Le marché du disque - Bienvenue sur le site des photos de Benoit

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Le marché du disque - Bienvenue sur le site des photos de Benoit
HENam – Cours de Médiathéconomie – Benoit van Langenhove
CHAPITRE 2 :
Le marché du disque
CHAPITRE 2 :
Le marché du disque
1.
Problématiques et spécificité du marché du disque
2.
Typologie du document sonore : les répertoires
A.
B.
C.
D.
E.
F.
Caractères généraux de l’industrie phonographique
Évolution du marché du microsillon
La venue du compact
La fin de la croissance
La musique numérique dépassera le CD …en 2013
Un marché fermé
Un marché segmenté
A.
B.
C.
Structure de l’édition
Les multinationales
Les indépendants
L’évolution des modèles économiques de l’industrie phonographique.
3.
4.
5.
Composition du prix de revient d’un disque en fonction de la structure des coûts de production et de
distribution.
6.
A.
B.
C.
La distribution
Les spécialistes
Les grandes surfaces
La vente par correspondance
7.
Le marché mondial
8.
Le marché belge de la musique en 2008
9.
A.
B.
C.
D.
E.
L’avenir de la musique
La diffusion numérique
Les supports numériques
La musique via internet
La construction d’un marché légal
Le téléphone mobile, nouvel eldorado
1. Problématiques et spécificité du marché du disque
1.
Avec l'industrie musicale, contrairement au marché de l'art, nous passons du monde de
l'œuvre unique à celui, plus traditionnel en économie, des œuvres reproductibles. Après
n’avoir connu pendant des siècles que la pratique vivante, la musique s’est fixée sur des
supports, elle s’est transmise par les ondes et désormais elle circule sur l’Internet. Pendant
plus d’un siècle, les industries musicales ont filtré une offre pléthorique en provenance des
créateurs, élisant, après une série de tris successifs les œuvres ou les interprétations qu'elles
décident d'éditer.
2.
L'édition phonographique est pour l’instant le canal dominant de la diffusion musicale,
infiniment plus que la pratique individuelle ou collective, Internet, le concert ou l'édition
papier. En effet, le disque est la matière première privilégiée de la radio, de la télévision via le
play-back des émissions musicales ou dans l'illustration sonore des reportages, de la
sonorisation des espaces publics, des spectacles, des discothèques. Il est aussi la source des
fichiers MP3 pirates sur Internet. Il y a ainsi une disproportion considérable et croissante entre
le poids économique de l'industrie phonographique et sa place réelle dans la consommation
musicale de masse.
3.
L'industrie musicale est un secteur d'activité d'importance très moyenne, tant en
termes d'emploi que de chiffre d'affaires : les 29,922 milliards de dollars du marché mondial
(2007 – chiffres IFPI 1) sont équivalents peu ou prou au chiffre d'affaires d'entreprises comme
Renault. Ce rang modeste est sans commune mesure avec l'importance du disque dans
l'environnement culturel et social. L’ère industrielle du disque, puis du CD ont ouvert la voie
à la consommation de masse, et aussi à la découverte de la culture mondiale. Depuis, la
musique s’est attachée au support et elle a connu un développement sans précédent. Mais,
avec l’Internet, elle s’est libérée de sa carapace de plastique et elle s’est mise à voyager de
disque dur en disque dur. Cette "gratuité" est difficile à admettre pour une industrie qui a basé
une grande partie de sa raison d’être sur la duplication des supports.
Évolution du marché de gros de la musique enregistrée (en milliards de dollars) (source : IFPI)
1
Chiffre du marché de détail. Le chiffre du marché de gros est de 19, 4 milliards de $. Le marché des supports
physiques représente 82 %, le numérique 15 % et les droits d’exécution 3 %.
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 35
4.
Le marché du disque, sa croissance et son déclin sont liés au marché des appareils de
reproduction, à sa croissance et aux innovations technologiques. Par exemple, il y a un net
parallélisme entre les ventes de matériels et celle de disque compact. Comme il y a un
parallélisme entre la pénétration de l’Internet à haut débit et la chute du marché du disque.
