée sur les carences ou les défaillances. Des collègues restent toutefois 2 « réservés » face au discours relayé par les coordonnateurs et certains expriment un peu radicalement « la saturation » qu’ils éprouvent à « devoir trop relativiser ». Permettons-nous de répondre à cela qu’il n’est pas question de « relativiser » mais bien au contraire de mettre en valeur ce que contient une copie sans pour autant faire fi de ces défauts. On ne « relativise » donc pas les carences des copies, on observe objectivement quelles qualités s’expriment face à ces carences. D’évidence, c’est l’évaluation au quotidien qui nécessite sans doute des discussions entre collègues. Nous avons constaté, en croisant les résultats aux épreuves avec les résultats obtenus par certains élèves durant leur année scolaire, des écarts importants qui nous invitent à poser un regard réflexif sur nos pratiques de notation. - Pour l’oral Des convocations tardives et des remplacements d’urgence ont mis certains correcteurs dans des positions délicates. Nous avons par ailleurs constaté que l’exemplaire supplémentaire des descriptifs à destination des coordonnateurs n’a pas toujours été transmis. Nous profitons de ce rapport pour demander aux collègues d’être vigilants sur ce point pour la session prochaine. Ces "défaillances" ont conduit les examinateurs à perdre des heures précieuses en photocopies au lieu d'échanger sur les modalités et contenus de l'EAF. Il faudra s’assurer que les établissements envoient systématiquement le nombre exact de descriptifs et de textes pour tous les jurys (notamment dans le cas, très fréquent, où une classe se interrogée par plusieurs jurys), en ayant soin d’ajouter un exemplaire pour les coordonnateurs. Cette journée de lecture des descriptifs a permis de cadrer les domaines à évaluer. Le tableau de compétences (capacités-connaissances) proposé lors de cette journée est apparu très utile, notamment face à des élèves dont la prestation serait moyenne voire médiocre. Les examinateurs ont donc été invités à utiliser au maximum cette grille afin d’avoir une référence commune. Bien entendu, il a été rappelé qu’il ne s’agit surtout pas d’attribuer tel ou tel nombre de points pour chacun des critères, ce qui n’aurait pas de sens. Ces tableaux de champs de compétence représentent avant tout une aide à l’évaluation tant dans les attendus globaux d’un oral que dans la formulation des appréciations. Nous verrons un peu plus loin dans ce rapport que cette approche a largement contribué à une évaluation plus « sereine » des candidats. Cette journée s’impose comme un moment de travail reconnu par tous les examinateurs qui y voient un temps d’échanges et de questionnements bénéfique à tous. Nous nous félicitons de voir que ces quelques heures ne se réduisent plus à une formalité administrative et technique mais qu’elles font désormais partie de la réflexion collective pour une évaluation juste et éclairée des candidats. Nous profitons de ces remarques générales pour rappeler quelques points d’ordre matériel qui participent sans aucun doute à la réussite de ces interrogations orales : - - Il est nécessaire de joindre tous les textes, même ceux des œuvres intégrales et des manuels pour faciliter le repérage dans les œuvres et la préparation. La lisibilité des documents produits (et particulièrement les documents iconographiques) participe à la qualité de l’oral. Le dossier envoyé à l’examinateur doit correspondre à celui des élèves (même numérotation de lignes par exemple.) Il est souhaitable que les documents (sans oublier les documents complémentaires) soient correctement rangés dans des pochettes par séquences. 3 - - - - II) Le formulaire académique, même s’il n’est pas imposé, facilite, de l’avis de tous, la lecture des collègues examinateurs et leur appropriation rapide de la séquence. Aucune indication d’axes ou de pistes suivis en cours ne doit être portée en regard des titres des textes proposés pour l’exposé (est-il d’ailleurs nécessaire de rappeler qu’une lecture analytique d’un texte n’obéit à aucun axe et encore moins à un plan imposé et figé ? La lecture analytique n’est pas un commentaire composé oral.) A l’inverse les professeurs doivent porter à la connaissance des jurys toute information qu’ils jugent nécessaire à une interrogation équitable de leurs élèves Les éditions comprenant un paratexte très important et parfois même des plans de commentaire ou de nombreuses indications pour l’étude peuvent bien entendu être utilisées par les professeurs (même si on peut regretter qu’elles imposent parfois des parcours qu’il faudrait plutôt construire avec les élèves) mais les examinateurs peuvent, le jour de l’interrogation orale, remettre au candidat une photocopie de l’extrait, vierge de toute indication. Le candidat retrouvera en revanche son édition pour l’entretien. RESULTATS AUX EPREUVES Résultats 2012 Séries générales ES L S Moyenne générale Moyenne de l’écrit Moyenne de l’oral 10,09 12,38 (5 802 candidats) (5 749 candidats) 11,20 12,58 (2 797 candidats) (2 767 candidats) 10,22 12,75 (10 926 candidats) (10 823 candidats) 10,51 12,57 10,30 11,76 (2 494 candidats) (2 448 candidats) 9,88 11, 32 (1 464 candidats) (1 452 candidats) 13,46 13,02 (175 Candidats) (172 candidats) 11,12 12,16 Séries technologiques ST2S STI2D STD2A STL 4 (391 candidats) (383 candidats) 10,07 11,34 (3 996 candidats) (3 934 candidats) 12,16 11,40 (25 candidats) (25 candidats) 11,03 12,13 (147 candidats) (147 candidats) 11,14 11,87 STG Musique et danse Hôtellerie Moyenne générale Rappel des résultats 2009, 2010, 2011, 2012 Moyennes de l’écrit Moyennes de l’oral Séries générales 2009 2010 2011 2012 2009 2010 2011 2012 ES 9,67 10,26 10,56 10,09 11,93 12,11 12,16 12,38 L 10,25 10;93 11,28 11,20 12,06 12,18 12,28 12,58 S 9,88 10,52 10,48 10,22 12,06 12,37 12,72 12,75 Séries technologiques ST2S 10,37 10,75 10,47 10,30 10,92 11,27 11,85 11,76 STI2D 9,58 9,91 9,64 9,88 10,64 10,97 11,22 11,32 13,46 STD2A 13,02 STL 10,83 11,26 10,62 11,12 11,77 11,62 11,74 12,16 STG 10,14 10,3 10,23 10,07 10,88 10,94 11,50 11,34 Musique et danse 12,37 12,94 11,75 12,16 14,81 14,91 13,38 11,40 Hôtellerie 10,27 9,9 9,99 11,03 11,48 11,46 12,21 12,16 Les résultats de cette session confirment une réelle consolidation qui traduit parfaitement les efforts des élèves et de leurs professeurs dans cette préparation des épreuves. Nous pensons que cette amélioration sensible, particulièrement à l’oral où le travail de concertation et d’harmonisation des équipes d’examinateurs est très efficace, est due à une évolution positive des démarches d’évaluation. Celles-ci prennent désormais systématiquement en considération les différents champs compétences qui ont été présentés aux correcteurs et souvent pris en compte dans les évaluations. Ainsi on reconnait mieux les capacités