JET09 Education - Polytech Annecy
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JET09 Education - Polytech Annecy
Avec plus de 500 participants, la troisième édition des Journées Européennes du Tolérancement a connu un réel succès. Elles ont témoigné une nouvelle fois du dynamisme de l'innovation française dans le domaine de la qualité géométrique des produits. Organisées les 24 et 25 mars 2009, sous l'égide du pôle de compétitivité Arve Industrie, par le CTDEC, Thésame, Polytech'Savoie - Université de Savoie, l'IUT d'Annecy - Université de Savoie et le lycée Lachenal, ces journées ont été structurées en deux thématiques : la formation avec JET Education et l'industrie avec JET Industrie. L'édition 2009 a innové en termes d'organisation avec un parcours personnalisé entre conférences plénières, ateliers pratiques en petits groupes et exposition en visite libre. JET 09 a été marquée par quatre axes forts : - la dimension internationale avec la Suisse pays invité, - la normalisation : le tolérancement du futur pour une production en Europe. JET Industrie est soutenue par l'UNM (Union de Normalisation de la Mécanique), - les aspects économiques avec le témoignage de dirigeants, les innovations méthodologiques en cours, - la recherche, l'industrie et la formation : avec JET Education et CAT 2009, une édition exceptionnelle de JET Industrie qui s'intègre dans un sommet international "Tolerancing" Recherche-Industrie-Formation. Quand le client final évoque un produit de qualité, il l’associe à des notions d’esthétique, de robustesse, d’ergonomie, de performances techniques… Pour celui qui développe le produit, les spécifications fonctionnelles sont souvent traduites par des caractéristiques élémentaires tolérancées. La qualité du produit est ainsi représentée par la conformité des pièces le constituant. Cependant, le zéro défaut des pièces n’est pas toujours une condition pour garantir le zéro défaut des produits : - un produit légèrement bruyant bien qu'acceptable, car dans les tolérances définies par le bureau d'études, a-t-il la même valeur pour le client qu’un produit totalement silencieux ? - a contrario, une pièce légèrement hors tolérance, sur un produit constitué de plusieurs composants, génèrera-t-elle obligatoirement un défaut pour le client ? Il est donc important d’optimiser la démarche de spécification car elle engendre des pistes de productivité : réduction du prix pièce, réalisation de fonctions complexes impossibles à spécifier avec les démarches traditionnelles, acceptation plus rapide des pièces avec moins de dérogations ou litiges, fréquence plus faible d’intervention pour les réglages et contrôles. La maîtrise de la qualité géométrique des produits dans le cycle de vie est donc un enjeu majeur pour la chaîne d’acteurs : clients, donneurs d’ordres et fournisseurs. Au travers d’une approche filière multisectorielle, cet enjeu fait aujourd’hui l’objet de recherches et transferts vers les entreprises dans le cadre du pôle de compétitivité Arve Industries. Pour sa troisième édition, JET sera l'occasion de diffuser les expérimentations en cours et échanger avec un public toujours élargi autour du thème retenu cette année : zéro défauts pièces vs. Zéro défauts clients. JET EDUCATION 24 mars 2009 Parce que le transfert des innovations passe par l’enseignement aux techniciens et ingénieurs de demain, et par la formation continue, les enseignants dans le domaine de la technologie doivent préparer les étudiants à la spécification et à la maîtrise de la réalisation du produit. Les nouveaux outils informatiques de CFAO, sont bien sûr une aide précieuse, mais ils ne doivent pas faire passer la forme avant le fond. L’objectif de cette JET EDUCATION a été de réunir des formateurs acteurs de formation initiale (BAC à BAC+5) et formation continue pour une présentation d’approches variées suivie de débats et d’échanges. L’accent a été mis sur les difficultés pédagogiques rencontrées, les méthodes mises en oeuvre, et les objectifs de maîtrise minima à atteindre. La spécification géométrique des produits dans les formations de l'Education Nationale. Bilan, évolutions et perspectives d'un