CORRIGE TYPE Objet d`étude : Le roman et la nouvelle au XIX e

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CORRIGE TYPE Objet d`étude : Le roman et la nouvelle au XIX e
CORRIGE TYPE
Matière :
Devoir n° :
FR20
03
Epreuve de recette du : 16/09/13
statut: 81
7FR20CTPA0311
Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme
et naturalisme
Questions (6 points)
 D’après la lecture de ces deux textes, quelle est la place de Derville dans le roman ? (3 points)
Ce corpus est composé de deux textes issus du même roman de Balzac, Le Colonel Chabert, paru en 1832. Le premier texte
se situe au début de la seconde partie, le second est l’excipit du roman. Nous allons voir quelle est la place de Derville dans ces
deux extraits. Dans les deux textes, le narrateur choisit d’adopter le point de vue de Derville. C’est lui qui observe et juge la
comtesse dans le texte A, comme on peut le constater avec l’emploi du gérondif : « en voyant » et le texte B est un discours
prononcé par Derville lui-même. Ce texte B, étant l’excipit du roman, le narrateur laisse ici les derniers mots à Derville, qui
occupe, une fois de plus, la fonction de porte-parole de l’auteur. C’est donc l’avoué qui conclut le roman. Il commente la
triste vie du colonel en insistant sur deux points : sa vie forme une boucle qui le fait partir du néant pour y retourner à la
fin. Il insiste aussi sur l’ironie du sort dont il est victime : il a participé aux événements les plus marquants de l’histoire de
France pour terminer comme un misérable mendiant, ignoré du monde. « Quelle destinée! s’écria Derville. Sorti de l’hospice
des Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir
l’Égypte et l’Europe ». Derville, en effet, est l’unique personnage à pouvoir dire cela, parce qu’il est le seul à connaître toute la
vie du colonel et à avoir cru en lui. À plusieurs reprises dans le roman, l’avoué presse le dénouement, jouant à chaque fois
le rôle du double de l’auteur. Nous avons ainsi plusieurs prolepses dans le roman. C’est ce rôle qu’il joue dans le texte A,
lorsqu’il prévoit au futur de l’indicatif (mode de la certitude), l’échec probable de la transaction : « La morale de ceci est qu’une
jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari, ni même son amant dans un homme en vieux carrick, en perruque de
chiendent et en bottes percées. » Comme homme de justice, Derville fait partie, avec les prêtres et les médecins, des « robes
noires ». Tous trois sont les témoins les plus intimes des misères physiques et morales du monde. À ce titre, Derville est,
naturellement, le personnage le plus à même de révéler au lecteur les vices et les vertus de l’âme humaine, en parlant
au nom de l’écrivain. Ainsi, par une habile mise en abyme, il montre le lien entre la fiction et le réel : « Enfin, toutes les
horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité ».
 Quelle vision de la société proposent ces deux textes ? (3 points)
Ces deux textes proposent, par le truchement du regard de l’avoué, une vision critique de la société parisienne de la
Restauration et, plus largement, de la société des hommes. Derville est présenté comme un homme des plus clairvoyants,
« un homme si bien placé pour connaître le fond des choses » : sa vision du monde est donc celle d’un homme lucide et avisé,
qui sait faire tomber les masques, et voir ce qui est « cach(é) » « malgré les mensonges ». La société parisienne, désignée
par la périphrase (texte A) « les familles parisiennes » est évoquée ici comme étant hypocrite et fausse. On retrouve cette
même critique dans le texte B mais de façon plus virulente. Derville fuit Paris et ses crimes : « moi, je vais vivre à la campagne
avec ma femme, Paris me fait horreur ». Témoin de la laideur du monde, il est sans illusion : « nous voyons se répéter les
mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige ». Il est même totalement désespéré : par une métaphore filée, il explique que
les avoués portent « des robes noires », parce qu’ils sont en « deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions ». Il
désespère aussi de la justice : « Je ne puis vous dire tout ce que j’ai vu, car j’ai vu des crimes contre lesquels la justice est
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impuissante ». Les études d’avoué deviennent alors « des égouts qu’on ne peut pas curer ». Cette métaphore fait des études
un lieu rempli d’ordures. Cette phrase introduit une longue série d’exemples de crimes, dont Derville a été témoin, comme le
montre l’anaphore de l’expression « j’ai vu ». Dans le texte A, il est clair que la scène à laquelle Derville assiste, fait partie de
ces scènes injustes que l’avoué juge insupportables. Le mot « morale », utilisé par celui-ci, doit être compris de façon ironique.
