Paysage Audiovisuel › Législation ›

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Newsletter N°112 – Mai 2014
#mediamerica
Aereo vs broadcasters : Le procès qui divise l’audiovisuel américain
Depuis de deux ans, le monde de l’audiovisuel américain est divisé entre partisans et détracteurs d’Aereo, le service
de streaming TV. Le débat concerne directement à la fois les broadcasters, les câblo-opérateurs, les constructeurs
TV, les box (Roku, Apple TV) ou les nouveaux devices, les géants du cloud (comme Google, Dropbox etc.) et bien
sûr les téléspectateurs américains…
Comment une start-up née il y a à peine deux ans peut-elle affecter tous ces acteurs ? Le principe d’Aereo semble
simple : cette plateforme Internet permet aux téléspectateurs de regarder les chaînes hertziennes américaines sur
leurs ordinateurs, tablettes et smartphones.
Dès 2012, l’affaire a été portée en justice par les chaînes dont le signal est retransmis sur Aereo. C’est maintenant à
la Cour Suprême de trancher.
1- Contexte
Fondée en 2012, la start-up permet à ses abonnés de regarder via Internet, en direct ou en différé, les programmes
télévisés des chaînes hertziennes : les networks comme ABC (groupe Disney, Media Network), Fox, NBC Universal,
CBS, CW et PBS, mais aussi une vingtaine de chaînes locales (à New York par exemple : NY life, Cuny TV, Movies !,
Telemundo ...). Les téléspectateurs peuvent normalement recevoir gratuitement ces chaînes sur leur poste de
télévision via les antennes râteaux individuelles. Ces chaînes sont aussi disponibles dans les offres basiques des
câblo-opérateurs qui paient cher l’autorisation de les retransmettre. Aereo, en revanche, n’a rien négocié avec les
chaînes terrestres en question qui ont dès 2012 porté l’affaire en justice.
Après une longue bataille juridique, le cas est arrivé à la Cour Suprême qui a entendu les arguments des deux parties
le 22 avril dernier.
2- Fonctionnement d’Aereo
Aereo propose une technologie pour capter le signal hertzien (gratuit et non crypté) émis par les stations locales pour
voir les programmes en direct ou les enregistrer dans un cloud (espace de stockage dans des serveurs informatiques
distants accessible via Internet) et les regarder plus tard. Le système est localisé, comme le sont les stations qui
relaient les networks aux Etats-Unis. Si l’utilisateur a souscrit à Aereo dans l’Etat de New York (donnée vérifiée lors
de l’inscription avec la carte de crédit), il ne pourra avoir accès qu’aux programmes diffusés sur les chaînes terrestres
distribuées à New York.
Pour regarder les programmes retransmis via Aereo, il suffit d’aller sur le site aereo.com, de payer un abonnement de
8$ par mois puis de naviguer sur plateforme. Nul besoin de brancher une box, ou une antenne : « Avec Aereo, vous
pouvez regarder la TV en direct via une mini antenne à distance que vous contrôlez par Internet depuis la maison ou
n’importe où dans votre zone de couverture », peut-on lire sur le site Internet. Cela fonctionne sur ordinateurs (PC ou
Mac), sur les tablettes, les smartphones, et sur les TV connectées avec Apple TV ou Roku. La plateforme est très
simple d’utilisation : une grille de programmes permet de choisir ceux que l’on veut regarder en direct ou enregistrer
sur son cloud.
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Aereo a d’abord été lancé à New York. Aujourd’hui la start-up s’est largement développée : il est possible d’avoir
accès à la plateforme et donc aux programmes des chaînes hertziennes dans 10 principales villes américaines. La
start-up annonce sur son site que bientôt les habitants de 19 villes pourront profiter de ses services.
Aereo a levé pas moins de 34 millions de dollars en janvier dernier, ce qui porte à 97 millions de dollars le montant
des fonds levés par la start-up depuis sa création.
Un mois plus tard, en février dernier, les chaînes de télévision remportaient leur première victoire juridique sur Aereo :
un juge de l'Utah a ordonné l’interdiction du service dans huit Etats américains, le Colorado, le Kansas, l'Oklahoma, le
Nouveau-Mexique, l'Utah le Wyoming, l'Idaho et le Montana.
3- Au cœur du débat : l’avenir de la télévision et du cloud
On pourrait croire que c’est une aubaine pour les chaînes hertziennes d’être diffusées plus largement (c’est l’avis de
Jim Edwards dans le Business Insiders ou d’Al Lewis dans le Wall Street Journal). Il n’en est rien, car ces chaînes, de
fait, ne sont pas vraiment gratuites pour une grande partie des Américains qui préfèrent les regarder via les offres
payantes des câblo-opérateurs. Ces derniers paient d’importants droits de retransmission. Si la Cour donne raison à
Aereo, seront-ils toujours d’accord pour payer ces droits ? Il s’agirait d’un manque à gagner très important pour les
chaînes hertziennes.
La situation est préoccupante aussi pour les câblo-opérateurs qui risquent de perdre une part essentielle de leur offre
basique alors que le phénomène du cord-cutting se poursuit : de nombreux téléspectateurs renoncent à leur
abonnement au câble pour se tourner vers des programmes diffusés en ligne - notamment sur les plateformes de
streaming comme Netflix ou Amazon, mais aussi vers Aereo qui complète parfaitement les offres de films et de séries
avec les chaînes généralistes que sont les networks.
Pour ses détracteurs, en reprenant – et en offrant la possibilité de stocker – les programmes sans avoir payé le
moindre droit de retransmission, Aereo enfreindrait le Copyright Act. Si les anti-Aereo affirment que la start-up vole
les programmes TV, celle-ci considère que les consommateurs n’en font que des copies privées. Pour preuve,
chaque abonné se voit attribué une mini-antenne individuelle (à distance) pour capter le signal hertzien de la station
locale – d’où l’importance de l’aspect géo-localisé de l’offre. Cette mini-antenne peut être assimilée à l’antenne râteau
traditionnelle individuelle. Quant au DVR virtuel, c’est une zone de stockage individualisé dans le cloud. Il rend le
même service qu’une cassette VHS.
Pour le CEO d’Aereo, Chet Kanojia, il ne s’agit donc pas là d’un nouveau concept. Il a bon espoir que « la justice
préservera le droit des consommateurs à avoir accès à la télévision hertzienne en utilisant une antenne individuelle, à
utiliser un DVR pour enregistrer pour lui-même (personal recording) des programmes qu’il pourra ensuite regarder sur
le support (device) de son choix ». Il considère que « les chaînes demandent à la Cour d’empêcher les
consommateurs d’utiliser le cloud pour avoir accès à une antenne et à un enregistreur de notre temps. Elles
demandent cela à la Cour (…) pour protéger un business model dont le succès repose sur l’élimination de la mise en
concurrence et l’impossibilité pour le consommateur de choisir l’offre qu’il préfère. Les chaînes ne devraient pas
tenter de s’appuyer sur le Copyright Act pour défendre ce qu’elles pensent être le business model le plus lucratif pour
elles, aux dépens des consommateurs. » (Voir l’interview de Chet Kanojia).