tolérancement normalisé : approches pédagogiques et industrielles. Dominique Taraud (Inspecteur général STI) Michel Loisy (Inspecteur pédagogique IPR) L’Education Nationale a toujours intégré la cotation dans les préoccupations principales des formations de mécanique, pour les concepteurs comme pour les réalisateurs. Elle a toujours eu comme principe de suivre, d’intégrer et d’imposer le respect des normes en vigueur afin que les compétences des diplômés soient toujours actualisées et réelles. Les actions de formation des enseignants ont été mises en place il y a plus de 10 ans. Depuis, les concepts de la cotation ont été intégrés aux différents programmes : - compétences d'écriture en cotation de définition au niveau des BTS notamment le BTS CPI (Conceptions de Produits Industriels) - compétences de lecteur et d'interprétation pour les formations de production industrielle associés à la métrologie (BTS et Bac Pro) - compétences de maîtrise du vocabulaire associé à la norme ISO, au décodage des spécifications de base pour les enseignements pré baccalauréats. Mais malgré ces bonnes intentions et les moyens mis en place, la maîtrise de ces nouvelles compétences reste partielle et perfectible. Les raisons de cette évolution lente des pratiques et des compétences sont multiples : la durée de vie des codages employés, qui évoluent fortement dans leur signification mais très peu dans leur symbolisme, les accords implicites entre un demandeur d’ordre et le fabricant, la capabilité de plus en plus performante des moyens de réalisation, la transparence (pour ne pas dire l’opacité) du traitement du logiciel de MMT, le manque d’influence, dans les entreprises, de la jeune génération de techniciens formés…. La maîtrise de la définition géométrique est cependant fondamentale ; en effet, l’intégration des fonctions techniques, la prise en compte des approches de Design qui participent aujourd’hui directement aux plus values économiques des entreprises de fabrication participent directement à la complexité des formes des pièces mécaniques et à leur définition géométrique. Ces enjeux trouvent aujourd’hui des réponses pragmatiques, mais souvent différentes et peu formalisées, dans chaque entreprise, rendant la tâche des formateurs encore plus délicate. JET EDUCATION 24 mars 2009 Face à ces constats, l'Education Nationale a privilégié dans ses formations la compréhension des bases géométriques, du vocabulaire normatif ainsi que des principes d'écriture (approche fonctionnelle) et de lecteur (analyse géométrique). développent de nouvelles méthodes, l'Education Nationale se doit de l'adapter au mieux à l'enseignement. Quel est le bilan au terme de dix années de pratiques d’un enseignement sur la cotation ? La dernière évolution des normes de cotation est aujourd’hui en cours de généralisation et d’appropriation, au niveau des professeurs comme au niveau des élèves et des étudiants. Elles sont attendues dans tous les référentiels, du bac professionnel au concours de recrutement des professeurs. La normalisation de la cotation ISO a désormais été intégrée dans les documents pédagogiques. De plus, un plan de formation efficace a été décliné du niveau national aux niveaux académiques et locaux. Différents outils pédagogiques sont remis aux candidats (normes et outils d’analyse), livret « Cotation ISO » de Renault diffusé actuellement par le CETIM, la fiche de décodage géométrique (de Luc Mathieu) et les documents de cours proposés par le Centre National de Ressource en conception mécanique assistée par ordinateur de Cachan (CNR CMAO). Les résultats obtenus lors des épreuves de certification sont maintenant corrects. Des applications logicielles se sont ajoutées récemment aux ressources. Il s’agit, par exemple, de l’accès aux normes qui est davantage utile aux apprentissages et à la conduite de projet ou de bases de connaissances multimédia traitant de ce sujet. Elle devrait encore favoriser l’acquisition de la connaissance en la matière. Retours d’expériences de formations industrielles Bilan d’expériences et synthèses de plans de formation dans l’industrie automobile L’institution de l’Education Nationale