Formation initiale. La sécurité au travail s`invite à l`école
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Formation initiale. La sécurité au travail s`invite à l`école
en entreprise 44 45 Fiche d’identité n NOM : Institut national polytechnique de Toulouse – École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques (INPEnciaset). Formation initiale La sécurité au travail s’invite à l’école n ACTIVITÉS : Établissement public d’enseignement supérieur et de recherche habilité par la CTI (Commission des titres d’ingénieurs). Formation d’ingénieurs diplômés dans cinq domaines : chimie, matériaux, génie chimique, génie des procédés, génie industriel. Intégration dans le cursus ingénieurs (bac+3 à bac+5) au titre du concours national des ENSI. n LIEU : Toulouse (HauteGaronne). n EFFECTIFS : 750 étudiants, © Gaël Kerbaol/INRS 160 doctorants, 106 enseignants-chercheurs. L’essentiel n Dès la première année, les étudiants assistent à des cours de sensibilisation à l’hygiène, la sécurité et la protection de l’environnement. En seconde année, ils suivent un module intitulé « Maîtrise des risques industriels et professionnels ». En troisième année, ils peuvent choisir en option un module « QSE » (qualité, sécurité, environnement) comprenant des stages en entreprises. L’école travaille depuis plusieurs années avec la Carsat MidiPyrénées sur les contenus des enseignements et des stages, en matière de sécurité. À Toulouse, en Haute-Garonne, les futurs ingénieurs diplômés de l’INP-Enciaset suivent, dès la première année de leur cursus, des cours sur l’hygiène et la sécurité au travail. Les étudiants de troisième année peuvent également choisir un module de spécialisation « QSE » (qualité, sécurité, environnement). D le chiffre 2 CRI T T (Centres régionaux d’innovation et de transfert de technologies) et 4 laboratoires de recherche. travail & sécurité – n° 741 – juillet /août 2013 Antoine Bondéelle ès la première année, nos étudiants suivent un module de sensibilisation aux problèmes de sécurité, de qualité et d’environnement, annonce, en préambule de sa présentation de l’école, Nadine Gabas, enseignante et chercheuse – au laboratoire de génie chimique – de l’INP-Ensiacet, une école d’ingénieur toulousaine (cf. fiche d’identité). Notre école délivre des diplômes d’ingénieurs dans les domaines de la chimie et du génie chimique. » À l’INP-Ensiacet, on ne badine pas avec la rigueur des enseignements, y compris en matière de sécurité : tout au long de leur scolarité, les élèves suivent une formation spécifique aux questions des risques professionnels. La première année, les futurs ingénieurs assistent à des cours consacrés au risque chimique et abordent les enjeux liés aux domaines hygiène, sécurité, et environnement (HSE) ainsi que les grands thèmes de la sécurité : généralités, risque toxique, explosions, règlements et sources d’informations… « Le module, complété par des travaux dirigés, est sanctionné par un examen », continue Nadine Gabas. Les étudiants reçoivent également une formation sur le risque incendie, accompagnée d’une initiation au maniement des extincteurs. Première évaluation des risques Au cours de la seconde année, les élèves traitent de la « Maî- en entreprise trise des risques industriels et professionnels », un programme étoffé qui comprend notamment les principales méthodes d’analyse des risques : analyse préliminaire, méthode Hazop 1, arbres des causes, des défaillances et des conséquences. « Enfin, nous proposons un travail détaillé sur l’évaluation des risques dans le cadre du document unique (DU), qui comprend des exercices pratiques au cours d’un stage en entreprise ou en laboratoire de recherche », complète l’enseignante. En troisième année, est proposée l’option « QSE » (qualité, sécurité, environnement), qui accueille une vingtaine d’élèves par promotion. Un module entier d’enseignement y est consacré à la santé et à la sécurité au travail, complété par le passage du brevet de sauveteur-secouriste en milieu professionnel (SST). Dans le cadre de cette option, les étudiants effectuent notamment une évaluation précise des risques sur un poste de travail et bénéficient de l’encadrement d’enseignants et de professionnels : ingénieur ou contrôleur de la Carsat, responsable HSE… « La collaboration de la Caisse régionale avec l’INP-Ensiacet et ses enseignants pour le transfert des exigences, connaissances et méthodes en matière de prévention des risques professionnels a très bien fonctionné, commente Guy Hourriez, ingénieur-conseil à la Carsat Midi-Pyrénées. Dorénavant, nous n’intervenons plus que de façon ponctuelle sur les cursus et l’encadrement des élèves. Un certain nombre de nouveaux diplômés ont d’ailleurs pris le relais et se chargent maintenant eux-mêmes de l’encadrement. » Ségolène, élève en troisième année, a