discours prononcé par l`honorable mama fatima singhateh
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discours prononcé par l`honorable mama fatima singhateh
DISCOURS PRONONCÉ PAR L’HONORABLE MAMA FATIMA SINGHATEH, PROCUREUR GÉNÉRAL ETMINISTRE DE LA JUSTICE DE LA GAMBIE A LA 2ÈME SESSION ORDINAIRE DE LA QUATRIÈME LÉGISLATURE DU PARLEMENT PANAFRICAIN, MIDRAND, AFRIQUE DU SUD, LE 4 MAI 2016 SUR LE THÈME : « ANNÉE AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME, AVEC UN ACCENT PARTICULIER SUR LES DROITS DES FEMMES » Excellence, Monsieur Roger Nkodo Dang, Président du Parlement panafricain, Honorables Vice-présidents du Parlement, Honorables membres du Parlement, Excellences, Mesdames et messieurs les membres du Corps diplomatique et consulaire, Monsieur le Secrétaire général et les membres du personnel du Parlement, Mesdames et Messieurs, Tous les protocoles dûment et respectueusement observés. Près de 25 ans se sont écoulés depuis que nos dirigeants se sont réunis pour signer le Traité d'Abuja, qui entre autres, a prévu la création d'institutions continentales importantes, essentielles pour la réalisation des aspirations d'une Afrique unie et prospère. A l'aube d’un nouveau millénaire, nos chefs d'État et de gouvernement, réunis à Lomé, Togo, ont approuvé et adopté le projet de l’Acte constitutif du Parlement panafricain. Nous voici rassemblés ici aujourd’hui, en tant que représentants de toutes les contrées de l'Afrique, reflétant réellement la voix du peuple. Je dois vous dire, très sincèrement, que je suis très honorée d’être parmi vous aujourd'hui. L'Afrique n’est d’ailleurs pas étrangère au concept des droits de l'homme ; même s’il pourrait être relativement nouveau en tant que concept juridique. L’Afrique, de par sa longue histoire, sa riche diversité culturelle, ses luttes pour l'indépendance des années 1950 et 1960 et les mouvements panafricains d’après les indépendances, a toujours reconnu et encouragé les droits de l’homme. La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 (La Charte de Banjul), adoptée lors de la 18ème Conférence des chefs d'État et de gouvernement, est la preuve que nous sommes déterminés à respecter et à promouvoir les droits de l'homme. Cette même détermination apparait à l’article 30 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981, qui prévoit la création de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, chargée de promouvoir et de protéger les droits de l’homme et des peuples sur l’ensemble du continent. En outre, la deuxième session ordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l‘UA a adopté, en 2003, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique. Ce protocole historique a établi un cadre propice pour la promotion des droits des femmes en Afrique. Mesdames et Messieurs, L’année 2016 marque un tournant décisif dans l’avancée des droits de l'homme sur notre continent. Cette année symbolise le 35ème anniversaire de l'adoption de la Charte africaine en 1981 ; de même que le 30ème anniversaire de l'entrée en vigueur de la Charte africaine en 1986. Elle marque également le 29ème anniversaire de l’entrée en fonction de la Commission africaine en 1987 et le 10e anniversaire de celle de la Cour. C’est, donc, à juste titre que l'Union africaine a déclaré 2016, Année africaine des droits de l'homme, avec un accent particulier sur la femme. Comme l’a, si justement, affirmé l’Union africaine, 2016 nous donne l’occasion de commémorer et de célébrer les étapes importantes de notre parcours en matière de droits de l'homme sur notre continent. C’est l’occasion de raconter notre histoire, de montrer les activités réalisées au niveau local africain en matière de droits de l'homme par les Africains eux-mêmes - non seulement pour sensibiliser à l’important travail que nous avons effectué pour relever le niveau de vie de nos communautés, mais également afin d’inspirer les générations futures pour qu’elles prennent pour modèles les approches novatrices et exaltantes en vue de changer les choses grâce à des approches basées sur les droits de l’homme. En déclarant 2016 Année africaine des droits de l'homme, l'UA a jugé opportun de mettre un accent spécial sur les droits des femmes. Cette attention particulière est devenue nécessaire en raison de la situation de plus en plus difficile des femmes sur le continent africain ; il est évident que les droits des femmes ne sauraient être séparés des droits de la petite fille. Les discussions sur les droits des femmes en Afrique ont toujours semblé adopter la forme de récits sur la situation déplorable des droits des femmes, la grande