2012.Dbi50 . French version DbI Review n° 50.rtf
Transcription
2012.Dbi50 . French version DbI Review n° 50.rtf
DbI Review Numéro 50 • Janvier 2013 Deafblind International était auparavant connu sous l'appellation « International Association for the Education of Deaf- Blind People » (L'Association Internationale pour l’Éducation des Sourdaveugles). DbI Review paraît deux fois par an, en Janvier et Juillet. Le rédacteur en chef accueillera avec plaisir tout article, nouvelle, courrier, présentation d'ouvrage, information sur des événements à venir (conférence, cours) en lien avec la surdicécité chez les enfants, les adultes ou les personnes âgées. Photos et dessins sont les bienvenus. Ils seront copiés et renvoyés aux auteurs. Les écrits doivent être présentés en anglais ; ils peuvent faire l'objet de mises en forme avant publication. Ils doivent parvenir au secrétariat avant la date indiquée ce- dessous. Les opinions exprimées dans les articles sont celles de auteurs et ne sauraient représenter le point de vue de DbI. DbI Review est aussi disponible en format texte et en format électronique. Pour en recevoir une copie dans ce format, contacter le Secrétariat de DbI. Secrétariat de DbI PO Box 143, Burswood WA 6100, Australia Telephone (08) 9473 5422 Facsimilie (08) 9473 5499 TTY (08) 9473 5488 Rédacteur Stan Munroe Mise en page Geoff Dunn Distribution and DbI Membership PO Box 143, Burswood WA 6100, Australia Telephone (08) 9473 5422 Facsimile (08) 9473 5499 TTY (08) 9473 5488 Secrétariat DbI [email protected] DbI Website Stan Munroe and Secretariat Bureau pour la publication CDBA Office, 2652 Morien Hwy, Port Morien, NS, Canada B1B 1C6 1 Tel: 902- 737-1453 Fax: 902-737- 1114 Email: [email protected] Website: www.deafblindinternational.org Facebook: www.facebook.com/dbiint Twitter: @DeafblindInt Couverture: Une activité de plein- air en Écosse. Message de la présidente Chers Amis et Collègues, Voici encore une fois un numéro très chargé. Vous y trouverez des nouvelles de l'extraordinaire travail que vous accomplissez tous. Je vais me contenter de vous donner un bref aperçu de mes activités. Un grand merci à Ton Groot Zwaaftink pour l'aide magnifique qu'il nous a apportée en tant que Trésorier de DbI. Ton nous manquera, mais Kentalis continue à nous apporter un soutien sans faille avec notre nouveau trésorier, Frank Kat. Ton nous a assuré qu'il ne disparaîtrait pas de la circulation et nous nous attendons à le retrouver à l'occasion de conférences ou d'événements futurs. Bienvenue donc à Frank. Le Bureau a eu le plaisir de se réunir à Lund en Suède, début Novembre, juste avant la conférence d'ADBN. Toutes nos félicitations à Henrik Brink, le président du Comité Local et à Liz Duncan, la présidente du Comité Scientifique. Cette conférence a été un succès. Organisateurs, participants et conférenciers ont rendu possible cet événement auquel DbI a le bonheur d'être associé. Utilisant mon autre casquette, celle de Sense UK, j'ai le plaisir d'annoncer que la 10ème conférence d'ADBN se tiendra en 1914 à Belfast, Irlande du Nord. D'autres informations suivront d'ici là. DbI travaille aussi à son Plan Stratégique ; certains d'entre nous se sont réunis pour cela à Londres en Octobre. Une campagne de recherches de financements est l'un des éléments clés de ce Plan. Nous avons des rêves ambitieux ; certes, on peut faire beaucoup sans argent, mais il nous faut quand même des moyens financiers pour aller de l'avant. Il reste beaucoup à faire en ce domaine, et je suis contente que nous ayons vraiment entamé ce travail. Notre Bureau se réunira au moment de le Conférence Asiatique que se déroulera en Inde, à Ahmedabad début Avril. Quant au Conseil d'Administration, il se réunira à Lille, fin août 2013. Mon travail pour Sense m'a aussi amené à effectuer d'autres déplacements. Je n'ai pas manqué d'en profiter pour parler de DbI ! Bien à vous ! Gillian Morbey Présidente de DbI 2 EDITORIAL Chers amis, Bienvenue dans cette 50ème édition de DbI Review; il s'agit d'un étape importante pour la publication de DbI. Le premier numéro de ce journal a été publié il y a 25 ans, en 1988 ; il avait alors pour titre « Deaf-Blind Education, le Journal de l'International Association for the Education of the Deaf-Blind » – l'ancien nom de DbI. Le nom de la revue a changé au numéro 21. Elle est devenue DbI Review (Le Magazine de Deafblind International) en janvier 1998. On trouve dans les 24 pages de cette première édition les articles suivants : Évaluation de la vision chez les personnes sourdaveugles (Lea Hyvarinen - Finlande), Une expérience d’Éducation Sexuelle (Mme Beroz Vasha- India), Intégration (John McInnes - Canada), Rapport sur la Conférence Internationale de Poitiers, Projet Nordique d'Annuaire des Professionnels de Surdicécité, etc. On y trouve aussi le rapport du Président (John McInnes) et des rapports en provenance du Nigeria, de Grèce, de France, de Malte, du Canada, du Royaume- Uni, de Singapour, des Bahamas, de l'URSS, etc. Paul Ennals, de Sense, était alors le rédacteur en chef de Deafblind Education. Comme dans les premiers numéros, on trouvera dans la présente édition un mélange équilibré d'articles traitant de problèmes scientifiques, de recensions de conférences récentes, d'annonces de conférences à venir et de rapports sur des projets en développement dans différents pays. Comme je l'ai déjà dit dans cet éditorial, c'est un véritable bonheur pour le rédacteur en chef de présenter une telle diversité d'articles en provenance du monde entier. Dans ne numéro, on trouvera des articles et des annonces d'Argentine, d'Australie, du Canada, du Danemark, de Finlande, de France, d'Allemagne, du Guatemala, d'Inde, d'Irlande, du Japon, de Jordanie, du Kenya, du Malawi, des Pays- Bas, d’Écosse, de Suède, de Norvège, d'Ouganda, du Royaume- Uni et des États-Unis. Je voudrais recommander le travail des organisateurs de la récente conférence ADBN (« Une Dépendance Autonome ») qui s'est tenue en Suède à Lund, début novembre. Allez voir les deux articles tirés de la conférence qui sont inclus dans cette édition. Anne- Maj Magnström m'a particulièrement intrigué quand elle a expliqué à quel point son autonomie dépendait des outils technologiques grand public. L'article de Gunilla Ronnblom, « L'adaptation à la vie – Un travail intérieur au fil du temps » (un résumé de son livre au titre identique), décrit avec une grande précision par quelles adaptations doivent passer les personnes présentant une surdicécité acquise. L'article de Barbara Mason et Martha Majors « Après Laura et Helen » est aussi très intéressant ; il décrit les changements survenus dans la population des enfants sourdaveugles d'âge scolaire aux USA. Les résultats de leur étude sont certainement très proches de ce que l'on retrouve dans les écoles des nombreux pays où la rubéole a pratiquement disparu. Je voudrais aussi rendre hommage au gros travail effectué en Argentine pour mettre en place une résidence destinée à des adultes sourdaveugles congénitaux. Il s'agit là d'une ouverture remarquable dans une région du monde où l'accueil d'adultes en situation de handicap hors de leur famille est plutôt l'exception que la règle. Chapeau 3 à Aurea Soza, parent et professionnel, pour son courage dans cette nouvelle aventure en Argentine. Nous avons reçu des rapports en provenance de nombreux pays. Celui qui nous vient de Jordanie, au Moyen Orient, est particulièrement intéressant, dans cette région où les sourdaveugles sont peu connus. Nous y apprenons comment, sous les auspices de l’Église Épiscopale Arabe de Jérusalem et du Moyen Orient, l'Institut pour Sourds « Holy Land » travaille avec des malentendants, des sourds et des sourdaveugles pour qu'ils aient toute leur place dans la famille et dans la communauté. L'auteur mentionne que cette école inclusive est la seule du genre au Moyen Orient Arabe. Lisez aussi les excellents rapports des Réseaux. Le tout premier rapport du Réseau Activités de Plein- Air nous fait envier l'aventure vécue par un groupe de sourdaveugles adultes, en Écosse, dans les Highlands, en septembre dernier. Merci à Joe Gibson, de Sense Écosse, pour avoir conduit cette cette activité. Félicitations aussi à Riita et Russ pour l'arrivée de Réseau Communication Sociale- Haptique dans notre famille de réseaux. Il m'a aussi paru pertinent d'ajouter l'article célébrant la vie de Peggy Freeman, cofondatrice de Sense. Peggy était l'une des géantes (pas par la taille) du monde des sourdaveugles ; elle n'a cessé de défendre, en tant que maman, la mise en place de programmes pour les enfants sourdaveugles congénitaux. Félicitations à Sense International Roumanie qui a été choisi pour accueillir la 16ème conférence mondiale de DbI en 2015. Stan Munroe Rapport de Bernadette Kappen : Notre travail auprès de personnes sourdaveugles nous donne toujours l'occasion de continuer à apprendre. Deafblind International nous permet de rester en lien et, grâce aux conférences locales, régionales et mondiales, de partager nos compétences avec nos collègues, tout en nous informant sur de nouvelles approches. Dans les mois qui viennent, nous aurons deux occasions d'échanger avec des collègues et amis. La tenue conjointe de la conférence ICEVI et de la Conférence Régionale de DbI à Ahmedabad, en Inde, du 5 au 7 avril 2013, nous permettra de nous faire une idée de ce qui se passe dans la région Asie. Beaucoup de programmes s'y sont développés au cours des 10 dernières années, ce qui ne manquera de nous intéresser tous. La Conférence Européenne de DbI aura lieu en France à Lille, du 24 au 28 août. Les participants à cette Conférence Européenne viennent de toute l'Europe et du reste du monde. On peut y participer à de nombreuses activités et y rencontrer de nombreux experts. Les conférences y sont de haut niveau ; on peut donc y apprendre beaucoup, mais aussi y rencontrer beaucoup de gens concernés par la surdicécité. Ces rencontres ont une valeur inestimable ; elles nous rechargent en énergie et en enthousiasme pour affronter notre travail quotidien. Nous savons tous que notre monde est de plus en plus complexe ; les attentes sont plus fortes et la compétition n'a jamais été aussi grande. Tout bouge à toute vitesse ; il nous faut donc nous raccrocher à du solide. C'est ce que nous apportent les valeurs et les convictions de notre organisation et les événements qu'elle organise peuvent nous guider. En tant que membres de DbI, vous avez un rôle vital à jouer. Vous soutenez 4 notre organisation en partageant votre expérience et vos convictions à l'occasion de ces événements. Merci à tous pour cela. Nous profitons aussi de ces conférences pour rendre hommage à des personnes ayant contribué de façon éminente à la vie de DbI et à la promotion des personnes sourdaveugles. Dans les mois qui viennent, vous trouverez sur le site de DbI les informations concernant la marche à suivre pour nominer des personnes susceptibles de recevoir la DbI award. Ne manquez pas de vous rendre sur le site de DbI pour y proposer des nominations pour la DbI award. Rapport de Carolyn Monaco : Wow !! ça regonfle de lire ce 50ème numéro de notre DbI Review qui est maintenant prêt pour la publication. J'ai travaillé avec Stan à sa finalisation, j'en ai donc lu chaque page. J'ai adoré ce travail. Je trouve dans vos photos et dans vos articles des informations et un engagement qui sont pour moi une source constante de motivation et d'intérêt. 2013 sera sans nul doute une année stimulante et active pour chacun d'entre nous à DbI. Très bonne année à tous. "Une vie de senior heureuse avec une double déficience visuelle et auditive". Le 6 novembre 2012, s'est tenue à Lund en Suède une conférence internationale sur le thème "Une vie de senior heureuse avec une double déficience visuelle et auditive ". Accueillie par le Nordic Centre for Welfare and Social Issues, il s'agissait d'une préconférence précédant la 9ème Conférence DbI de l'ADBN. Ci-dessous, un résumé des remarques formulées par les trois auteurs. Discours d'ouverture - Barbro Westerholm, députée du parlement suédois. La députée Barbro Westerholm a ouvert la conférence et a participé à toute la journée d'ouverture. Dans ses remarques introductives, elle a indiqué que nous avions actuellement la population la plus âgée que la Suède ait jamais connue. Alors qu'autrefois nous avions une répartition des âges semblable à une pyramide avec beaucoup de jeunes à la base et de moins en moins de personnes âgées au sommet, le schéma ressemble maintenant à un gratte- ciel avec les plus âgés au sommet qui regardent les jeunes générations qui sont au dessous d'elles. C'est pourquoi le groupe des personnes présentant une double déficience sensorielle est de plus en plus nombreux et présente des besoins qui sont trop facilement oubliés. Barbro Westerholm a ensuite indiqué que pour elle la communication est la clé du tout; la vie n'est pas une vie sans communication. Ce que le sens commun nous dit de faire ne correspond pas toujours à ce que les ministres du budget et des finances proposent. A long terme pourtant, si ces défis ne sont pas relevés maintenant, le coût pourrait être encore plus élevé. Surdicécité et démence - Arlene J. Astell (School of Psychiatry, University of St. Andrews) 5 Spécialiste de ce domaine, Arlene J. Astell a traité des différents impacts de la démence. Celle- ci affecte la personne atteinte, mais aussi les relations avec son entourage. Dans beaucoup d'institutions où sont accueillies les personnes démentes, la communication est réservée à des moments déterminés, alors qu'elle devrait normalement faire partie de toute la vie quotidienne et ne pas être traitée comme une activité à part. Elle a aussi suggéré l'idée qu'il n'est pas absolument nécessaire de connaître la vie passée des personnes présentant une démence pour travailler et communiquer avec elles. Des photos ou des morceaux de musique liés à leur jeunesse peuvent suffire à déclencher et maintenir des conversations. Arlene J. Astell (et Maggie P. Ellis) ont publié ensemble un article intitulé “Communicating Beyond Speech” décrivant un système intensif d'interaction adaptée qui améliore la qualité de la communication entre les personnes présentant une démence ou entre elles et leur entourage. Une version anglaise de cet article est disponible à l'adresse suivante: http://www.nordicwelfare.org/Publications/Inspirationshefter/A-Good-Senior-Life-withDual-Sensory-Loss/ Une vie heureuse avec une double déficience sensorielle. Megan Mann (Sense UK) a invité les participants à réfléchir à ce que seraient leurs attentes au moment d'atteindre l'automne de leur vie. Trois personnes présentant à la fois une perte auditive et une perte visuelle ont été présentées. Nous avons pu prendre connaissance de leurs attentes et réflexions dans des situations individuelles très différentes. Telle cette dame qui, accueillie dans un foyer, décrit le peu de contact qu'elle a avec le personnel et les autres résidents et ne cesse d'exprimer son envie de mourir. Megan a expliqué qu'aller dans un foyer d'accueil et de soins constitue un passage très difficile pour beaucoup de gens. Le adaptations physiques et psychologiques que cela nécessite constituent un défi encore bien plus grand pour les personnes qui présentent des pertes visuelle et auditive importantes. Selon Megan, les personnes sourdaveugles ou les familles disent fréquemment que la vie dans un foyer résidentiel les protégerait mieux de la solitude que la vie à domicile. Malheureusement, la réalité est souvent bien différente. Les résidents des foyers disent éprouver de plus grandes difficultés à s'orienter dans un environnement complexe, à l'univers sonore perturbant, où les voix et les accents sont différents et où le personnel change en permanence. Megan a posé au groupe les questions suivantes : Est-le toujours possible de changer les choses pour les personnes qui sont dans cette situation ? Réponse : peut-être. Peut-on faire quelque chose pour changer leur qualité de vie ? Réponse : Oui parfois. Peut-on redonner à ces personnes le goût de vivre ? Réponse : pas toujours. Peut accepter et adopter le choix suivant : «Je veux en finir avec la vie ». 6 Peut-on écouter sans juger et accepter de tels sentiments tout en partageant la vie de ces personnes ? Pour Megan, il est essentiel de le faire et de reconnaître à quel point certaines personnes sont désespérées. Pour Megan, le rôle d'un professionnel, c'est d'être un détective qui réfléchit. Il y a en effet souvent des explications sensées aux réactions des gens. En tant que professionnels, nous faisons souvent preuve de myopie. Nous voyons la personne telle qu'elle est devant nous ici et maintenant, sans prêter attention à ce que fut sa vie et à ce qui a fait qu'elle est ici aujourd'hui. En conclusion, Megan nous a rappelé que le temps va dans une seule direction. Nous vieillissons dès l'instant de notre naissance. Nous allons tous dans cette direction, et pour la plupart d'entre nous, la vision et l'audition seront quelque peu atteintes. Franck A. Clark, prêtre et écrivain américain, a dit un jour: « nous consacrons beaucoup d'énergie à faire vivre les gens le plus longtemps possible, mais très peu à les aider en tirer du plaisir. ». En fin de présentation, Megan a incité les professionnels à ne pas faire défaut aux gens au moment où leur vision et leur audition sont précisément en train de leur faire défaut. Liz Duncan (Sense UK) a insisté sur la nécessité pour les professionnels qui travaillent auprès de personnes sourdaveugles et pour ceux qui travaillent dans le champ de la démence de partager les mêmes valeurs. Les politiciens s'inquiètent du nombre croissant de personnes sourdaveugles ou de personnes présentant une démence. Selon Liz, les personnes présentant une démence et les personnes sourdaveugles ont en commun de manquer de communication avec les personnels ou les autres résidents et d'être en général isolées et laissées à elles- mêmes. Il faut bien reconnaître que les personnels sont en général peu enclins à adapter leurs modes de communication à cette population. Certains professionnels ont un talent naturel pour communiquer d'une autre manière ; d'autres sont prêts à se former dans ce sens ; mais il est clair que d'autres ont beaucoup de difficulté à s'y mettre. Pour Liz, les spécialistes de la surdicécité doivent tout faire pour que leurs compétences professionnellse aident les personnes âgées sourdaveugles à maintenir leur autonomie et à partager leurs expériences et leur passion pour la vie. Préparé par : Ann Thestrup, Nordic Centre for Welfare and Social Issues Email: ann.thestrup@ 7 nordicwelfare.org Interview de Ken Barrett (UK, 88 ans), à l'occasion de la Pré- conférence “Une vie de senior heureuse avec une double déficience visuelle et auditive” à Lund, Suède, le 6 novembre, 2012. Ann: J'ai été très impressionnée par le récit que Megan a fait de votre vie au cours de la pré-conférence : vos espoirs, vos rêves, vos aspirations. D'où vous vient de cette joie de vivre ? Ken: Mon but, c'est d'être le plus autonome possible, mais aussi d'aider ceux qui sont sourdaveugles comme moi en leur montrant qu'il y a autre chose dans la vie que d'être sourdaveugle. Ann : Vous avez donc la possibilité de le faire ? Ken : Oui, je préside une association d'aveugles de plus de 40 membres dont l'âge varie de 70 à 90 ans. Nous discutons de choses que j'ai apprises en formation. Je partage avec eux de petites choses comme : comment être en sécurité dans une cuisine, comme se servir d'un couteau sans danger et comment se servir d'un four micro-ondes. Ann : Vous vivez seul et faites vous mêmes votre cuisine ? Ken : Oui je cuisine et je me fais de très bon gâteaux. Je les emporte à nos réunions pour qu'ils y goûtent et je leur explique que je les ai cuits au micro- ondes. Ann : Comment avez-vous appris tout cela ? Ken : J'étais dans l'armée et je suis un ancien combattant de la deuxième guerre mondiale. Il existe une association appelée «Anciens Combattants Aveugles de Royaume Uni » qui s'occupe d'anciens combattants aveugles, hommes ou femmes. Il y a des centres à Brighton, au Nord- Pays de Galles et à Sheffield. On peut y bénéficier d'un cours d'initiation d'une semaine. On y apprend comment vivre de façon autonome, s'occuper de la cuisine, se déplacer, se servir d'un ordinateur. A la demande, ils peuvent fournir un ordinateur, une imprimante et tout ce qu'on veut. Cette association vit de subventions et de dons. Elle a été fondée pendant la première guerre mondiale. Elle propose aussi des centres de vacances médicalisés. Ces centres ne sont plus réservés aux aveugles de guerre : N'importe quelle pathologie oculaire est acceptée. Ann : comment savez-vous ce qui se passe dans le monde ? Vous pouvez écouter la 8 radio ou la télévision ? Ken : A la maison, pour la télévision, je me sers d'une boucle magnétique. Pour la radio, j'utilise un récepteur Sonato qui est spécialement conçu pour les aveugles et qui est relié à un ordinateur. Ann : écoutez- vous beaucoup la radio ? Ken : Oui. Comme j'ai des problèmes de sommeil, j'écoute beaucoup la radio. Nous avons aussi un dispositif installé par les pompiers : un détecteur de fumée relié à un vibrateur qu'on peut mettre sous l'oreiller. Ann : Et pour la lecture ? Ken : Je suis membre de l'Institut Royal des Aveugles qui dispose d'un service de livres parlants. Grâce à mon lecteur Daisy, ils m'envoient 6 livres par semaine. Je peux leur faire part de mes goûts mais je ne les lis pas tous. Avec mon scanner et mon ordinateur, je peux lire mon courrier, grâce à la synthèse vocale. Ça marche très bien. J'écris aussi des articles. A mon retour, ils vont me demander d'écrire quelque chose à propos de cette conférence. Ann : Disposez- vous aussi d'une aide pour sortir à l'extérieur de la maison. Ken : J'ai un guide-communicateur que je dois payer moi- même. Mais je dispose de 6 heures d'aide par semaine que je peux utiliser comme je l'entends. Ils m'accompagnent à la banque ou dans les magasins. Ann : Y a- t- il des choses que vous voudriez faire mais que vous ne pouvez- pas faire ? Ken : Chacun à des rêves irréalisables : revoir la campagne, regarder les arbres, écouter les oiseaux. Mais quand on a 90 ans comme moi, on a peu de désirs non satisfaits. On veux juste continuer. Et comme vous le savez, aider les autres est une grande source de satisfaction. C'est ainsi que j'ai rencontré une personne de 45 ans mère d'une adolescente. Elle a perdu la vue suite à un accident de cheval. Elle était très choquée et ne voulait plus rien faire ; elle ne voulait plus sortir. J'ai donc parlé à son mari et je lui ai demandé de me l’amener ; maintenant je peux l'aider en me servant de mon ordinateur et en l'aidant à trouver des logiciels qui peuvent l'aider à faire plus de choses. Il y a aussi un membre de plus dans la famille : un chien- guide. J'ai dû attendre deux ans. J'ai essayé 4 chiens ; après quoi je leur ai dit lequel avait ma préférence. J'espère le recevoir bientôt. C'est mon premier chien- guide ; avant j'utilisais une canne blanche et maintenant j'utilise le Tracker Breeze, un système de guidage par GPS. Je connais 5 9 ou 6 trajets, mais parfois, une aide est la bienvenue sur les parcours très fréquentés. Pour moi, ça fera une grande différence, parce que je vais avoir un compagnon. Les longs soirs d'hiver, quand il n'y a rien à la radio, grâce au chien- guide, on peut quand même sortir. Je suis assez content de vivre seul. Mais j’apprécie d'être en mesure d'avoir des contacts et de rencontrer des gens. Mais maintenant, beaucoup de gens me demandent de passer les voir pour discuter et ça me prend beaucoup de mon temps. Je suis aussi membre du Conseil d'administration d'une importante association, ce qui implique 5 réunions par an. Je suis donc très occupé. J'ai aussi écrit un livre que vous pouvez lire si le cœur vous en dit. Ann : j'aimerais beaucoup. Lisez- vous le braille ? Ken : Non, je ne le lis pas. J'ai demandé à l'association, mais ils m'ont dit que le braille était un langage en voie de disparition ; il ne l'enseignent donc plus. C'est dommage, car j'aurais aimé l'apprendre. Ann : Merci pour m'avoir donné de votre temps. Ann Thestrup, Nordic Centre for Welfare and Social Issues Email: [email protected] ADBN Lund ADBN Lund, 2012 fut une grande « Réalité ». Félicitations au Comité de Coordination et au Comité Local d'organisation qui permis le succès de la 9ème Conférence du DbI Acquired Deafblindness Network (Réseau Pour la Surdicécité Acquise) qui s'est tenue à Lund en Suède, du 7 au 10 Novembre 2012. C'était une première en Suède pour un événement qui s'est tenu dans la plupart des pays du Nord de l'Europe depuis la première conférence qui avait eu lieu aux Pays- Bas en 1994 . Annonçant ce qui allait suivre, la conférence s'est ouverte sur un spectaculaire numéro de funambule illustrant le thème de la conférence : une dépendance 10 autonome. La magie a continué au cours des 6 séances plénières que le comité avait choisies pour approfondir le thème de la conférence : « Une Dépendance autonome – Vivre dans deux réalités ». Les séances plénières ont porté sur une série de sujets: discussions théoriques, applications technologiques pratiques, accès aux connaissances médicales, relations inter et intra personnelles, ajustement individuel aux déficiences. Toutes sans exception ont exploré avec soin l'équilibre délicat entre le souhait de maintenir une vie autonome et la dépendance croissante aux personnes et à la technologie pour résoudre les problèmes de vie quotidienne. En plus des séances plénières, un dispositif complexe de 36 ateliers a permis d'aborder des questions très variées : la « théorie de l'esprit », une aide vibrotactile pour améliorer la perception de l'environnement, l'autonomie de décision des seniors sourdaveugles, conseils pour les formateurs, anxiété et dépression , etc. On peut accéder aux actes de la conférence (programme, ateliers et manuscrits des plénières) sur le site web de la conférence : www.skane.se/adbn2012 189 personnes ont participé à la conférence ; elles viennent de 14 pays : Suède (82), Pays- Bas (26), Royaume Uni (24), Norvège (23) et Danemark (12). Les autres pays représentés étaient la Suisse (5), l'Australie (4), les USA (4), l'Inde (2), l’Éthiopie (2) et une personne pour les pays suivants : Russie, France, Canada, Pérou et Côte d’Ivoire. La conférence s'est tenue dans un site splendide et très bien équipé : le Scandic Star Hotel. La nourriture (petits déjeuners, repas de midi et dîners gastronomiques) a ajouté au lustre de la conférence, grâce au gourou de la cuisine, Jamie Oliver. Quant à la séance de clôture, elle fut inoubliable, grâce à la visite surprise de plusieurs stars du groupe ABBA, de Superman (version féminine) et au grand orchestre qui a fait danser tout le monde jusqu'à l'aube. Le comité de coordination a annoncé que la 10ème conférence ADBN se tiendrait en Irlande du Nord au cours du dernier trimestre 2014. Des informations complémentaires viendront dans les mois à venir. Stan Munroe DbI Information Officer Indépendence and autonomie grâce aux nouvelles technologies. Séance plénière, Conférence ADBN Lund, Suède, 9 Nov. 2012 Anne- Maj Magnström, Association des Sourdaveugles Suédois. 