choisi l’option QSE : « Pour valider le module, explique-t-elle, j’ai été amenée à effectuer un travail pratique sur l’évaluation des risques professionnels dans une entreprise solidaire, Envie 2E. » Envie (Entreprise nouvelle vers l’insertion économique) est un réseau de structures d’insertion visant à requalifier professionnellement et socialement des personnes en difficulté, par des activités de collecte, de réparation et de traitement des appareils ménagers. « Mon travail a consisté à évaluer les risques et proposer des pistes de prévention, sur le poste de déchargement des appareils arrivant en camion à l’usine, reprend l’étudiante. Cela demande une observation poussée des tâches, des postes, des modes de travail, ainsi qu’une mise en œuvre des connaissances, pour pouvoir aborder l’ensemble des risques identifiés : chimiques, électriques, mécaniques, manutentions, mais aussi psychosociaux dans certaines situations, en fonction des équipes… » David, également élève en troisième année et en option QSE, a été affecté à l’évaluation des risques aux postes de tri et de démantèlement des « petits appareils électroménagers en mélange » (hors téléviseurs, écrans, etc.). « Sur ces postes, les opérateurs peuvent être amenés à effectuer des efforts importants de manutention, susceptibles de générer des troubles musculosquelettiques (TMS) ou des lombalgies, détaille-t-il. Nous avons aussi identifié une exposition importante aux poussières, qui a retenu l’attention de l’entreprise. » Travaux pratiques Tiphaine Perrier, responsable QSE de l’unité Envie 2E de Toulouse, est une récente diplômée de l’INP-Ensiacet (option QSE). « Je suis issue de la promotion 2010 de l’école, indique-t-elle, et si je ne m’attendais pas nécessairement à travailler dans ce secteur, j’y découvre un grand nombre d’intérêts, à la fois humains et techniques. Nous proposons des métiers difficiles à des personnes en difficulté : il faut donc rester très vigilants sur la qualité de nos actions de réduction des risques et d’amélioration des conditions de travail. » En tant qu’ancienne élève, Tiphaine a tout naturellement reçu des étudiants en option QSE de son ancienne école cette année : « La démarche est porteuse de futurs bénéfices mutuels : pour les élèves, en leur permettant de valider l’option ; et pour l’entre- Questions à… Jean-Paul Leroux, chargé de projets formation auprès des établissements de l’enseignement supérieur à l’INRS Comment intégrer la prévention des risques professionnels dans les écoles d’ingénieurs ? Le réseau Assurance maladie-risques professionnels propose aux écoles un séminaire de formation conçu à l’intention des enseignants. Avec un double objectif : intégrer dans les cours existants des éléments de base en santé et en sécurité ; concevoir et mettre en œuvre, de préférence en tronc commun des cursus, des modules de sensibilisation sur les thèmes de prévention. L’INP-Ensiacet s’est engagé à introduire dans ses cursus un nouveau module d’enseignement sur l’évaluation des risques professionnels. Qu’en est-il concrètement ? L’INRS, la Carsat et l’école ont organisé en février 2011 un séminaire « BES&ST » (Bases essentielles en santé et en sécurité au travail) 1, dans le but de former huit enseignants-chercheurs de l’INP-Ensiacet et trois enseignants d’autres écoles. Cette action de formation a été conçue par l’INRS pour permettre aux professeurs d’écoles supérieures d’intégrer ces bases dans leurs programmes d’enseignement. Au niveau de l’école de Toulouse, cela a abouti, dès la rentrée universitaire 2011-2012, à enrichir sa démarche pédagogique par la mise en place du module « Évaluation des risques professionnels », qui s’adresse à tous les élèves de seconde année. 1. Référentiel reconnu par la CTI et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. prise, en leur offrant un regard neuf, voire des idées novatrices. Les pistes de prévention proposées sont ensuite étudiées par Envie 2E et, si elles retiennent notre attention, elles seront mises en œuvre par l’acquisition de nouveaux équipements, la mise aux normes des anciens, l’amélioration des procédures ou de l’organisation du travail, la formation des salariés… » Alain Plano, contrôleur de sécurité à la Carsat Midi-Pyrénées, participe à l’encadrement de quelques étudiants : « Ce qui est très positif, c’est que leurs connaissances en prévention des risques sont mises en œuvre dès le cursus scolaire : il n’y a pas de coupure entre l’enseignement théorique et la mise en pratique des compétences nouvelles acquises. » n 1. Hazop : HAZard and OPerability study (en anglais), méthode couramment utilisée dans l’étude des risques industriels. Pour l’évaluation des risques et les méthodes, voir : www.inrs.fr/ accueil/demarche/evaluation-risques. html. travail & sécurité – n° 741 – juillet /août 2013