Émergence Drummondvil#18195 - Société d`histoire de Drummond

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Émergence Drummondvil#18195 - Société d`histoire de Drummond
ÉMERGENCE ET AFFIRMATION D’UNE VILLE DE PROVINCE,
Drummondville, 1896-1914
par
Yolande Allard
Avril 2001
TABLE DES MATIÈRES
Liste des tableaux
3
Introduction
4
Première partie
Deuxième partie
Drummondville s’engage dans la modernité
Le portrait de Drummondville en 1896
5
L’urbanisation
6
L’industrialisation
7
Les services à l’entreprise
8
L’éducation
9
Les interventions municipales
10
Les loisirs populaires et les espaces verts
12
Deux journaux de combat
12
Les freins à l’émergence de Drummondville
14
L’énergie hydroélectrique insuffisante
15
Les guerres de pouvoir
16
Le personnel politique sur la scène fédérale
17
Le personnel politique sur la scène provinciale
19
Les personnalités influentes locales
21
Conclusion
25
Références et notes
26
Yolande Allard, avril 2001
2
TABLEAUX
1
Drummondville et les environs : 1891 et 1921
Croissance urbaine et déclin rural de la démographie
7
2
Croissance urbaine comparée, entre 1891 et 1914
14
3
Personnel politique fédéral
17
4
Personnel politique provincial
19
5
Personnel politique municipal
21
Yolande Allard, avril 2001
3
Introduction
Ce travail présente une simple ébauche sur l’émergence de Drummondville au début du 20e
siècle. La première partie se penche sur l’évolution de l’urbanisation, de l’industrialisation, des
services à l’entreprise, de l’éducation, des interventions municipales, des loisirs populaires et,
enfin, sur la publication de deux journaux d’information.
En deuxième partie, le taux d’urbanisation de Drummondville est confronté à celui de neuf villes
comparables situées dans un rayon de moins de 100 km.
Drummondville affichant une
croissance nettement en deçà de la moyenne, nous nous sommes tournés vers les causes du
retard de l’industrialisation puisque cette dernière détermine le taux d’urbanisation. De divers
facteurs ayant freiné l’industrialisation, nous en avons retenu deux, soit la pénurie d’énergie
hydroélectrique et les luttes de pouvoir au sein de l’élite gouvernante.
Bien entendu, tout n’a pas été dit et même certains points ont peut-être été trop rapidement
esquissés.
Nous avons consulté les archives locales, à l’occasion riches d’information
(éducation, industrialisation), et à d’autres, très peu documentées (loisirs, soins de santé).
Faute de sources écrites suffisamment descriptives, nous avons dû retrancher l’épisode du
grand feu de 1898 qui « laissa plus de solages que de maisons 1», un évènement des plus
significatifs dans l’analyse du retard à l’émergence de Drummondville puisque la conflagration
détruisit une grande partie de la basse ville commerciale, les trois quarts des habitations et le
presbytère catholique. Si nous n’avons pas jugé opportun de dépouiller les journaux nationaux
à ce sujet, c’est que la date exacte de la conflagration n’est pas connue.
Nous avons plutôt orienté nos efforts vers l’identification des élites politiques des trois paliers de
gouvernement. Voilà la principale contribution de ce travail à l’historiographie locale, soit une
mosaïque des hommes en situation de pouvoir entre 1896 et 1914 et les ambitions qui les
habitaient.
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Première partie :
Drummondville s’engage dans la modernité
Des indices certains confirment l’engagement de Drummondville dans la modernité à la
charnière des 19e et 20e siècles, dont la tendance à la hausse de l’urbanisation, conséquence de
l’industrialisation croissante, la présence de nouveaux services à l’entreprise, également
conséquence de l’industrialisation, et la mise en place d’institutions et de services
communautaires qui lui confèrent une certaine urbanité. Mais penchons-nous préalablement sur
le profil de cette petite agglomération située sur la Rive-Sud du Saint-Laurent, à mi-chemin entre
Montréal et Québec.
Le portrait de Drummondville en 1896
Chef-lieu du comté de Drummond, Drummondville compte 1 500 habitants en 1896. Elle
a obtenu le statut de ville en 1888. Sa population ainsi que les activités commerciales et
industrielles se concentrent dans le noyau originel d’une superficie de 210 ha. La région
est reliée au vaste réseau du Canadian Pacific Railway, donnant ainsi accès aux
marchés de la Nouvelle-Angleterre ; dans l’axe est-ouest, elle est desservie par le
Drummond County Railway qui sera ultérieurement intégré au réseau du Canadian
National Railway.
L’historienne Ernestine Charland-Rajotte, nous décrit ainsi la ville à la fin du 19e siècle :
« À peu près aucun service public n’existe. Pas de système d’égouts. Des
sections de trottoirs de bois vétuste ici et là. Une petite centrale électrique qui ne
fonctionnait pas la moitié du temps. Les gens devaient toujours avoir un fanal,
une lampe ou une chandelle à la main pour suppléer à l’électricité. L’éclairage
des rues consistait en quelques rares et faibles ampoules. Pas une école
convenable pour garçons » 2.
De plus, l’activité industrielle bat de l’aile. Les forges McDougall, dont la production est
destinée à la fabrication des roues de wagon dans les fonderies montréalaises, n’ont
fonctionné à plein régime qu’une décennie (1880-1890) ; les hauts fourneaux s’éteindront
définitivement en 1911 en raison de l’impossibilité de les convertir à la nouvelle
technologie et de l’abolition, l’année précédente, des primes accordées à la production
domestique du fer3.
L’activité économique gravit, en 1896, autour d’entreprises
caractérisées par leur production artisanale dont les capitaux proviennent du milieu : la
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scierie Vassal, le voiturier Pepin, la fonderie de Drummondville, l’atelier de portes et
châssis Nadeau 4
L’urbanisation
À l’époque de sa fondation, en 1815, Drummondville est formée principalement de
militaires et de mercenaires qui travaillent pour l’armée britannique, démobilisés par suite
de l’arrêt des hostilités avec les États-Unis. Londres espère de cet établissement la mise
en valeur des terres agricoles jusque-là boudées par les immigrants britanniques et
américains, et la formation de poches de résistance advenant la reprise d’invasions
américaines5.
Les abandons sont nombreux chez ces militaires « certes plus habiles à manier l’épée et
le fusil qu’à « trimer dur » avec la bêche et le râteau » 6. Le noyau « urbain », formé
initialement des officiers démobilisés devenus marchands, maitre de poste, juge de
paix..., languit durant plusieurs décennies : il rassemble 152 personnes en 1831, 183 en
1865, 900 en 1881 alors que les Forges McDougall entrent en activité7.
Entre 1891 et 1914, la population urbaine s’accroît de façon considérable et définitive,
soit de 15,1%, alors que la population rurale environnante diminue de 1,6%
(voir tableau 1).
Les chiffres absolus révèlent un apport important de population provenant des localités
environnantes, mais aussi d’effectifs provenant de l’extérieur de la région puisque la
population urbaine croît de 295 personnes alors que 127 personnes ont quitté la
campagne.
Il est intéressant de noter que l’écart s’accentue dans les années
subséquentes; en effet, la population urbaine augmente de 45,9% entre 1891 et 1921 et
la population rurale avoisinante diminue de 5,5% (voir tableau 1).
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Tableau 1 : Drummondville et les environs entre 1891 et 1921 :
Croissance urbaine et déclin rural de la démographie
Drummondville
urbain
Population rurale dans
un rayon de 15 km *
1891
1914
Écart
1891-1914
1921
Écart
1891-1921
1955
2250
295 ou + 15,1%
2852
+ 45,9%
7886
7759
127 ou
7449
- 5,5%
- 1,6%
* Drummondville est le chef-lieu de Grantham, Saint-Majorique, Saint-Germain, Wendover-Simpson, Wickham Est
et Ouest, dont la population vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage.
Sources : Documents de la session, Québec, 1916, 49-III. Recensements du Canada, 1891, 1901, 1911.