L’attitude de la comtesse est, au contraire, immorale et la situation de Chabert est injuste et sans espoir. Il s’agit ici d’un constat
amer au présent de vérité générale, de la leçon à tirer, comme à la fin d’un conte ou d’une fable. « La morale de ceci est qu’une
jolie femme ne voudra jamais reconnaître son mari (...) dans un homme en vieux carrick, en perruque de chiendent et en bottes
percées » : Chabert n’a aucune chance. La comtesse appartient à une catégorie humaine désignée par la périphrase « une jolie
femme », expression à laquelle on pourrait en ajouter d’autres : « riche et sans cœur ». Jamais une femme comme elle
n‘acceptera de quitter sa place dans la société pour un homme qui, par sa faute, a perdu la sienne. Le narrateur insiste sur le
luxe dans lequel vit la comtesse : « un élégant peignoir, l’argent, le vermeil , la nacre étincelaient, des fleurs (...) dans de
magnifiques vases en porcelaine ». Le spectacle d’un tel luxe dégoûte et désespère Derville. Il est ici, comme dans l’excipit,
témoin (« en voyant ») des misères de ce monde. L’image de la comtesse revêtue des « dépouilles » de son époux montre à
quel point Derville est scandalisé : « En voyant la femme du comte Chabert, riche de ses dépouilles, au sein du luxe, au faîte de
la société, tandis que le malheureux vivait chez un pauvre nourrisseur au milieu des bestiaux ». En conclusion, ces deux textes
propose une vision infernale d’une société où se déploient toutes les turpitudes.
Travail d’écriture : commentaire littéraire (14 points)
Rappel du sujet : Vous rédigerez un commentaire littéraire de l’extrait B, dans son intégralité, à partir du parcours
suivant :
Axe 1 : Un dénouement qui porte sur les personnages et élargit la réflexion à d’autres pans de la société
Axe 2 : Une conclusion qui présente une réflexion sur la condition humaine et sur l’écriture romanesque
Important : Nous vous proposons un plan détaillé pour aider à comprendre la démarche du commentaire littéraire. Vous
n’aviez pas à le proposer, on vous demandait uniquement un devoir rédigé.
Proposition de plan détaillé
I. Un dénouement qui porte sur les personnages et élargit la réflexion à d’autres pans de la
société
a) De l’incipit à l’excipit
b) Une conclusion sur le colonel et Derville
c) Une réflexion sur les prêtres et les avoués
II. Une conclusion qui présente une réflexion sur la condition humaine et sur l’écriture
romanesque
a) Une réflexion sur les crimes des hommes
b) Le roman, miroir du réel
c) La Comédie humaine, miroir du réel
Proposition de devoir rédigé
[Présentation de l’auteur, l’œuvre, situation du passage] L’extrait qui nous est proposé est la dernière page du Colonel
Chabert de Balzac paru en 1832. Ce passage a été rajouté par Balzac dans la dernière édition de son roman, en 1835.
[Contenu du passage] Derville retrouve le colonel à l’hospice de la Vieillesse et lui rend une dernière visite en compagnie de
son ami Godeschal. Le spectacle du vieux bicêtrien inspire à l’avoué une longue tirade qui constitue la conclusion du roman.