dans certains champs parfois négligés jusqu’ici. L’écrit toutefois (voir ci-après dans le rapport) cristallise encore quelques tensions autour de cette question des compétences à évaluer dans une copie. Cette année, les sections générales ont une moyenne à l’écrit assez largement inférieure à celle des séries 5 technologiques. Doit-on y voir une certaine disproportion entre la prise en compte de qualités de réflexion et celles d’organisation (ou d’expression), disproportion favorable aux séries technologiques et défavorable aux générales ? Si notre propos ne vise en rien à minimiser ces critères structurels des devoirs, il convient toutefois de leur réserver une juste place. L’équilibre semble avoir té trouvé pour les séries technologiques. La qualité d’écoute, la demande pressante d’information de la part des collègues ainsi que leur ouverture d’esprit révèlent une volonté marquée de rendre justice au travail des élèves et de prendre en compte l’ensemble de leurs compétences comme la capacité à communiquer et la capacité de réflexion. La volonté de valider un parcours de formation plutôt qu’une récitation de connaissances acquises lors de l’année de première s’impose de plus en plus comme un élément fondamental de l’examen. III) L’EPREUVE ECRITE Nous renvoyons les collègues à la lecture du rapport 2011 sur l’épreuve écrite. Les mêmes constats s’imposent. L’évaluation et la notation des écrits doit être un sujet de réflexion au sein des équipes. Les conférences pédagogiques qui seront organisées, comme chaque année, dans les bassins reviendront sans doute sur cette question. 1. REPONSE A LA QUESTION : Nous nous appuierons, pour évoquer cet exercice, sur une phrase extraite du BO du 14/12/2006 définissant les attentes liées à cette partie de l’épreuve écrite : « Une ou deux questions portant sur le corpus et appelant des réponses rédigées peuvent être proposées aux candidats. Elles font appel à leurs compétences de lecture et les invitent à établir des relations entre les différents documents et à en proposer des interprétations. Il s’agit donc bien d’évaluer des compétences de lecture en même temps que des qualités d’organisation. Nous souhaitons attirer l’attention des collègues sur cette priorité apportée aux capacités de lecture dans l’évaluation des questions. Ainsi, les débats sur la présence ou non d’une introduction à la réponse, de citations précises (la référence à un texte ne passe pas forcément par la citation), d’une organisation en paragraphes sont secondaires. Evitons d’ajouter des attentes que les textes officiels ne contiennent pas. De nombreuses réponses vont au-delà de ce que demande la question ; il s’agit bien entendu de valoriser l’effort mais en aucun cas de pénaliser ceux qui répondent de manière juste bien que synthétique. 2. EVALUATION DU COMMENTAIRE, DE LA DISSERTATION, DE L’INVENTION Le travail d’invention C’est encore sur ce sujet que les correcteurs se sentent « en difficulté », conscients d’une part qu’il ne faut surtout pas « surnoter » ce travail d’invention et dévaloriser de fait les autres exercices mais manquant d’autre part de repères pour évaluer de manière pertinente. Ainsi un coordonnateur relève au sujet d’une copie-test d’invention : « Tantôt la qualité de la langue a été « surévaluée » et a masqué les lacunes en réflexion ; tantôt la brièveté du propos développé dans la copie a été interprétée comme un manque de courage ou d’effort de la part du candidat » Nous voyons que la subjectivité reprend le dessus et qu’elle fausse l’évaluation de la copie. Des capacités et des connaissances peuvent s’exprimer dans un écrit bref et, à l’inverse, l’écrit d’invention ne doit pas être réduit à un exercice de style ; les 6 sujets appellent toujours une réflexion personnelle, une expression et une appropriation des connaissances sur tel ou tel objet d’étude. Les critères existent bien et les élèves doivent être entraînés durant l’année à travailler sur les attendus explicites et implicites des sujets dans les quatre champs de compétences déjà évoqués. Les cadres sont bien là et les élèves doivent les connaître. L’écrit d’invention est bien un exercice littéraire qui ne doit plus poser de problèmes : il n’y a aucune raison pour que les élèves considèrent le sujet d’invention comme une création ex nihilo où ils doivent faire exclusivement preuve d’inventivité. Le cadre hypertextuel du travail d’invention est clair et doit être travaillé de cette manière en classe. Le lien lecture-écriture (sans présumer d’un ordre quelconque) doit donc être affirmé. Il s’agit bien dans un écrit d’invention de produire une écriture dans laquelle le candidat réinvestit, adapte, transforme mais n’improvise pas. La part du subjectif dans cette écriture d’invention est donc limitée (sans être absente) par le cadre rhétorique, culturel, générique imposé par le sujet, le groupement de textes, l’objet d’étude. Le Commentaire C’est sur cet exercice que les plus grands écarts ont été constatés (une copie a été notée entre 11 et 19 dans un centre), preuve que les représentations de l’exercice et les attentes qu’elles suscitent sont très différentes chez les correcteurs. Un certains nombre de collègues exigent un commentaire « composé » comme dans les anciennes épreuves : les parties et les sous parties deviennent des conditions absolument nécessaires à la réussite, autant et parfois plus que la compréhension et l’interprétation du texte. Là encore, l’évaluation par compétences doit permettre de mieux prendre en compte la globalité d’une copie : compréhension du texte (la paraphrase en fait partie et constitue une étape souvent nécessaire que l’on évalue positivement sans toutefois s’en contenter), analyses, interprétations et organisation du travail. Mais une copie qui ne réunit pas l’ensemble de ces qualités n’est pas forcément mauvaise. Une copie intelligente (texte compris), personnelle (une interprétation) et illustrée (citations commentées) doit avoir une note très satisfaisante même si elle ne présente pas une organisation très rigoureuse. Pareillement, le commentaire ne vise pas à épuiser le sens (ou les sens) du texte, nous ne pouvons donc exiger des candidats qu’ils expliquent tout d’un texte ou que leur lecture corresponde parfaitement à notre lecture experte. La dissertation Contrairement à l’exercice du commentaire, celui de la dissertation génère aujourd’hui moins de controverses. Les collègues correcteurs ont su se démarquer des attentes formelles un peu trop figées qui exigeaient par exemple une structure dialectique à la dissertation. Il n’y a pas un type de plan canonique à la dissertation. Thématique, dialogique ou monologique, peu importe l’organisation pourvu qu’elle soit cohérente et problématisée. La question des références convoquées par les candidats dans leur copie a plusieurs