L’industrialisation
L’accroissement de la population urbaine, entre 1896 et 1914, est directement lié aux
nouvelles opportunités d’emploi. D’abord, la Fonderie de Drummondville qui renaît de
ses cendres sous la raison sociale de J.A. Gosselin ltée. Ses bâtiments, couvrant une
superficie de plus d’un arpent carré, sont dits les plus vastes et les mieux outillés du
genre8. La demande accrue de bois scié sur le marché national et les vastes espaces
boisés encore disponibles en amont de Drummondville justifient l’implantation de la
Campbell-MacLaurin Lumber (du nom de ses deux actionnaires A. MacLaurin et Arthur
H. Campbell) dont le siège social est situé à Montréal9. Dans ses cours, qui s’étendent
de part et d’autre de la voie du CN, s’activent entre 50 et 100 employés permanents10.
L’abondance du bois d’oeuvre génère des manufactures connexes comme des
menuiseries, des fabriques de bardeaux, de portes et de châssis.
L’établissement de la manufacture de cigares, connue sous le nom de Jean Reuse Cigar
Making co, donne du travail à 13 cigaristes ou apprentis. Quant au chemin de fer, il
fournit de l’emploi à 20 travailleurs11. Une manufacture de chemises voit le jour sous le
nom de Maple Clothing ; elle prend véritablement son envol (jusqu’à 150 ouvrières)
lorsqu’elle est prise en main par des intérêts locaux, sous la raison sociale de Drummond
Shirt. Un manufacturier de l’est de Montréal s’associe à des hommes d’affaires de la
région pour implanter la Charbonneau Shoe qui connaît dès le départ une expansion
telle qu’elle manque de main-d’oeuvre. Des intérêts financiers montréalais construisent
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une manufacture d’allumette, la Improved Match Factory, acquise par des
Drummondvillois moins de cinq ans après sa création. Une manufacture de pinces à
linge, la Demers Clothes Pin, connaît une certaine prospérité malgré une existence
éphémère. Enfin, le parc industriel s’enrichit de la Walsh Plate and Structural Works
spécialisée dans la fabrication de bouilloires et de poutres en acier et en fer 12.
L’étape d’industrialisation qui s’échelonne de 1896 à 1914 est donc caractérisée par
l’injection de capitaux étrangers à l’origine des projets, lesquels sont remplacés par des
capitaux indigènes lorsque les entreprises menacent de fermer. D’où l’émergence d’un
entrepreneuriat local propice à l’engagement social de ses commettants.
Les services à l’entreprise
Les services à l’entreprise emboîtent le pas à la croissance industrielle. Tel le secteur
bancaire qui a cependant connu des ratés au 19e siècle, alors que la banque JacquesCartier, la Caisse d’Économie et la banque de Saint-Hyacinthe font des affaires quelques
mois seulement.
À compter de 1906, avec l’implantation de la banque Molson,
Drummondville est dotée de services financiers permanents. La banque Provinciale, au
service des entreprises canadiennes-françaises, s’installe à son tour en 1912 13.
L’année 1906 voit la fin d’une concurrence paralysante dans le secteur de la téléphonie.
La compagnie Bell accepte de vendre son réseau local à la compagnie Gauthier qui en
opère déjà un à Drummondville et dans la région, et ne garde que le service interurbain.
En 1909, le réseau est cédé à une compagnie à capital-actions formée d’hommes
d’affaires locaux qui lui donnent définitivement son envol14. Le nombre d’abonnés passe
de 18, en 189715, à 87, en 1911.
On peut également constater l’accentuation des fonctions d’échanges et de services par
le nombre important de marchands et de professionnels installés sur la rue Heriot. Il
serait superflu de les énumérer. Mentionnons, cependant, l’hôtel Manoir, construit en
1907, qui se distingue par la qualité et l’ampleur de ses installations; il démontre, plus
que toute autre initiative, l’optimisme qui règne en ce début du 20e siècle au sein de l’élite
drummondvilloise.
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L’éducation
En 1896, les Soeurs de la Présentation-de-Marie dispensent le cours primaire et le cours
supérieur français et anglais 16, dans leur pensionnat nouvellement construit à l’écart du
centre-ville.
Sous l’autorité des commissaires d’école, elles assument également
l’instruction des filles du village, mais dans un local et une cour de récréation séparés du
pensionnat 17. En ce qui concerne les garçons, deux communautés s’étant découragées
à la besogne, ce sont des maîtres laïques qui ont la charge de leur éducation depuis
189218. Les anglophones, beaucoup moins nombreux, fréquentent une école mixte de la
basse ville dirigée par deux institutrices laïques19.
Deux obstacles au succès de la scolarisation populaire sont relevés par les autorités
locales, soit la fréquentation irrégulière, voire même la désertion des bancs d’école par
de nombreux enfants, et l’absence d’institution supérieure, sur place, pour les garçons.
Le second obstacle est levé beaucoup plus rapidement que le premier, car il rallie toutes
les forces en présence. En effet, le conseil des commissaires, aidé du curé Tétreau, fait
des démarches auprès des communautés religieuses susceptibles de répondre
favorablement à leur demande d’ouvrir une école commerciale à Drummondville. De son
côté, La Justice plaide que Drummondville n’a pas formé de citoyens d’élite parce qu’on
n’y a pas su obliger les enfants à fréquenter l’école assidûment, ni assez longtemps. Les
choses n’en seraient pas là, insiste l’hebdomadaire, si un collège commercial et un
pensionnat pour garçons étaient établis à Drummondville. « Quels sont ceux des enfants
de Drummondville qui réussissent dans le monde, si ce n’est ceux-là seulement, dont les
parents ont pu les envoyer à l’étranger quérir la manne intellectuelle que leur propre ville
leur refusait »20.
En 1906, la communauté des Frères de la Charité accepte de venir se fixer à Drummondville
et de construire aussitôt un collège où ils fournissent « un écolage au prix de 1,25 $ par
mois pour toutes les classes du cours commercial » 21. Les frères assurent également la
relève des laïcs à l’école élémentaire de garçons ; ils quittent cependant cet endroit, en
1909, pour s’installer dans une école neuve, connue initialement sous le nom de l’École
des Commissaires
22
. Finie l’époque où l’école des garçons, avec ses deux classes
établies dans le vieux couvent des Soeurs, étendait « sa rangée de latrines tout à fait
ancien modèle » en bordure de la rue du Couvent 23.
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La deuxième condition essentielle au progrès de la scolarisation populaire, soit la
fréquentation assidue et obligatoire de l’école, tarde à se concrétiser.
D’une part,
s’immiscer dans le domaine de l’éducation indispose bien des gens d’Église qui
craignent d’être supplantés par l’État dans un domaine où ils ont toujours revendiqué la
primauté. D’autre part, plusieurs parents allèguent ne pouvoir se priver des salaires de
leurs enfants, si minimes soient-ils, tant leur pauvreté est grande. Napoléon Garceau
fera de la fréquentation obligatoire une croisade personnelle, sa vie durant. D’abord, par
son implication directe au sein de la Commission scolaire, à titre de président durant 27
ans, soit de 1904 à 1931. Puis dans les journaux dont il est propriétaire et rédacteur en
chef, soit La Justice et Le Présent, où il critique tous ceux qui s’opposent à son projet. Il
devrait, selon lui, y avoir des lois pour protéger l’intelligence de l’enfant contre l’incurie
des parents 24. Sa proposition d’une règlementation forçant les parents à envoyer leurs
enfants à l’école 25. étant défaite, il fonde une association ayant pour but, entre autres,
d’exercer une influence morale sur les parents négligents, et d’empêcher les patrons
d’embaucher les enfants n’ayant pas atteint l’âge légal 26.
En 1913, les commissaires d’école ratifient une résolution à l’effet de se charger de tout
le fardeau de l’entretien des écoles locales.
Tous les enfants peuvent désormais
poursuivre leurs études sans que leurs parents soient tenus de débourser un seul sou.
Drummondville est la première municipalité de la Province à déclarer la fréquentation
scolaire gratuite 27. En ce qui concerne la fréquentation obligatoire, les adversaires au
projet sont encore trop nombreux et trop puissants à la fin de la période étudiée pour
permettre un dénouement progressiste.
