M. pneumoniae
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M. pneumoniae
Vignette 2 Alain Martinot Robert Cohen Encore une histoire de pneumopathie … 1 Confucius : Réviser ce qu’on a Appris Ceux qui savent acquérir de nouvelles connaissances en révisant ce qu’ils ont appris peuvent être maîtres des autres Les infections à Mycoplasma pneumoniae doivent être systématiquement traitées par antibiotique / Oui / Non 3 Quelle est la méthode la plus pertinente pour faire le diagnostic d’une infection à M. pneumoniae ? / Sérologie avec IgM / PCR / Agglutinines froides / Aucune des méthodes précédentes 4 Ronan… 3 ans, 11 kg • 9 Septembre 2013 : – antécédent : asthme du nourrisson (sans traitement de fond depuis 4 mois) – consulte pour fièvre à 40° depuis 2 jours – tousse à peine, est enrhumé, en bon état général, – fréquence respiratoire normale ; auscultation normale – CRP = 8 mg/l • Aucun traitement antibiotique n’est prescrit… • 11 septembre, revient en consultation car : – reste très fébrile – tousse de façon plus fréquente – auscultation : sibilants dans les deux champs 5 Parmi les propositions suivantes lesquelles adopterez vous ? / Prescription de macrolides / Sérologie M. pneumoniae / PCR M. pneumoniae / Aucune des propositions précédentes 6 What else ? 7 Ronan… la suite de l’histoire • Pas d’antibiotique prescrit • Ventoline ® + Flixotide ® • 12 septembre : – toujours fébrile (39,5°C) – en bon EG, – ne siffle plus – CRP = 153 mg/L – Radio de thorax – PCR mycoplasme + 8 Que prescrivez vous ? / Azithromycine / Amoxicilline / Les deux / What else ? 9 Ce qu’on savait des infections à M. pneumoniae • Petite bactérie liée aux cellules – située à la surface des cellules (muqueuses respiratoires ++) et non intracellulaire, – pas de mur cellulaire (pas de peptoglycane) : absence de sensibilité à de nombreux antibiotiques • Croissance lente • Tous les individus vont faire 1 ou plusieurs infections à MP à pas d’immunité définitive • Epidémies plus importantes tous les 3 à 5 ans • Aux USA : 2.000.000 cas/an (500.000/ an en France ?) • Guérison spontanée dans l’immense majorité des cas • Les macrolides favorisent la guérison 10 Medscape Oct 2010 Ce qu’on savait des infections à M. pneumoniae Respiratoires Extra-respiratoires (Immunitaire > prolifération) Bronchite, trachéo-bronchite +++ ± signes spastiques Infections VAS : angine, myringite Pneumopathies : - Surviendraient dans 5 à 10 % des infections à M. pneumoniae - 20% des pneumopathies communautaires nécessitant une hospitalisation • Cutanéo-muqueux • Neurologiques : – Méningoencéphalite – Guillain-Barré – Myélite • Cardiologiques : – Myopéricardites – arythmie cardiaque • • • • Phénomène de Raynaud Anémie hémolytique CIVD, Insuffisance rénale • Arthrites… 11 Medscape Oct 2010 Ce qu’on savait des infections à M. pneumoniae • « Experts formerly believed that mycoplasmal respiratory tract infections were entirely self-limited and that antimicrobial treatment was not indicated » • « Appropriate antimicrobial therapy shortens the symptomatic period and hastens radiological resolution of pneumonia and recovery, even though patients may shed organisms for several weeks » • Prévalence très élevée des M. pneumoniae macrolides R dans nombre de pays (90% au Japon ou en Chine) 12 Medscape Oct 2010 Des questions persistaient • Existe-t-il un portage sain de M.pneumoniae au niveau des muqueuses respiratoires ? • Si oui : les méthodes diagnostiques (sérologies, PCR…) permettent-elles de distinguer portage et infection ? • Existe-t-il de fréquentes co-infections ? 