disparité entre les hommes et les femmes, et la vulnérabilité à la violence basée sur le genre. Mon intervention d’aujourd'hui, s’écartera de ce schéma. Aujourd’hui, je voudrais parler des progrès réalisés et des succès obtenus par les femmes africaines. La présente décennie a enregistré une augmentation sans précédent du nombre de filles ayant accès à une éducation de qualité. Sur le plan des affaires, nous observons un nombre croissant de femmes à la tête d’entreprises prospères, au moment où un plus grand nombre de celles-ci siègent au conseil d’administration de sociétés sur tout le continent. Dans toute l’Afrique, des progrès notables ont été réalisés en vue d’atteindre l'objectif de 30% de femmes au sein des parlements. Selon l’Union interparlementaire, nous avons observé, au cours des 20 dernières années, une augmentation constante du pourcentage de femmes dans les parlements en Afrique, de 9,8% en 1995 à 14,5% en 2005 et 22,3% en 2015, mettant l'Afrique au 3e rang sur 6 régions, en termes de pourcentage de femmes parlementaires. Cette augmentation constante de 12,4 points de pourcentage place l'Afrique au deuxième rang mondial en termes d'augmentation de points de pourcentage après les Amériques à 13,7%. Avec ce taux de 22,3%, l’Afrique est également au-dessus de la moyenne mondiale de femmes parlementaires qui est de 22,1%. Il convient de mentionner que le Rwanda, un pays africain frère, avec 64% de femmes au parlement, est en tête du classement, en pourcentage, des femmes parlementaires. Selon les statistiques de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), l’Afrique du Sud, le Cap-Vert et le Lesotho ont tous dépassé l'objectif de représentation de plus de 30% dans les cabinets ministériels nationaux, le Cap-Vert venant en deuxième position au niveau mondial, avec 52,9% de femmes ministres. D’autres pays africains comme le Burundi, l'Ouganda, le Botswana et la Gambie se rapprochent du seuil de 30%. Le Mozambique, le Niger, la Guinée-Bissau, la Namibie, le Malawi, le Mali, le Nigeria, le Bénin, la République-Unie de Tanzanie, le Libéria et les Seychelles sont dans la gamme de 20-25%. de taux de représentation Il convient également de noter cette tendance à abandonner de plus en plus l’ancienne pratique consistant à ne nommer des femmes qu’à des « postes ministériels pas très cotés » comme le bien-être social, l'éducation de base, la santé, et le tourisme, dans la mesure où, de plus en plus, les femmes sont nommées à des ministères clés tels que la Justice, les Finances et la Défense. Partout en Afrique, les femmes africaines font tomber les vieilles barrières et établissent de nouveaux records. Que ce soit au sein des conseils d'administration ou à la maison en tant que nos mères, nos sœurs et nos épouses. Il est donc très important que nous reconnaissions et célébrions ces succès, afin que toutes les femmes et les jeunes filles sur le continent puissent s’en inspirer et se dire que si d’autres peuvent le faire, elles aussi le peuvent ; qu'elles peuvent devenir ce qu'elles souhaitent être. Elles pourront ainsi être amenées à penser que les femmes peuvent devenir économiquement indépendantes afin de subvenir aux besoins de leurs familles, que les jeunes femmes partout dans le monde peuvent avoir accès à des services de santé appropriés en matière de reproduction, et que partout, toutes les petites filles pourraient rêver de devenir un jour chef d'État, ministre, ou membre du Parlement panafricain. Mesdames et Messieurs, Tout en soulignant les progrès réalisés par les femmes à ces postes de « pouvoir », nous devons aussi féliciter les femmes qui transforment le continent, non pas à partir des salles des conseils d'administration ou de bureaux, mais celles qui travaillent dur dans les fermes de nos villages pour subvenir aux besoins de leurs familles, les petites commerçantes qui forment l’ossature de nos secteurs commerciaux, jusqu’aux femmes ordinaires qui élèvent leurs enfants et s’occupent de leurs familles. Elles aussi sont des héroïnes qui méritent d'être célébrées. Compte tenu de tous les progrès réalisés, il existe des moments comme ceux -ci, où nous, en tant que femmes, devons nous arrêter pour réfléchir à l'utilisation que nous avons faite de tout le pouvoir et des possibilités que nous avons si longtemps réclamés et gagnés au fil des ans. Avons-nous apporté notre juste part au développement national ? Avons-nous été les porte-parole de nos mères, sœurs et filles moins privilégiées que nous sur le continent ? Je peux affirmer que, dans une large mesure, nous l’avons fait. Les femmes qui occupent des postes de responsabilité