Réponse à Pierre-Carl Langlais

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Réponse à Pierre-Carl Langlais
 Droit d’auteur: le wikipédien Pierre-­Carl Langlais partial et partiel Si jʼavais voulu embrouiller la tête dʼun large panel de lecteurs de Rue89 en matière de
rémunérations, de droit dʼauteur et de gestion collective des dits droits, lʼéditrice de musique
indépendante (et peu fortunée) que je suis depuis plus de 20 ans nʼaurait pas fait mieux !
Franchement, jʼai rien compris !
Dans un article extrêmement fouillis, mêlant chercheurs, artistes, créateurs, photographes,
journalistes (ha non, yʼa pas journalistes) mais aussi musique, cinéma, livres, sciences et
brevets scientifiques… Le wikipedien Pierre-Carl Langlais tente dʼexpliquer de façon
simpl(iste) un sujet quʼapparemment il maîtrise mal.
Et en piochant des extraits et des courbes sur divers documents et sites quʼil copie-colle les
uns derrières les autres pour tenter dʼétayer ses propos, il passe dʼun sujet à lʼautre et à la
fin… On est perdus.
Avec un article exclusivement « à charge » :
- dans votre article dʼune part: vous passez sous silence une bonne partie de ce quʼapporte
la Sacem aux auteurs, compositeurs, réalisateurs, adaptateurs et éditeurs : protections
sociales (et je ne parle pas dʼAgessa), encadrement juridique, soutien à lʼautoproduction,
soutien indispensable à la formation et la professionnalisation de ses sociétaires…
- dans vos commentaires dʼautre part: à un internaute qui affirme « le droit dʼauteur est bien
sûr lʼallié de lʼinnovation » vous répondez « Bah non, cʼest plutôt un frein même ! Il est plutôt
lʼallié de la rente. Par contre, le secret industriel, cʼest autre chose que le droit dʼauteur et
cʼest normal ».
Jugement de valeur personnel et peu constructif.
- enfin, de vous rappeler ici que la Spedidam et lʼAdami, entre autres, ne sont pas des
sociétés dʼauteur mais des sociétés de gestion des droits voisins.
Faudrait pas tout mélanger !
Et avec quelques grands oubliés ou déformés dedans:
- la copie privée:
25% des recettes issues de la copie privée (apportées par les ventes de Smartphones,
disques durs et autres supports que vous évoquez) soutiennent la création et « le live » quʼ
en ces temps de disette, artistes, salles de concerts et festivals applaudissent des deux
mains.
Pour rappel : lʼEspagne a abandonné la copie privée sur son territoire, emportant avec elle
700 galeries dʼart, 35 % de salles de cinéma, moult salles de concerts et festivals…
Et tout ça en moins de 3 ans !
-la gestion individuelle :
« la synchronisation » (ou synchro pour les intimes), et les droits « graphiques » sont des
revenus importants pour les créateurs et éditeurs et ne sont pas gérés par la Sacem.
-lʼabsence alarmante de diffusion de la musique dans les médias :
les comportements des radios et des chaines de TV entrainent la chute vertigineuse de
droits dʼauteurs des artistes émergeants depuis quelques années.
W9 « négocie» en ce moment même avec le CSA une nouvelle baisse de la diffusion de la
musique qui passerait de 50% à 35%.
Fédération EIFEIL, 34 rue de la Victoire, 75 009 Paris.
Tél : (33) 01 44 53 80 82 - Fax : (33) 01 44 53 80 81
e-mail : [email protected]
Siret : 750 658 072 00012
W9 demain, cʼest BFM TV (par exemple) qui se mettait à diffuser de lʼinfo de 23h à 2h du
matin et des dessins animés le reste du temps …
M6 avait pourtant négocié il y a 5 ans une baisse de la diffusion de musique apportant en
échange la garantie dʼune hausse de celle sur W9….
Donʼt act.
Je passe sur le reste des propos, mais je mʼinterroge…
ça sert à quoi tout ça ?
ça sert à quoi tous ces jolis camemberts, graphiques, courbes, ces approximations,
mélanges, syllogismes ?
Pierre-Carl Langlais voudrait démontrer que le système des droits dʼauteurs est un système
inégalitaire et faire croire que les propositions “pragmatiques” dʼassouplissement de Julia
Reda seraient de nature à changer cela.
Tout ce quʼil arrive à montrer, cʼest que la Sacem nʼest pas la sécurité (sociale) artistique : on
le savait déjà et ça nʼest pas sa mission.
Et surtout Pierre-Carl Langlais veut montrer que le succès est inégalitaire. Quelle surprise !!!
Chez les créateurs comme partout ailleurs, il existe beaucoup de volontaires et peu dʼélus…
Mais ce quʼil ne démontre pas, cʼest en quoi les propositions de Julia Reda pourraient y
changer quelque chose… à moins quʼelle autorise à profit€r du succès des autres sans
restriction ni rémunération.
« Un système mal connu » ?
Alors jʼinvite journalistes, créateurs et usagers de la musique à venir enquêter réellement et
sʼaffranchir lors du 1er salon de lʼédition musicale « Edita » www.edita-event.com les 6 et 7
mai prochain au Carreau du Temple, ou il sera question de création, de droit dʼauteur, de
débats et ateliers multiples, dʼavenir de nos métiers indispensables et de scènes « live »
pour appuyer les propos.
Ouvert à tous avec une entrée libre, il y sera aussi question de ne pas juger de la qualité des
métiers de la culture et de sa gestion en basant tout son propos sur des montants de
salaires et chiffres dʼaffaires.
Cʼ est juste irréaliste et surtout dangereux….
A lʼheure où la commission européenne dédiée au numérique jette en pâture la réforme du
droit dʼauteur au parti pirate, nous nʼavons pas besoin dʼune analyse partielle et partiale en
la matière de la part de nos journalistes.
Et de rappeler ici : attention à ce que le contenu de la pensée et de la création ne devienne
pas juste de lʼargent.
Isabel Dacheux
Présidente dʼEIFEIL
Fédération EIFEIL, 34 rue de la Victoire, 75 009 Paris.
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