Vulgarisation accélérateurs
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Vulgarisation accélérateurs
RADIOPROTECTION CIRKUS Document technique Radioprotection Cirkus – 8, rue du Valois, 91940 Les Ulis – www.rpcirkus.org - [email protected] Association loi 1901 créée le 9 mars 2010 – n° W913002355 – enregistrée à la sous-préfecture de Palaiseau Titre : Auteur : Nom du document : Version et date : Résumé : Informations-vulgarisation sur les accélérateurs de particules les_accélérateurs_de_particules.doc / Un accélérateur de particules, comme son nom l’indique, est une machine permettant de mettre en mouvement des particules chargées. Ce document décrit les principes de fonctionnement des différents types d’accélérateurs les_accélérateurs_de_particules.doc Informations-vulgarisation sur les accélérateurs de particules Billy KERNISANT 1 Qu’est ce qu’un accélérateur de particules ? 1-1 Généralités Un accélérateur de particules, comme son nom l’indique, est une machine permettant de mettre en mouvement des particules chargées (électrons, positrons, protons, ions lourds…). Selon le Code de la Santé Publique, un accélérateur est un appareillage ou une installation dans lesquels des particules sont soumises à une accélération et émettant des rayonnements ionisants d’énergie supérieure à 1 MeV. Il n’y a pas d’appellation particulière au dessous de 1 MeV (appareil de radiographie, …). Schématiquement, un accélérateur comprend essentiellement trois éléments : une source d’ions ou d’électrons, un dispositif d’accélération et un espace d’expérimentation où est placée la cible à irradier. On peut distinguer trois classes d'accélérateurs : • Les accélérateurs électrostatiques appliquent aux particules une tension constante allant de quelques dizaines de milliers à plusieurs million de volts. • Les accélérateurs linéaires utilisent un champ électromagnétique variable qui accélère les particules en ligne droite. • Le principe des accélérateurs circulaires est fondé sur le fait qu'une particule chargée, placée dans un champ magnétique uniforme, décrit une trajectoire circulaire sur laquelle elle reçoit, à chaque tour, une impulsion (donnée par un champ électrique). Les premiers accélérateurs ont permis de déterminer la structure élémentaire de la matière. Au fur et à mesure du temps et de l’avancée des technologies et découvertes, les énergies ne cessèrent d’augmenter jusqu’à atteindre le TeV. Ainsi, bien que les faibles énergies ne soient plus utilisées que pour des opérations de transmutations, le domaine des très hautes énergies est nécessaire pour visualiser l’état particulaire de la matière. 1-2 Tubes à rayons X et générateurs de rayons X Le tube à rayons X est un dispositif permettant de produire des rayons X. Quel que soit le type de tube, la génération des rayons X se fait selon le même principe : une haute tension électrique (de l'ordre de 20 à 400 kV généralement) est établie entre deux électrodes. Il se produit alors un courant d'électrons de la cathode vers l'anode (parfois appelée « anticathode » ou « cible »). Les électrons percutent la cible côté anodique, il se produit alors une émission de rayons X par rayonnement de freinage (effet Bremsstrahlung). Aussi appelé « générateur de rayons X », le tube à rayons X émet un rayonnement secondaire d’énergie n’excédant pas la centaine de keV. Les applications du tube à RX sont nombreuses, la plus courante étant la radiographie médicale. Un tube cathodique est un tube à RX, le verre stoppant le rayonnement induit de faible énergie. 1-3 Cavité accélératrice Il s’agit d’une cavité sous vide permettant d’accélérer les électrons jusqu’à l’énergie désirée selon différents principes physiques. Dans les cas les plus simples, cette cavité est incluse dans le tube à rayons X, transformant l’ensemble en un accélérateur. Pour des accélérations plus importantes, elle est connectée à un canon à électrons et fonctionne par champ électrostatique (accélérateur électrostatique type « Van de Graaf ») ou par champ électromagnétique (accélérateur linéaire type « LINAC » et circulaire type « cyclotron »). Le détail des différentes technologies permettant d’accélérer la particule sera précisé par la suite. 