mènent la lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes, que ce soit à la tête d’entreprises commerciales, d’institutions régionales, de ministères, ou en tant que militantes. Et il en est ainsi car, qui d'autre que les femmes elles-mêmes, est mieux placé pour comprendre le fardeau qui est le leur et peut conduire la marche pour des droits encore plus importants ? Des études ont montré que lorsque les femmes participent directement à la prise de décision, des progrès notables sont enregistrés dans de nombreux domaines qui non seulement les touchent elles –mêmes, mais aussi les enfants et les familles. Du simple fait que les femmes occupent des postes de responsabilité et sont en mesure de faire certains travaux qui, jusqu’alors étaient hors de leur portée, et pour cette seule raison, sans beaucoup d’autres efforts, elles représentent un rayon d’espoir ; une source d'inspiration pour des millions de femmes sur le continent. Des campagnes innovantes, telles que la campagne « amenez une fille sur votre lieu de travail », qui visent à associer des femmes qui ont réussi avec des jeunes filles scolarisées, pour une journée type sur leur lieu de travail, ont été organisées avec succès, pour les amener à penser que si nous pouvons y arriver, elles aussi le peuvent. Le fait de célébrer ces grandes réalisations ne veut en aucun cas dire que la lutte est terminée ; loin de là. En dépit de tous les progrès enregistrés, de nombreuses femmes sur notre continent continuent d'être les premières victimes des violations des droits humains. Même si tous les droits de l'homme sont tout aussi importants et tout aussi essentiels pour le respect de la dignité et de la valeur de tout un chacun, l’on ne saurait traiter d’un droit spécifique, sans prendre en compte l'ensemble des droits y afférents. Je voudrais, toutefois, attirer l'attention sur des questions brûlantes telles que la violence domestique ; les traditions coutumières dont beaucoup ne reconnaissent pas le droit des femmes à posséder ou à hériter de la terre ; les femmes continuent d'être les principales victimes de viol et de violence sexuelle dans les situations de conflit armé ; elles continuent de ne pas avoir accès à l'éducation et à des services de qualité en matière de santé sexuelle et de reproduction. De nombreuses conférences sont organisées chaque année pour discuter du sort des femmes. Des salles de conférences des Nations Unies à New York aux hémicycles de l’Union africaine à Addis-Abeba et dans toutes les capitales de nos pays respectifs. Nous ne pouvons nous empêcher de poser la question suivante : les voix qui comptent sont-elles entendues ? Les avis des femmes les plus vulnérables et les plus pauvres sont-elles prises en compte ? Toutes nos conclusions et décisions reflètent-elles les points de vue des femmes au sein des communautés ? Les quelques privilégiées qui ont souvent l’occasion d’assister à ces réunions ne sont souvent pas celles qui sont les plus affectées par l’absence des droits fondamentaux. Même si nos conclusions et résolutions demandent l’organisation de consultations et de conférences internationales, ainsi que des tables rondes qui, dans une large mesure, permettent de résoudre un grand nombre de problèmes, la majorité des femmes et des filles au niveau local veulent des choses très simples : l’accès à l’eau potable, l’accès à des soins de santé en matière de reproduction fiables, l’accès au crédit afin de démarrer de petits commerces pour nourrir et habiller leurs enfants, ainsi que leur assurer une éducation, la capacité de vivre chaque jour sans avoir peur d’être victime de la violence physique et sexuelle ; toutes choses essentielles qui contribuent à améliorer la qualité de la vie d’une façon générale. La triste réalité c’est que, de temps en temps, en raison des possibilités dont nous disposons, nous ne sommes plus sensibles au sort de celles qui n’ont pas les mêmes possibilités que nous. Nous nous installons si confortablement dans notre nouvelle réalité, que nous oublions qu’il y a des femmes autour de nous qui sont incapables d’exercer leurs droits fondamentaux. Il n’est donc pas surprenant que les statistiques sur le sort des femmes peuvent parfois paraître exagérées et difficiles à croire parce que, en toute honnêteté, leurs réalités sont aux antipodes des nôtres. Les femmes représentent plus de 50% de la population de l’Afrique et, aussi longtemps qu’elles n’auront pas droit à l’éducation, qu’elles ne seront pas autorisées à participer à la prise de décision, qu’il leur sera refusé le droit de posséder ou d’hériter de biens, qu’elles n’auront