Le sort des élèves anglophones connaît également une amélioration manifeste. En
1913, ils quittent le local temporaire de la rue Brock pour aménager dans un bâtiment
construit spécialement à des fins d’éducation, soit l’école Riverview située à quelques
pas de l’église anglicane 28.
Les interventions municipales
Les ressources financières tirées de la taxation des propriétés et des métiers ou
professions exercés par les citoyens permettent la réalisation de nombreux travaux
publics. D'abord, l’éclairage des rues à l’électricité grâce à l’installation de 50 lumières
de 32 chandelles. Puis la modernisation du réseau électrique (acquis en 1896) et du
réseau d’aqueduc dont les tuyaux en bois « fendent avec une régularité
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10
déconcertante 29». Des trottoirs de béton remplacent les trottoirs de bois à compter de
1906. Dans les quartiers ouest et sud, finis les temps nauséabonds des égouts à ciel
ouvert ; on y construit, en 1908, le premier système de canalisations souterraines des
eaux usées. Les artères de la vieille ville étant saturées en 1911, on prolonge la rue
Lindsay au-delà de la voie du Canadian Pacific Railway, jusqu’au moulin Vassal. C’est le
début de l’expansion organisée du territoire vers le sud, faisant ainsi obstacle au projet
obstiné des propriétaires anglophones de développer le secteur nord de la rivière SaintFrançois.
Enfin, les six pompiers, engagés en 1896, à raison de 1 $ par feu et de 50 ¢ par exercice
voient leur rang se gonfler d’une douzaine de pompiers volontaires suite aux terribles
incendies de 1898 et 1899. L’édifice des pompes, construit en 1890, est agrémenté, en
1901, d’une tour de séchage des boyaux hissés à l’aide d’un moulinet 30. Désormais, on
utilisera le macadam comme recouvrement des rues. Une initiative hautement appréciée
par les citoyens qui devaient, jusque-là, circuler sur des chemins rugueux en raison de la
présence de « crasse de mine » dans les assises des rues. Ce matériau, spécifique à
Drummondville, est le résidu de la fonte de minerai des Forges McDougall, cassé à la
masse et mêlé à du sable pour obtenir une surface de rue à peu près carrossable. Selon
un témoin de l’époque, « c’était pareil comme de la vitre [...] ça roulait bien mal làdessus, y avait ben des chevaux qui boitaient. Ils mettaient du sable là-dessus, mais [...]
la crasse ressortait tout le temps » 31.
Responsable de la prévention des épidémies et de leur gestion lorsqu’elles apparaissent,
le conseil municipal adopte des règlements pour une plus grande salubrité des lieux
communs (marché, dépotoir, pâturage) et confie au Bureau de santé la responsabilité de
louer des locaux aux fins d’isoler les malades. Ainsi, lorsque la variole se manifeste sous
une forme assez virulente, en 1902, on placarde provisoirement la maison de F.-X.
Demers et le Dr Bérard est chargé de visiter et de soigner les variolés 32.
L’implantation d’une institution permanente pour soigner les malades se concrétise en
novembre 1910 alors que Mgr Brunault, le curé Tétreau et Mère Alphonse-de-Ligouri
ratifient le document officialisant la mission des Soeurs Grises de Nicolet à Drummondville.
Pour accueillir les malades et les vieillards, les Soeurs louent un hôtel désaffecté situé
dans la basse ville, au coût de 550,50 $ par année. En 1914, le corps médical est
composé de six religieuses et d’un médecin ; en cours d’année, ils ont soigné 27
malades en plus des vieillards qui occupent l’un ou l’autre des cinq lits réservés aux
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longs séjours.
L’hôpital-hospice n’étant plus suffisamment grand, les religieuses
aménagent dans un édifice de la haute ville qui avait jusque-là servi pour des fins
d’enseignement. Il n’y a aucuns frais de loyer à acquitter ; cependant, la rénovation du
vieux couvent suscite des investissements de 3 200 $ 33.
Les loisirs populaires et les espaces verts
Au cours du premier siècle d’existence de Drummondville, la population ne manque pas
une occasion de se rassembler, soit pour entendre les politiciens ou pour applaudir la
fanfare locale, sur les îles du petit archipel du Saint-François blotti à quelques pas de la
basse ville. Depuis 1903, les îles sont reliées à la terre ferme par des ponceaux déposés
sur des barils 34. À la suite de la débâcle de 1911, qui emporte non seulement les
ponceaux, mais le kiosque à musique, on déplace l’aire de rassemblement en « haut de
la côte » de la rue Heriot. La ville loue de la Fabrique un terrain faisant face à l’église,
baptisé du nom de parc Saint-Frédéric 35. Un mécène se charge de dessiner les plans
du nouveau parc et d’en payer les coûts d’aménagement 36.
Entre 1910 et 1915, trois salles de projection publiques de cinéma muet voient le jour,
lesquelles sont converties, au besoin, en salles de théâtre où des troupes locales
présentent des comédies, des opérettes ou des séances dramatiques 37. De son côté, le
curé Tétreau invite ses ouailles au sous-sol de l’église Saint-Frédéric pour des « vues
animées » qu’il a préalablement censurées. Trop peu censurées au goût des Soeurs qui
ordonnent un jour à leurs élèves de sortir en pleine projection d’un film montrant de gros
oeufs de Pâques d’où s’échappaient des ballerines exécutant des pas de danse 38.
Deux journaux de combat
De nombreux affrontements d’hommes remplis d’ambition pour leur collectivité et/ou pour
leur gousset sont parvenus jusqu’à nous grâce à la parution de deux journaux de
combat, soit La Justice, publiée entre 1901 à 1906 et imprimée à Saint-Hyacinthe, et Le
Présent, publié entre 1912 à 1914 et imprimé à Arthabaska. Ils sont tous deux lancés
par l’avocat Napoléon Garceau tant pour soutenir ses luttes politiques que pour défende
ses principes sociaux. Il sait frapper ceux qui ne partagent pas ses opinions. Cet extrait
du Présent nous permet de juger du programme de Garceau: : « Le Présent [...]
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combattra tous les éteignoirs, qu’ils agissent sous une forme ou sous une autre, par des
moyens cachés ou ouverts [...] dénonçant sans faiblesse les faiseurs et les exploiteurs
qui comme autrefois n’auront en vue que leurs avantages personnels, et non ceux du
peuple » 39.
La Justice est un hebdomadaire, d’abord de huit pages de pleine grandeur, dont la une
seulement s’adresse spécifiquement aux gens de Drummondville. Garceau en est le
propriétaire et le rédacteur jusqu’en décembre 1903 alors que sa publication est
suspendue plus d’une année. Lorsque La Justice revient en avril 1905, elle n’a que
quatre pages de format infolio, mais elle a surtout perdu tout esprit critique. Garceau en
a alors cédé la direction à un triumvirat soumis au conseil municipal (dirigé par Garceau
lui-même), ce qui marque une certaine rupture avec l’orientation idéologique de ses
premières années d’existence 40.
Le Présent, in-plano comme l’était La Justice, ne compte cependant que quatre pages.
Dans cette nouvelle tentative, Garceau n’est plus aussi seul qu’il ne l’était en 1901.
Aussi, précise-t-il sur chacune des parutions qu’il est le propriétaire du journal, mais que
celui-ci est « rédigé en collaboration » 41.
Le sous-financement permanent dont souffrent ces deux journaux entraîne leur disparition.
Garceau s’en ouvre ainsi à ses lecteurs : « Il faut, pour maintenir un journal, beaucoup
d’encouragement, beaucoup d’aide ; aide et encouragement nous ont souvent fait
défaut 42». En effet, les seules sources de financement proviennent d’une dizaine de
petites annonces à caractère local, et de quelques publicités de produits pharmaceutiques
et de savon : Pilules rouges, pilules Moro, Sunlingt, Castoria 43. De plus, ces journaux ne
disposent pas d’un bassin de lecteurs suffisant. Selon De Bonville, « il faut 17 097
francophones pour justifier un journal » dans les Cantons de l’Est de 1911. Ce qui n’est
manifestement pas le cas ni de La Justice ni du Présent 44.