Les associations de consommateurs soutiennent la position d’Aereo (The Consumer Federation of America and
Consumers Union). D’ailleurs Aereo tente de mobiliser l’opinion publique et a lancé une campagne sur un site Internet
intitulé « Protect My Antenna .org ». On y trouve les arguments pro-Aereo développés de façon très pédagogiques
ainsi que les déclarations de soutien (« Opinions » et « Amicus Briefs ») des différents acteurs du secteur.
4- Le débat divise le secteur audiovisuel
Aereo a des alliés de poids, notamment, les acteurs de l’économie numérique comme Yahoo ! Google, Facebook,
Microsoft qui font partie de la Computer & Communications Industry Association (CCIA) car en filagramme sont
posées les questions liées au cloud. L’interdiction d’Aereo et de son DVR virtuel (dans le cloud) risquerait de mettre
en péril l’industrie naissante du cloud. L’enjeu va bien au-delà de la question de l’avenir de la télévision.
L’administration Obama a elle pris position contre Aereo. Le bureau du Solicitor General (Conseiller du Ministre de la
Justice) a en effet présenté un Amicus Brief (argumentaire de soutien juridique) d’une quarantaine de pages à la Cour
Suprême en faveur des chaînes. Mais il est bien spécifié dans ce Brief (page16) que reconnaître l’illégalité d’Aereo ne
devrait pas « remettre en question la légitimité des entreprises qui utilisent Internet pour offrir aux consommateurs de
nouvelles solutions pour stocker, écouter ou regarder les copies des œuvres qu’ils ont légalement acquises. » C’est
aussi la position d’autres acteurs comme Cablevision, un important câblo-opérateur qui a récemment lancé son
système d’enregistrement dans le cloud. Pour l’entreprise, certes Aereo « vole les programmes TV », mais il est
essentiel que la Cour Suprême ne prenne pas une décision qui risquerait de mettre en cause sa propre technologie
basée sur le cloud.
Parmi les opposants à Aereo, aux côtés des broadcasters, on trouve les principaux câblo-opérateurs, les syndicats
des talents de la télévision ainsi que les studios (au nom du droit d’auteur), ou encore les leagues sportives qui
monnaient très cher les retransmissions de matchs.
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Finalement, cette scission dans l’industrie audiovisuelle n’est pas sans rappeler celle que l’on avait observée au
moment des débats sur SOPA et PIPA. Si ces projets de loi ont été reportés, il faudra bien que la cour suprême
tranche sur le cas d’Aereo.
Le verdict est attendu pour juin 2014.
Conclusion
L’affaire Aereo fait autant de bruit dans le monde audiovisuel américain parce qu’elle est au coeur d’importants enjeux
actuels : le cord cutting (le fait de résilier son abonnement au câble) ; les questions liées à la bande passante
nécessaire pour le streaming sur Internet et pour laquelle la neutralité du Net est remise en cause par la FCC ; les
technologies des télévisions connectée, box et autres devices ; le Copyright Act, dont la réforme est régulièrement
reportée depuis le tollé provoqué par les débats sur SOPA et PIPA.
L’affaire peut rappeler le conflit qui a opposé France Télévisions et PlayTV, le service français de streaming TV sur
Internet qui diffuse en direct plus de 50 chaînes et qui revendique 30 % du marché de la télévision en temps réel sur
Internet en France (2,5 millions de visiteurs uniques mensuels). Il faut cependant souligner que PlayTV est gratuit
(financé par la publicité), et ne permet pas l’enregistrement de programmes – simplement la catch-up ou replay (en
revoyant sur des sites comme Pluzz.fr). Saisi en 2013, le CSA avait accordé à PlayTV un délai pour lui permettre
« d’assurer la mise en conformité de ses activités, tout en rendant possible qu’entre-temps les conditions requises
pour la diffusion de programmes publics soient élargies et incluent alors, le cas échéant, une contribution
compensatoire du bénéficiaire d’une telle diffusion ». PlayTV a depuis instauré un système d’abonnement (gratuit)
obligatoire pour les utilisateurs du site, afin de pouvoir invoquer la loi de 1986 qui instaure pour les distributeurs (donc
PlayTV) une obligation de reprise, dite de «must carry», des chaînes publiques.
Il sera intéressant, dans ce contexte, de connaître la décision de la Cour Suprême aux Etats-Unis.
Pervenche Beurier
Sources:
https://aereo.com/about
http://www.protectmyantenna.org/
AEREO CEO: Our Investors Can Kiss $97 Million Goodbye If The Supreme Court Rules Against Us, Business Insider,
27 mars 2014
Obama administration sides against Aereo, CNN Money, 4 mars 2014
Aereo, le « voleur de signal TV » qui affole les grandes chaînes américaines, La Tribune, 14 octobre 2013
Why It Would Be A Disaster If The Supreme Court Banned Aereo, Business Insider, 22 Avril 2014
Aereo Shines With Limited Live TV on the Go, Wall Street Journal, 18 juillet 2012
Who Stands to Gain From the TV Networks Vs. Aereo? , Wall Street Journal, 27 avril 2014
Supreme Court Conflicted on Legality of Aereo Online Video Service, Wall Street Journal, 22 avril 2014
Amicus Brief de l’administration Obama (du bureau du Solicitor General)
Règlement de différend opposant la société Playmédia à France Télévisions, CSA, 30 juillet 2013
PlayTV
PlayTV.fr vs France Télévisions : Touche pas à mon flux TV !, zdnet.fr, 01 août 2013
Rapport de la WGA (Writers Guild of America) sur la diversité
Le rapport analyse l’emploi dans l’industrie de la télévision et du cinéma entre 2011 et 2012, en prenant plus
particulièrement en considération la place des femmes, des minorités et des seniors.
La Writers Guild of America (WGA), l’association professionnelle américaine de scénaristes, a publié fin mars son
rapport annuel analysant l’évolution de la diversité à Hollywood, le Hollywood Writers Report. C’est le neuvième
rapport que commande le syndicat américain. Le dernier date de 2011. Le rapport attache une attention toute
particulière à trois catégories d’auteurs - les femmes, les minorités et les séniors – qui traditionnellement sont sousemployées. La WGA constate de légers progrès en ce qui concerne l’emploi des minorités et des femmes à la
télévision mais un déclin de la diversité chez les scénaristes de cinéma.
« En matière d’emploi et de revenu, les femmes et les minorités ont progressé à la télévision, même s’ils restent bien
moins nombreux que leurs homologues hommes et blancs », signale Darnell M. Hunt, auteur du rapport et directeur
du Centre d'Etudes Africaines et Afro-américaines de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).
« Malheureusement, on ne peut pas en dire autant du secteur cinématographique. Depuis le dernier rapport, nous
n’avons observé aucun progrès quel que soit le groupe pris en compte. Pire encore, en comparaison avec un auteur
masculin et blanc, les femmes et les minorités ont même perdu du terrain. »
L’étude conduite par Dr. Hunt montre que, si l’emploi des femmes et des minorités à Hollywood a considérablement
augmenté au cours des dix dernières années, ils restent aujourd’hui largement sous-représentées et la situation
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actuelle est très éloignée de la réalité démographique des Etats-Unis. Les chiffres sont éloquents. A la télévision,
seuls 27% des scénaristes sont des femmes.