L’avenir nous dira si la diffusion électronique de la musique via Internet va conduire à une
augmentation du taux d’équipement des ménages (achat de nouveaux appareils MP3 à coté
des lecteurs CD) ou à un marché de remplacement du lecteur CD par des lecteurs MP3. Selon
le SNEP, la façon de consommer la musique se réparti de la façon suivante : chaîne hi-fi
51.9 %, ordinateur 25,2 %, baladeur MP3 14,8 %, baladeur CD 14 %, téléphone mobile 6 %,
console de jeux 5,4 %2.
5.
Une majorité de gens (50 % du marché) n'achètent jamais de phonogrammes. La
consommation de musique peut se satisfaire pleinement sans passer par l'achat personnel du
support : radio, télévision, médiathèque y pourvoient largement; le caractère impulsif de
l'achat en est une autre raison. Ces chiffres, datant d’avant l’arrivée massive des graveurs de
CD-Rom et de la diffusion de la musique via Internet.
6.
La baisse relative du prix du disque est largement compensée par la croissance
sensible du marché et les gains en productivité.
Tableau d’évolution comparée des prix des biens culturels 3
Disques
Cinéma
Livre
Consommation
Générale
1990
100
100
100
100
2000
112
122
127
119
2003
111
133
132
126
2007
94
144
136
133
7.
La production de disques est une activité industrielle particulièrement sensible au
changement de mode, à l'influence des médias, de la publicité, à des facteurs saisonniers. Le
marché est très dépendant du goût du public, qui peut cependant être manipulé et se voir
apposer des disques par un producteur (la Lambada, imposée par TF1et Orangina, les tubes de
l’été promus par les télévisions) 4. Les modes ont des répercussions directes sur la demande et
l'offre (New Age, World Music, Techno,...). Les meilleurs mois de vente se situent en fin
d’année.
2
Cité par Anna ROUSSEAU « Warner prend en charge les vies d’artistes » Challenge n°109 du 31 janvier 2008.
Données tirées du dossier de presse du MIDEM 1994.
4
En 1989, le lancement de la Lambada, estampillé « tube de l'été » par TF1 donna lieu à la diffusion de très
courts extraits du clip vidéo parrainée par Orangina et à des passages dans de nombreuses émissions de la chaîne.
Cette première opération de marketing, fruit de la collaboration d’ Une Musique et de Sony France sous la forme
d'une co-exploitation (pourcentage sur les ventes du disque), constitua un énorme succès (5 millions de disques
vendus) et ouvrit la voie à la multiplication de telles opérations parrainées sur toutes les chaînes hertziennes
privées ou publiques (La Macarena sur M6, Tic Tic Tac sur France 2, Alane sur TF1, Pata Pata sur
M6...).En outre, ces opérations permettaient aux chaînes, qui voyaient dès lors d'un autre oeil le métier du
disque, de remplir les espaces publicitaires de la période estivale,traditionnellement creuse en recettes
publicitaires, et à l'industrie phonographique de réaliser des records de ventes de CD 2 titres, qui contribuent à
"tirer" l'ensemble du marché.
3
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 36
Septembre était un mois habituellement fort, du fait de la sortie d’albums de « rentrée ».
Maintenant on constate le déplacement de ces sorties vers octobre. Décembre est le mois le
plus vendeur de l’année, car il concentre l’essentiel des achats de St-Nicolas et de Noël.
Janvier marque un net recul, dû aux retours (invendus des mises en place de fin d’année),
mais compensé par des sorties plus ciblées d’album. Février est le mois le plus creux après
ceux d’été. Les mois de printemps sont également marqués de sorties d’albums, mais les
ventes en quantité restent faibles, malgré une hausse relative en avril.
8.
Il n'y a pas deux disques (deux éditions) qui aient les mêmes coûts de production
(surtout au niveau des coûts fixes). Un enregistrement de piano devrait coûter moins cher à
l'éditeur, et par conséquent au consommateur, qu'un enregistrement d'une œuvre d'orchestre
(dans le budget de production, l'honoraire d'un pianiste n'est pas égal aux honoraires d'un
orchestre symphonique et de son chef). Or le prix de vente au détail est identique.
9.
Le niveau de prix de vente étant, de fait, quasi identique entre les éditeurs, c'est la
quantité à produire et à vendre qui est l'élément fondamental de la décision économique du
producteur.
