Evaluation du scénarion final du PDU de l`agglomération périgourdine

Transcription

Evaluation du scénarion final du PDU de l`agglomération périgourdine
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Evaluation du scénario
final du PDU de
l’agglomération
périgourdine (24)
N° 84 Mai 2011
Depuis plusieurs années, la Communauté d’Agglomération Périgourdine
s’est engagée dans la démarche volontaire de réalisation d’un PDU.
Cet outil, destiné aux collectivités,
définit notamment les principes permettant d’organiser les déplacements de personnes, le transport de
marchandises, la circulation et le stationnement. Il fait l’objet d’un cadre
réglementaire strict, et ses différents
volets doivent être évalués.
Afin d’aider la collectivité dans cette
démarche, AIRAQ a réalisé en 2009
une évaluation des scénarios qui
étaient envisagés à l’époque en termes d’impact sur la qualité de l’air.
Cette nouvelle étude vise à évaluer le
scénario finalement retenu au regard de ses effets sur la qualité de
l’air.
Introduction
Outil destiné aux communautés de communes ou d’agglomération, le Plan
de Déplacements Urbains (PDU) définit les principes permettant d’organiser
les déplacements de personnes, le transport de marchandises, la circulation,
le stationnement. Ses orientations doivent concourir à diminuer le trafic
automobile et à augmenter l’usage des modes alternatifs, tels que les transports publics, la marche ou le vélo.
Il est obligatoire pour les agglomérations de plus de 100000 habitants. Peuplée de 65000 habitants, l’agglomération de Périgueux n’est pas soumise à
cette réglementation, mais a toutefois décidé d’engager volontairement une
démarche d’élaboration d’un PDU.
Cette démarche est strictement encadrée. Un certain nombre d’aspects doivent être évalués, dont la partie environnementale, qui doit comporter :
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Une présentation résumée des objectifs du projet de PDU
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Une analyse de l’état initial de l’environnement et des perspectives
de son évolution :
approche selon différentes thématiques (dont santé humaine, air
et climat)
étude des perspectives d’évolution de l’environnement si le PDU
n’était pas élaboré
•
Une analyse exposant les effets notables probables de la mise en
œuvre du projet de PDU sur l’environnement
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Un exposé des motifs pour lesquels le projet de PDU a été retenu,
dont :
une présentation des options envisagées, en précisant les effets
(positifs ou négatifs) qu’elles auraient sur l’environnement
une présentation des mesures prises pour éviter, ou, à défaut,
réduire les dommages sur l’environnement (avec, par exemple,
l’analyse des autres solutions envisagées)
•
Un résumé non technique de l’ensemble des informations
Moyens mis en œuvre
Afin de l’aider dans cette procédure, AIRAQ a déjà réalisé une étude pilote
qui a apporté un certain nombre d’éléments concernant l’évaluation environnementale du PDU :
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Perspectives d’évolution de la qualité de l’air à l’horizon 2020 sur
l’agglomération si le PDU n’était pas élaboré (scénario « Fil de l’Eau »)
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Analyse des effets des options envisagées (4 scénarios, en ne prenant
en compte que la partie transport routier) sur la qualité de l’air
Source : Wikipedia—auteur : Père Igor
La présente étude, réalisée en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Périgourdine, et avec l’appui du bureau d’études EREA, en charge du
projet, vise à évaluer le scénario finalement retenu au regard de ses effets
sur la qualité de l’air.
Evaluation du scénario « PDU » en termes d’impact sur
la qualité de l’air - Méthodologie
Evaluation des émissions dues au trafic routier
Les scénarios « Fil de l’Eau » et « PDU » ont tout d’abord été évalués en
termes d’émissions de polluants dans l’air. Le dioxyde de carbone, non
considéré comme un polluant, a été ajouté à la liste des composés étudiés,
en raison de son impact sur le changement climatique, et de la part non
négligeable du transport routier dans ses émissions.
En dehors du dioxyde de carbone, les composés retenus sont ceux soumis à
une réglementation dans l’air ambiant et dont le trafic routier représente
une part significative.
