le journal d`une folie Nietzsche - Médiathèque de la Cité de la

Transcription

le journal d`une folie Nietzsche - Médiathèque de la Cité de la
Lundi 12 décembre
Nietzsche : le journal d’une folie
Dans le cadre du cycle La folie
Du 9 au 17 décembre
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr
Nietzsche : le journal d’une folie | Lundi 12 décembre
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Cycle La folie
Schumann, Nietzsche, le Tasse sombrèrent dans la folie tout comme Lucia di Lammermoor et tant
de personnages d’opéra. Jordi Savall, avec Érasme, célèbre les pouvoirs de subversion de la folie ;
Fausto Romitelli en révèle le déchaînement.
Dérangement psychique, hallucinations, somnambulisme, amnésie… ces scènes sont devenues
une sorte d’épisode obligé pour les héroïnes (généralement soprano) dans l’opéra du début du
XIXe siècle et donnent l’occasion d’un déploiement de virtuosité vocale impressionnante. Accompagnée
par La Chambre Philharmonique que dirige Emmanuel Krivine, Olga Peretyatko interprète des grands airs
de Donizetti et Bellini.
La Malédiction du chanteur ainsi que les quatre ballades réunies sous le titre Le Page et la Fille du roi
de Schumann, au programme du concert dirigé par Laurence Equilbey, datent de 1852, année au cours de
laquelle le compositeur subit des troubles nerveux. Ces derniers sont les prémices de la folie qui
le conduira à finir ses jours dans l’asile d’Endenich.
Imprimé à Paris et dédié à son ami Thomas More, Éloge de la folie d’Érasme remet tout en cause
avec subversion. En s’emparant de ce célèbre texte, Jordi Savall brosse un portrait musical en forme
d’hommage au philosophe qu’il considère comme un « réformateur audacieux », « premier théoricien
littéraire du pacifisme » et « premier penseur à se définir comme européen ».
De César Franck à Eugène Ysaÿe en passant par les Märchenerzählungen de Schumann, le violoncelliste
Alexander Kniazev et ses complices ont imaginé un parcours musical ponctué par la lecture de textes
du philosophe Friedrich Nietzche.
Dans Amok Koma pour instruments et électronique, Fausto Romitelli rend perceptible « l’avènement
d’une violence cachée » qui se révèle par « la dérive chaotique du matériau » musical, par sa destruction
et par son retour incandescent, « hors de tout contrôle » selon le compositeur italien.
Sur les vingt madrigaux qui composent le Deuxième Livre de Claudio Monteverdi (1590), neuf sont
des mises en musique de poèmes de Torquato Tasso. L’atmosphère pastorale suggérée dans la poésie
madrigalesque ne fait pas transparaître l’état de folie dans lequel sombrait peu à peu le grand poète
épique d’Italie mais Le Tasse fut interné en 1577 puis en 1579 à Ferrare.
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du vendredi 9 au SAMEDI 17 décEMbre
VENDREDI 9 DÉCEMBRE – 20H
DIMANCHE 11 DÉCEMBRE – 16H30
Scènes de folie
Éloge de la folie : Érasme de
Rotterdam et son temps
Gaetano Donizetti
Airs extraits de Lucia di Lammermoor Giuseppe Verdi
La Force du destin : Ouverture
Vincenzo Bellini
Airs extraits de I Puritani Airs extraits de La Sonnambula Robert Schumann
Symphonie n° 4
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
Olga Peretyatko, soprano
Ce concert est précédé d’une
conférence à 18h45, L’opéra, c’est fou !,
par Caroline Eliacheff, psychanalyste
Entrée libre sur réservation
SAMEDI 10 DÉCEMBRE – 20H
Fausto Romitelli
Amok Koma
Matthias Pintscher
Hespèrion XXI
Songs from Solomon’s Garden
La Capella Reial de Catalunya
Olga Neuwirth
Jordi Savall, direction, dessus de viole Construction in Space
LUNDI 12 DÉCEMBRE – 20H
Nietzsche : le journal d’une folie
Robert Schumann
Fantasiestücke op. 73
César Franck
Sonate pour violoncelle et piano
Robert Schumann
Märchenerzählungen op. 132
Robert Schumann
Märchenbilder op. 113
Robert Schumann
Fantasiestück op. 111 n° 1
Eugène Ysaÿe
Berceuse
Ultimes ballades
Textes de Friedrich Nietzsche
Robert Schumann
La Malédiction du chanteur op. 139
Max Bruch
Die Loreley, op. 16 : Ouverture
Robert Schumann
Le Page et la Fille du roi op. 140
Orchestre de l’Opéra de
Rouen Haute-Normandie
Accentus
Laurence Equilbey, direction
Christiane Libor, soprano
Maria Riccarda Wesseling,
mezzo-soprano
Marcel Reijans, ténor
Benedict Nelson, baryton-basse
Johannes Mannov, basse
JEUDI 15 DÉCEMBRE – 20H
Alexander Kniazev, violoncelle
Plamena Mangova, piano
Romain Guyot, clarinette
Andreï Gridchuk, alto
Didier Sandre, récitant
Ensemble intercontemporain
Matthias Pintscher, direction
Leigh Melrose, baryton
Emmanuelle Ophèle, flûte basse
Alain Billard, clarinettes basse et
contrebasse
Gérard Buquet, tuba
Vincent David, saxophone
Peter Böhm, électronique en temps réel
VENDREDI 16 DÉCEMBRE – 20H
SAMEDI 17 DÉCEMBRE – 20H
Claudio Monteverdi
Intégrale des madrigaux : Deuxième Livre
Les Arts Florissants
Paul Agnew, direction, ténor
Maud Gnidzaz, soprano
Hannah Morrison, soprano
Marie Gautrot, contralto
Sean Clayton, ténor
Callum Thorpe, basse
VENDREDI 9, SAMEDI 10,
ET DIMANCHE 11 DÉCEMBRE
CITÉSCOPIE La Folie
Avec Jean-François Boukobza, Damien
Colas, Hélène Pierrakos, Rémy Stricker,
musicologues, Jean-Marie Fritz,
professeur de littérature médiévale et
Catherine Kintzler, philosophe
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lundi 12 décembre – 20h
Amphithéâtre
Nietzsche : le journal d’une folie
Alexander Kniazev, violoncelle
Plamena Mangova, piano
Romain Guyot, clarinette
Andrei Gridchuk, alto
Didier Sandre, récitant
Enregistré par France Musique, ce concert sera retransmis le mardi 3 janvier à 20h.
Fin du concert vers 22h10.
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Friedrich Nietzsche (1844-1900)
Introduction – Extrait d’Ecce Homo
Robert Schumann (1810-1856)
Fantasiestücke op. 73 : N° 1. Zart und mit Ausdruck
Friedrich Nietzsche
Lettre à Reinhardt von Seydlitz du 12 février 1888
Robert Schumann
Fantasiestücke op. 73 : N° 2. Lebhaft, leicht
Friedrich Nietzsche
Pour parler avec la cruauté…
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882
Robert Schumann
Fantasiestücke op. 73 : N° 3. Rasch, mit Feuer
Friedrich Nietzsche
C’est la nuit : maintenant toutes les fontaines jaillissantes… – Extrait de Ainsi parlait Zarathoustra, chapitre
« Le Chant de la nuit », cité dans Ecce Homo (chapitre « Ainsi parlait Zarathoustra », paragraphe 7)
César Franck (1822-1890)
Sonate pour violoncelle et piano
entracte
Friedrich Nietzsche
Sur Lou – Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882
Robert Schumann
Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano op. 132 :
N° 1. Lebhaft, nicht zu schnell
N° 2. Lebhaft und sehr markirt
Friedrich Nietzsche
Sur Lou (suite) – Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882
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Robert Schumann
Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano op. 132 : N° 3. Ruhiges Tempo, mit zartem
Ausdruck
Friedrich Nietzsche
À Paul Rée sur Lou
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882
Robert Schumann
Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano op. 132 : N° 4. Lebhaft, sehr markirt
Friedrich Nietzsche
Fou seulement ! Poète seulement ! – Extrait des Dithyrambes de Dionysos
Robert Schumann
Märchenbilder pour alto et piano op. 113
Friedrich Nietzsche
Billets de Turin (janvier 1898)
Robert Schumann
Fantasiestücke op. 111 : N° 1. Sehr rasch, mit leidenschaftlichem Vortrag
Friedrich Nietzsche
Je vais parmi les hommes… – Extrait de Ainsi parlait Zarathoustra, chapitre « De la rédemption », cité dans Ecce
Homo (chapitre « Ainsi parlait Zarathoustra », paragraphe 8)
Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Berceuse de l’enfant pauvre
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Robert Schumann, César Franck et Friedrich Nietzche sont trois génies de l’époque du
Romantisme. Schumann et son Sturm and Drang, Nietzche et son surhomme, Franck avec
son mysticisme quasi religieux. Ces trois immenses artistes du XIXe siècle sont unis par
une haute spiritualité, mêlée à une profonde passion. C’est une ligne conductrice qui explique
la quintessence de leur Art.