fois été soulevée : ces références culturelles et littéraires forment, à juste titre, la principale attente des professeurs. Les nouveaux programmes ont d’ailleurs souligné cette nécessité culturelle au sein des séquences et il semble normal de la retrouver dans les productions des élèves. La remarque faite l’an dernier au sujet de la « validité » de telle ou telle référence demeure ; en effet certains collègues sanctionnent des références jugées inappropriées. Pourtant, lorsqu’un élève convoque ponctuellement une œuvre plus personnelle, il entre 7 dans un processus de liaison entre lectures scolaires et lectures non scolaires et ce processus introduit, en quelque sorte, le principe de réalité qui est celui des élèves au sein d’une réflexion littéraire. Et si toutes les œuvres ne sont pas « convocables » au même titre, cette démarche mérite plutôt d’être saluée et non sanctionnée. Elle ne supplante en rien la nécessaire analyse de références « patrimoniales » digérées et commentées par le candidat. IV) L’Epreuve Orale : Comme l’an passé, le constat général au terme de cette session 2012 est tout à fait satisfaisant. L’engagement des examinateurs qui ont mis en œuvre durant ces 5 jours d’interrogation des démarches en harmonie avec l’esprit des épreuves orales a largement contribué à la qualité des pratiques constatée dans les différents centres. Si l’interrogation échappe assez largement dorénavant aux attentes un peu trop figées constatées par le passé, les pratiques de classe semblent elles aussi répondre avec plus d’efficacité aux exigences de formation à l’autonomie des lycéens face aux textes comme le suppose l’exercice de la lecture analytique. Ainsi, de l’avis général des examinateurs, beaucoup de candidats font désormais preuve de réflexion personnelle, d’ouverture au dialogue, de qualités interprétatives souvent associées à des capacités de communication et d’argumentation efficaces. Avant d’examiner plus précisément certains aspects de cette session d’oral, nous souhaitons apporter quelques réponses à la question sur la répercussion des nouveaux programmes sur ces épreuves, interrogation récurrente durant nos visites dans les centres et à laquelle les rapports des coordonnateurs ont largement fait écho. 1. LES NOUVEAUX PROGRAMMES Les nouveaux programmes ne modifient en rien les épreuves de l’EAF. Cependant de nombreuses questions nous sont remontées sur la mise en œuvre de ces nouveaux programmes et, partant, leur influence sur les descriptifs d’étude. Le collège des IPR de lettres rappelle que des conférences pédagogiques ont été tenues il y a 2 ans pour introduire et « cadrer » cette mise en œuvre des programmes. L’ensemble des lycées sont invités à déléguer des représentants à ces conférences qui doivent, une fois par an, autour de thèmes importants, permettre des échanges entre l’inspection et les collègues. Par ailleurs, nous avons créé un diaporama, disponible sur le site lettre à l’adresse suivante : http://lettres.aclille.fr/. Ce document fait le point sur les principales évolutions liées aux nouveaux programmes. Nous réitérerons cette année ces conférences pédagogiques par bassin et nous invitons d’ores et déjà tous les coordonnateurs d’équipes accompagnés d’un ou deux collègues à y prendre part. La question des nouveaux programmes pourra sans aucun doute être de nouveau à l’ordre du jour. Quelques rappels toutefois : - Le nombre de séquences conseillé (il n’est pas question d’y voir une injonction absolue) est de 6 (et non 12 comme nous l’avons entendu) au minimum pour les classes générales (ES-S) et de 8 à 10 pour les filières L. Pour les filières technologiques, 4 séquences au minimum doivent être proposées aux élèves. - 3 « Œuvres intégrales » sont à étudier. Le professeur choisit au sein de quels objets d’étude il intègre cette lecture intégrale. 8 - 3 lectures cursives sont proposées aux élèves ; elles viennent en complément de l’étude d’un groupement de textes ou d’une lecture intégrale. - Les documents étudiés dans le cadre de l’histoire des arts (Cf. Programme du lycée publié au BO N° 32 du 28 août 2008) ou dans le cadre de la culture littéraire viennent en complément de l’étude d’une œuvre ou d’un groupement de textes. Mais ils peuvent aussi former le corps de la séquence et faire l’objet de lectures analytiques. - Le descriptif est une « photographie » de la séquence mais il n’est pas forcément toute la séquence. Des documents traités durant cette séquence peuvent être absents du descriptif, notamment s’ils n’entrent pas en correspondance logique avec la problématique retenue pour le descriptif. Ils nourriront de toute façon la réflexion et la culture des élèves qui, le cas échéant, pourront toujours y faire référence lors de leur oral même si ceux-ci ne figurent pas sur leur descriptif. Ainsi, les professeurs, dans leur classe peuvent tout à fait étudier des documents (pour rendre compte de l’évolution d’un genre par exemple ou d’une perspective historique culturelle particulière…) et choisir de ne pas les faire figurer dans le descriptif. Cela donne d’ailleurs au descriptif une unité particulière et une cohérence interne, unité et cohérence que les élèves doivent s’approprier dans le cadre plus général de la séquence. Toutes ces informations et de nombreuse autres se rapportant notamment aux pratiques de classes et aux démarches à mettre en œuvre pour une préparation fécondes des épreuves de l’EAF (qui ne sont pas l’unique finalité de la classe de Première) 2. LES DESCRIPTIFS Nous rappelons que les descriptifs ne sont plus présentés sous enveloppe mais il paraît indispensable que les élèves continuent à disposer de leur propre descriptif (ne serait-ce que pour y indiquer les « activités personnelles réalisées) qui est un support essentiel à l’interrogation. Bien en amont de l’épreuve, le descriptif fait l’objet, en classe, à un moment stratégique de la séquence d’enseignement, d’une élaboration et d’une validation partagées. Il est le fruit d’un travail collectif avec les élèves. Le descriptif répond à une logique de problématisation de la séquence (ou d’une partie de la séquence) mais il n’est pas le dépositaire de toutes les activités menées durant le parcours. La liste des devoirs n’a pas à y figurer surtout lorsque ceux-ci sont sans rapport apparent avec la problématique annoncée. De même on ne fait pas apparaître les « cours magistraux » délivrés sur tel ou tel courant littéraire. Certains descriptifs font apparaître « des pistes d’étude » et parfois même le « plan » des lectures analytiques (exprimant en cela une pratique totalement discutable de la lecture analytique). Les coordonnateurs ont remarqué que dans le cas de ces descriptifs « défaillants » où les pistes d’étude des lectures analytiques (c’est un oxymore) sont indiquées, les candidats sont tentés