Le scénario final
Le scénario final, également appelé « scénario PDU », devrait entraîner des
modifications significatives dans le futur schéma de déplacements de l’agglomération périgourdine. Ses principales caractéristiques sont les suivantes :
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Développement de l’offre ferroviaire :
Injection de nouveaux trains
Création de deux nouvelles stations
Coordination avec le cadencement à l’échelon national
Réorganisation de l’offre de transports en commun :
Modification de certaines lignes (tracés, fréquences, …)
Aménagements (couloirs spécifiques, parkings relais)
Optimisation des trajets
Coordination avec l’offre ferroviaire
Autres actions envisagées :
Pôles d’échanges (centre-ville, Marsac)
Parkings relais supplémentaires
Circuit bus électrique en centre-ville
...
Les émissions ont été calculées selon la méthodologie COPERT IV, à partir
de simulations de trafic fournies par le bureau d’études SYSTRA (mandaté
par EREA).
Zones d’étude retenues
Méthodologie
L’efficacité du scénario « PDU » a été évaluée à l’horizon 2020, comparativement à un scénario « Fil de l’Eau », caractérisant une situation où le
schéma de déplacements de l’agglomération n’aurait pas été modifié selon
les caractéristiques arrêtées dans le PDU.
Cette analyse a été réalisée selon deux approches complémentaires :
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Modélisation des concentrations en dioxyde
d’azote dans l’air ambiant
Les concentrations en polluant dans l’air ambiant dépendent des quantités
émises, mais également de nombreux autres facteurs (météorologie, topographie, interactions entre polluants…), et des émissions faibles ne sont pas
forcément synonymes de basses concentrations. C’est pourquoi il est important, en complément de l’analyse précédente, d’étudier l’impact sur la
qualité de l’air des scénarios étudiés.
Une évaluation des émissions de polluants dues au trafic routier
Une modélisation des concentrations en dioxyde d’azote
Les différences entre les scénarios étudiés ici ne concernent que les transports routier et ferroviaire. De plus, pour des raisons techniques (manque
d’information concernant les émissions du parc de locomotives à l’horizon
2020), cette analyse n’inclut pas le secteur ferroviaire, et ne porte que sur
le secteur routier.
Enfin, il faut signaler que le modèle de trafic utilisé ne prend pas en compte
le report modal. Par conséquent, les données de trafic propres à chaque
scénario contiennent, pour un point de départ et un point d’arrivée donnés,
le même nombre de véhicules en circulation (mais les chemins empruntés
peuvent être différents).
L’évaluation de ces scénarios a donc été réalisée, en considérant constantes
les émissions non liées au trafic routier. Elle porte sur les concentrations en
dioxyde d’azote (NO2), polluant soumis à une réglementation dans l’air
ambiant, et bon traceur de la pollution de proximité automobile.
Les calculs ont été effectués sur la base des hypothèses suivantes :
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Les simulations de trafic à l’horizon 2020 ont été fournies par le
bureau d’études SYSTRA
Les autres paramètres d’entrée (pollution de fond, météorologie,
…) ont été calés sur la base de l’année 2006
Ainsi, seule l’intensité du trafic routier pour les axes pris en compte varie
pour chaque scénario. Les différences obtenues sont donc imputables à ce
paramètre.
Evaluation du scénario « PDU » en termes d’impact sur
la qualité de l’air - Résultats
Emissions dues au trafic routier
Le trafic modélisé dans le scénario « PDU » est
supérieur de 2,2% à celui pris en compte dans le
scénario « Fil de l’Eau ».
Cette augmentation tient en partie du fait que, si
le « volume global » de véhicules est identique
pour les 2 scénarios, les chemins privilégiés peuvent être différents. Ainsi, par exemple, un véhicule désirant traverser l’agglomération passera
plutôt par le centre-ville dans le scénario « Fil de
l’Eau », alors qu’il sera plus incité à contourner le
centre dans le scénario « PDU », ce qui engendrera une plus grande distance parcourue.
D’une manière générale, cette augmentation se retrouve au niveau des émissions, mais dans une moindre mesure. Ainsi, l’augmentation maximale des
émissions est de +1,70% pour les PM10, et une diminution est même constatée au niveau des COVNM.