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Deuxième partie :
Les freins à l’émergence de Drummondville
Lorsqu’on se compare, on se désole... En effet, si la population de Drummondville augmente
entre 1891 et 1914
(voir tableau 1),
sa croissance s’inscrit cependant en deçà de la moyenne de
neuf villes situées dans un rayon de moins de 100 km de Drummondville (voir tableau 2).
Tableau 2 : Croissance urbaine comparée, entre 1891 et 1914
Magog
Sherbrooke
Saint-Hyacinthe
Sorel
Windsor
Iberville
Nicolet
Waterloo
Drummondville
Richmond
1891
2100
10110
7016
6669
1591
1719
2518
1733
1955
2056
1914
4193
19305
11170
8715
2024
2000
2889
2000
2250
2100
Augmentation
99 %
91 %
59 %
31 %
27 %
16 %
15 %
15 %
15 %
2%
Sources : Documents de la session, Québec, 1916, 49-III. Recensement du Canada, 1891.
Comme Drummondville, ces agglomérations ont un caractère industriel, à l’exception de SaintHyacinthe et de Nicolet dont le développement est relié au potentiel agricole élevé des environs.
À noter, la vocation de capitale régionale des villes de Sherbrooke et de Saint-Hyacinthe qui
justifie une partie de leur effectif démographique impressionnant.
Nous l’avons vu au chapitre traitant de l’industrialisation, l’accroissement démographique urbain
est directement lié à la création d’emplois manufacturiers. De divers facteurs qui entravent
l’essor industriel entre 1896 et 1914, nous avons retenu les deux plus pénalisants, soit l’absence
de ressources énergétiques abondantes et la discorde chronique entre les divers intervenants
économiques, politiques et religieux.
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L’énergie hydroélectrique
Les débuts de l’électricité à Drummondville sont modestes.
Une petite centrale de
propriété privée fournit l’électricité, le soir seulement, jusqu’à minuit.
Dans les
habitations, on ne permet que des ampoules de 16 chandelles. En 1896, le conseil
municipal achète le réseau privé de distribution électrique ainsi que les infrastructures de
production. Drummondville devient ainsi la première ville au Québec à municipaliser ses
ressources hydrauliques 45. Elle entreprend sur-le-champ la modernisation de la centrale
et construit une chaussée plus longue et plus élevée afin d’augmenter le volume du
réservoir d’eau 46.
Dans les années subséquentes, Drummondville est appelée à des investissements
disproportionnés, en regard de ses faibles ressources financières, pour l’entretien et
l’amélioration des installations 47.
La privatisation du réseau fait l’objet de plusieurs
discussions au sein du conseil municipal et dans le milieu d’affaires. Selon Rumilly :
« Les esprits modernes, à la suite de Napoléon Garceau, favorisent la concession. Les
esprits traditionalistes s’y opposent et reçoivent le renfort de Damien Bouchard, député
de Saint-Hyacinthe, grand partisan de la municipalisation des forces motrices » 48.
Initialement en faveur de l’exploitation du réseau électrique par la ville, Garceau a fait
volteface à la lumière des coûts d’exploitation de la centrale supérieurs, en 10 ans, à la
mise de fonds de 28 000 $ 49.
Le débat devient plus houleux et la décision plus pressante suite à la crue des eaux du
printemps 1912, d’une ampleur sans précédents, qui endommage lourdement les
infrastructures 50. À peine les réparations terminées, soit le 15 juin, un incendie rase
complètement la centrale. La ville doit s’endetter cette fois de 40 000 $ pour remettre le
tout en état de service 51.
En plus de ces déboires financiers, le conseil municipal est de plus en plus sollicité par
les entreprises pour fournir ou augmenter le courant électrique 52. À titre d’exemple, la
Campbell MacLaurin achète de l’électricité de la ville de Drummondville pour l’éclairage
de ses installations, à raison de 1 $ pour 50 lampes 53, mais elle doit se rabattre sur
l’énergie à vapeur pour ses activités industrielles 54. Chaque nouvelle installation fait
donc l’objet d’une résolution du Conseil, car la petite centrale ne peut plus satisfaire à
toutes les demandes.
Et pour cause, aux infrastructures déficientes s’ajoutent des
fluctuations irrégulières du débit des eaux du Saint-François qui vont des crues
Yolande Allard, avril 2001
15
dévastatrices aux périodes de sècheresse prolongées.
Dans les deux cas, on doit
suspendre la production d’électricité. En août 1913, à l’occasion d’une consultation
tenue par la Commission des Eaux courantes de Québec, Drummondville délègue un
conseiller et le propriétaire d’une scierie fortement éprouvé par l’inondation du printemps
1912 afin de faire valoir l’urgence de construire un barrage-réservoir à la tête du bassin
pour régulariser le débit des eaux du Saint-François 55.
La Southern Canada Power (SCP), déjà en pourparlers dans les coulisses avec certains
élus et hommes d’affaires, dépose officiellement une offre d’achat en 1913.
Le
règlement 19 autorisant la vente de la centrale hydroélectrique à la SCP est soumis aux
contribuables en mai 1914 : 104 votent en faveur, 28 contre 56. Cette étape décisive
franchie, la SCP se fait octroyer par les propriétaires des Forges une partie de leur
terrain et tous les droits détenus sur les rives du Saint-François 57. L’exécution des
projets de la SCP sera cependant ajournée en raison d’un litige l’opposant à la South
Shore Power and Paper Co Ltd qui avait obtenu, en novembre 1912, par bail
emphytéotique de 75 ans, les droits d’exploitation de la chute Lord ainsi que d’autres
chutes situées en amont et en aval de Drummondville 58. Ce n’est qu’en 1918 que la
SCP démolira toutes les installations existantes pour construire un complexe moderne
développant une puissance initiale de 18 400 Hp 59.
Les guerres de pouvoir
On a vu des communautés faire la manchette en raison d’un développement
disproportionné en regard des faibles ressources dont elles disposent. D’autres, bien
nanties en ressources et sur le plan géographique, accusent un retard faute d’une bonne
coordination des actions entreprises. Drummondville s’inscrit dans le deuxième groupe
au début du 20e siècle. Pourtant, les tableaux 3 et 4 laissent entrevoir une parfaite
harmonie au sein de la députation « rouge », alors que Laurier exerce une influence
déterminante sur les organisations politiques locales, laquelle influence se traduit par
une continuité libérale tant au palier fédéral que provincial. En effet, à la Chambre des
Communes se succèdent d'invincibles libéraux qui démontrent peu d’intérêt pour leurs
électeurs de Drummond.
D’abord la dynastie Lavergne dont l’aîné, Joseph, quitte la politique active en 1896 à la
suite de sa nomination à la Cour supérieure. Il laisse la voie libre à son frère Louis qui
Yolande Allard, avril 2001
16
règne 12 ans sur la région avant d’accéder au Sénat 60.
Durant 25 années, la
circonscription de Drummond-Arthabaska est la chasse gardée des Lavergne, amis
intimes de Laurier.
Rumilly dira d’ailleurs de Louis Lavergne : « il était un de ces
partisans obtus qui discutent les sermons de leur curé, mais suivent aveuglément les
consignes du « chef » 61.
Originaires d’Arthabaska et pratiquant à Arthabaska, les Lavergne démontrent peu
d’intérêt pour l’avancement de Drummondville, ce qui irrite les électeurs. Dès 1903, la
Chambre de Commerce de Drummond réclame la séparation de Drummond-Arthabaska
en deux circonscriptions distinctes alléguant que la population est suffisamment élevée
dans chacune d’elles. En effet, la population totale de Drummond-Arthabaska est de
44 484. En divisant le territoire, il serait possible de créer deux circonscriptions d’environ
22 000 habitants. La grande majorité des circonscriptions ont alors une population qui
oscille entre 15 000 et 30 000 habitants. La séparation ne sera cependant accordée
qu’en 1966, alors qu’elle était acquise au parlement québécois depuis 1890 62.