11 Introduction D'abord un grand merci au comité organisateur d'ADBN pour son invitation. Faire un exposé en Langue des Signes Suédoises est un grand défi pour moi – mes mains étant occupées, je ne peux pas tenir mon texte ; et en plus, je n'ai pas une bonne vue. Et ma lecture du braille est trop lente. C’est pourquoi j'ai dû essayer de mémoriser mon texte ; j'ai aussi près de moi mes interprètes et mon micro. Les technologies d'assistance sont faites pour rendre la vie quotidienne plus facile aux personnes en situation de handicap. En Suède, on ne trouve pas ces matériels dans les magasins ; ils sont fournis sur prescription médicale ou par le conseil du comté. Les produits de consommation courante, par contre, sont à la disposition de tous dans le magasins, mais ils ne correspondent pas à nos besoins. Mais tout cela est en train de changer et ce sera le sujet de ma présentation Suite à une résolution de sa conférence de 2011, l'Association Suédoise des Sourdaveugles (FSDB) a formé une groupe de travail sur les technologies de l'Internet. L'idée sous-jacente à ce projet, c'est que les sourdaveugles ont été laissés de côté face au développement rapide des technologies de l'Internet, en particulier les smartphones et les tablettes. Sur ces objets, le toucher de l'écran a remplacé les boutons et les touches, ce qui peut les rendre inaccessibles à des usagers non préparés. Formé en 2011 par la FSDB, ce groupe de travail sur les technologies de l'Internet est composé de quatre femmes et de trois hommes. Ce groupe est très divers eu égard à l'âge, au type de déficience visuelle et auditive et aux méthodes de lecture ou de communication. On y trouve des signeurs, avec ou sans restes visuels, et des déficients auditifs, avec ou sans restes visuels. Le groupe s'est d'abord intéressé à l'iPhone et à l'iPad d'Apple parce que ces appareils possèdent dans leur version standard un système de lecture d'écran et une synthèse vocale, ainsi qu'un dispositif de connexion pour les plages braille. Très vite, l'iPhone est apparu comme la meilleure solution pour les aveugles qui utilisent la synthèse vocale et le Braille. Par contre, pour les sourds malvoyants, l'iPad (ou un appareil similaire) présente l'avantage d'avoir un écran plus grand et plus adapté à la communication par image. Ces deux produits offrent de nombreuses applications : lecture de livres et de journaux, GPS, scanner et reconnaissance de caractères. Ils ont entre autre l'avantage d'être accessibles aux déficients visuels. Ils sont téléchargeables gratuitement ou pour un prix modique à partir de l'Apple Store ; ils sont faciles à télécharger et à utiliser. Ceci dit, ce type d'équipement est entièrement conçu pour des gens qui voient et 12 entendent. Malgré leur lecteur d'écran et autres raffinements technologiques, il faut acquérir des compétences nouvelles pour pouvoir en faire usage. Une formation est donc nécessaire pour qu'ils soient accessibles aux personnes sourdaveugles. Comment cette nouvelle technologie a changé ma vie. Je voudrais maintenant vous parler de la façon dont cette nouvelle technologie a changé ma vie de travail et de loisirs. J'ai toujours aimé lire et apprendre depuis que je suis petite. La technologie m'a toujours intéressée jusqu'au moment où j'ai eu des difficultés de lecture. Tout à coup, je n'étais plus l'expert de la famille en Technologie de l'Information. Nos filles, en grandissant, ont repris le rôle. Mais quand mon mari, Jan, a acheté un iPhone, je l'ai regardé jouer avec et j'ai pensé «la technologie, c'est fini pour moi ». Pourtant, j'avais complètement tort. J'ai eu mon propre iPhone en Novembre 2011. C'est mon mari qui m'a aidé à le configurer, ce qui m'a un peu déprimée. Mais j'ai continué toute seule. Je me suis servi de mes aides optiques pour utiliser mon iPhone jusqu'au moment où j'ai été en mesure de connecter ma plage braille. Je me suis tout de suite rendu compte que c'était beaucoup plus facile que les programmes de lecture d'écran. Apple a intégré plusieurs aides technologiques dans ses outils mobiles, en particulier le VoiceOver, la synthèse vocale et les plages braille. On trouve aussi le VoiceOver sur les ordinateurs Apple. Le zoom, les gros caractères et l'inversion des couleurs sont très utiles et faciles à activer en associant geste et pression sur le bouton de l'iPhone ou de l'iPad. Comme je l'ai déjà indiqué, les smartphones et les tablettes fonctionnent à partir du toucher de l'écran et non de touches ou de boutons. C'est donc plus difficile pour les personnes ayant une déficience visuelle. Il est donc important de savoir quels accessoires sont disponibles , claviers divers, liaisons sans fil et stationnement. Il existe un grand nombre de plages braille pour les iPhones et les iPads. Après essais, mes camarades et moi conseillons de choisir une plage braille dotée d'un clavier pour réduire la quantité de matériel à transporter. L'iPhone dispose d'un vibrateur, mais pas l'iPad. Je dois tester un transmetteur connecté à la sortie audio de l'iPad et relié à ma montre pour notifier par des vibrations l'arrivée d'appels ou d'e-mails. Pour le Nouvel An 2012 – quelques semaines après avoir eu un iPhone – j'ai reçu un iPad. J'avais en effet accepté de tester des produits et services de consommation courante pour le compte du Conseil du Comté. Celui- ci participe à un projet de deux 13 ans que le gouvernement a confié à l'Institut Suédois des Aides Techniques et qui consiste à étudier dans quelle mesure des produits de consommation courante pourraient se substituer aux aides techniques à la communication habituellement prescrites. Un technicien du Conseil du Comté, venu à la maison pour réparer un ordinateur, m'a donc apporté un iPad à tester. J'ai donc ouvert le paquet et je me suis mis à l'installer moi- même comme j'avais appris à le faire avec mon iPhone. J'ai pu activer les outils d'accessibilité immédiatement ; je n'ai eu besoin d'aide que pour entrer le code de ma plage braille. Dans le même temps, mon mari et moi avons acheté des iPhones pour nos trois filles pour faciliter le contact avec elles. C'était le bon moment, car notre fille aînée vient juste de déménager à Örebro, à 200km de chez nous, pour finir ses études secondaires. Grâce à son iPhone et à mon iPad, nous avons pu avoir de fréquents contacts, y compris des pauses café virtuelles. De quelle formation et de quelles aides ai- je bénéficié ? J'ai pu discuter de toutes ces questions avec mes camarades du groupe de travail sur les technologies de l'Internet de la FSDB. J'ai effectué des recherches sur Google si nécessaire. Plus tard, je me suis rendu compte que les fichiers PDF étaient plus faciles à lire sur mon iPad que sur mon ordinateur. Depuis lors, je continue à utiliser mon iPad à la maison et au travail pour les PDF. J'en connais un rayon sur cette question, ce qui me permet d'aider des personnes sourdaveugle, des amis ou d'autres personnes. C'est génial de pouvoir rester connecté, d'accéder aux média sociaux, de partager des images et de pouvoir chercher et choisir des informations par soi-même. Grâce à ces appareils, je sais où je suis et quand je voyage, je n'ai plus besoin de transporter mon ordinateur de travail, ce qui allège mon sac à dos.Je peux rester en contact avec ma famille et j'ai remarqué que j'avais beaucoup moins besoin de mon ordinateur à la maison. Comment un si petit gadget à écran tactile a- t- il pu autant changer ma vie ? Quelles sont les applications d'origine et lesquelles ai-je chargées ? Apps offre des applications pour smartphones et tablettes. Les appareils sont fournis avec des applications telles que le téléphone, les sms, les e- mails, l'horloge, la météo, une boussole, un album photo et une caméra. Les applications ne sont pas tout à fait les mêmes sur l'iPhone et sur l'iPad. Sur les deux appareils, il suffit de cliquer sur « l'App store » pour charger des applications gratuites ou payantes. Je vais vous dire, les apps, c'est comme des bonbons. C'est vraiment le pied de trouver des applications nouvelles et utiles qui marchent avec le VoiceOver et les aides techniques. Comme je l'ai déjà dit, smartphones et tablettes ont changé ma vie de loisirs et de travail. Ma vision a tellement baissé que la seule possibilité qui me restait était de lire 14 des gros caractères en blanc sur fond noir. Je pensais souvent que mon agrandisseur – gros et non mobile – serait l'ultime option disponible pour faire l'expérience du monde. J'ai passé des heures assise devant mon ordinateur et mon agrandisseur. Puis j'ai commencé à sentir la fatigue oculaire liée à la lecture et je me suis mise au braille, en essayant d'augmenter ma vitesse de lecture et la quantité de texte lu. Je ne pouvais pas lire les dates de péremption sur les produits de mon frigidaire. Dans les gares, je ne pouvais pas lire les informations. Je ne pouvais pas non plus communiquer en utilisant crayon et papier si j'en avais le besoin. La surdicécité rend la communication, l'information et l'orientation difficiles. Les applications que je vais vous montrer correspondent à ces trois catégories. A l'automne 2009, j'ai commencé à avoir des problèmes avec mon vieux téléphone portable. J'avais de la difficulté à l'utiliser avec la plage braille. Maintenant, je préfère envoyer des SMS avec mon iPhone parce qu'il est beaucoup plus facile à connecter à la plage braille. Je peux aussi répondre en utilisant mon iPad. Auparavant, j'utilisais mon téléphone portable pour les appels vidéos, mais j'ai laissé tomber. Maintenant, j'y reviens en utilisant FaceTime, Tango et Skype sur mon iPad pour appeler ma famille ou mes amis. Je peux chatter en utilisant Skype, Messenger ou Facebook Messenger. J'utilise beaucoup les médias sociaux et je peux rester en contact avec ma famille, mes amis et mes collègues par Facebook. Je partage mes photos par Instagram ; j'utilise plutôt mon iPad car l'écran est plus grand. Je peux aussi communiquer manuellement si nécessaire en utilisant la fonction écriture tactile. Pour la première fois cette année, en 2012, j'ai mis fin à l'agenda papier. J'apprends à me servir de l'application Calendrier sur l'iPhone et sur l'iPad et à la synchroniser avec mes ordinateurs personnel et de travail. J'adore prendre des photos ! J'utilise l'application Camera. Tous mes appareils ont une application Photo et Notes. Et j'ai découvert l'intérêt d'agrandir ce que je photographiais – comme on le fait avec un circuit de télévision fermé ou avec un agrandisseur. Je prends mes photos avec mon iPhone et je les regarde avec l'iPad dont l'écran est plus grand. L'application Notes convient très bien pour écrire et sauvegarder quelque chose. Mes notes sont sauvegardées sur mon iPhone et mon iPad en même temps. Enfin, je peux lire les informations comme tout le monde, bien que d'une façon plus limitée. Avec Free RSS Reader, je souscris aux fils d'information des journaux de mon choix et je peux les lire sur mon iPhone ou mon iPad. 15 Si je veux conserver un document pour un certain temps, je le sauvegarde avec Dropbox, un équivalent du Cloud. J'ai accès à ma boite Dropbox sur tous mes ordinateurs. J'ouvre toujours mon application météo pour vérifier le temps et la température avant de sortir avec mon chien- guide. J'ai l'habitude voyager par le train, ce qui peut être une vraie aventure quand on voyage seule. Une application suédoise, Tågtavlan (horaires du train) m'indique le quai où je dois me rendre etc. Les vitres des trains et des taxis sont de plus en plus chargées de buée ; ma vue en est brouillée et la plupart du temps, je ne reconnais pas où je suis. Pour le savoir, j’utilise Position. Et si je rencontre un problème, j'appelle à l'aide par SMS.4 Pour le bien de Mère Nature, j'essaie d'économiser le papier ; le lis donc mes documents de réunion avec l'application Pointer. Si je remarque quelque chose de beau, d'inhabituel ou de drôle, je prends une photo avec mon iPhone ou mon iPad et, grâce à une application des postes suédoises, j'en fait une carte postale papier. Il suffit d'ouvrir l'application, d'écrire quelques lignes de noter l'adresse. Ensuite, on paie et on envoie la carte postale. J'ai toujours dévoré les livres. J'emprunte des livres à ma bibliothèque locale grâce à Blue Fire Reader et je lis les e-books en noir et blanc sur mon iPad. J'utilise aussi ma plage braille. Conclusions Faisons maintenant la liste des facteurs importants qui permettent à la technologie d'améliorer la vie des personnes qui sont sourdaveugles. Nous avons d'abord besoin d'une présentation claire du produit et des possibilités qu'il offre. Cette présentation implique une description exhaustive et une adaptation individualisée à l'usager qui doit être consulté de façon permanente. Si on consacre suffisamment de temps au début à la formation et au soutien, le produit plaira à l'usager qui en tirera vraiment profit. Ce sont les fondations qui font la solidité de la maison. La communication entre les formateurs et les usagers doit être claire et facile Les échanges de connaissances et d'expériences sont très utiles. U n bon moyen pour y parvenir est de s'intégrer dans un groupe de discussion par e- mail ou de participer à des réunions. 16 L’assistance est un problème crucial. Les aides techniques facilitent la vie, mais elles sont aussi source de stress quand on a besoin d'aide. L'assistance doit donc intervenir rapidement en cas de problème. N'oublions que chacun de nous a sa propre courbe d'apprentissage. Certains d'entre nous ont besoin de passer par plusieurs étapes : changer de méthode de lecture, recourir à des services de description audio et apprendre à utiliser la technologie. Pour plus ample information, contacter Anne-Maj Magnström at anne- [email protected] Apple, iPhone, iPad all ™ Apple Corporation Les étapes de l'adaptation à la vie chez les personnes présentant une surdicécité acquise. Par Gunilla Henningsen Rönnblom Extrait de la Séance plénière : l'adaptation à la vie – Un travail intérieur au fil du temps. Conférence ADBN, Lund, Suède, 9 Novembre 2012 L'adaptation à la vie est un travail sur soi qui permet de s'ajuster aux conditions nouvelles que provoque l'irruption d'une longue maladie ou d'une déficience, ici la surdicécité. Il s'agit d'un processus de changement personnel et social, parallèle à la détérioration de la vision et de l'audition, et qui affecte tout la vie. C'est plus qu'une crise. Il s'agit de restaurer son image de soi et de reconstruire le sentiment d'exister comme un tout – de retrouver sa propre histoire de vie. On développe des savoir- faire personnels, on fait face aux conditions nouvelles et on construit une capacité à changer qui donne une force supplémentaire. Chacun a sa vie, sa façon de réagir et de faire face. Mais les événements et stratégies qui résultent de ces expériences présentent des points communs. On peut donc décrire ce processus d’adaptation en termes d'étapes – chacune pouvant couvrir plusieurs années. 17 Etape 1 : Tenir Cette première étape est caractérisée par l'irruption dans la vie d'une nouvelle déficience. Les témoignages présentent cette période comme exténuante et solitaire ; la vie quotidienne est une lutte permanente. Les stratégies consistent surtout à cacher et à dénier les difficultés de vision et d'audition, ce qui prend beaucoup d'énergie. On pense que les difficultés sont passagères et on se sent assez fort ; en conséquence, on ne demande pas d'aide ; les offres des professionnels, de la famille et des amis sont rejetées. Après le diagnostic, selon les témoignages, on est envahi par la solitude. L'information et le suivi liés au diagnostic arrivent presque par hasard et la rencontre avec le terme « surdicécité » est déstabilisante. On est confronté à quelque chose qui ne fait pas sens et le plus souvent on garde pour soi ses pensées et ses émotions. S'identifier au terme « sourdaveugle » est impossible, ce qui peut constituer un obstacle pour s'engager dans un processus de réadaptation et de recours aux services. Tous mes informateurs avaient une déficience visuelle ou auditive depuis leur naissance. Ils y étaient habitués. Mais quand des symptômes ou un diagnostic font apparaître une seconde déficience sensorielle, l'anxiété et la peur s'installent. Mes informateurs disent qu'ils ont cherché à évaluer leur vision et leur audition par euxmêmes. La progression est imprévisible, mais on nourrit toujours l'espoir que le niveau fonctionnel restera stable. Les difficultés à suivre les conversations et les incidents physiques inattendus mettent en péril l'image de soi et la sécurité ontologique. Le stress augmente : on ne fait plus confiance à ses sens et on se bat pour sauver la face. Mais on finit par être dépassé et Il devient impossible de se cacher la réalité. « Je suis là où je ne voudrais pas être, mais je ne peux pas retourner là où j'étais». Reconnaître, ne veut pas dire se reconnaître comme une personne sourdaveugle. Reconnaître se rapporte à deux faits : la vie ne continuera pas comme avant et le futur ne se déroulera pas comme prévu. Le cohérence entre le passé, le présent et le futur est perdue. Les réactions à cette découverte peuvent être éprouvantes au point de provoquer une crise. Nous voici donc à un tournant du processus d'adaptation. Il ne s'agit plus de « tenir » mais de « changer ». Le calme et la tempête: la période initiale de détérioration de la vision et de l'audition peut couvrir une longue période sans que la personne en ait conscience. On peut s'adapter à de nouvelles conditions sans vraiment changer. Mais à mesure qu'on perd le contrôle de sa vie quotidienne on se rend compte qu'il faut vraiment envisager des changements. C'est cette alternance entre moments de fonctionnement acceptables et périodes d'émergence de nouveaux défis que nous appelons dans notre modèle le calme et la tempête. Les périodes de calme peuvent résister à un certain degré de détérioration, mais arrive un moment où les stratégies établies ne fonctionnent plus. 18 Ce passage peut aussi être lié à des changements externes ou à des événements de la vie tels que devenir parent, déménager ou s'engager dans un nouveau travail. Nos informateurs disent perdre pied et affronter la situation nouvelle avec angoisse. Nous appelons tempêtes ces moments de crise. La personne doit se réorganiser et développer de nouvelles stratégies adaptées à la situation nouvelle. On atteint alors un nouveau niveau de fonctionnement et une nouvelle période de calme s'installe. Pour nos informateurs, cette alternance entre calme et tempête est éprouvante. Etape 2 : chercher et explorer Il s'agit maintenant d'une période de recherche, d'exploration et d'apprentissage. Elle exige un travail physique et mental éprouvant, solitaire et coûteux en temps. Au cours des interactions avec le monde extérieur, on explore et redécouvre ce que l'on est et ce que sont devenues les fonctions sensorielles. Fondamentalement, la double déficience visuelle et auditive se met à faire partie de soi et sa propre vie. C’est une période d'espoir et de doute. On doute de sa capacité à faire face à ces nouveautés mais on se mobilise pour aller de l'avant. Quand on se rend compte que la vie prend une direction autre que prévue, l'abattement s'installe et on aborde l'avenir avec angoisse. Presque tous les informateurs disent s'être sentis seuls face à ces émotions. En effet, ce n'est pas parce qu'on a reconnu pour soi ces nouveaux défis qu'on est capable d'en parler à d'autres. Selon beaucoup de témoignages, on évite de partager ces sentiments personnels, même avec les membres de la famille – tout en ayant un profond désir d'être compris. C'est en s'étudiant soi-même dans différentes situations et contextes qu'on prend progressivement conscience des conséquences fonctionnelles des déficiences. On réalise avec horreur que les difficultés d'accès aux informations (tant leur forme que leur contexte) rendent difficiles la participation aux conversations. Pour réussir à se déplacer librement et à participer aux conversations, on s'engage donc de plus en plus dans un processus d'adaptation. Doucement, on se met à prendre contact avec d'autres personnes sourdaveugles et on s'intéresse à leurs expériences. Cette étape importante constitue un véritable tournant. Le travail sur l'image de soi est fondamental à ce stade. Il s'agit de changer son regard sur soi-même et la façon dont on est perçu par les autres. On se rend compte que les possibilités de communication et de participation varient en fonction des circonstances, ce qui déstabilise. On se demande comment on est perçu par les autres. Quand on se présente avec des adaptations visibles (une canne ou un interprète), on s’interroge : « les gens me voient- ils encore comme ils me voyaient avant ? » Il devient difficile de se voir comme un individu autonome quand on a recours à des 19 interprètes ou à des assistants. Beaucoup d'informateurs disent se sentir mal à l'aise à l'idée d'accepter des aides personnelles ; ils craignent de perdre leur indépendance. Pour avancer dans ce processus d'adaptation, il faut être émotionnellement préparé et investir de l'énergie pour rencontrer des professionnels qualifiés. Au cours de cet énorme de travail de changement, nos informateurs disent ressentir un manque de collaboration et de coordination interdisciplinaire. On se sent naturellement frustré quand le travail de réadaptation ne s'appuie pas sur les besoins exprimés ou ne prend pas en considération certains besoins spécifiques, par exemple dans le domaine de la communication. Chacun dispose d'une quantité d'énergie limitée et attend que le résultat des apprentissages soit en rapport avec l'énergie dépensée. L'activité et la participation se développent avec l'apprentissage des techniques de communication et de mobilité et le recours à des aides techniques ou à des services. Avec l'expérience, l'insécurité ne concerne plus que certaines situations ou activités ; on peut de nouveau faire face à l'avenir. En se connaissant mieux soi-même, on regagne de la confiance en soi – on se reconnaît comme personne déficiente visuelle et auditive ou sourdaveugle. Etape 3 : Être debout. Il est maintenant possible de montrer aux autres ce qu'on est devenu. Les aides techniques et humaines font naturellement partie de la vie et les stratégies d'adaptation deviennent des routines. A mesure qu'être sourdaveugle fait partie de la vie quotidienne, on est capable de parler des défis que cela représente et d'expliciter ses besoins auprès des professionnels et des autorités. Des conflits surgissent quand on fait face à l'ignorance et à la rigidité des règles ; on se sent impuissant quand les réglementations ne correspondent pas aux besoins qu'on exprime. Pour rester debout, l'aide des pairs et des professionnels de la surdicécité est inestimable. Armé de nouvelles compétences et d'une image de soi restaurée, il est plus facile de se présenter aux autres tel qu'on est et de faire face aux attitudes de stigmatisation. Les informateurs disent devoir sans cesse pousser les autres à voir au delà des déficiences. Plus on s'adapte, plus on augmente son niveau d'activité et plus on a recours aux services. Pour les autorités, c'est un paradoxe. Certains informateurs disent avoir à se battre pour obtenir des autorités les services à la hauteur de leur potentiel. A ce stade, on prend confiance en soi- même, et il est plus facile de vivre avec l'incertitude de l'avenir. Le passé, le présent et l'avenir sont de nouveau connectés. On peut maintenant s'accepter comme personne présentant une double déficience auditive et visuelle – ou comme personne sourdaveugle. Se sentir en lien avec les autres sourdaveugles constitue un nouveau type de lien social. 20 Vivre avec un surdicécité, ça s'entretient. Cette dernière étape de transition vers une vie acceptée de sourdaveugle implique un entretien des acquis et la mise en œuvre régulière d'adaptations. Même quand on croit à sa capacité de faire face, il faut quand même affronter les incertitudes de la vie. Quelle que soit la capacité d’adaptation, il reste que le niveau d'activité et de participation dépend largement des conditions extérieures (comme l'accès aux services ou aux aides techniques). La plupart des informateurs disent ne pas pouvoir contrôler leurs sentiment de vulnérabilité et d'abandon. La vie est faite de changements continuels. Il faut s'adapter à des événements tels que de nouveaux horaires de travail ou un changement d'école pour les enfants. Les routines les mieux établies peuvent s'écrouler suite à des modifications dans les réglementations ou à la réorganisation de services. On peut aussi s'effondrer suite à une nouvelle détérioration des fonctions sensorielles. Pour s'entretenir, il faut garder le contact avec les professionnels, et se tenir à jour sur les aides techniques et la recherche médicale. Certains disent faire tout cela par euxmêmes. La situation est ressentie comme plus facile pour ceux qui sont en contact avec des spécialistes de la surdicécité. Quand on a une double déficience sensorielle (ou une surdicécité) il faut travailler deux fois plus ; ça ne se voit pas et c'est donc difficile à comprendre pour les autres. Il faut beaucoup d'énergie pour maintenir sa concentration et son attention. Cette perte d'énergie est décrite comme une déficience qu’il faudrait prendre en compte. Pour utiliser son énergie de façon équilibrée et faire face aux incertitudes de la vie, il faut établir des priorités, se préparer et s'organiser. Avant une réunion, les informateurs disent se préparer aux sujets de conversation qui pourraient surgir et mémoriser le plan des lieux pour pouvoir se concentrer sur la communication. Souvent, ils élaborent un plan B en cas d'imprévu. Pour économiser son énergie, il faut aussi établir des priorités au niveau des activités et des relations. Ces choix sont parfois difficiles car ils touchent au sens et à la qualité de la vie. Sans aucun doute, cette adaptation à la vie est éprouvante et parfois difficile à supporter. Pourtant il ne fait pas de doute non plus que c'est ainsi qu'on prend confiance et qu'on accepte cette nouvelle vie. Quand on sait comment faire pour participer à la vie sociale et rester maître de sa vie, à partir de ses propres ressources ou d'aides adaptées, on ressent en soi une force et une confiance nouvelles. On restaure ainsi sa propre identité. Gunilla H.Rönnblom (gunilla.h.ronnblom@ 21 signo.no) Conseillère pour personnes présentant une surdicécité acquise Signo Deafblind Centre, Andebu, Norway; www.signodovblindesenter.no Comment le développement sensoriel facilite l'apprentissage chez des enfants sourdaveugles. Séance plénière, XVème conférence DbI, Sao Paulo Brésil, 27 septembre 2011; Dans la plus grande partie de l'Asie, le nombre d'enfants en situation de handicap dépasse de loin la disponibilité des professionnels de santé ou de réadaptation. Dispersés, surtout dans les régions rurales, ils n'ont parfois aucun accès aux évaluations sensorielles et aux rééducations, ou seulement tard dans la vie. En tant que rééducateurs, il nous arrive souvent de devoir profiter de la première et unique rencontre avec un enfant et sa famille pour donner les conseils susceptibles d'améliorer la vie de l'enfant. Ces contraintes imposent une approche très pragmatique des évaluations sensorielles et des interventions; il faut en priorité comprendre comment l'enfant fait l'expérience du monde qui l'entoure et interagit avec lui pour jeter les bases d'une stratégie d'intervention. Plutôt que de mettre l'accent sur les caractéristiques spécifiques du handicap sensoriel, on regarde comment l'enfant accède à l'expérience et on recherche les moyens les plus susceptibles de lui faciliter cet accès. Plutôt que de s'intéresser séparément à chaque déficience sensorielle, on porte l'attention sur la façon dont les canaux sensoriels collaborent pour le développement des concepts de base. Les sens et l'apprentissage C'est au cours des premières années de la vie que se construisent les concepts clés qui serviront de fondations pour tous les apprentissages qui suivront tout au long de la vie. En tant que bébé, on apprend sur soi- même – sur la façon dont fonctionne son propre corps. En apprenant sur soi-même, on construit un concept très important: bien que tout petit, je peux agir sur le monde. Pendant les premiers mois de la vie, on commence à comprendre les objets, les gens, les émotions, les lieux et les événements. On ne construit pas les concepts sur les seules sensations, mais en interagissant activement avec le monde. On les construit sur la base d'un ou deux sens dominants qui ont l'appui des autres sens, surtout au début de la vie quand l'enfant développe sa motricité et affine ses capacités sensorielles. Il est donc très important de disposer du sens le plus efficace au bon moment. La vision et le toucher sont très importants au début de la vie. Avec l'aide du mouvement, ils permettent une interaction et une communication active avec le monde. Avec les yeux et les mains, on peut se diriger vers ceux avec qui on choisit de communiquer et on peut s'exprimer sans mots. Ainsi, très tôt dans la vie, on peut 22 prendre l'initiative de communications et d'interactions positives, efficaces et chargées de sens. Grâce à la vision, l'enfant pousse le monde à s'engager et à interagir avec lui. Très tôt, le bébé découvre le plaisir d'attirer l'attention et de soutenir l'interaction et chaque réussite en ce domaine renforce sa prise de conscience de ses capacités et son désir de communiquer avec les autres. Quand un bébé est attiré par un son ou un mouvement, il essaie de l'atteindre et de le sentir, ajoutant ainsi une information à ce qu'il sait déjà par la vision. Il découvre que les choses qu'il perçoit avec les autres sens ont de la substance. En répétant et systématisant ses explorations, l'enfant commence à comprendre la nature des choses qui l'entourent, y compris les personnes et les lieux. Seules les mains permettent une exploration détaillée qui associe à la vision l'expérience de la forme, de la taille, de la texture et de la fonction... tout cela mis ensemble permet la compréhension de ce qui a été vu. Avec la maturation de la motricité, la compréhension des choses et des espaces s'étend au delà de l'espace de préhension et englobe des choses plus éloignées que l'enfant détecte par ses autres sens – l'odorat, le son. Ces choses viennent de quelque part et de quelque chose et l'association des sens permet à l'enfant de mieux comprendre le monde, de l'explorer et de vérifier ce qu'il commence à comprendre. Chaque sens apporte une information différente à propos de la même chose ou du même événement; la mobilisation conjointe des sens est donc une compétence clé pour le développement de concepts clairs et solides. La capacité à mobiliser un canal sensoriel ne dépend pas seulement du degré de déficience sensorielle; elle dépend aussi d'autres facteurs, comme la tonicité corporelle ou la sensibilité à la douleur sensorielle. Un enfant atteint d'une infirmité motrice cérébrale peut très bien, quand il est assis confortablement dans sa classe, utiliser sa vision pour regarder parler ses camarades; mais quand c'est à lui de prendre la parole, sa tonicité corporelle augmente du fait de son excitation, ses yeux et sa tête se mettent à s'agiter et il ne peut plus voir les expressions corporelles des enfants qui lui répondent. La majorité des cas que nous suivons présente des déficiences sensorielles et motrices complexes; il nous faut donc tenir compte de ces paramètres quand nous procédons à des évaluations sensorielles et motrices. A tout, en tant que rééducateurs, notre rôle est de promouvoir le développement et l'apprentissage et notre intervention vise à aider les enfants à faire usage au mieux de leur capacités sensorielles et motrices pour exprimer leur potentiel dans tous les domaines de la vie. L'évaluation fonctionnelle des sens implique un regard attentif sur la façon dont les sens disponibles permettent l'acquisition des concepts de base et la participation à la vie quotidienne. Pour agir efficacement sur le monde, nous avons besoin des sens qui sont actifs – la vision, le sens haptique et la capacité à se mouvoir; l'information concernant notre corps nous vient des sens proprioceptif, haptique, kinesthésique et visuel; nous connaissons les objets par les sens visuel, auditif et haptique; nous avons accès aux personnes et à la communication par les sens visuel, haptique et auditif; la connaissance de l'espace et de l'environnement dépend des sens visuel, haptique et auditif et de notre mobilité; et nous percevons les événements par les sens visuel et auditif. Dans le cas où la déficience sensorielle est multiple,c'est à nous, les facilitateurs, de trouver de nouvelles voies pour le développement de ces concepts. Face à chaque 23 combinaison de déficiences, il faut immédiatement dégager les priorités d'intervention, en particulier dans le domaine des rééducations sensorielles. En définissant les objectifs de rééducation en fonction de buts à long terme – le développement de l'apprentissage et la capacité à interagir avec les personnes, les objets et les espaces – on améliore plus sûrement la qualité de participation à la vie. Nous travaillons de plus en plus souvent avec des enfants dont les sévères déficiences affectent tant de systèmes que l'identification des buts à long terme et le choix des priorités de rééducation constituent un véritable défi. Notre approche nous a aidé à fixer des objectifs qui fassent sens pour l'enfant afin que les moindres changements apportés par la rééducation aient un impact sur sa vie et ses apprentissages. Étude de cas Nous avons rencontré Neil quand il avait six mois ; il présentait une atrophie bilatérale du nerf optique, de graves troubles moteurs cérébraux et une infection chronique de l'oreille qui l'empêchait de maintenir son attention aux sons. Nous aurions pu choisir un objectif pour chacun de ces domaines et « stimuler » chacun des sens. Mais au moment de l'évaluation, nous avons considéré ce type d'association de déficiences comme une urgence développementale – sans accès au monde au extérieur, comment cet enfant pourrait-il apprendre ? Plutôt que de prendre en compte tous les sens ou de nous limiter à l'audition, son sens le plus facile à « réparer », nous nous sommes interrogés sur le meilleur moyen pour lui d'accéder à des expériences susceptibles de faciliter le développement des premiers concepts-clés. En examinant chaque domaine conceptuel, nous nous