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 37
10.
Le marché belge est basé sur l'importation. La majorité des grossistes se trouve aux
Pays-Bas ou en France.
11.
Le prix du disque en Belgique est grevé d’une TVA (20, 5% du prix de vente)5 qui est
une des plus élevées d'Europe.
12.
Le discours des producteurs et des distributeurs essaie de masquer la contradiction
permanente entre la double finalité pécuniaire et culturelle de la marchandise.
13.
Le prix du disque est utilisé comme symbole de prestige.
14.
Il n’y a pas de marché de la musique. En Europe, par exemple, le marché se divise
entre la musique classique, la variété anglo-saxonne très importante et un marché local plus
ou moins important suivant le pays. Ainsi, la gestion entièrement centralisée, qui semble l’une
des raisons d’être d’une implantation internationale, ne semble pas proche. Quels que soient
les efforts de certains pour essayer d’imposer une culture européenne unique, il reste que les
tissus commerciaux existants et les spécificités de chaque pays rendront assez lente
l’unification de la distribution du disque en Europe, même au-delà de l’arrivée de l’Euro.
2. Typologie du document sonore : les répertoires
(Source : http://www.disqueenfrance.com/)
En 2009, la part de marché de la variété internationale (27.6%) devient légèrement supérieure
à celle de la variété francophone (25.4%). Au total, la variété représente 53 % des ventes.
5
Quelques exemples : Allemagne 15%, Grande-Bretagne 17,5%, Suisse 6,5%, Suède 25%
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Comparaison du marché de détail du disque pour les années 2007 et 2008 en France
(Source : http://www.disqueenfrance.com/)
3. Caractères généraux de l’industrie phonographique
A. Évolution du marché du microsillon
L’industrie du disque a connu, avec le microsillon, trente années de croissance.
L'augmentation de la part des loisirs dans les dépenses des ménages, une politique de
spécialisation des publics et des prix attractifs en sont les raisons principales. Les premiers
signes d'une crise mondiale se font sentir aux U.S.A. à la fin des années 70. Entre 1970 et
1978, un taux annuel moyen accroissement de plus de 20 % était l'habitude. Entre 1981 et
1983, les ventes ont chuté de près de 50 %. C'est l'arrivée du compact qui a dynamisé le
marché devenu exsangue.
B. La venue du compact
Pour combattre la morosité des ventes, les producteurs ont misé sur une politique de
substitution forcée de support pour susciter la demande et conduire les consommateurs vers
l’achat de nouveaux matériels et collections (notons aussi que le marché de la télévision était
lui aussi arrivé à saturation).
Mais, dans une conjoncture économique défavorable, le démarrage du CD a été plus lent que
prévu et ce n'est qu'à la fin des années 80 que c'est installé la génération du compact. De
même, ce n'est que tardivement que c'est déroulé le transfert des fonds de catalogue vers le
nouveau support.
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C. La fin de la croissance
Après un sommet à plus de 90 %, le taux de croissance annuel s’est effondré. Oubliant l'adage
boursier selon lequel les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, les éditeurs avaient cru en une
croissance sans fin. Pour remédier à cet état de fait, on tache d'innover. L’année 97 a vu la
montée en puissance des ventes du CD single. Longtemps, les firmes avaient négligé la
recherche d’un remplaçant des 45 tours. Avec Elton John et Candle in the Wind, il semblait
qu’enfin le public, surtout jeune, acceptait ce support. Mais cette embellie fut de courte
durée. Et l'arrivée massive d'Internet allait réduire encore plus ce marché.
Ce retour vers une logique de crise n’est pas sans conséquences économiques :
restructuration, concentration accrue, compression de personnel. Les conséquences artistiques
sont également prévisibles : repli vers des valeurs sûres, réduction des catalogues, rotation
accrue.
Depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000, le CD voit son avenir menacé par
la gravure privée et par le numérique6. Grâce à Internet et au développement des connexions
haut débit, il est devenu très facile de télécharger de la musique gratuitement. Les maisons de
disques s’adaptent et essaient de profiter du MP3 et des supports numériques pour contourner
les circuits de distribution traditionnelle et vendre en direct, ce qui permet d’accroître encore
leurs marges. Mais seule une firme informatique a réussi à s’imposer : Apple.