2 Sources de particules primaires 2-1 Sources d’électrons A la base de tout accélérateur il y a une source de particules. Que ce soit des électrons ou des ions, leur production est nécessaire pour donner un sens à l’accélérateur. Ce sont ces particules qui vont être accélérées et former le faisceau primaire. Leur rencontre avec une cible peut produire un faisceau secondaire, ou engendrer une réaction nucléaire. La figue 1 ci-dessous représente le schéma d’une source d’électrons. Des électrons libres sont émis par un métal placé dans une enceinte à vide poussé et portée à une température élevé. Une tension continue est maintenue entre l’anode et un fil métallique constituant la cathode. Cette dernière portée à incandescence émet des électrons qui sont recueillis par l’anode. A température constante, l’intensité du courant thermo-ionique augmente avec la tension mais atteint rapidement sa saturation. Cette source d’électrons émet des particules de manière continue et régulière. La quantité d’électrons produite ne va donc dépendre que de l’intensité du courant de la cathode. Afin de créer des « pulses », il est possible de rajouter une électrode connectée à un potentiel variable entre l’anode et la cathode. La variation de polarisation dépendant de la tension alternative du courant appliqué permettra de laisser passer ou non le faisceau d’électron. Figure 1 : Source d'électrons Pour produire de grosses quantités d’électrons, des effets de « claquage » peuvent être provoqués. C’est le cas dans les tubes de Coolidge ou tubes de Crooks. L’ionisation d’une faible quantité de gaz dans le tube permet la production d’un flux d’électrons. Un système de capacités se charge et décharge, provoquant des intensités de courant massives. L’inconvénient de ce système est qu’il est difficile de le transformer en canons à électrons, sous peine de perdre l’étanchéité du tube à vide sous le coup des décharges. De plus, les électrons sont de suite dirigés vers une cible, provoquant la création de rayonnements X de faibles énergies. Aussi, le système le plus récurrent reste le tube à vide et à effet thermo-ionique, le rendement de production étant largement satisfaisant pour une accélération initiale faible. Diverses recherches ont permis de mettre en évidence la possibilité de créer des sources d’électrons de 200 MeV grâce à l’excitation d’un plasma par laser. De quoi augmenter significativement la portée des sources d’électrons. 2-2 Sources d’ions Les sources d’ions ont des structures plus complexes que les sources d’électrons. Il faut entendre par ions toutes particules ayant un excédent ou un défaut de charge électrique. La particule créée le plus fréquemment est le proton car il est le plus simple à réaliser par ionisation d’hydrogène. Le mode de fonctionnement de ces sources dépend de la conception de l’accélérateur. Il en existe plusieurs types : • Source à ionisation primaire, • Source à arc lumineux, • Source à plasma, • Source à cathode froide, • Source à haute fréquence. Figure 2 : Source d'ion basé sur le phénomène d'ionisation Dans le cas d’une source par ionisation primaire, comme pour une source d’électrons, une cathode est chauffée pour produire des électrons par effet thermo-ionique. Le passage du faisceau d’électrons à travers un gaz à faible pression provoque des chocs entre les atomes de gaz. Les ions formés sont repoussés vers la sortie par l’électrode d’extraction et sont ensuite attirés par l’électrode post-accélération. Le champ magnétique dont la direction est parallèle au faisceau électronique a pour rôle d’allonger le parcours des électrons dans le tube à décharge en leur imposant des trajectoires hélicoïdales. 3 Accélérateurs électrostatiques Ces accélérateurs fonctionnent selon le principe suivant : une haute tension est appliquée entre 2 électrodes produisant ainsi un champ électrique statique. L’énergie cinétique acquise par les particules est égale, en eV, à la différence de potentiel en V. Il est important de préciser que le tube à rayons X est le plus simple de ces accélérateurs. Cependant, afin d’obtenir un rapport encombrement/puissance moindre, ou d’obtenir plus facilement des très fortes accélérations, les accélérateurs électrostatiques ne furent plus utilisés et passèrent d’accélérateurs à part entière à composant d’accélérateurs. Les accélérateurs électrostatiques fournissent des faisceaux continus à des énergies modestes et sont utilisés en physique des hautes énergies comme premier maillon de chaînes d'accélérations d'ions lourds, dans des accélérateurs circulaires. En effet, la qualité du faisceau obtenue est bien meilleure, le rendement est plus conséquent. Ces accélérateurs présentent peu d’intérêts pour les faisceaux de hautes énergies. 