Toutefois, les écarts de revenus entre les sexes se réduisent : les femmes scénaristes à la télévision gagnent 92% du
salaire de leurs homologues masculins.
Au cinéma, la situation est encore plus alarmante et les inégalités ont encore augmenté depuis le dernier
rapport. Seuls 15% des scénaristes de cinéma sont des femmes et elles gagnent en moyenne 23% de moins que
leurs collègues masculins. Les minorités, qui représentent 37% de la population américaine (2010), sont les plus
défavorisées dans l’accès à l’emploi dans ces secteurs : seuls 11% des scénaristes de télévision et 5% et des
scénaristes de cinéma sont issus des minorités.
L’auteur du rapport rappelle que « beaucoup de travail reste à faire ». Dr. Hunt exhorte les chaînes de télévision, les
studios, les agents à « redoubler d’effort pour que de réels progrès soient accomplis puis préservés » pour que
« l’industrie de l’image soit fidèle à la diversité de ses spectateurs. »
WGA Jobs Report: Women, Minority Writers Lose Ground in Film, Make Small Gains in TV, Variety, 14 avril 2014
Le projet de fusion Comcast /Time Warner présenté devant le Sénat
Le 9 avril 2014, le Sénat a tenu sa première audition sur le projet de fusion entre les câbloopérateurs Comcast et
Time Warner. La fusion, estimée à 45 milliards de dollars, devra être autorisée par la FCC et le Department of
Justice. Cette audition a mis en lumière les principales inquiétudes du Sénat au regard de trois préoccupations: la
protection du consommateur, le respect de la liberté d’expression et la neutralité du net.
Un risque pour la concurrence ?
Le projet de fusion soulève notamment la question de la consolidation du marché des télécommunications. Les deux
câbloopérateurs assurent qu’une fusion des deux entités permettrait d’accroître la compétition, notamment face à
AT&T et Verizon, voire face à de nouveaux acteurs tels que Google Fiber. Les représentants de Comcast et Time
Warner ont appuyé leur argumentation sur leur objectif commun de développer de meilleurs services et des débits
supérieurs grâce à des économies d’échelles.
Les membres du Sénat auditionnés ont manifesté leur scepticisme. Le sénateur démocrate Al-Franken (D-Minn) a
pointé le risque lié à la taille de la nouvelle entité. Elle serait si grande qu’elle pourrait contrôler à la fois le marché du
câble et de la fourniture d’accès à Internet. Time Warner et Comcast ne se concurrencent sur aucun marché
localement. L’entité issue de leur fusion disposerait d’un tiers des parts de marchés pour la fourniture de télévision
par câble et 35 à 40% des parts de marché pour la fourniture d’accès à Internet. Pour le sénateur républicain Mike
Lee (R-Utah) le marché du câble ne présente pas le même degré de concurrence (« robust competition ») qu’offrent
les autres marchés. A ce titre, la fusion pourrait consolider le marché plus qu’elle ne semble promouvoir une réelle
compétition entre opérateurs.
Un risque pour la liberté d’expression
Le sénateur Lee s’est inquiété également des rapports entre l’entité issue de la fusion et les Démocrates dans le
système de financement de la vie politique aux Etats Unis. Selon la Sunlight Foundation, les deux entreprises
auraient dépensé 143,5 millions de dollars en lobbying auprès du Congrès depuis 1989. Elles auraient contribué à
hauteur de plus de 500 000 dollars aux campagnes présidentielles de Barack Obama. En outre, Comcast possède le
groupe de média et télévision NBC Universal ; le sénateur républicain a évoqué la possibilité, en cas de fusion
Comcast/Time Warner, qu’une entreprise de cette taille puisse influencer le débat politique par le choix des
programmes qu’elle diffuserait au sein de près d’un tiers des foyers américains.
Neutralité du net
Enfin, la neutralité du net a également été évoquée par les sénateurs. Patrick Leahy (D-Vt) a rappelé les prises de
position de Comcast lors de son acquisition de NBC Universal en 2011. Comcast s’était alors engagée à respecter le
principe de neutralité du net sur son réseau en ne privilégiant aucun contenu, condition sine qua non à l’autorisation
de rachat accordée par le régulateur.
Selon P. Leahy, ces engagements devraient être étendus à l’entreprise fusionnée et constituer ainsi un seuil minimum
de protection du principe.
Guilhem Fenieys
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
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Pour la première fois, les annonceurs dépensent plus sur Internet qu’à la télévision (hors câble)
Aux Etats-Unis, les annonceurs dépensent désormais plus sur Internet qu’à la télévision (hors câble) pour promouvoir
leurs produits et leurs marques. Ce nouveau rapport de force est une conséquence directe de l’augmentation
considérable du prix des espaces publicitaires sur les plateformes digitales. Selon une récente étude de l’Interactive
Advertising Bureau (IAB), les revenus de la publicité en ligne ont augmenté de 17% en 2013 pour atteindre le chiffre
record de 42,8 milliards de dollars.
Les achats annuels d’espaces publicitaires sur les appareils mobiles s’élèvent à 7,1 milliards de dollars en 2013, soit
une augmentation de 3,4 milliards de dollars par rapport à 2012. Les vidéos en ligne ont rapporté 3 milliards de
dollars en revenus publicitaires tandis que les moteurs de recherche, qui restent le support privilégié des annonceurs,
ont rapporté 18,4 milliards de dollars.
En comparaison, les revenus de la publicité télévisée (non-câblée) culminaient à 40,1 milliards de dollars l’année
dernière. Néanmoins, si l’on compte les publicités diffusées sur le câble, les annonceurs dépensent toujours plus en
télévision que sur Internet. En effet, l’ensemble des dépenses publicitaires à la télévision (câble compris) est estimé à
74,5 milliards de dollars.
Google, Facebook et Twitter se partagent à eux trois la majorité des gains. Ces sociétés, tout comme Yahoo et
Youtube, luttent plus particulièrement pour améliorer leur part du marché publicitaire à destination du jeune public.
En 2013, les principaux acheteurs de publicités en ligne étaient les détaillants de vêtements – avec 21% des
annonces – suivis des services financiers et de l’industrie automobile.
Le magazine américain Variety souligne l’importance de cette étude à l’heure où s’ouvre à New York la saison des
Digital Content NewFront, événements durant lesquels se vendent les espaces publicitaires online (sur AOL, Hulu,
Google, Microsoft, Yahoo…etc.). Ces newfront se déroulent parallèlement aux traditionnels upfront durant lesquels se
vendent les espace publicitaires TV. L’étude est d’autant plus significative que l’IAB compte parmi ses membres plus
de 600 acteurs de la publicité sur Internet aux Etats-Unis.