Alexander Kniazev
Je vais parmi les hommes comme parmi des fragments du futur, de ce futur où plonge
mon regard.
Ma seule ambition de poète est de recomposer, de ramener à l’unité ce qui n’est que fragment,
énigme, effroyable hasard.
Comment supporterai-je d’être homme, si l’homme n’est aussi poète et déchiffreur d’énigmes,
et rédempteur du hasard ?
Racheter tous ceux qui furent, et convertir tout « il y avait » en « c’est ce que j’ai voulu »,
cela, et cela seul, je l’appellerais rédemption.
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
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Robert Schumann
Fantasiestücke pour clarinette et piano op. 73
Zart und mit Ausdruck [Tendre et avec expression]
Lebhaft, leicht [Vif et léger]
Rasch und mit Feuer [Rapide et avec feu]
Composition : 11-12 février 1849.
Création : 14 janvier 1850 à Leipzig.
Publication : Robert Schumanns Werke, 1881-1893, Leipzig, Breitkopf und Härtel.
Durée : environ 12 minutes.
Fantasiestücke : la période est décidément riche en appellations du genre, puisque ce sera
aussi le titre d’un trio pour violon, violoncelle et piano la même année 1849, puis celui d’un
recueil pianistique, l’Opus 111 de 1851. Cet Opus 73, écrit en deux jours seulement, marque le
début d’un nouveau ton schumannien : délaissant les sérieux Quatuors (op. 41 et 47) et les solides
Quintette (op. 44) et Trios (op. 63 et 80), tout en abandonnant l’italien, langue internationale de la
musique, au profit de l’allemand, le musicien se tourne vers des œuvres plus courtes, plus libres,
où l’inspiration se déroule au gré de sa fantaisie. Ce faisant, il renoue avec l’esprit de la plupart
des pièces de piano de la décennie 1829-1839 ; entretemps, les titres de morceau ont disparu,
peut-être sous l’influence des indications génériques à l’œuvre dans la musique de chambre
traditionnelle. Seule reste, comme support de notre imagination, la musique même.
Cet Opus 73 n’a rien de l’album réunissant diverses pièces pour les besoins d’une édition :
tout est pensé ici pour que les trois Stücke forment un tout (ce que la coda du dernier nous
confirme d’ailleurs en convoquant deux thèmes des épisodes précédents). Les tonalités, d’abord,
qui s’ancrent sur la tonique la ; mode mineur pour le Zart initial, qui s’achève en majeur ; mode
majeur ensuite pour les deux morceaux suivants, avec un temporaire retour au mineur pour la
partie centrale du Rasch und mit Feuer final. L’équilibre architectural, ensuite, fermement conçu
autour du chiffre 3 : trois pièces, chacune d’entre elle s’organisant sur une forme ABA, chaque
partie pouvant être encore divisée en trois. Les caractères, enfin, pensés pour proposer une
évolution vers un plus grand poids instrumental et une extériorité plus importante, depuis
la douceur [Zart] jusqu’au feu [mit Feuer]. Instrumentalement, le style de Schumann s’est forgé
à l’école de sa musique de chambre « traditionnelle » ; il se mâtine d’une belle vocalité (rappelons
que l’œuvre est écrite pour clarinette et donc portée par le souffle) et suggère ici une Novelette,
là un lied, au fil de ses inflexions mélodiques, de ses doublures asynchrones et de ses « trois
pour deux » qui auront chez Brahms une si belle descendance.
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César Franck
Sonate pour violoncelle et piano – transcription de la Sonate pour violon et piano
Allegretto ben moderato
Allegro
Recitativo-Fantasia (ben moderato)
Allegretto poco mosso
Composition : 1886.
Création : le 16 décembre 1886 à Bruxelles, par Mme Bordes-Pène au piano et Eugène Ysaÿe, son dédicataire, au violon.
Durée : environ 30 minutes.
La Sonate pour violon et piano fait partie, avec la Symphonie en ré mineur et Prélude, Choral et
Fugue pour piano, des œuvres les plus connues de Franck ; elle illustre avec panache sa musique
de chambre en poursuivant le chemin abordé avec le Quintette pour piano et cordes de 1879,
avant l’ultime Quatuor à cordes de 1890. L’amour que portait le grand violoniste et compositeur
Eugène Ysaÿe, dédicataire de l’œuvre, à cette partition, n’est pas pour rien dans le succès qu’elle
rencontra très vite. En effet, ce dernier, l’ayant reçue comme cadeau de mariage en 1886, ne cessa
pas par la suite de l’interpréter. Cela valut à cette Sonate pour violon et piano une multitude de
transcriptions : pour flûte, pour alto, pour tuba même, mais aussi pour violoncelle, et ce, dès avant
la mort de Franck. L’arrangement du fameux violoncelliste Jules Delsart (qui fut suivi par bien
d’autres pour le même instrument) reçut ainsi l’approbation du compositeur. Il donne à la Sonate
une tonalité plus chaude encore et accentue ses contrastes par l’éventail des registres possibles.
Le début de la sonate néglige le traditionnel tempo allegro pour un allegretto ben moderato
tout de douceur : texture aérée, balancements du violoncelle, soutien discret du piano et
intervalle fondateur de tierce. Ces éléments et leurs variantes (voyez la belle reprise lors de
la réexposition, avec de délicats accords de piano parcourant le clavier) forment la plupart du
matériau du mouvement, complétés d’un second thème en courbes déclives présenté par
le piano seul. Le thème principal de l’Allegro suivant émerge peu à peu des grondements de
piano, donné par les doigts intérieurs de la main droite. Cette torrentueuse virtuosité disparaît au
détour d’une page pour une poignante mélancolie (pédale de fa, accords de piano quasi lento…),
mais c’est pour mieux refaire surface, jusqu’à une coda électrique où les deux instruments se
surpassent véritablement. Le ben moderato qui suit porte bien son nom : Recitativo-Fantasia.
Il retravaille des éléments motiviques déjà entendus dans une profonde émotion et une grande
liberté, les complétant d’un très beau thème dramatico, ouvert sur une chute de sixte, que le
finale nous donnera par deux fois à réentendre. Très imitatif, ce dernier Allegretto, fondé sur un
refrain sans cesse transposé (la majeur, do dièse majeur, mi majeur, si bémol mineur…), présente
un visage doucement souriant, dont l’apparente simplicité est rehaussée de cheminements
harmoniques délicats où l’on reconnaît la patte de Franck.
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Robert Schumann
Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano op. 132
Lebhaft, nicht zu schnell [Animé, mais pas trop vite]
Lebhaft und sehr markirt [Animé et très marqué]
Ruhiges Tempo, mit zartem Ausdruck [Tempo calme, avec une expression tendre]
Lebhaft, sehr markirt [Animé, très marqué]
Composition : octobre 1853.
Création : octobre 1853, à Düsseldorf, avec Joseph Joachim à l’alto.
Publication : février 1854, Leipzig, Breitkopf und Härtel.
Durée : environ 14 minutes.