3-1 Générateur Van de Graaf Cet accélérateur est avant tout un générateur de tensions continues élevées mais de faibles intensités. Dans ce type d’accélérateurs, les charges sont émises par un générateur de courant continu sous une tension de quelques dizaines de kV. Elles sont ensuite capturées par une courroie isolée et emportées jusqu’à l’une des électrodes de l’accélérateurs. Figure 3 : Schéma de principe d'un générateur "Van de Graaf" La figure 3 illustre un générateur de charges « Van de Graaf ». La courroie est chargée électriquement grâce au peigne (7). Ce dernier transmet un courant continu à la courroie isolée de l’ordre de plusieurs dizaine de kV. Les charges, qui peuvent être négatives ou positives selon la source, sont transportées par la courroie à une électrode sphérique creuse installée au sommet de la machine. Les charges sont alors transférées de la courroie à la sphère par un deuxième peigne (2). Les charges électriques s'accumulent sur la surface extérieure de la sphère. Le potentiel de cette dernière est limité uniquement par son diamètre, l’effet Corona et par la constante diélectrique du milieu environnant. L’effet « accélérateur » se produira si l’on connecte un tube à vide entre le collecteur de charge et une « masse », ou toutes autres électrodes à potentiel nul. Le type de particules accélérées dépendra alors de la polarité des charges emmagasinées sur le dôme. Figure 4 : Schémas de principe d'un accélérateur "Van de Graaf" Les différences de potentiel de ces accélérateurs les plus modernes est de l’ordre de 20 à 30 MV, pour un encombrement important. Il est donc important de noter que les accélérateurs utilisant un générateur Van de Graaf pour produire une forte différence de potentiel ne sont utilisés qu’en physique nucléaire. En effet, la complexité de la machinerie, les puissances mises en jeu, le dimensionnement de l’installation sont autant d’éléments limitant pour des applications industrielles. Cependant, ils continuent d’être utilisés en laboratoire, notamment en tant qu’accélérateur primaire de faisceau dans des accélérateurs circulaires. La principale raison est que l’effet de charges accumulatives permet d’obtenir de fortes différences de potentiel avec une puissance relativement faible, et qu’à l’époque, les accélérateurs linéaires coutaient trop chers pour être utilisés. Les paramètres électriques de ces appareils influent directement sur la qualité du faisceau. Il est cependant possible de dégrader de façon significative la qualité du rayonnement et ainsi provoquer une perte d’énergie ou au contraire, un surplus de dose si une surtension est créée. Aussi, les meilleures protections mises en place par les fabricants consistent à installer des fusibles adéquats de manière à limiter toute surcharge des circuits générant la tension accélératrice. 3-2 Générateur Cockcroft-Walton Comme le générateur Van de Graaf, il s’agit avant tout d’un générateur de tension, ou plutôt d’un multiplicateur de tension, avant d’être un accélérateur. Son avantage réside dans le fait qu’il est capable de produire de fortes tensions (de l’ordre du MV) tout en gardant une intensité élevé (quelques centaines de mA). Il est extrêmement stable et régulier, contrairement aux générateurs Van de Graaf, plus susceptibles aux sautes d’énergie. Des capacités sont chargées en parallèle avec un potentiel commun et se déchargent en série. Ainsi, une tension d’entrée de quelques dizaines de kV en courant alternatif se retrouvera en sortie en courant continue avec une tension de plusieurs MV. La différence de potentiel ainsi atteinte, l’accélération des particules ne tient plus qu’à l’installation d’un tube à vide. Cette technologie est en train de connaitre un nouvel essor, notamment par l’industrialisation d’accélérateurs de particules de laboratoires pour la physique nucléaires. Figure 5 : à gauche, schéma de principe d'un générateur HT Cockcroft-Walton, à droite, photo d'une installation industrielle La puissance de ces générateurs leur permet d’être de plus en plus utilisés en tant qu’accélérateur primaire pour l’injection de particules dans des cyclotrons ou synchrotrons. De plus, la conception de ce circuit fait qu’il se limite de lui-même. Une surtension n’entrainerait que la perte de composant et la dégradation de la puissance du faisceau, n’entrainant pas de risques majeurs pour la radioprotection. 