Advertisers Spend More Online Than on Broadcast TV for the First Time, Variety, 10 avril 2014
Les Américains passent désormais plus de temps sur Internet que devant leur télévision
Un nouveau seuil a été atteint aux Etats-Unis. L’année dernière, les Américains ont passé pour la première fois plus
de temps sur Internet que devant la télévision.
Une étude réalisée par eMarketer montre que les appareils numériques connectés sont désormais les premiers
écrans utilisés. Ils représentent 43,4% du temps consacré aux médias par un adulte américain moyen contre 37,5%
pour la télévision. Le terme de « médias » dans l’étude comprend la télévision (regardée sur le poste TV), Internet
(sur tous les supports), la radio et la presse écrite (lue sur papier).
Selon l’étude, le temps passé sur Internet va encore augmenter pour représenter en 2014, 47,1% du temps consacré
aux médias soit 5 heures et 46 minutes par jour, contre 36,5% pour la télévision (4 heures et 28 minutes). L’étude
prend en compte tous les supports (ordinateurs, appareils mobiles connectés à Internet comme les smartphones,
tablettes, smartTV permettant de regarder des programmes en streaming ou consoles de jeu permettant de jouer en
ligne).
Les appareils mobiles sont les principaux responsables de cette évolution. « En 2014, le temps passé sur les
appareils mobiles par un américain moyen va encore augmenter de 23%», prédit le rapport. La croissance est
spectaculaire : il y a quatre ans, les appareils mobiles ne représentaient que 3,7% du temps consacré aux médias.
La suprématie des appareils mobiles entraîne également le déclin des ordinateurs de bureau ou portables qui sont de
moins en moins utilisés. En 2014, les ordinateurs représenteront seulement 18% du temps consacré aux médias en
ligne, soit 2 heures et 12 minutes de connexion journalière via PC.
En troisième position, la radio continue de chuter. Les Américains ne consacrent plus que 10,9% de leur temps à ce
média contre 14,9% en 2010. Toutefois, c’est la presse écrite (sur support papier) qui souffre le plus du passage au
tout-numérique. En 2010, elle représentait encore 7,7% du temps consacré aux médias. En 2014, ce chiffre a diminué
de plus de la moitié et peine à atteindre les 3,5%, soit une trentaine de minutes par jour – 14 minutes pour les
magazines et 12 minutes pour les journaux. Mais il faut souligner – et c’est probablement une faille de cette étude –
que ces chiffres ne prennent pas en compte la lecture de la presse en ligne et le temps passé sur les sites Internet
des grands groupes de presse (compté dans le temps passé en ligne).
Enfin, il est important de préciser que le multitasking (utilisation simultanée de plusieurs écrans) a été pris en compte
dans les résultats de l’étude.
Fact – We now use the web more than TV, MediaLife Magazine, 24 avril 2014
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Facebook acquiert Oculus VR pour 2 milliards de dollars
Quelques semaines après le rachat de Whatsapp, Facebook a annoncé l’acquisition d’Oculus VR pour la somme de 2
milliards de dollars. La start-up Oculus VR développe un casque (Oculus Rift) permettant une expérience d’immersion
en réalité augmentée. Cette nouvelle acquisition illustre la stratégie à long terme de Facebook notamment sur le
marché des jeux vidéo et de la réalité virtuelle.
Facebook anticipe la prochaine révolution du jeu vidéo
Facebook ne figure pas parmi les leaders du jeu vidéo mobile. Les magasins d’applications sont aujourd’hui détenus
par Google et Apple. Facebook ne représente que l’application « sociale » de la plupart de ces jeux sur mobile : le
réseau social permet par exemple aux joueurs de s’identifier et de partager leurs scores. Néanmoins, le rachat
d’Oculus permet à Facebook d’investir sur la « réalité virtuelle » avant les autres géants de l’Internet.
Après l’annonce de cette acquisition, Mark Zuckerberg confiait qu’Oculus avait le potentiel pour devenir la plateforme
« la plus sociale au monde » et qu’il espérait faire de la réalité virtuelle une application d’utilité quotidienne des
utilisateurs de réseaux sociaux. Plusieurs applications pourraient être développées dans les domaines de la
télémédecine, de l’éducation ou même du e-commerce.
L’« equity based crowdfunding » en question
En 2012, l’« Oculus Rift Project » – premier prototype d’Oculus VR- avait levé 2,4 millions de dollars via la plateforme
de financement participatif Kickstarter. Aujourd’hui, plusieurs des contributeurs s’estiment lésés d’avoir financé un
projet qui in fine pourrait profiter à Facebook, sans contrepartie financière. Dans l’objectif de développer les startups,
le Jumpstart Our Business Startups Act (ou JOBS Act) de 2012 prévoit d’autoriser le recours à l’ «equity
crowdfunding», permettant aux startups de lever jusqu’à 1 million de dollars sur 12 mois auprès d’internautes, et ce,
en échange d’actions. Le SEC finalise actuellement le cadre règlementaire encadrant ce type de pratique.
Guilhem Fenieys
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
Apple et Comcast pourraient mettre en place un nouveau service de streaming vidéo
Le Wall Street Journal (WSJ) révélait lundi 24 mars les négociations entamées entre le câbloopérateur Comcast et
Apple afin de proposer un service de streaming vidéo. Le service utiliserait une version mise à jour de l’Apple TV –
reprenant le modèle des « box » des fournisseurs d’accès à Internet – et bénéficierait du réseau de Comcast.
Un rapprochement entre fournisseurs de services et opérateurs de télécommunications
Cet accord pourrait constituer une nouvelle forme d’intégration des fournisseurs de services sur la chaîne de valeur
du numérique. En l’espèce, Apple souhaite offrir en streaming des programmes TV en direct, un service de vidéo à la
demande, des applications ou encore des jeux par le biais de sa « box ». Toutefois, pour que la qualité de service soit
optimale, ce type d’application requiert un niveau suffisant de bande passante. C’est pourquoi Apple pourrait
bénéficier d’un « pipe » unique par lequel Comcast acheminerait ses contenus jusqu’à l’utilisateur – sur le « last mile
» dernière portion du réseau reliant l’utilisateur final – en échange d’une contrepartie financière. Cet accès à une
forme de canal privilégié sur la bande passante de Comcast garantirait le bon acheminement du service et des
contenus, évitant la congestion.
La neutralité du net questionnée
Selon la presse, ce canal privilégié distinguerait l’accord Apple/Comcast de l’accord Comcast /Netflix annoncé il y a
quelques semaines. Ce dernier permettra à Netflix d’acheminer ses contenus sur le réseau de Comcast.
L’acheminement de contenus Apple via un canal privilégié tout en assurant une qualité de service optimale pour les
utilisateurs, permettrait le respect des engagements pris par le câbloopérateur en termes de neutralité du net. En
2011, lors du rachat de NBC Universal par Comcast, la (Federal Communications Commission, (FCC) avait imposé à
ce dernier de ne pas « discriminer » de manière déraisonnable les flux des fournisseurs de services. En disposant
d’un tuyau dédié, les contenus d’Apple ne seraient pas priorisés au sens de cette règle. Le respect de cet accord
apparaît d’autant plus important que la FCC et le Department of Justice se prononceront bientôt sur le projet de fusion
entre Comcast et Time Warner.