Tableau 3 : Personnel politique fédéral
Année
d’élection
1896
1897
1900
1904
1908
1910
1911
Premier ministre
Affiliation
politique
% députés libéraux
au Québec
Député de DrummondArthasbaska
Affiliation
politique
% de voix
Laurier, Wilfrid
L
75
L
L
L
88
82
80
Borden, Robert
C
57
L
L
L
L
L
C
L
60
Laurier, Wilfrid
Laurier, Wilfrid
Laurier, Wilfrid
Lavergne, Joseph
Lavergne, Louis
Lavergne, Louis
Lavergne, Louis
Lavergne, Louis
Gilbert, Arthur
Brouillard, Ovide
par accl.
74
56
51
Sources : Pierre Drouilly (UQAM). Statistiques électorales fédérales du Québec 1867-1985. UQAM (Centrale 021141717-8210 PG1). Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992. PUL, 1993.
Yolande Allard, avril 2001
17
Le tableau 3 témoigne d’une organisation libérale efficace, à l’exception cependant de
l’élection de 1910.
Il s’agit d’une élection partielle pour remplacer le député Louis
Lavergne qui a été nommé sénateur. Pour affronter l’avocat Perreault d’Arthabaska, un
autre lieutenant de Laurier, on désigne Arthur Gilbert, un cultivateur de Stanfold inconnu
en politique qui ne peut être qualifié de franchement conservateur ou de franchement
nationaliste. Les gros canons nationalistes et conservateurs (Henri Bourassa, Armand
Lavergne, Esioff Patenaude et compagnie) s’abattent sur la circonscription et s’en
prennent principalement à la décision de Laurier d’acquérir une marine destinée à
assurer la sécurité des côtes canadiennes.
Le candidat Gilbert triomphe avec une
63
majorité inférieure à 200 voix . Selon l’expression même de Bourassa, cette victoire est
« un coup de foudre révélateur pour tout le monde » 64, et le prélude de la grande
débâcle des libéraux à l’élection générale de 1911 65.
Les Lavergne grassement récompensés et ainsi écartés des postes électifs, un politicien
issu du milieu drummondvillois se fait enfin élire en 1911. Il s’agit de Ovide Brouillard, un
riche commerçant de bois impliqué dans plusieurs industries de Drummondville, qui
n’hésite pas à jouer sur tous les tableaux politiques : il a tenté sa chance, mais en vain,
aux élections provinciales de 1908 et de 1910, il est conseiller municipal depuis janvier
1911 et sera le premier maire élu démocratiquement en novembre 1911. Sa victoire à
l’élection fédérale de 1911 est mince (51% des votes), mais tout de même remarquable
compte tenu de la majorité conservatrice à l’échelle du Canada.
Sur la scène provinciale, il règne une harmonie certaine entre le premier ministre en fonction et
la députation élue dans Drummond. Cependant, la période est caractérisée par des luttes
acerbes dans le camp des libéraux de même que chez les nationalistes comme nous le verrons
dans le volet municipal.
Le député en poste en 1897, William John Watts est un vétéran de la politique. Admis
au Barreau du Québec en 1869, il est nommé maire de Drummondville par ses pairs
conseillers de 1874 à 1884. Parallèlement à ses responsabilités municipales, il siège à
l’Assemblée nationale 13 années sur les 17 à s’écouler entre 1875 et 1892 66. Il est
défait une seule fois, et ce, par un écart de six voix, soit à l’élection de 1892 qui l’oppose
au commerçant de bois Joseph Peter Cooke 67. En ce qui concerne sa démission de
1886, Rumilly interprète son geste « comme une condamnation de la campagne de
Riel » 68.
Yolande Allard, avril 2001
18
Mais avant tout, Watts gère la riche succession de feu son père, Robert Nugent Watts,
lequel avait hérité d’une grande partie des biens de son cousin fondateur de
Drummondville, Frederick George Heriot.
On dit des Watts qu’ils ont exercé une
dictature sur la population de Drummond, paralysant tout progrès par leur refus obstiné
de céder, à prix raisonnables, des terrains qui auraient permis à certaines industries de
s’y implanter et d’améliorer ainsi l’état de l’économie locale 69. Dans les faits, les Watts
louent les terrains par bail emphytéotique plutôt que de les vendre bénéficiant ainsi d’une
hausse importante de la valeur foncière lorsque les entreprises sont en activité 70. De
même, les terrains vendus aux particuliers sont grevés d’une rente à verser aux Watts 71.
En janvier 1901, Watts démissionne à titre de député de l’Assemblée nationale pour
s’établir à Montréal-Ouest où il a obtenu, en récompense politique, le poste de registrateur.
Il veut ainsi se rapprocher de son fils unique, Robert, qui fréquente alors une école
supérieure de la métropole 72.
Tableau 4 : Personnel politique provincial
Année
d’élection
1897
1900
1901
1904
1905
1908
1910
1912
Premier ministre
Affiliation
politique
Marchand, F.-Gabriel
Parent, S. Napoléon
L
L
Parent, S. Napoléon
Gouin, Lomer
Gouin, Lomer
L
L
L
Gouin, Lomer
L
Député de Drummond
Affiliation
politique
% de voix
Watts, William John
Watts, William John
Laferté, Joseph
Laferté, Joseph
L
L
L
L
56
56
78
58
Laferté, Joseph
Allard, Jules
Allard, Jules
L
L
L
40
55
53
Sources : Pierre Drouilly (UQAM). Répertoire du personnel politique québécois 1867-1982. Québec, Bibliothèque
de l’Assemblée nationale, 1983. Pierre Drouilly (UQAM). Statistiques électorales du Québec 1867-1981. Québec,
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, 1982. Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992. PUL, 1993.
Yolande Allard, avril 2001
19
Les électeurs de Drummond sont donc appelés aux urnes pour une élection partielle en
octobre 1901. Ils élisent Joseph Laferté « un cultivateur de la région peu instruit, mais
habile comme un vieux renard » selon Rumilly 73. Laferté est réélu en 1904 et en 1908
avec une majorité de voix s’amenuisant à chaque élection.
L’élection de 1908 est
finalement annulée, en janvier 1910, pour irrégularité : certains comités libéraux auraient
servi de la boisson enivrante durant la campagne électorale 74. Ce type de contestations
se règle généralement à l’amiable entre bleus et rouges. Mais Laferté n’a pas seulement
un adversaire nationaliste, Garceau ; un autre libéral Ovide Brouillard, le serre de près.
À l’élection partielle de 1910, Laferté croit le moment venu de céder la place à son fils
Hector, étudiant en droit et secrétaire du ministre des Terres et Forêts. L’idée plait à
Lomer Gouin et à Laurier.
Mais Ovide Brouillard rentre en lice ; candidat à barbe
blanche, et aussi bon libéral, il réclame la préséance sur le fiston Laferté. Brouillard est
de connivence avec William Mitchell pour passer le flambeau au fils de ce dernier, Walter, le
temps venu et, ainsi, empêcher l’établissement de la dynastie Laferté dans le comté 75.
Pour éviter des déchirements dans le clan libéral, Gouin parachute dans Drummond un
ami très sûr, Jules Allard, alors ministre des Terres et Forêts. Le Soleil applaudit à cette
nomination, précisant qu’Allard donne là « un bel exemple de dévouement », alors que
Le Devoir affirme plutôt qu’il s’agit là « d’un bel exemple du sans-gêne » avec lequel on
traite les électeurs de Drummond 76. Allard sort victorieux non seulement de l’élection
partielle de 1910, mais aussi de l’élection générale de 1912. Par ce choix répété d’un
député sans attaches dans la région (Allard habite Saint-François-du-Lac), les électeurs
de Drummond veulent-ils signifier aux instances libérales locales qu’ils ne sont pas
dupes de leurs manigances ?
Dans les localités touchées par l’industrialisation, le conseil municipal est une instance
importante. À Drummondville, la période 1896 à 1914 est ponctuée de nombreuses luttes de
pouvoir entre les clans Mitchell et Garceau. Le tableau 5 démontre la mainmise de William
Mitchell et de ses lieutenants Bousquet et Girard entre 1898 et 1905, alors que Napoléon
Garceau et son ami Alexandre Mercure exerceront le pouvoir de 1905 à 1914, sauf durant les
18 mois de règne d’Ovide Brouillard, ce dernier lié au clan Mitchell.
