1 Débat Jaap de WIT M. VAN DER WAL.

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1 Débat Jaap de WIT M. VAN DER WAL.
Débat Jaap de WIT
M. VAN DER WAL.- Merci Mr de Wit d’avoir volontairement énoncé les éléments du
débat, comme vous venez de nous le dire !
La complexité vient du fait que nous voulons avoir une entreprise où l'emploi soit toujours
durable, présent, avec un l'environnement respecté. Plusieurs de vos dilemmes ont été
clairement définis, mettant ainsi aussi bien l'emploi que l'environnement sous pression !
Y a-t-il des questions ? Des commentaires sur l'avant-dernier transparent ?
M. CADOREL.- Je suis impressionné par l’ampleur des problématiques alors que la
complexité des dossiers s’est renforcée avec la crise économique. Je pensais appréhender les
problèmes d'échanges de quotas de CO2 et leurs répercussions, mais je n’envisageais pas le
caractère « explosif » des enjeux. Je croyais d’autre part que le processus des alliances était
inévitablement enclenché, même si une période de 3 ans courait avant qu’il ne soit validé. Or
je ne perçois plus que doutes et inquiétudes, et je me demande suite à vos analyses, s'il nous
reste encore une seule certitude ! Vous me direz que généralement le doute profite davantage
aux nécessaires remises en cause, et que les certitudes se révèlent fréquemment redoutables !
Mais néanmoins, peu de secteurs restent soumis à autant de problématiques aigues d'un seul
coup, même si nous avons vu arriver l'orage, on ne pouvait pas légitimement penser que la
situation était si périlleuse. Heureusement pour nous, le groupe Air France/KLM est
relativement bien structuré avec sa trésorerie et en ayant réalisé à son rythme ses évolutions
technologiques. Même si je vous accorde que le contexte demeure relativement inquiétant, je
n’estime pas que nous soyons en si mauvaise posture comparés aux autres acteurs du secteur.
M. DE WIT.- Je m'en rends tout à fait compte et j’ai ressenti le même sentiment la semaine
dernière, mais si on aligne les développements les plus récents en les rangeant par ordre
d’importance, et qu'on les voit évoluer quotidiennement, cela n’offre pas vraiment de
perspectives encourageantes ! On voit un mélange explosif des effets de la récession, des
autorités publiques à la démarche parfois un peu chaotique, avec enfin une politique
américaine changeante. Je ne m'étais pas rendu compte de cette accélération jusqu'à la
semaine dernière.
On regarde avec joie la démarche de M. Obama, avec son "yes we can", qu'il essaye de nous
transmettre, mais actuellement, cette image bouscule les rapports internationaux, témoignant
quand même d'une importance capitale, notamment pour les rapports entre l'Europe et les
Etats-Unis. Il y a également cette grande incertitude concernant les effets environnementaux
qui peut toucher très fortement le transport aérien, tant du côté de la demande que du côté de
l'offre.
Je ne peux pas vous rendre plus heureux, j’en suis désolé !
M. CADOREL.- Si je comprends bien ce que disait Jacques Attali ce matin, et ce qu'il a par
ailleurs écrit : "L'histoire nous apprend que l'humanité n'évolue significativement que quand
elle a vraiment peur. Elle met alors d'abord en place des mécanismes de défense parfois
futiles, parfois efficaces, écartant si nécessaire tous les principes moraux antérieurs. Une fois
la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté
individuelle1." Plus on aura peur et plus on sera acculé à une situation inextricable ! Les
gouvernements agiront peut-être pour qu'on sorte de cette crise, mais c'est vrai que peu
d'industries sont actuellement dans notre position.
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La crise et après ? Jacques Attali, éditions Fayard 2009
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Ce que vous disiez concernant les pays du Golfe et leurs 50 A-380 nous a aussi interpellés.
Où et comment vont-ils déployer cette « armada » en si peu de temps ?