pas la possibilité de choisir leur conjoint, qu’elles n’auront rien à dire pour les décisions concernant la planification familiale, qu’elles n’auront pas accès aux services de santé de base en matière de reproduction, l’Afrique ne sera donc pas en mesure d’atteindre un développement significatif. Joachim Chissano, l’ancien Président du Mozambique a dit, et je cite, «les femmes et les filles sont les ressources inexploitées de l’Afrique. Ce sont elles, et non les diamants, le pétrole et les minéraux qui seront le fondement d’un progrès solide et durable». Ceci est d’autant plus vrai dans le contexte de l’Agenda 2063 de l’Afrique et pour assurer notre transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux Objectifs du Développement durable. Selon un rapport du ‘McKinsey Global Institute’ publié en 2015, l’Afrique pourrait enregistrer une augmentation de son PIB de l’ordre de 12% d’ici à 2025, en contribuant tout simplement à la promotion de l’égalité des femmes. L’étude a montré que l’Afrique pourrait augmenter de 300.000.000.000 de dollars ÉU (trois cents milliards de dollars) son PIB si les femmes jouaient un rôle égal à celui de leurs homologues masculins dans les processus économiques. Encourager la parité des sexes en Afrique est une solution simple mais significative dans la résolution des problèmes de développement de l’Afrique. En Gambie, nous avons joué notre partition dans l’amélioration des droits des femmes et nous continuons de le faire. Des politiques constructives ont permis d’augmenter le taux d’alphabétisation des femmes et des filles âgées de 15 à 25 ans, de 41,4% à 67% en 2014, et le taux de passage effectif du primaire au premier cycle du secondaire est actuellement de 95%. De plus en plus de femmes accèdent à des postes de responsabilité, et plus de 30% des postes ministériels sont occupés par des femmes, dont des ministères importants. Des mesures juridiques positives ont été prises pour la protection des droits des femmes. La Gambie a été l’un des premiers pays à avoir signé le Protocole de Maputo et l’un des 15 à l’avoir ratifié. En 2010, la Gambie a voté la Loi sur les droits des femmes qui, entre autres, vise à mettre en œuvre les dispositions juridiques de la politique nationale pour la promotion des femmes et des filles gambiennes, ainsi que pour intégrer et faire appliquer les instruments et protocoles de l’Organisation des Nations Unies et de l’UA, mis en place au niveau international, dont la Gambie est membre. Cette année, un amendement majeur a été apporté à la Loi sur les droits des femmes, qui interdit formellement la pratique des mutilations génitales féminines, et qui met ainsi fin à cette pratique répréhensible. Mesdames et Messieurs, Les droits de l’homme sont les droits de la femme et les droits de la femme sont des droits de l’homme. L’assurance de la protection et de la promotion de ces droits dépendent de l’existence d’un cadre juridique solide à cet effet. C’est à ce niveau que vous, Honorables députés, devez intervenir. Les lois que vous votez au sein de vos différents parlements nationaux sont les garanties d’une société où règne l’ordre, dans laquelle l’État de droit est respecté. Les lois que vous votez peuvent faire sensiblement avancer la situation, et contribuer à l’amélioration des droits de l’homme en Afrique. Il est également important de veiller à ce que ces lois soient mises en œuvre, que les droits de l’homme sont protégés et que la justice ne soit pas différée. En tant qu’Africains, dans le cadre de notre programme panafricaniste, il est essentiel pour notre croissance, en tant que continent, que nous fassions des efforts concertés et, si nous voulons garantir des droits égaux pour tous en Afrique, à un rythme régulier et constant, alors il n’existe pas de meilleur organe que vous, le Parlement panafricain. Cette assemblée législative est susceptible d’être une force au service du bien sur le continent, pour l’élaboration des lois-types qui orienteront nos parlements nationaux dans le vote de législations exhaustives et solides. Toutefois, pour que le Parlement panafricain puisse efficacement exécuter son mandat, il faudrait le doter d’outils pertinents. Jusqu’à l’adoption du Protocole à l’Acte constitutif de l’Union africaine relatif au Parlement panafricain, en juin 2014, le PAP n’était qu’une assemblée consultative. Ce nouveau Protocole dote le PAP de pouvoirs législatifs essentiels pour la réalisation de son mandat. Pour que ce Protocole soit opérationnel, il faut qu’il soit ratifié par 28 États membres de l’Union africaine ; malheureusement, le rythme des ratifications est très