sommes rendus compte que compte- tenu de ses capacités sensorielles, sa conscience de soi, des choses, des gens, des lieux et des événements serait limitée ; de plus, aucun moyen alternatif d'action sur le monde ne nous paraissait raisonnablement disponible. La seule stimulation de son audition, aussi importante soit- elle, ne changerait pas grand chose à ses circuits d'accès au développement de concepts. Il était donc urgent de stimuler la connexion entre ses systèmes visuel et haptique. Tout en soignant son infection de l'oreille, notre premier travail a consisté à créer des situations où tout mouvement vers quelque chose lui donnerait quelque chose à voir et où toute orientation du regard vers quelque chose conduirait à une interaction avec un personne ou un objet. Nous avons donc organisé des interventions de ce type pour l'aider à construire des compétences dans chaque domaine conceptuel. A 14 mois, nous avons constaté qu'il dirigeait systématiquement son regard vers un objet réfléchissant dans une pièce éclairée et qu'il essayait de diriger sa tête ou ses bras vers les personnes qu'il détectait. Ses capacités visuelles s'amélioraient : après avoir appris à voir des objets éclairés dans l'obscurité, il est devenu capable de les repérer dans une pièce éclairée. Mais ce qui nous a le plus frappé, c'est de le voir se sentir de plus en plus compétent – Neil agissait sur le monde. Au vu de ses progrès dans l'accès aux concepts-clés, on se rend compte que ses interactions sont plus efficaces – petits changements, encore imparfaits, mais progrès tout de même. On repère aussi tout de suite les domaines où l'effet est nul ou limité, ce qui facilite le choix des objectifs et des activités qui, à mesure qu'ils se présentent, nous montrent les prochaines étapes. Pour les deux mois qui suivent, notre objectif est 24 de construire des relations et de ne pas limiter la reconnaissance des personnes à la seule reconnaissance de la voix- nous utilisons des symboles tactiles et plaçons devant lui, éclairées par la lumière de la fenêtre, des personnes très différentes (sa maman, douce et un peu enveloppée et son éducateur qui lui est plutôt maigre) et nous lui demandons avec qui il veut jouer ou qui va lui faire prendre son déjeuner. Quand il regarde la personne, nous lui demandons de se pencher, de tourner sa tête ou sa main vers la personne choisie. Nous demandons à Neil de nous dire avec qui il veut travailler en utilisant des symboles qui diffèrent en texture, forme, couleur et taille – des objets dont nous pensons qu'il les perçoit facilement par la vision, le toucher ou les deux. Nous le laissons choisir à sa manière, mais quand il touche un symbole, nous lui demandons de regarder en direction de son choix pour être sûrs d'avoir bien compris. Nous travaillons l'attention aux objets, nous mettons l'accent sur l'importance de confirmer quand on reçoit ou donne une information et nous ne cessons de l'encourager à toucher et regarder. Grâce aux symboles, Neil peut nous dire avec qui il veut travailler. Il touche le symbole et confirme par le regard. Conclusion A l'âge de 5 ans, Neil présente toujours d'importantes déficiences sensorielles et motrices. Mais grâce à une intervention soutenue visant à l'acquisition des concepts de base, il utilise très bien le peu dont il dispose. Son audition s'est certes améliorée, mais cela n'aurait pas suffi à améliorer ses premiers apprentissages. Dans une vidéo présentant une matinée de classe, on voit une de ses camarades se plaindre bruyamment et Neil lever la tête pour regarder son profil éclairé par la fenêtre. Incapable de maintenir sa position, il laisse tomber sa tête puis la relève de nouveau pour la regarder et l'écouter. Au moment où il lève la tête, un camarade attrape le jouet qui se trouve devant lui. Il détecte immédiatement le mouvement (le voit- il, le sent-il?) et laisse retomber sa tête pour vérifier que l'objet a bien disparu. La vision, l'audition et le toucher permettent à Neil de communiquer. Bien que sa vision ne se soit que peu améliorée, il l'utilise très bien pour confirmer les information qu'il reçoit par les autres sens et pour se situer dans son environnement social. Entre 6 mois et 5 ans, sa vision est passée de la détection de la lumière à la reconnaissance de grosses formes. Ses mains sont encore fermées et pour atteindre les objets, il a besoin de son avant-bras. Mais sa vision soutient son toucher et inversement son toucher soutient sa vision et son audition. Il a appris à voir, passant de la simple détection d'un stimulus à la recherche active. Il dispose de stratégies diverses pour obtenir de l'information et pour interagir avec les personnes et le monde. Du fait de ses graves déficiences motrices, son toucher ne serait pas efficace s'il n'était pas associé à d'autres systèmes ; source importante d'information il facilite les interactions. Il s'en sert pour vérifier ce qu'il a entendu ou aperçu en s'orientant pour explorer et sentir ce qui se trouve autour de lui. Mais le plus important, c'est que le peu qu'il perçoit – texture, consistance, taille - lui a permis de développer un impressionnant vocabulaire de symboles. J'ai choisi de parler de Neil parce que son histoire n'est pas un conte de fées. A 5 ans, il ne maîtrise toujours pas de nombreux et importants aspects de la vie. But il sait à 25 l'intérieur de lui-même qu'il peut agir sur le monde, qu'il peut interagir avec lui. Il a envie de communiquer et en trouve les moyens. Je crois que notre intervention a permis de lever un voile et d'ouvrir la voie vers une vie pleine de possibilités. Dr.Namita Jacob Psychopédagogue Perkins International – Asian Pacific Region Email: [email protected] Après Laura et Helen: Le nouveau visage de la population sourdaveugle d'âge scolaire aux USA et à Perkins et son impact sur l'éducation. Barbara B. Mason (Directrice pédagogique) and Martha M. Majors (Assistante - directrice pédagogique), département surdicécité, Perkins School for the Blind, Watertown, Mass. USA. Atelier présenté à la XVème conférence mondiale DbI , Sao Paulo, Septembre 2011. Depuis l'époque de Laura Bridgman en 1837 et de Helen Keller en 1886, la population des sourdaveugles aux États-Unis a beaucoup évolué. L'épidémie de rubéole du début des années 1960 a entraîné d'énormes changements dans l'éducation des enfants sourdaveugles. L'effet s'en est ressenti jusqu'au départ des enfants rubéoliques vers les structures préparant à l'âge adulte. Au cours des 20 dernières années, cette population a connu d'autres évolutions tout aussi significatives qui ont ont fortement impacté l'offre de services éducatifs, en particulier une augmentation de nombre d'enfants présentant le syndrome CHARGE, une cécité corticale ou des anomalies congénitales multiples. Cette évolution est à l'origine de nouveaux défis touchant à la sphère de l'éducation. Le présent article traite de ces changement à partir de deux perspectives : Au niveau national Avant l'épidémie de rubéole, qui s'est étalée du début des années 1960 jusqu'à 1992, il n'y avait pratiquement pas de registres nationaux de personnes sourdaveugles. C'est alors qu'ont été conçus des projets nationaux visant à repérer l'incidence et les étiologies de la surdicécité; ils ont été mis en place sur tout le territoire des États-Unis. Les changements concernant l'étiologie de la surdicécité ont pu être documentés par Marianne Riggio à partir des données du registre du New England Center Deafblind Program (Riggio, 1992). Bien que régionales, ces données donnent une bonne idée de ce qui s'est passé au niveau national. Voir le tableau 1. 26 Le tableau 1 montre la chute significative des rubéoles qui représentait alors 61% de la population des 22-27 ans mais seulement 4% de 0- 15 ans. Par contre, on note un accroissement significatif des anomalies congénitales multiples chez les 0- 15 ans. Au cours des 25 dernières années, le registre de la surdicécité est devenu plus précis et plus complet. Actuellement, le National Consortium on Deaf-Blindness (NCDBN) collecte chaque année les données qui permettent le recensement des enfants et adolescents sourdaveugles de 0 à 22 ans. Le recensement le plus récent concerne l'année 2011 (il a été publié en décembre 2011 par le National Consortium on DeafBlindness) : 9 387 enfants et adolescents ont été ainsi identifiés. Les données suivantes sont collectées dans la feuille de recensement : sexe, étiologie, acuité visuelle et auditive, cécité corticale, surdité d'origine centrale, autres déficiences, appartenance ethnique, lieu de vie et type d'éducation. Le tableau N°2 présente la répartition par étiologie en 2011. Le tableau 2 montre bien que la rubéole continue à décliner alors que le syndrome CHARGE ne cesse d'augmenter. En fait, la rubéole (70) et l'encéphalite (72) sont maintenant les étiologies les moins fréquentes. De plus, il est important de noter qu'un grand nombre des étiologies identifiées sont à l’origine d'une ou plusieurs déficiences qui s'ajoutent aux déficiences sensorielles. Tableau 2. Recensement National des surdicécité (2011) en fonction de l'étiologie principale. 27 ETIOLOGIE PRINCIPALE Syndrome et troubles d'origine génétique Association CHARGE Syndrome de 824 Usher (I,II,III) 263 Trisomie 21 226 Autres syndromes et troubles d’origine génétique 2375 Complications prénatales / congénitales Cytomégalo-Virus (CMV) 332 Microcéphalie 275 Hydrocéphalie 248 Rubéole congénitale 72 Autres complications prénatales / congénitales 652 Causes Postnatales / Non- Congénitales Asphyxie 235 Traumatisme crânien sévère 193 Méningite 188 Encéphalite 70 Autres causes Postnatales / Non- Congénitales Complications liées à la prématurité Étiologie non déterminée 590 1108 1736 National Consortium on Deaf-Blindness, 2012 Au niveau du programme pour les sourdaveugles de Perkins. Notre seconde perspective s'intéresse aux changements intervenus dans la population des enfants éduqués par le département sourdaveugles de l’École pour Aveugles de Perkins et aux adaptations pédagogiques qui en ont découlé. Nous avons dû faire face à un double défi : rester clair et concentré sur le groupe que nous avons pour mission de servir et en même temps s'adapter à l'éventail des besoins que génère la diversité de notre population sourdaveugle. Le tableau 3 montre les changements qui sont intervenus entre 1974 et 2011 au niveau des élèves éduqués dans le programme sourdaveugles de Perkins. La rubéole n'a cessé de décroître : première cause de la surdicécité en 1974, elle est pratiquement absente en 2011. Par contre, les statistiques de Perkins montrent que le nombre d'enfants présentant ou le syndrome CHARGE, ou d'autres syndromes ou dont l'étiologie n'est pas connue, tend à augmenter au cours des dernières années. Au cours des années 1960 et 1970 (au plus fort de la pandémie de rubéoles), le programme pour sourdaveugles de Perkins a clairement mis le syndrome rubéolique au cœur de son système éducatif. 28 Ensuite, le nombre d'enfants repérés et diagnostiqués comme présentant le syndrome CHARGE n'a cessé d'augmenter aux États-Unis comme ailleurs. Cette évolution se retrouve dans l'accroissement du nombre d'enfants présentant le syndrome CHARGE dans le Programme Sourdaveugles de Perkins. Au moment où j'écris, leur nombre s'élève à 26. Au niveau du développement cognitif, on trouve des enfants présentant un retard léger ou moyen ou profond, mais aussi des sujets se situant dans la norme. Le tableau 4 montre la distribution des niveaux de développement cognitif chez les élèves du Programme Sourdaveugles de Perkins en 2003 et en 2011. Ces données sont cohérentes avec ce que l'on sait au niveau national des capacités et potentiels des enfants présentant le syndrome CHARGE. Tableau 3. Les changements concernant la répartition des étiologies de la surdicécité chez les élèves du Programme Sourdaveugles de Perkins, 1974- 2011 Rubéole Charge Autre Inconnu 1974 55% 0% 19% 14% 2001 6% 25% 30% 11% 2011 0% 45% 25% 12% Les données (confirmées par le tableau 3) montrent qu'un plus grand nombre d'enfants est concerné par les syndromes rares et que beaucoup d'entre eux sont éduqués à Perkins. Malgré la plus grande complexité de leurs problèmes, leurs niveaux cognitifs restent relativement similaires. Ceci est globalement confirmé par le tableau 4 qui montre que les niveaux cognitifs des élèves restent remarquablement stables entre 2003 et 2011. Notre programme continue à s'intéresser avant tout aux besoins relatifs à la communication. Autrefois, avec les enfants rubéoliques, la communication était surtout basée sur la langue des signes et sur la parole. Pour les élèves actuels, il faut s'appuyer sur une définition plus large de la communication totale : langue des signes, langage signé parlé simplifié, objets, symboles, dessin, photos, documents imprimés, braille, etc. S'ajoute à cela le recours de plus en plus fréquent à des innovations technologiques comme les synthèses vocales, les ordinateurs ou les iPads. Les tableaux de communication à thèmes sont aussi de plus en plus présents dans les classes. Du fait que les élèves sont de plus en plus intégrés dans la monde ordinaire, il leur faut absolument être en mesure de communiquer avec des adultes qui ne signent pas ; d'où l'importance majeure des tableaux de communication dans nos programmes en intégration. Tableau 4 Distribution des niveaux cognitifs chez les élèves du programme Sourdaveugles de Perkins en 2003 et en 2011 29 2003 2011 Retard de développement 3 – 9 ans = 32% Retard de développement 3 – 9 ans = 37% Moyen– Sévère Moyen– Sévère Sévère – Profond = 41% Sévère – Profond = 33% Les problèmes physiques ont créé de nouveaux besoins en kinésithérapeutes et en équipements (fauteuil roulants, déambulateurs, appareils orthopédiques etc.). les élèves ont plus souvent besoin de séances de kinésithérapie, d'aménagements pour l'accessibilité des ouvertures et des couloirs de circulation, et d'adaptations pour les éviers, les toilettes ou les tables. Du fait de ces difficultés physiques il est important de travailler la motricité fine pour signer avec les mains ou utiliser les aides techniques à la communication (si nécessaire). Du fait de leurs problèmes sensoriels, beaucoup d'élèves doivent recourir à des ergothérapeutes formés aux méthodes d'intégration sensorielle et capables de mettre au point des programmes individualisés. En plus de l'augmentation du nombre d'enfants présentant un syndrome rare, nous devons faire face depuis 15 ans à l'accroissement des cas de cécité corticale associée à une perte auditive. Le recours à des personnels formés à la cécité corticale et à l'utilisation de techniques adaptées à cette situation de handicap est de plus en plus nécessaire. L'implant cochléaire est très présent maintenant dans tout le pays, ce qui contraste avec le temps où les enfants rubéoliques portaient des prothèses auditives ou des micros HF. Les personnels doivent donc bien comprendre comment ces enfants entendent les sons et les aider à porter leur implant cochléaire y compris dans les environnements bruyants. Les enseignants doivent donc se former à de nouvelles pratiques pour être plus efficaces avec leurs élèves. Défis en termes de programme pédagogique La largeur de l'éventail des potentiels cognitifs des élèves nécessite une adaptation des programmes pédagogiques. Il faut en particulier définir plus précisément les niveaux à atteindre depuis la maternelle jusqu'au programme de transition à l'âge adulte ; il faut améliorer l'accès à ces programmes en utilisant des aides techniques (dont il faut garantir la durabilité et la sécurité) pour les élèves avec déficience motrice, cécité corticale ou présentant des comportement difficiles. Mais ces adaptations ne doivent pas empêcher les professionnels d'utiliser les méthodes éprouvées et les «bonnes pratiques » qui avaient été mises au point pour les enfants rubéoliques. Ces stratégies ont montré leur efficacité sur de longues années et elles constituent toujours le socle à partir duquel les classes sont organisées. Les enseignants collaborent aussi de plus en plus avec les enseignants pour déficients visuels qui les aident à utiliser des stratégies de compensation comme l’apprentissage du braille. Défis médicaux 30 A peu près 5% des élèves bénéficient d'un personnel paramédical pendant les heures de classes (ratio 1 pour 1). Les enseignants doivent donc apprendre à collaborer avec un personnel médical travaillant à leurs côtés. Chacun doit comprendre le rôle de l'autre pour offrir les meilleures chances d'accès à l'éducation à ces enfants fragiles et dépendant de soins médicaux constants. En résumé, il faut un éventail plus large de spécialistes, des personnels mieux formés aux besoins complexes et offrir aux familles plus de soutien et de formation. Bibliographie Riggio, Marianne (1992). A Changing Population of Children and Youth with DeafBlindness. Proceedings of the National Conference on Deaf- Blindness. Washington, D.C: Hilton/Perkins National Program and the Conrad N. Hilton Foundation. NCDB (2012). The 2011 National Child Count of Children and Youth who are DeafBlind, Monmouth, OR: National Consortium on Deaf-Blindness (NCDB), Teaching Research Institute, Western Oregon University. Salles multisensorielles en « Noir » et « Blanc » Salles éducatives pour élèves sourdaveugles ou multihandicapés sensoriels by Christine Sauvé Guindon Il existe en Ontario deux salles multisensorielles pour élèves sourdaveugles ou multihandicapés sensoriels. Le Salle « Blanche » s'inspire de la philosophie Snoezelen, une approche non directive privilégiant la relaxation et l'exploration. La Salle « Noire » a d'autres perspectives; elle définit de façon plus directive des objectifs et des résultats évaluables. Le présent article décrit les apports respectifs de ces deux salles différentes mais complémentaires. Le contenu de ce papier est tiré d'un travail effectué dans le cadre de la Qualification Additionnelle en Surdicécité, formation offerte par la Faculté d'Education de l'Université d'Ottawa (Sauvé Guindon, Christine 2003 – 2012). La Salle « Blanche » Un cadre pour l'exploration et l'observation. La Salle « Blanche » Snoezelen fournit un environnement où les sourdaveugles et multihandicapés sensoriels ont la possibilité d'explorer et plus simplement « d'exister ». Dans cet environnement privilégié une approche non- directive permet aux élèves de profiter d'un cadre multisensoriel en utilisant leur toucher, leurs restes visuels et auditifs, leur odorat et leurs sens vestibulaire et proprioceptif. La Salle « Blanche » constitue un environnement sûr et paisible où l'enfant peut faire l'expérience de la musique, des lumières, des vibrations et de textures variées (Biblio thème no 6, 2010). Ce cadre motivant encourage les choix et favorise les 31 apprentissages. C'est souvent dans ce lieu que l'enfant se met à prendre le contrôle de son environnement. Des stimulations sensorielles de meilleure qualité réduisent l'anxiété et affaiblissent les mécanismes de défense. Dans la Salle « Blanche », les enseignants peuvent observer leurs élèves. Ils perçoivent leur vrai potentiel en observant leurs choix, les canaux sensoriels qu'ils privilégient et ceux qui peuvent être développés ; ils voient ce qui relaxe ou ce qui stimule et ce qui plaît ou déplaît. Etc. Une fois familiarisé et à l'aise dans la salle Snoezelen, l'enfant peut explorer l'espace grâce à son sens vestibulaire ; rassuré, il peut ramper ou rouler en direction d'un stimulus, parfois actionner un interrupteur ou choisir de se balancer sur une chaise. Certains enfants à la vision fonctionnelle limitée se mettent tout à coup à réagir à la lumière. En prenant le contrôle de son environnement, l'enfant peut faire des choix délibérés. En résumé, la Salle « Blanche » constitue un environnement où l'enfant peut se réaliser et s'épanouir. Marisol, par exemple, s'intéresse aux objets éclairés en lumière noire. Elle est captivée par les lumières générées par des fibres optiques et adore jouer avec elles. En l'observant avec attention, on découvre quelques unes de ses capacités : poursuite visuelle et manipulation des objets en lumière noire, intégration de la vision et du toucher, résolution de problèmes, anticipation et communication, etc. Elle nous montre sa conscience de l'espace et sa capacité à faire des choix délibérés. La Salle « Noire » - un lieu pour apprendre La Salle « Noire » constitue un environnement favorable à l'enseignement et à l'apprentissage. C'est l'enseignant qui dirige les activités dans cet espace interactif qui permet l'acquisition de différentes compétences. L'espace étant contrôlé, il est possible de se focaliser sur les objectifs éducatifs spécifiés dans le Projet Éducatif Individuel. Cet environnement multisensoriel formé de lumières et de sons de différentes fréquences générés par une diversité d'instruments de musique forme un excellent contexte d'apprentissage et favorise l'exploration et l'apprentissage. L'élève doit y trouver des sources d'intérêt ayant du sens pour lui. En résumé, c'est un lieu de consolidation des connaissances. Ainsi, un élève qui, dans la Salle « Blanche », s'est révélé capable de poursuite visuelle, devrait pouvoir reproduire ce comportement dans un cadre formel et contrôlé. Dans la salle « Noire », on peut solliciter un seul sens à la fois en éliminant les sources potentielles de distraction, sonores ou autres. L'élève y est accompagné d'un adulte qui dirige des activités qui, choisies en fonction des besoins propres à l'enfant, visent des objectifs précis. Il est possible de se concentrer sur les domaines suivants : vision, audition, intégration sensorielle, communication, cause et effet (objectifs d'action/réaction), formation du lien affectif et éléments particuliers du programme éducatif, etc. Dans la Salle « Noire », on trouve en général : un salle peinte en noir ou dans une couleur qui absorbe la lumière ; une salle insonorisée un équipement de stimulation visuelle et auditive une zone d'interrupteurs et de jouets interactifs favorisant les objectifs 32 d'action/réaction une zone organisée pour stimuler la motricité fine ou globale d'autres équipements (balançoires, piscine à balles, matelas, sacs de haricots, etc) qui offrent une variété de stimulations dans des conditions de confort. Les activités dans la Salle « Noire » ne sont efficaces que si l'enseignant connaît bien l'élève et les objectifs qui ont été définis pour lui ; il doit aussi maîtriser le fonctionnement des équipements, s'assurer du confort de l'enfant et prendre note de ses observations. Comment définir des objectifs ? Vous vous souvenez de la petite Marisol ? A chaque passage dans la salle Snoezelen, j'observais et prenais des notes. Ensuite, je reliais mes différents éléments d'observation pour établir un projet pédagogique sur mesure et préciser mes objectifs pour la Salle « Noire ». Grâce à une attention soutenue, on peut formuler des objectifs individualisés dans les domaines suivants : restes visuels, restes auditifs, cause et effet, communication, motricité fine ou globale, orientation et mobilité, objectifs spécifiques du programme pédagogique. Il faut articuler l'éducation informelle de la Salle « Blanche » avec ceux plus formels de la Salle « Noire ». Le Projet Pédagogique Individuel doit refléter ces modifications et inclure des adaptations et des stratégies qui permettent le succès de l'enfant. Le Projet Pédagogique Individuel doit faire sens. Il m'arrive souvent de dire à ceux qui travaillent avec des enfants multihandicapés sensoriels : ' Quelle sera la récompense ? Où est la motivation ? Qu'est ce que vous allez faire pour motiver les enfants ? Qu'est ce qui peut les pousser à vouloir réussir ? ». Les activités que nous choisissons pour les enfants doivent avoir des objectifs qui fassent sens. J'ai appris de John McInnes (McInnes & Treffry 1982) que tout doit partir de l'intérêt de l'enfant. La salle Snoezelen constitue un environnement réactif, c'est donc à l'enfant de diriger. C'est lui qui décide de ce qu'il veut faire, essayer ou explorer ; c'est sa propre perspective qui compte. Ce qu'il nous montre par ses efforts conscients dans cette pièce doit pouvoir être transféré dans la Salle « Noire ». C'est ainsi qu'on peut solliciter tout son potentiel. Une fois de nouvelles compétences acquises, l'étape suivante consiste logiquement à essayer de les transférer dans la salle de classe. L'enfant doit pouvoir profiter de ses nouvelles capacités en les mettant en usage dans d'autres contextes. L'objectif final sera donc de transférer l'usage de ces compétences à la maison et dans le milieu ordinaire. Conclusion L'apprentissage est un processus cyclique. Plus on sait, plus on peut savoir. De nouveaux objectifs peuvent être définis qui conduisent à de nouvelles attentes et à de nouveaux défis.. . Un but à la fois, à partir de l'acquis. Le cercle de la connaissance est en constante évolution. Je veux que mes élèves puissent se développer, grandir, 33 s'épanouir et avancer. Les salles multisensorielles (la « Noire » et la « Blanche ») constituent un cadre parfait pour y parvenir. On peut y définir des objectifs adaptés à leurs intérêts, leur compétences et leurs capacités physiques et intellectuelles. Regarder ces enfants faire des progrès au cours de ce processus est une source de plaisir et de satisfaction ! Christine Sauvé Guindon, B.A., B.Ed. Deafblind Services Consultant, Ontario Ministry of Education, Centre Jules- Léger, Ottawa, Ontario, Canada Email: christine.sauve2@ontario. ca/[email protected] Bibliography McInnes, J.M. & Treffry, J.A. (1982) Deaf-Blind Infants and Children: A Developmental Guide, University of Toronto Press, Toronto, 277p Sauvé Guindon, Christine (2003 – 2012) Notes de cours tirées de : Qualification Additionnelle en Surdicécité: Enseignement aux élèves atteints de surdicécité, Partie II et Enseignement aux élèves atteints de surdicécité, Spécialiste; Faculté d’Éducation, Université d’Ottawa. (Additional Qualification Courses in Deafblindness: Teaching students who are Deafblind, Part 2 and Specialist; Faculty of Education, University of Ottawa.) https://web30.uottawa.ca/v3/SITS/pdpProd/Pages/CourseList.aspx Biblio- thème no 6, Stimulation multisensorielle et méthode Snoezelen®, Cegep de Granby, Haute Yamaska, 2010. http://www.cegepgranby.qc.ca/public/e5c73c2a-dda04232- bd6c57bffc8e93d3/bibliotheque_et_ressources/bibliotheque/ressources/biblio_themes/2 _pdf/biblio_theme_no6.pdf Le Centre d'excellence pour Sourdaveugles Kentalis (PaysBas). Rapport de la Première Conférence Nationale Kenniscentrum Doofblindheid Savoirs partagés, partageons nos savoirs Au cours des dernières décades, différents groupes ou organisations ont pris diverses initiatives pour améliorer la qualité des services offerts aux personnes sourdaveugles aux Pays Bas. Cette collaboration a porté ses fruits dans tout le pays, mais il reste beaucoup à faire. Les personnes impliquées manifestent encore un grand besoin de 34 collaboration et de partage. Pour garantir ce développement et ce partage d'expertise, Kentalis s'appuie sur son centre d'excellence qui entretient des liens au Pays-Bas et au niveau international. Le 8 Novembre 2012, Le Centre d'Excellence de Kentalis a organisé sa première conférence nationale intitulée : « Afhankelijke Onafhankelijkheid or Dépendance Autonome ». 