Signalons d’abord l’indifférence généralisée des premières années de 1900, alors que
les séances du conseil sont reportées à de nombreuses occasions faute de quorum. On
Yolande Allard, avril 2001
20
ira jusqu’à proposer l’imposition d’une amende de 5 $ aux conseillers en retard lors des
séances du conseil 77. À la décharge des conseillers et des citoyens en général, notons
le processus électoral qui présente des lacunes préjudiciables à toute implication spontanée.
En effet, le maire est nommé par ses pairs conseillers, de même les conseillers sont
nommés et non élus lorsqu’il s’agit de remplacer un conseiller démissionnaire. Ce n’est
qu’en novembre 1912 que le poste de maire sera soumis à l’électorat au même titre que
ceux de conseillers, tous les deux ans.
Tableau 5 : Personnel politique municipal
Année
d’élection
1896
1897
1898
1899
1900
1901
1902
01-1903
02-1904
01-1905
01-1906
01-1907
01-1908
01-1909
01-1910
01-1911
01-1912
11-1912
02-1914
Maire
Notes
nomination J.-Éna Girouard
nomination Henri Vassal
nomination William Mitchell
nomination J.A. Bousquet
nomination William Mitchell
nomination Henri Girard
démission 3/12/1902
démission 10/10/1903, remplacé par H. Girard
démission 3/05/1905, remplacé par N. Garceau
démission 20/03/1908, remplacé par D. Hébert
nomination Napoléon Garceau
démission 1/08/1912, remplacé par O. Brouillard
élection Ovide Brouillard
élection Alexandre Mercure
Sources : Éphémérides de Drummondville de 1900 à 1914. Minutiers de la ville de Drummondville de 1902 à 1914.
E. C.-Rajotte, Drummondville 150 ans de vie quotidienne au Coeur du Québec. Éd. des Cantons, 1972, p. 147.
De plus, l’administration municipale est loin d’être saine. Le secrétaire en poste en 1904,
qui cumule un emploi à la comptabilité des Forges McDougall, démissionne pour des
« raisons de santé » ; la réputation du secrétaire est si suspecte que le Conseil
commande une enquête sur son administration en vertu de l’article 135 du Code
municipal 78. À ces considérations d’ordre administratif s’ajoute un climat de manigances
et de confrontation qui divise les forces vives du milieu. William Mitchell, Napoléon
Garceau et Frédéric Tétreau en sont les principaux acteurs.
D’abord Mitchell, arrivé à Drummondville vers 1875 pour s’adonner au commerce du bois
de charpente qui prend beaucoup d’ampleur grâce à la construction du Drummond
Yolande Allard, avril 2001
21
County Railway dont il est le principal actionnaire.
Il est de plus président de la
Drummond Lumber Co, président de la Drummondville Bridge Co, directeur de la
Richmond, Drummond, Yamaska Fire Insurance Co et actionnaire de la Shawinigan
Water and Power. Il tient le haut du pavé dans l’organisation régionale du parti libéral,
tant provincial que fédéral, ce qui lui rapporte des dividendes substantiels, entre autres,
l’expropriation par le gouvernement fédéral, en 1899, du Drummond County Railway. Il
est nommé sénateur en mars 1904 79.
Mitchell reçoit la pleine collaboration du curé Frédéric Tétreau, un personnage
controversé et puissant.
Tétreau est nommé à la cure de Saint-Frédéric de
Drummondville en 1902, après un séjour de près de 20 ans à la paroisse Saint-JeanBaptiste de New York. Héritier de l’esprit d’initiative des Américains, il tente de prendre
le contrôle non seulement de la Fabrique, mais aussi de la chose municipale et scolaire.
Et il ne s’en cache pas. Un jour, au greffe de la Cour de Circuit, il déclare bien haut :
« Je mène à Drummondville les Anglais comme les Canadiens français. Il n’y a pas un
gueux qui m’empêchera de tout mener à Drummondville » 80.
Parlant parfaitement
l’anglais, Tétreau se lie aux Mitchell, Newton, McDougall, Watts, afin de les convaincre
de lui céder leurs terrains pour le progrès de la ville 81.
Le curé Tétreau est contre l’instruction obligatoire, mais il donne ouvertement son appui
au parti libéral. En mai 1910, il écrit au Premier ministre Laurier lui faisant valoir que
l’organisation du candidat Perreault est parfaitement à point et que, dans ces conditions,
la victoire électorale est certaine, quel que soit l’adversaire 82. Nous l’avons vu plus tôt,
par moins de 200 voix, Perreault sera cependant défait aux mains du conservateur
Gilbert.
Tétreau affiche encore ses allégeances en février 1913 alors qu’il prête
gracieusement le sous-sol de l’église pour la tenue d’un grand banquet « rouge » mettant
en vedette les anciens ministres Fisher et Lemieux 83.
Du haut de sa chaire, le curé Tétreau ne craint pas de fustiger ses opposants, en
particulier Garceau qu’il accuse d’être le fauteur de désordre au Conseil de ville. Sans
tarder, la riposte vient du Présent qui dénonce les intrusions du curé dans les affaires
municipales et sa cabale ouverte pour le candidat libéral aux élections fédérales de 1911
ainsi qu’au scrutin provincial de 1912. De plus, l’hebdomadaire lui reproche d’utiliser les
fonds de la Fabrique sans en avoir reçu l’autorisation des marguillers.
Avec la
permission de l’évêque, Garceau intente une poursuite contre la Fabrique qui fait
beaucoup de bruit 84. De mémoire d’homme, personne à Drummondville n’avait osé une
Yolande Allard, avril 2001
22
telle action contre son curé 85. D’ailleurs, dans Le Présent, Garceau sent le besoin de se
justifier et de protester de sa foi : « Ceux qui dirigent Le Présent, comme ceux qui y
collaborent, ont la prétention d’être des catholiques sincères, respectueux de la doctrine
religieuse et de la morale [...]. Catholiques, nous nous inclinons purement et simplement
en matière de foi devant l’autorité légitime » 86.
Napoléon Garceau a ouvert un cabinet d’avocat à Drummondville en 1900. Extrêmement
énergique en dépit de sa petite taille, il ne craint pas, nous l’avons vu, d’afficher
publiquement ses idées et de les soutenir avec un cran à nul autre pareil. Jean-Charles
Saint-Amant, le décrit ainsi dans sa monographie d’histoire régionale publiée en 1932 :
« Ce combattif ne resta jamais sous tente pendant les campagnes électorales. Il ne
craignit jamais de se tenir aux avant-postes, non pas au fond des tranchées, ni derrière
les barricades. [...] Il fut toujours et est encore un lutteur redoutable, un orateur plein de
verve et vigoureux polémiste
87
. Ernestine Charland, secrétaire de Garceau de 1908 à
1919, explique ainsi les conflits de son patron :
« La croisade de Garceau pour
l’instruction gratuite et obligatoire pour tous les enfants jusqu’à 14 ans [...] était alors
jugée révolutionnaire par les autorités religieuses et il s’ensuivit bien des critiques, des
désapprobations, des conflits » 88.
D’allégeance tantôt conservatrice et tantôt libérale en politique, Garceau est un homme
idéaliste et un libre penseur peu ouvert aux concessions. À l’occasion de la guerre des
Boers, il s’oppose, aux côtés de Laurier, à toute participation aux conflits de l’Empire 89.
Cependant, il utilise son journal, en 1913, pour dénoncer la politique navale de Laurier à
l’effet de construire « deux escadres placées, l’une sur l’Atlantique, l’autre sur le
Pacifique, et qui, si l’urgence se faisait sentir, pourraient être mises au service de
l’Angleterre » 90.