3-3 Accélérateurs pulsés Bien que ressemblant aux accélérateurs linéaires, dont le principe de fonctionnement est aussi un mode pulsé, ces accélérateurs fonctionnent grâce à un générateur d’impulsions haute tension couplé à une source d’émission d ‘électrons (diode). Le principe de ces appareils remonte aux années 1930 ; les évolutions technologiques visent à en réduire les dimensions. Des applications tournant autours de ces appareils sont à connotations militaires et rendent sensible cette technologie. Le principe est le suivant : on applique une haute tension pulsée entre deux électrodes sous vide (une anode et une cathode) le champ électrique ainsi créé arrache des électrons à la cathode et les accélère en direction de l’anode. Selon la nature de l’anode soit les électrons la traverse (cas du générateur d’électrons pulsés – cathode mince en titane par exemple), soit les électrons sont arrêtés (cas du générateur de photons X pulsés – anode en tantale par exemple). Il existe principalement trois types de générateurs d’impulsions : transformateur, Marx (nom de l’inventeur), LTD (linear transformer driver). Ces générateurs sont tous des multiplicateurs de tension. L’intérêt de ce type d’accélérateur réside dans le fait qu’en un seul tir de seulement quelques dizaines de ns, il est possible de délivrer pour les très grosses machines une dose de rayonnement de plusieurs Gy. L’intensité du rayonnement est principalement limitée par le volume et la forme de l’anode sachant que l’on cherche à obtenir une source d’émission la plus ponctuelle possible afin de minimiser les aberrations géométriques dans les applications de type radiographique où l’on observe couramment des phénomènes ayant des vitesses de plusieurs km/s. Rappelons qu’en termes de puissance électrique celle-ci peut être très élevée du fait de la courte durée de l’impulsion électrique. Ainsi par exemple un générateur X pulsé libérant une énergie de 100j en 10 ns a une puissance de 10^4 MW et produira un rayonnement de quelques dizaines de µSv. Pour un générateur fonctionnant en monocoup l’énergie (100 j) peut être fournie en plusieurs dizaines de seconde ; c’est pour cette raison que l’on parle pour ce type de générateur de dispositif à compression d’énergie. La très forte puissance déployée est obtenue grâce à un phénomène appelé « compression temporelle ». Pour une énergie d’1 Joule, il est possible d’obtenir 1 W en 1 s, 1kW en 1ms, et ainsi de suite. Ces machines sont réglées de manière à fonctionner de manières optimales. L’accélération et la quantité de rayonnement produite est limitée par des facteurs physiques comme la tension de charge. Une surtension n’entrainerait pas une augmentation de l’énergie du faisceau mais la destruction du générateur. Les sécurités électriques mises en place sont principalement liées à la protection de l’appareil. Aussi, la puissance du générateur est mesurée avant la dose émise. Générateurs de Marx Une alimentation HT continue charge en un temps donné un ensemble de condensateurs disposés en parallèle. Ces condensateurs sont ensuite déchargés en série au moyen de commutateurs qui sont des éclateurs dans la plupart des cas. Ce circuit permet de créer des tensions instantanées de plusieurs centaines de kV à plusieurs MV. Le temps de charge du réseau de condensateurs dépend principalement de l’énergie pouvant être fournie par l’alimentation HT. Il conditionne en grande partie la cadence de tir. Actuellement, les temps de charges les plus véloces sont de l’ordre de la dizaine de milliseconde. Une fréquence de tir de l’ordre du kHz entraînerait une consommation électrique très importante et nécessite une technologie particulière d’éclateur. A titre d’exemple une énergie de 10 kJ/s est du domaine du possible ; 100 kj/s l’est beaucoup moins et particulièrement onéreux. L’isolement fait appel à de l’huile diélectrique ou des gaz sous-pression (air SF6). Figure 6 : circuit avant commutation des éclateurs Figure 7 : circuit après commutation des éclateurs Générateurs LTD Les générateurs LTD sont basés sur un principe de transformateur à ligne de transmission ou l’isolement est obtenu en régime transitoire par des matériaux magnétiques au lieu d’isolants liquides ou gazeux. Cette technologie autorise des systèmes plus compactes et surtout modulaires facilitant certaines interventions. En termes de réalisation elle est mécaniquement complexe et onéreuse. Cependant, les générateurs LTD utilisent le principe de « l’attaque directe » sans mise en forme de l’impulsion. On obtient ainsi un système bien plus compact et modulaire, limitant également le besoin en servitudes (eau, huile). Ce système est mis en évidence aussi dans certains circuits de Marx, mais de manière moins systématique. Etage LTD avant commutation Eclateur multicanal Noyaux Magnétiques Limitant le courant de fuite + 100 kV - 100 kV Interface Vide Vide Figure 8 : Etage LTD avant commutation Figure 9 : Circuit LTD après commutation Diode Le processus d’émission d’électrons des cathodes froide par effet de champ est le suivant : l’impulsion de tension venant du circuit de Marx est appliqué à une cathode et provoque une émission d’électrons par effet de champ. Le flux d’électrons ainsi obtenu est accéléré dans l’espace anode cathode en direction de l’anode du fait de la tension appliquée. L’anode est constituée d’un matériau perméable aux électrons tel que le titane ou au contraire faisant obstacle comme le tantale. Le faisceau d’électrons quel que soit l’anode produira un rayonnement X par effet Bremsstrahlung. L’intensité du rayonnement sera fonction de l’épaisseur de l’anode et de son numéro atomique. L’interaction des électrons avec l’anode engendre un « nuage métallique » qui vient court-circuiter l’espace anode cathode bien après l’émission des photons X (quelques µs). 