Le narrateur laisse les derniers mots à Derville, qui occupe, une fois de plus, la fonction de porte-parole de l’auteur. C’est donc
un personnage et non le narrateur qui conclut le roman. [Problématique] Nous pouvons nous demander quelle vision du
monde et du roman l’auteur expose ici. [Annonce du plan] Nous verrons d’abord que ce passage est une conclusion de
l’histoire des deux principaux personnages, Chabert et Derville, ainsi qu’une conclusion pessimiste sur la société. Nous
étudierons enfin, en quoi ce passage propose également une réflexion sur la fonction du genre romanesque et sur le rôle de
l’écrivain, tel que Balzac le conçoit
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Le dénouement permet de connaître le destin de Chabert et de Derville, tout en élargissant la réflexion à d’autres pans de la
société
On peut remarquer que l’histoire forme une boucle pour plusieurs raisons. Les procédés de narration sont les mêmes au
début et à la fin. Nous avons un incipit in medias res qui commence par une phrase de dialogue, une exclamative : « Allons !
encore notre vieux carrick ! » et un excipit, lui aussi, au discours direct et débutant par une proposition exclamative : « - Quelle
destinée ! s’écria Derville. ». Dans les deux cas, ce sont des juristes qui ouvrent et ferment le roman, ce qui leur donne
une place particulièrement importante. Derville se présente ici comme un double de l’écrivain, dans la mesure où il conclut le
roman au discours direct à la place du narrateur. Il prend ainsi le relais de la narration, comme nous pouvons le remarquer à
plusieurs reprises dans le roman.
Derville, en s’étonnant du destin de Chabert, fait réfléchir le lecteur : « Quelle destinée! s’écria Derville. Sorti de l’hospice des
Enfants trouvés, il revient mourir à l’hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et
l’Europe ». Son ton exclamatif manifeste son étonnement. Il met en parallèle les deux hospices du début et de la fin de la vie
de Chabert dans des phrases sensiblement de même longueur (de onze à douze syllabes). C’est là encore une boucle qui se
ferme : dans les deux cas, il s’agit d’anonymat et d’abandon, et à Bicêtre, d’anéantissement. Le colonel n’a plus ni d’existence
civile ou sociale, ni de reconnaissance extérieure. Anonyme, privé d’identité propre, il appartient toujours à un groupe : d’abord
ceux des « enfants trouvés », puis ceux des « vieillards ». L’expression « Sorti de » rappelle en écho sa résurrection de la fosse
d’Eylau : « j’étais sorti du ventre de la fosse aussi nu que de celui de ma mère ». Pour Derville, le colonel n’a pas de mère, il est
issu des « Enfants Trouvés ».
Par ailleurs, la fin de la phrase de Derville est en antithèse avec le début : « sorti de rien », il est monté au plus haut point de
l’échelle sociale en « aid(ant) » le plus grand homme de son siècle à « conquérir » une partie du monde. L’Égypte et l’Europe
représentent, à elles seules, deux continents et deux grandes civilisations, une prise de possession de l’espace mais aussi du
temps. Derville souligne ainsi l’opposition entre ce néant et l’aspect grandiose du parcours du Colonel. Cependant, cet
« Intervalle » n’a servi à rien, puisqu’il tombe au plus bas après avoir atteint des sommets. Le mot « destinée » semble mettre le
colonel sous l’emprise de la fatalité : était-il destiné à être happé par le néant ? Nous allons retrouver cette fatalité dans la
conception balzacienne du monde et de la justice. Ce passage nous indique aussi ce que Derville va devenir : « moi, je vais
vivre à la campagne avec ma femme, Paris me fait horreur ». Par cette emphase, Derville s’affirme en tant qu’individu dans son
choix d’une existence privée à la place de la vie publique qu’il menait jusque-là. Cette phrase sur Paris est aussi une
conclusion des Scènes de la vie parisienne où Paris est souvent évoqué comme un monstre qui engloutit les êtres. La litote,
« Vous allez connaître ces jolies choses-là, vous » est empreinte d’ironie amère. [Transition] Ce dégoût de Derville est le
résultat d’une réflexion sur le monde.