lent. Ce serait injuste pour nous de trop exiger du PAP sans lui donner, au préalable, les outils dont il a besoin pour mettre en œuvre ses objectifs. Mon pays œuvre actuellement pour la ratification de ce Protocole et, je suis heureuse de dire que, dès qu’il aura été approuvé par le Gouvernement, il sera aussitôt transféré à notre Assemblée nationale pour être ratifié. Je me dois, à cette étape, de saluer le travail acharné et le dévouement du Président du Parlement panafricain qui mène une campagne assidue en faveur de la ratification complète de ce Protocole et j’en appelle à tous les États pour qu’ils ratifient ledit Protocole, afin que le PAP puisse se mettre au travail. Mesdames et Messieurs, Tout en soulignant l’importance des changements politiques et économiques dans notre lutte pour les droits de l’homme et l’égalité en Afrique, nous devons également nous engager davantage à changer la perception que l’on se fait des femmes aux niveaux social et culturel. Nous devons accorder la même attention à l’ensemble des droits humains. Comme Paul Farmer, l’anthropologue américain l’a fait justement observé, « la communauté des droits de l’homme s’est trop attachée, pendant des décennies, aux droits politiques et civils et, à juste titre, mais aujourd’hui, nous devons nous poser la question de savoir comment élargir cet horizon ». Voici une matière à réflexion. À ce point, je voudrais insister, une nouvelle fois, sur la nécessité pour les États membres de mettre en œuvre des instruments des droits de l’homme qui cherchent à promouvoir et à protéger les droits des femmes et des filles dans tous les aspects de leurs vies, notamment à : promouvoir et protéger les droits des femmes en vue de leur participation à la vie politique. promouvoir et protéger les droits des femmes à des niveaux de vie appropriés et décents, y compris le droit à la terre et à la propriété promouvoir et protéger les droits des femmes en matière de santé sexuelle et de reproduction, en veillant à ce que des ressources suffisantes soient disponibles pour soutenir des services de santé sexuelle et en matière de reproduction à des coûts abordables pour toutes les femmes et les jeunes filles. promouvoir les meilleures pratiques en matière de prévention de la violence contre les femmes et la petite fille. Ce qui nécessite des mesures exhaustives qui traitent des inégalités et de la discrimination tant entre les hommes et les femmes, qu’entre les femmes elles-mêmes. Veiller à ce que les victimes de la violence et des mauvais traitements aient facilement accès au système judiciaire auprès duquel elles peuvent chercher réparation pour la violation de leurs droits Veiller à ce que les auteurs soient reconnus coupables et punis pour les crimes commis à l’égard des femmes Appliquer une approche fondée sur les droits de l’homme afin d’atteindre plus facilement les groupes spécifiques de femmes qui n’ont pas accès aux services essentiels tels que les services de santé, de santé maternelle et infantile, l’éducation fonctionnelle et d’autres programmes d’autonomisation Veiller à ce que les politiques nationales et sectorielles soient conçues conformément aux exigences des droits de l’homme respectueuses du cycle de planification, de budgétisation, de mise en œuvre, du suivi et de reddition de compte, notamment les étapes nécessaires du point de vue des droits de l’homme, que ces outils soient disponibles et facilement accessibles. Mesdames et Messieurs, avant de conclure, permettez-moi de dire que les perspectives sont bonnes ; les possibilités dont nous disposons aujourd’hui en Afrique sont plus grandes qu’elles ne l’ont jamais été dans notre histoire. Nous sommes convaincus que le PAP tiendra ses engagements en vue de promouvoir le bien-être de ses électeurs et des femmes en particulier. Il n’y a pas meilleure preuve de cet engagement que la décision que vous avez prise de traiter des droits de l’homme en Afrique, avec un accent particulier sur les femmes, dans le cadre des évènements devant marquer l’ouverture de cette nouvelle session parlementaire. Œuvrons tous de concert en vue, non seulement, de bâtir une Afrique forte, unie et prospère, mais également pour laisser aux générations futures un continent bien meilleur que celui dont nous avons hérité. Je vous invite tous à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour peser sur les décisions cruciales aux niveaux national, régional et continental, afin de promouvoir le bien-être des femmes, des filles en Afrique et pour garantir des droits égaux pour tous. Je vous remercie, Que Dieu vous bénisse, Que Dieu bénisse l’Afrique.