200 collègues ont travaillé avec enthousiasme sur le délicat équilibre que représente le soutien à l'autonomie de la personne alors que celle- ci dépend de plus en plus de l'aide des autres. La qualité du soutien et de l'accompagnement professionnels dépend d'une bonne compréhension de ce que vit la personne sourdaveugle face à cette double réalité d'autonomie et de dépendance. Marleen Janssen, Professeur de surdicécité à l'Université de Groningen, a fasciné le public en présentant de nouvelles perspectives sur l'amélioration de la communication chez les personnes sourdaveugles. Et le témoignage de Femke Krijger, une mère de trois enfants exerçant une activité professionnelle et faisant face à une aggravation de sa surdicécité, a ouvert les yeux des participants sur l'importance du dialogue. Les sessions parallèles de l'après-midi ont aussi contribué à nous faire vivre un événement stimulant. Nous avons hâte d'apporter notre contribution à la Conférence Internationale sur la Surdicécité Acquise (ADBN) à Lund, en Suède, du 7 au 10 Novembre 2012. Caroline Veerman, Manager Kentalis Centre of Excellence Email: [email protected] “Et pourtant, je suis un être humain” C'est le titre d'une exposition photographique produite par le Centre National de Ressources sur les Handicaps, les Aides Techniques et la Psychiatrie Sociale, un département du Conseil National des Services Sociaux du Danemark. Ce Centre de Ressources possède à Aalborg un bureau qui a pour mission principale de collecter, adapter, développer et diffuser les connaissances sur la surdicécité. Tenter d'expliquer ce handicap rare et complexe exige des explications infinies et quand on a raconté la même histoire un million de fois, on se dit qu'il faudrait trouver un autre moyen de toucher le public. C'est pourquoi nous avons décidé de communiquer sans recourir aux mots. Nous avons invité un photographe professionnel dans « notre monde » et nous lui avons demandé de passer une semaine ou deux dans différents cadres de vie où des personnes sourdaveugles vont à l'école, travaillent ou s'adonnent à des loisirs. Fort heureusement, Magnus Moeller, notre photographe, s'est engagé dans ce projet avec enthousiasme. En 2011, il a passé plusieurs semaines dans des familles et des lieux d'éducation ou de soins, ce qui lui a permis de dresser un portrait concret et honnête de ce groupe très spécial. L'exposition de Magnus Moeller « Et pourtant, je suis un être humain » nous fait 35 pénétrer dans cet univers et nous ouvre des horizons inattendus. Ses photos attirent notre attention sur l'isolement que provoque la surdicécité. Elles saisissent aussi l'intimité, l'attachement et le joie qu'éprouvent les personnes sourdaveugles de naissance quand elles rencontrent des personnes qui ont un vrai désir de communiquer avec elles. Il fait aussi le portrait de la façon spectaculaire dont les personnes sourdaveugles se représentent le monde à partir principalement de leur sens tactile. Cette exposition de 23 grandes photographies (70 x 100 cm) est actuellement en tournée au Danemark. Elle a suscité un grand intérêt dans tout le pays, dans les différents lieux d'enseignement ou administrations où elle a été montrée. Elle reste un mois sur chaque site et elle est actuellement retenue jusqu'en Novembre 2013. Nous allons aussi la présenter au cours de la Conférence Européenne de DbI à Lille, en France, en Août 2013. Les premiers retours nous montrent que cette exposition a provoqué beaucoup de discussions et de réflexions utiles. Nous espérons que grâce à cette exposition de plus en plus de gens prendront conscience du fait qu'il existe des personnes sourdaveugles de naissance et qu'il y a au milieu de nous un groupe de gens qui se représentent le monde d'une autre manière que la majorité d'entre nous. Ils découvriront peut- être aussi que cette vie particulière a ses qualités propres, au delà des défis qu'elle génère. Marianne Disch Centre National de Ressources sur les Handicaps, les Aides Techniques et la Psychiatrie Sociale Aalborg, Denmark Email: [email protected] Sense UK annonce la publication d'un livret avec vidéos intitulé ‘Une pratique réfléchie’ Asuncion Snow et Anne Telling ont dirigé le projet intitulé « Développement de bonnes pratiques professionnelles, à partir de 7 principes illustrés par des analyses vidéo et en direction des personnes présentant une déficience sensorielle et des compétences communicatives limitées ». Ce projet a été présenté à la XVème Conférence Mondiale de DbI au Brésil. Ce projet a abouti à la publication d'un livret accompagné d'exemples vidéo. Le livret inclut une information théorique de base sur 7 questions clés relatives aux bonnes pratiques qui doivent être à la base d'une pratique réfléchie ; le praticien y trouvera donc les cadres théoriques qui sous-tendent les techniques qui y sont enseignées. Il sera surtout en mesure d'ajuster sa pratique aux besoins de chacun, de se laisser guider par la personne handicapée pour partager son expérience et d'améliorer ainsi la qualité des interactions quotidiennes. Le DVD contient des illustrations relatives aux 7 questions abordées. Ces 7 questions se rapportent à 7 secteurs clés du développement de la communication ; ils s'appuient sur l'expérience acquise par l'équipe de recherche au cours de ses nombreuses années de travail auprès de personnes présentant une surdicécité congénitale ou acquise. Ce livret s'adresse aux professionnels, aux assistants d'éducation, aux travailleurs 36 sociaux et aux éducateurs. Les parents et les proches pourront aussi en tirer profit. Il sera prêt en janvier 2013. Pour plus d'information, contacter : Sense Information & Advice Service: [email protected]; Asuncion Snow: [email protected] Nouvelles nationales Argentine Vivre autonome dans un centre résidentiel en milieu ordinaire en Argentine Paula Rubiolo, Aurea Soza and Graciela Ferioli, Perkins International – Amérique Latine Introduction Cet article décrit l'avancée d'un projet mis en œuvre par un groupe de familles de jeunes adultes sourdaveugles ou multihandicapés à Cordoba, en Argentine. Ce projet vise à procurer à leurs enfants une vie riche et autonome. Sur le plan légal, il s'appuie sur la Convention Internationale des Droits des Personnes Handicapées; il a pour but de promouvoir, protéger et assurer une jouissance pleine et complète des droits humains et des libertés fondamentales des personnes handicapées et de promouvoir le respect de leur dignité. De plus, les familles veulent veiller tout particulièrement à ce que leurs enfants y bénéficient d'une vie pleine et autonome eu égard à leur droits à la communication (accessibilité en termes de langage et de technologie), à l'intégration sociale et culturelle (éducation et intégration sociale) et conception universelle – universal design (organisation de l'accessibilité), etc. Besoins et attentes Les familles reconnaissent que les pouvoirs publics locaux ont effectivement mis en place les services d'éducation, de santé, de réadaptation et de soins qui ont permis à leurs enfants de se préparer au passage à l'âge adulte. L'existence de ces services conduit donc logiquement à rechercher un lieu d'accueil où les jeunes sourdaveugles ou multihandicapés puissent vivre de façon autonome dans leur communauté. En offrant à leurs enfants un cadre de vie extérieur à la famille grâce à la collaboration d'une équipe de soutien, les familles pensent pouvoir restaurer leur propre image de soi et reprendre le contrôle de leur vie personnelle. Pour tous les acteurs de ce programme, cette aventure ne pouvait que réussir, car elle prenait en compte les souhaits des jeunes adultes sourdaveugles et de leurs familles, tout en impliquant les professionnels, les membres de la communauté et toutes les personnes ou organisations effectivement impliquées dans la vie de ces jeunes. Le développement d'une première proposition Ce projet s'inspire de la position exprimée par Perkins International pour qui ce type de programme répond bien au besoin de jeunes handicapés. Il s'appuie sur l'expérience 37 qu'a développée Perkins au niveau des services de soutien aux jeunes sourdaveugles ou multihandicapés dans toute l'Amérique du Sud et en Argentine plus particulièrement. Sur la base des besoins exprimés par des familles qui attendaient beaucoup d'un tel projet, un groupe de professionnels et de parents de la région, tous engagés et expérimentés, a mis au point un ensemble d'objectifs et de principes visant à la réalisation d'une résidence conçue pour faciliter la transition vers l'âge adulte. Ce projet a été discuté avec les autorités du Gouvernement de la Province de Cordoba (Argentine); il en a découlé un accord entre Perkins International et le Ministère du Développement Social de la Province de Cordoba pour satisfaire les droits de cette population. Cette collaboration a obtenu le soutien de diverses agences locales, de FOAL (la Fondation ONCE pour l'Amérique Latine) et de Perkins International. Ce projet a permis la réalisation d'un centre résidentiel pour des jeunes ou des adultes sourdaveugles ou multihandicapés. Conseils pour la mise en œuvre Le projet s'appuie sur deux principes importants: 1) il est essentiel de travailler sur la base des besoins des familles et de leurs enfants, et 2) la formation des personnels doit s'appuyer sur une collaboration avec les familles. Cette collaboration entre l'école et la famille est jugée indispensable à la formation à l'autonomie et à l'autodétermination de chacun des jeunes adultes. En Argentine, beaucoup de facteurs exercent une influence sur le style de vie des familles et sur leur attitude vis à vis du handicap; les facteurs géographiques, sociaux, économiques et religieux ne sont pas les moindres. C'est pourquoi l'organisation de ce centre résidentiel pour jeunes adultes doit permettre à chaque résident d'y apporter ses propres valeurs, coutumes et habitudes culturelles. De plus, il importe que les besoins, compétences, ressources et intérêts propres à chaque résident soient pris en compte au moment d'organiser sa nouvelle vie dans cette résidence extérieure à la famille. Les parents ont aussi besoin de maintenir leur identité de parents et de membres actifs de la communauté. On observe beaucoup de stress chez ces parents qui sont éprouvés physiquement et mentalement par le soin constant qu'ils apportent à leurs enfants, 24H/24, année après année. C'est pourquoi beaucoup d'entre eux oublient totalement leurs propres besoins. Le recours au centre résidentiel permettra aux familles et plus particulièrement aux parents de retrouver leurs propres activités et leur réseau d'amis; ils pourront de nouveau se vivre comme capables de prendre des décisions pour euxmêmes. Mise en œuvre du projet Au cours des étapes de planification, de mise en œuvre et de gestion au long cours du projet résidentiel, les acteurs impliqués ont fait en sorte que les principes visant à prendre en compte les besoins des sujets ne soient pas en contradiction avec les réalités organisationnelles et politiques. Il s'en est suivi la mise en place d'une structure administrative définissant les rôles et responsabilités des personnels recrutés sur le site. Un comité exécutif a été désigné pour conduire les processus de prise de décision. Ce centre résidentiel dépend de la Loi Argentine N 26378 et prend en compte la Convention sur les Droits des Personnes Handicapées des Nations Unies (2008). Le règlement intérieur de cette résidence reconnait que ces jeunes adultes sont des citoyens ayant droit à l'autodétermination et aux adaptations nécessaires au plein exercice de leur intégration sociale. 38 Grâce à ce cadre philosophique et légal, le groupe de travail a pu mettre au point un modèle résidentiel centré sur les besoins de chacun et garantissant une vie autonome. Son succès tient au soutien apporté par les personnels dans les domaines de la communication et des aides physiques ou techniques répondant aux besoins individuels d'accessibilité. En résumé, l'expérience en cours dans le centre résidentiel de Cordoba est très positive; elle permet aux personnes sourdaveugles ou multihandicapées de vivre une vie digne malgré leurs limitations; les familles retrouvent leur identité; une équipe pluridisciplinaire se met en place; et la communauté a mieux conscience de sa responsabilité sociale à l'égard des personnes accueillies. Pour plus d'information, contacter Graciela Ferioli ([email protected]), Aurea Maria Soza ([email protected]) or Paula Rubiola ([email protected]) Australie ADBC a soumis des articles pour le Pré-rapport National présentant une liste de Recommandations concernant la Communication avec les personnes Handicapées. Ce rapport est destiné aux Services d'Urgence, et aux Services Nationaux pour les Handicaps impliqués dans le Schéma National d'Assurance du Handicap qui traite de l’éligibilité des aides nécessaires. Une version complète de ces textes est disponible sur www.deafblind.org.au/reports.asp La dernière Feuille d'information, Beacon Magazine, et l'édition spéciale de la Feuille d'Information sur la semaine de sensibilisation à la Surdicécité sont disponibles sur http://www.deafblind.org.au/newsletter.asp Conférence Nationale sur la Surdicécité, Sidney 2013 La prochaine conférence Nationale Australienne sur la Surdicécité se tiendra du 4 au 7 Octobre 2013 à Sidney. La Fondation Forsight a accepté d'organiser cet événement en collaboration avec d'autres organisations: l'Association des Sourdaveugles de NSW, la Société des Sourds, l'Association des Chiens Guides NSW/ACT, Vision Australia, l'Institut Royal des Sourds et des Aveugles, Able Australia, et une équipe de gens très motivés. Pour plus d'information : [email protected] Let's Connect. Nous avons le plaisir d'annoncer que le V.V. Marshman Charitable Trust a accepté de prolonger pour trois ans le financement du projet Let's Connect. Au cours des trois premières années, ce projet a permis d'organiser des activités de sensibilisation à la surdicécité et de promotion des personnes sourdaveugles; elles se sont tenues dans tous les états à l'exception de l'Australie du Sud et de la Tasmanie qui n'avaient pas manifesté suffisamment leur intérêt. En Mars 2012, une réunion nationale à rassemblé des représentants de Victoria, Nouvelle Galle du Sud, Australie de l'Ouest, Queensland et Australie du Sud. Tous les participants ont manifesté le souhait de rechercher de nouveaux financements pour continuer ces rencontres afin d'améliorer les services offerts aux personnes sourdaveugles en Australie. Les administrateurs de V.V. Marshman s'intéressent surtout aux questions de santé et de bien-être dans les zones rurales de l'Australie; la deuxième phase du projet 39 concernera donc d'abord les régions rurales. Pour plus d'information, contacter [email protected] (Remarque de l'éditeur: pour une description du plan de travail pour la prochaine phase, voir l'article de Meredith Prain dans le présent numéro.) Able Australie Les services pour sourdaveugles recherchent activement des financements de long et court terme pour améliorer la qualité des aides destinées aux personnes sourdaveugles. Beaucoup de personnes sourdaveugles étant encore sur liste d’attente pour l'obtention de ces aides financières, Able Australia a pris un certain nombre d'initiatives pour réduire leur isolement et leur ennui. L'une de ces activités sera « Able day in the sky » (Une journée au ciel avec Able). Les personnes sourdaveugles qui ont participé à cet événement s'en souviendront toute leur vie. Elle aura lieu le 8 décembre 2012 à l'aéroport de Moorabin et inclura un déjeuner et une visite de North Pole. La journée est organisée par Jan Flude et Antoinette Puzzob avec le soutien de Concept Coordination. Une autre activité populaire : la rencontre nationale de Sourdaveugles qui se tient du 9 au 11 Mars au Centre d'Aventures de l'Ile Phillip. Le thème retenu est le Mexique et tous ses accessoires. Le Programme de loisirs attire toujours un grand nombre de sourdaveugles. Pour plus d'information, contacter: Fiona Goldab at [email protected] Trois DVD d'information sont en cours de réalisation. Ils portent sur les techniques de communication avec les sourdaveugles, l’interprétation pour les sourdaveugles et la surdicécité chez personnes âgées. Ces DVD sont destinés aux professionnels, aux enseignants, aux professionnels de santé, aux universités, aux étudiants en Langue des Signes Australienne, aux travailleurs sociaux, etc. Pour plus d'information contacter : [email protected] Ablelink Ablelink a obtenu deux financements cette année : « Apprendre avec ses pairs » et « Basse vision et accès braille aux outils électronique mobiles ». Il a été possible d'acheter tout un éventail d'outils mobiles : iPads, iPhones et plage braille associées. La pratique du braille et l'accès braille aux iPhones et Ipads est enseignée par des personnes sourdaveugles. L'accès aux iPads et iPhones par agrandisseur est enseigné par d'autres sourdaveugles. Les formateurs en braille ont suivi des ateliers pour préparer leur matériel de formation, améliorer leur communication, s'adapter à différents styles d'apprentissage et soutenir la motivation. Cette grande entreprise exige un large soutien. Ce projet, premier du genre en Australie, répond à de réels besoins dans la communauté des sourdaveugles. Pour plus d'information: [email protected] Senses Foundation, Western Australia Le Père Cyril Axelrod Senses Foundation a vécu une journée bien spéciale, le samedi 29 Août 2012, à l'occasion de la visite du Père Cyril Axelrod. Celui- ci nous a raconté sa vie. Né sourd, 40 il est devenu prêtre Rédemptoriste. Sa vue a progressivement diminué du fait de la maladie de Usher. Il fut l'un des premiers sourds au monde à être ordonné prêtre catholique. Il vit actuellement à Londres où il s'occupe des personnes sourdes malvoyantes dans la région de Camden Town. « Pour la plupart des gens, la surdicécité est indicible, impensable et inimaginable. Pour moi, c'est un nouveau mode de vie qui m'a permis de prendre une nouvelle direction... La surdicécité a été le meilleur maître que j'aie jamais rencontré » (Père Cyril Axelrod). Le Père Cyril utilise sa propre expérience pour montrer à ceux dont il s'occupe qu'on peut, malgré les déficiences, être membre à part entière de la société. « Pour moi, le plus important, c'est de m'utiliser moi- même comme modèle », explique- t-il. En montrant que sa surdité et sa cécité ne l'ont pas empêché de développer des compétences et des talents uniques, il devient pour eux un exemple et une source d'espoir. Le Père Cyril s'est donc installé pour un moment à Perth au Centre Emmanuel, un lieu d'accueil catholique ouvert aux personnes en situation de handicap; Il a expliqué à de nombreuses écoles, services pour personnes en situation de handicap et communautés de sourds comment il concevait son rôle de pont entre des mondes différents. Il espère vivre un jour en Australie pour travailler à la défense des personnes sourdaveugles. Pour les 33 personnes qui ont participé à cette journée, l'histoire et la philosophie du Père Axelrod ont été une inspiration fascinante. «Que nous soyons entendants, sourds ou atteints d'un autre handicap, nous sommes tous égaux et avons les mêmes droits à l'éducation et au travail. Nous devons comprendre nos différences sans en avoir peur... Nous nous devons un respect mutuel. » Drumbeat Le Samedi 7 Juillet 2012, le Groupe de Soutien des Syndromes de Usher s'est réuni pour tenter l'expérience du programme Drumbeat. Ce programme a été originalement développé pour les jeunes qui ne répondent pas aux thérapies basées sur la parole. La musique, les tambours, le rythme et les vibrations font ressentir le lien avec les autres, encouragent la créativité et l'expression de soi, et réduisent l'isolement, le tension, l'anxiété et le stress. Cette journée a été un formidable pour les 15 participants enthousiastes. Ce programme sera repris lors de la prochaine rencontre de Sourdaveugles d'Australie de l'Ouest et nous espérons en faire profiter les autres personnes suivies par Senses. Merci à Vanessa Trengove de HolyOake pour avoir donné de son temps à ce programme. Programme de soutien aux frères et soeurs - « SuperSibs » L'engagement de la Fondation Senses dans le soutien aux familles l'a conduite à organiser un atelier de soutien aux frères et soeurs , « SuperSibs », le 9 juillet 2012. C'est en 2006 que la Fondation Senses a mis en place « SuperSibs » pour soutenir les frères et sœurs de personnes en situation de handicap. Ce programme a pu continuer à fonctionner grâce au soutien généreux de PACT Constructions en 2012; La Fondation Senses, à travers « SuperSibs » veut apporter aux frères et sœurs d'enfants handicapés l'occasion de se soutenir mutuellement et de se former. Dans ce contexte sécurisant et confortable, les frères et sœurs peuvent partager ce qu'ils ressentent, ce qui les préoccupe ou les interroge et les problèmes qu'ils rencontrent. Ils y trouvent une atmosphère favorable au changement et à l'adaptation et ils se sentent 41 moins isolés grâce aux relations d'amitié qu'ils construisent; ils peuvent aussi évoluer vers des attitudes plus positives vis à vis de leurs frères ou sœurs en les comprenant mieux. « SuperSibs » offre un large éventail de solutions et de stratégies pour faire face au défi que représente la vie avec une personne handicapée. 17 frères et sœurs ont participé à l'atelier « SuperSIbs » le 9 Juillet, le plus grand groupe que nous ayons jamais eu. C'est fantastique de voir comment les familles s'engagent dans ce programme innovateur. La Fondation Senses continuera à valoriser et soutenir cette relation si unique entre les frères et sœurs. Notre prochain atelier « SuperSibs » se tiendra en octobre, au moment des vacances scolaires. Recherches en cours en Australie. En 2011, grâce à un don de Andrew and Nicola Forrest, de Fortescue Metals Group shares, la Fondation Senses a pu mettre en place deux projets de recherche couvrant les années financières 2012/2013 1) Une étude démographique visant à connaître la population des sourdaveugles en Australie. La Fondation Senses a commandé une étude basée sur les données recueillies par l'Enquête sur les Handicaps, le Vieillissement et les Personnels de soin, enquête effectuée par le Bureau Australien des Statistiques et portant sur tout le territoire. L'étude doit identifier: Le nombre de personnes présentant à la fois une déficience visuelle et une déficience auditive en Australie. L'âge et le sexe des individus; Leur répartition géographique et plus particulièrement ceux qui vivent en zone rurale ou dans des régions éloignées. Le degré d'activité et les limitations de participation afin de déterminer les besoins spécifiques des personnes présentant un double handicap sensoriel. En 2007, la Fondation Senses avait commandité la même étude en se basant sur le recensement de 2003. Le rapport qui en a été tiré, intitulé « ceux que l'on ne voit pas et que l'on n'entend pas », a constitué pour la Fondation Senses un document stratégique très utile pour justifier ses projets de développement et soutenir son argumentation eu égard au nombre et aux besoins des personnes sourdaveugles en Australie de l'Ouest. 2) Identifier quel type d'outil serait utile pour recenser les personnes présentant un syndrome de Usher en Australie. La Fondation Senses a commandé cette seconde étude pour identifier quel type d'outil serait utile pour recenser les personnes présentant un syndrome de Usher en Australie. Il est très important de dépister précocement le syndrome de Usher. Plus vite les parents et les professionnels connaissent le diagnostic de maladie de Usher, plus vite ils sont en mesure de mettre en place les programmes d'éducation spéciale qui concernent les pertes auditives et visuelles. Le diagnostic précoce permet aussi de prendre des décisions informées concernant le choix de la meilleure méthode de 42 communication pour un enfant sourd qui va perdre la vue. Le dépistage du syndrome de Usher est assez répandu en Amérique, au Canada et dans une partie de l'Europe grâce à des manuels de dépistage qui sont mis à la disposition des enseignants et des écoles d’infirmiers. Par contre, de tels programmes de dépistage n'existent pas actuellement en Australie. Une fois l'outil de dépistage identifié, la Fondation Senses envisage de faire campagne pour que soit mis en place un processus de dépistage associé au dépistage de la surdité chez les nouveaux-nés qui fonctionne déjà sur toute l'Australie de l'Ouest. Information sur la surdicécité (Deafblind Information) « Deafblind Information » est une ressource en ligne d'information que la Fondation Senses met à la disposition de tous ceux qui veulent se documenter sur la surdicécité. On y trouve des récits de vie de personnes sourdaveugles qui donnent une idée de ce que veut dire vivre avec une surdicécité. Les personnes qui souhaiteraient partager ainsi leur expérience sont les bienvenues sur le site web. Le lien vers « Deafblind Information » : www.deafblindinformation.org.au Registre australien des enfants déficients visuels. Le Registre australien des enfants déficients visuels est géré par l'Institut Royal pour les Sourds et pour les Aveugles. C'est le premier registre d'enfants déficients visuels en Australie. Les premières données ont été collectées en 2009; elles fournissent d'importantes informations sur les pathologies oculaires et les types de déficience visuelle et sur les besoins qui en découlent. Cette base de données est aussi utilisées par les pouvoirs publics et par les chercheurs. VI Family Network, le site web où se trouve le registre peut être consulté sur www.vifamilynetwork.org.au . Les données les plus récentes peuvent être consultées sur www.deafblind.org.au/contentfiles/ACVIR%20newsletter%20august%202012%20(2).pdf . Qu'avons nous appris du projet « Let's connect » et vers où s'oriente- t-il maintenant. Le Projet « Let's connect » est financé par le V. V. Marshman Charitable Trust et coordonné par Able Australia. Il a démarré pour 3 ans en 2009. Il avait pour but de sensibiliser les services sociaux à la surdicécité et d'aider les personnes sourdaveugles, les familles et les professionnels à se faire connaître, ceci dans chacun des états d'Australie. Des ateliers de formation se sont tenus dans toute l'Australie en 2010 et 2011 dans les villes suivantes: Melbourne (Victoria), Sydney (New South Wales), Brisbane (Queenland), Hobart (Tasmania), Perth (Western Australia), Darwin (Northern Territories) and Adelaide (South Australia). Formations de sensibilisation à la surdicécité Les formations de sensibilisation à la surdicécité se déroulent sur deux demijournées: la première porte sur la surdicécité congénitale et s'appuie sur le travail effectué par le DbI Communication Network; la seconde porte sur la surdicécité 43 acquise. Les 147 participants représentent un large éventail de professions et de services: auxiliaires de soins, travailleurs sociaux, professionnels du handicap, professionnels de l'éducation précoce, consultants pour l'emploi, instructeurs en locomotion, référents de dossiers et enseignants. Ateliers aidant les personnes sourdaveugles à se faire connaître. Des intervenants des Commissions officielles Antidiscrimination et pour l’Égalité des Chances ont été invités à présenter les droits garantis par la loi et les procédures de saisie des tribunaux; des représentants de l'organisation de défense Blind Citizen’s Australia sont aussi intervenus sur les mêmes sujets. 49 personnes ont participé à ces séances à Melbourne (8), Sydney (20), Brisbane (8) and Perth (13) . Le coût de l'interprétation et de la prise de notes pour les personnes sourdaveugles a été assuré par le sponsor du projet (V. V. Marshman Charitable Trust). En outre, des dons en nature ont été fournis par d'autres organisations australiennes comme Able Australia, la Fondation Forsight , la Fondation Senses , Deaf Services Queensland, Guide Dogs Tasmania et l'Ecole de Kilparrin Ce que nous avons appris d'important dans ce projet La participation directe et complète des personnes sourdaveugles à des sessions d'information exige de considérables dispositifs de soutien: aides à la communication (boucle magnétique, interprètes en langue des signes visuelle ou tactile, preneurs de notes), aménagement des locaux (éclairage, tables adaptées pour l'interprétation), assistance pour le transport, information écrite en formats adaptés, assistance pendant les pauses, y compris guide voyant pour aller aux toilettes et accompagnement au moment des repas. Pour des ateliers très fréquentés, le coût de l'interprétation peut se révéler très élevé. Ainsi, pour l'atelier qui s'est tenu à Sidney, chacun des 7 sourdaveugles complets a eu besoin de 2 interprètes en langue des signes tactile; et pour l'ensemble de ceux qui ont des restes visuels, il a fallu deux interprètes en langue des signes cadrée et deux preneurs de notes. Il faut donc prévoir un budget très important quand on organise ce genre d'atelier. Futures orientations Les participants à ces ateliers ont largement manifesté leur satisfaction et leur souhait de renouveler plus souvent l'expérience. Une réunion de représentants des personnes sourdaveugles, des professionnels et des services (d'Australie de l'Ouest, d'Australie du Sud, du New South Wales et du Queensland) s'est donc tenue en Mars 2012 pour discuter des prochaines étapes. Tous ont exprimé le besoin de se rencontrer plus souvent pour se soutenir mutuellement et pour faire connaître les besoins des personnes sourdaveugles d'Australie. Le V. V. Marshman Charitable Trust a accepté de prolonger le projet pour trois ans. Ce projet comporte maintenant les éléments suivants: une rencontre nationale deux fois par an, la mise en place coordonnée d'un réseau social sur l'Internet pour diffuser l'information sur la surdicécité, un stage annuel de sensibilisation à la surdicécité pour les services, les familles et les professionnels dans les régions rurales, et une formation à la communication électronique pour deux personnes sourdaveugles vivant en milieu rural, chaque année. 