En effet, spectateur privilégié de la société, l’avoué propose une réflexion sur « trois hommes, le prêtre, le médecin et
l’homme de justice ».
Par une métaphore filée, le narrateur met sur le même plan prêtres, médecins et hommes de justice, parce que tous trois
recueillent les confidences de leurs « patients » (au sens étymologique : celui qui souffre). Vers eux, convergent toutes les
misères du monde, morales, physiques et sociales. Le vêtement noir qu’ils portent est interprété par Derville de façon
métaphorique, comme étant un vêtement de deuil, et de façon hyperbolique, avec l’emploi répété de l’adjectif indéfini « toutes »,
lorsqu’il évoque en cette fin de phrase totalement désespérée, « toutes les vertus et toutes les illusions ». Le parallélisme
syntaxique met « les vertus et les illusions » sur le même plan. Mais, après avoir évoqué les médecins, au même titre que les
prêtres et les avoués, le narrateur ne les mentionne plus, puisqu’il s’intéresse davantage aux maux de l’âme qu’à ceux du
corps. Il oppose alors les deux autres catégories, prêtres et avoués. Cette opposition, introduite par la conjonction de
coordination « mais », est manifeste dans le rythme des phrases et dans le choix lexical. La phrase concernant les prêtres est
construite sur plusieurs rythmes ternaires et écrite dans un registre lyrique : « poussé par le repentir, par le remords, par des
croyances », « qui le rendent intéressant, qui le grandissent, et consolent », « il purifie, il répare, et réconcilie ». La répétition du
préfixe « ré » (dans « repentir, remords, répare, et réconcilie ») souligne l’idée d’un renouveau possible. Au contraire, la
phrase sur l’avoué est plus rapide, en asyndète, et semble s’effondrer sans aucune envolée lyrique : « Mais, nous autres
avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos études sont des égouts qu’on ne peut
pas curer ». Derville constate l’impuissance des avoués, qui eux, ne trouvent « ni jouissance ni intérêt » dans leurs tâches.
Derville, après les avoir évoqués par un superlatif relatif « le plus malheureux des trois » désavoue leur rôle, auquel il a sans
doute cru, puisqu’il parle de « deuil » et de désillusion. Ainsi les avoués « ne peuvent pas estimer le monde » : le verbe
« pouvoir » exprime ici l’incapacité de le faire, même s’ils le voulaient, devant le spectacle ignoble du monde. Le constat est
amer : l’homme est incurable et il n’y a pas de justice efficace en ce monde : « nous voyons se répéter les mêmes
sentiments mauvais, rien ne les corrige ». Par la métaphore récurrente dans l’œuvre des égouts : « nos études sont des égouts
qu’on ne peut pas curer », Derville souligne l’ignominie de la nature humaine par la double image des ordures et du gouffre
insondable. [Transition] En effet, Derville, las d’en avoir trop vu, fait toute une liste des crimes dont il a été témoin
La fin du roman offre des considérations sur la condition humaine et sur l’écriture romanesque
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Tout d’abord, Derville dresse une sorte d’inventaire des délits dont sont capables les êtres humains : « abandonn(er) » un
père, « brûler des testaments », « dépouiller (ses) enfants », « vol(er) leurs femmes ». Ce sont aussi des crimes familiaux : « j’ai
vu des mères dépouillant leurs enfants, (…), des femmes tuant leurs maris», des histoires privées, sans doute secrètes, qui
concernent les membres d’une même famille : mères, pères, enfants, maris sont concernés au premier chef. Ces histoires sont
à l’image des tragédies antiques comme celle des Atrides. L’expression « des femmes tuant leurs maris afin de vivre en paix
avec un amant » fait penser à Clytemnestre tuant Agamemnon. On peut se demander quelle est la place du destin dans ces
histoires. C’est ici que l’on retrouve la fatalité évoquée par Derville au sujet du colonel. Comme toujours, dans les romans
balzaciens, le monde est partagé entre bourreaux et victimes. Dans cette lutte entre les forts et les faibles, ce sont les purs qui
sont détruits. L’anaphore de « j ’ai vu » montre la lassitude de Derville. Il s’agit d’une expérience, d’un témoignage, les
participes présents expriment, en effet, une action qui se déroule sous ses yeux : « dépouillant », « volant », « tuant », « se
servant». Ces termes génériques, précédés d’un article indéfini, désignent toute la société sans distinction de milieu social.