de reproduire un cours (peut-être magistral) sans tenir compte de la question posée ; psittacisme pour lequel ils seront (raisonnablement mais logiquement) pénalisés. Les examinateurs doivent pouvoir lire dans le descriptif la cohérence qui a guidé la séquence : le titre de la séquence, l’objet d’étude, la problématique formulée doivent informer sur le travail réalisé en classe. Il leur faut percevoir aisément les raisons de la présence de chacun des textes et de chacune des activités proposées aux élèves. Tous les documents abordés en classe (lectures analytiques, documents complémentaires, lectures cursives d’œuvres, lectures et activités personnelles) s’inscrivent dans une aire de questionnement clairement identifiable dans le descriptif. Il devient alors aisé pour 9 l’examinateur de formuler ses propres questions en donnant la chance aux élèves de poursuivre leur exploration des textes tout en exploitant des domaines d’investigation qui leur sont familiers. Nous proposons ci-dessous un exemple analysé par un coordonnateur d’un descriptif qui a mis les candidats et les examinateurs dans des conditions très favorables. Le titre de séquence ouvre un projet centré sur deux situations d’argumentation antagonistes : « Utopie et dystopie ». Pour l’entretien, cet intitulé permet d’envisager des pistes de confrontation simples : à la lecture de ces textes comment peut-on définir une utopie ou une dystopie ? Quels sont les univers représentés ? Quelle utopie souhaiteriezvous réaliser ? Quelle dystopie craignez-vous le plus ? Cet intitulé est complété par une problématique claire : « La description de mondes éloignés peut-elle nous permettre de mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons ? » Cette problématique précise le projet de la séquence et, en le reformulant, enlève à l’intitulé sa technicité littéraire. L’objectif du travail est ici clairement orienté vers une réflexion sur les intérêts de l’utopie et propose aux élèves une situation de lecture dans laquelle le sens des textes sera autant éclairé par les différents contextes d’écriture (XVIème siècle humaniste, XVIIIème siècle des Lumières, XIXème siècle positiviste, XXème siècle et les autoritarismes) que par le contexte contemporain de réception (« comprendre la société dans laquelle nous vivons »). L’entretien peut donc espérer faire réagir le candidat sur sa perception critique de notre société. Les textes proposés en lectures analytiques sont également intéressants et éclairants. Rabelais avec Gargantua (les Thélémites), Voltaire et Candide, (l’Eldorado), Balzac pour un extrait du Médecin de campagne et Pérec pour W ou le souvenir d’enfance sont convoqués ici et ouvrent donc des perspectives historiques et littéraires variées. La présence du texte de Balzac peut notamment surprendre et ouvrir un questionnement sur la présence d’une utopie chez un auteur considéré comme réaliste. Les élèves pourront encore s’interroger sur la validité à leurs yeux des utopies ici présentées ou l’inquiétude que peut faire la dystopie. Les documents complémentaires proposés sont ici en nombre restreints. Ils attirent l’attention par leur variété. Des textes attendus dans un tel descriptif sont présents : un extrait d’Utopie de Thomas More permet par exemple de resituer le terme dans son histoire. Un extrait de Jules Vernes (Les Cinq millions de la Bégum) propose des articles constitutifs d’une utopie sociale, architecturale, éducative et sanitaire qui pourront être confrontés aux autres utopies représentées. Ensuite, deux planches de La Galère d’Obélix d’Uderzo réécrivent avec humour le mythe de L’Atlantide et permettent de réfléchir à l’utopie de l’éternelle jeunesse. Le descriptif présente enfin un travail d’analyse filmique sur La Mouche de David Cronenberg dans le cadre de « Lycéens au cinéma ». Toutes ces activités permettent aux élèves de mettre en œuvre leurs capacités de réception personnelle des œuvres. La présence d’images, notamment celles qui entrent dans le champ culturel de nos élèves (B.D., films) est souvent un point d’ancrage pour faire réagir les candidats en difficulté mais de bonne volonté. La très grande majorité des descriptifs répond dorénavant aux exigences de problématisation, d’analyse générique et d’ouverture culturelle qui garantissent une séquence faisant sens pour les élèves. La cohérence est évidente pour l’examinateur : le titre de séquence, l’objet d’étude, la problématique formulée ont orienté un travail de classe limpide. L’examinateur perçoit donc assez facilement les justifications de chacun des textes et de chacune des activités proposés aux élèves. Les perspectives d’étude sont claires et 10 variées : histoire littéraire, genres, visées argumentatives… L’activité de réception des textes a été privilégiée : les émotions du lecteur sont sollicitées au même titre que sa réflexion. La formulation des questions à l’origine des exposés est donc facilitée. Les documents abordés en classe s’inscrivant dans une aire de questionnement clairement jalonnée par le descriptif, l’examinateur peut formuler ses propres questions en donnant la chance aux élèves de poursuivre l’exploration des textes tout en cheminant sur des domaines d’investigation qui leur sont familiers. La Problématique C’est la partie du descriptif la plus observée par les examinateurs au moment de préparer leurs questions, or il arrive parfois qu’ils la lisent et la relisent en vain n’y trouvant aucune perspective délibérative suscitant la tension, l’interrogation complexe propre à toute problématique. On trouve encore quelques problématiques multiples (jusqu’à trois questions bien distinctes pour une même séquence et parfois une formulation « fleuve») Elles posent un vrai problème : en multipliant les axes de réflexion, elles « sur-densifient » une séquence qui ne sait plus ce qu’elle est, réduisant souvent les candidats à avoir des idées sur tout, mais superficiellement, quand une petite nuance d’approfondissement et de réflexion seraient attendue. Le problème le plus net vient des problématiques trop vagues associées à un nombre très réduit de textes et de documents. La démarche de l’examinateur est alors très délicate puisqu’il faut inciter le candidat à analyser sans risquer de le piéger, ni rester soi-même prisonnier de ses attentes sur certains textes et objets d’études canoniques. Enfin, il y a encore des séquences dont la problématique, absente, est remplacée par une approche thématique qui fait du descriptif une manière d’anthologie autour d’un sujet littéraire. Ainsi, une séquence intitulée « L’esthétique argumentative » et problématisé de la façon suivante : « sous quelle formes textuelles se rencontre le discours argumentatif : nous nous donnons pour objectif de mettre en évidence la diversité des formes esthétiques de l’argumentation et