Ces Märchenerzählungen, d’abord titrés Märchenphantasien (décidément…), sont crépusculaires
par bien des aspects. Pas tant par leurs sonorités, non : seul le n° 3 assume ses accents de
tendresse désolée, faisant dialoguer la clarinette et l’alto avec la plus belle délicatesse sur le fil
changeant des doubles-croches du piano. Les autres se veulent plus que vivants (tous portent
l’indication lebhaft, où l’on entend la racine de « Leben », « vie »), comme pour conjurer le mauvais
sort, prenant par-ci des accents mozartiens, par-là des tournures presque héroïques. Mais les
timbres, tout de même, délaissent le brillant pour le feutré des tessitures médium, en unissant
la clarinette des Fantasiestücke op. 73 et l’alto des Märchenbilder op. 113. Et puis, surtout, les
Märchenerzählungen sont composés lors du dernier mois fécond de Schumann, peu avant
les Gesänge der Frühe pour piano, chants de l’aube qui seront finalement chants du soir. Joués
deux fois durant ce même mois d’octobre 1853 (« une grande joie »), ces Récits de contes seront
édités en février 1854 – juste avant que Schumann ne se jette dans le Rhin pour échapper
à ses hallucinations.
Angèle Leroy
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Robert Schumann
Märchenbilder en ré mineur pour alto et piano op. 113
Nicht schnell [Pas vite]
Lebhaft [Animé]
Rasch [Rapide]
Langsam, mit melancholischem Ausdruck [Lent, avec une expression mélancolique]
Composition : achevée le 4 mars 1851, à Düsseldorf.
Dédicataire : Joseph von Wasielewski.
Création : déchiffrage le 15 mars 1851, par Joseph von Wasielewski (alto) et Clara Schumann (piano) ; création publique
le 12 novembre 1853 à l’Hôtel de l’Étoile d’Or à Bonn, par les mêmes interprètes.
Durée : environ 15 minutes.
Dans l’Opus 113 de 1851, Schumann exploite avec un rare bonheur les spécificités timbriques
de l’alto. L’instrument lui semble particulièrement bien désigné pour évoquer le monde perdu
de l’enfance, et on le retrouvera deux ans plus tard dans l’Opus 132, Märchenerzählungen,
l’une des pages ultimes du compositeur, habitée elle aussi par les contes de fées.
C’est la simplicité de la texture et de la phrase qui frappent dans le premier mouvement,
où toujours l’accompagnement pianistique reste discret autant que simple. La forme est
tournoyante, l’allure modérée, même retenue (pas vite, indique Schumann), le ton quelque
peu mélancolique, entre ballade et berceuse.
Tout semble s’animer dans le deuxième mouvement. Le compositeur y exploite largement
le spectre de l’alto, depuis ses graves (qui donneront au discours son allure bondissante quand
ils seront joués sur deux cordes) jusqu’à ses aigus traités dans de petits motifs tourbillonnants.
Le troisième mouvement (rapide n’est alors qu’une traduction approximative de rasch)
est d’essence fantastique. Cette page brève – plus fulgurante que miniature – est parcourue
de tremblements, où l’alto fait merveille grâce à son timbre presque rêche.
L’œuvre s’achève sur ce qui pourrait alors passer pour une berceuse si cette page terriblement
mélancolique n’ignorait le réconfort. À cet égard, les dernières secondes de la partition sont
exemplaires : un petit sursaut qui sonne comme trois points de suspension.
Dominique Druhen
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Robert Schumann
Fantasiestücke pour piano op. 111 – extrait
N° 1. Sehr rasch, mit leidenschaftlichem Vortrag [Très rapide, avec une interprétation passionnée]
Composition : 1851.
Publication : Robert Schumanns Werke, 1881-1893, Leipzig, Breitkopf und Härtel.
Durée : environ 2 minutes.
Avec les Fantasiestücke op. 111, composés en 1851, Schumann se penche à nouveau sur
l’instrument de sa jeunesse, le piano, qu’il a fait chanter de façon presque exclusive durant
les dix premières années de sa vie de compositeur (entre 1829 et 1839). Il retrouve le ton
passionné qui était celui des Fantasiestücke op. 12, composées en 1837, et convoque le souvenir
d’Eusebius et Florestan, ses deux « doubles », l’un tendre, l’autre sauvage. C’est ce dernier qui
inspire le (court) premier pan de ce triptyque, tout bousculé de pressants triolets. Pour autant,
il ne les nomme plus, préférant la même poésie diffuse que proposent ses contemporaines
œuvres de musique de chambre : une poésie du son, affranchie des formes traditionnelles.
Eugène Ysaÿe
Berceuse de l’enfant pauvre op. 20
Durée : environ 4 minutes.
Le virtuose du violon Ysaÿe ne dédaignait pas le violoncelle, dont il jouait parfois – très bien,
dit-on – lors de soirées entre amis. Alexander Kniazev a donc transcrit plusieurs de ses œuvres,
à l’origine pour violon et orchestre, pour son propre instrument : le célèbre Poème élégiaque
op. 12, qui inspirera Chausson pour son propre Poème, mais aussi la Berceuse op. 20. Le court
morceau, qui porte en épigraphe cette petite phrase : « L’enfant pauvre et chétif tristement
s’endormait… », est profondément mélancolique ; à peine étoffé en son milieu, le discours
rhapsodique, où l’on entend le lyrisme intense d’Ysaÿe, se déroule sur des harmonies
postromantiques et s’achève dans une quasi-immobilité.
Angèle Leroy
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Introduction
En ce jour de perfection, où tout vient à maturité et où la grappe n’est pas seule à dorer, un rayon de soleil
vient de tomber sur ma vie : j’ai regardé derrière moi, j’ai regardé loin devant moi : jamais je n’ai vu, à la fois
tant de choses, et si bonnes... Ce n’est pas en vain qu’aujourd’hui j’ai enterré ma quarante-quatrième année :
je pouvais à bon droit l’enterrer – ce qui, en elle était vie est maintenant sauvé, est impérissable. L’Inversion de
toutes les valeurs – les Dithyrambes de Dionysos, et, pour mon délassement, le Crépuscule des Idoles : tout cela,
des présents de cette année, et même de son dernier trimestre ! Comment pourrais-je ne pas en éprouver de
gratitude envers ma vie tout entière ? – Et c’est pourquoi je me conte ici ma vie...
Extrait d’Ecce Homo
Lettre à Reinhardt von Seydlitz
à Reinhart von Seydlitz, au Caire
Nice, pension de Genève, le 12 février 1888
Cher ami,
Ce n’est pas un « silence orgueilleux » qui tout ce temps m’a tenu muet avec chacun ou presque, c’est bien
plutôt un silence extrêmement découragé, celui de qui souffre et se fait une honte de trahir à quel point il
souffre. Quand un animal est malade, il se cache dans sa tanière, la bête philosophe fait pareil. Il est si rare
qu’une voix amicale parvienne encore jusqu’à moi. Je suis à présent seul, absurdement seul. Et, à force de
lutte implacable et souterraine contre tout ce que les hommes ont jusqu’ici honoré et aimé, (ma formule
pour désigner cela est « l’inversion de toutes les valeurs ») je suis moi-même devenu, imperceptiblement,
quelque chose comme un terrier, quelque chose de caché que l’on ne trouve plus, même quand on s’épuise à
le chercher. Mais personne ne s’y épuise plus... Entre nous soit dit, en deux mots, il n’est pas impossible que je
sois le premier philosophe de notre époque, même peut-être encore un peu plus que cela, et pour ainsi dire
quelque chose de décisif et de fatal qui se lève entre deux millénaires. On expie toujours une position aussi
singulière – par un isolement toujours plus grand, toujours plus glacial, toujours plus tranchant. Et nos chers
Allemands ! En Allemagne, bien que je sois dans ma quarante-cinquième année, et que j’aie publié environ
quinze ouvrages (et, parmi eux, ce nec plus ultra, mon Zarathoustra), pas un seul de mes livres n’a été soumis
à une seule discussion, fût-elle de médiocre intérêt. On s’en tire à présent avec des mots, « excentrique »,
« pathologique » « psychiatrique ». On ne se prive pas de me vilipender et de me calomnier ; dans les revues,
savantes ou non, le ton est ouvertement hostile mais d’où vient que jamais personne ne proteste là contre ?
Que jamais personne ne se sente blessé, lorsque je suis outragé ? Et pendant des années durant aucun
réconfort, pas une goutte d’humanité, pas un souffle d’amour.