Un concurrent sérieux pour Netflix ?
L’arrivée d’Apple sur le marché du streaming vidéo pourrait remettre en cause la prééminence de Netflix. La capacité
de trésorerie du géant Apple pourrait par exemple lui permettre d’acquérir l’exclusivité de certains programmes.
ww.mediamerica.org
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Pour Comcast, il s’agirait d’une opportunité de s’installer de manière durable sur le marché du streaming vidéo.
L’opérateur pourrait conserver une partie de la clientèle qui délaisse actuellement les modèles de TV payante pour
les plateformes de vidéo à la demande – 15,5 millions d’Apple TV ont été vendues depuis 2012. Depuis l’annonce
des négociations entre Comcast et Apple, le titre Netflix a perdu près de 16% de sa valeur, dont 10% dès le
lendemain des révélations du WSJ.
Guilhem Fenieys
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
Yahoo se lance sur le marché des séries TV
Yahoo nourrit de grandes ambitions sur le marché de la télévision et de la VoD. Le Wall Street Journal (WSJ)
dévoilait au début du mois d’avril que le groupe dirigé par Marissa Mayer avait l’intention de développer des
programmes originaux, sur le modèle des grandes chaînes du câble comme HBO ou des plateformes de streaming
comme Netflix. Selon le Wall Street Journal, le géant américain cherchait des réalisateurs, des scénaristes et acteurs
expérimentés pour développer des séries au succès mondial comme Netflix avec House of Cards ou HBO avec True
Detective. La rumeur laissait entendre que la directrice générale de la société, Marissa Mayer, allait présenter les
nouvelles séries TV du groupe aux publicitaires présents le 28 avril lors du Digital Content Newfront (événement à
l’occasion duquel le groupe présente son calendrier et les programmes de l’année à venir aux agences de publicités
pour vendre les espaces publicitaires avant le début de la nouvelle saison).
La rumeur a été confirmée : le 28 avril, Yahoo a présenté officiellement les deux premiers programmes originaux du
groupe : Sin City Saints et Other Space. La production devrait commencer dans les prochaines semaines et leur
diffusion est prévue en 2015. Ces programmes seront diffusés en exclusivité sur la plateforme Yahoo et disponibles
gratuitement. Les amateurs du binge-watching seront ravis : les saisons de 8 épisodes de 30 minutes seront mises à
disposition en une fois. Sin City Saints bénéficiera de l’expertise de Mike Tollin, producteur de Smallville et des frères
Scott, et du réalisateur Bryan Gordon. La série suivra une équipe de basketball de Las Vegas. La deuxième série
annoncée, Other Space, marquera le retour du producteur et réalisateur Paul Feig qui a travaillé sur de nombreuses
séries (Freaks & Geeks, Mad Men, The Office, Arrested Development) et dont le long-métrage Mes meilleurs amies
(2011) a connu un important succès.
Yahoo arrive assez tardivement sur le marché hautement concurrentiel des séries télévisées. En plus des
nombreuses chaînes du câble, des nouveaux arrivants comme Netflix, Amazon ou encore Hulu luttent pour les
meilleurs programmes originaux. Le groupe doit faire face à une difficulté supplémentaire : la plupart des utilisateurs
de Yahoo se connectent via des ordinateurs ou des appareils mobiles pour regarder les vidéos en ligne. C’est
pourtant sur les écrans TV que ces nouvelles séries réaliseraient les meilleures audiences.
Le paysage audiovisuel et les habitudes des consommateurs ont considérablement évolué au cours des dernières
années favorisant ainsi l’émergence de nouveaux modèles de distribution. Si les Américains continuent de regarder la
télévision – 283 millions de téléspectateurs par mois selon Nielsen - de plus en plus d’utilisateurs visionnent leurs
programmes en différé, à la carte. Toujours plus de téléspectateurs sont des adeptes du binge-watching. Le WSJ
signalait déjà en décembre 2012 qu’«environ la moitié des spectateurs étudiés finissent une saison (jusqu’à 22
épisodes) en une semaine». Enfin, de plus en plus de clients se désabonnent du câble pour n’utiliser plus que des
services en ligne. On appelle ce phénomène le cord-cutting. Les plateformes qui produisent leurs propres émissions –
comme Netflix avec Orange is the New Black et Amazon avec Alpha House – présentent une vitrine idéale pour
attirer de nouveaux abonnés.
Yahoo essaye de tirer à son tour profit de ces évolutions et travaille sur plusieurs fronts pour améliorer son offre de
contenu. L’offre de vidéos en ligne est au cœur de sa stratégie depuis l’arrivée de Marissa Mayer à la tête du groupe.
Yahoo s’est déjà essayé à la production de séries originales par le passé – avec Electric City par exemple, un dessin
animé réalisé par Tom Hanks et lancé en 2012 – mais sans grand succès. Le mois dernier, le WSJ rapportait que le
groupe avait entamé des discussions pour l’acquisition du service de vidéos en ligne, News Distribution Network Inc.,
évalué à près de 300 millions de dollars. Toutefois, la société américaine peine à se faire une place dans un marché
ultra concurrentiel, notamment dans le domaine de la publicité en ligne dominé par Google et Facebook. En janvier,
Yahoo a même connu une baisse de ses revenus publicitaires (-1,7%), pour le quatrième trimestre consécutif.
En diversifiant l’offre de contenus et en augmentant la durée des vidéos visionnées par ses utilisateurs, Yahoo
souhaite clairement attirer de nouveaux annonceurs et donc augmenter ses revenus. La société américaine a un long
chemin à parcourir pour renforcer sa position face à Youtube (Google), qui est de loin le premier service de vidéos en
ligne avec 12,6 milliards de visionnages en janvier contre 384 millions pour Yahoo (source : comScore). Avec des
web-séries innovantes, Yahoo espère persuader certains annonceurs de déplacer une partie de leur budget
normalement réservé à la TV vers le Web.
Yahoo Makes New Push Into Video Content, WSJ, 6 avril 2014
Autre : Yahoo Rolls the Dice on TV, New York Times, 14 avril 2014
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Amazon achète pour 300 millions de dollars les droits de diffusion des séries d’HBO
Amazon a décidé d’enrichir son catalogue de programmes et d’y mettre le prix. De nombreuses sources rapportent
que la société américaine fondée par Jeff Bezos va payer à la chaîne du câble HBO 300 millions de dollars sur les
trois prochaines années pour pouvoir diffuser ses programmes originaux. Ces nouvelles acquisitions seront
disponibles à partir du 21 mai 2014, non seulement sur son service de visionnage par abonnement – Prime Instant
Video - mais aussi sur Fire TV, le nouveau boîtier TV de streaming d'Amazon.
Présentée au début du mois d’avril 2014 à New York, la Fire TV, concurrente directe de l’Apple TV et de Chromecast
(Google), propose de nombreuses applications préinstallées - Prime Instant Video, Netflix, Hulu Plus, Vevo, Vimeo ou
encore AOL – en plus de grandes chaînes du câble comme ESPN ou Showtime. Jusqu’à présent, les experts
notaient l’absence de HBO Go - pourtant proposée par les boîtiers concurrents.