Il en va de même pour son appui à Bourassa. La Justice annonce la parution, au début
de l’été 1903, d’un « magnifique travail rempli de hautes considérations politiques et
nationales », faisant ici référence à la traduction française faite par Bourassa de la
brochure du journaliste Smith condamnant la participation canadienne aux guerres
impériales 91. À l’automne de la même année, à grands coups d’encensoir Garceau fait
la promotion de Bourassa comme candidat potentiel dans la circonscription de Labelle,
en opposition au premier ministre Parent 92. Cependant, Garceau n’approuve pas le
nationalisme d’Henri Bourassa qui se limite à la province de Québec. Et tant qu’il est
maire de Drummondville, on fête la Confédération plutôt que la Saint-Jean Baptiste parce
Yolande Allard, avril 2001
23
que, dit-il, « nous devons nous dire simplement « Canadiens », nous sentir chez nous
dans tout le Canada et y prendre notre place ». La rupture avec Bourassa sera définitive
en 1914, alors que Garceau lui exprime son désaccord sur la teneur d’une série d’articles
sur l’origine de la guerre, convaincu que l’impérialisme britannique veut utiliser la guerre
pour compléter son oeuvre au Canada 93. Garceau n’acceptant pas en bloc les doctrines
politiques, il est étiqueté « dissident » ; on ne se surprendra pas du traitement
impitoyable dont il sera l’objet en de nombreuses occasions.
Jocelyn Fournier, biographe de Garceau, résume ainsi la vie active de cet idéaliste :
« Garceau a choisi de se battre pour ses idées et non pour son profit. Dans les luttes
qu’il mène depuis 20 ans, il s’est fait de nombreux ennemis. Entre son curé de paroisse
et le premier ministre de son pays s’ouvre, en effet, un large éventail où on ne saurait
compter toutes les personnalités qu’il s’est mises à dos. Et qui pis est, il a, en cours de
route, perdu des compagnons qui avaient pourtant été de très bons amis. Olivar Asselin
et Henri Bourassa n’en sont que les deux exemples les plus frappants » 94.
C’est au cours de la première décennie du 20e siècle que bascule la mainmise des
anglophones sur les leviers économiques vers celle des francophones de souche ou
nouvellement arrivés à Drummondville.
Ces derniers dénoncent vertement le refus
obstiné des « Anglais » de se départir de leurs terrains en faveur des Canadiensfrançais 95 et s’immiscent lentement, mais sûrement, dans les affaires publiques, soit au
conseil municipal, à la commission scolaire, à la Cambre de commerce... Cet effet de
bouclier chasse de la ville les derniers bourgeois anglophones et rebute à jamais leurs
descendants à s’ingérer dans l’économie locale : Edward John Hemming quitte
Drummondville en 1899, William John Watts en 1901, Samuel Newton en 1903, William
Mitchell en 1904 et George McDougall en 1906. Une seule exception à la règle, soit
Charles Howard Millar, issu d’une famille fondatrice de Drummondville. Sa vie durant, ce
registrateur bohême préfère la pratique de la chasse et de la pêche sportive à sa tâche
au Bureau d’enregistrement et, de surcroit, à toute implication dans la chose publique ;
des difficultés financières l’assailliront, d’ailleurs, jusque dans sa tombe 96.
Outre Garceau, Tétreau et Brouillard plus tôt mentionnés, le pouvoir francophone sera
disputé par les J.-Treflé Caya, Henri Vassal, Alexandre Mercure, J.-O. Montplaisir,
Walter Moisan, Joseph Marier et autres citoyens confiants en leurs propres moyens et en
l’avenir de Drummondville 97.
Yolande Allard, avril 2001
24
Conclusion
À l’aube du 20e siècle, Drummondville aspire au statut de ville moderne et dynamique. Près de
100 ans après sa fondation, les statistiques démographiques demeurent encore et toujours
décevantes : moins de 2 000 citadins entourés de ruraux à peine quatre fois plus nombreux.
Pour tous les drummondvillois, de l’ouvrier à l’artisan, du curé spéculateur au financier averti en
passant par le marchand et le professionnel, seules l’industrialisation et la main-d’oeuvre
afférente peuvent favoriser l’envol économique de Drummondville.
Aux réseaux ferroviaires déjà en place, se greffent, entre 1896 et 1914, un réseau téléphonique
étendu et un réseau électrique destiné principalement à l’éclairage des rues, des infrastructures
sanitaires (aqueduc, égout) et de santé (hôpital), des institutions publiques d’enseignement post
primaire, des institutions financières stables, un hôtel de prestige, des trottoirs de béton et des
rues macadamisées, enfin tous les attributs donnant à Drummondville une certaine urbanité.
Encouragés par la promesse de dégrèvements fiscaux importants, plusieurs industriels ouvrent
des ateliers embauchant jusqu’à quelques centaines de personnes. Leur existence est souvent
éphémère, en raison d’une conjoncture économique difficile à l’échelle nationale, mais
également en raison de l’absence d’énergie électrique abondante et à prix raisonnable.
Des gens ambitieux tentent de colmater les brèches. Certains sont conservateurs du point de
vue économique, d’autres ne craignent pas les risques, d’autres encore travaillent uniquement
pour leur profit personnel. Deux hebdomadaires, publiés sur une base irrégulière, se succèdent
pour rappeler les grands enjeux et pointer du doigt les adversaires de leur propriétairerédacteur. Faute d’une vision unique, les conflits perdurent et retardent la réalisation des projets
les plus urgents. En 1914, cependant, la fraction anglophone a lâché prise sur la scène locale,
et la privatisation du système de production d’hydroélectricité a force de loi. Désormais, les
polémiques les plus virulentes opposeront des drummondvillois francophones très engagés,
chacun à leur façon, dans le développement de leur communauté. Une paix relative s’installera
suite au décès suspect du curé Tétreau, un des principaux protagonistes, en 1920.
Yolande Allard, avril 2001
25
Références et notes
1
Paul Mayrand, « De pénibles épreuves attendaient M. Thomas Quinn... », Panorama, 1er septembre
1956.
2
Ernestine Charland.-Rajotte, Drummondville 150 ans de vie quotidienne au coeur du Québec,
Drummondville, éd. des Cantons, 1972, p. 49.
3
Maurice Milot, Les forges de Drummondville 1880-1911 : fin d’une industrie artisanale au Québec,
mémoire présenté à l’UQTR pour l’obtention d’une maîtrise en études québécoises, septembre 1984.
René Hardy, La sidérurgie dans le monde rural – Les hauts fourneaux du Québec au XIXe siècle, PUL,
1995, pp. 26, 83, 88, 129.
4
Yolande Allard, Synthèse du développement économique de Drummondville 1815-1990, étude réalisée
pour le compte de la Société d’histoire de Drummondville dans le cadre d’une entente intervenue entre le
Ministère de la Culture et la ville de Drummondville, 1994.
5
Jocelyn Fournier et al., Drummondville, Drummondville, Société d’histoire du Centre du Québec, 1987,
p. 22.
6
Ibid., p. 26.
7
Yolande Allard, op. cit., p. 5-6.
8
La Justice, 26 septembre 1902. Cité par Jean-Pierre Bélanger dans Une entente en dents de scie,
Drummondville, Société d’histoire de Drummondville, 1998, p. 142.
9
Registre des sociétés, no 441, Bureau d’enregistrement de Drummondville.
10
Jean-Charles Saint-Amant, Un coin des Cantons de l’Est, Drummondville, éd. La Parole, 1932, p. 372.
Maurice Milot, op. cit., p. 347. Paul Mayrand, p. 64 du recueil d’articles sur l’histoire de Drummondville
publiés dans Panorama.
11
Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 140.
12
Yolande Allard, op. cit., pp. 19-21. La Fonderie de Drummondville en 1902, la Campbell-MacLaurin
Lumber en 1908, la Jean Rense Cigar Making co en 1896, la Maple Clothing en 1898, la Charbonneau
Shoe en 1905, l’Improved Match Factory en 1905, la Demers Clothes Pin en 1911, la Walsh Plate and
Structural Works en 1912.
13
Ibid, pp. 22-23.
14
Drummondville, Québec. Collection historique du téléphone, Bell Canada, texte révisé en 1989.
15
Annuaire du Southern Quebec Telephone, 1897.
16
La Parole, supplément du 50e anniversaire de sa fondation, 1976, p. 11.
17
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 129.
18
Paul Mayrand, « L’école des garçons, bâtie en 1884 », Panorama, 15 mai 1956.