J'espère que ce soir vous viendrez nombreux et que nous pourrons continuer à en discuter tous
ensemble. Gardons le moral !
En tout cas, merci Monsieur le Professeur, d'être venu spécialement d'Amsterdam pour
OMNES.
Question.- La situation est préoccupante et devient de plus en plus sérieuse chaque jour. Je
suis Américain et je ne me suis pas tout à fait identifié face au contexte. Il faut agir et ne pas
trop réfléchir, comme Georges Bush qui a utilisé cette méthode pendant 8 ans avec efficacité,
mettant tout le monde à cran !
Concernant le lien entre l'administration Obama et les mouvements syndicaux aux EtatsUnis, je pense que la protection de l'emploi est sa priorité, ce qui n'a effectivement pas du tout
été le cas sous Bush.
Le point que je n’ai pas bien suivi, c’est le "substantial ownership". C'est très important pour
les Américains que toutes les fonctions de management, ou la plupart, soient exercées par des
citoyens américains. Comment cela est-il vécu par les syndicats américains ? Parce que ce
sont les managers qui nous ont mis dans la "merde", littéralement ! Ce n'est pas leurs emplois
qui sont menacés, ni en en Europe d'ailleurs, or les mouvements syndicaux sont apparemment
relativement indifférents ! Je suis désolé pour ceux ayant une fonction de manager, mais que
se passe-t-il pour le travailleur moyen ? Avez-vous une réponse ?
M. DE WIT.- On essaie d'avoir une explication rationnelle mais les contradictions existent.
La clause de nationalité est devenue un moyen concret pour laisser les étrangers à la porte, et
dans un sens beaucoup plus large, la participation étrangère dans une société américaine est
carrément bloquée par le biais de cette clause. Cela signifie que le « substantial ownership »
d'une part et l' « effective control » d'autre part, forment un ensemble qui permet de laisser les
étrangers dehors et de protéger provisoirement les compagnies américaines. Que vous ayez
des observations par rapport à la qualité du management n'est pas l'objet de notre discussion
autour de cette clause de nationalité.
Le syndicaliste.- Excusez-moi de vous interrompre. Ce qui m'étonne surtout, c'est que les
syndicats acceptent les délais, parce qu'en fin de compte, il n'y a aucune protection pour les
travailleurs !
M. DE WIT.- Mais si. Parce qu'on a le problème qu'un certain nombre de sociétés
américaines qui opèrent sur le marché américain, sont également internationales, donc très
vulnérables financièrement. Les syndicats américains craignent la participation des sociétés
étrangères dans leurs sociétés américaines parce qu'ils s'attendent à un redressement qui serait
bien plus préjudiciable comparé à ce que sont supposées réaliser les sociétés américaines
elles-mêmes. C'est là où ils redoutent l'interventionnisme des étrangers.
M. VAN DER WAL.- Il est maintenant temps de clore cette journée. Selon mon expérience
lorsqu'on organise des séminaires de deux jours, à mi-chemin on connaît en général les
réponses, ce qui est épouvantable pour les intervenants et participants du deuxième jour ! On
devrait donc adopter un ton plus léger en disant qu'on n’aura pas terminé avant la fin de la
journée de demain ! C'est peut-être aussi le moment de vous inviter à revenir demain matin, à
8h30.
Professeur de Wit, je vous remercie vraiment du fond du cœur.
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M. CADOREL.- Vous savez qu'une surprise vous est réservée ce soir. J'espère qu'elle vous
plaira. Pour ceux qui prennent le bus, il vous attend à l'entrée du siège Air France et partira à
18h30 pour le restaurant parisien où nous avons réservé à 20h00.
Comme Bob l'a signalé, on reprend les choses très sérieuses dès 9h00, demain matin. Le car
repartira du restaurant à 23h00 et vous serez de retour ici vers 23h30, ce soir.
Je tiens à remercier notre sténotypiste qui a été extraordinaire, et évidemment, nos deux
traductrices, ainsi que Marcel Poutrel à la régie.
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