C’est la première fois qu’HBO accepte de vendre ses programmes originaux à une plateforme de contenus. La chaîne
payante se réserve traditionnellement la diffusion exclusive de ses programmes. Toutefois, cet accord ne remet pas
véritablement en cause le modèle de la chaîne car l’accord ne concerne que les programmes télévisés datant de plus
de trois ans. HBO conserve donc l’exclusivité sur ses émissions les plus récentes et les plus populaires – comme
Game of Thrones ou True Detective. Les abonnés d’Amazon auront donc accès aux grands classiques du catalogue
HBO comme The Sopranos (1999-2007), The Wire (2002-2008), Six Feet Under (2001-2005) ou encore Band of
Brothers (2001).
Avec cet accord, Amazon renforce sa position dans le secteur audiovisuel. Si la somme est conséquente, elle ne
représente qu’une partie du budget que consacre l’entreprise de commerce en ligne à l’achat de contenus. Pour les
plateformes vidéo, les programmes d’HBO sont un excellent investissement en raison de leur très grande popularité.
Amazon s’est donc parfaitement replacé dans la course aux contenus à laquelle se livrent les services de streaming
et de télévision par abonnement. Rappelons que Netflix ne propose actuellement aucun programme d’HBO.
HBO’s Amazon Haul Is Big – But Not As Big As You Might Think, Recode, 23 avril 2014
Amazon's Deal With HBO Leapfrogs Streaming Rivals,Bloomberg Business Week, 23 avril 2014
Netflix, Hulu Plus, Other Streaming Apps Available on Amazon's Fire TV, The Hollywood Reporter, 2 avril 2014
AOL va proposer des films de Miramax gratuitement en ligne
AOL (America On Line) a conclu un accord avec la société de production et de distribution de cinéma Miramax lui
permettant de proposer aux internautes américains une sélection de longs métrages accessibles gratuitement sur sa
plateforme AOL On. Cette plateforme propose surtout des clips, des séries et des vidéos au format court classés en
18 « chaînes » : sport, entertainment, food, news, parenting ... Pour alimenter le site sur ces différentes thématiques,
des partenariats ont été développés avec d’autres medias comme la chaîne de sport ESPN ou les journaux Time,
The Wall Street Journal, Mashable et The New York Times. L’accord avec Miramax permettra le lancement d’une
nouvelle « chaîne » dédiée aux films.
Le catalogue Miramax contient plus de 700 films dont Pulp Fiction, Chicago, Good Will Hunting, Trainspotting, Le
Journal de Bridget Jones ainsi que les sagas Scream, Scary Movie et Spy Kids. L’accord prévoit qu’AOL donnera
accès à plusieurs dizaines de films du catalogue, renouvelés sur une base mensuelle. La sélection initiale n’a pas
encore été dévoilée.
Ce nouveau service sera financé par les publicités insérées dans les films. Mais Ran Harnevo, président de la section
vidéo d’AOL, se veut rassurant : « Nous ne serons pas trop agressifs et respecterons l’expérience visuelle des
consommateurs ». Les revenus publicitaires sont devenus un domaine stratégique pour le groupe depuis sa
séparation d’avec Time Warner en 2009. Face aux difficultés rencontrées par son moteur de recherche, AOL s’est
tourné vers la publicité en ligne et a investi d’importantes sommes pour l’acquisition de contenus attractifs. En
proposant les films du catalogue de Miramax, AOL espère attirer de nouveaux internautes, et donc potentiellement,
augmenter ses revenus publicitaires.
Il faut souligner que l’accord avec Miramax ne prévoit aucune exclusivité pour AOL. La plateforme va donc proposer
des programmes déjà disponibles sur Hulu, Netflix et Amazon entre autres, et non des contenus premium qui lui
permettraient de se distinguer de ses concurrents. Ran Harnevo a indiqué que son groupe était en discussion avec
d’autres studios afin de diversifier encore son offre de contenus vidéo.
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AOL a aussi commencé à produire des programmes originaux dont de nombreuses web-séries et talk shows, comme
In Short, un programme court d’actualité réalisé par des personnalités (Katie Holmes pour l’épisode 1), ou encore
Park Bench animé par Steve Buscemi. AOL vient aussi d’annoncer la production de Connected, adapté d’un reality
show israélien au succès mondial. Ces programmes sont clairement formatés pour la télévision, à l’heure où de plus
en plus d’utilisateurs regardent AOL On sur leur écran TV. En effet, la plateforme est disponible sur les TV
connectées via Microsoft Xbox 360, Roku, Amazon Fire TV, TiVo and TVs from Sony, Samsung, LG, Panasonic ou
Sharp.
A terme, l’objectif d’AOL est de devenir un fournisseur de contenus vidéos complet proposant toute sorte de
programmes, sans limite de genres ni de formats, des clips de musique aux films en passant par les séries TV.
AOL est le troisième site de vidéos en ligne le plus visité aux Etats-Unis, derrière You Tube et Facebook. En mars
2014, AOL a attiré 69,4 millions de visiteurs uniques pour son onglet Vidéos et ses contenus ont été vus plus de 1,3
milliards de fois.
AOL Launches Free Streaming Movies in Pact with Miramax, Variety, 23 avril 2014
IFPI Digital Music Report : Caractéristiques du marché américain en 2013
Le rapport annuel de l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry) a été publié fin mars et revient sur
les évolutions du marché musical en 2013, année au cours de laquelle l’industrie du disque mondiale a généré
environ 15 milliards de dollars. Le marché américain pèse 4,89 milliards de dollars – un chiffre en hausse de 0,5% par
rapport à l’année précédente –, ce qui représente un peu plus de 30% du marché mondial.
Aux Etats-Unis, les ventes de musique physiques comme numériques ont décliné tout au long de l’année. Le
physique, qui a connu un déclin beaucoup plus rapide que le téléchargement légal (-14,5% vs. -5,7%), reste
cependant majoritaire et représente 59,4% des ventes d’albums l’année dernière. Pour autant, la tendance s’inverse
rapidement et le téléchargement légal devrait dépasser les ventes physiques à partir de 2014 ou 2015.
Cette baisse générale des ventes de musique, et en particulier des ventes numériques (fait inédit depuis l’existence
du téléchargement légal), s’explique non pas par une baisse de la consommation musicale mais par un nouveau
mode de consommation en pleine expansion aux Etats-Unis: le streaming musical. Si l’on ajoute le streaming au
téléchargement légal, le secteur digital américain a généré 2.67 milliards de dollars de revenus en 2013, à savoir plus
de 60% des recettes de la filière (contre une moyenne mondiale de 39%). Les Etats-Unis sont bien le premier pays à
avoir pris le virage digital, qui a permis au marché de se stabiliser et de renouer progressivement avec la croissance.