44 Meredith Prain Able Australia [email protected] Canada Deafblind Ontario Services. Fondée en 1989, Deafblind Ontario Services est, en Ontario, la plus importante des organisations sans but lucratif gestionnaire de services accueillant, en établissement ou en milieu ordinaire, des adultes sourdaveugles congénitaux. Notre modèle vise à offrir à nos 50 clients une aide centrée sur la personne en s'ajustant à ses désirs, préférences et capacités; elle fait appel pour cela à des « intervenors » spécialement formés. Nos services en milieu ordinaire comportent les programmes REACH, SEA et Tremplin. Le programme REACH apporte une expertise et un soutien aux adultes sourdaveugles ou aux personnes déficientes sensorielles ayant divers problèmes de communication et qui vivent dans leur famille, dans des services médicalisés, dans des familles d'accueil, dans des appartements spécialisés, dans des dispositifs de soins spécifiques, etc... Le programme Sensory Exploration Arts (SEA) – les Arts de l'Exploration Sensorielle – a été conçu pour promouvoir et développer l'expression et la création artistique chez les personnes présentant des déficiences sensorielles. On trouve parmi les participants des clients du Deafblind Ontario Services ou venant d'autres dispositifs pour personnes présentant des déficiences sensorielles ou physiques. Ce programme s'inspire du programme « Arts and Wellbeing » (Art et Bien- être) de SENSE Scotland. Dans le cadre de ses services en milieu ordinaire, le Deafblind Ontario Services a ajouté l'an dernier une nouvelle page à son modèle en lançant un nouveau programme au nom français, Tremplin. Ce nouveau modèle s'adresse aux personnes sourdaveugles de la région d'Ottawa dont les familles sont francophones. Nous sommes heureux d'offrir ce service en milieu ordinaire, le premier du genre, à quatre personnes sourdaveugles. Le programme Tremplin associe les aspects institutionnels et communautaires du programme REACH. Il convient parfaitement à des personnes dont les familles préfèrent que leurs enfants profitent de la stabilité d'un hébergement dans la famille tout en tirant profit, pendant la journée, d'un programme communautaire qui leur permet de développer leur autonomie. Deafblind Ontario Services s'est assuré la disponibilité d'une maison dans la ville d'Embrun, dans la périphérie d'Ottawa. Cette maison sert de base au programme Tremplin, et quand les clients et leurs familles se sentiront prêts pour un hébergement à temps plein, elle sera à leur disposition pour les accueillir 24H/24, 7j/7. Deux des quatre clients de Tremplin y ont d'ores et déjà emménagé tandis que les deux autres y viennent durant la journée. Comme l'illustre bien le programme Tremplin, pour Deafblind Ontario Services, c'est 45 la diversité des besoins des personnes sourdaveugles qui doit définir la nature des services et non l'inverse. Le programme Tremplin a dû relever un défi linguistique, car les Francophones d'Ontario utilisent une langue des signes différentes, la LSQ (Langue des Signes Québécoise). Le respect de la culture de nos clients et des familles impose donc le recours à des “Intervenors” parfaitement bilingues. La plupart d'entre eux sont formés à domicile dans le cadre du programme TOUCH TM. Ce programme, spécialement conçu pour développer les compétences des “Intervenors”, inclut une formation aux méthodes de communication totale et explique le rôle de l'”Intervenor”. Il n'a pas été facile de trouver un formateur en LSQ, dans la mesure où la plupart d'entre eux résident dans la province voisine du Québec. La province d'Ontario devra appliquer en 2014 une Loi relative à la l'utilisation de la Langue Française dans les Services. Dans certaines régions (Ottawa en particulier), les services devront être disponibles à la fois en anglais et en français. Nous recevons la plupart de nos financements du gouvernement provincial, mais pas un seul dollar n'est prévu pour la traduction de nos documents ou de notre site web, etc. Les dispositions que nous avons dû prendre pour avancer sur ce sujet ont été prévues dans notre plan stratégique. L'offre de services à la communauté francophone implique la mise en œuvre de nouveaux partenariats locaux. Nous sommes impatients de voir comment nos deux clients vont vivre leur nouvelle expérience de résident sur le site de Tremplin et comment les autres vont profiter du programme de jour qui leur est offert. Susan Monahan Manager of Community Development DeafBlind Ontario Services [email protected] www.deafblindontario.com Facebook: www.facebook.com/deafblindontarioservices Twitter: @DeafBlindON Guatemala Les amis de FUNDAL et FUNDAL: Un organisme américain à but non lucratif soutient le travail de FUNDAL, une école pour sourdaveugles au Guatemala Ce n'est qu'au moment où, tout juste descendue de l'avion, j'ai pénétré dans le nouveau bâtiment de l'école pour enfants sourdaveugles de FUNDAL que j'ai vraiment réalisé 46 le travail de préparation qu'avaient effectué en amont, à des centaines de kilomètres, les amis de FUNDAL. J'ai adhéré aux « Amis de FUNDAL » sans aucune connaissance de la surdicécité, mais je m'étais rendue déjà plusieurs fois au Guatemala ; les merveilles de cette « terre de l'éternel printemps » et la gentillesse de ses habitants m'avaient toujours impressionnée. De plus, ayant enseigné l'anglais pendant 30 ans, je connaissais les « Ah !!! » de surprise des élèves découvrant quelque chose de nouveau, un « Ah !!! »qui doit ressembler à ce que ressentent les enfants sourdaveugles quand ils réalisent qu'on peut communiquer avec les mains. Je connaissais le plaisir de voir des enfants apprendre à lire et à écrire. Je savais à quoi ressemble un environnement soutenant avec des professionnels dévoués et s'intéressant à des élèves dont ils savent louer les progrès. J'aimais appartenir à une communauté dédiée à l'éducation. C'est exactement ce que j'ai rencontré à FUNDAL, l'unique école pour sourdaveugles du Guatemala. FUNDAL est une organisation sans but lucratif qui a démarré en 1997. Elle développe des programmes d'éducation pour des enfants sourdaveugles qui présentent souvent d'autres déficiences. FUNDAL, (Fundación Guatemalteca para Niños con Sordoceguera = Fondation Guatémaltèque pour les enfants sourdaveugles) prend en charge une cinquantaine d'élèves dans ses trois écoles (Mixco, près de Guatemala City, Quetzaltenango et Huehuetenango qui se trouvent dans l'ouest du pays). FUNDAL entretient une étroite collaboration avec les familles de ses élèves pour que les parents et les frères et sœurs reprennent ce qui a été appris quand les élèves retournent chez eux. Le programme de soutien à domicile de FUNDAL permet le maintien des apprentissages mais aussi la construction d'une véritable communauté avec les familles des élèves. Les valeurs promues par FUNDAL sont très importantes : chacun doit être traité avec respect et dignité et familles et professionnels doivent travailler ensemble ; mais c'est d'abord l'amour qui inspire le merveilleux travail que cette école effectue. Au printemps 2012, j'ai pu visiter avec ma famille les nouveaux locaux de FUNDAL, en compagnie de Diana Sinabaldi, la fille des fondateurs de FUNDAL qui ont construit cet espace plein de promesses qui doit ouvrir dans les mois qui viennent. Nous avons bavardé dans ce large espace couvert, encore en construction, et qui nous a paru parfaitement adapté à l'accueil de familles venues de très loin pour rechercher de l'aide. Sur les côtés, de petites salles individuelles peuvent faciliter les interactions en petit groupe. Tout l'espace est très lumineux, grâce aux fenêtres latérales et au puits de lumière placé au centre du bâtiment. Pendant que mes enfants, âgés de 9 et 10 ans, riaient en regardant par la fenêtre un chien et des poules, nous admirions le miracle de travail technique qui a permis la transformation d'un espace escarpé et inutile en un bâtiment à plusieurs étages destiné à l'enseignement et au soutien aux familles. C'est alors que nous avons rencontré les parents de Diana, Helen et José Bonilla, dont l'amour pour un petit enfant sourdaveugle a abouti à la vision de l'école de sourdaveugles la plus importante de toute l'Amérique Centrale. Ma famille et moi avons donc été accueillis dans l'école par la famille Bonilla, avec des mots très chaleureux et sincères. « ce travail est aussi le vôtre », m'ont- ils dit. C'est à ce moment là que j'ai réalisé que cette école était plus qu'un bâtiment sentant la peinture fraîche et doté de rampes d'accès couvertes pour aller d'un étage à l'autre en fauteuil roulant. Cette école appartenait maintenant au rêve qu'avaient fait ces parents pour leur fils Alex et nous, les amis de FUNDAL à Raleigh, nous faisions aussi partie de ce rêve. C'est Grace Bullen qui a eu la vision des Amis de FUNDAL ; mère de deux enfants 47 adoptés au Guatemala, elle a travaillé avec des personnes sourdaveugles comme bénévole, comme interprète professionnelle en langue des signes et comme instructrice en locomotion. Au retour d'une période de bénévolat à FUNDAL en 2007, elle a eu l'idée de fonder les Amis de FUNDAL. La Société des Amis de FUNDAL (Friends of FUNDAL – FOF) a vu le jour quelques années plus tard grâce au soutien d'autres parents adoptifs et de professionnels intéressés. Elle est enregistrée à Raleigh, en Caroline du Nord comme Association sans but lucratif (type 501 (C)(3)). Les Amis de FUNDAL aident l'école au niveau de l'éducation précoce et de la formation professionnelle. La vision de Grace est maintenant partagée par les membres du Conseil d'administration, les donateurs et divers contacts. Ce réseau se développe et agit pour aider les enfants sourdaveugles ou multihandicapés, ainsi que leurs familles. Il cherche à faire connaître ces handicaps et à aider financièrement les projets de FUNDAL, de la construction d'équipements à la formation de personnels. Les Amis de FUNDAL se donnent aussi pour mission de mettre à disposition ressources, services et programmes pour d'autres organisations guatémaltèques agissant auprès d'enfants ou adolescents sourdaveugles et de familles. La relation entre l'association américaine à but non lucratif et l'école guatémaltèque ne cesse de se développer : Diana Bonilla Sinabaldi de Soto s'est rendue plusieurs fois aux États- Unis, l'an passé, dans la région du Triangle en Caroline du Nord. Elle a raconté l'histoire du parcours de sa famille avec les élèves apprenant l'espagnol à l'école Ste Marie et aussi avec ceux qui préparent le Baccalauréat International à la Faculté de Broughton. Elle s'est entretenue autour d'un café avec des administrateurs des sociétés SAS (une entreprise de logiciels) et Verizon Communications ; elle a pu parler au groupe « Business after hours » de la Chambre de Commerce Espagnole de Caroline du Nord ; elle a aussi participé à une émission de la station de radio La Mega où elle a pu expliquer ce qu'était le travail de FONDAL à des centaines d'auditeurs de la région. La relation qui s'est établie entre les deux organisations concerne aussi directement la famille Bonilla, les familles de Raleigh et au delà. Mes enfants et moi envisageons de travailler un jour comme bénévoles pour FUNDAL et je ne serais pas surprise que tous les deux se lancent dans des professions en lien avec la surdicécité quand ils seront plus grands. Les dons à FUNDAL peuvent faire l'objet d'une déduction fiscale aux États- Unis. Les dons aux Amis de FUNDAL sont donc les bienvenus ; ils serviront à transmettre notre message et à poursuivre le travail d'éducation et de formation des jeunes sourdaveugles ou qui présentent un autre handicap, grâce à des subventions permettant de financer et de développer les programmes qui leurs sont destinés. Si vous voulez soutenir le travail de FUNDAL ou simplement mieux connaître son action, il suffit de consulter le site suivant : www.fundal.org.gt www.friendsoffundal.org Votre intérêt et votre soutien sont les bienvenus et nous aimerions beaucoup que vous fassiez partie de notre grande famille. Wynn Cherry Raleigh, North Carolina USA Member of the Board, Friends of FUNDAL 48 Irlande Rapport de Ges Roulstone sur Deafblind Ireland Deafblind Ireland a tenu son conseil d'administration et son assemblée générale le 22 septembre 2012 à Longford. Le conseil s'est félicité du travail effectué au cours de l'année, en particulier de la tenue, le 25 février, de la 3ème conférence sur la surdicécité à l'Université Nationale d'Irlande sur le campus de Maynooth, dans le comté de Kildare. C'est avec fierté que la conférence a accueilli Gill Morbey pour sa première intervention en tant que présidente de DbI. Dans son discours d'ouverture, Gill a brillamment traité du thème de la conférence « Construire des ponts », en tant que maman d'un fils sourdaveugle et directrice générale de SENSE UK, une très importante organisation gestionnaire de services auprès des personnes sourdaveugles et de leurs familles. A l'occasion de cette conférence, le premier cours sur la surdicécité à l'usage des professionnels a été lancé. 27 personnes y ont participé la première année, à la satisfaction de tous. Ceux qui réussi à suivre les 5 modules recevront un certificat de fin d'étude lors de la prochaine conférence annuelle de Deafblind Ireland, en février 2013. L’association vient aussi de recruter le Dr Kathleen Deasy comme cadre chargé du développement. En plus de l'organisation de ce cours et de l'organisation de la conférence annuelle, Kathleen aura la responsabilité d'aider au développement des services, et en particulier de mettre en place notre première journée des familles qui se tiendra en avril 2013. Ges Roulstone Président de Deafblind Ireland [email protected] Japon “ Nous sommes vos yeux et vos oreilles!” Le Centre de Services pour Sourdaveugles 'SMILE » a été mis en place en 1999 par des personnes sourdaveugles à Osaka, Japon. SMILE organise un ensemble de services pour que les personnes sourdaveugles puissent mener une vie active et être reconnus comme membres à part entière de la société japonaise. Comme partout ailleurs, les personnes sourdaveugles font face à tout instant à des défis sans nombre. La question de la santé mentale est au premier plan de ces difficultés. Beaucoup se sentent isolés et mal compris de leur entourage, et les services ou ressources susceptibles de les aider à surmonter ces difficultés sont encore trop rares. Les activités de loisir sont peu accessibles. Tout cela conduit à une augmentation du stress et donc à une détérioration de la santé et du bien-être en général. Dans certains cas extrêmes, certains ont même perdu la vie. 49 C'est pourquoi les personnes les plus engagées dans la défense des personnes sourdaveugles au Japon ont été confrontées à une surcharge de travail et à un stress important. Pour commencer, « SMILE » a effectué avec succès une demande de financement auprès de la société Pfizer Inc., le plus grand laboratoire pharmaceutique du monde. Quatre objectifs essentiels ont été établis dans le cadre de ce projet : 1) recherche sur la santé et le stress des personnes sourdaveugles, 2) Soutien entre pairs, 3) Recherche documentaire, 4) création d'un réseau. Nous espérons que cette recherche permettra de mieux comprendre le stress qu'éprouvent les personnes sourdaveugles. L'une de nos activités consiste à organiser un soutien entre pairs. Grâce à ce soutien, nous avons pu établir un climat de confiance avec les personnes sourdaveugles. Forts de ce succès nous avons mis en place des formations de cadres et développé notre réseau afin que les personnes sourdaveugles comprennent mieux leur propre situation de handicap et que les personnes qui vivent avec et autour d'elles se rendent compte de ce qu'est ce handicap. Les 48 personnes sourdaveugles engagées dans ce projet (à peu près un quart des 200 personnes sourdaveugles identifiées au Japon ) ont répondu à un questionnaire. Cet échantillon est relativement important, mais il faut certainement considérer que le nombre de sourdaveugles au Japon est beaucoup plus important. L'âge de nos 48 participants (24 femmes et 24 hommes) s'étale de 20 à 70 ans. Leurs systèmes de communication sont les suivants : Braille (5), langue des signes (25), prise de notes (1), voix (17). Cette liste est tout à fait représentative des systèmes de communication utilisés par les sourdaveugles au Japon. Nous avons aussi organisé des entretiens de 2 à 3 heures pour nous faire une idée aussi bonne que possible de leur histoire de vie personnelle. Les enseignements majeurs de ces entretiens : Beaucoup ont renoncé à leurs activités de loisirs et à leur hobby en raison de leur perte auditive et visuelle. Les inégalités de qualité de vie sont très importantes. Beaucoup ne peuvent pas communiquer avec leur famille au delà de « le dîner est prêt », ou « c'est l'heure du bain », etc. Certains ont une formation de masseur- kinésithérapeute, d'acupuncteur ou en moxibustion (une médecine chinoise traditionnelle), mais ils ne peuvent exercer leur métier, faute de poste disponible. Et s'ils ont la chance d'avoir un emploi, ils ont tellement de difficultés pour communiquer avec leurs clients ou collègues, qu'ils finissent par renoncer à leur travail. La plupart d'entre eux ne sont pas satisfaits de leur situation et ne voient pas d'autre issue que de vivre en institution le jour où leur vision et leur audition se seront complètement détériorées. L'une des personnes interviewées nous a dit que « quand elle perdrait son audition, elle divorcerait et quitterait sa famille pour vivre en institution. » Bien que préoccupants, les résultats de ces entretiens nous mettent face au défi de comprendre ce qu'il serait possible de faire pour aider ces personnes à améliorer leur qualité de vie et conserver leur autonomie. Le travail en réseau 50 Les personnes sourdaveugle nous ont fait part de leur difficulté à s'adonner à leur hobby ou à participer à des activités de loisir. Le travail en réseau permet de trouver des idées pour aider chacun à s'intéresser à son hobby et à profiter d'activités récréatives. Nous envisageons de continuer ce travail de partage d'expérience et de pratiques en incluant des personnes qui n'appartiennent pas à notre réseau. Formation de cadres En devenant sourdaveugles, beaucoup tendent à devenir plus passifs et à abandonner ce qu'ils faisaient avant. Il faut reconnaître que la surdicécité est un handicap si grave qu'il faut beaucoup de temps, d'énergie et de moyens financiers pour continuer ses activités. Cette formation de cadre cherche à montrer qu'il est possible de mener à bien ses projets. Ceci dit, il nous faut bien reconnaître que cela n'est possible qu'à la condition que l'accessibilité s'améliore et que le handicap soit mieux compris du reste de la société. C'est dans les domaines de l'accessibilité et de l'information au public que nous devons mieux nous faire connaître. Pour mieux le faire dans notre pays, SMILE doit apprendre de l'expérience des autres pays. Nous faisons appel à nos lecteurs pour qu'ils partagent avec nous toute information ou recommandation susceptible d'améliorer notre pratique. Nous serions heureux que vous preniez contact avec nous. Il suffit de nous envoyer un mail. Vos commentaires et suggestions nous serons d'une grande utilité pour aller plus loin dans notre aide aux personnes sourdaveugles. Chacun d'entre nous se refuse à voir de nouveau une personne perdre sa vie à cause de sa surdicécité. Travaillons ensemble face à ce défi. Nous avons eu le plaisir d'être interviewés à propos de notre projet par le plus grand magazine du monde, « Big Issue » en Novembre 2012. Nous espérons qu'un jour viendra où les gens ne connaîtrons pas seulement Helen keller mais qu'ils prendront conscience qu'un de leurs voisins est peut-être, lui aussi, sourdaveugle. Akemi Fujii and Shin Kadokawa SMILE fujii@deafblind- smile.org www.deafblind-smile.org Jordanie Une école intégrée pour sourdaveugles en Jordanie En apparence, l'éducation en intégration exclut par définition les écoles spécialisées. Comment donc une école spécialisée qui se caractérise par l'accueil de personnes handicapées pourrait-elle se considérer comme représentative d'un modèle où des élèves handicapés côtoient des élèves non handicapés ? L’institut pour sourds « Holy Land » de Salt en Jordanie a élaboré une solution d'avant garde. Comme le dit son directeur « il suffit de changer les paramètres de ce qui est considéré comme normal. Au lieu de prendre comme référence les communautés maîtrisant l'écrit, pourquoi ne pas prendre celles qui pratiquent, pour communiquer, la langue des signes et demander à tous les élèves, enseignants et autres personnels de parler cette langue ? ». Cette école jordanienne accueille des personnes sourdes, des entendants, des 51 malentendantes, des sourds avec handicap mental ou physique associé, des sourds infirmes moteurs- cérébraux, etc.. L'unité de sourdaveugles qui accueille et éduque actuellement 9 enfants a été agrandie pour recevoir 6 enfants supplémentaires. Les élèves sourds accueillent leurs pairs sourdaveugles et interagissent avec eux de façon formelle ou informelle. Cet environnement paraît idéal : Les enfants sourdaveugles sont peu susceptibles d'être accueillis ailleurs, étant donné le caractère limité et inhabituel de leurs compétences communicatives initiales ; par contre, les enfants sourds ont tout ce qu'il faut pour apprendre en leur compagnie, étant donné leur maîtrise de la communication visuelle ou tactile. En accueillant des personnes présentant des handicaps associés (ou pas), l'Institut « Holy Land » a montré le chemin pour la mise en place d'une politique d'intégration dans des écoles spécialisées. Pour être efficace, une telle stratégie nécessite l'identification des points forts de l'école spécialisée pour ensuite accueillir des enfants au compétences différentes mais qui réagissent positivement à ces points forts. Grâce à sa maîtrise unique de la communication tactile et visuelle, une école dédiée à la communauté des sourds est certaine d'assurer pleinement le maintien d'un environnement en langue des signes. Dans un tel contexte, la langue des signes n'est pas associée à une déficience, mais à une culture spécifique – comme ce devrait toujours être le cas. L'école est spécialisée non pas à cause de la déficience des élèves, mais à cause du caractère particulier de leur langage qui diffère de celui de la majorité, comme c'est le cas dans les écoles en langue « étrangère ». Toute autre approche serait incapable de tirer profit des points forts naturels des élèves (ceux qui sont sourds et ceux qui ont des handicaps associés) et ne pourrait donc être considérés comme pratiquant l'intégration. Comme le prouvent Hamzeh (sourd) et Mohammed (sourdaveugle), l'intégration à l'Institut pour sourds « Holy Land » est en plein développement. William Stell L'institut pour sourds « Holy Land » ( Holy Land Institute for the Deaf = HLID) L’Institut pour sourds « Holy Land » appartient à l’Église Épiscopale Arabe de Jérusalem et du Moyen Orient. Il a été inauguré par Sa Majesté le Roi Hussein en 1964. Vision: HLID a pour but que les malentendants, les sourds et les sourdaveugles aient toute leur place dans la famille et dans la communauté, et qu'ils apportent leur inestimable et unique contribution à une société qui les intègre. Mission: HLID met en place et développe un ensemble de services efficaces et efficients pour la Jordanie et le Moyen Orient. Il s'agit en particulier d'assurer une éducation de qualité pour les sourds, de diffuser la connaissance, de former des enseignants, de développer les compétences et les valeurs et de produire du matériel et des ressources pour l'éducation. L'unité pour sourdaveugles de HLID qui a vu le jour en 2001, est la seule du genre dans tout le Moyen Orient. Elle apporte espoir et capacité d'agir à 4 garçons et 4 filles âgés de 4 à 17 ans. Pour Rehab Haddad, le principal de l'école, « Seul un patient et consistent effort d'enseignement permet à ces jeunes existences d'exercer tout leur potentiel. Chaque jour, les personnels détectent chez ces enfants le moindre petit progrès. Voir un enfant sourdaveugle plus âgé venant en aide à un plus jeune est un 52 spectacle remarquable, tout autant que d'observer un enfant sourd venant en aide à un enfant sourdaveugle et découvrant tout ce que cette activité lui permet de découvrir. Peut-être sommes nous les témoins d'un nouveau paradigme de l'intégration scolaire. Pour plus d'information, contacter: Br. Andrew A.L. de Carpentier, Exec.Director, Holy Land Institute for the Deaf in Salt, Jordan P.O.Box: 15, Salt 19110, Jordan Tel.: +962 5 355 49 53 Fax:+962 5 355 49 51 Email: [email protected] 1 William Stell est un ancien étudiant du Wheaton College à Wheaton, Illinois. Il travaille actuellement comme volontaire à HLID à Salt, en Jordanie. Il prévoit de s'inscrire au Master of Divinity à la Duke Divinity School. Kenya La Présidente de DbI au Kenya Tout comme je me suis rendue en Suède en Novembre 2012 à la conférence ADBN, j'ai eu le plaisir de combiner mes fonctions au sein de SENSE et SENSE International avec celles de Présidente de DbI à l'occasion d'une visite au Kenya en Novembre 2012. SENSE international est engagé dans plusieurs programmes au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Geoffrey Atieli, directeur de SENSE International en Afrique de l'Est m'a proposé de rendre visite à nos partenaires, ce qui m'a permis de rencontrer des gens merveilleux et de voir en direct leur travail. Mon intérêt pour la formation professionnelle m'a permis de visiter l'école de sourds de Kerugoya qui dispose d'un département de formation professionnelle. Mututi, le responsable de l'unité pour sourdaveugles m'a présenté ses élèves. J'ai eu beaucoup d'intérêt à découvrir toute la gamme des formations offertes aux élèves : menuiserie, tissage, horticulture, élevage et toutes sortes de d’activités manuelles. Un grand merci à Jaycee Mwangi, le directeur adjoint, et à Grace Murimi, la responsable pédagogique de Kerugoya qui a pris le temps de me rencontrer. J'ai aussi pu visiter un magnifique programme à l'école de Kilimani dont la philosophie est l'intégration scolaire. La façon dont les enfants sans handicap, les déficients visuels et les sourdaveugles sont pris en charge en intégration m'a vraiment impressionnée. M. Wasike, le directeur, les membres du Conseil d'Administration et les personnels m'ont fait un accueil exceptionnel. Rose Kaati,la responsable de l'unité pour sourdaveugles m'a présentée aux enfants et à son équipe. J'ai pu voir tous les 53 produits qu'ils fabriquent. Les enfants nous ont offert un spectacle de chants et de danse. J'ai aussi visité le service de soutien au familles à Kibera (une grande zone de bidonvilles). Hannah Mwangi, la coordinatrice, et son équipe, suivent 25 sourdaveugles et leur famille. Leur travail a été pour moi une vraie source d'inspiration, tout comme celui qu'effectuent tous les professionnels que j'ai rencontrés et dont l'engagement s'exerce dans un contexte souvent très difficile. Au cours de ce voyage, on m'a souvent parlé de Joe Morrissey et du rôle- clé qu'il a joué pendant de très nombreuses années, dans la mise en place de ces services. Joe, ce fut un privilège pour moi de visiter ces écoles, de découvrir comment elles ont grandi, et de voir comment les enfants se développent. Gill Morbey, Présidente de DbI. Les personnes déficientes visuelles et sourdaveugles du Malawi réagissent à l'introduction récente d'une nouvelle devise par la Banque Centrale du Malawi. Selon le Nyansa Times du 10 juin 2012, la banque Centrale du Malawi pourrait bien se voir contrainte de retourner à la table de dessin pour revoir la conception et le mode d'impression des nouveaux billets de banque récemment mis en circulation ; en effet rien n'a été conçu pour que les personnes aveugles puissent les reconnaître et les utiliser. La Banque Centrale n'a absolument pas tenu compte des personnes présentant une cécité ou une basse vision au moment de mettre en place l'impression des nouveaux billets banque. La consultation de l'Union des Aveugles du Malawi et de la Fédération Africaine des Sourdaveugles n'a pas été menée à son terme. L'Union des Aveugles a exprimé son mécontentement auprès de la Banque Centrale pour n'avoir pas été consultée et avoir mis sur le marché des billets de banque qui sont tous de la même taille mais avec des valeurs différentes. Le Directeur exécutif, Ezekiel Kumwenda s'est exprimé ainsi: « La banque était supposée revenir vers nous avant l'émission des nouveaux billets de banque, mais elle ne l'a pas fait ; le résultat, c'est que les billets ne sont pas conçus de façon appropriée ; ils sont donc inutilisables par les personnes aveugles puisqu'elles ne peuvent pas les différencier. » Il aurait fallu des points en relief sur les billets. Ezekiel Kumwenda reconnaît qu'ils existent mais ils sont trop petits. L’Union des Aveugles a donc saisi la Banque Centrale qui a promis de s'occuper du problème. La porte-parole de la Banque Centrale, Ralph Tseka, a confirmé avoir reçu la plainte et a affirmé que la banque étudierait le problème 'bientôt ». Lancement d'une campagne de sensibilisation. Plutôt que de mettre en place une nouvelle émission de billets de banque, la Banque Centrale a réagi à la plainte en finançant une campagne de sensibilisation auprès des usagers concernés ; cette campagne vise à expliquer comment reconnaître ces nouveaux billets à partir des éléments en relief. La campagne de sensibilisation s'est donc déroulée sur tout le Malawi, du 29 juillet au 54 14 août 2012. Ont participé à ce projet l'Union des Aveugles du Malawi, la Fédération Africaine des Sourdaveugles, l'Association des Déficients Visuels ou Auditifs et la Banque Centrale du Malawi. Cette campagne de sensibilisation avait deux objectifs : apprendre aux Aveugles et Sourdaveugles du Malawi à reconnaître les billets et pièces en cours et leur montrer comment différencier les vrais des faux billets. Elle a suivi la méthodologie suivante : collecter les suggestions sur de futures adaptations nécessaires pour les personnes sourdaveugles ; expliquer le rôle de la Banque centrale ; proposer des techniques permettant aux déficients visuels et à ceux qui les assistent de reconnaître les côtés pile et face des billets ainsi que d'autres aspects de ces billets ; montrer les techniques qui permettent de détecter les faux et de manipuler efficacement les billets, etc. Les objectifs de le campagne de reconnaissance des billets ont été atteints quand les personnes sourdaveugles ont été mieux formées à l'utilisation des nouveaux billets, quand elles ont su différencier vrais et faux billets et quand elles ont eu la possibilité d'exprimer librement leurs suggestions pour d'éventuels nouveaux billets, etc. Au cours de cette campagne, les personnes aveugles et sourdaveugles ont fait les observations suivantes : les billets de différentes valeurs ont souvent la même taille ; les couleurs des différents billets sont difficile à distinguer ; on mélange facilement les visages imprimés sur les billets parce qu'on ne sait pas qui est dessiné sur quel billet ; les indices tactiles (points en relief et épaisseur) ne permettent pas de reconnaître la valeur du billet. Le seul point de satisfaction concerne le fait que les nouveaux billets permettent de transporter de grosses sommes dans une petite poche ! La campagne s'est heurtées aux problèmes suivants : certains sourdaveugles qui habitent très loin n'ont pas pu venir, faute de remboursement des frais de transport et de repas ; les routes étaient parfois impraticables, ce qui a causé des retards importants pour atteindre le lieu prévu pour l'information ; à certains endroits, le nombre de jours alloués à l'information était insuffisant, etc.. Nos recommandations en cas de nouvelle émission de billets : accorder la taille des billets à leur valeur (ex : la taille la plus grande pour le billet de 1000 K, et la plus petite pour le billet de 20 K) ; les couleurs des billets doivent être différentes ; les indices tactiles doivent être renforcés et différents pour chaque billet ; les personnes aveugles ou sourdaveugles doivent être pleinement associées à la préparation d'une nouvelle émission de billets. La fédération Africaine des Sourdaveugles Ezekiel Kumwenda E- mail: [email protected] Royaume- Uni Un forum de l'amitié au Royaume- Uni Colin Anderson a été chaleureusement accueilli lors de sa récente visite au Wigston Forum dans le Leicestershire. Quand les membres du Sense’s Wigston forum se retrouvent pour leur réunion 55 mensuelle, c'est en vieux amis qu'ils se saluent: « Comment ça va Ron ? ». « Ta vue est- elle toujours gênée par ces éclairs ? » « Pas d'inquiétude, tu t'y feras. » Ils font attention les uns aux autres, s'échangent des tuyaux et abordent avec humour les difficultés que la vie leur apporte. En fait, ils ne se connaissent que depuis un an et il leur a fallu un peu de temps pour établir des liens de confiance. Certains ont connu le centre par leur église locale et d'autres par les services sociaux ou le centre local de ressources pour les problèmes de vision. « C'est incroyable le nombre de gens qui ont des problèmes de vision et d'audition par ici » constate June Jones, l'une des participantes. « C'est ça qui est beau dans ces forums – on y voit comment chacun essaie de s'en sortir. » La plupart des participants ont des problèmes visuels et auditifs, mais leurs conjoints sont aussi les bienvenus. Ces rencontres leur apportent du soutien et ils sont parfois mieux placés pour assurer l'organisation pratique. « Ce forum est merveilleux » nous dit Pat Turnbull dont le mari a une double déficience sensorielle, « grâce à lui, notre vie vaut la peine d'être vécue ». Aujourd'hui, après quelques bavardages autour d'un tasse de thé, June explique le fonctionnement d'un lecteur- CD qui lui permet d'utiliser les livres parlants de l'Institut Royal des Aveugles. Elle explique comment il marche et le fait circuler pour que chacun puisse l'essayer. Ensuite, Fred Osbourne présente à tous « Albert et le lion », un monologue fameux de Stanley Holloway ; les rires et les applaudissements fusent de partout. La plupart du temps, ce sont les membres du groupe qui prennent en charge les activités du forum et qui organisent les réunions à venir. L'un d'entre eux propose de partir ensemble en vacances. Tout le monde trouve que cette bonne idée suscitera certainement des discussions animées lors de la rencontre du mois suivant. Améliorer le transport en bus. Le Wigston Forum effectue un travail de sensibilisation à la surdicécité. Michael Cartwright, directeur général de Arriva Buses, a été récemment invité pour discuter des problèmes relatifs au service local de bus. Ainsi, certains participants ont rapporté être tombés suite à un démarrage trop brutal ou à des secousses au moment de l'arrêt ; la température est aussi ressentie comme trop élevée : elle n'est pas confortable pour les chiens guides et pour les déficients visuels qui arrivent difficilement à repérer quand leur bus arrivera à destination. La réunion a apporté un certain nombre de résultats pratiques : Un formateur d'Arriva assistera à la prochaine réunion pour prendre en compte les problèmes liés au handicap et former les chauffeurs à un freinage en douceur. Mr Cartwright proposera au conseil d'administration d'ajouter un signe distinctif « Sourdaveugle » sur les cartes d'abonnement pour que les passagers qui le souhaitent puissent informer le chauffeur de leur double déficience sensorielle. Il s'assurera aussi auprès des techniciens d'Arriva que les chauffages sont bien éteints en été. Les membres du forum enverront une lettre pour demander la mise en place d'annonces sonores et suivront l'introduction d'équipements audio. Les membres de forum ont remercié Mr Cartwright d'être venu. « J'ai l'impression que la visite de Michael Cartwright à notre forum a été très constructive, » a dit Lynda Jones : « Nous avons pu lui faire part de nos besoins spécifiques et de nos 56 problèmes et nous avons reçu beaucoup d'information utile. » Pour plus d'information à propos des forums de l'amitié, contacter :Colin Anderson [email protected] Ouganda L'intégration des Sourdaveugles dans le système éducatif en Ouganda Par Mr Eria Paul Njuki, MA (Professeur à l’Université de Kyambogo), Mr Locoro Victor, MA (membre du Conseil Académique de Kyambogo) et Mme Nicoline Mostert, MA (Responsable de projet en Ouganda, Kentalis International) Le cadre La question du handicap en général a fait l'objet d'une grande attention en Ouganda depuis deux ans. Cette orientation avait été particulièrement affirmée dans de nombreux textes, y compris la Constitution de la République d'Ouganda (1995). Malheureusement, la mise en œuvre de ces textes, comparée à d'autres secteurs de développement, est restée très limitée (Kandyomunda, Ingdal, Qutteina & Mogen, 2012). En fait, comme dans de nombreux pays, le nombre de personnes sourdaveugles en Ouganda n'est pas connu. C'est pourquoi le développement de services dédiés aux personnes sourdaveugles en Ouganda est resté dans les mains des Organisations NonGouvernementales, avec à leur tête SENSE International – Afrique de l'Est. Au cours des dernières années, SENSE International (Ouganda) et ses organisations partenaires ont soutenu des initiatives locales par des aides financières ou de l'expertise technique en direction des familles et des institutions. L'effort a surtout consisté à faire connaître la surdicécité, à soutenir les écoles accueillant des enfants sourdaveugles et à aider le développement d'activités communautaires où ce sont les familles qui s'occupent des enfants. Pourtant, il reste beaucoup à faire en termes de compétence professionnelle, dans la mesure où il n'existe pas de programme de formation pour ce type de déficience très particulier. Pour qu'un plus grand nombre de professionnels contribuent à l'établissement d'un système de prise en charge solide pour les personnes sourdaveugles d'Ouganda, Sense International Uganda et Kentalis International, en partenariat avec l'Université de Kyambogo, ont lancé un projet de 3 ans visant à développer la formation professionnelle des personnes qui travaillent avec des personnes sourdaveugles. En 2011, un état des lieux des besoins en formation a été entrepris à partir des objectifs suivants : Analyser les besoin des personnes sourdaveugles ou multihandicapées sensorielles dans les communautés. Analyser les compétences, le nombre et les besoins des professionnels dont la spécialité est la surdicécité ou le multihandicap sensoriel. Construire un programme pédagogique réalisable au niveau de l'université pour : former des enseignants 57 former des professionnels de la surdicécité au niveau des communautés. Définir le profil de compétence des formateurs d'enseignants pour sourdaveugles ou multihandicapés sensoriels. Les résultats de l'enquête ont montré que : La formation d'enseignants et de professionnels au niveau des communautés capables de travailler avec des sourdaveugles ou des multihandicapés sensoriels est un besoin urgent si on veut que les enfants sourdaveugles d'Ouganda aient accès à une éducation et à des services de qualité. La formation professionnelle en Ouganda devrait comporter d'abord un certificat de formation pratique, puis un cours aboutissant à un diplôme d'enseignant. Les compétences des formateurs de l'Université de Kyambogo devraient être les suivantes : interaction, communication (tactile), langue des signes et braille, orientation et mobilité, psychologie et neurologie, connaissance de la façon dont les personnes sourdaveugles se représentent le monde, conseil et guidance au niveau des communautés et capacité à concevoir un programme pédagogique. Où en sommes nous ? Plusieurs activités ont été réalisées depuis la diffusion de l'enquête sur les besoins : Un mémorandum présentant un diagnostic partagé a été signé en Décembre 2011 par l'Université de Kyambogo (Ouganda) Sense International (Ouganda) et Kentalis International (Pays- Bas) ; il prévoit que le Département des Besoins Spéciaux de l'Université mettra en place un nouveau programme dédié à la surdicécité. Ce projet s'étale sur 3 ans (2011 – 2014). Visites et formations : D'octobre à décembre 2011 : deux formateurs de l'Université de Kyambogo ont bénéficié d'une formation aux Pays- Bas où ils ont pu avoir des échanges à propos de leur expertise et des programmes pédagogiques. De mai à août 2012 : des professionnels de Kentalis International ont organisé à Kampala une formation portant sur l'orientation et la mobilité, la communication et l'interaction, la langue des signes tactile et l'évaluation. En septembre- Octobre 2012 : deux professeurs de l'Université de Kyambogo ont été formés par l'équipe multidisciplinaire pour les sourdaveugles au Centre de Diagnostic de Kentalis International. Un programme aboutissant à la délivrance d'un diplôme a été mis au point pour les enseignants, les parents, les professionnels des communautés et les autres professionnels travaillant dans ce secteur. Ce programme se déroule sur deux semestres. Il est en cours d'accréditation par l'Université de Kyambogo. Plusieurs réunions d'experts se sont tenues pour faire le lien entre tout ce qui a été appris lors des visites et des formations assurées par Sense International (Ouganda), l'Université de Kyambogo, Kentalis International et les autres donateurs. Ces réunions avaient pour but de planifier les activités à court et long terme et de mettre en place les financements et les ressources techniques nécessaires à la réalisation de la formation par l'Université de Kyambogo. Toutes les activités antérieures avaient été financées pas Cordaid (Pays- Bas) et coordonnées par Kentalis International et Sense International Ouganda. 58 Fiers et confiants. Les trois parties sont très fières des résultats atteints et confiantes dans la possibilité de lancer la formation en 2013. Ce programme formera un nombre suffisant d'experts qui amélioreront la qualité de l'éducation et des services offerts à la communauté des sourdaveugles en Ouganda. La perception musicale chez une personne sourdaveugle implantée Un nouveau documentaire intitulé « Musical Perception of a Deafblind Cochlear Implant User » (La perception musicale chez une personne sourdaveugle implantée) est sorti en novembre 2012. Ce DVD a été écrit et produit par Russ Palmer (un musicothérapeute) dont le premier implant a été posé en 2004 et le second en 2011. En février 2012, il s'est produit pour la première fois avec un orchestre comportant des guitares, une basse et une batterie. Ce concert s'est tenu à Helsinki, Finlande, au Finlandia Hall. Chanter et jouer avec un orchestre constituent un défi exceptionnel pour un sourdaveugle (dont les déficiences visuelle et auditive sont dues à la maladie de Usher). On trouvera dans ce DVD de 45 mn des interviews de professionnels, d'amis, de musiciens de l'orchestre ayant collaboré avec Russ pendant des années, et aussi des extraits du concert. La formation musicale de Russ date de son enfance ; il chantait et jouait de divers instruments avec son père. Il pratique surtout la guitare et le piano. Il compose luimême les musiques de ses chansons et il a sorti en 2009 son premier CD, Warm Summer Days, une biographie musicale. Son dernier DVD intéressera les fabricants d'implants, les chercheurs, les professionnels, les enseignants, les parents et les utilisateurs d'implants qui veulent explorer leur propre musicalité. Pour plus d'information, caontacter : Russ Palmer at [email protected] ou www.russpalmer.com The Ear Foundation sur www.earfoundation.org.uk Pour le Warm Summer Days CD: www.earfoundation.org.uk/shop/items/107 L'Association Danoise des Sourdaveugles (FDDB) annonce: Parution de la version anglaise de l'ouvrage sur la Communication Haptique. L'Association Danoise des Sourdaveugles (FDDB) est fière de présenter la version anglaise de notre ouvrage sur la Communication Haptique, système utilisé pour offrir à des personnes sourdaveugles des descriptions visuelles en dessinant sur leur dos. La communication haptique est un système complémentaire qui permet aux personnes sourdaveugles de savoir en direct ce qu'il se passe autour d'eux et comment les gens réagissent. 59 103 Haptic Signals (Signaux Haptiques) – un livre de référence Ce livre rassemble les signaux haptiques les plus utilisés par les personnes sourdaveugles ou malentendantes et malvoyantes au Danemark. Ces signaux ont été mis au point sur plusieurs années par des personnes sourdaveugles danoises. Il peut être utilisé pour de la formation ou pour aller plus loin dans la découverte de la communication haptique. Nous espérons que les signaux haptiques feront partie intégrante des stratégies d'interprétation des données visuelles pour les personnes sourdaveugles. La FDDB pense que tous les sourdaveugles du monde devraient connaître la communication haptique. Prix: 13 Euros On peut acheter le livre en contactant FDDB par e mail: [email protected] Version pdf gratuite FDDB offre l :a possibilité aux individus ou associations de télécharger une version gratuite en pdf, à partir de notre webpage www.fddb.dk/udgivelser/boger- pjecer- og-kataloger Ce que disent les personnes sourdaveugles danoises à propos des signaux haptiques : « Je n'irai plus jamais à une réunion sans signaux haptiques sur mon dos ». « Avec les signaux haptiques, c'est vraiment différent – maintenant, je sais quand les personnes me répondent en souriant et je sais aussi ce qu'il se passe autour de moi ». « Maintenant, quand je rencontre des gens, je peux vraiment participer. Avant, je ne savais jamais quand parler ou sourire ». Kirsten Malmbak (Présidente de la FDDB) and Pia Hesse (Chargée de l'information) The Danish Association of the DeafBlind (FDDB) Blekinge Boulevard 2, 2630 Taastrup, Denmark Email: [email protected] Nouvelles des réseaux Acquired Deafblindness Network Liz Duncan Email: [email protected] Website: www.adbn.org CHARGE Network Andrea Wanka Tel: ++496251939797 Fax: +4916090309876 Email: andrea- [email protected] 60 Communication Network Ton Visser Email: [email protected] Employment Network Diana Bonilla Sinibaldi Tel: +(502) 52089291 Fax: (502) 24347934 Email: [email protected] EDbN Ricard Lopez Manzano Tel: +34- 678- 712-619 Fax: +34-678- 782- 600 Email: [email protected] Website: www.edbn.org Latin America Network Sandra Polti ARGENTINA Email: [email protected] Outdoor Network Joe Gibson Tel: 4+4 (141) 429-0294 Email: [email protected] Rubella Network Nancy O’Donnell Tel: + 516- 944- 8900 x326 Fax: +516-944- 7302 Email: [email protected] Siblings Network Sabine Kersten Tel: +32 476 612 879 Email: [email protected] Social- Haptic Communication Network Dr. Riitta Lahtinen & Russ Palmer Tel: + 358 40 522 4201 Email: [email protected]; [email protected] Tactile Communication Working Group Bernadette Van den Tillaart Tel: +1- 740- 426-6728 Fax: +1-740- 426- 6728 Email: [email protected] 61 Usher Study Group Emma Boswell Email: [email protected] Outdoor Network (Réseau des activités de plein- air) Un rapport de Joe Gibson sur la première activité du « Outdoor Network » dans les Highlands en Ecosse. Pendant la dernière semaine de septembre 2012, nous étions 34 personnes dont 8 sourdaveugles d’Écosse, d'Angleterre, de Norvège et du Danemark (sans compter une équipe de tournage norvégienne et écossaise de 6 personnes) à nous rendre à Aviemore, dans le Nord-Est des Highlands en Écosse. Nous avons établi notre base pour toute la semaine à la Glenmore Lodge, le Centre Ecossais d'Activités de Pleinair. Lundi A l'heure de déjeuner, les norvégiens de Sømådalen, arrivés la veille au soir, ont visité TouchBase, le siège de SENSE Scotland à Glasgow. Une fois ma voiture chargée d'équipements, nous sommes tous partis vers le nord en tout début d'après midi. A notre arrivée à la Glenmore Lodge, nous avons rencontré les participants écossais et anglais qui, déjà arrivés, étaient en train de préparer notre dîner. Venus de Glasgow par une route touristique, les Norvégiens de Sømådalen nous ont rejoints plus tard. Ensuite, ce sont les Norvégiens de Andebu qui, tard dans la soirée, sont arrivés en voiture, depuis l'aéroport, sous en pluie torrentielle. Nous avons dîné tous ensemble, puis après avoir organisé notre répartition dans les chambres, nous avons passé le reste de la soirée ensemble. Mardi Le lendemain matin, les Danois d'Aalborg sont arrivés après le petit déjeuner. Nous avons passé la matinée à nous organiser : j'ai présenté nos instructeurs et nous avons discuté des activités proposées. Aujourd'hui, ce sera un trajet partant de la montagne avec arrivée à notre base. Après avoir été déposés au parking « Sugar Bowl », nous nous sommes mis en route sous une pluie battante, avec Nick, notre instructeur du jour. Le parcours comportait quelques passages abrupts, mais tout le monde s'en est sorti et la pluie n'a pas entamé notre bonne humeur. Nous nous sommes regroupés pour une halte déjeuner à l'endroit où la rivière se jette dans le Loch Morlich. Après le repas, certains ont choisi de traverser la rivière en se guidant avec une corde tendue tandis que d'autres ont préféré retraverser les bois pour retrouver un pont. Sur l'autre rive, des canots nous attendaient pour traverser le Loch Morlich jusqu'au centre de sports aquatiques ; de là nous sommes revenus à la Glenmore Lodge. Tout le monde a pu se changer et se réchauffer avant un dîner de « Dagfin Bowls » : chacun s'est découpé un morceau de poulet et choisi des légumes, puis a enveloppé le tout dans une feuille d'aluminium ; la cuisson s'est effectuée dans un four ; normalement on fait cela sur un feu de bois, mais la pluie nous a obligés à cuisiner à l'intérieur. Après 62 dîner, nous avions la piscine à notre disposition. Nous avons pu aussi essayer les harnais d'escalade pour le lendemain. Mercredi Ce matin, après notre réunion de préparation, nous nous sommes mis en route à pied vers les collines du côté de la forêt de Glenmore. Il pleuvait toujours, mais il faisait moins froid que la veille. Au bout de deux kilomètres, notre large sentier de marche s'est arrêté. Nous nous sommes regroupés pour le déjeuner ; puis, à notre grand étonnement, la pluie a cessé et le soleil est revenu ! Après le déjeuner, nous avons suivi un sentier étroit comportant quelques sections très difficiles. Nous avancions lentement, mais tout le monde a réussi à atteindre la section où une rampe de corde avait été installée. Le magnifique « Green Lochan » nous attendait au bout du chemin ; ensuite le retour à la base s'est effectué facilement (certains ont profité du Landover, le véhicule de secours en montagne!). Après nous être tous changés et réchauffés, les Danois ont allumé un feu près de la rivière, à l'arrière du Lodge, tandis que tous les autres m'ont aidé à monter deux tipis. Une fois les tentes installées, nous sommes descendus vers le feu de bois pour un dîner de viande et de pommes de terre, assis près du brasier près de la rivière. Après dîner, certains sont allés au bar, et d'autres ont dormi dans les tipis. Jeudi Aujourd'hui chacun peut choisir son activité, mais tout le monde a décidé d'aller au sommet du Cairngorn en funiculaire. Tout près de l'un des plus hauts sommets d’Écosse, nous avons pu contempler tout le Parc National de Cairngorn et acheter des souvenirs. Dans la soirée, nous avons dîné dans un restaurant écossais : pommes de terres écrasées, « stovies » et boudin noir. Murray, un participant écossais, nous a joué de l'accordéon et récité de la poésie écossaise – nous avons même dansé ! Les Danois ont dû partir tard dans la soirée du Jeudi et tous les autres ont quitté le lieux le lendemain matin, après une semaine chargée, humide, mais fantastique. Ainsi s'est terminée la première activité organisée par le DbI Outdoor network. Ce fut un grand succès et tout le monde est reparti plein de souvenirs à partager. Cette semaine nous a donné l'occasion d'échanger sur les activités de plein-air et sur la nature de notre réseau. Merci à tous ceux qui se sont impliqués dans ce grand événement. Joe Gibson, Sense Scotland DbI Outdoor Network Email: [email protected] Réseau ADBN Rapport de Liz Duncan : Au moment où j'écris ce texte, je repense à notre conférence du début novembre à Lund, en Suède. Des délégués du monde entier ont eu la joie de se retrouver à l'occasion de cet événement très réussi ; ils ont pu y partager des connaissances, des expériences et aussi des questions ayant trait à la surdicécité acquise. Nous n'avions 63 jamais pu offrir autant de présentations dans nos ateliers où tous les continents étaient représentés. Les thèmes abordés ont été très variés : depuis les apports de la technologie à la vie quotidienne jusqu'à un témoignage sur ce qu'est la vie quand on est à la fois sourdaveugle et professionnel. L'intérêt de cet événement était d'autant plus grand que beaucoup de délégués assistaient pour la première fois à cette conférence internationale bourdonnante d'idées. Au nom du Comité Organisateur, je voudrais remercier officiellement tous les conférenciers et présentateurs pour le travail remarquable qu'ils ont effectué. Le Comité Local a accompli un travail formidable et j'espère qu'un mois après ils continuent à éprouver la fierté d'avoir réussi à mettre en place cette conférence. J'espère aussi qu'ils sont maintenant retournés à la vie normale. Beaucoup de gens ont été surpris que nous ayons pu faire autant en l'espace de 2,5 jours – ils ne s'attendaient pas à ce que ce soit aussi fatigant, mais les occasions de se retrouver, d'apprendre et de partager sont rares et précieuses ; ils fallait donc en tirer le meilleur parti possible. Il n'est jamais simple pour le Comité de Coordination de décider de ce qui doit être inclus dans le programme ou non. Les commentaires des participants pendant et après la conférence sont donc très utiles, parce qu'ils éclairent les choix à faire lors des conférences suivantes. Donc, si vous avez assisté à cette conférence, n'hésitez pas à nous dire que vous en avez pensé ! J'ai eu beaucoup de plaisir à parler avec tout le monde pendant la conférence et à recevoir des nouvelles à mon retour. Beaucoup sont venus avec des idées et des intérêts innovants ; des contacts nouveaux se sont établis – c'était exactement notre souhait et nous avons eu le bonheur de voir se réaliser. Ceux qui veulent en savoir plus sur la conférence ou regarder des photos peuvent se rendre sur le site www.skane.se/adbn2012 . Le Réseau Surdicécité Acquise ne cesse de grandir dans le monde entier ; il nous faut donc trouver le moyen de maintenir nos contacts entre les conférences. Les lecteurs qui auraient des idées à ce propos et qui souhaiteraient se joindre à notre Réseau sans avoir la possibilité de se rendre aux conférences peuvent nous contacter. Nous recherchons activement toutes les idées qui nous permettraient de mettre les gens en contact et de connaître leurs attentes et leurs points de vue. Le Comité de Coordination s’attelle maintenant à la préparation de la Conférence de 2014. Elle sera organisée par SENSE à Belfast en Irlande du Nord. Belfast est une très belle ville ; elle vaut le déplacement. Nous vous espérons donc nombreux à assister à la conférence et, qui sait, rester quelques jours à visiter la région. Bien à vous. Liz Duncan Email: [email protected] Réseau Communication Tactile Rapport de Bernadette Van Den Tillaart : C'est en 2001 que des professionnels Européens et Américains ont créé le Réseau Communication Tactile, sous les auspices de Deafblind International (DbI). Ce groupe 64 s'intéresse aux idées et suggestions pratiques relatives à la communication tactile avec les Sourdaveugles Congénitaux. Les premiers membres, Bernadette Van Den Tillaart, Barbara Miles, Gunnar Vege and Barbara Bettenmann, ont pu se rencontrer grâce au soutien financier de Viataal (maintenant Kentalis) et Zentrum Tanne, puis de Perkins International et de Andebu Dovblinde Senter. Quand Barbara Bettenmann a dû se retirer du groupe en raison de ses obligations professionnelles en Suisse, Paul Hart nous a rejoint et Sense Ecosse s'est ajouté aux autres soutiens financiers. Nous tenons à exprimer à ces organisations et à Deablind International notre gratitude pour leur soutien. Au cours des années, nos discussions et notre travail d'analyse vidéo ont évolué ; après avoir travaillé sur les techniques et sur les progressions pédagogiques ou développementales, nous nous sommes intéressés à la question plus fondamentale de ce que représente l'expérience de la surdicécité congénitale dans un riche univers tactile. Les retours que nous avons reçus lors de nos présentations aux conférences DbI ont confirmé la justesse de la direction que nous avions prise. Pour aller plus loin dans le partage, nous nous sommes mis à travailler sur un film. Le paysage du toucher « Le paysage du toucher » c'est ce que ressentent les personnes – sourdaveugles ou entendantes- voyantes – quand elles explorent, interagissent et communiquent dans un monde tactile. Quand nous parlons de sourdaveugles, nous entendons aussi bien les adultes que les enfants. Toute personne qui voit et entend doit changer radicalement de perspective pour comprendre ce qu'est le monde quand on ne peut l'atteindre que par le toucher, comme c'est le cas pour les sourdaveugles congénitaux. Quand, au cours d'une interaction, les expériences tactiles se mettent à faire sens pour les deux partenaires, une base commune se construit à partir de laquelle il sera possible d'explorer de nouveaux environnements, de développer une communication qui fasse sens et de construire des amitiés. On trouvera dans notre DVD des images qui nous montrent précisément ce changement de perspective, indispensable si on veut pénétrer ce monde riche d'expériences tactiles qu'habitent les personnes sourdaveugles. Le titre du DVD « Le Paysage du Toucher » veut rendre compte du contraste entre les paysages distants, le plus souvent associés à un monde visuel, et les paysages à portée de main, qui s'appuient sur le toucher. Nous avons décidé d'éliminer toute parole et toute terminologie, afin que rien ne viennent perturber l'attention sur les mains, les pieds et les corps des personnes sourdaveugles en interaction avec le monde extérieur. Nous ajouterons des informations complémentaires sur le site de DbI à l'intention de ceux qui veulent en savoir plus. Un accès universel. L'absence de paroles rend le film accessible à tous, au delà de cultures et des langues. Après avoir terminé le film en 2010, nous nous sommes attelés à l'édition d'un guide d'utilisation et à l'organisation pratique de la publication avec l'aide de Sense Scotland et de Perkins International. Le DVD est aussi accessible aux aveugles et sourdaveugles grâce à une audio description et à la publication sur le site de DbI du film et de l'audio description en texte et en langue des signes. 65 Le guide d'utilisation L'exploration d'un territoire aussi inconnu que le paysage tactile peut créer malaise ou incompréhension. Nous avons voulu que chacun puisse regarder le film aussi confortablement que possible afin d'être en mesure de s'ouvrir à l'expérience tactile. Le guide comporte donc des suggestions sur la façon d'approcher le film au cours de formations en groupe ou dans le cadre du travail quotidien avec des personnes sourdaveugles. Il permet de s'ouvrir à des réflexions, des discussions, des activités de simulation et de trouver des idées pratiques. Nous recommandons donc fortement aux formateurs ou aux utilisateurs individuels de prendre connaissance de ces suggestions avant de regarder le DVD ; Nous espérons qu'avec ce DVD, sourdaveugles et entendants/voyants se comprendront mieux et qu'ils s'engageront ensemble avec bonheur dans l'exploration de ce monde tactile où nous vivons tous. Bernadette Van Den Tillaart Email:[email protected] Réseau Communication Sociale- Haptique Rapport de Riitta Lahtinen and Russ Palmer : Ce message nous donne l'occasion de clarifier les buts et objectifs de notre nouveau réseau qui a été reconnu par DbI en juillet 2012. Pour le moment, ce réseau rassemble des professionnels, des personnes sourdaveugles et des familles qui souhaitent partager leur expérience de l'utilisation des méthodes et techniques de communication sociale-haptique. La communication sociale- haptique inclut des aspects haptiques (les messages tactiles) formés à partir d'haptèmes (éléments grammaticaux). Les messages tactiles sont échangés directement entre deux personnes (ou plus) dans un contexte social. Buts et objectifs du Réseau Mettre en place un réseau international destiné à l'échange d'idées et d'expériences. Diffuser de l'information et organiser des formations en direction des personnes présentant des déficiences visuelles et/ou auditives et des personnes sourdaveugles. Organiser des réunions, des ateliers et des séminaires Collaborer au niveau international pour l'écriture d'articles Développer la recherche sur la communication sociale- haptique. Activités Des symposiums internationaux et des séminaires ont été organisés en collaboration avec différents instituts. La première conférence « Touch You Touch Me » (Touche Toi, Touche Moi) a eu lieu a Helsinki en 2010. Le premier cours national sur la communication haptique a vu le jour en Finlande. D'une valeur de 3 crédits, il s'adresse aux professionnels, y compris les interprètes, et il a été mis en place en collaboration avec le réseau. Un cours d'initiation à la communication sociale- haptique a aussi été mis en place à Nottingham, au Royaume- Uni, grâce à la Ear Foundation (une organisation de familles et de professionnels concernés par l'implant cochléaire) et aussi près de 66 Londres grâce à la Royal Association for the Deaf (RAD). Événements à venir : Symposium sur la l'accessibilité et la multimodalité en communication, Turku, Finlande, 30-31 mai 2013. Articles publiés : Lahtinen, R., Palmer, R. & Ojala, S. (2012). Visual Art Experiences through Touch using Haptices. Procedia – Social and Behavioral Sciences 45, 268-276. www.sciencedirect.com/science/journal/18770428/45 Palmer, R., Lahtinen, R. & Ojala, S. (2012). Musical Experiences and Sharing Musical haptices. Procedia – Social and Behavioral Sciences 45, 351-358. www.sciencedirect.com/science/journal/18770428/45 Pour en savoir plus que le Séminaire « Touch You, Touch » Helsinki, Finland, 2010: www.pcnnet.org/index.php?page=pressevents&type=0&itemid=9 Pour plus d'information sur les messages sociaux rapides: www.kuurosokeat.fi/social_quick_messages/ Dr Riitta Lahtinen, communication researcher Email: [email protected] Russ Palmer, music therapist. Email: [email protected] Web: www.russpalmer.com Pré- conférence de Deafblind International (DbI) sur le Syndrome CHARGE. 24 Août 2013 , Lille France Annonce Le Réseau CHARGE de DbI (www.dbicharge.org ) organise une pré-conférence le 24 Août 2013, juste avant la 8ème Conférence Européenne DbI. Elle se tiendra à Lille/France, à l’Hôtel Ibis Lille, Centre Gares (29 avenue Charles Saint- Venant, 59000 Lille, France) (à 10mn de marche du Grand Palais où se tiendra la Conférence Européenne). Horaire : 08:30 à 17:00. Deux thèmes feront l'objet d'un travail approfondi: LES COMPETENCES SOCIALES ET EMOTIONNELLES LA COMMUNICATION Si vous êtes intéressé et souhaitez en savoir plus, contacter [email protected] Or [email protected] Or [email protected] VENEZ AVEC NOUS! 67 Réseau des Frères et Sœurs Rapport de Sabine Kersten : Des événements, heureux ou tristes, survenus au début de cette année, m'ont clairement montré que le lien entre frères et sœurs peut avoir beaucoup d'importance. Les frères et sœurs se montrent des trucs, rient ensemble, se bagarrent ; ils se disputent et apprennent à se réconcilier ; ils se consolent mutuellement quand l'un est triste ou a mal ; ils partagent leurs secrets et leurs expériences. Mais à quel point tout cela est-il différent quand un frère ou une sœur a un handicap ? Quand la communication n'est pas vraiment facile, quand on n'arrive pas vraiment à jouer ensemble ? Comment avoir une relation solide avec un frère qui ne rentre à la maison que deux WE par mois ? A certains moments de la vie, on peut se sentir jaloux ou rejeté par des parents dont l'attention se porte essentiellement sur le frère aîné. Il arrive qu'on s'énerve et qu'on se mette en colère parce qu'on ne sait pas quoi faire dans cette situation si particulière. Comment établir un lien avec une sœur qui pique des colères au point de vous faire mal parce qu'elle n'arrive pas à s'exprimer ? Comment établir un lien avec une sœur dont vous avez honte ? Comment établir un lien avec un frère ou une sœur quand vous avez peur des conséquences possibles du handicap ? Quand on ne sait absolument pas ce qui pourra lui arriver ? Quand on s’inquiète pour son avenir ? Les frères et sœurs ont beaucoup de question et ils ont besoin de réponses. Leurs inquiétudes peuvent les perturber. La réponse à ces questions et à ces inquiétudes est d'abord l'accès à l'information. Tout comme les parents, les frères et sœurs ne cessent de vouloir savoir. La conférence Européenne de DbI aura lieu en Août 2013. A cette occasion, le Réseau Frères et Sœurs s'efforcera d'être présent pendant la conférence pour partager information et expérience. J'espère vous y rencontrer ! Sabine Kerstin [email protected] Réseau Communication Rapport de Ton Visser: Notre groupe s'est retrouvé à Groningen (Pays- Bas) le 27 septembre 2012. Nous avons repris les thèmes de discussion soulevés dans notre dernier rapport : poursuivre la discussion sur le Programme du Master de l'Université de Groningen, organiser la publication d'un Journal en Open Access, continuer notre travail de recherche et publier un nouveau livre « Apprendre des Personnes Sourdaveugles ». Nous avons surtout travaillé sur la préparation du notre journal en Open Access. Nous envisageons de publier le premier numéro au moment de la Conférence de Lille, en France en Août 2013. 