19
Isabel Husk, « Schools of Drummondville approach 150 year mark », The Teachers’ Magazine, May
30, 1964, pp. 25-26.
20
Jocelyn Fournier, Napoléon Garceau (1868-1945), Drummondville, Société historique de
Drummondville, 1978, p. 45.
21
Jocelyn Fournier. Les sept présidents (1889-1985), Drummondville, L’Union-Vie, 1985, p. 70.
22
La Voix, mars 1965. Jocelyn Fournier, le panneau Souvenance sur les premières écoles, 1990.
23
Jocelyn Fournier, Les sept..., p. 60.
24
Jocelyn Fournier, Napoléon..., p. 41.
25
Ibid., p. 97.
26
Loc. cit.
27
Ibid, p. 99.
28
Jean-Charles Saint-Amant, op. cit., p. 390.
29
Napoléon Garceau, « Que fera notre conseil ? », in La Justice, 6 février 1903. Cité par Jocelyn
Fournier, Napoléon..., p. 51.
30
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 48. Minutiers de la ville de Drummondville, séances du 10
juillet 1897 et 18 février 1901.
31
Jocelyn Fournier, Les sept..., p. 61.
32
Minutiers de la ville de Drummondville, séance du 13 mars 1902.
33
L’hôpital Ste-Croix 75 ans d’histoire, Société historique du Centre-du-Québec, 1986. pp. 9 à 19.
34
René Desrosiers, Éphémérides de Drummondville de 1900 à 1914.
35
Yolande Allard, op. cit., p. 23.
36
Howard Marler, Marler fourth generations of a Quebec Family, Montréal, Price-Patterson ltd, 1987.
37
Le Rialto (rue Cockburn), le Bijou (rue Heriot dans la basse ville), le Royal (rue Heriot voisin de la voie
ferrée). Yolande Allard, op. cit., p. 23.
Yolande Allard, avril 2001
26
38
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 140.
Jean-Charles Saint-Amant, op. cit., pp. 374-375.
40
Jocelyn Fournier, Napoléon..., pp. 23-24-59-60.
41
Ibid, p. 89.
42
Jean-Charles Saint-Amant, op. cit., p. 374.
43
Paul Mayrand, revue Panorama, novembre 1958.
44
Jean de Bonville, La presse québécoise de 1884 à 1914. Genèse d’un média de masse, Québec, PUL,
1988, p. 80. Cité par Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 168.
45
Robert Rumilly, Histoire de la Province de Québec, XV, Montréal, éd. Valiquette, s.d., p. 100.
46
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 48. Minutiers de la ville de Drummondville, séances du 21
juillet 1896, 13 août 1896 (règlement 65), 26 décembre 1896.
47
Ibid, séances du 3 février 1904, 17 novembre 1906, 26 août 1909, 18 juillet 1911.
48
Robert Rumilly, op. cit., XV, p. 182.
49
Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 143.
50
Documents de la Session No 15, A.D. 1913, p. 78.
51
Minutiers de la ville de Drummondville, séances du 17 juin 1912, du 13 août 1912.
52
Ibid., séances 23 octobre 1907 (Improved Match Factory), 20 avril 1910 (Campbell MacLaurin), 4 mai
1910 (Canadian Match Factory), 18 octobre 1911 (Voiturier G.E.N. Pepin), 15 janvier 1913 (Cie Gosselin),
28 août 1913 (Intercolonial Ry).
53
Ibid., séance du 28 novembre 1907.
54
Journal of Commerce, 23 novembre 1920, p. 8.
55
Documents de la Session no 15, A.D. 1913, pp. 77-79.
56
Minutiers de la ville de Drummondville, séance du 11 mai 1914.
57
Maurice Milot, op. cit., p. 296.
58
Archives nationales du Québec, Service des publications gouvernementales, Tableau des forces
hydrauliques concédées par la province de Québec du 1er juillet 1867 au 31 décembre 1913, publié par le
Ministère des Terres et Forêts.
59
Annuaire statistique de Québec, 1918-19.
60
Jocelyn Fournier, Napoléon..., p. 18.
61
Robert Rumilly, op. cit., vol. 15, p. 146.
62
Jocelyn Fournier, Napoléon..., p. 62.
63
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p.143.
64
Henri Bourassa, Que devons-nous à l’Angleterre ? Montréal, 1915, p. 224. Cité par Jocelyn Fournier,
dans Napoléon..., p. 84.
65
Loc. cit.
66
Dictionnaire des parlementaires du Québec 1792-1992, PUL, 1993.
67
The Canadian Album, Garretson & Co, 1895, p. 391.
68
Robert Rumilly, op. cit., vol. V, p. 141.
69
L’Union des Cantons de l’Est, 22 juillet 1868, p. 12. Cité dans Maurice Milot, op. cit., p. 99.
70
Maurice Milot « Sénécal Louis-Adélard (1829-1887) un grand Québécois », article 19, 1991, issu d’une
série de 23 articles rédigés par Maurice Milot entre 1988 et 1992 et colligés par la Société Saint-JeanBaptiste du Centre-du-Québec.
71
BED B-38-27770, 3 septembre 1891 : Partage entre les divers héritiers de la succession de dame
Robert Nugent Watts qui signale les arrérages de rentes dues par des citoyens de Drummondville.
72
A. Lavoie et al., Répertoire des parlementaires québécois 1867-1978, Québec, Vitray inc., 1980, p.
584.
73
Robert Rumilly, op. cit., vol. XIII, p. 143.
74
La Presse, 21 janvier 1909, cité par Jocelyn Fournier dans Napoléon..., p. 76.
75
Robert Rumilly, op. cit., vol. XIV, p. 148, vol. XVI, p. 95, vol. XIII, p. 143. Hector Laferté sera élu en
1916, en 1919, en 1923, en 1927 et en 1931. Au total, les Laferté, père et fils, règneront sur Drummond
durant 28 années.
76
Le Soleil, 26 février 1910. Le Devoir, 28 février 1910. Cité par Jocelyn Fournier dans Napoléon..., p.
78.
77
Minutiers de la ville de Drummondville, séances des 20 décembre 1902, 7 janvier 1903, 6 mai 1903,
21 septembre 1903, 3 mai 1905.
78
Minutiers de la ville de Drummondville, séances des 1er juin 1904 et 15 avril 1905. Maurice Milot, Les
forges..., p. 292. Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 167.
39
Yolande Allard, avril 2001
27
79
Jocelyn Fournier, Napoléon..., pp. 19 et 37.
Ibid, p. 66. Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 176.
81
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 50.
82
D. J. Wurtele, « The Drummond-Arthabaska By-election of 1910 » in Dalhousie Review, XL. 1, (Spring
1960), p. 16. Cité par Jocelyn Fournier dans Napoléon..., p. 81.
83
Ibid., p. 104.
84
L’avenir confirmera la pertinence de cette poursuite, alors que le curé Tétreau acculera la fabrique à la
faillite avant de perdre la vie, de façon suspecte, en 1920.
85
Jocelyn Fournier, Napoléon..., pp. 92-95.
86
« Aux pharisiens », Le Présent, 21 septembre 1912. Cité par Jocelyn Fournier dans Napoléon..., p.
93.
87
Jean-Charles Saint-Amant, op. cit., pp. 396-397.
88
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 51.
89
Jean-Pierre Bélanger, op. cit., p. 165.
90
Jocelyn Fournier, Napoléon..., p. 101.
91
Ibid., p. 56.
92
Ibid., p. 58.
93
Robert Rumilly, op. cit., vol. XIX, pp. 40-46.
94
Jocelyn Fournier, Napoléon..., p. 116.
95
Ernestine Charland-Rajotte, op. cit., p. 50. Maurice Milot, Les forges..., p. 338.
96
Yolande Allard et al., James Millar et ses descendants ; l’héritage de quatre générations, Société
d’histoire du Centre-du-Québec, 1984.
97
J.-Treflé Caya (jusqu’en 1917), Henri Vassal (de 1878 à 1905), Alexandre Mercure (à compter de
1885), J.-O. Montplaisir (à compter de 1897), Walter Moisan (à compter de 1904), Joseph Marier (à
compter de 1910).
80
Yolande Allard, avril 2001
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