Le CD devrait donc connaître le même sort que celui du vinyle et devenir un "collector" pour
quelques collectionneurs. Le numérique devrait supplanter tous les supports disques
physiques dans les années à venir.
D. La musique numérique dépassera le CD …en 2013
En cumulant les téléchargements sur Internet et sur mobile, ainsi que les sonneries de
mobiles, le marché de la musique enregistrée peut espérer repartir à la hausse en 2011, selon
une étude de Forrester Research parue lors du 43e Midem de janvier 2009. L'essor viendra des
accords de licence avec les services numériques. «La seule façon de concurrencer le gratuit,
c'est avec du gratuit. Le succès futur repose sur la monétisation de la consommation, pas de la
distribution», analyse l'auteur de l'étude, Mark Mulligan, vice-président et directeur de
recherche de Forrester Research. Le cabinet d'études parie sur une part de marché du
numérique en Europe de 53 % en 2013 puis de 57 % en 2014. Faute de pouvoir compter sur
les dépenses des jeunes européens, quatre fois plus nombreux à partager qu'à payer leur
téléchargement, la musique tirera ses revenus d'autres entreprises qui «investiront dans la
musique numérique pour promouvoir d'autres produits, soit en payant pour des publicités sur
des réseaux sociaux musicaux (MySpace Music) ou en finançant leurs propres services
6
Une étude universitaire affirme que le partage de fichiers de musique par Internet ne nuit pas aux ventes de
disques, contrairement aux affirmations des grandes maisons de disques, qui y voient la principale raison du
déclin de leurs ventes. "Le téléchargement a un impact sur les ventes (de musique) qui est statistiquement
indiscernable de zéro", affirme Félix Oberholtzer, de la Harvard Business School, et Koleman Strumpf, de
l'Université de Caroline du Nord de Chapel Hill, les deux auteurs de cette étude obtenue mardi. MM.
Oberholtzer et Strumpf ajoutent que les conclusions de leurs travaux "contredisent les affirmations selon
lesquelles le partage de fichiers est la principale raison expliquant le récent déclin des ventes de musique", une
attaque visant les "majors" du disque et l'association américaine de l'industrie du disque (RIAA). (AFP, 7/04/04)
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(Nokia Comes With Music)». Elles pourraient atteindre 1,2 milliards d'euros en 2014, contre
122 millions en 20087.
E. Un marché fermé
Le marché du phonogramme est fermé pour deux raisons :

L’extrême concentration à cinq, puis quatre multinationales qui leur donnent un
contrôle à peu près complet sur la planification des changements de supports. Alors
qu’elles détiennent de 80 à 90 % du marché, les multinationales ne représentent que
28 % des références commercialisées.

La faiblesse de la distribution, la disparition des disquaires indépendants au profit des
grandes surfaces, entraînant l’absence d’un maillage géographique des points de vente,
qui décourage les acheteurs potentiels et interdit d’en démarcher de nouveau hors des
zones urbaines.

Les parts de marchés à l’échelon mondial:
Éditeurs
Part de marché 2003
Universal Musique
Sony Music
Warner Music
BMG
EMI
Autres
Part de marché 2002
23.50 %
13.20 %
12.70 %
11,90 %
13.40 %
25.30 %
Part de marché 1996
24,40 %
16,00 %
12,70 %
12,00 %
13,30 %
21,60 %
17 %
15,7 %
14,5 %
14 %
11 %
27 %
(Sources : IFPI, MTI, Soundscan cités par Gildas LEFEUVRE : Le producteur de disques,
Tout sur le disque)

Les parts de marché des maisons de disques majeures en 2002 par zone
(Source : Tout sur le disque)
Universal
Europe
Amérique du Nord
Japon
Australie et N.