14
Pour parler avec la cruauté…
Pour parler avec la cruauté de celui qui sait comme un libre penseur, je suis à l’école des émotions, c’est-à-dire
que les émotions me dévorent. Une pitié atroce, une déception atroce, un sentiment atroce de fierté blessée –
comment les supporterai-je plus longtemps ? Que dois-je faire ? Chaque matin je désespère de avoir comment
je survivrai à la journée qui commence. Je ne dors plus ! A quoi cela sert-il de marcher huit heures par jour !
D’où viennent ces émotions violentes ! De grâce un peu de glace ! Mais où y a-t-il encore de la glace pour moi ?
Ce soir je prendrai tant d’opium que j’en perdrai le jugement. Car c’est étrange, j’ai trop de jugement, mais il est
au service exclusif de la raison. Où y a-t-il un être que l’on puisse vénérer ! Je vous connais tous si bien !
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882
C’est la nuit : maintenant toutes les fontaines…
C’est la nuit : maintenant toutes les fontaines jaillissantes parlent plus fort. Fontaine jaillissante, mon âme l’est aussi.
C’est la nuit : maintenant seulement s’éveillent tous les chants des amoureux. Et mon âme est aussi le chant
d’un amoureux.
Quelque chose d’inassouvi : d’inassouvissable, est en moi, qui veut se faire entendre. Un désir d’amour est en
moi, qui parle le langage de l’amour.
Je suis lumière : ah, que ne suis-je nuit ! Mais c’est ma solitude, qu’être de lumière encerclé.
Ah, que ne suis-je obscur et plein de nuit ! Mamelles de lumière, oh, je vous téterais !
Vous aussi, je vous bénirais, scintillantes étoiles et vers luisants tout là-haut – vos lumineux présents me combleraient.
Mais je vis dans ma propre lumière, je ravale les flammes qui s’échappent de moi.
Je ne connais pas le bonheur de prendre; et j’ai souvent songé que voler, plus encore que prendre, est le vrai bonheur.
C’est là ma pauvreté, que ma main ne se lasse pas de donner; de là vient mon envie, de voir des yeux pleins
d’attente et des nuits illuminées par le désir.
Oh, misère de ceux qui donnent ! Ténèbres jetées sur mon soleil ! Désir fou de convoiter ! Oh, fringale dans la satiété !
Ils acceptent mes dons : mais puis-je encore toucher leur âme? Il est un gouffre entre prendre et donner : et le
gouffre le plus étroit est le plus impossible à franchir.
Une faim naît de ma beauté : j’aimerais faire mal à tous ceux pour qui je resplendis, j’aimerais dépouiller ceux
que je comble de présents – ainsi j’ai soif de cruauté.
Retirant la main, lorsque déjà, vers elle, se tend la main, pareil à la cascade qui, dans sa chute, hésite encore et
se retient : ainsi j’ai soif de cruauté.
Telle est la vengeance ourdie par mon opulence, telle la perfidie qui, de ma solitude, sourd lentement.
Mon bonheur de donner est mort à force de donner ! Ma vertu s’est lassée d’elle-même par son excès !
Qui donne toujours, son péril est de perdre pudeur : qui sans cesse répand, sa main, son cœur, à force de
répandre, sont calleux.
Mes yeux maintenant restent secs devant la honte des implorants : ma main s’est trop endurcie pour sentir
encor trembler les mains comblées.
Où sont les larmes de mes yeux, où, le tendre duvet de mon cœur ? Oh, solitude de tous ceux; qui illuminent !
15
Dans l’espace désert gravitent maints soleils. Leur lumière parle à tous les obscurs : pour moi seul ils restent
muets.
Haine de la lumière pour ce qui luit : elle poursuit sa course, inexorablement.
D’un cœur mauvais envers tout ce qui luit, froid envers tout soleil – ainsi gravite tout soleil.
Pareils à la tempête, les soleils vont leur chemin; ils suivent leur implacable volonté, c’est là leur froid mortel.
Oh, c’est vous seuls, les obscurs, les pleins de nuit, qui de tout, ce qui luit, tirez de la chaleur ! Aux mamelles de
la lumière, vous seuls boirez le lait réconfortant.
Hélas, c’est de la glace qui m’entoure, ma main se brûle à ce contact glacé ! Hélas, une soif est en moi, qui se
languit de votre soif.
C’est la nuit : pourquoi me faut-il être lumière? Et soif de tout ce qui est nuit ! Et solitude !
C’est la nuit : maintenant, comme une source jaillissant de moi, s’élance mon désir – c’est de parler que j’ai désir.
C’est la nuit : maintenant toutes les fontaines jaillissantes parlent plus fort. Fontaine jaillissante, mon âme l’est aussi.
C’est la nuit : maintenant seulement s’éveillent tous les chants des amoureux. Et mon âme est aussi le chant
d’un amoureux !
Extrait de Ainsi parlait Zarathoustra, chapitre « Le Chant de la nuit »,
cité dans Ecce Homo (chapitre « Ainsi parlait Zarathoustra », paragraphe 7)
Sur Lou
Fin novembre-début décembre 1882
Chère Lou ne dites rien en votre faveur : j’ai déjà fait valoir plus de choses en votre faveur que vous ne pourriez
le faire : et cela, vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis des autres.
La dureté est une vertu chez les êtres compatissants.
Des êtres tels que vous ne peuvent être supportés par d’autres que s’ils ont un but élevé. (…)
Peu m’importe d’avoir beaucoup souffert, il s’agit seulement de savoir si vous allez vous retrouver vous-même,
ou non – je n’ai encore jamais fréquenté une personne aussi pauvre que vous l’êtes, riche dans l’exploitation
des plus offrants, ignorante – mais perspicace, sans goût, mais naïve dans cette lacune, honnête et surtout
dans le détail, généralement par défi ; malhonnête dans l’ensemble, pour ce qui est de l’attitude générale de
l’âme (malade par excès de travail etc.), sans la moindre délicatesse pour ce qui est de prendre et de donner.
Oui, j’étais fâché contre vous : mais pourquoi parler de ce détail? J’ai été fâché tous les 5 jours – et croyez-moi
j’avais toujours de bonnes raisons. Mais comment pourrais-je vivre maintenant auprès des hommes si je ne
savais pas surmonter mon dégoût à l’égard de maints aspects de l’homme?
Je sais cela depuis longtemps : des personnes du genre de ma mère et de ma sœur doivent être mes ennemis
naturels – il n’y a rien à y changer : la raison s’en trouve dans la nature des choses. Le fait de devoir fréquenter
de telles personnes corrompt l’air que je respire et je dois faire de grands efforts sur moi-même.
Ce ne sont pas tant les actions que les caractères qui m’offensent.
Ma chère Lou prenez garde ! Si je vous écarte de moi maintenant, ce sera une terrible censure de tout votre
être ! Vous avez eu à faire à un des hommes les plus indulgents et les mieux intentionnés : mais notez bien que
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le dégoût est pour moi un argument suffisant contre tous les petits égoïstes et tous les petits jouisseurs. Je suis
vaincu par le dégoût plus facilement qu’on ne le croit. Ravisez-vous, rappelez-vous à vous-même !
Je ne me suis jamais trompé sur personne : et il y a en vous cette aspiration à un égoïsme sacré qui est une
aspiration à l’obéissance envers ce qu’il y a de plus haut – et vous l’avez confondue, en raison de je ne sais
quelle malédiction, avec son contraire, l’appétit pillard du chat, de la vie pour le seul amour de la vie.
Qui pourra encore vous fréquenter si vous lâchez la bride à tous les traits mesquins de votre nature !
Vous avez causé du tort, vous avez fait du mal – non seulement à moi mais à tous ceux qui m’aimaient – cette
épée est suspendue au-dessus de vous.
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882 (décembre 1882)
Concernant Lou von Salomé
L’incroyable résultat de cet été : Lou m’a rendu suspect aux yeux des miens et des Bâlois, qui me traitent à
présent comme un homme aux intentions basses, et qui plus est, sournois –
Voilà que Lou propage des ragots, par l’intermédiaire de Madame Gelzer et de ma sœur
justement Lou !