a répondu au besoin dès le début, a maintenu un effort constant de formation continue dans le second degré et fera encore le nécessaire pour atténuer les écarts avec les attentes des entreprises. L'Education Nationale et les industriels sont complémentaires ; quand les industriels innovent et Jean-Marie Virely (professeur ENS Cachan) Depuis une vingtaine d’années, les outils et méthodes de réalisation de produits industriels évoluent. Les activités des ingénieurs et techniciens changent. L'enseignement doit donc sans cesse évoluer pour s'adapter et actualiser les compétences. Dans ce contexte, une expérience de collaboration en matière de transfert de compétences, en cotation et dans le domaine de l'automobile, a été menée entre l'ENS Cachan et Renault SA. D'une manière générale la mission principale de l'ENS Cachan est la formation des futurs enseignants pour ingénieurs scientifiques. L'école se doit donc d'actualiser et anticiper ses connaissances et outils en fonction des innovations du monde industriel. La collaboration entre Renault et l'ENS Cachan a débuté dans les années 1980 lorsque le constructeur fait appel à l'Ecole pour qu'elle l'assiste dans le développement de projets liés au secteur mécanique. Cette assistance s'accompagne alors de formation individualisée et collective. A ce moment, Renault applique ses propres cahiers des charges, en particulier en matière de tolérancement. Dans les années 1990 Renault décide d'appliquer le tolérancement normalisé. Une convention est alors signée avec l'ENS pour le déploiement de la formation aux normes ISO. JET EDUCATION 24 mars 2009 L'objectif de départ : former 50 000 personnes sur une période de 10 ans et leur inculquer les mêmes compétences. Renault décide d'un déploiement en deux modules de deux et quatre jours. Cachan forme les formateurs (entre 25 et 30 personnes) qui sont ensuite validés par Renault. L'ENS propose également une offre d'assistance sur le terrain après la formation. Deux supports de formation ont été conçu par l'ENS : un support principal de 600 pages puis un mémento, basé sur les dix concepts fondamentaux en cotation, beaucoup plus facile à utiliser et diffusé plus largement. De plus, un QCM d'apprentissage a été mis en place. L'ENS actualise régulièrement ses supports et choix didactiques en fonction des problématiques émergentes. A l'heure actuelle 35 000 personnes ont été formées. Après 15 années de collaboration, les deux partenaires ont constaté une réelle montée en compétence et en opérationnalité des personnes concernées. Cette formation a été également déployée chez les fournisseurs en France et internationalisée, en particulier en Roumanie chez Dacia. Ce partenariat a généré une dynamique dans l’enseignement de la cotation en France. Le système éducatif a besoin de l’entreprise pour la formation technique initiale des jeunes. Il a besoin de l’entreprise pour la formation continue des enseignants. L’entreprise a besoin du système éducatif pour former ses entrants et ses personnels en place. La collaboration entre l’ENS de Cachan et Renault SA est de ce point de vue exemplaire. Elle peut servir de modèle. La formation continue dans l’industrie suisse, exemple du tolérancement Bilan d’expériences Philippe Fischer (Directeur de la Fondation suisse pour la recherche en microtechnique (FSRM)), Neuchâtel La formation continue en Suisse Les employés suisses ne disposent pas, comme en France, de dispositifs favorisant la formation continue. L’idée d’un apprentissage tout au long de la vie est largement partagée par la classe politique suisse, mais aucune mesure n’est prise dans ce sens. Ce sont finalement les entreprises qui mettent en place des politiques internes favorisant la formation continue de leurs employés. Elles accroissent ainsi leur productivité et leur capacité d’innovation. L’analyse 2006 sur la population active en Suisse montre que 45% des personnes actives participent à des activités de formation continue. 