Plus d’infos : New York Times / Billboard / Rapport IFPI intégral
Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York
Résultats de l’industrie musicale américaine pour le premier trimestre 2014
Les chiffres de l’industrie musicale américaine pour le premier trimestre 2014 ont été publiés début avril par Nielsen
Soundscan. Plusieurs points en ressortent :
Du côté du téléchargement légal, la baisse historique amorcée en 2013 s’accélère – -13,3% en trois mois, l’équivalent
des années noires qu’a connu le CD entre 2007 et 2010. Cette baisse s’effectue cependant au profit du streaming : le
nombre d’écoutes sur les plateformes de type Spotify ou Pandora est en hausse de 36% par rapport au premier
trimestre 2013. Les revenus du streaming sont également en hausse (+30% par rapport à l’année dernière), ce qui
permet en valeur absolue de compenser largement les pertes dues au déclin des ventes numériques. Dernier point :
la baisse des ventes physiques s’accélère, - 20% en trois mois. Un déclin des ventes qui concerne tous les genres
majeurs, à l’exception de la musique électronique, seule à connaître une hausse de 2,7%.
Plus d’infos : Billboard / Music Week
Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York
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Spotify continue de préparer son entrée en bourse
En février, une annonce d’emploi sur le site de Spotify avait mis la puce à l’oreille des médias quant à un éventuel
projet d’entrée en bourse du leader mondial du streaming musical. Si l’information n’est toujours pas officielle, la firme
suédoise continue de semer des indices, notamment en empruntant 200 millions de dollars à plusieurs
établissements bancaires – nouveau signe selon le Financial Times de sa volonté de rejoindre les marchés financiers.
Début mars, Spotify a également racheté The Echo Nest, éditeur d’analyses, statistiques et recommandations
musicales qui compte Deezer et Vevo parmi ses clients. Un nouvel atout à présenter à de potentiels investisseurs.
Si les revenus de la plateforme de streaming s’envolent chaque année, Spotify reste cependant déficitaire. Ce qui
n’est pas forcément un problème : Twitter par exemple, entré en bourse fin 2013, ne dégage pas encore de
bénéfices.
Plus d’infos sur l’entrée en bourse: TechCrunch / Billboard
Plus d’infos sur le rachat de The Echo Nest : Billboard
Information fournie par le Bureau Export de la musique à New York
“Faire entendre la voix de la France aux États-Unis”
Antonin Baudry dirige les services culturels de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Personnage atypique, il a
coécrit la BD “Quai d’Orsay” dont est tiré le film de Bertrand Tavernier.
Quel est votre parcours ?
Après mes études à Polytechnique, j’ai travaillé avec Dominique de Villepin (j’étais en charge de ses discours), puis à
Matignon où j’étais en charge des affaires économiques et culturelles internationales.
Quelles sont les missions que vous avez développées à l’ambassade de France à New York ?
La première mission du service culturel, c’est d’aider tous les Américains qui peuvent faire entendre la voix de la
France aux États-Unis : leaders d’opinion, universités, musées, festivals… Une des priorités pour construire les
relations franco-américaines dans la durée, ce sont des échanges de jeunes qui passent par la création des
partenariats entre les universités françaises et américaines.
Quelle est votre action en matière culturelle ?
Actuellement, nous faisons en sorte de faire mieux connaître les séries françaises, de susciter des achats, des
coproductions, et nous avons mis en place l’événement “Direct to Series” à Los Angeles [voir Mediamerica Décembre
2013]. Nous le reconduisons dès l’automne prochain, car une de nos missions est de soutenir les industries
culturelles françaises.
Nous allons créer une librairie française, avec des livres dans les deux langues, à New York, sur la 5ème avenue,
dans les locaux de l’ambassade à l’automne prochain. Tout cela est financé par des donations et des fondations
aussi bien américaines que françaises. Nous avons levé 5,3 millions de dollars pour la librairie et l‘État met à
disposition les locaux. Ça sera aussi un lieu de débat permanent sur tous les sujets : la politique, le cinéma, la
littérature, l’économie. Le but est d’engager le débat franco-américain par des voix originales et importantes.
Comment conjuguez-vous les cultures américaines et françaises ?
La diplomatie, c’est arriver à se battre avec les armes du pays pour mener à bien chaque projet. Évidemment, je
passe beaucoup de temps à lever des fonds à l’américaine par exemple. Ce qui me paraît positif ici, c’est le rapport
au travail et à l’énergie. Quand on aime travailler, il y a une vraie énergie qui vous pousse en permanence. Le
problème pourrait être, a contrario, ce pouvoir financier par rapport à l’Europe. En France, c’est l’État qui représente
les citoyens, alors qu’aux États-Unis, le soutien est davantage de l’ordre du privé. Ce sont deux modèles différents.
Les deux sont complémentaires !
Les Français sont très bien vus aux USA. D’où provient cette fascination mutuelle ?
Nos valeurs sont différentes mais proches. Il y a une sorte de relation amoureuse, entre attraction et rejet. Nous
cultivons un côté mélancolique qui attire les Américains. Il existe une relation de fascination et d’attirance que je
trouve très belle.
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Le film “Quai d’Orsay” de Bertrand Tavernier sort aux États- Unis. Il est issu d’une bande dessinée (prix du
meilleur album d’Angoulême 2008), dont vous êtes le coauteur. Qu’en pensez-vous ?
En 2008, j’ai eu envie de raconter les choses que j’avais vécues au ministère des Affaires étrangères. Je me suis
associé à Christophe Blain, un excellent dessinateur et auteur. La bande dessinée, éditée par Dargaud, a été
appréciée par ceux qui ont fréquenté les cabinets ministériels et a connu parallèlement un succès populaire. J’ai pris
un nom de plume pour la coécrire, mais je n’ai jamais caché qui j’étais. Je l’ai ensuite publiquement révélé pendant le
festival de la Bande Dessinée d’Angoulême, Bertrand Tavernier l’a lue et nous a contactés. Nous avons travaillé le
scénario. Ça a été une formidable aventure, absolument passionnante.
Il relate les aventures d’un jeune chargé de mission qui écrit les discours d’un ministre. Le protagoniste du
film et sa femme sont franchement vos sosies. Quelle est la part de l’autobiographie de la fiction ?
C’est une fiction inspirée de faits réels. Parfois, c'est dans la fiction qu'on invente le mieux la réalité. Je me sens libre
de m’inspirer de gens que je connais. Mais certains personnages sont des mixs de plusieurs. Que le personnage du
ministre soit inspiré de Dominique de Villepin, ce n’est vraiment pas un mystère ! Et que le personnage de Raphaël
soit inspiré de moi en tant qu’observateur,non plus.
Votre mission arrive à terme en 2015 à l’ambassade. Vous êtes aussi créateur de BD, coscénariste et
diplomate. Comment vous projetez-vous à moyen terme ?
J’ai toujours vécu au jour le jour. Quand j’étais jeune, je pensais que c‘était un handicap. Maintenant, je l’accepte et je
ne me projette pas. Mes fonctions actuelles sont très intéressantes et riches, elles abordent aussi bien l’éducation, le
cinéma, les arts que la littérature.