C’est une cruauté du destin pitié enfer
supporter la douleur; – un effort pour me dépasser moi-même prodigieux
« un cerveau doué d’un rudiment d’âme »
Le caractère d’un chat – d’une bête de proie qui joue les animaux domestiques
les sentiments nobles comme traces de la fréquentation de gens nobles une volonté forte, mais sans grand objet
sans zèle et sans pureté sans probité bourgeoise
une sensualité cruellement fermée
des enfants arriérés – conséquence d’un dépérissement et d’un retard de la sexualité
Capable d’enthousiasme sans amour pour les hommes, mais aimant Dieu
Besoin d’expansion
rusée et très maîtresse d’elle-même en ce qui concerne la sensualité des hommes
dénuée de cœur et incapable d’amour
l’émotion toujours maladive et proche de la folie
sans reconnaissance, sans pudeur à l’égard du bienfaiteur infidèle et trahissant tout un chacun devant
n’importe qui incapable de politesse du cœur
hostile à la pureté et à la netteté de l’âme
sans pudeur dans la pensée toujours nue devant elle-même violente dans le détail
incertaine
sans « courage »
grossière dans les questions d’honneur.
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882 (décembre 1882)
17
Sur Lou (suite)
À Paul Rée et Lou Andréas-Salomé (vraisemblablement à Berlin)
mi-décembre 1882
Ne vous inquiétez pas trop des explosions de ma mégalomanie ou de ma vanité blessée : et même si par
hasard je devais m’ôter la vie dans un de ces états, il n’y aurait pas grand-chose à regretter. Que vous importent
mes chimères, je veux dire à vous et à Lou ! Surtout dites-vous bien tous les deux que je suis finalement un
homme à moitié fou qui souffre de migraines, et que la solitude a définitivement égaré. J’en viens à cet avis sur
la situation, un avis raisonnable à mon sens, après avoir absorbé par désespoir une incroyable dose d’opium.
Mais au lieu que ce soit moi qui perde la raison, on dirait que c’est elle qui me vient enfin. (…) Demandez à Lou
de tout me pardonner, je promets – seulement – de faire la même chose et plus souvent d’avoir les mêmes
crises : je crois que j’aurai encore l’occasion de lui pardonner quelque chose.
Il est beaucoup plus difficile de pardonner à ses amis qu’à ses ennemis.
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882 (décembre 1882)
À Paul Ree Sur Lou
Mon cœur gémit pour Lou : elle a renoncé à tout but supérieur et à tout idéal – c’est pour moi quelque chose
d’atroce et de triste. (…)
Je n’ai jamais douté qu’un jour elle se purifiera, de quelque céleste manière, de la saleté de ces actions
ignominieuses.
Tout autre homme se serait détourné avec dégoût d’une telle fille je l’éprouvais aussi, mais je le surmontais
toujours je me désolais d’assister à la dégénérescence d’une nature aux nobles dispositions et pour dire la
vérité : j’ai versé d’innombrables larmes à Tautenburg, non sur moi-même mais à cause de Lou. C’est la pitié qui
m’a joué ce tour. (…)
Etrange ! J’ai cru qu’un ange m’avait été envoyé lorsque je me suis a nouveau tourné vers les hommes et la vie –
un ange qui devait me soulager de maints, fardeaux, que la douleur et la solitude avaient rendus trop lourds, et
avant tout un ange de courage et d’espoir pour tout ce qui m’attend maintenant Mais ce n’était pas un ange.
Extrait de la Correspondance entre Nietzsche, Lou Andreas-Salomé et Paul Rée de l’année 1882 (décembre 1882)
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Fou seulement ! Poète seulement !
Dans l’air clarifié,
quand déjà la consolation de la rosée
descend sur la terre,
invisible, sans qu’on l’entende,
– car la rosée consolatrice porte
des chaussures fines, comme tous les doux consolateurs –
songes-tu alors, songes-tu, cœur chaud,
combien tu avais soif jadis
soif de larmes divines, de gouttes de rosée,
altéré et fatigué, combien tu avais soif,
puisque, dans l’herbe, sur les sentes jaunies,
les rayons du soleil couchant, méchamment,
au travers des arbres noirs, couraient autour de toi,
des rayons ardents et malicieux.
« Le prétendant de la vérité ? Toi ? » – ainsi se moquaient-ils –
Non ! Poète seulement !
une bête rusée, sauvage, rampante,
qui doit mentir sciemment, volontairement,
envieuse de butin,
masquée de couleurs,
masque pour elle-même,
butin pour elle-même,
cela – le prétendant de la vérité ?...
Non ! Fou seulement ! Poète seulement !
parlant en images coloriées,
criant sous un masque multicolore de fou,
errant sur des mensongers ponts de paroles,
sur des arcs-en-ciel mensongers,
parmi de faux ciels
errant, planant çà et là –
fou seulement ! poète seulement !
Cela – le prétendant de la vérité ?...
ni silencieux, ni rigide, lisse et froid,
changé en image,
en statue divine,
ni placé devant les temples,
gardien de seuil d’un Dieu :
non ! ennemi de tous les monuments de la vertu,
plus familier de tous les déserts que de l’entrée des temples,
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pleins de chatteries téméraires,
sautant par toutes les fenêtres,
vlan ! dans tous les hasards,
reniflant d’envie et de désirs !
Ah ! toi qui cours dans les forêts vierges,
parmi les fauves bigarrés,
bien portant, colorié et beau comme le péché,
avec les lèvres lascives,
divinement moqueur, divinement infernal, divinement sanguinaire,
que tu cours, sauvage, rampeur, menteur…
Ou bien, semblable à l’aigle qui regarde longtemps,
longtemps le regard fixé dans les abîmes,
dans ses abîmes…
– oh ! comme il plane en cercle,
descendant toujours plus bas,
au fond de l’abîme toujours plus profond ! –
Puis,
soudain,
d’un trait droit,
les ailes ramenées,
fondant sur des agneaux,
d’un vol subit, affamé,
pris d’appétit pour ces agneaux,
détestant toutes les âmes d’agneaux,
haineux de tout ce qui a le regard
vertueux, l’œil de la brebis, la laine frisée,
de tout ce qui est stupide et bienveillant comme l’agneau…
Tels sont,
semblables à l’aigle et la panthère,
les désirs du poète,
tels sont tes désirs, en mille masques,
toi qui es fou, toi qui es poète ?...
Toi qui vis l’homme,
tel Dieu, comme un agneau,
déchirer Dieu dans l’homme,
comme l’agneau dans l’homme,
rire en le déchirant – Ceci, ceci est ta félicité,
la félicité d’un aigle et d’une panthère,
la félicité d’un poète et d’un fou !...
Dans l’air clarifié,
quand déjà le croissant de la lune
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glisse ses rayons verts,
envieusement parmi la pourpre du couchant : ennemi du jour,
glissant à chaque pas, furtivement,
devant les bosquets de roses,
jusqu’à ce qu’il s’effondrent
pâles dans la nuit :
ainsi suis-je tombé moi-même jadis
de ma folie de vérité,
de mes désirs du jour,
fatigué du jour, malade de lumière,
– je suis tombé plus bas vers le couchant et l’ombre :
par une vérité
brûlé et assoiffé
– t’en souviens-tu, t’en souviens-tu, cœur chaud,
comme alors tu avais soif.
Que je sois banni
de tout vérité !
Fou seulement ! Poète seulement !
Extrait des Dithyrambes de Dionysos
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Billets de Turin
Turin, 1er janvier 1889.
À Catulle Mendès
C’est pour faire un bien infini à l’humanité que je lui offre mes dithyrambes.
Je les remets entre les mains du poète d’Isoline, le plus grand et le premier satyre vivant aujourd’hui – et pas
seulement aujourd’hui…
Dionysos
Turin, 3 janvier 1889.
À Meta von Salis-Marschlins
Mademoiselle von Salis,
Le monde est transfiguré, car Dieu est sur la terre. Ne voyez-vous pas comme tous les cieux exultent ? Je viens
juste de prendre possession de mon royaume, je jette le pape en prison et je fais fusiller Guillaume, Bismarck et
Stöcker.