86% d’entre elles le font avec un soutien de leur entreprise. On constate un taux de participation plus élevé chez les cadres et un soutien plus marqué dans les grandes entreprises. Les cours pour cadres sont d’ailleurs les plus utilisés (15%). Les techniques de productions industrielles représentent 7% des cours fréquentés. L’offre de formation continue est assurée en Suisse pour un tiers par les entreprises elle-même, un tiers par les institutions de formation de base (écoles professionnelles, écoles d’ingénieurs, écoles polytechniques et universités) et un tiers par d’autres institutions, principalement privées. Les entreprises se chargent de la formation spécifique « métiers », les écoles assument surtout les formations certifiantes de type 3ème cycle et les institutions privées proposent toutes sortes de cours et séminaires de courte durée sur des sujets spécifiques. JET EDUCATION 24 mars 2009 Positionnement de la FSRM Spécialisée dans la formation continue des entreprises, la Fondation suisse pour la recherche en microtechnique (FSRM) assure le perfectionnement technique de plus de 1500 ingénieurs, techniciens et chercheurs chaque année. Forte de plus de 170 thèmes de cours, l’offre de la FSRM inclut de nombreux sujets liés aux techniques de fabrication, de production industrielle, de contrôle, de développement de produits, de normes spécifiques et de management de projet. Ils répondent à des besoins engendrés par le vécu des employés dans la pratique, soit suite à l’émergence de nouvelles techniques, de nouvelles normes et législations liées à certaines branches, soit suite à des changements de fonction ou d’employeur. Les inscriptions aux cours de la FSRM sont commandées dans 90% des cas par l’apprenant lui-même et financées dans quasi 100% des cas par son employeur. Ils répondent à un besoin réel. Exemple du tolérancement Le thème du Tolérancement a été introduit pour la première fois en 2007, et a connu immédiatement un grand succès auprès des industriels, notamment dans le secteur horloger. La plupart des apprenants ont déjà suivi des cours de base de tolérancement durant leurs études, puis ont fait leurs premières erreurs dans la vie pratique. La formation donnée par le Professeur Jacques Jacot traite particulièrement de l’influence de la réduction des dimensions sur le tolérancement dans le cas d’assemblages de produits miniaturisés. Elle traite de la méthode de tolérancement inertiel et permet aux participants de découvrir des méthodes alternatives de tolérancement. Cette formation est donnée sur une journée et a déjà été reconduite à quatre reprises. Exemple de progression de l’enseignement du tolérancement à l’université de Bordeaux : concepts, démarches et outils « skin » modèle, fiche de lecture GPS, graphes, théorie des mécanismes, domaine jeu, MECAmaster, GAIA, FTA Alex Ballu, Denis Teissandier (Maîtres de conférences Université de Bordeaux) Depuis plus de quinze ans, des enseignements de cotation avec une vision tridimensionnelle des chaînes de cotes sont dispensés à l’Université de Bordeaux dans le cadre de la licence et du master. L’enseignement du tolérancement se déroule sur trois ans, il représente environ 70h par étudiant en troisième année de licence, 45h par étudiant en première année de master et 60h par étudiant en seconde année de master professionnel de Conception Avancée. Il est également enseigné en préparation au concours du CAPLP. L’enseignement repose sur une progression pédagogique à base de concepts et de démarches en essayant de faire appel à la réflexion des étudiants. Les concepts et démarches sont repris de travaux externes ou internes à l’université. Ils sont raccrochés à d’autres enseignements, principalement les enseignements de théorie des mécanismes et d’analyse fonctionnelle. Les points abordés peuvent être classés en trois grandes catégories : - les spécifications ISO GPS et les moyens métrologiques associés (états de surface, spécifications dimensionnelles, spécifications géométriques, enveloppe, maximum et minimum de matière) - les démarches de tolérancement (décomposition structurelle et fonctionnelle du produit, détermination intuitive des surfaces à tolérancer, choix des spécifications), JET EDUCATION 24 mars 2009 - les aspects calculatoires avec la simulation des écarts de fabrication et des jeux et leur métrologie (chaînes de cotes unidimensionnelles et tridimensionnelles, simulation des écarts de mise en position, métrologie tridimensionnelle) Systèmes), SIMDI (OGP Annecy Transfert), mesure des domaines jeux (dispositif développé en interne), mesure des dispersions unidimensionnelles et tridimensionnelles (dispositif développé en interne), Prélude Inspection (MDTVision) Pour la connaissance des spécifications, le point de départ est le « skin » modèle pour bien distinguer les éléments idéaux et nonidéaux, à partir de là, les liens entre l’écriture graphique (syntaxe) et sa signification (sémantique) sont établis. L’apprentissage de ce langage technique est structuré par l’utilisation d’une fiche GPS de lecture. Formation initiale au tolérancement à Polytech'Savoie Sensibilisation aux rôles et aux enjeux du tolérancement dans les relations inter entreprises ; méthodes pratiques et normes pour le bureau d’étude Le principe de base des démarches de tolérancement est la détermination des écarts géométriques des surfaces ayant une influence sur les conditions fonctionnelles. A cette fin, nous avons développé une extension au tolérancement des graphes des liaisons utilisés en cinématique. L’utilisation de ces graphes est intéressante car les étudiants ont déjà travaillé sur la modélisation des mécanismes par des graphes depuis la première année de licence. Sur ces graphes des liaisons, sont mis en évidence les influences des écarts de chaque surface, les groupes fonctionnels ou les SATT. Les besoins en spécification pour chaque pièce en découlent. La base des calculs de déplacements en 3D est le torseur de petits déplacements. Il est utilisé classiquement pour la métrologie tridimensionnelle. Il est également utilisé, en place du torseur cinématique, pour la fermeture des cycles dans les graphes de liaison. En dernière année, les domaines jeux sont abordés et permettent d’analyser graphiquement certains phénomènes. Une part importante de l’apprentissage est réalisée au travers de travaux pratiques. Nous utilisons alors des outils didactiques ou industriels : GAIA (EADS IW), MECAmaster, Catia FTA (Dassault Max Giordano (professeur Polytech’Savoie) Eric Pairel (Maître de conférence Polytech’Savoie) Partant des activités de recherche en tolérancement et soucieux d’apporter des compétences utiles aux entreprises, les enseignants de Polytech'Savoie ont élaboré cette année un module de 40 heures de formation au tolérancement pour les élèves ingénieurs en troisième année d’ingénierie mécanique et de mécatronique. L’objectif est de leur donner des méthodes pratiques leur permettant de traiter les problèmes de tolérancement en bureau d’études ainsi qu’une connaissance de base du tolérancement géométrique normalisé. Après une sensibilisation aux rôles et aux enjeux du tolérancement dans les relations entre entreprises, la formation est organisée par type de problème de difficulté croissante : - Problème unidimensionnel et méthode de la chaîne de cotes : une classification des problèmes unidimensionnels selon le nombre de cotes conditions et le nombre de configurations du mécanisme est proposé ce qui permet d’orienter vers la méthode de résolution (manuelle, fiche Excel). La répartition JET EDUCATION 24 mars 2009 - - des tolérances est présentée suivant l’approche dite du « pire cas » et suivant l’approche statique. Les tolérances qui en résultent sont discutées et le tolérancement inertiel est présenté. Problème bidimensionnel et méthode du tolérancement paramétrique : à la base de la plupart des logiciels commerciaux, cette méthode est présentée sur des esquisses bidimensionnelles en utilisant les possibilités des logiciels de CAO standards (variationnels 2D) pour déterminer les coefficients d’influence et les tolérances des paramètres géométriques. Ces tolérances doivent ensuite être exprimées suivant le langage normalisé. Problème tridimensionnel, méthode des états virtuels et méthode des zones liées : dans le cas d’assemblages tridimensionnels les états virtuels définis par les normes sur l’exigence du maximum de matière peuvent être directement utilisés comme méthode géométrique de tolérancement tridimensionnel. La