Zélande
France
Sony Music
Emi
Warner
BMG
Autres
25.90 %
26.90 %
11,00 %
19.60 %
14.60 % 19.90 % 12,90 % 11,60 % 16.10 %
15.20 % 9.90 % 15.30 % 16,10 % 16.30 %
19,00 % 12,00 % 7.00 % 5,00 % 46,00 %
20,00 % 18,00 % 13.30 % 8,00 %
35,50 %
22,50 % 19.10 % 11.20 %
8,40 %
3.30 %
7
L'hypothèse, audacieuse, a été confortée par les annonces faites lors du Midem par la Société des auteurs,
compositeurs et éditeurs de musique et le groupe Universal Music Publishing. Exactement un an après la
signature de leur partenariat pour la délivrance d'autorisations et l'administration de droits liés aux exploitations
paneuropéennes, une demi-douzaine de contrats ont été signés. Parmi eux : Amazon, pour le lancement européen
de sa plateforme de téléchargement Amazonmp3, Nokia, pour son portail Comes With Music, et le site d'écoute
américain Spotify. (Le Figaro, 20 janvier 2009)
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 41
F. Un marché segmenté
On distingue quatre groupes d’acheteurs :




Le cœur de la cible, les passionnés, qui consacrent une part importante de leur budget à la
musique : c’est un public très spécialisé, l’éclectisme de l’achat (pas du goût) est
marginal. Ce sont eux qui permettent aux éditeurs de musique classique et de jazz de faire
les ventes les plus régulières.
Le deuxième groupe a la particularité d’être à la fois le plus actif et le plus volatil : c’est la
jeune génération, très sensible aux modes et aux hit-parades. Ce public n’est pas encore
atteint par les réflexes adultes de la collection et de l’encyclopédisme. Ici la versatilité se
marque dans le caractère imprévisible du succès; c’est aussi le public le plus malléable.
Le troisième groupe rassemble un public très nombreux de faibles acheteurs, qui se dit
amateurs de musique et consommateurs de compacts, mais qui y consacrent peu d’argent,
réparti au coup par coup sur l’année ou concentré sur les périodes de cadeaux.
Le quatrième groupe (unserved audience) rassemble une très grande masse qui n’achète
qu’occasionnellement et ne répond qu’aux campagnes de promotions massives
(l’introduction de la publicité à la télévision) : c’est ce public qui a déterminé les scores
exceptionnels des compilations, best of, Helmut Lotti et autre « Concert des 3 ténors ».
Sensible à la publicité, ce public n’a pas été fidélisé pour autant.
Une classification du public d’amateurs de musique français de moins de 40 ans a été tentée
par Denis Cogneau8 :
o Le branché cultivé : il mélange les classiques et les « must », titres anciens et
nouveautés. Il évite « les hits sans avenir ». Public très parisien, très fan de concerts. Il
se recrute parmi les « détenteurs d’un fort capital culturel »
o Le classique : débranché de l’actualité musicale, mais la légitimité d’une forme
musicale l’incite à l’inclure dans ses préférences musicales ;
o Le spécialiste : très contre-culture, il colle à une actualité de « musts ». Il va aussi à
beaucoup de concerts. C’est l’intermédiaire entre le fan de hits et le classique. Leur
nombre diminue, particulièrement chez les classes d’âges les plus âgées ;
o Le consommateur : il a le goût des nouveautés de masse diffusées à la radio et à la
télévision. Souvent des adolescents suivant le top ou des accros de la FM. Ils assistent
en général aux gros concerts, les moins réservés aux « avertis »
4. Structure de l’édition
L’industrie phonographique est caractérisée par une très forte concentration. Elle se fait à
deux niveaux : d’une part, un petit nombre de « majors » domine l’édition, d’autre part, ces
compagnies sont des sociétés intégrées, qui contrôlent l’ensemble de la chaîne, de la
production à la distribution.
8
Denis COGNEAU, « Le rock existe : Les sociologues l’ont étudié, a’queu c’en est » in Yaourt n°7 janvier 1991
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 42
A. Les multinationales
Une maison de disques "major" présente une double intégration : une intégration verticale et
une horizontale.
Cette société internationale intègre :

toutes les activités de la filière du disque sur le marché mondial à savoir :
- la production,
- l’enregistrement,
- l’édition,
- la fabrication
- la distribution
 contrats de licence - édition
 commercialisation de labels9 indépendants.
 distribution de produits réalisés par les indépendants ou par les majors
absents du pays…

À cela s’ajoute sa caractéristique de regrouper plusieurs marques ou entités de
production.