Le Crucifié
Turin, 3 janvier 1889
À Cosima Wagner
À la princesse Ariane, ma bien-aimée,
C’est un préjugé que je dois être humain. Mais j’ai souvent vécu parmi les êtres humains et connais toutes les
expériences que les êtres humains sont capables de faire, de la plus basse à la plus élevée. J’ai été Bouddha en
Inde, Dionysos en Grèce – Alexandre et César sont mes incarnations, tout comme le poète Shakespeare, lord
Bacon. A la fin j’ai encore été Voltaire et Napoléon, peut-être également Richard Wagner… Mais cette fois-ci,
je viens comme le Dionysos victorieux, qui fera de la terre un jour de fête… Non que j’aie beaucoup de
temps… Les cieux se réjouissent que je sois là… J’ai également été accroché sur la croix…
Turin, 4 janvier 1889
À Peter Gast
À mon maestro Pietro
Chante-moi un chant nouveau : le monde est transfiguré et tous les cieux exultent.
Le Crucifié
22
Turin, vers le 4 janvier 1889
À Franz Overbeck
À l’ami Overbeck et à sa femme,
Bien que vous ayez démontré jusqu’à maintenant une croyance limitée dans ma capacité à compter, j’espère
pouvoir encore démontrer que je suis quelqu’un qui paie ses dettes – par exemple envers vous… Je viens de
faire fusiller tous les antisémites…
Dionysos
Turin, 6 janvier 1889
À Jacob Burckhardt
Cher Monsieur le Professeur,
(…) Je vais partout en tenue d’étudiant, ici et là, je frappe sur l’épaule de quelqu’un et lui dis : siamo contenti ?
Son dio, ho fatto questa caricatura…
Demain arrive mon fils Umberto et la charmante Marguerite, que je recevrai comme vous, en bras de chemise.
Paix à Madame Cosima… Ariane… De temps en temps on fait de la magie.
Je fais mettre Caïphe dans les chaînes ; moi aussi j’ai été continuellement crucifié l’année dernière par les
médecins allemands. Supprimé Guillaume, Bismarck et tous les antisémites.
Vous pouvez faire de cette lettre tout usage qu’il vous plaira, pourvu qu’il ne me rabaisse pas aux yeux des
Bâlois.
Turin, 4 janvier 1889
À Cosima Wagner
Ariane je t’aime.
Dionysos
Je vais parmi les hommes…
Je vais parmi les hommes comme parmi des fragments du futur, de ce futur où plonge mon regard.
Ma seule ambition de poète est de recomposer,
de ramener à l’unité, ce qui n’est que fragment, énigme, effroyable hasard.
Comment supporterai-je d’être homme, si l’homme n’est aussi poète et déchiffreur d’énigmes,
et rédempteur du hasard ?
Racheter tous ceux qui furent, et convertir tout « il y avait » en « c’est ce que j’ai voulu », cela, et cela seul, je
l’appellerais rédemption.
Extrait de Ainsi parlait Zarathoustra, chapitre « De la rédemption »,
cité dans Ecce Homo (chapitre « Ainsi parlait Zarathoustra », paragraphe 8)
23
Alexandre Kniazev
et du Wigmore Hall de Londres,
Mendelssohn avec Dmitri Makhtin
Alexandre Kniazev étudie le
ainsi qu’au Festival de Salzbourg et,
et Boris Berezovsky sont parus à
violoncelle au Conservatoire
prochainement, au Lincoln Center de
l’automne 2007. Cet enregistrement,
de Moscou avec Alexander
New York. Il a joué en mars 2009 au
acclamé par la presse, a reçu le Prix
Fedorchenko et l’orgue avec Galina
Musikverein de Vienne avec Vladimir
Echo. Le Concerto pour violoncelle de
Kozlova. Il remporte de nombreux
Fedoseyev, donné le Concerto de
Dvořák avec l’Orchestre Symphonique
prix, notamment au Concours
Dvořák à la Salle Pleyel, et s’est
Tchaïkovski de Moscou et Vladimir
International de Violoncelle Gaspar
produit au Festival de Montpellier
Fedoseyev sort en mars 2009 sous
Cassadó, au Concours International
en juillet 2009 avec Evgueni Kissin
le label Lontano / Warner Classics
de Musique de Chambre de Trapani
et Silvia Marcovici. Lors de la saison
International. Parmi ses projets
et au Concours International de
2010, Alexandre Kniazev donne les
récents ou à venir, mentionnons des
Pretoria en Afrique du Sud. Alexandre
six Suites pour violoncelle seul de
concerts au Musikverein de Vienne
Kniazev a joué sous la direction de
Bach à la Philharmonie de Saint-
et en Allemagne avec l’Orchestre
chefs d’orchestre tels qu’Evgueni
Pétersbourg. Son enregistrement
Symphonique Tchaïkovski de
Svetlanov, Yuri Temirkanov, Mstislav
de Schelomo d’Ernest Bloch, sous la
Moscou et Vladimir Fedoseyev,
Rostropovitch, Yuri Bashmet, Vladimir
direction d’Evgueni Svetlanov avec
avec le Philharmonia Orchestra et
Fedoseyev, Maxim Chostakovitch,
l’Orchestre Symphonique d’État de
Maestro Vedernikov à Londres, aux
Neeme Järvi ou Kurt Masur. Il a
Russie, a été acclamé par la presse
Folles Journées de Nantes et Tokyo,
également joué avec l’Orchestre
musicale internationale. Son disque
au Japon puis à Paris aux côtés
Royal Philharmonique de Londres,
consacré à Max Reger a été primé
d’Evgeny Kissin et Martha Argerich…
l’Orchestre de la Radio Bavaroise,
par le magazine Répertoire. Chez
l’Orchestre Symphonique de
Warner Classics International, il signe
Plamena Mangova
Göteborg, l’Orchestre Symphonique
un disque consacré aux Suites pour
Née en 1980, la pianiste bulgare
d’État de Russie, l’Orchestre
violoncelle seul de Bach et, en octobre
Plamena Mangova obtient le 2e
Philharmonique de Saint-Pétersbourg, 2004, il enregistre sous le même label
Prix au Concours Reine Elisabeth
l’Orchestre Philharmonique de
le Trio n° 2 de Chostakovitch et le
2007, puis un Diapason d’or de
La Haye, l’Orchestre National de
Trio élégiaque n° 2 de Rachmaninov
l’Année pour son premier CD dédié
France, l’Orchestre Philharmonique
avec Boris Berezovsky et Dmitri
à Chostakovitch. Elle se produit dans
de Prague… Il est régulièrement
Makhtin, enregistrement qui reçoit un un vaste répertoire, du Baroque à la
invité au Festival « Les Soirées de
Diapason d’or ainsi que le Prix Echo.
Décembre » de Moscou, organisé
En trio avec Boris Berezovsky et Dmitri récital et musique de chambre, de
par Sviatoslav Richter, ce dernier
Makhtin, il enregistre par ailleurs un
Tokyo à Saint-Pétersbourg, en passant
l’ayant très fortement influencé.