Propos recueillis par Sandra Muller à New York
La Lettre de l’Audiovisuel est accessible par abonnements uniquement. Pour plus d’information :
[email protected]. Pour consulter quelques articles : lettreaudiovisuel.com.
Succès de la 22ème édition du festival du film français de Richmond, Virginie (27-30 mars 2014)
Cette année encore le French Film Festival de Richmond, dirigé par Peter et Françoise Kirkpatrick, a offert aux
spectateurs un aperçu de la diversité et de l’influence du cinéma français dans le monde. Le festival, dont c’était la
22ème édition, présente des productions françaises récentes et associe des acteurs, réalisateurs producteurs et
personnalités du monde du cinéma français, le tout dans une ambiance chaleureuse. Les films étaient tous présentés
en version sous-titrée en anglais et faisaient l’objet d’un échange avec le public, après chaque projection.
Le festival est très ancré dans la vie culturelle de la Virginie, et attire plus de 20.000 personnes chaque année. La
ville, 200.000 habitants, petite capitale de l’Etat, à deux heures de Washington DC, est parée des couleurs de la
France pendant les 4 jours du festival. Celui-ci se déroule dans le cadre somptueux du Byrd Theater, bâtiment classé
des années 20, une salle de plus de 1.000 places comble à toutes les séances. L’Ambassadeur de France aux EtatsUnis s’est rendu à Richmond cette année pour honorer la cérémonie officielle de présentation du festival.
Aux côtés des 17 longs métrages et des 14 courts métrages inédits, pour la première fois cette année, le festival a
lancé un volet consacré au documentaire. Cette initiative a été soutenue par les Services Culturels de l’Ambassade
de France à Washington. Cette nouvelle section comprenait notamment :
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Le documentaire Cinéast(e)s, coréalisé par Mathieu Busson et Julie Gayet, présenté en ouverture, non
seulement parce que Busson et Gayet avaient évoqué le projet pendant le festival de l’année dernière, mais
également parce qu’il inclut de nombreux entretiens avec des réalisatrices déjà venues présenter leurs films
à Richmond.
Il est minuit, Paris s’éveille, du réalisateur Yves Jeuland, qui témoigne de l’ambiance des cabarets de la
Rive gauche de Paris, des années quarante aux années soixante, pour (re)découvrir entre autres Barbara,
Jacques Brel, Georges Brassens, Juliette Gréco et Pierre Perret à travers d’exceptionnelles images d’archive
et interviews.
Faire quelque chose, de Vincent Goubet, qui présente les témoignages de nombreux résistants de la
Seconde Guerre Mondiale. Un documentaire puissant et bouleversant notamment puisque nombre de ces
hommes et femmes remarquables qui apparaissent dans le film, comme Raymond Aubrac et Stéphane
Hessel sont aujourd’hui disparus.
La Délégation française était particulièrement importante avec une quarantaine de personnes. Le réalisateur, acteur
et producteur Jacques Perrin (Océans, L’Empire du milieu du Sud, Le Peuple migrateur, Le Désert des Tartares, Z,
etc., et acteur dans 128 films) a fait l’objet d’une Carte Blanche. Il a présenté le nouveau documentaire du
réalisateur italien Ettore Scola, Che strano chiamarsi Federico. Le film plusieurs fois récompensé Le Désert des
Tartares, adapté du roman italien de Dino Buzzati, qui faisait également partie de la programmation, donne un
aperçu, avec son casting international, de la connexion établie à travers la carrière de Perrin entre les cinémas
français et italien. Josiane Balasko, pour son film Demi-sœur, faisait aussi partie des invités vedettes de cette édition.
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Le French Film Festival de Richmond a également bénéficié d’une collaboration étroite avec la Commission
Supérieure Technique de l’Image et du Son (CST) pendant toute la durée du festival pour assurer la qualité de
l’image et du son.
Enfin, l’implication des deux universités de Richmond a été remarquable. Virginia Commonwealth University et
University of Richmond sont les deux soutiens académiques du French Film Festival de Richmond. Des masters
class ont été organisées avec les membres de la délégation française dans les deux universités.
Avec ComiXology, Amazon fait l’acquisition d’un pilier de l’empire de la bande dessinée
Amazon a acheté ComiXology. L’information est d’une importance capitale : elle signifie que la plus grande
plateforme mondiale de vente de livres en ligne détient à présent la compagnie qui a permis au circuit distribuant les
bandes dessinées au format numérique d’atteindre le grand public, forçant par la même occasion les grandes
maisons d’édition telles DC et Marvel à publier une offre numérique en même temps que la sortie du livre papier.
On ne saurait minimiser le rôle de ComiXology dans l’univers de la bande dessinée numérique et dans la transition de
l’imprimé vers le numérique. Mais ce n’est pas le seul avantage qu’Amazon obtient avec ce rachat. Amazon acquiert
aussi du même coup les contacts professionnels noués par ComiXology avec les principaux éditeurs de bande
dessinée, dont font partie Marvel et DC. Il accède à l’exploitation des licences des produits dérivés en version
numérique issus des productions cinématographiques à grand succès comme The Avengers, Spider-man ou encore
X-Men, pour n’en citer que quelques-unes.
Amazon a récemment signalé vouloir associer ses gammes de produits entre elles, notamment avec le lancement de
la Fire TV. La Fire TV est présentée comme un lecteur compatible avec la gamme d’appareils Kindle Fire. On peut
jouer aux jeux vidéo tout en enregistrant un programme grâce au partage d’écran, et de nombreuses autres
fonctionnalités sont à venir. Le fait que ComiXology fasse désormais partie du catalogue Amazon ouvre des
opportunités de développement multiplateformes et transmédia pour les bandes dessinées numériques. On connaît le
potentiel des applications adaptées des productions de film Marvel, mais on peut imaginer également une
prolongation aux jeux vidéo.
Il eût été difficile de trouver meilleur candidat pour Amazon que ComiXology. La compagnie est parfaitement en
phase avec les ambitions d’Amazon dans l’univers numérique, et a également accompli bon nombre d’actions pour
améliorer l’état de la BD numérique en général. Grâce à ce rachat, Amazon obtient la première plateforme de
distribution de BD numériques, et accède aussi à de multiples possibilités de ventes et publicités croisées. Quand on
cherche à bâtir un empire de media et de supports de contenu, ce n’est pas une mince victoire.
Mise à jour :
Le 11 avril dernier, Amazon rachetait ComiXology, plateforme de distribution de bande dessinées numérique et par la
même occasion, les applications iOS et Android. Auparavant, à travers ces applications, Apple et Google prenaient
au passage une petite commission lors de l’achat de chaque BD.
Or, à présent, à travers une mise à jour, Amazon a supprimé l’achat via ces applications, obligeant les lecteurs à
acheter leurs ouvrages via le site mobile de la marque. Les lecteurs sont désormais contraints de restaurer leurs
livres achetés et de naviguer sur un site moins ergonomique.
With Comixology, Amazon Acquires A Piece Of The Comic-Based Media Empire, Techcrunch, 13 avril 2014
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