méthode des zones liées, issue des travaux de recherche menés à Polytech'Savoie, est une approche géométrique plus générale qui permet de déterminer les tolérances. Ces deux méthodes présentent l’intérêt de faire abstraction de la syntaxe normalisée, parfois compliquée, pour se focaliser sur les conditions géométriques fonctionnelles. Les zones ou les états virtuels obtenus sont ensuite exprimés sous forme de tolérances normalisées. Point sur la normalisation : évolutions et perspectives Approches pédagogiques et industrielles. Frédéric Charpentier (Professeur agrégé IUFM et expert AFNOR) La cotation fonctionnelle des produits industriels devient une préoccupation grandissante dans les démarches de conception intégrée. Afin de répondre à des problématiques de prescription, de conception et de vérification, les différents acteurs industriels, contribuant à l’élaboration des produits, doivent utiliser un système de communication rigoureux et général. La démarche normative liée à la « spécification géométrique des produits » s’efforce de donner des outils permettant de répondre à ces problématiques. Dans un premier temps il convient de rappeler que les normes ne sont pas des textes réglementaires, mais de textes de référence officiels auxquels chacun peut se référer de façon volontaire. Dans les années 1990, les normes relatives au tolérancement et à la métrologie comportaient de nombreuses lacunes et contradictions. Elles étaient développées par différents comités techniques et au coup par coup sans vision globale. En 1996, les instances de normalisation créent le comité technique 213, chargé d'harmoniser les normes liées au tolérancement et de faire un lien entre le concept GPS et la réalité. Ce comité édite la norme FD CR ISO/TR 14638 (Spécification géométrique des produits – schéma directeur) qui défini le concept général GPS et introduit le chaînage de toutes les normes relatives à ce sujet. Depuis, les évolutions des normes dans ce domaine sont importantes, voire radicales, apportant une cohérence dans la spécification du produit tant en conception qu’au niveau du contrôle. Toutes les normes existantes dans ce domaine ont été réorganisées, modifiées, fusionnées, créées. Aujourd'hui, la matrice GPS se compose d'une norme fondamentale (ISO/TR 14638), de normes globales (ISO 10579, ISO 17450…) et de normes pour les concepteurs (ISO 1101, ISO 2692,…). Les normes sont élaborées par le comité technique de manière très rigoureuse. Après rédaction du texte, le projet est soumis à une JET EDUCATION 24 mars 2009 enquête puis approbation avant d'être publié dans sa version définitive. En matière d'enseignement, la norme ISO 17450 a introduit un vocabulaire commun et posé les bases d’un langage de description géométrique des produits, utilisable en conception, fabrication et contrôle et indépendant du support de communication. Elle définit des termes et définitions qui permettent une continuité dans les savoirs du pré baccalauréat au post baccalauréat. Les enseignants ont également à leur disposition différents outils qui s'appuient sur des termes et définitions normalisés, comme la fiche GPS ou un logiciel d'assistance à la métrologie. Formation initiale au tolérancement en licence professionnelle Cotation Automatique, présentation de la méthode clic ANSELMETTI Bernard (Professeur LURPA - ENS de CACHAN) La maîtrise de la cotation ISO au sein des entreprises ouvre aujourd'hui la voie à une véritable démarche de cotation fonctionnelle et à l'optimisation des tolérances. Toutefois, les concepteurs buttent très rapidement sur la difficulté des calculs, sur la gestion d'un grand nombre de données et sur la résolution d'un système complexe d'inéquations. A court terme, on peut espérer que des outils d'aide au tolérancement seront disponibles au sein des systèmes de CAO, car les travaux de recherche débouchent aujourd'hui sur une formalisation suffisamment précise de ce problème jusqu'alors réservé à quelques experts académiques et industriels. En ce qui concerne l'aspect automatisation de la cotation quelques outils logiciels ont été développés, en particulier : - QUICK_GPS : cotation rapide