DVD consacré à Tchaïkovski (pièces
notamment par la Corée du Sud et
Ses partenaires de musique de
pour piano, violon et violoncelle et
les plus grandes scènes européennes,
chambre sont Evgueni Kissin, Vadim
Trio élégiaque « À la mémoire d’un
telles la Philharmonie de Berlin,
Repin, Plamena Mangova, Brigitte
grand artiste »). Ce DVD a obtenu
le Concertgebouw d’Amsterdam,
Engerer, Boris Berezovsky, Dmitri
un Diapason d’or. Il enregistre
le Gewandhaus de Leipzig, la
Makhtin et Nikolaï Lugansky. Il se
également avec l’Orchestre de
Philharmonie du Luxembourg, le
produit également en trio avec
Chambre de Moscou sous la direction
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles,
Boris Berezovsky et Dmitri Makhtin
de Constantin Orbelian un disque
le Queen Elisabeth Hall de Londres,
sur les prestigieuses scènes du
réunissant les Variations Rococo,
la Komische Oper de Berlin, le
Concertgebouw d’Amsterdam, du
l’Andante cantabile et des romances
Théâtre du Châtelet, et des festivals
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
de Tchaïkovski. Les deux trios de
prestigieux –La Roque-d’Anthéron,
24
musique contemporaine, en concerto,
Verbier, Folles Journées de Nantes
Outre son disque Chostakovitch en
Romain Guyot
et Tokyo, Santander, Radio France-
solo, Plamena Mangova a gravé une
Romain Guyot compte parmi les plus
Montpellier, Menton… Plamena
intégrale des œuvres pour violon
brillants clarinettistes de la scène
Mangova a suivi l’enseignement de
et piano de Prokofiev avec Tatiana
internationale. Il remporte en 1996
Marina Kapatsinskaya à l’Académie
Samouil, de la musique de chambre
– premier nommé – les prestigieuses
de Musique d’État de Sofia, avant
de Chostakovitch avec Natalia
« Young Concert Artists International
d’étudier à l’École Supérieure de
Priscepenko, Sebastian Klinger et la
Auditions » à New York, distinction
Musique Reine Sofia de Madrid auprès soprano Tatiana Melnichenko, des
de Dmitri Bashkirov. Elle a également
qui le conduit à se produire aux
œuvres de Beethoven, de Strauss avec États-Unis et au Japon en soliste et
travaillé avec Abdel-Rahman El Bacha à l’Orchestre National de Belgique et
en récital. À 16 ans, il est choisi pour
la Chapelle Musicale Reine Elisabeth.
Walter Weller, ainsi que le Concerto
être clarinette solo de l’Orchestre des
En master-classes, Plamena Mangova
n° 1 de Brahms avec l’Orchestre
Jeunes de l’Union Européenne sous la
a reçu les conseils de musiciens
National de Belgique et Walter Weller.
direction de Claudio Abbado. Il étudie
comme Leon Fleisher, Rosalyn Tureck,
Nombre de ces enregistrements ont
au Conservatoire de Paris (CNSMDP)
Krystian Zimerman, Ralf Gothoni,
été primés par la critique. La pianiste
où il obtient deux premiers prix en
András Schiff, Mauricio Fuks, Zakhar
a participé à deux éditions du projet
clarinette et musique de chambre. À
Bron, Natalia Gutman et Teresa
« Hand in Hand » à Bruxelles, soutenu
22 ans, il est nommé clarinette solo
Berganza. Elle est lauréate du Festival
par Martha Argerich et Médecins du
de l’Orchestre National de l’Opéra de
Juventus en France et d’importants
Monde. En novembre 2009, elle a
Paris pendant dix ans et, après avoir
concours internationaux (Paloma
été invitée à participer au concert en
quitté ce poste, Claudio Abbado et
O’Shea de Santander, Vittorio Gui
l’honneur de la nouvelle Secrétaire
Daniel Harding lui demandent d’être
de Florence, Prix Granados d’Alicia
Générale de l’UNESCO, Irina Bokova.
clarinette solo du Mahler Chamber
de Larrocha). Elle se produit avec
Plamena Mangova a donné des
Orchestra où il y restera de 2003 à
des orchestres renommés, dont
master-classes à plusieurs reprises,
2006. En janvier 2008, c’est l’Orchestre
l’Orchestre Philharmonique de Tokyo,
en Espagne, en Afrique du Sud,
de Chambre d’Europe (COE) qui le
l’English Chamber Orchestra, le
au Japon, en Belgique (Chapelle
choisit pour être clarinettiste solo.
Sinfonia Varsovia, l’Orchestre National Musicale Reine Elisabeth) et en
Romain Guyot mène une carrière de
de Belgique, l’Orchestre National
Bulgarie. Ses prochains engagements
soliste à travers l’Europe entière, le
de Lille, l’Orchestre National de
l’amèneront à se produire, entre
Japon, la Corée, l’Amérique du Sud,
Montpellier, l’Orchestre Symphonique autres, à Varsovie avec le Sinfonia
les États-Unis. Il se produit avec de
de Saint-Pétersbourg, l’Orchestre de
Varsovia et Kazuki Yamada, au
nombreux orchestres tels l’English
la RAI de Turin, l’Orchestre du MDR de
Théâtre des Champs-Élysées pour
Chamber Orchestra, le Sinfonia
Leipzig…, sous la baguette de chefs
son premier récital, en Norvège
Varsovia, les Tokyo Mozart Players,
tels que Sir Colin Davis, Emmanuel
avec l’Orchestre Symphonique de
l’Orchestre Philharmonique de
Krivine, Jean-Claude Casadesus,
Trondheim et Alexander Vedernikov,
Radio France, l’Ulster BBC Orchestra,
Dmitri Jurowski, Gilbert Varga,
à Bruxelles avec l’Orchestre National
et dans les plus importantes salles
François-Xavier Roth… Chambriste
de Belgique, au Suntory Hall de
de concerts, notamment à New
prisée, elle partage sa musicalité
Tokyo avec l’Orchestre Symphonique
York (92nd Street Y et Alice Tully
avec des artistes comme Maria João
Métropolitain de Tokyo… Elle fera
Hall), Washington (Kennedy Center
Pirеs, Boris Berezovsky, Augustin
également ses débuts avec l’Orchestre et Bibliothèque du Congrès),
Dumay, Pascal Moraguès, Alexei
Philharmonique de Rotterdam sous
Tokyo (Suntory Hall), Séoul (Arts
Ogrintchouk, Alexandre Kniazev,
la direction de Sir Andrew Davis
Center), Paris (Cité de la musique),
Nobuko Imai, le Quatuor Ysaÿe…
dans le Concerto en sol de Ravel.
Amsterdam (Concertgebouw), Berlin
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(Philharmonie), Dublin (National
la première fois à l’âge de 6 ans
Bruch et Carl Reinecke avec Romeo
Concert Hall), Belfast (Waterfront
avec l’orchestre philharmonique
Tudorache et Tonino Riolo ont été
Hall et Ulster Hall), Moscou
de sa ville natale. L’année d’après, il
chaleureusement accueillis par la
(Conservatoire et Musée Pouchkine),
intègre l’École Centrale de Musique
presse. Andreï Gridchuk a également
Saint-Pétersbourg (Philharmonie)…
de Moscou puis le Conservatoire,
gravé les Sonates n° 1 et n° 2 de
Passionné de musique de chambre, il
étudiant notamment avec Yuri
Nikolaï Roslavets. Il joue sur un alto
partage régulièrement la scène avec
Yankelevitch, Zinaida Gilels, Boris
de Paolo Antonio Testore de 1750.
des interprètes comme les pianistes
Belenky, Fedor Druzinin et Yuri
Myung-Whun Chung, Pierre-Laurent
Bashmet, dont il est l’assistant
Didier Sandre
Aimard, Claire Désert, François-
pendant plusieurs années. En tant
Didier Sandre a joué au théâtre public
Frédéric Guy, Christian Ivaldi, Roger
que membre des Solistes de Moscou,
et privé sous la direction de Bernard
Muraro, Momo Kodama, Emmanuel
il a joué dans les plus grandes salles
Sobel, Patrice Chéreau, Antoine Vitez,
Strosser ; les violonistes Isabelle Faust, du monde. Il est lauréat du Concours
Jorge Lavelli, Luc Bondy, Jean-Pierre
Ilya Gringolts, Gordan Nikolich, Régis
d’Alto de l’Union Soviétique (1984) et
Vincent, Jean-Pierre Miquel, Maurice
Pasquier ; les violoncellistes Xavier
du Concours Maurice-Vieux (1989),
Béjart, Giorgio Strehler, Adrian Brine.