les constantes techniques qui la structurent » semble réduire l’approche littéraire à des considérations technicistes et ne favorise pas les rapprochements sémantiques autour d’une question commune à ce textes. Nous préférerons cet exemple qu’un coordonnateur présente comme une réussite : Une autre liste propose autour de La question de l’homme dans l’argumentation une séquence intitulée « Grandeur et décadence des (problématique : faut-il s’identifier aux super héros ?). Le professeur entend héros » la créature surnaturelle, l’homme augmenté mais aussi celui qui posture super héroïque, Don Quichotte par exemple. les genres de super-héros » ici par « super endosse cette Les textes choisis en lectures analytiques peuvent surprendre mais chaque extrait a été choisi avec soin pour mettre très clairement en valeur une dimension héroïque exceptionnelle. Le premier extrait, le chapitre « Idéologie » du Comte de Monte Christo, le montre clairement : « Je suis un de ces êtres exceptionnels, oui, monsieur, et je crois que, jusqu’à ce jour, aucun homme ne s’est trouvé dans une position semblable à la mienne… » (pages 712 à 715, première partie). On retrouve ce choix judicieux dans les autres textes, l’extrait du Horla par exemple : Le Horla va faire de l’homme ce que nous avons fait du cheval et du bœuf : sa chose, son serviteur et sa nourriture, par la seule puissance de sa volonté. Malheur à nous. (…) un être nouveau ! Pourquoi pas ? Il devait venir assurément ! Pourquoi serions-nous les derniers ! Nous ne le distinguons point, ainsi que tous les autres créés avant nous ? C’est que sa nature est plus parfaite, son corps plus fin et plus fini que le nôtre, etc. Enfin, le texte de Marco Mancassola, La vie sexuelle des superhéros anticipe un 11 enchaînement tout à fait naturel vers les réflexions initiées par les documents complémentaires. Ces documents complémentaires viennent en effet très efficacement compléter la séquence : trois textes tirés de De Superman au Surhomme, un corpus de textes et bandes dessinées sur les liens entre l’idéologie super héroïque et l’embrigadement sectaire sont présentés. La richesse iconographique est très claire pour l’examinateur et donne à l’élève toutes les chances de rebondir efficacement : planches de BD tirées des X-Men, une image de Superman, L’Hospice 2002 de Gilles Barbier. Au final, l’examinateur dispose d’une confortable et large palette pour valoriser le candidat. Ce dernier a été lui aussi placé dans une situation de confort très valorisante puisqu’il est libre d’orienter l’entretien vers les documents auxquels il aura été davantage sensible. Les documents complémentaires : Parmi les éléments qui permettent de mener un entretien dynamique et ouvert, faisant réellement des situations de réception et de réflexion personnelles, les examinateurs signalent une nouvelle fois l’importance cruciale des lectures et documents complémentaires. Cette qualité engage directement la conduite de l’oral dans sa deuxième partie. Certaines listes déficientes ont proposé par exemple en « textes complémentaires » un texte issu de la pièce étudiée, une biographie de l’auteur et la lecture cursive de l’œuvre dont les extraits étaient étudiés en lectures analytiques. L’examinateur lors de l’entretien, ne peut dans ce cas absolument pas emmener le candidat vers un autre domaine que celui sur lequel il a déjà été évalué lors de l’exposé. Si l’élève est en difficulté sur l’œuvre, il est impossible d’ouvrir de nouvelles pistes et de varier les questions : le candidat est, par la composition du descriptif, enfermé dans ses lacunes. A l’inverse, lorsque la liste des lectures complémentaires est à la fois éclairante et en décalage intelligent avec les lectures analytiques, il est aisé de relancer l’élève et de mener un oral qui permette d’évaluer toutes les compétences. Nous reprenons ici les conclusions d’un coordonnateur déjà évoquées dans le rapport de l’an dernier: « Les candidats parviennent à bien se servir des documents complémentaires : quand il y en a un nombre raisonnable : une collègue se plaignait d’avoir dans chaque séquence une succession de documents qu’elle ne pouvait pas toujours exploiter (autour de 5 documents) quand ils s’inscrivent dans la problématique qu’ils éclairent et enrichissent quand leur utilisation n’est pas restreinte à une plate illustration ou à un prolongement vague des lectures analytiques quand leur fonction est o un contre-exemple (utopie / contre utopie) d’un texte ou du corpus, o un éclairage historique pour mettre en valeur l’évolution d’un genre, d’une idée, o une ouverture vers l’histoire des arts ou les textes de l’antiquité o une perspective comparatiste (générique ou transgénérique) quand ils servent à saisir une spécificité du texte étudié (texte critique sur un mouvement littéraire, texte théorique sur une mise en scène, confrontation générique sur un mythe …) » - - - L’étude d’œuvres intégrales et les lectures cursives : 12 N’oublions pas que l’étude d’une œuvre s’insère dans un objet d’étude, voire plusieurs objets d’étude que l’on croise. Les exposés, les lectures transversales, les études littéraires accompagnées, les travaux d’écritures, les lectures analytiques, les lectures des documents complémentaires… composent une stratégie séquentielle qui ne se réduit pas à la juxtaposition de quelques lectures analytiques. Rappelons d’ailleurs qu’étudier une œuvre intégrale, c’est en faire la lecture analytique et choisir un projet précis pour cette lecture. Au nom même de l’efficacité, il faut consentir à faire le deuil de l’exhaustivité, s’efforcer d’articuler les extraits étudiés et proposer une conception dynamique de la lecture de l’œuvre. Les rapports des coordonnateurs expliquent que les réussites des candidats « interrogés sur une œuvre complète » sollicitent souvent un travail particulier des collègues sur la réception de cette œuvre, sa contextualisation et d’une manière plus générale sa « singularité » et son intégrité en même temps que son intégralité. Un mot sur les lectures cursives du candidat, liées à l’objet d’étude et/ou à la séquence choisie par l’examinateur. Nous reprenons ce que nous disions dans le rapport précédent : « la responsabilité du professeur qui prépare sa classe à l’examen est engagée : il se doit donc de garantir que les lycéens ont bien lu et correctement interprété les œuvres qui figurent sur leur descriptif ». Les modalités d’évaluation en cours d’année de cette lecture sont variables et les collègues ne manquent pas de ressources sur ce point (pour dépasser peut-être la systématique fiche de lecture) : débats littéraires, carnets de lecture, bibliothèque personnelle, jeux de rôle, écrits d’invention, de commentaire, exposés, lectures et écritures en réseaux… Autre question fréquemment posée par les collègues. Doit-on