d'une pièce isolée. La cotation est très rapide, mais sans aucun aspect quantitatif. La cotation proposée doit être validée par le concepteur car certaines spécifications peuvent être considérées comme déjà assurées par le tolérancement général. - CLIC (Cotation en Localisation avec Influence des Contacts) : cette méthode de cotation fonctionnelle d'un mécanisme composé de pièces rigides se déroule avec les étapes suivantes : o Mise en forme du problème de tolérancement en formalisant la description des configurations du mécanisme étudié et de la mise en position des pièces afin de respecter les intentions du concepteur, o Cotation des surfaces de mise en position o Recherche des exigences fonctionnelles au sein du mécanisme o Cotation des pièces influentes pour une exigence donnée o Génération de l'équation donnant la résultante 3D au pire des cas et en statistique o Optimisation des dimensions nominales du modèle pour maximiser les tolérances. Il faut noter que les aspects cotations peuvent être parfaitement traités et vérifiés "à la main". Actuellement, les maquettes informatiques sont développées dans l'environnement CATIA V5, en VBA CATIA pour les interactions avec la CAO. Pour CLIC, tous les calculs sont réalisés dans l'environnement EXCEL avec des procédures VBA EXCEL. L'optimisation est assurée par le solveur de EXCEL. Il s'agit encore de maquettes informatiques au niveau recherche mais qui préfigurent les outils industriels de demain. C'est pourquoi JET EDUCATION 24 mars 2009 ces outils et ces méthodologies doivent commencer à être enseignées pour les concepteurs de demain. Tolérancement inertiel : expérience et formation industrielle Une approche originale du traitement statistique du tolérancement Maurice Pillet (professeur IUT Annecy-le-Vieux, Laboratoire Symme – Polytech’Savoie) Tolérancer un plan c’est accepter des écarts par rapport à une situation idéale ! Depuis plusieurs siècles que le mot tolérance est apparu, lorsque l’on a voulu maîtriser la variabilité pour permettre l’interchangeabilité, la tolérance s’est exprimée par un intervalle d’acceptation des produits. Dès lors s’est posé la question de la détermination de cet intervalle. Au pire des cas ? Avec un raisonnement statistique ? Un compromis entre ces deux extrêmes ? Force est de constater qu’aucune solution vraiment satisfaisante pour les deux parties (le producteur et le concepteur) n’est apparue. Le tolérancement inertiel est une rupture dans la façon de voir le tolérancement en ne fixant plus d’intervalle de tolérance, mais en cherchant à maîtriser la variabilité autour de la cible. Ce qui est tolérancé ce n’est plus un intervalle, mais la variance autour de la cible. Cela permet de trouver un bien meilleur compromis entre la variabilité que l’on peut permettre au producteur et la garantie de qualité que l’on doit au concepteur. L’évolution récente des moyens de production avec les machines à commandes numériques de plus en plus précises renforce ce besoin de faire évoluer la façon d’exprimer le tolérancement. Les entreprises qui expérimentent cette nouvelle approche témoignent de l’intérêt de revoir notre façon d’aborder les notions de conformité et de pilotage. Ce qui fait la qualité des produits, c’est le respect de la cote cible. Des années de mauvaises pratiques enseignées dans nos établissements d’enseignement (aussi bien au lycée que dans nos écoles d’ingénieurs) ont conduit à des comportements et à une culture de la tolérance incompatible avec la qualité des produits. L’enseignement du tolérancement inertiel dans les entreprises pilotes, permet d’infléchir ces mauvaises pratiques. Mais c’est dès l’école qu’il faut le faire si l’on veut faire évoluer notre culture sur la qualité des produits. Formation à la cotation : Tolerance Manager Présentation de l’approche Schneider. Applications industrielles Philippe Le Faou (directeur PCO Software) Van Hoecke (ingénieur R&D / expert conception électromécanique Schneider) Avec ses 120000 employées dans 102 pays et 4% de son CA investi en R&D, Schneider Electric a mis en place sa propre démarche de formation au tolérancement. Ainsi tous les concepteurs reçoivent