Philipps, Marc Coppey, Jean-Guihen
entre autres. Depuis, s’est produit en
Il a reçu le Prix du Syndicat de la
Queyras ; les quatuors à cordes Artis,
tant que soliste avec des formations
Critique pour ses interprétations dans
Lindsay, Sine Nomine, Vanbrugh,
comme l’Orchestre Philharmonique
Le Mariage de Figaro, Madame de
Ysaÿe, Renoir… Il a été membre du
de Radio France, l’Orchestre
Sade et Le Soulier de Satin, le Molière
Quintette à vent Claude Debussy
Symphonique de Hambourg,
du meilleur acteur pour celle de
avec lequel il a remporté les concours
l’Orchestre de la Staatsoper de Berlin,
Un mari idéal d’Oscar Wilde. Didier
de Tokyo et de Munich (ARD) et
l’Orchestre de la Staatskapelle de
Sandre participe régulièrement à de
fait partie de l’ensemble à vent
Weimar, l’Orchestre Symphonique de
nombreux concerts qui intègrent
Paris-Bastille avec François Leleux
Milan Giuseppe-Verdi ou l’Orchestre
un récitant dans des œuvres de
(hautbois), Laurent Lefèvre (basson)
Philharmonique de Zagreb, sous
répertoire (L’Histoire du Soldat, Le
et Hervé Joulain (cor). Romain Guyot
la direction de chefs comme Yuri
Martyre de saint Sébastien, Egmont,
s’intéresse au nouveau répertoire
Bashmet, Rudolf Barshai, Marco
Le Roi David, Les Sept Dernières
pour clarinette. Il a assuré la création
Boemi, Riccardo Chailly, Oleg Caetani,
Paroles du Christ, Pierre et le loup,
d’œuvres de Nicolas Bacri, Marc-
Marek Janowski, Roman Kofman,
etc.) ou conçus spécifiquement
André Dalbavie, Philippe Hersant,
Kent Nagano, Nicolas Pasquet, Ulf
pour la scène (Une saison en
Jean‑Christophe Marti et
Schirmer, Christian Thielemann et
enfer – Rimbaud-Liszt, Les Liaisons
Philippe Leroux. Il a enregistré
Krzysztof Penderecki. En musique de
dangereuses – Laclos-Scarlatti, Peer
une dizaine d’œuvres pour les
chambre, il a pour partenaires Yuri
Gynt – Ibsen-Grieg, etc.). Il a travaillé
labels Harmonia Mundi, EMI et
Bashmet, Boris Berezovsky, Pamela
avec l’Orchestre de Paris, l’Ensemble
Naïve. Romain Guyot est conseiller
Frank, Steven Isserlis, Leila Josefowicz, intercontemporain, l’Orchestre
artistique chez Buffet Crampon
Mischa Maisky, Vadim Repin, Dmitry
de Poitou-Charentes, l’Orchestre
et Rico International, et, depuis
Sitkovetsky ou le Quatuor Borodine,
National de Lyon, l’Orchestre National
2009, professeur au Conservatoire
entre autres. Il participe fréquemment d’Île-de-France, sous la direction de
de Musique de Genève.
à de nombreux festivals comme ceux
Pierre Boulez, Myung-Whun Chung,
de Verbier, Wasa, Tours ou Koblenz,
David Robertson, Frans Brüggen,
Andreï Gridchuk
ainsi qu’à l’Auditorium du Louvre.
Sylvain Cambreling, Jean-François
Né en Russie à Irkoutsk, Andreï
Ses enregistrements des trios pour
Heisser, Jean-Claude Pennetier,
Gridchuk se produit en public pour
clarinette, alto et piano de Max
Hervé Niquet, Michaël Levinas, Yoel
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Levi, etc. Il travaille également avec
des solistes tels que Abdel Rahman
El Bacha, Alexandre Tharaud, Jeff
Cohen, Michel Béroff, Marie-Josèphe
Jude, Thierry Escaich, Pascal Amoyel,
David Bismuth, Jean-François
Zygel, Emmanuelle Bertrand, des
formations de musique de chambre
telles que le Quatuor Ludwig ou le
chanteur François Leroux. Parmi les
nombreux films pour la télévision et
le cinéma auxquels il a participé, on
se souvient de L’Allée du roi de Nina
Companeez, Petits Arrangements
avec les morts de Pascale Ferran,
Conte d’automne de Éric Rohmer,
Le Mystère Paul d’Abraham Segal, À
la recherche du temps perdu d’après
Marcel Proust de Nina Companeez.
Il vient d’achever le tournage de
Toute une nuit de Lucas Belvaux et
a joué cet automne une pièce de
Ronald Harwood, Collaboration,
aux côtés de Michel Aumont au
Théâtre des Variétés. Didier Sandre
est chevalier dans l’ordre des Arts
et des Lettres et chevalier dans
l’ordre national du Mérite.
27
Et aussi…
> CONCERTS
> SALLE PLEYEL
> MÉDIATHÈQUE
MARDI 14 FÉVRIER, 20H
SAMEDI 4 FÉVRIER, 20H
Carl Loewe
Der Nöck
Prinz Eugen
Edward
Tom der Reimer
Richard Strauss
Vom künftigen Alter
Erschhaffen und Beleben
Und dann nicht mehr
Im Sonnenschein
Richard Strauss
Allerseelen
Die Nacht
Morgen
Heimliche Aufforderung
Gustav Mahler
Rückert Lieder
En écho à ce concert, nous vous
proposons…
Giuseppe Verdi
Les Vêpres siciliennes : Ouverture
Don Carlo : « Tu che le vanità »
Aïda : « Ritorna vincitor »
La Force du destin : Ouverture
La Force du destin : « Pace, pace, mio
Dio ! »
Francesco Cilea
Adrienne Lecouvreur : « Io son l’Umile… »
Giacomo Puccini
Manon Lescaut : Intermezzo
Manon Lescaut : « Sola, perduta,
abbandonata »
Amilcare Ponchielli
La Gioconda : Ballet
La Gioconda : « Suicidio ! »
Thomas Quasthoff, baryton-basse
Justus Zeyen, piano
Orchestre National de Lille
Evelino Pidò, direction musicale
Eva-Maria Westbroek, soprano
> À la médiathèque
Coproduction Orchestre National de Lille,
Salle Pleyel.
Felix Mendelssohn
Le Songe d’une nuit d’été
La Première Nuit de Walpurgis
> CITÉSCOPIE
Accentus
Ensemble Orchestral de Paris
Laurence Equilbey, direction
Mélanie Boisvert, soprano
Angélique Noldus, mezzo
Maximillian Schmitt, ténor
Michael Nagy, baryton-basse
MERCREDI 21 MARS, 20H
Franz Liszt
La Lugubre gondole n° 1
Sonate en si mineur
Leoš Janáček
Sonate « 1er octobre 1905 »
Dans les brumes
Sur un sentier recouvert
Mikhaïl Rudy, piano
The Quay Brothers, film original
… d’écouter un extrait audio dans les
« Concerts » :
Trois pièces op. 94 de Robert Schumann
par Céleste Zewald (clarinette)
et Jaap Kooi (piano), concert enregistré
à la Cité de la musique en 2004
• Märchenerzählungen de Robert
Schumann par Paul Meyer (clarinette),
Antoine Tamestit (alto) et Éric Le Sage
(piano), concert enregistré à la Salle
Pleyel en 2008
SAMEDI 10 DECEMBRE, DE 9H30 A 18H
DIMANCHE 11 DECEMBRE, DE 10H À 16H
La Folie
Avec Jean-François Boukobza, Damien
Colas, Hélène Pierrakos, Rémy Stricker,
musicologues, Jean-Marie Fritz,
professeur de littérature médiévale et
Catherine Kintzler, philosophe
… d’écouter avec la partition :
Prélude, Choral et Fugue de César Franck
par Jean-Claude Pennetier (piano)
• Poème élégiaque d’Eugène Ysaÿe par
la Nordwestdeutsche Philharmonie,
Albrecht Laurent Breuninger (violon),
Welisar Gentscheff (direction) • Trois
romances op. 94 de Robert Schumann
par Alexei Ogrintchouk (hautbois) et
Leonid Ogrintchouk (piano)
… de lire :
Robert Schumann : le musicien et la folie
de Rémy Stricker • La musique française
de piano : Claude Debussy, César Franck,
Gabriel Fauré, Emmanuel Chabrier, Paul
Dukas par Alfred Cortot
> MUSÉE
Du 18 octobre au 15 janvier
Exposition Paul Klee Polyphonies
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont | Stagiaires : Christophe Candoni, Carolina Guevara de la Reza.
Imprimeur BAF | Licences no 1014849, 1013248, 1013252 VENDREDI 16 MARS, 20H
> Sur le site Internet
http://mediatheque.cite-musique.fr