4 Accélérateurs linéaires Les accélérateurs linéaires sont de conception bien différente des accélérateurs électrostatiques. Le principe de production des particules primaires est le même, mais la cavité accélératrice change radicalement. Ce n’est plus une différence de potentiel qui accélère la particule mais une onde électromagnétique. Leur principal intérêt est la quantité d’énergie linéaire (en MeV/m) pouvant être communiqué à la particule primaire. Ces accélérateurs peuvent avoir une section accélératrice très courte et communiquer une énergie importante à la particule. Cependant, l’énergie nécessaire est tout aussi importante. Les réglages machines doivent être très fins et un refroidissement important de la cavité accélératrice, du magnétron/klystron et de la tête de l’accélérateur doit être mis en œuvre. Les accélérateurs linéaires les plus importants fonctionnent sous une puissance continue de plusieurs MW pour un faisceau de sortie de l’ordre du GeV. Des installations électriques dédiées sont nécessaires pour faire fonctionner ces appareils. Figure 10 : schéma de principe d'un accélérateur linéaire d'électrons La figure 5 représente le schéma de principe d’un accélérateur linéaire d’électrons. Le principe est sensiblement le même si l’on change la source de particule initiale (générateur d’ions à la place du canon à électrons). Un injecteur envoie dans un pulseur, ou modulateur pulsé, une haute tension alternative triphasée. Dans ce dernier, un circuit de pont de diode ainsi qu’un thyratron permet d’obtenir une tension alternative de haute puissance. Cette tension sert à alimenter le canon à électrons ou la source d’ions, mais aussi à alimenter le klystron. Ce dernier est une cavité résonnante fonctionnant comme un oscillateur-amplificateur Il est alimenté par un tube haute fréquence de forte puissance et d’un champ électrique intense. Une onde électromagnétique de faible puissance entre dans une première cavité et régule un faisceau d’électrons (principe des polarités). Les groupements d’électrons ainsi créés vont initier une onde électromagnétique de fortes puissances sortant par une deuxième cavité. Cette OEM va traverser un guide d’onde jusqu’à la section accélératrice. Les ions ou électrons injectés dans cette ligne vont alors être émis par pulse, cadencé sur la fréquence de l’OEM. On dit alors que les particules sont accélérées en suivant le train d’onde auquel elles sont soumises. Ce type d’accélérateur permet de fournir aux particules un champ électrique accélérateur de 10 à 20 MV/m. La taille des installations est donc considérablement réduite et l’usage en tant que générateur de rayons X devient prépondérant. De même que les accélérateurs précédents, l’appareil est conçu de façon à fonctionner de manière optimale. Une surtension détériorerait la machine, mais n’augmenterait pas la puissance du faisceau. 5 Accélérateurs circulaires Les accélérateurs circulaires permettent d’accélérer des particules sur des énergies beaucoup plus importantes que les accélérateurs électrostatiques ou linéaires. En effet, l’accélération dans ces deux derniers est rectiligne, et donc dépendante de la longueur de la cavité accélératrice ou de la haute tension appliquée aux électrodes. Par contre, dans un accélérateur circulaire, la cavité accélératrice peut quasiment être considéré comme infinie. La particule suit une trajectoire circulaire et subit une accélération à chaque « boucle » de son parcours. Il existe plusieurs évolutions technologiques issues du principe de l’accélération circulaire. Cependant, on peut les classer en deux types : les cyclotrons et les synchrotrons. Chacune trouve son application industrielle et son domaine d’énergie. Les cyclotrons, permettent des accélérations jusqu’à quelques centaines de MeV et offrent une utilisation dans le domaine médical comme industriel. Les synchrotrons sont plus spécifiques au domaine de la recherche et liés aux très grandes énergies. Une particularité de ces appareils est leur blindage. La particule accélérée constamment dévié émet un rayonnement synchrotron nécessitant une protection adéquate autours du champ de rotation de la particule. En cas de perte de l’alimentation électrique de l’appareil, les électroaimants ne seront plus en mesure de contenir la particule dans un espace confiné ; Néanmoins, la sortie de la particule de sa trajectoire n’entrainera pas de conséquences radiologiques comptes tenus du blindage et de la faible intensité du faisceau. 