sanctionner les candidats qui n’ont pas lu les œuvres cursives? Oui. Il faudra distinguer ceux qui sont incapables d’évoquer l’œuvre et ceux qui peuvent en parler pertinemment même si leur lecture ou leurs souvenirs de lecture sont incertains. Même si cette absence de lecture ne sera évidemment pas le seul critère d’évaluation du candidat, on devra tenir compte de cette carence. Pour répondre aux questions des collègues sur les difficultés de motivation des élèves face aux lectures cursive qu’on leur propose, nous rappelons que des stages sont proposés au PAF sur ce thème des différents types de lecture scolaires (analytique, intégrale, cursive) 3. L’EPREUVE ET SON EVALUATION La question, l’exposé et son évaluation, les bordereaux Comme l’an dernier, en guise de préambule à nos propos sur ce sujet, nous rappelons que cette première partie de l’oral est bien un exposé et non « une lecture analytique » comme certains bordereaux l’indiquent encore. La lecture analytique est une démarche de classe (collective et individuelle) qui accompagne les élèves dans leur appropriation et leur construction du sens d’un texte. L’exposé de l’EAF est une réponse organisée à une question : cheminement inverse de la lecture analytique (puisque l’entrée dans le texte est imposée et que l’on ne part pas d’hypothèses de lecture). Ce parcours que suppose l’exposé sera forcément hésitant et lacunaire mais nous n’attendons pas un commentaire composé oral (pas d’axes de lecture ni de parties obligatoires). Il n’y a donc pas de méthode attendue si ce n’est « une présentation logique » et le « suivi du projet » (B.O. du 8 janvier 2003). Les rapports précédents se sont longuement arrêtés sur le questionnement initial qui doit guider l’exposé du candidat. Dans tous les centres, la réflexion s’est engagée et a souvent permis un questionnement de qualité. Nous précisions l’an dernier les 13 caractéristiques d’une « bonne » question et renvoyons donc les collègues à la lecture des rapports précédents. Il nous a semblé important cette année d’attirer l’attention des collègues sur l’évaluation de l’oral. Or, cette évaluation commence avec la question que l’on pose au candidat. Aussi avons-nous choisi, à l’instar de ce que le coordonnateurs ont fait, à notre demande, dans leurs centre, de lier nos remarques sur la question, l’exposé et l’évaluation de cette première partie de l’épreuve. Un coordonnateur, à partir du travail mené dans son centre propose la réflexion suivante ô combien pertinente : « Le travail que nous avons mené cette année dans notre centre d’oral a été particulièrement centré sur les responsabilités de l’examinateur dans les trois situations de travail d’écriture sur les bordereaux : rédiger la question, rédiger les évaluations de l’exposé et de l’entretien. Cette démarche que nous avons entreprise s’appuyait sur l’hypothèse que ces trois étapes avaient des retentissements importants sur la qualité des oraux et leur harmonisation. En effet un professeur ayant réfléchi aux critères qui font la qualité, l’efficacité ou, à l’inverse, l’inefficacité de certaines questions sera sensibilisé à la richesse possible et aux difficultés de l’exercice proposé. De même, une réflexion sur la qualité des appréciations inscrites sur les bordereaux et leur adéquation à la note permet d’harmoniser les évaluations et de les enrichir en tenant compte des diverses compétences en jeu lors des oraux. La réunion qui s’est tenue à l’issue de cinq demi-journées à donc été l’occasion de rappeler quelques consignes importantes pour formuler les questions lançant les exposés : La question ne doit pas orienter l’élève vers une récitation de ce qu’il a appris. Elle doit proposer un nouveau parcours, une nouvelle situation de réception Elle ne doit pas orienter l’élève vers une seule fonction du langage (référentielle, poétique, conative, expressive) La question peut ouvrir plusieurs perspectives de lecture. Nous avons ensuite commenté succinctement quelques questions relevées au hasard des bordereaux afin de repérer celles qui à nos yeux pouvaient être efficaces pour lancer la réflexion des élèves : 1. Monsieur de Pourceaugnac, Molière : « Quels sont les procédés comiques utilisés dans cette scène ? » Question centrée sur une seule fonction du langage ; oriente l’élève vers un relevé, un étiquetage formaliste ; n’invite pas à réfléchir au sens du texte. 2. Scène d’exposition, L’île des esclaves : « Quelle dynamique cette scène apporte-telle à la pièce ? » Le terme « dynamique » employé comme substantif peut poser des difficultés de compréhension pour les élèves ; difficulté méthodologique pour mener l’étude du rôle d’un texte dans l’œuvre qu’il inaugure. 3. Candide, Voltaire : « Quelles visions de la guerre Voltaire propose-t-il dans ces deux paragraphes ? » Question simple qui peut inviter à une étude thématique de la guerre et de ces atrocités (fonction référentielle), autant qu’à une étude des idées véhiculées par l’extrait (critique de l’optimisme ; critique de l’absurdité des pratiques guerrières évoquées…), avec la possibilité d’examiner les registres convoqués par ce texte. 4. « Quelles sont les informations délivrées à travers cet incipit ? Question centrée sur une seule fonction du langage ; oriente l’élève vers un relevé, un étiquetage formaliste. 14 5. « Quelles impressions ce début de roman et son personnage produisent-ils sur le lecteur ? » Question qui met l’élève en position de réception et lui permet de proposer, défendre une lecture personnelle du texte. 6. « Les réactions de Don Juan et Sganarelle vous surprennent-elles dans ce dénouement ? » Question qui met l’élève en position de réception et lui permet de proposer, défendre une lecture personnelle du texte. Un deuxième temps de notre réunion a permis de réfléchir à la nécessaire adéquation entre les notes proposées et les appréciations manuscrites qui les justifient. Pour alimenter cette réflexion, nous avons donc soumis aux jurys présents la lecture de plusieurs appréciations relevées dans les bordereaux puis écouté leurs réactions. Ensuite chaque professeur a tenté de retrouver la note qui avait été attribuée aux candidats concernés. 