68 Nous aurons deux réunions de travail sur notre prochain livre : l’une en décembre 2012 et l'autre en mars 2013. Lors de notre première séance de travail, nous avions envisagé d'écrire une suite aux 4 Booklets initiaux (déjà publiés) et d'y inclure des vidéos illustrant les concepts ; nous nous attellerons à ce travail à notre réunion de mars. J'espère avoir du nouveau sur tout cela lors de notre prochain rapport. Ton Visser Email: [email protected] Développement et mise à l'essai d'un système d'évaluation standard pour les personnes sourdaveugles de l'Ontario. Depuis 2004, le Dr. Dawn Guthrie (Université Wilfrid Laurier, Waterloo, Ontario, Canada) et des collègues chercheurs de l'Université de Waterloo (Waterloo, Ontario) travaillent à différents projets portant sur l'évaluation et sur la planification des services auprès des personnes sourdaveugles en Ontario. Voyons la description de ces trois projets : Projet N°1 : Développer un système d'évaluation pour les personnes sourdaveugles d'Ontario (2004- 2006). En Ontario, Le Ministère des Services Sociaux et Communautaires (Ministry of Community and Social Services - MCSS) finance les services d'intervenants (intervenors) auprès des personnes sourdaveugles. L'égalité de l'accès aux services pour les clients sourdaveugles a toujours été une préoccupation. C'est pourquoi le MCSS a décidé de financer un projet de recherche visant à développer un outil d'évaluation standardisé pour cette population. Ont collaboré à ce projet divers personnels du MCSS, des organisations gestionnaires de services et des experts de la conception d'outils d'évaluation pour personnes en situation de handicap. Cet outil devrait pouvoir identifier les besoins de chaque personne sourdaveugle sur le plan social et sanitaire et déterminer à partir de là la quantité de ressources à mobiliser pour que l'accès aux fonds disponibles soit équitable. Le Supplément Sourdaveugle [1] a été conçu comme un module nouveau s'ajoutant à l'interRAI Community Health Assessment (interRAI CHA).[2]. L' interRAI CHA a été développé par interRAI (www.interrai.org), une équipe internationale de recherche (sans but lucratif) formée de chercheurs et cliniciens en provenance d'une vingtaine de pays. L'interRAI CHA est un outil modulaire ; il comporte une évaluation de base commune et des outils additionnels traitant des points forts, préférences et besoins de sous groupes spécifiques. Le Supplément Sourdaveugle a vu le jour après une série de discussions et de retours de la part des organismes impliqués, des représentants de MCSS, des fournisseurs de services et des clients sourdaveugles. Un projet pilote a été mis en œuvre auprès de 182 clients bénéficiant déjà des services de MCSS. Les résultats de ce projet ont été publiés récemment [3,4]. Ils comportent une comparaison des groupes surdicécité acquise et surdicécité congénitale. Projet N°2 :Tester un outil d'évaluation standardisé pour personnes sourdaveugles en Ontario (2007-2008) 69 Le principal objectif de ce projet est de vérifier la fiabilité inter- évaluateurs du Supplément Sourdaveugles de l'interRAI CHA auprès d'un échantillon de clients de l'Ontario, Canada. 11 évaluateurs, ayant tous une expérience professionnelle de plusieurs années, ont participé à ce projet. 44 clients ont été évalués deux fois par deux évaluateurs différents afin de mesurer la fiabilité inter- évaluateurs de chacun des items ; 28 étaient sourdaveugles congénitaux et 16 présentaient une surdicécité acquise. L'indice kappa a servi de mesure de fiabilité. Le résultat s'est révélé satisfaisant, l'indice kappa moyen étant de .59 (sd=0,28). La fiabilité observée était aussi en cohérence avec d'autres éléments de l'interRAI (par exemple ceux qui sont utilisés pour les soins à domicile ou pour les soins de long terme). Au moment où le MCSS s'engage dans une mise en œuvre planifiée de cet instrument, ces résultats démontrant l'utilité de cette évaluation standardisée des personnes sourdaveugles viennent à point. Projet N°3 : Intégrer des éléments d'évaluation fonc tionnelle dans le système d'évaluation standardisé pour personnes sourdaveugles en Ontario (2009- 2010) A l'origine, l'outil actuel d'évaluation (le Supplément Sourdaveugle de l'interRAI CHA) a été conçu pour des personnes déjà diagnostiquées comme sourdaveugles. Les services de prise en charge et les organismes impliqués ont toutefois manifesté le besoin d'inclure dans les outils d'évaluation un système permettant d'évaluer comment les personnes utilisent fonctionnellement leur vision ou leur audition. Le but du projet en cours est donc d'inclure des éléments supplémentaires pour aider les professionnels à repérer les personnes qui sont fonctionnellement sourdaveugles, afin que leur soit fournie un prise en charge adaptée à leurs besoins. L'étude comporte un certain nombre de protocoles d'évaluation clinique (Clinical Assessment Protocols – CAPs) mis au point pour des personnes présentant une double déficience sensorielle. Ces protocoles sont déclenchés en fonction des réponses à l'outil d'évaluation. Ils mettent en relief les domaines pour lesquels les clients doivent faire l'objet d'une attention particulière. Ils ont été conçus par des professionnels experts et consistent en recommandations écrites suggérant des évaluations complémentaires, des orientations vers d'autres experts ou la mise en place de services adaptés. Ils sont conçus pour informer les services sur la marche à suivre la plus appropriée pour réorganiser la prise en charge de chaque client. A l'automne 2009, sera testée une étude pilote utilisant le Supplément Sourdaveugle de l'interRAI CHA et trois nouveaux protocoles d'évaluation clinique portant sur : la double déficience sensorielle, l'orientation et la mobilité, et la communication. Cet essai pilote doit inclure des entretiens avec les clients et les évaluateurs afin de comprendre comment fonctionne l'évaluation, quels problèmes se posent et quels changement sont à envisager dans le système actuellement en cours. Pour plus d'information, contacter : Dawn Guthrie, PhD Associate Professor Dept. of Kinesiology and Physical Education Wilfrid Laurier University Waterloo, Ontario, Canada N2L 3C5 70 Tel: (519) 884- 0710 x2590 Fax: (519) 747-4594 Email: [email protected] Bibliographie 1. Hirdes JP, Dalby DM, Curtin- Telegdi N, Poss JW, Stolee P, Strong G et al.. interRAI Deafblind Supplement to CHA: Guide for Use of the interRAI Deafblind Supplement Assessment Form (Canadian Version 9). 2007. Washington, DC, interRAI. 2. Morris JN, Berg K, Bjorkgren MA, Frijters D, Fries BE, Gilgen R et al.. interRAICommunity Health Assessment (CHA). Guide for use of the interRAI CHA assessment form, Canadian version 07. 2006. Boston, MA, interRAI. 3. Dalby D, Hirdes JP, Stolee P, Strong JG, Poss J, Tjam EY et al.: Development and Psychometric Properties of a Standardized Assessment for Adults Who Are DeafBlind. Journal of Visual Impairment and Blindness 2009; 103: 1-18. 4. Dalby D, Hirdes JP, Stolee P, Strong GJ, Poss J, Tjam EY et al.: Characteristics of Individuals with Congenital and Acquired Deaf- Blindness. Journal of Visual Impairment and Blindness 2009; 93- 102. Histoire de la Communication Sociale- Haptique Russ Palmer, musicothérapeute et Dr Riitta Lahtinen, chercheur en Communication Historiquement, la communication sociale-haptique a vu le jour quand les auteurs se sont rencontrés pour la première fois lors de la 10ème conférence mondiale de DbI à Örebro en 1991. Le premier article sur le sujet a été publié dans les actes de la 3ème conférence européenne de l'IAEDB à Potsdam en 1993 (Palmer & Lahtinen, 1994). Ces recherches sur le sens haptique ont donné aux personnes présentant une surdicécité acquise le cadre qui leur a permis de développer des méthodes de communication holistiques et interactives. Ce développement s'est étalé sur 20 ans. Le sens du toucher et le sens haptique permettent d'envisager deux types de communication : la communication sociale- haptique et la communication haptique ; il ne faut pas les confondre malgré leur apparente similitude. Elles ont des définitions différentes. On trouve la définition de la communication sociale-haptique dans la thèse doctorale de Lahtinen (2008) et dans Lahtinen, Lahtinen and Palmer, 2010. La communication sociale- haptique comporte des messages tactiles (des signes haptiques) qui sont formés à partir d'haptèmes, c'est à dire d'éléments grammaticaux. Par définition, la communication sociale-haptique se réfère aux messages tactiles échangés par deux personnes (ou plus), dans un contexte de communication sociale (de personne à 71 personne). Les méthodes de communication sociale- haptique sont habituellement associées à l'information linguistique. Il en résulte une qualité d'information plus approfondie pour l'utilisateur sourdaveugle ; ces méthodes permettent en même temps l'utilisation de raccourcis qui rendent l'information en temps réel plus fluide. La communication haptique se réfère par définition à l'information reçue par l'intermédiaire de dispositifs techniques ou d'objets impliquant le toucher : les manettes de contrôle des ordinateurs, les téléphones portables et tous les équipements impliquant le toucher (Voir Illustration 1). Ces dispositifs ont fait l'objet de démonstration lors des conférences internationales sur la recherche haptique (Lahtinen & Palmer, 2000; www.eurohaptic2012). La communication haptique concerne aussi l'exploration haptique d'objets perçus et explorés avec les mains ou les pieds. Il peut s'agir de lettres en relief, de modèles réduits en 3D et de répliques tactiles (Hutchinson, 2012). Développement historique de la communication sociale- haptique Les signes haptique pour « Oui » et « Non ». Les premiers signes haptiques identifiés ont été les messages « oui » et « non », et ceux qu signalent l'arrivée de quelqu'un dans l'espace personnel ou son départ. Ces premières idées ont été publiées dans l'ancienne revue de DbI (anciennement IAEDB), Deafblind Education (Palmer & Lahtinen, 1994). Une analyse plus complète des ces premières phases de développement a été menée dans le mémoire de licence de Lahtinen (2003). Certains éléments ont été publiés dans la DbI Review (Palmer & Lahtinen, 2005) et présentés à la 6ème conférence européenne de DbI en Slovaquie en 2005. Des cours d'initiation à ces méthodes ont été organisés pour le personnel de Sense Écosse en 1993 et plus tard, en 1990, au Danemark, en Norvège et en Finlande. La première publication académique a été effectuée avec l'Université de Manchester pour une module de formation (Lahtinen & Palmer, 2000). Le système n'a cessé de se développer au cours des années suivantes, incluant de nouveaux éléments à chaque étape. Lahtinen a aussi continué à rassembler des données à partir d’entretiens, de journaux de bords et de cours donnés dans toute l'Europe. Les messages sociaux rapides Les messages sociaux rapides appartiennent au tissu d'éléments qui permettent l'interaction sociale entre deux personnes ou plus. Les premiers éléments mentionnés plus haut font partie de ce groupe qui inclut aussi des messages tactiles indiquant l'arrivée d'une pause café ou thé, ou traduisant les manifestations corporelles des interlocuteurs, par exemple le rire ou les pleurs. Notons que le système consistant à nommer par un code tactile le nom des personnes qui pénètrent dans l'espace personnel a été introduit en même temps. Tout cela a été traduit en diverses européennes, y compris le russe (Lahtinen, 2007a & Lahtinen, 2007b; www.kuurosokeat.fi). La Main de Réponse Émotionnelle (Emotional Response Hand – ERH ) En même temps que les éléments de langage corporel ont été collationnés, le système basé sur la Main de Réponse Émotionnelle (figure 3) a été introduit à diverses conférences en 1996 (Lahtinen & Palmer, 1996 et 1997). L'objectif essentiel de ce système est de permettre à la personne sourdaveugle d'accéder aux expressions visuelles et non verbales de l'entourage. On peut l'adapter en fonction du système de communication utilisé : langue des signes, dactylologie, langue des signes tactiles ou 72 langage vocal. La Main de Réponse Émotionnelle peut agir sur le dos de la main représentant alors un visage (Lahtinen, 2008; Lahtinen, Lahtinen & Palmer, 2010), sur l'épaule, sur le dos ou sur la partie extérieure de la jambe si on est assis côte à côte. Les interprètes pour sourdaveugles peuvent utiliser ce système de façon très flexible. Emotional Response Hand (ERH), Lahtinen 2008. Description de l'environnement et cartographie corporelle. La description de l'environnement permet à la personne sourdaveugle de savoir ce qui se passe autour d'elle. Il s'agit par exemple pour un guide/interprète de l'informer sur les mouvement des gens présents et sur tout ce qu'il se passe, tout en prenant son café. On utilise pour cela des méthodes de description utilisant les mains ou tout le corps. On peut tracer sur le corps des cartes indiquant la position des tables, des chaises et des obstacles afin que la personne sourdaveugle puisse se construire une image mentale de ce qui l'entoure. On peut aller plus loin dans la description, en indiquant par exemple qu'une table a une forme particulière ou en décrivant les objets potentiellement dangereux. On peut tracer les directions sur le corps pour que la personne puisse localiser plus précisément les lieux et les personnes. Il existe aussi des techniques de cartographie corporelle spécifiques à certains contextes : le sport (bowling), les expositions, les spectacles ou l'informatique (localisation de la souris) (Lahtinen, 2008). Signes haptiques et haptèmes La différence entre signes haptiques et haptèmes correspond, pour les messages tactiles, à la différence entre mots et grammaire. Les haptèmes sont la grammaire du toucher : la pression (légère vs lourde), la vitesse (rapide vs lente), la localisation (dos de la main, dos ou épaule), le mouvement (circulaire, tapotement, de droite à gauche etc...) et la forme de la main (poing serré ou main plate). Les haptèmes sont comme les lettres dans un texte. Ainsi, la lettre « Y » ne signifie rien par elle- même ; mais si on ajoute un « e » et un « s », on obtient le mot « yes ». De la même façon, la localisation de la paume n'a pas de sens par elle- même, il faut y ajouter le tapotement de l'index droit pour forme le signe haptique YES (Lahtinen, 2008). Les signes haptiques sont des messages tactiles individuels, comme des mots tels que « oui », « non » « en colère », « fatigué », « heureux », « amoureux », « thé » ou « café ». Ces signes sont des combinaisons d'haptèmes. On peut exprimer toute une gamme d'émotions avec les signes haptiques, par exemple en changeant la pression ou la vitesse des haptèmes. Le signe haptique « Oui » peut être formé comme un « Oh Oui !! » emphatique, en augmentant la pression et la vitesse. On peut aussi passer de « Oui » à « Non » en modifiant l'haptéme mouvement (en passant du /tapotement/ à /de droite à gauche/) (www.kuurosokeat.fi/en). Grâce aux signes haptiques et aux haptèmes, on peut faire passer avec spontanéité et en temps réel le sens des émotions, du langage corporel et des gestes. Récits corporels Cette méthode est née à l'occasion d'une formation en « musicothérapie guidée par l'image », en 1995. Russ Palmer assistait à ce cours. Pour décontracter les participants, le formateur jouait un morceau de musique tout en racontant une histoire – exemple : «par une chaude journée d'été, tu te promènes sur la plage où les vagues viennent s'éteindre en clapotant». Le cours était donné dans une langue étrangère et traduire aurait détruit l’atmosphère recherchée. Face à cette difficulté, Riita Lahtinen, 73 l'interprète du moment, s'est mise à tracer des mouvements sur la main et les bras de Russ qui était allongé sur le sol. Ces gestes symbolisant la chaleur, la plage, la promenade, la mer etc., suivaient le déroulement oral de l'histoire. C'est ainsi que la notion de Récit Corporel s'est développée (Lahtinen & Palmer, 2005) en incluant toutes sortes d'éléments. Il est donc possible pour un professionnel ou un interprète de créer des histoires tactiles non verbales. Conclusion La communication sociale- haptique est une approche qui rend plus faciles et plus efficaces les interactions entre personnes sourdaveugles, membres de la famille, amis, interprètes et professionnels (Lahtinen 1999; www.fsdb.org ). Les personnes sourdaveugles ont accès à une information spontanée de meilleure qualité ; ils savent en temps réel ce qui se passe autour d'eux. La communication sociale- haptique est maintenant utilisée par les personnes présentant une surdicécité congénitale ou acquise, par des aveugles ou déficients visuels, par des personnes présentant des troubles de l'apprentissage, par des autistes ou par des malades en phase terminale. Elle est aussi utilisée par des universitaires, comme les phonéticiens, qui doivent se concentrer sur l'information auditive liée à leur recherche et qui ne doivent pas être perturbés par les autres sources sonores. En Juin 2012, DbI a approuvé la formation du Réseau Communication Socialehaptique. Ce réseau permettra eux professionnels et personnes sourdaveugles d'échanger et de partager leurs connaissances au niveau international avec le support de DbI. Par ailleurs, les auteurs organisent des formations (de 1 à 6 jours) sur la communication sociale-haptique ; ils collaborent aussi avec diverses organisations dans toute l'Europe. Bibliographie Hutchinson, D. (2012). A Sense of History. Historic Scotland, Spring 2012, 38- 40. Lahtinen, R. (1999) Holistic and Interactive Communication Methods. In Peckford, B. & Hawcroft, L. (Edit.) Proceedings of an International Symposium in Interpreting for Deafblind People. Prontaprint, Durham, UK, 64- 65. Lahtinen, R. (2003). Development of the Holistic Social- Haptic Confirmation System. A case study of the yes & no – feedback signals and how they become more commonly and frequently used in a family with an acquired deafblind person. Licenciate Thesis, Department of Teacher Education, University of Helsinki. Lahtinen, R. (2007a). Social- Haptisk Kommunikation. www.nud.dk/ publikationer/49 Lahtinen, R. (2007b). Sociala Snabbesked. www.nud.dk/ publikationer/48 Lahtinen, R. (2008). Haptices and Haptemes. A case study of developmental process in touch- based communication of acquired deafblind people. Doctoral Thesis, University of Helsinki, Finland. 74 Lahtinen, R. & Palmer, R. (1996). Holistic Family Communication, Spoken Language by Touch is more than just words. The 4th European Deafblind Conference, Finland (Espoo), June 1996. (Note: Not a DbI Conference) Lahtinen, R. & Palmer, R. (1997). Theoretical Basis of Holistic Communication for Dual-Sensory Impaired People & Family Members. EUSSG & 4th IAEDB (DbI) European Conference Proceedings, Madrid, Spain. Lahtinen, R. & Palmer, R. (2000). Holistic & Interactive Communication Methods with Acquired Deafblind People & Families – a Practical Approach. Joint Training Initiative, Distance Learning Course (incl. video). Manchester University, UK. Lahtinen, R. & Palmer, R. (2005). The Body Story: Creating Musical Images Through Touch (CMIT). City-Offset, Tampere, Finland. Lahtinen, R. & Palmer, R. (2008). Haptices and Haptemes – Environmental Information Through Touch. 3rd International Haptic and Auditory Interaction Design Workshop (HAID), Poster/demo, Jyväskylä, Finland. Lahtinen, R., Lahtinen, M & Palmer, R. (2010). Environmental Description for Visually and Dual Sensory Impaired People. Art- Print, Helsinki, Finland. Palmer, R. & Lahtinen, R. (1994). Communication with Usher People. Deafblind Education, July- December, 1994, p7- 9. Palmer, R. & Lahtinen, R. (2005) Social-Haptic Communication for Acquired Deafblind People and Family: Incorporating Touch and Environmental Information through Holistic Communication. DbI Review January – June 2005, p6- 8. www.fsdb.org What is deafblind interpreting? The definition of deafblind interpreting was approved by the board of the Association of the Swedish Deafblind (FSDB) 2 April 2008. www.kuurosokeat.fi/en/ (Social Quick Messages) www.eurohaptic2012 Further information: Dr Riitta Lahtinen [email protected] Russ Palmer [email protected] Website: www.russpalmer.com Organisation des services et recherche : accordons notre vocabulaire. Le monde de la déficience visuelle a adopté les termes « cécité » et « basse vision » 75 pour rendre compte de tout le spectre des déficiences visuelles (Goodrich, Arditi, Rubin, Keeffe, & Legge, 2008; Hellinger & Green, 1955). De la même façon, le monde de la déficience auditive a retenu les termes « sourd » et « malentendant » pour différencier les niveaux de déficience et les formes culturelle d'accès à l'information (Higgins, 1980). Par contre, dans le champ de la double déficience visuelle et auditive, la terminologie reste à préciser et les usages internationaux doivent être harmonisés. Les notions de surdicécité et de double déficience sensorielle sont deux terminologies parmi bien d'autres pour décrire la co-existence d'une déficience auditive et d'une déficience visuelle. Dans ce champ de recherche en émergence, le nombre d'acteurs ne cesse d'augmenter, chacun ayant sa propre perception et sa propre terminologie. Il est donc temps de se mettre d'accord sur le langage et la terminologie que nous utilisons quand nous communiquons entre nous. Administrateurs et managers n'utilisent pas le mêmes termes que les cliniciens. Dans les services de réadaptation, les chercheurs n'utilisent pas pour leurs recherches documentaires les mêmes mots clés que leurs collègues travaillant en génétique, en soins infirmiers ou en médecine. Enfin, la communication entre les gestionnaires de service et les chercheurs (pour l'échange et le transfert d'information) n'est fluide que si chacun sait ce que l'autre veut dire en employant tel ou tel terme. Pour apporter un peu de clarté à cette situation, notre équipe de recherche a décidé d'étudier les façons d'utiliser la terminologie chez les gestionnaires de service et chez les chercheurs. Une analyse de l'utilisation du vocabulaire relatif aux pertes visuelles et auditives a donc été entreprise sur la base d'une enquête et d'une recherche bibliographique. Cette enquête a reçu le soutien de Deafblind International qui a posté sur son site des questions qualitatives, au cours de l'été 2011. Nous avons aussi entretenu des contacts avec notre réseau de réadaptation à Montréal, Canada, ainsi qu'avec les participants au premier colloque international francophone sur la surdicécité ; nous avons aussi contacté 139 organisations liées à la surdicécité grâce à une recherche sur Google. Parallèlement, nous avons analysé les terminologies utilisées dans 809 publications de recherche faisant référence à la surdicécité. Nous avons découvert de curieuses différences quant à la façon dont cliniciens et chercheurs utilisent les termes « sourdaveugle » ou « double déficience sensorielle ». Les gestionnaires de services n'ont aucun problème pour utiliser le mot « sourdaveugle » pour désigner tout le spectre de leurs clients, quelle que soit la gravité de leurs déficiences, leur âge ou l'ordre d'apparition des déficiences. Les chercheurs, eux, se veulent plus précis. Ils préfèrent la notion de double handicap sensoriel et considèrent la surdicécité comme désignant à l'extrémité du spectre l'absence totale de vision et d'audition. Les chercheurs n'appartenant pas au monde de la réadaptation tendent à éviter le terme « sourdaveugle ». Leur perception du terme est peut-être différente ; de plus, ils sont relativement peu en contact avec les styles de communication auxquels sont habitués les professionnels de réadaptation. C'est donc le moment de discuter de notre terminologie pour en unifier l'usage et faciliter la communication entre les différentes parties. Suivant les usages en cours dans le monde de la déficience visuelle et dans celui de la déficience auditive, notre équipe propose d'utiliser les deux termes les plus fréquents ; « sourdaveugle » et « double déficience sensorielle ». Traditionnellement, les services de réadaptation et la grande majorité des acteurs tendent à utiliser le terme « sourdaveugle » dans le contexte des handicaps sensoriels au niveau pédiatrique, mais aussi quand il s'agit de recherches sur le syndrome de Usher. Par contre, les recherches en communication ont plutôt l'habitude de parler de « double déficience sensorielle » quand il s'agit de 76 déficiences survenues à l'âge adulte ou d'adultes atteints de déficiences partielles ; c'est d'autant plus le cas depuis que ce dernier groupe constitue la majeure partie des personnes reçues dans les services de réadaptation accueillant des personnes présentant une double déficience sensorielle (Wittich, Watanabe, & Gagne, 2012). L'utilisation de ces deux termes laisse aux clients la possibilité de choisir celui qu'ils estiment le plus conforme à leur identité. Au cours de mes contacts avec les personnes accueillies au centre de réadaptation, j'ai toujours été frappé par la réticence des personnes dont les déficiences sont survenues tardivement à être prises en charge dans un service pour « sourdaveugles ». Elles ne se considèrent ni comme sourdes, ni comme aveugles. Nous avions retrouvé le même phénomène dans des focus groups regroupant des adultes présentant une double déficience sensorielle (LeJeune, 2010). Bien sûr, le terme « double déficience sensorielle » comporte une ambiguïté dans la mesure où il ne spécifie pas quels sont les deux sens concernés. Il a été parfois suggéré d'utiliser le terme « combinaison de pertes auditive et visuelle » ; mais l'usage en est très rare dans la littérature. Par ailleurs, les questions de terminologie n'ont pas la même importance dans toutes les langues (Lagati, 1995). Mais dans la mesure où l'anglais est la langue dominante dans les publications internationales, cette clarification des termes en anglais peut être utile à tous. Nous espérons que ces questions de terminologie susciteront l'intérêt et feront l'objet de nouvelles discussions. D'autres acteurs, les décideurs, les financeurs ou les administrateurs, peuvent avoir leur propre conception de la terminologie en fonction de la spécificité des contextes d'utilisation. Il est ainsi plus facile d'obtenir des aides financières en utilisant le terme « sourdaveugle » plutôt que « double déficience sensorielle » ; ce terme touche d'une façon différente les personnes qui lisent les dossiers et décident des priorités. Si vous avez des idées ou des suggestions relatives à cette question, n'hésitez pas à nous contacter à [email protected]. Nous tenons à remercier Martine Gendron et l'Institut Raymond- Dewar pour leur aide à la traduction et pour le soutien technique apporté pendant l'enquête. Walter Wittich Ph.D., F.A.A.O., C.L.V.T. MAB- Mackay Rehabilitation Centre 7000, Sherbrooke Street West, room E- 124 Montreal, QC, H4B 1R3, Canada Tel. (514) 488 5552 ext. 1125; Fax. (514) 489 3477 [email protected] Bibliographie: Goodrich, G. L., Arditi, A., Rubin, G., Keeffe, J., & Legge, G. E. (2008). The low vision timeline: An interactive history. Visual Impairment Research, 10(2- 3), 67-75. Hellinger, G., & Green, N. N. (1955). Criteria and techniques for rehabilitation of low vision cases. Optical Journal and Review of Optometry, 92, 23. Higgins, P. (1980). Outsiders in a hearing world: A sociology of deafness. London: Sage Publications. Lagati, S. (1995). “Deaf- blind” or “Deafblind”? International perspectives on 77 terminology. Journal of Visual Impairment & Blindness, 89(3), 306. LeJeune, B. J. (2010). Aging with dual sensory loss: Thoughts from consumer focus groups. AER Journal: Research and Practice in Visual Impairment and Blindness, 3 (4), 146-152. Wittich, W., Watanabe, D. H., & Gagne, J. P. (2012). Sensory and demographic characteristics of deafblindness rehabilitation clients in Montreal, Canada. Ophthalmic Physiol Opt, 32(3), 242- 251. Démarrage d'un Projet Européen pour les services pour personnes sourdaveugles des pays germanophones. Communiqué de presse, 11 Octobre 2012 Pendant des décennies, les spécialistes germanophones de la surdicécité et de la double déficience sensorielle n'ont cessé d'envisager la formation d'un réseau, mais il n'y sont pas parvenus. L'impérieuse nécessité d'un tel réseau est très clairement apparue à la récente conférence de DbI qui s'est tenue au Brésil. Les pays où de tels réseaux existent, les États-Unis ou les pays nordiques, ont vu une nette amélioration de la qualité de leurs services. « Les questions que nous nous posons sont souvent très spécifiques et seule une équipe pluridisciplinaire est en mesure d'y répondre en s'appuyant l'expérience de ses membres, » nous dit Andrea Wanka, spécialiste de la surdicécité à la Fondation St. Francis (Stiftung St. Franziskus) à Schramberg en Allemagne. Mais il sera bientôt mis fin à cette absence de réseau grâce à la mise en place d'un projet soutenu par l'Union Européenne. Menée dans le cadre de l'initiative DACH (Deutschland (D)-Austria(A)Switzerland- CH), un groupe où se retrouvent des professionnels allemands, suisses et autrichiens, une enquête a permis de dresser la carte des services travaillant pour les personnes sourdaveugles ou présentant une double déficience sensorielle dans ces trois pays. Mais faute d'implication des niveaux administratifs, il n'avait pas été possible de mettre en place une structure pérenne. C'est ce qui va changer avec le nouveau projet “PropäK” (un acronyme allemand pour « Professionnalisation des concepts educatifs »). « Grâce à ce programme de deux ans, nous allons être en mesure de construire un vrai réseau de professionnels germanophones » nous dit Andrea Wanka avec beaucoup d'enthousiasme. PropäK accueille aussi un partenaire Néerlandais, ce qui lui permet de bénéficier du programme européen Leonardo da Vinci, centré sur la formation tout au long de la vie. Les participants attendent de ces échanges interdisciplinaires une amélioration significative de la qualité de vie des personnes sourdaveugles ou présentant une double déficience sensorielle ; travailler dans le cadre de ces déficiences complexes exige en effet des connaissances et des compétences très spéciales. La Fondation St. Francis à Heiligenbronn, qui accueille des personnes sourdaveugles du land de Bade- Wûrtemberg, se chargera de la gestion de ce projet. Andrea Wanka, enseignante spécialisée en surdicécité et directrice du projet nous explique : « Nous faisons tous face aux mêmes défis et maintenant c'est ensemble que nous pourrons les affronter ». Les partenaires de PropäK sont les suivants : • Les centres pour sourdaveugles Taubblindenwerk de Hannovre et Fischbeck • L'Institut pour aveugles (Blindeninstitutsstiftung) de Würzburg, qui accueille 78 des personnes sourdaveugles ou présentant une double déficience sensorielle en Bavière. • L'organisation