Santé mentale et relations interculturelles
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Santé mentale et relations interculturelles
VIvRe ensemBLe BULLETIN DE LIAISON EN PASTORALE INTERCULTURELLE • CENTRE JUSTICE ET FOI VOLUME 16, N° 56 ÉTÉ 2009 Santé mentale et relations interculturelles Valérie Coulombe1 La reconnaissance de la spécificité de l’intervention en santé mentale auprès des personnes immigrantes est nécessaire afin d’atténuer les difficultés d’intégration et de favoriser l’épanouissement de chacun. L’adaptation de nos pratiques passe d’abord par des interventions interculturelles adéquates, qui nécessitent une meilleure compréhension des déterminants de la santé des immigrants et l’établissement d’une communication interculturelle respectueuse et ouverte. La santé mentale, selon l’Agence de la santé publique du Canada, est définie comme étant « la capacité qu’a chacun d’entre nous de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer notre aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit d’un sentiment positif de bien-être émotionnel et spirituel qui respecte l’importance de la culture, de l’équité, de la justice sociale, des interactions et de la dignité personnelle »2 La recherche de l’équilibre psychologique pour un individu en processus d’adaptation dans un pays d’accueil peut parfois s’avérer plus difficile, s’il ne peut bénéficier d’un soutien spécifique, à un moment ou à un autre. Ce soutien peut provenir des proches, des amis, de membres appartenant à la même communauté, de ressources communautaires qui existent dans le milieu ou de ressources institutionnelles mises en place par l’État. Si les organisations publiques et communautaires ont le souci de favoriser l’accès à des services adaptés et d’en assurer la disponibilité, force est de constater que les soins et services aux immigrants posent parfois des défis particuliers, notamment en raison de barrières culturelles et linguistiques ainsi que des différentes conceptions de la santé, de la famille et de l’éducation qui complexifient l’adéquation des services offerts. En effet, en 2005, une étude de la Direction de la santé publique de Montréal à ce sujet révélait que « 97 % des intervenants consultés lors de [leur] étude ont mentionné la pertinence, voire la nécessité, de se prévaloir d’une formation continue afin de parfaire leurs interventions en contexte pluriethnique » 3. D’autre part, les communautés ethnoculturelles ne s’estiment pas assez informées sur les ressources de soins de santé et de services sociaux disponibles. Elles aussi indiquent que les professionnels et les intervenants ne sont pas tous sensibilisés à leurs besoins. Suivant ces constats, l’Association canadienne pour la santé mentale – filiale de Montréal (ACSM-Montréal), un organisme à but non lucratif voué à la promotion-prévention en santé mentale, souhaite répondre à ces besoins via son programme des Relations interculturelles. Pour ce faire, un comité de travail bénévole, composé d’experts en intervention interculturelle, collabore au développement d’activités de formation et à l’élaboration d’outils d’information qui reflètent les préoccupations et les demandes des intervenants sur de nombreux aspects de leur pratique, telles qu’observées par les professionnels de la santé mentale et des milieux universitaire, ethnoculturel et scolaire. Par ce programme, l’ACSM-Montréal souhaite, d’une part, sensibiliser les organismes œuvrant en santé mentale dans les services sociaux, communautaires et dans le réseau scolaire, aux valeurs et aux besoins des communautés culturelles afin d’adapter leurs interventions et, d’autre part, susciter la communication entre les divers secteurs d’intervention en santé mentale et les organismes communautaires ethnoculturels afin de favoriser les expériences de collaboration, leur permettant d’élargir leurs pratiques de concertation et de développer des approches novatrices. Outiller les intervenants afin de renforcer leur action auprès de ces communautés Chaque année, une série de conférences-forums et de formations traitant des défis et des enjeux reliés à l’intervention auprès des communautés ethnoculturelles à Montréal est proposée par l’Association. En plus d’offrir aux intervenants l’opportunité d’enrichir leurs connaissances, ces rencontres leur permettent d’échanger sur leurs pratiques avec d’autres professionnels œuvrant dans divers champs d’intervention, dans une perspective de prévention. La programmation annuelle est disponible dès le mois de septembre. En complément à ces activités, un numéro thématique du magazine Équilibre, qui traite spécifiquement de l’intervention en santé mentale dans un contexte multiculturel, a été publié en 2007. Divers articles sont également disponibles sur le site Internet de l’Association afin de susciter la réflexion et parfaire les connaissances des professionnels et de la population en général. En outre, pour mieux soutenir et outiller les professionnels qui ne sont pas spécialisés en intervention interculturelle ou en santé mentale, un guide d’intervention interculturelle en santé mentale est en cours d’élaboration et devrait voir le jour en 2010. À travers ses actions, l’ACSM-Montréal soulève plusieurs questions fondamentales : Comment ces diverses communautés conçoivent-elles la santé et la maladie mentale? Quelles ressources du milieu pourraient leur venir en aide? Quels facteurs favorisent leur adaptation? Comment adapter nos interventions à ces spécificités? Répondre à ces questions, c’est paver la voie à l’adéquation et l’accessibilité des services en santé mentale ainsi qu’à l’intégration de tous les membres de la communauté. NOTES 1 L’auteure est responsable de programmes à l’ACSM-Montréal. Pour plus d’information, consulter le site Internet au www. acsmmontreal.qc.ca ou communiquer avec Valérie Coulombe au 514-521-4993. 2 Gouvernement du Canada, Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada, 2006. Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. 3 Direction de la santé publique. Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre. 2005. L’intervention de première ligne à Montréal auprès des personnes immigrantes : Estimé des ressources nécessaires pour une intervention adéquate. Montréal, p. 7. VIvRe ensemBLe • VOLUME 16, N° 56 (ÉTÉ 2009) 2