1. « Exposé extrêmement précis et soucieux d’exhaustivité ; le cours est très bien su. Il a manqué une sélection des connaissances pour s’adapter à la question. Bonne expression orale. » Appréciation très élogieuse. Contradiction cependant entre l’éloge de la qualité de l’apprentissage et le reproche ciblant le manque d’adaptation à la question. Note estimée par les collègues : 08 ou 09 /10. Note réellement attribuée : 06/10 2. « Exposé cohérent mais trop court. » L’appréciation ici relevée ne rend compte ni de capacités clairement identifiées ni de défauts de compétences. L’appréciation de la durée reste imprécise et n’évoque pas la manière dont la candidate s’est comportée lors du travail de reprise de l’étude du texte guidée par l’examinateur. Note estimée par les collègues : 07 ou 08 /10. Note réellement attribuée : 06/10 3. « Exposé précis et bien argumenté » Appréciation très laconique mais très élogieuse. Les capacités de réflexion, d’expression ne sont pas prises en considération. Note estimée par les collègues : 08 /10. Note réellement attribuée : 07/10 4. « Exposé brillant et très bien structuré. » Appréciation laconique très élogieuse. L’élève semble avoir atteint un niveau de compétence maximum sans que l’appréciation n’en rende compte précisément. Note estimée par les collègues : 10 /10. Note réellement attribuée : 08/10 Il est donc apparu que les appréciations étaient dans les cas ici relevés peu précises et surtout en inadéquation avec les notes attribuées. Cette réunion à fait naître chez de nombreux examinateurs une volonté de poser des questions ouvrant des parcours de lecture dans lesquels le candidat puisse développer sa réception de l’intérêt du texte. De même, les appréciations, très souvent, ont été ensuite davantage nuancées, précisées et liées aux quatre domaines de compétences. Voici quelques exemples de questions et évaluations relevés dans les bordereaux après la réunion. 15 Victor Hugo, « Melancholia » : Comment l’écriture poétique permet-elle ici de toucher le lecteur ? « Une réflexion cohérente et pertinente mais qui ne prend en compte la question qu’à la fin. Des connaissances très techniques sur le texte qui auraient pu être valorisées par une interprétation plus personnelle. Mais le texte est bien compris et l’expression orale est correcte. » 07/10 L.F. Céline Voyage au bout de la nuit : Quel regard le narrateur porte-t-il sur la guerre ? « Expression parfois hésitante et trébuchante ; des remarques sur le texte mais qui manquaient de cohérence entre elles ; le texte est cependant compris ainsi que ses enjeux. » 06/10 Antigone Anouilh : Quel est l’effet produit par le décalage entre Antigone et le garde ? « Exposé qui s’efforce de répondre à la question ; réponse pertinente ; le texte est bien compris. Expression orale correcte. Il a simplement manqué une analyse de texte pour justifier, argumenter les idées. » 08/10 Ce travail mené entre les collègues dans de nombreux centres a souvent montré comment la question posée et l’évaluation étaient étroitement liées ; la prise en compte des différents champs de compétences devient alors essentielle et aide l’examinateur dans son souci d’objectivité. Les bordereaux d’annotation sont des documents que les candidats peuvent consulter après la déclaration de leurs résultats ; il est donc important de les rédiger rigoureusement et en s’appuyant sur des données indiscutables. Est-il nécessaire de rappeler que nous évaluons une prestation et non une personne ? Une question récurrente sur le hors-sujet semble devoir être rapidement traitée : qu’en est-il d’un candidat qui fait abstraction de la question tout en faisant preuve de qualités de compréhension et d’analyse pertinentes. On ne peut minorer l’importance de la question posée ; c’est elle en effet qui permet d’évaluer la capacité du candidat à se détacher d’un topo figé pour adapter de façon personnelle sa réponse à l’angle proposé par l’examinateur. Un candidat qui ne « joue pas le jeu » de la question ne peut obtenir plus que 5 ou 6 points sur 10 points à condition qu’il montre par ailleurs d’autres capacités (compréhension du texte, cheminement logique du propos, analyse pertinente). Des statistiques effectués dans différents centres montraient qu’environ 20% des candidats ne prenaient pas en compte la question posée. Cela est révélateur de pratiques pédagogiques où les élèves ne sont pas suffisamment entraînés à une lecture analytique construite avec eux et où le cours est dicté. Nombreux candidats sont capables de remarques très subtiles, connaissent maints procédés, mais ne les relient pas toujours au sens car leur autonomie de lecteur n’a pas été exercée. Or, l’objectif premier du cours de français est bien de former des lecteurs. L’entretien et son évaluation Il est acquis par tous désormais que c’est un dialogue et non un interrogatoire, et l’attention portée par nos collègues aux 4 grands champs de compétences les rend d’autant plus sensibles à la forme que doit prendre cette deuxième partie de l’épreuve, dont ils attendent clairement qu’elle leur permette de mesurer l’état des connaissances du candidat, mais au cours de laquelle ils évaluent aussi toujours sa réactivité, ses capacités argumentatives et sa sensibilité personnelle. Les collègues commencent bien désormais les entretiens par une question mettant en confiance le candidat. Les questions portant sur la réception permettent par ailleurs de vérifier les connaissances du candidat et sa capacité à 16 argumenter ou à se justifier bien mieux qu’un feu de questions ne le ferait. C’est dans l’entretien que la capacité au dialogue du candidat, sa capacité à argumenter et sa culture sont évaluées. Il s’agit le plus souvent, pour le candidat ayant travaillé dans l’année, d’un moment de dialogue dans lequel se « cristallise » l’intérêt qu’il a manifesté pour les textes. Très souvent c’est lors des entretiens qu’un candidat en difficulté dans l’exposé peut être remis en selle grâce à une conduite de l’entretien efficace de la part de l’examinateur. Les entretiens ouverts ont été privilégiés donnant aux candidats une certaine autonomie et leur laissant l’occasion de s’approcher des pistes qui les intéressaient le plus. La précision des connaissances, la finesse de certaines approches personnelles s’y révèle le plus souvent pourvu que l’on veuille bien les entendre. Là encore, il n’y a pas de schémas établis pour « mener » l’entretien. Des élèves manifestant une certaine aisance peuvent rebondir très facilement sur des questions générales (« Quel texte vous semble le plus porteur dans cette séquence ? ») qui leur permettent d’entrer dans la séquence, circuler parmi les textes et les questionnements/précisions qu’ils suscitent. En revanche, des élèves plus maladroits ou « sur la défensive » ont manifestement besoin d’être un peu rassurés par des questions dans un premier temps plus personnelles (« Quelle approche avez-vous de cette séquence ? A quoi sert cette séquence, selon vous ? Comment comprenez-vous la problématique de cette séquence ? »), puis plus précises, engageant le regard sur un texte en particulier ou des éléments restés obscurs, ceci afin de relancer le propos. Nous proposons ci-dessous deux bordereaux d’évaluation d’entretien : « Des connaissances très éparses, sans lien entre elles. La candidate n’a pas su donner de sens aux documents ni exprimer de réaction personnelle. Les réponses ne sont pas développées. L’expression orale