5-1 Cyclotron, synchrocyclotron Dans ce type d’accélérateur circulaire, les particules placées dans un champ magnétique suivent une trajectoire en forme de spirale et sont accélérées par un champ électrique alternatif à des énergies pouvant aller jusqu’à la centaine de MeV. Le cyclotron est un accélérateur circulaire à champ magnétique uniforme pouvant accélérer des protons et des ions lourds. Il est constitué des éléments suivants : • Deux électrodes creuses en forme de D et appelées « Dees » • Un générateur haute fréquence relié aux deux électrodes • Une source d’ions placés au centre • Un électro-aimant permettant de créer des champs électrique intense • Un canal d’extraction à l’extrémité duquel se trouve la cible. Figure 11 : Schémas de principe de cyclotron Entre les deux électrodes est appliqué un champ électrique oscillant toujours accélérateur pour le faisceau de particules qui le traverse. Un vide poussé règne dans les électrodes et l’ensemble est placé dans un champ magnétique perpendiculaire au plan de l’électroaimant A chaque passage dans le champ électrique, les particules sont accélérées, augmentant le rayon de courbure de leur trajectoire. Au final, ce dernier prend l’allure d’une spirale, jusqu’à arriver au bord de l’accélérateur, pénétrer dans un canal extracteur et bombarder une cible. Aujourd’hui, les cyclotrons ne sont plus utilisés pour la recherche de particules élémentaires, mais restent utiles pour des applications pratiques comme le diagnostic médical, le traitement des cancers (protonthérapie) ou la création de radio-isotopes. Le synchrocyclotron fonctionne selon le même principe, mais ne dispose que d’un seul dee. Le champ électrique des électro-aimants diminue progressivement en fonction du gain de masse relativiste des particules accélérées. Les énergies obtenues peuvent ainsi se compter en centaines de Mev, contrairement au cyclotron ne pouvant atteindre que les dizaines de MeV. 5-2 Synchrotron Dans ce type de machine, le champ magnétique est modulé au cours de l’accélération. Contrairement au cyclotron, le champ magnétique n’est pas appliqué sur toute la surface circulaire mais uniquement sur la circonférence. Pour obtenir une trajectoire circulaire et un flux de particules constant, un champ magnétique doit être généré par des électro-aimants tout le long de la trajectoire du faisceau. Figure 12 : Principe du synchrotron Les particules accélérées dans un synchrotron sont injectées dans l’anneau après une préaccélération. Elles sont maintenues sur une trajectoire circulaire par le champ magnétique puis accélérées à chaque passage successif dans l’électrode accélératrice. Lorsque les particules atteignent l’énergie souhaitée, elles sont injectées dans l’anneau de stockage, puis extraites ou servent à la production de faisceaux secondaires. Une subtilité du synchrotron est la faculté de produire un rayonnement secondaire particulier. En effet, soit la particule est éjectée et peut-être inséré dans un collisionneur, synchrotron voué à la collision de particules, ou être utilisés pour la production de faisceau lumineux dans l’anneau de stockage. A chaque courbure par les électroaimants, un rayonnement synchrotron aux propriétés particulières et définies sont émises. Ce rayonnement provient du ralentissement de la particule lors de sa déviation dans l’espace selon les lois relativiste. Le faisceau de photon ainsi émis, bien que peu énergétique (de quelques eV à plusieurs centaines de keV, est extrêmement intense et pénétrant, permettant de mettre en place une imagerie de la matière très poussée. 6 Limites d’expositions liées à la maitrise des risques En fonction du type d’accélérateurs, il ne sera pas accordé la même importance aux différentes fonctions de sécurités d’accès. Une gradation de ces fonctions est à envisager selon la nature et la puissance du rayonnement accéléré. 