Choisir une filière dont on ne connaît pas la discipline principale : le

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Choisir une filière dont on ne connaît pas la discipline principale : le
Ecole Normale catholique – Lycée Blomet
Classes préparatoires littéraires - Hypokhâgne et Khâgne
Choisir une filière dont on ne connaît pas la discipline
principale : le droit !
Bon nombre d'étudiants se sont déjà projetés en ténors du barreau, déroulant avec
éloquence des plaidoiries infaillibles minutieusement préparées D'autres, moins
désireux de se mettre en avant – qualité indispensable de tout bon avocat – préfèrent,
en bon ennemis de Ponce Pilate, mettre les mains dans les affaires les plus sordides
pour gagner le droit de n'être contredits que par leurs pairs magistrats.
Simplement, pour passer des douces aspirations de rêves d'enfant à une réalité bel et bien tangible, il faut
passer un saut d'obstacle important. S'engager dans une filière juridique lorsque l'on ne connaît par cœur,
pour tout et pour tout, qu'une seule règle de droit : l'article premier de la Déclaration des droits de l'homme et
du citoyen. (si si, vous connaissez forcément !
Sachez que si vous êtes allés chercher auprès de Google la lettre de l'article 1 de la DDHC, il n'est pas encore
formellement exclu pour vous de vous lancer dans des études juridiques puisque le premier atout de tout bon
juriste est sa curiosité. Il n'y a en effet que des fous qui se lanceraient dans des études qui durent a minima
cinq ans sans avoir eu l'occasion de tester la matière. Le problème est que l'Université de droit ne délivre pas
de petits flacons d'échantillons comme chez Sephora. Fous donc, ou curieux ne souhaitant pas s'asseoir sur le
confort de disciplines de matières connues de tous les "profanes" (comprendre ici, "tout individu de la société
n'ayant pas eu l'opportunité, la chance ou le bon sens d'oser le pari de l'Université en droit").
Si vous avez souri à la lecture du semblant de définition juridique préalablement exposée, c'est déjà bon signe
: vous êtes compatible à l'humour du juriste, qui aime se distinguer par sa "lexicologie" (en d'autres termes,
"l'aptitude du juriste à faire l'exégèse des termes, c'est-à-dire à passer 90% de son temps à approfondir la
définition de concepts fondamentaux"). Ce qui nous permet ici de mettre en évidence une deuxième qualité de
l'étudiant en droit : un esprit d'analyse. Il n'y a qu'un juriste parisien pour en effet passer des heures dans les
Bibliothèques du Panthéon à tenter de définir un simple mot de la langue française pour en révéler le sens en
droit (comme "le voisin en droit civil", "la bonne foi" ou "le bon père de famille"). Non pardon, on s'est trompé…
ça c'est en fait la maladie du juriste de D1 qui souhaite passer le concours de l'ENS en droit. Toujours est-il
qu'un étudiant de l'Université ou spécifiquement celui de D1, se doit d'aimer approfondir constamment ses
connaissances.
Frustré en classes lycéennes, vous n'aviez pas le temps de consacrer d'innombrables heures sur vos
dissertations puisque le devoir maison de mathématiques attendait encore tranquillement dans un coin de votre
bureau. L'étudiant en droit, lui, dispose de temps - ou plutôt pour ne pas vous mentir, a l'envie de prendre le
temps de disserter sur des notions complexes (souvent très simples en apparence). Contrairement à ce
que le profane pense, le juriste ne passe pas son temps à tout apprendre par cœur pour gagner un 20/20 en
récitation; il ne faut pas confondre l'exercice de récitation (de poésie au collège) avec celui de dissertation (non,
on peut vous assurer que vous ne le connaissez pas celui-là). C'est ici que vos capacités d'analyse vous seront
très utiles !
Amandine GRIMA
Professeur de droit, responsable de la classe de D1
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