13 Un article important • Rotterdam / Hopital Erasmus + maison médicale de garde : Juillet 2008 - Nov 2011 • 301 patients (3 mois à 16 ans) présentant signes d’infection respiratoire (sans maladie chronique) / 405 témoins asymptomatiques (chirurgie programmée) sans aucun signe respiratoire, ni maladie chronique • Prélèvement oro-pharyngé puis rhino-pharyngé : PCR M. pneumoniae + culture bactérienne + sérologie ELISA M. pneumoniae + PCR virus • Sujet PCR + des 2 groupes : suivi longitudinal (PCR mensuelle jusque PCR – 2 fois de suite) 14 Prévalence des PCR positives M.pneumoniae DNA loads PCR + : 16,2% des malades (IC 95% : 12,2 - 20,2%) 15 Prévalence des PCR positives PCR + : 16,2% des malades (IC 95% : 12,2 - 20,2%) et 21,2% des témoins (IC 95% : 17,2 - 25,2%) ; p = 0,11 (n = 85) (n = 51) Idem pour Culture + M.pneumoniae : 1,6 % versus 1,0% ; p = 0,52 16 Prévalence des PCR positives selon infections respiratoires hautes ou basses M.pneumoniae DNA loads PCR + : 15,6 % des infections basses vs 15,9 % des infections basses ; p = 0,85 17 La durée du portage M. pneumoniae DNA loads in the longitudinal study La présence de DNA de M. pneumoniae est retrouvée jusque 4 mois de suite tant chez les porteurs sains que chez les sujets symptomatiques 18 Prévalence des sérologies positives • ELISA anti-M. pneumoniae Ig M + : 9,2 % des symptomatiques vs 13,2 % ; p = 0,23 • ELISA anti-M.pneumoniae Ig G + : 14,2 % des symptomatiques vs 25,1 % ; p <0,001 mais différence disparaît après ajustement sur l’âge • Niveau des Médianes IgM et IgG ne différaient pas entre les 2 groupes • Résultats des sérologies avec un switch entre 2 sérologies successives IgM + à Ig G+ et des PCR + ne concordaient que très peu (Kappa = 0,10) 19 L’importance des « co-existences » de plusieurs micro-organismes Disparaît après ajustement sur l’âge Mais aucun des virus n’était spécifiquement associé à la présence de M. pneumoniae 20 Conclusion des auteurs… • Les résultats suggèrent que M. pneumoniae se comporte de manière similaire à de nombreuses autres bactéries dans les voies respiratoires (portage ou infection) • Des études dans d’autres populations sont nécessaires pour confirmer ces données • Ces données remettent en cause les méthodes diagnostiques courantes des infections à M. pneumoniae : – Une PCR positive ne permet pas d’attribuer à M. pneumoniae la responsabilité d’infections symptomatiques des voies respiratoires – Le diagnostic d’infections des voies respiratoires à M. pneumoniae ne peut être fondé exclusivement sur la sérologie ou la détection de DNA dans les voies aériennes – La plus grande précaution doit être prise dans l’interprétation des tests diagnostiques de M. pneumoniae • Futures études doivent : – chercher des marqueurs pouvant distinguer portage et infection – identifier les facteurs déterminant la progression du portage vers l’infection symptomatique 21 Mycoplasmes résistants aux macrolides • Connu depuis plusieurs années en Asie (Japon, Chine..) : taux de résistance aux macrolides > 80 à 90 % • • • • Cao B. Clin Infect Dis. 2010;51:189-94. Xin D. Antimicrob Agents Chemother. 2009;53:2158 Liu Y. Antimicrob Agents Chemother. 2009;53:2160 Isozumi R. Respirology. 2009;14:1206 • Commence à être largement décrit en occident – Favorisée par l’azithromycine ++ – Rôle des Concentrations sub-inhibitrices • Averbuch Emerging Infectious Diseases 2011;17 – Mutations nt2063 > 90% des souches R en Ontario • Eshagi A. Emerging Infect Dis 2013;19:1525-7 22 Conclusion : On additionne les incertitudes… Portage M. pneumoniae + (PCR et/ou ELISA) : Aucun moyen diagnostique actuel pour les distinguer ?? Co-existence (Co-portage ou co-infection) Pneumocoque Virus : Responsabilité ?? Facteurs favorisants ?? Infection symptomatique Traitement par excès Efficacité du traitement antibiotique ? Développement des Résistances ?? Echec thérapeutique 23 Take home messages • Ne pas oublier que le pneumocoque reste la priorité ! • Etre clinique ! rechercher les éléments cliniques en faveur de M. pneumoniae (âge, présentation clinique, signes extrarespiratoires associés….) et ne demander des examens qu’en cas de probabilité pré-test élevée • Reconnaître qu’un résultat positif n’augmente que très faiblement (voire pas du tout ?) cette probabilité • Ne pas conclure trop facilement à la seule responsabilité de M. pneumoniae même en cas de résultat positif • Remettre d’autant plus en cause ce diagnostic si le résultat est négatif PCR + Sérologie + 0% 100 % ? PCR Sérologie - 24