La forte intégration verticale qui leur permet d’augmenter leurs parts de marché, de
jouir d'un plus grand pouvoir de négociation et de dresser des obstacles devant les
nouveaux entrants sur le marché.

L'intégration horizontale leur permet de couvrir une meilleure segmentation du
marché, d'établir un contrôle élargi de celui-ci afin de mettre à profit des avantages
plus compétitifs.
D’après le schéma structurel ci-dessous d’une multinationale comprenant une maison de
disques "major", vous comprendrez que toute filiale obéit à de pressantes obligations de
résultat et une marge de manœuvre limitée au sein du groupe aussi cloisonné que
hiérarchisé10. De plus, l’activité musique ne représente qu’une partie des activités de la
multinationale, cependant si elle possède une maison majeure, le profil de la multinationale
est complet (c’est-à-dire des sociétés d’édition, plusieurs marques, un réseau de distribution,
des usines de fabrication des disques).
9
Le terme aujourd'hui couramment utilisé de « label » recouvre plusieurs réalités bien distinctes. À l'origine, il
s'agit de la marque servant à commercialiser des productions. C'est cette acception première qui désigne la
marque commerciale sous laquelle une maison de disques décide d'éditer un certain type de productions pour des
raisons d'homogénéité de catalogues ou de ligne éditoriale. La maison de disques est donc l'entité première. Le
label est intégré à la maison de disques tout en disposant souvent de sa propre équipe. Un label peut aussi
désigner la marque commerciale d'un producteur indépendant ayant conclu un accord de licence avec une maison
de disques. Enfin, le terme s'utilise aussi aujourd'hui pour une maison de disques à part entière, souvent lorsqu'il
s'agit d'un éditeur indépendant. Les appellations commerciales développant des lignes éditoriales précises
prendront alors la forme de collections.
10
(Source : Music CD Industry)
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 43
Quatre majors se partagent le marché mondial : Universal, EMI, Sony-BMG, Warner Music.
B. Les indépendants
Malgré quelques dénominateurs communs, le secteur indépendant recouvre une multitude de
réalités, très différentes :
- un producteur qui œuvre en nom propre,
- une micro structure de trois personnes,
- un label avec une quinzaine d’artistes au catalogue
- une maison de disque avec équipe de marketing et promotion intégrée.
Dans l’absolu, le terme d’ «indépendant» est relatif, car, hormis quelques structures possédant
une distribution autonome, la majeure partie des labels et des producteurs sont tributaires de
leurs distributeurs. La notion d’indépendance s’entend avant tout en termes de capital et de
politique de production. En fait, le terme d’indépendant s’applique à toute structure non
détenue par une des quatre majors.
Les indépendants disposent de moins de moyens financiers ou humains que les majors, mais
cela est compensé par une faculté d’adaptation et une capacité à explorer l’inconnu beaucoup
plus développée. De plus, la petite taille de ces structures leur apporte souplesse et un certain
nombre d’avantages :
- un contact plus direct avec les professionnels et le public,
- le temps de « développer » un artiste,
- une plus grande créativité s’opposant à l'exigence de rentabilité rapide des majeures.
Le tableau11 suivant illustre les différences fondamentales entre ces deux acteurs du secteur
musical.
11
MONTREUIL (Benoit) : Les modèles d'affaires de l'industrie musicale dans le contexte de la nouvelle
économie, Université de Laval, 2003
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 44
Les Majors
Groupe diversifié avec une activité musique
enregistrée
Grandes entreprises avec de nombreuses filiales
Fabricant de supports
Leader sur les principaux marchés territoriaux
Part significative des produits internationaux
dans le chiffre d'affaires mondial
Part de marché mondial significative à forte /
leader
Produits internationaux et départements
internationaux dans les filiales chargées de
commercialiser ces produits
Distributeur
Segment produit-marché structuré et autonome
des segments des segments finances / stratégies.
Grandes vedettes
Les Indépendants
Peu ou pas de diversification
Entrepreneur individuel. Entreprise
moyenne nationale ou avec quelques
filiales.
Rarement fabricants de supports
Part faible à significative sur le marché
national, mais rarement leaders.