6-1 Définition des fonctions de sécurités d’accès Le paragraphe 9 de la norme NF M 62-105 permet de dégager trois fonctions principales sur les sécurités des accès : Pas de risques d’enfermement de personnes dans la casemate. Avant toute mise en marche de l’appareil, il est nécessaire d’effectuer une ronde dans le local de tir afin de s’assurer de l’absence de personnel dans la zone. Cette ronde est constituée de contacteurs à valider (clef, bouton-poussoir, …). Ces derniers sont disposés de telles sortes à ce qu’il ne soit pas possible aux rondiers de ne pas se rendre compte de la présence de personnel. Ces contacteurs sont redondants et disposés en série. Ils sont reliés au pupitre de commande de l’accélérateur. Il est nécessaire que tous les contacteurs soient validés avant le déverrouillage de la sécurité sur le pupitre de commande. Pas de possibilité de tir sans verrouillage des accès. Chaque accès à la casemate de tir doit être condamnés avant toute accélération de particules, ceci afin d’empêcher toute intrusion. Pour cela, des contacteurs de portes permettent d’envoyer un signal au pupitre de contrôle sur l’état de l’accès à la casemate. Si intrusion dans le local de tir, le faisceau est coupé. Les mêmes contacteurs de portes peuvent être utilisés pour détecter toute entrée dans le local : la détection de l’ouverture de porte enclenche la sécurité et coupe le faisceau. Cependant, des relais infrarouges ou laser peuvent aussi signaler le passage d’un intervenant dans une zone de tir. Ces sécurités peuvent assurer une redondance des sécurités. La gestion de ces sécurités et la manière d’étudier les dispositifs les assurant est décrites dans l’annexe du guide d’analyse « contrôle commande ». 6-2 Gradation des surveillances selon l’accélérateur Cela implique une notion de « risque acceptable ». La priorité ne doit pas être accordée sur les mêmes points selon la nature et la puissance de l’accélérateur. En effet, la dose délivrée pendant une durée définie n’est pas la même si l’on utilise un accélérateur pulsé ou un accélérateur linéaire. Cependant, chaque type d’accélérateur correspondant à un usage définie, les différences de puissances entre appareil ne permettent pas une classification avec pour seul critère la technologie utilisée. 7 Réaction nucléaire attendue, rayonnement de freinage et photoactivation En fonction de l’énergie de la particule incidente, différentes réactions vont avoir lieu. Le seuil général de ces réactions est de 10 MeV. Au dessous de ce seuil, des réactions sont possibles selon les cibles. Cependant, la probabilité de leur occurrence est très faible, exempté certains éléments comme l’uranium par exemple. Figure 13 : Schématisation des réactions possibles lors de réactions (e, X) 7-1 Rayonnement de freinage Le faisceau d’électrons accélérés est envoyé sur une cible lourde. Cette dernière est composée généralement de tungstène, d’or ou de cuivre, ou tous autres matériaux selon les besoins en faisceaux secondaires. Les électrons constituant le rayonnement primaire des accélérateurs ont des énergies inférieures à 11 MeV dans la plupart des cas. Ils n’induisent directement aucune activation des matériaux exposés, mais ce phénomène peut intervenir au delà d’une certaine énergie et selon la nature des matériaux exposé sous l’effet des rayonnements secondaires. Le rayonnement secondaire dominant est le rayonnement de freinage. Il devient particulièrement intense au dessus d’une énergie dite critique dont la valeur peut être approchée selon l’expression E(MeV)=800/(Z+1,2). Quand un électron passe à proximité d’un noyau, il est dévié de sa trajectoire initiale par la force d’attraction coulombienne due aux protons du noyau chargé positivement. L’électron ainsi soumis à une décélération va perdre de l’énergie cinétique sous forme d’un rayonnement X. Figure 14 : Schéma illustrant l'origine du rayonnement de freinage L’énergie du faisceau gamma sortant de l’accélérateur varie selon : • L’épaisseur de la cible (Plus la cible est épaisse, plus le spectre des photons secondaires est dur) • L’énergie des électrons incidents • L’angle de regard avec l’ace du faisceau d’électrons L’énergie du faisceau secondaire n’excédera jamais l’énergie cédée par le faisceau primaire. Il est juste de considérer que l’intensité maximale du faisceau se situe environ aux tiers de l’énergie maximale du faisceau. Figure 15 : Illustration du spectre des RX émis Les protections à mettre en œuvre en sortie de faisceau et autours de la tête de l’accélérateur sont de même nature que pour la protection d’une source radioactive. L’énergie du faisceau est cependant à prendre en compte dans le dimensionnement des protections biologiques. Les spectres sont différents selon l’énergie du faisceau et la géométrie de la cible. Il est possible lors d’une approche grossière d’utiliser les abaques existants afin de déterminer les dimensions des protections biologiques à mettre en œuvre. Cependant, afin de minimiser les erreurs et vérifier au mieux les dispositifs de radioprotection mis en place, il est plus pertinent d’utiliser un des codes de calcul décrut dans l’annexe « calcul de dimensionnement ». 