autrichienne pour sourdaveugles et personnes présentant de sévères déficiences auditives et visuelles, ÖHTB. Basé à Vienne, elle offre des consultations pour toute l'Autriche. • La Fondation Tanne en Suisse qui gère des services pour sourdaveugles et personnes présentant une double déficience sensorielle à Langnau am Albis. • La Royal Dutch Kentalis Foundation qui offre toute une gamme de services aux Pays- Bas. Sont aussi associés à ce projet, en plus des professionnels spécialistes de la surdicécité, les organisateurs qui ont pris part à la réunion de lancement à Heiligenbronn dans la Forêt Noire. Étaient en effet invités des représentants de l'Institut Oberlinhaus de Potsdam où le travail avec les sourdaveugles a commencé il y a 125 ans, ainsi que le Dr Marleen Janssen, professeur à l'Université de Groningen au Pays- Bas. Le Département du Prof. Marleen Janssen offre le seul enseignement au monde, de niveau Master, portant sur « La communication et la surdicécité congénitale ». Plusieurs étudiants titulaires de ce Master sont impliqués dans le projet PropäK. « Nous somme vraiment très fiers de ce projet » nous dit Michael Wollek, le directeur le la Fondation Heiligenbronn. « Les personnes dont les besoins sont spécifiques doivent avoir recours à des services spécialisés », nous dit-il, soutenant ainsi l'idée que la spécialisation de services est une nécessité. Roland Flaig, directeur des services pour personnes handicapées à Heiligenbronn, ajoute, à propos de ce projet ; « Propäk est la première étape concrète qui permettra de changer ce rêve de réseau en réalité ». Sous la direction d'Andrea Wanka, les participants à la conférence ont partagé leurs idées et leurs attentes relatives à ce projet ; elles ont aussi échangé sur les activités de leurs différences organismes et préparé les prochaines étapes du projet. Voici quelques uns de objectifs qu'ils se sont fixés : développement d'un réseau pérenne, traduction de littérature spécialisée, mise en place d'une base de donnée, collaboration avec les institutions académiques et mise en place de standards concernant les diagnostics et les projets pédagogiques. La prochaine rencontre aura lieu à Vienne en décembre 2012. Ewald Graf Directeur des Relations Publiques St. Francis Foundation/Heiligenbronn Tel: +497422/569- 306; Fax: +49742/569-300 Email: ewald.graf@stiftung- st- franziskus.de En souvenir de Peggy Freeman Peggy Freeman, MBE 1918 – 2012, Cofondatrice de Sense Nous avons appris avec tristesse la disparition de Peggy Freeman, MBE, après deux jour d'hospitalisation à l’hôpital de Nottingham pour une maladie de courte durée. Elle avait 94 ans. En 1955, elle comptait parmi les parents fondateurs de la National 79 Deafblind and Rubella Association qui deviendra Sense. Elle laisse quatre enfants, ses fils Ian et Robin, et ses filles Ann, qui vit en Australie, et Bunty, qui vit dans un foyer pour sourdaveugles de Sense à Birmingham. En 1970, elle a reçu le MBE (Member of the Most Excellent Order of the British Empire ) pour le service rendu aux personnes sourdaveugles en tant que cofondatrice de Sense. A ses débuts, le Groupe comportait 10 familles fondatrices et un capital de 2.5£. Aujourd'hui, Sense est la plus importante organisation britannique au service des personnes ayant à la fois des difficultés visuelles et auditives. Sense emploie 3000 salariés et prend en charge des milliers de personnes présentant une double déficience sensorielle, de la petite enfance jusqu'à l'âge adulte. Pour Gillian Morbey, directrice générale deSense et Sense International et Présidente de Deafblind International, « malgré sa petite taille, Peggy avait un courage et une détermination inépuisables. A une époque où on pensait que les enfants sourdaveugles n'étaient ni éducables ni capables de pleinement se réaliser, Peggy s'est battue pour sa propre famille et pour cette autre famille qu'est devenue Sense. Peggy a toujours fait une forte impression sur tous ceux qu'elle a pu rencontrer et beaucoup de personnes sourdaveugles et de familles lui doivent une immense gratitude. Elle est le dernier des soldats des premiers jours ; elle nous manquera beaucoup. » C'est en 1954 que Peggy Freeman a contracté la rubéole, juste avant d'être enceinte de son quatrième enfant, Bunty. Les médecins l'avaient assurée que son bébé serait normal, et pourtant, Bunty est née sourde, aveugle et cardiopathe. Peggy ne savait à qui s'adresser jusqu'au moment où en enseignant pour sourds la présenta à d'autres parents de sourdaveugles. C'est à cette occasion qu'elle fit la connaissance de Margaret Brock, MBE, dont le fils présentait aussi une embryopathie rubéolique congénitale. C'est ensemble qu'elles formèrent le premier Groupe de parents d'enfants rubéoliques en 1955. Elle en fut la première secrétaire. A l'époque, les enfants ayant une double déficience, n'étaient ni reconnus, ni pris en charge. Le Groupe s'est donc battu pour que tous les enfants sourdaveugles soient pris en charge ; il a aussi été pionnière dans la mise en place des Sense homes – des lieux où les personnes sourdaveugles bénéficient d'une éducation tout au long de la vie, d'une formation professionnelle et d'activités de loisirs et peuvent ainsi mener une pleine et vraie vie. Jusqu'à ces dernières années, Peggy continuait à recevoir des invitations pour parler de la surdicécité, ici, au RoyaumeUni, mais aussi au niveau international. A 85 ans, Peggy avait même pris l'avion pour le Canada pour y participer à une conférence de DbI. « On a de la peine à croire qu'un tout petit virus, que seul un puissant microscope permet de percevoir, puisse être à l'origine de déficiences visuelles et auditives avant même la naissance. Il est tout aussi difficile à croire que le petit groupe de familles concernées par la rubéole qui s'était retrouvé en 1955 ait pu donner le jour à une association comme Sense dont le succès ne cessera de grandir dans toutes les formes de prise en charge des personnes sourdaveugles jusqu'à aujourd'hui. Au cours de ces années, la société a beaucoup changé, tout comme Sense. De nouvelles attitudes ont émergé d'une meilleure connaissance et compréhension des personnes en situation de handicap ». Gini Bartlett, une administratrice de Sense lui rend ainsi hommage : « Je n'ai aucune idée de ce que des mamans comme moi auraient fait sans Peggy, je l'ai rencontrée pour la première fois il y a 45 ans ; je cherchais de l'aide pour mon fils Ian, sourdaveugle suite à une rubéole. Dès le début, son soutien m'a impressionnée. Elle partageait avec moi ses connaissances, à sa manière douce et heureuse. Je lui dois beaucoup, comme des milliers de personnes 80 sourdaveugles qui ont reçu le soutien de Sense. Peggy a toujours gardé son étonnement devant la croissance de Sense et de la reconnaissance de la surdicécité dans le monde entier. Elle laisse un héritage incroyable et elle nous manquera énormément ». En 1996, Peggy a publié un ouvrage sur l'histoire de notre association « Good Sense » (Bon Sens). Elle écrivait dans sa préface : « Je voudrais remercier Peter qui était encore près de moi au moment de me mettre à écrire cette histoire que nous avons partagée pendant de si longues années. Je remercie aussi tous ceux qui on travaillé pour Sense avec autant de dévouement. Mais surtout, je veux remercier Bunty et toutes les personnes sourdaveugles, car ce sont elles qui ont donné sens à ma vie. » Gillian Morbey CEO Sense and Sense International President Deafblind International Programmes informatiques gratuits pour les personnes sourdaveugles Ulrich Greve, un développeur en informatique, informe DbI de la mise à disposition gratuite pour les personnes sourdaveugles de son programme “Summsen” Ce programme permet à des personnes sourdaveugles de lire et d'écrire grâce à la perception de vibrations transmises par des enceintes stéréo d'ordinateur. Les destinataires de ce logiciel sont des personnes sourdaveugles qui ne connaissent pas le braille ou qui ne peuvent y accéder pour des raisons économiques. Consulte le site www.tichnut.de/summsen pour plus d'information. 10ème anniversaire de la semaine de Vaccination dans les Amériques Et 1ère semaine mondiale de l'immunisation. Deux dates marquent cette année au niveau de la santé publique : le 10ème anniversaire de la semaine de vaccination dans les Amériques (VWA) et la toute première semaine mondiale de l'immunisation (WIW). Pour l'ensemble des Amériques, au cours des 10 dernières années, VWA est devenue l'initiative multinationale de santé la plus importante de cette Région, grâce à l'engagement des autorités gouvernementales et au dévouement des personnels de santé. La semaine de vaccination a pour objectif : 1) d'assurer un accès équitable à la vaccination quelque soit l'âge, dans les communautés mal desservies et marginalisées. 2) d'améliorer la couverture vaccinale de tous les antigènes pour prévenir les épidémies ; 3) d'expliquer comment l'immunisation sauve des vies ; 4) de s'assurer que le problème ne disparaisse pas de l'agenda des politiques ; et 5) de promouvoir le passage de l'immunisation des enfants à celle des familles. En 9 ans, l'activité de VWA a permis 81 de vacciner 365 millions de personnes : enfants, jeunes gens, hommes et femmes en âge de procréer et adules plus âgés. En 2012, le slogan sera : « Pour toi, pour moi, pour chacun, fais- toi vacciner ! ». Il accompagnera un programme visant à vacciner 44 millions de personnes de tous âges contre toute une série de maladies ; 45 pays et territoires de la Région se sont engagés à célébrer cette étape en 2012. La 16ème conférence mondiale aura lieu en Roumanie en 2015 DbI annonce que la 16ème conférence mondiale aura lieu en Roumanie en 2015. Le Secrétariat de DbI a informé Sense International que la candidature conjointe de Sense International UK et Sense International (Romania) avait été acceptée. La conférence de 2015 aura donc lieu à Bucarest en Roumanie. Les dates restent à fixer. Les organisateurs de la conférence auront le soutien de diverses organisations pour sourdaveugles en Roumanie, et en particulier des réseaux nationaux du monde du handicap comme Reninco ; des ONGs ; des universités impliquées dans le champ de la surdicécité, comme les Facultés de Psychologie et des Sciences de l’Éducation de Cluj et de Bucarest ; les ministères ; et des organisations para-gouvernementales comme le Conseil National pour les Handicaps. Une conférence en Europe Centrale permettra de mieux faire connaître les succès et les défis des personnes sourdaveugles en Roumanie et dans toute la région. Nous sommes aussi très heureux d'avoir cette conférence mondiale dans un ex- pays communiste. Ce sera l'occasion pour Sense International et pour le gouvernement Roumain de montrer à un public international les transformations qui se sont produites dans le champ du handicap depuis l'ère Ceausescu. Enfin, ce sera l'occasion de montrer quels modèles de pratique ont réussi dans le contexte d'un pays européen pauvre en ressources et au revenu moyen. Nous espérons que cette expérience intéressera les membres de DbI en Europe Centrale Orientale, dans les anciens pays communistes, en Asie et en Amérique Latine. Au cours des mois qui viennent, nous irons plus loin dans l'organisation de notre projet, en collaborant avec DbI et en mettant en place un Comité Organisateur Local où contribueront les autorités locales, les entreprises, les églises, les représentants du Ministère de l’Éducation et les membres clés de la communauté sourdaveugle. Suivez les informations à venir sur le site de DbI :(www.deafblindinternational.org ) and facebook (www.facebook.com/dbiint ) James Thornberry Sense International Email: [email protected] 82 Nouvelles du Secrétariat Réunions Le secrétariat a eu le plaisir de coordonner la réunion du ManCom qui s'est tenue à Lund, en Suède, début novembre 2012, à l'hôtel Scandic Star où se déroulait la 9ème conférence ADBN. Après cette réunion, certains membres du ManCom ont participé à la conférence où ils ont eu la fierté de représenter DbI. Trésorier de DbI C'est aussi en Suède que nous avons dû dire au revoir à Ton Groot, le trésorier de DbI. Nous lui avons témoigné toute notre gratitude pour son dévouement au cours de toutes ces années où il s'est occupé des finances de DbI avec professionnalisme et créativité. Il nous manquera, mais nous lui adressons nos meilleurs vœux pour sa nouvelle vie. Nous avons eu en même temps le plaisir de d'accueillir Franck Kat de Kentalis, qui occupe maintenant le poste de trésorier. Franck s'est mis dans le coup toute de suite, et nous sommes certains qu'il sera pour DbI une recrue précieuse. Bienvenu à Franck. Conférences ADBN Toutes nos félicitations au Comité Organisateur de la conférence DbI pour la conférence exceptionnelle qu'ils nous ont offerte. Un programme stimulant a généré d’intéressantes discussions entre les participants. Tout s'est déroulé sans accroc sur le plan technique et nos hôtes se sont montrés très créatifs jusque dans les plus petits détails. Des amitiés ont pu se nouer ou se relancer. Les tubes d'ABBA ont eu un grand succès auprès des délégués, et les Tweets ont fusé de partout pour répandre la nouvelle et susciter l'intérêt. Bravo ! 2ème conférence Asiatique de ICEVI & DbI Cette conférence que nous attendons tous aura lieu en Inde, à Ahmedabad, Gujarat, du 5 au 7avril 2013. Thème de la conférence : « Vers l'intégration ». Pour toute information concernant le programme, l'inscription et le logement, voir le site web : www.icevidbiasia.org/index.html . Conférence Européenne de DbI Un changement de date imprévu de la Foire de Lille a conduit les organisateurs à avancer de deux jours la date de la conférence, afin d'éviter les difficultés d'hébergement (la Foire de Lille attire beaucoup de monde). La conférence aura donc lieu du 24 au 28 Août 2013. Nous sommes à 9 mois de cette conférence et le secrétariat aidera avec plaisir le comité local à diffuser l'information. Pour toute information concernant le programme, les thèmes de la conférence et les possibilités de pré- conférence, voir le site web www.dbilille2013.eu . Le site comporte aussi toutes les informations concernant les inscriptions et la soumission de résumés pour les ateliers. 83 Conférence Mondiale de DbI en 2015 Nous avons reçu deux excellentes candidatures pour accueillir la conférence en 2015. Le choix sera publié début 2014. Adhérents DbI ne peut travailler efficacement que grâce au travail de ses membres, individus ou organisations, en particulier pour la diffusion de l'information et pour le lancement de nouveaux services. Les renouvellements d'adhésion auront lieu début 2013 et nous espérons que tous nos adhérents nous reviendront pour une nouvelle année. Si vous connaissez une organisation susceptible de d'adhérer à DbI, nous sommes prêts à lui envoyer une lettre d'invitation. Envoyer toute suggestion à [email protected] Activités en cours Après le ManCom de Suède (voir plus haut), beaucoup de travail reste à faire avant et pendant la conférence d'Ahmedabad, en Inde, en avril 2013. Nous essaierons de mettre en œuvre les projets définis par notre Plan Stratégique. Nous continuerons à soutenir l'équipe qui prépare la conférence de Lille et ce qui va se passer dans les mois qui viennent nous intéresse beaucoup. Juste avant la Conférence, DbI réunira à Lille son Conseil d'Administration, son Bureau et son Assemblée Générale. Nous allons donc nous mettre à préparer tout cela. Garder le contact Nous attendons de vos nouvelles ! C'est l'échange d'information qui permet à DbI de rester forte et active. Si vous souhaitez échanger des informations ou rechercher un contact loin de chez vous, n'hésitez pas à nous envoyer un email et nous essaierons de trouver une solution avec vous. DbI recherche des soutiens DbI ne dispose que de ses cotisations pour mener ses activités, payer son personnel et ses déplacements. Nous sommes un point de référence pour plus de 50 organisations qui travaillent pour les personnes sourdaveugles dans le monde entier. Sans ce soutien vital, il serait impossible de publier DbI Review, la seule publication internationale sur la surdicécité, d'organiser des conférences ou d'aider des personnes à participer à nos activités. Ce travail est vital pour les sourdaveugles du monde entier ; il permet d'améliorer les pratiques et de s'entraider. Tout don, même modeste, et toute action de diffusion d'information est la bienvenue. Pour mieux comprendre comment aider, contacter le secrétariat à [email protected] . Les membres du Conseil d'Administration de DbI - 201184 2015 Le Bureau Le Conseil élu pour la période 2011- 2015 est composé d'un Président et de deux Vice-Présidents, de l'Ancien Président, du Trésorier, du Chargé de l'Information et du Secrétaire: Gillian Morbey Président Sense UK ([email protected]) Bernadette Kappen Vice-président The New York Institute for Special Education USA ([email protected]) Carolyn Monaco Vice-Président Canadian Deafblind Association CANADA ([email protected]) Frank Kat Trésorier Royal Dutch Kentalis NETHERLANDS ([email protected]) William Green Ancien Président ([email protected]) Stan Munroe Chargé de l'Information Canadian Deafblind Association CANADA ([email protected]) Elvira Edwards Secretaire Senses Foundation AUSTRALIA ([email protected]) Conseils d'Observateurs 85 Les organisation partenaires de DbI, ICEVI et WFDB disposent d'un siège d'observateur au Conseil d'Administration de DbI : International Council for Education of People with Visual Impairment Contact: Dr. M.N.G. Mani Email: [email protected] Website: www.icevi.org World Federation of the Deafblind Contact: [email protected] Website: www.wfdb.org Représentants de Grandes Organisations Gillian Morbey Sense UK ([email protected]) Andy Kerr Sense Scotland UK (akerr@sense scotland.org.uk) Barbara Mason Perkins School for the Blind USA ([email protected]) Dominique Spriet French Deafblind Consortium FRANCE (sprietd@aftam. asso.fr) Michael Karlsson Resurscenter Mo Gard SWEDEN ([email protected]) Pierre J. Honore Interfond DENMARK (pjh.interfond@ mail.dk) Pilar Gomez 86 ONCE SPAIN ([email protected]) Rossano Bartoli Lega del Filo d’Oro ITALY (info@legadelfilo doro.it ) Sian Tesni Christian Blind Mission (Christoffel Blindenmission) UK ([email protected]) Frank Kat Group Royal Dutch Kentalis NETHERLANDS ([email protected]) Jutta Wiese German Deafblind Consortium GERMANY ([email protected]) Roxanna Spruyt-Rocks DeafBlind Ontario Services CANADA (execdir@deafblind ontario.com) Représentants des Réseaux DbI Andrea Wanka CHARGE Network St. Francis Foundation, Schramberg, GERMANY ([email protected]) Diana Bonilla Employment Network GUATEMALA ([email protected]) Liz Duncan Acquired Deafblindness Network 87 UK (Liz.Duncan@ sense.org.uk) Ricard Lopez European Deafblind Network SPAIN ([email protected]) Sabine Kersten Siblings Network BELGIUM ([email protected]) Emma Boswell Usher Network Study Group email contact: ([email protected]) Représentants de Petites Organisations Beatriz Zoppi Cooperative Association “Look with the Heart” (COOPA) ARGENTINA (beatrizzoppi@ gmail.com) Cathy Proll Canadian Deafblind Association Ontario Chapter CANADA (cproll@cdba ontario.com) Celestine Hare Able Australia AUSTRALIA ([email protected]) Graciela Ferioli Perkins International Latin America Office ARGENTINA (hperkins@ 88 fibertel.com.ar) Elvira Edwards Senses Foundation AUSTRALIA ([email protected]) Henriette Hermann Olesen Nordic Centre for Welfare and Social Issues DENMARK ([email protected]) Jackie Brennan Overbrook School for the Blind USA ([email protected]) Knut Johansen Signo Døvblindesenter NORWAY ([email protected]) Koh Poh Kwang Lighthouse School SINGAPORE ([email protected]) Marianne Disch The National Centre of Knowledge on Disability and Social Psychiatry (ViHS) DENMARK (mdi@service styrelsen.dk) Ricard Lopez Spanish Federation of Deafblindness (FESOCE) SPAIN ([email protected]; [email protected]) Ursula Heinemann Österreiches Hilfswerk für Taubblinde AUSTRIA ([email protected]) 89 Bernadette Kappen The New York Institute for Special Education USA ([email protected]) Le Bureau Président Gillian Morbey Sense Email: Gillian.Morbey @sense.org.uk Vice-président Bernadette Kappen The New York Institute for Special Education Email: [email protected] Vice-président Carolyn Monaco Canadian Deafblind Association Email: [email protected] Ancien Président William Green Email: [email protected] Trésorier Frank Kat Royal Dutch Kentalis Email: [email protected] Secrétaire Elvira Edwards Senses Foundation Inc. Email: [email protected] Chargé de l'Information Stan Munroe Canadian Deafblind Association Email: [email protected] Représentants de Grandes Organisations CANADA DeafBlind Ontario Services Roxanna Spruyt- Rocks 90 Tel: +1 - 905 - 853 - 2862 Fax: +1 - 905 - 853 - 3407 Email: [email protected] Website: www.deafblindontario.com DENMARK Interfond Pierre J. Honore Tel: +4563710218 Email: [email protected] FRANCE French Deafblind Consortium Dominique Spriet Tel: +33 - 1 - 4627 4810 Fax: +33 - 1- 4627 5931 Email: [email protected] GERMANY German Deafblind Consortium Jutta Wiese Tel: +49 - 511 – 5100 815 Fax: +49 - 511 - 5100 857 Email: [email protected] CBM – Christoffel Blindenmission Monika Brenes Tel: 0032 (0) 2 2569000 Email: [email protected] Website: www.cbm.org ITALY Lega del Filo d’Oro Rosanno Bartoli Tel: +39 - 071 - 724 51 Fax: +39 - 071 - 717 102 Email: [email protected] Website: www.legadelfilodoro.it SPAIN ONCE Unidad Técnica de Sordoceguera Pilar Gomez Tel: +34 - 91 - 353 5637 Fax: +34 - 91 - 350 7972 Email: [email protected] Website: www.once.es SWEDEN Resurscenter Mo gård 91 Michael Karlsson Tel: +46 8 753 59 40 Fax: +46 8 755 23 68 Email: [email protected] Website: www.mogard.se THE NETHERLANDS Royal Dutch Kentalis Frank Kat Tel: +31 73 55 88 280 Email: [email protected] Website: www.kentalis.nl UNITED KINGDOM Sense Gillian Morbey Tel: +44 20 7520 0999 Fax: +44 845 127 0062 Email: [email protected] Website: www.sense.org.uk Sense Scotland Andy Kerr Tel: +44 (0)141 429 0294 Fax: +44 (0)141 429 0295 Email: [email protected] Website: www.sensescotland.org.uk USA Perkins School for the Blind Barbara Mason Tel: +1 - 617 - 972 7502 Fax: +1 - 617 - 972 7354 Email: [email protected] Website: www.perkins.org Réseaux Acquired Deafblindness Network Liz Duncan Email: [email protected] Website: www.adbn.org CHARGE Network Andrea Wanka 92 Tel: ++496251939797 Fax: +4916090309876 Email: andrea- [email protected] Communication Network Ton Visser Email: [email protected] Employment Network Diana Bonilla Sinibaldi Tel: +(502) 52089291 Fax: (502) 24347934 Email: [email protected] EDbN Ricard Lopez Manzano Tel: +34- 678- 712-619 Fax: +34-678- 782- 600 Email: rlopez@ sordoceguera.com Website: www.edbn.org Latin America Network Sandra Polti ARGENTINA Email: [email protected] Outdoor Network Joe Gibson Tel: 4+4 (141) 429-0294 Email: [email protected] Rubella Network Nancy O’Donnell Tel: + 516- 944- 8900 x326 Fax: +516-944- 7302 Email: [email protected] Siblings Network Sabine Kersten Tel: +32 476 612 879 Email: [email protected] Social- Haptic Communication Network Dr. Riitta Lahtinen & Russ Palmer Tel: + 358 40 522 4201 Email: [email protected]; [email protected] Tactile Communication Working Group 93 Bernadette Van den Tillaart Tel: +1- 740- 426-6728 Fax: +1-740- 426- 6728 Email: bernadettevanden [email protected] Usher Study Group Emma Boswell Email: [email protected] Représentants des Très petites organisations NEPAL Society of Deafblind Parents, SDBP Renu Lohani Tel: 977- 1 4600450 Fax: 977 1 4600450 Email: [email protected] MALAWI African Federation of the DeafBlind Ezekiel Kumwenda Tel: 00 (265) 999 952 391/888 852 391 E- mail: [email protected] Représentants des Petites Organisations ARGENTINA Cooperative Association “Look with the Heart” (COOPA) Beatriz Angelica Zoppi Tel: +54 - 2302 - 430 690 Fax: +54 - 2302 - 434 274 Email: [email protected] Perkins International – Latin America Office Graciela Ferioli Tel: +54 351 4234741 Fax: +54 351 4234741 Email: [email protected] 94 AUSTRALIA Senses Foundation Inc Elvira Edwards Tel: +61 - 8 - 9473 5422 Fax: +61 - 8 - 9473 5499 Email: [email protected] Website: www.senses.asn.au Able Australia Celestine Hare Tel: +61 - 3 - 9882 7055 Fax: +61 - 3 - 9882 9210 Email: [email protected] Website: www.ableaustralia.org.au Australian Deafblind Council (ADBC) Alisa Wills Tel: +61 3 9882 8596 Fax: +61 3 9882 9210 Email: [email protected] Website: www.deafblind.org.au The Royal Institute for Deaf and Blind Children Alan Baynham Tel: +61 - 2 - 9872 0366 Email: [email protected] Website: www.ridbc.org.au The Forsight Foundation for the Deaf/Blind Trish Wetton Tel: +612 9872 9000 Fax: +612 9872 9111 Email: [email protected] AUSTRIA Österreiches Hilfswerk für Taubblinde Christa Heinemann Tel: +43 - 1 - 6020 812 13 Fax: +43 - 1 - 6020 81217 Email: [email protected] Website: www.oehtb.at BRAZIL Grupo Brasil de Apoio ao Surdocego e ao Múltiplo Deficiente Sensorial Shirley Rodriguez Maia Tel: +55 - 11 - 5579 5438 Fax: +55 - 11 - 5579 0032 Email: [email protected] 95 Website: www.grupobrasil.org.br CANADA CDBA National Tom McFadden Tel: +1- 866- 229-5832 Fax: +1(905) 319- 2027 Email: [email protected] Website: www.cdbanational.com Canadian Deafblind Association Ontario Chapter Cathy Proll Tel: + 1- 519- 759-0520 Fax: + 1-519- 759- 1425 Email: [email protected] Website: www.cdbraontario.ca Resource Centre for Manitobans who are Deaf- Blind (RCMDB) Jane Sayer Tel: 1- 800-855- 0511 TTY: 1 204 284 2531 Fax: 1-204- 452-0688 Email: [email protected] Website: www.rcmdb.mb.ca Rotary Cheshire Homes Jennifer Robbins Tel: +1 - 416 - 730 - 9501 Fax: +1 - 416 - 730 - 1350 Email: [email protected] Website: www.rotarycheshirehomes.org The Lions McInnes House - Group Home for Deafblind Persons Joan Brintnell Tel: +1 - 519 - 752 - 6450 Fax: +1 - 519 - 752 - 9049 Email: [email protected] CHINA HONG KONG Resource Centre for the Deafblind The Hong Kong Society for the Blind Doreen Mui Tel: (852) 2778 8332 Fax: (852) 2777 6559 Email: [email protected] Website: www.hksb.org.hk CROATIA Mali dom – Zagreb 96 Darija Udovicic Mahmuljin Tel: +385137746532 Email: [email protected] Website: www.malidom.hr CYPRUS Pancyprian Organization of the Blind Christakis Nikolaides Tel: +357 99657467 Fax: +357 22495395 Email: [email protected] DENMARK Center for Deaf Else Marie Jensen Tel: +45 44 39 12 50 Fax: +45 44 39 12 63 Email: [email protected] Website: www.cfd.dk The National Resource Centre on Disability, Assistive Technology & Social Psychiatry Marianne Disch Tel: +45 - 41 - 93 24 65 Email: [email protected] Website: www.dovblindfodt.dk Danish Parents Association Vibeke Faurholt Tel: (45)+98854332 Email: [email protected] The Centre for the Deafblind (Dovblindecentret) Lars Søbye Tel: +45 99 31 87 00 Email: [email protected] Website: www.dbc.rn.dk Nordic Centre for Welfare and Social Issues Henriette Hermann Olesen Tel: +45 - 96 - 47 16 00 Fax: +45 - 96 47 16 16 Email: [email protected] Website: www.nordicwelfare.org FINLAND The Finnish Deafblind Association Heikki Majava Tel: +358 40 529 3439 97 +358 40 604 7477 Email: [email protected] Website: www.kuurosokeat.fi GREECE Hellenic Association of Deafblind “The Heliotrope” Diamanto-Toula Matsa Tel: 30- 210-6440689 Fax: 30-210- 6440689 Email: [email protected] IRELAND The Anne Sullivan Centre Tel: +353 (0) 1 830 0562 Email: [email protected] Website: www.annesullivan.ie ISRAEL Nalaga’at Center Adina Tal Tel: +972- 3- 6330810 Fax: +972-3- 6814678 Email: [email protected] Website: www.nalagaat.org.il INDIA Sense International (India) Akhil Paul Tel: +91- 79- 26301282 Fax: +91-79- 2630 1590 Email: [email protected] Website: www.senseintindia.org NEW ZEALAND Royal New Zealand Foundation for the Blind (RNZFB) Veta Endemann Tel: 0064- 09-3556900 Fax: 0064-09- 3556880 Email: [email protected] Website: www.rnzfb.org.nz NORWAY Signo kompetansesenter Anne Lise Høydahl Tel: +4733438600 Email: [email protected] Signo Døvblindesenter Knut Johansen 98 Tel: +47- 33- 438 700 Email: [email protected] Website: www.signodovblindesenter.no Eikholt Roar Meland Tel: +47 3288 9050 Fax: +47 3288 9052 Email: [email protected] Website: www.eikholt.no Regional Resource Centre for Deafblind, Statped Vest Evabritt Andreassen Tel: +47- 55- 923 485 Fax: +47-55- 923 491 Email: [email protected] Skaadalen Resource Centre Else Marie Svingen Tel: +4722703700 Fax: +47 - 22 703 715 Email: [email protected] Website: www.statped.no RUSSIA Rehabilit Centre for Deaf “Otofon” Olga Smirnova Tel: + 7495 4651 740 Fax: + 7495 456 0619 Email: [email protected] Website: www.otofon.ru SINGAPORE Lighthouse School Koh Poh Kwang Tel: +65- 2503 755 Fax: +65-2505 348 Email: [email protected] Website: www.lighthouse.edu.sg SPAIN APASCIDE - Spanish Association of Parents of Deafblind People Dolores Romero Chacon Tel: +34- 91- 733 5208 Fax: +34-91- 733 4017 Email: [email protected] Website: www.apascide.org Spanish Federation of Deafblindness (FESOCE) 99 Ricard Lopez i Manzano Tel: +34 93 331 7366 Fax: +34 93 331 7366 Email: [email protected] Website: www.fescoe.org SWEDEN The Swedish Resource Centre for Matters Regarding Deafblindness Michael Karlsson Tel: +8 753 5940 Fax: +8 755 2368 Email: [email protected] Website: www.nkcdb.se SWITZERLAND SZB Beratungsstellen für hörsehbehinderte und taubblinde Menschen Mäde Müller Tel: +41 (0)44 444 10 81 Fax: +41 (0)44 444 10 88 Email: [email protected] Website: www.szb.ch Tanne, Schweizerische Stiftung für Taubblinde Jette Ehrlich Tel: +41 - 44 - 714 7100 Fax: +41 - 44 - 714 7110 Email: [email protected] Website: www.tanne.ch THE NETHERLANDS Bartimeus Betty van Wouw Tel: +31 - 343 - 526 650 Fax: +31 - 343 - 526 798 Email: [email protected] Website: www.bartimeus.nl Kalorama M. Verseveldt Tel: +31 24 684 77 77 Fax: +31 24 684 77 88 Email: [email protected]; [email protected] Website: www.kalorama.nl Royal Visio Kees Kuyper Tel: +31 - 55 - 5800 695 Email: [email protected] Website: www.visio.org 100 University of Groningen Marleen Janssen Tel: +3150- 3636575 Email: [email protected] UNITED KINGDOM Sense International James Thornberry Tel: +44(0)20 7520 0980 Fax: +44(0) 20 7520 0985 Email: [email protected] Website: www.senseinternational.org UNITED STATES OF AMERICA The New York Institute for Special Education Bernadette Kappen Tel: (718) 519 – 7000 Fax: 11+718-881- 4219 Email: [email protected] Website: www.nyise.org Overbrook School for the Blind Jackie Brennan Tel: +1 - 215 - 877 0313 Fax: +1 - 215 - 877 2433 Email: [email protected] Website: www.obs.org VENEZUELA SOCIEVEN, Sordociegos de Venezuela, A.C. Maria Luz Neri de Troconis Tel: + 58 - (212) – 952 94 Fax: + 58 - (212) – 952 63 Email: [email protected] Website: www.socieven.org L La traduction en français de ce numéro de la Revue DBI a été effectuée par M. Jacques Souriau.