Tous ces pluriels provoquent un effet d’abondance, qui n’épargne personne.
Après cette conclusion pessimiste sur le monde et sur l’efficacité des avoués, Derville propose une réflexion sur le roman, par
une habile mise en abyme : « Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la
vérité ». Il fait ainsi un parallèle entre fiction et réalité. En déclarant que « toutes les horreurs que les romanciers croient inventer
sont toujours au dessous de la vérité », il plaide pour la vraisemblance romanesque et propose implicitement une
réflexion sur la différence entre le vrai et le vraisemblable. Le roman est le genre littéraire, qui en essayant de coller le plus
à la réalité, tente d’être vraisemblable, c’est-à-dire de faire croire à la réalité de ce qui est inventé. Tout ce qui, dans ce roman
peut paraître exagéré (« toutes les horreurs »), ne l’est pas ; la vérité est bien pire encore. La réalité dépasse donc la fiction. En
peignant une réalité sordide, paradoxalement, le romancier est encore au dessous de ce que l’homme est capable de faire. La
fiction est donc bien un miroir du réel et même un amplificateur de ce réel, en le mettant en scène, en lui donnant une
forme écrite et artistique. Cette phrase, qui conclut le roman, défend la vraisemblance de l’intrigue du Colonel Chabert. Elle
explique, de façon implicite au lecteur, que même si la perversité des personnages l’étonne, non seulement cette perversité fait
partie de la réalité, mais encore elle lui est inférieure.
Pourtant, ces crimes que cite Derville, ne sont pas des crimes réels : il s’agit des romans de Balzac. Ainsi, cette longue citation
rappelle plusieurs principes que Balzac met en œuvre dans La Comédie Humaine : rappelons que celle-ci a pour projet de
« concurrencer l’État civil » en représentant l’humanité toute entière et de faire en sorte que les personnages se retrouvent d’un
roman à l’autre. Il s’agit donc d’une nouvelle mise en abyme parce qu’à l’intérieur même du Colonel Chabert, Derville fait
allusion à d’autres romans balzaciens : par exemple : le « J’ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni maille, abandonné
par deux filles auxquelles il avait donné quarante mille livres de rente! » et « des maris volant leurs femmes » renvoient au Père
Goriot ; et le « J’ai vu brûler des testaments » fait référence à Gobseck. Ainsi Balzac se cite lui-même, faisant du roman un
double miroir : il reflète le réel et en même temps reflète ses autres romans. L’illusion de vraisemblance est totale ou veut
l’être.
Cette conclusion de l’histoire individuelle et collective des hommes est très pessimiste puisque ceux qui connaissent le mieux
l’humanité ont une vision noire du monde. L’avoué se plaint de son inefficacité et abandonne le combat pour lequel il a vécu.
Mais l’écrivain, lui, poursuit son entreprise, puisque l’une des fonctions de cet extrait semble être d’inscrire ce roman dans
l’ensemble plus vaste qu’est la Comédie humaine. Cette conclusion ouvre, par conséquent, sur une question que Balzac ne
résout pas. Il propose implicitement une réflexion sur l’efficacité de sa propre écriture : est-elle la seule arme possible contre la
laideur du monde ? Quoi qu’il en soit la vision balzacienne de Paris et le thème du revenant traité en paria peut être rapprochée
de celle de Victor Hugo dans Les Misérables, roman qui comporte un long chapitre consacré pour l’essentiel à la description
des égouts parisiens.
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