7-2 Activation des matériaux par flux photonique Lorsque l’énergie du rayonnement primaire (faisceaux d’électrons) atteint un certain seuil, les photons X secondaires acquièrent une énergie suffisante pour provoquer des réactions d’ordre photo nucléaires au sein des matériaux exposées (cibles). Dans certains cas particuliers, des photofissions peuvent aussi se produire (cas de cible d’uranium ou d’actinides, ou de cible de Lithium, Béryllium, tritium, …). Ces réactions nucléaires peuvent conduire à la production de radionucléides artificiels. L’activation des matériaux se fait selon trois phénomènes, seul un rentre dans la gamme des appareils étudiés, les autres œuvrant dans la physique des particules à hautes énergies. Ce phénomène est appelé « résonnance géante », soit l’activation par absorption de photon. Un noyau absorbe un photon et entre en résonnance. Sa désexcitation se fait par l’évaporation d’un neutron accompagné de rayonnement gamma de très faible énergie. Bien qu’il ne faille que quelques keV pour déclencher une réaction de fission sur de l’uranium, ou générer une réaction proton neutron sur de l’hydrogène, il faudra des énergies de plusieurs Mev pour activer du carbone ou de l’oxygène. Les photons dégagés lors de la désexcitation du noyau ont une énergie maximale de 8 Mev pour les noyaux légers, moins si les noyaux sont lourds, une partie de l’énergie s’échappant dans le flux neutronique induit. Ce phénomène est appelé « résonnance géante » et se produit principalement entre 13 et 18 MeV pour des matériaux avec A > 40. La section efficace de cette réaction est d’environ 0.1 barn. Ce risque est négligeable pour les expositions de courtes durées. De plus, le flux de neutrons émis n’est significatif que pour des énergies supérieures à 30 Mev dans le cas d’une cible lourde (réactions (γ, n)), et au delà de 50 MeV pour un accélérateur d’électrons sans cible (réactions (e, n)). Figure 16 : Tableau de seuils des réactions nucléaires On peut donc considérer que pour la plupart des accélérateurs industriels, il n’y a pas de risques de production de neutrons, l’énergie des électrons incidents n’excédant pas 11 MeV. De plus, l’activation des matériaux ne peut être considéré comme significative qu’une fois la fluence neutronique dépassant 105 n.cm-2.s-1. Le risque d’activation est donc faible. On peut considérer la tête de l’accélérateur comme active, mais l’installation ne souffre pas d’une quelconque émission de rayonnements. Une modélisation MCNP est conseillée en cas d’environnement complexe ou avec des énergies de flux supérieur à 50 MeV. Au dessous de 11 MeV, on peut considérer que la fluence neutronique est trop faible pour présenter un risque d’activation de la matière constituant l’installation. La tête de l’accélérateur est activée et constitue un risque radiologique certain. Une production de proton est avérée mais n’entraine pas de risques lors de l’arrêt du tir. Il n’existe pas de formules empiriques permettant de déterminer l’énergie des neutrons émis par photo réactions. Par contre, on peut assimiler ces photo-réactions à un spectre de fission, à déterminer, pour l’élément constituant la cible de l’accélérateur. Le tableau suivant montre pour quelques éléments le seuil d’énergie nécessaire pour provoquer une réaction photo-nucléaire. Les chiffres peuvent varier selon les sources mais restent dans le même ordre de grandeur. 9 16 54 208 (γ, n) 1.67 15.66 13.38 (γ, 2n) 20.56 28.89 24.06 Be (γ, p) O Fe 235 238 7.37 5.3 6.15 14.11 12.14 11.28 Pb U U 16.89 12.13 8.85 8.01 6.71 7.62 Figure 17 : tableau de seuil de réactions photo-nucléaires et réactions associées On peut constater que les seuils d’énergies de production de neutron ou de proton sont similaires pour les cibles lourdes. Figure 18 : fluence neutronique en fonction de la cible et de l'énergie des électrons incidents La figure 18 illustre deux choses : les seuils d’énergie nécessaires pour obtenir une réaction photonucléaire et la saturation existante au delà d’un certain seuil, entrainant une fluence constante, peut importe l’énergie de la particule incidente. 8 Liens supplémentaires utiles à la compréhension Littératures NCRP 144 « Radiation protection for particle accelerator facilities» NCRP 151 « Structural shielding design and evaluation for megavoltage X- and gamma-ray radiotherapy facilities” « Personne compétente en radioprotection – Principes de radioprotection, réglementation » EDP Sciences Echanges avec les industriels EuroMev EuroPulse Liens web Animations Java Van de Graaf