Cette hausse des émissions moins que proportionnelle à la hausse du volume de circulation peut s’expliquer notamment par deux éléments :
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Une meilleure fluidité du trafic, qui limite les émissions causées par la congestion de la circulation
Des émissions moins importantes à vitesse élevée pour certains polluants (COVNM et CO, composés dont les émissions varient le moins entre les
deux scénarios)
Concentrations en dioxyde d’azote
Concentrations en dioxyde
d’azote à l’horizon 2020 scénario « PDU »
Dans l’ensemble, la comparaison des scénarios « Fil de l’Eau » et « PDU » ne montre pas de différences significatives au niveau des concentrations
moyennes en dioxyde d’azote. En revanche, les résultats du scénario « PDU » montrent une réduction des zones touchées par des concentrations élevées. Ainsi, la mise en place du PDU permettrait une diminution :
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De la surface touchée par des teneurs supérieures à 30
µg/m3 de 6% sur l’ensemble de la zone (35,6 ha contre
38,3 ha), et de près de 26% en centre-ville (11,2 ha contre
14,6 ha)
Du nombre de personnes concernées par ces teneurs
élevées en centre-ville de plus de 20% (428 contre 538)
Principales conclusions
Le scénario retenu par la Communauté d’Agglomération Périgourdine dans le
cadre de son PDU a été évalué, en comparaison avec un scénario de référence (au « Fil de l’Eau »), en termes d’émissions d’une part et de concentrations
dans l’air ambiant d’autre part.
Globalement, la modélisation du scénario « PDU » montre une augmentation
du nombre de kilomètres parcourus de 2,2% par rapport au scénario « Fil de
l’Eau ». Cette augmentation tient en partie aux caractéristiques du modèle
de trafic utilisé (non prise en compte du report modal). Ainsi, par exemple,
un véhicule désirant traverser l’agglomération passera plutôt par le centreville dans le scénario « Fil de l’Eau », alors qu’il sera plus incité à contourner
le centre dans le scénario « PDU », ce qui engendrera une plus grande distance parcourue.
D’une manière générale, cette augmentation de trafic se retrouve au niveau
des émissions, mais dans une moindre mesure. Ainsi, l’augmentation maximale des émissions est de +1,70% pour les PM10, et une diminution est même constatée au niveau des COVNM. Deux éléments peuvent expliquer cette
hausse moins que proportionnelle à l’augmentation du trafic :
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Une meilleure fluidité de la circulation
Des émissions moins importantes à vitesse élevée pour certains polluants (COVNM et CO, composés dont les émissions varient le moins
entre les deux scénarios)
En termes de concentrations en dioxyde d’azote dans l’air, la mise en place
du PDU ne devrait pas avoir d’influence significative sur les concentrations
moyennes. En revanche, les résultats du scénario « PDU » montrent une
réduction des zones touchées par des concentrations élevées. Ainsi, la mise
en place du PDU permettrait une diminution :
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Le rapport complet est disponible sur le site
www.airaq.asso.fr
Glossaire
Dioxyde d’azote (NO2)
Le dioxyde d'azote provient à 56 % des véhicules. Il affecte les
fonctions pulmonaires et favorise les infections.
Valeur réglementaire pour le dioxyde d’azote (relative à la
moyenne annuelle) :
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Valeur limite : 40 µg/m3
Sites de « fond »
Situées dans des quartiers densément peuplés (entre 3 000 et
4 000 habitants/km2) et à distance de sources de pollution
directes, l’objectif de ces stations est le suivi du niveau d’exposition moyen de la population aux phénomènes de pollution atmosphérique dits de « fond » dans les centres urbains.
Sites de « proximité automobile »
Situés aux abords des principaux axes routiers, ils permettent
de fournir des informations sur les concentrations mesurées
dans les lieux où le taux d’exposition aux polluants d’origine
automobile est le plus élevé.
Valeur limite
De la surface touchée par des teneurs supérieures à 30 µg/m3 de 6%
sur l’ensemble de la zone, et de près de 26% en centre-ville
Valeur à ne pas dépasser dans le but d’éviter, de prévenir ou
de réduire les effets nocifs de ces substances pour la santé
humaine ou pour l’environnement dans son ensemble.
Du nombre de personnes concernées par ces teneurs élevées en
centre-ville de plus de 20%
µg/m3—(microgramme par m3)
L’ensemble de ces éléments montre l’intérêt de l’engagement volontaire de
la Communauté d’Agglomération Périgourdine dans la réalisation d’un PDU
au regard de son impact sur la qualité de l’air respiré par ses habitants.
Vue aérienne des teneurs en dioxyde d’azote dans l’air ambiant à l’horizon 2020 - scénario « PDU »
Unité de mesure de concentration dans l’air ambiant.
1 µg = 0,000 001g