la même formation et doivent être capables de travailler de manière cohérente et synchronisée partout dans le monde (7000 concepteurs dans 25 pays, 24 centres de développement majeurs). De son côté, PCO Software est appelé par ses principaux clients, dont Schneider Electric, pour effectuer des missions d’évaluation des connaissances, de formation, de conseil en développement de produit ainsi que des études complètes de cotation fonctionnelle et de Tolérancement. La société JET EDUCATION 24 mars 2009 réalise également de l’assistance pour la qualification des constituants et des outils et l’exploitation des mesures pour finaliser les phases de qualification produit process. Elle est aussi sollicitée par ses clients pour les accompagner dans leur recrutement de personnels de bureau d’étude. Les formations mises en place chez Schneider répondent à des cahiers des charges définis par des référentiels corporate. Cela permet une validation permanente du contenu à toutes les étapes de la conception, depuis l'étude de faisabilité jusqu'au groupe pilote. Le processus de formation peut être engagé après des entretiens de carrière et compétence par le manager, ou suite aux évaluations de performance et de maturité des centres techniques. Le cursus de formation mis en place pour la maîtrise de la cotation et du tolérancement dans les composants produits est basé sur 5 modules. Chaque formation est alimentée par le référentiel métier de l'entreprise. Afin de mieux cibler chaque formation, des QCM en ligne ont été mis en place en complément d'un entretien de compétence. La mise en place de ces méthodes leur a permis de dérouler plus de 11500 jours de formation sur 4 ans pour plus de 2000 collaborateurs. Un système d'évaluation en ligne a été également intégré afin de mesurer la satisfaction à chaud ainsi que l'impact à plus long terme. Plus concrètement, l'exemple du "tolérancement capable" montre l'importance de la méthodologie dans la mise en place de ce concept dans les développements de nouveaux produits manufacturés La mise en œuvre du tolérancement capable part du constat que « c’est l’étendue des intervalles de tolérance de chaque cote d’une fonction qui détermine les nominaux centrés des cotes de celleci ». Le « tolérancement capable » est une des pièces maîtresses du dossier justificatif de conception présenté au management afin de valider les investissements industriels d’un projet de produits manufacturés. Le dossier justificatif est hiérarchisé par l’analyse fonctionnelle et son AMDEC associée. Ces deux analyses permettent d’élaborer, en fonction de la solution retenue, l’ensemble des conditions fonctionnelles qui permettra de valider le développement. L’étude de ces conditions fonctionnelles permet, en fonction de la gravité déterminée par l’AMDEC, l’identification des critères fonctionnels. Puis il faut faire l’étude de la dispersion de ces critères, soit en fonction de l’historique de l’entreprise, soit en réalisant une étude statistique de la dispersion observée (exemple par des moules provisoires). Une fois les IT déterminés (au travers d’une étude de Cp prévisionnelle), la recherche des valeurs optimums des nominaux des cotes devient possible, soit pour valider la dispersion admissible des fonctions par le cahier des charges fonctionnel soit pour établir la dispersion prévisionnelle des fonctions et d’en établir le plan de qualification aux limites, ce qui permet de valider que cette dispersion ne perturbe par le fonctionnement du produit. Cette étape accomplie, nous avons la garantie que lors du lancement des outillages, les cibles optimums sont connues (nominal centré) pour la réalisation des outillages définitifs. La validation prévisionnelle des Cp, nous garantie qu’il existera bien une solution de calage des outillages (cpk et Coefficient de Centrage). Ainsi le risque de subir des « trains » de modifications sans fin sera évité. Le résultat attendu est la maîtrise des coûts donc, la rentabilité du projet et la garantie des marges attendues. La mise en œuvre d’une politique de « tolérancement capable » est donc bien une discipline majeure dans la maîtrise des développements.