reste très confuse voire fautive. » 03/10 « La pièce est bien connue ; une réflexion personnelle est amorcée mais manque d’arguments parfois. Documents complémentaires connus ; réflexion à approfondir. Bonnes capacités de communication. » 08/10 Il est notable que les examinateurs ici cités ont pris en considération les divers domaines de compétences pour justifier des réussites et échecs des candidats. Les notes proposées sont donc cohérentes par rapport aux appréciations. Donnons une nouvelle fois la parole à un coordonnateur qui insiste sur un point que tous les rapports précédents mettaient en exergue : « La pratique et l’expérience des uns et des autres confirment ce que les rapports de chaque année rappellent : l’entretien se prépare ! C’est sur cette partie de l’épreuve que se fait en général la différence entre deux candidats, selon un écart moyen de 2.5 points. Ainsi, ces deux élèves, interrogés sur la Lettre XXIV des Lettres persanes, tirée de la même séquence, ont obtenu 7.5 / 10 à l’issue de leur exposé mais se sont distingués au cours de l’entretien. Le premier est noté 7 / 10, avec l’appréciation suivante : « Textes des lectures analytiques bien maîtrisés ; c’est plus superficiel s’agissant des documents complémentaires. Analyse correcte d’une image (« La liberté guidant le peuple »). Une réflexion satisfaisante sur les formes dans le groupement. Développe son propos de façon spontanée en s’exprimant assez bien. » Le second reçoit la note 4.5 / 10 ; le bordereau signale : « N’a pas tous les documents. Contresens sur « La liberté guidant le peuple » : un tableau féministe ! AB sur la question des formes argumentatives dans le groupement mais 2 textes inconnus. B pour les thèmes de la séquence, mais il faut multiplier les questions. » 17 La question des compétences et des connaissances La réforme des lycées fait largement entrer la notion de compétences, notion qui ne s’oppose pas à l’acquisition de connaissances. Il s’agit bien au cours de l’exposé comme de l’entretien d’évaluer les capacités des élèves à lire et interpréter des textes dans leur spécificité et leur « littérarité ». La formulation des questions comme la conduite de l’entretien doit donc permettre à l’élève de mener une réflexion le conduisant forcément à faire état de connaissances littéraires tout en convoquant des outils d’analyse (qui demeurent cependant secondaires). Nous remercions vivement les coordonnateurs de centre qui ont eu à cœur de veiller à impulser l’évaluation par champs de compétences, d’accompagner les jurys et de faire remonter les dysfonctionnements et les bonnes pratiques. Nous avons constaté cette année un réel travail d’équipe autour des coordonnateurs, soucieux de préparer et de faciliter les visites des inspecteurs dans les centres, au seul bénéfice des élèves dans un réel souci d’équité. Les collègues se sont donc, dans leur très grande majorité, approprié cette évaluation sans la réduire schématiquement à des critères fermés d’une grille d’évaluation. Nous le disions un peu plus haut, ces champs de compétences sont une aide à l’observation et à l’évaluation des prestations des candidats mais en aucun cas un barème figé (il n’est pas question, par exemple, de distribuer tel nombre de points pour tel ou tel champ de compétences). Un stage inscrit au PAF intitulé « Evaluer par compétences de la seconde à l’EAF » répond à toutes les questions que peuvent se poser les collègues et offrent de nombreux exemples de pratiques harmonieuses de cette évaluation (en classe comme à l’examen) Les coordonnateurs Il importe de répéter que leur rôle est essentiel dans le déroulement des épreuves, écrites comme orales mais également pour la rédaction du rapport final. Cette année encore nous avons été destinataires de bilans circonstanciés, d’analyses de pratiques et de compte rendus d’entretiens et d’exposés précisément retranscrits qui nous permettent ensuite d’infléchir par ricochets les formations mises en place au PAF. Ces bilans révèlent combien il est important pour notre discipline de participer à une juste évaluation des élèves et donc avoir un rôle à jouer dans leur future orientation. Ils aident les inspecteurs et les formateurs à concevoir des outils répondant aux questions des collègues. L’inspection rappelle à tous que le rôle des coordonnateurs ne se limite pas à des tâches techniques ou d’accueil mais à une « veille active » comportant une dimension de pilotage éclairé, de conseil, de partage. Certains rapports soulignent le rôle joué par les examinateurs lors des réunions d’harmonisation dans les centres d’oral, invitant leurs collègues à réfléchir sur la rédaction des bordereaux et parfois à ajuster une appréciation avec la note chiffrée. Durant nos passages dans les centres, nous avons constaté que les collègues ont parfaitement compris que les coordonnateurs devaient être un soutien et une aide pour eux durant toute la session. Les examinateurs, soucieux d’éviter toute disharmonie dans l’évaluation des candidats, n’hésitent d’ailleurs plus à venir spontanément exposer les problèmes rencontrés, discuté d’une question, d’une annotation et d’une note avec les coordinateurs. Nous répétons que tout ceci ne se fait pas dans un esprit de suspicion ni de hiérarchie mais dans un souci de collaboration efficace au bénéfice des élèves qui nous sont confiés. Ajoutons que ces pratiques rompent l’isolement de certains collègues car il est somme toute assez rare pour nombre de collègues d’échanger et de porter sur leurs pratiques d’évaluation un regard réflexif. Cette session confirme les évolutions constatées d’année en année : les exposés tiennent mieux compte de la question posée (mais consistent encore souvent en une 18 récitation de cours pour les élèves non préparés à une lecture autonome des textes) ; la préparation de l’entretien est de moins en moins négligée par les élèves (peut-être parce qu’elle est mieux intégrée dans les séquences de leurs professeurs) ; les examinateurs ont désormais le recul nécessaire sur ces questions pour accompagner les évolutions sans avoir le sentiment de renoncer à un certain niveau d’exigence. Par exemple, la prise en compte des 4 champs de compétences dans l’évaluation ne donne plus lieu à des débats passionnés ou angoissés sur la répartition des points, le déséquilibre des capacités ou la démagogie d’un tel système de critères : les professeurs se sont approprié l’outil, qui les aide souvent à trancher, et qui a ceci de rassurant qu’il permet de changer ses représentations sans sacrifier ses valeurs. Nous remercions tous les collègues examinateurs qui, par leur disponibilité et leurs interventions auprès des coordonnateurs, ont participé à la réflexion commune que nous menons à travers ce rapport. Pour le groupe des IPR de Lettres Claude Carpentier Sébastien Hébert