Part des exportations faible dans le chiffre
d'affaires
Part de marché insignifiante à faible
Produits conçus d'abord en fonction d'un
marché national, éventuellement exportés.
Rarement distributeur
Segment produit-marché plus ou moins
autonomisé; segments finances / stratégies
peu constitués.
Politique de créneaux, de "coups"
Il existe une certaine complémentarité entre les indépendantes et les maisons de disques
majeures. En effet, les premières découvrent de jeunes talents alors que les secondes plus
orientées vers le retour sur investissement leur permettent d’acquérir une certaine célébrité.
Les éditeurs indépendants peuvent se diviser en six catégories différentes :
 Les structures de production / distribution : ce sont les poids lourds des indépendants.
Elles maîtrisent toute la chaîne de la production à la distribution.
 Des éditeurs, généralement spécialisés, qui ont confié leur distribution à une major ou à
une société indépendante
 Les petits et moyens labels : On regroupe dans cette catégorie une multitude de petites ou
moyennes structures qui ont en commun de travailler sur des niches de marché plus
spécifiques et sur lesquelles elles ont acquis un savoir-faire
 Les labels construits autour d’un artiste :
 Les informels : Ce sont les multiples producteurs œuvrant en nom propre, parfois attaché à
un artiste en particulier ou à l’existence éphémère. Leur activité est souvent irrégulière et
leur poids peu significatif. Ils se structurent rarement en label.
.
La principale problématique des indépendants est leur accès au marché. Sauf à être lui-même
distributeur, tout producteur doit faire un choix entre deux options :
- Une distribution par une maison "major". Dans ce cas, il se trouve noyé dans une
multitude de références et les équipes de ventes des majors concentrent leurs efforts sur
les produits maison ;
- une distribution par un indépendant : il est plus performant sur une niche spécifique, mais
l’accès au marché est plus restreint.
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 45
C. L’évolution des modèles économiques de l’industrie phonographique.
Avant l'arrivée d'Internet dans le grand public, l’économie du disque se déclinait sur deux
modèles économiques. Le premier associait les éditeurs de musique à un groupe fabriquant du
matériel sonore (Philips12 et Sony), tandis que le second les plaçait à l’intérieur d’un groupe
de communication multimédia -presse, cinéma, télévision (Warner et BMG). Avec l’arrivée
d’Internet, un nouveau modèle est né qui devait sur la convergence de l’édition et d’Internet
ou sur la convergence des éditeurs et des opérateurs (téléphone mobile et télévision). La
fusion AOL-Time Warner était un premier exemple de ce modèle et Vivendi le second. Mais
ce modèle n’a pas donné les résultats escomptés. Time Warner a vendu sa filiale musicale et
les autres éditeurs cherchent leur secours dans les fusions et la vente en ligne.
Les grandes multinationales cherchent leur salut dans une nouvelle organisation. Un premier
principe : au lieu de se concentrer sur les disques produits par un artiste, elles entourent celuici à 360 degrés. Elles veulent devenir son agent, gérer ses tournées, ses produits dérivés, ses
pubs, ses partenariats. « Nos labels travaillent sur des CD en tant que produits et non
supports. Il y aura de plus en plus d'albums qui seront de beaux objets avec livrets, photos...
Ça, ce n'est pas téléchargeable », assure Emmanuel Mougin-Pivert directeur général de
Warner Music France 360°. Et le reste du chiffre d’affaire viendra du marketing autour de
l’artiste. Un deuxième principe est une diversification des revenus : à côté des revenus des
ventes physiques s’ajoutent les ventes numériques, les droits voisins, les droits dérivés voire
des subventions et des crédits d’impôts.



Vente à l’acte
o iTunes Store
 75 % du marché
 1er vendeur de musique aux USA
o iTunes < - > éditeurs
 « Je t’aime, moi non plus »
 iTunes rémunère les artistes
 Apple une société qui « rock »
 La concurrence dépose les armes
L’abonnement
o 10 € pour être heureux
o Le prix de la musique est compris dans l’accès au Net
o L’abonnement est trop cher
o Le hold-up de MySpace
o Les Majors tenté par le modèle de holding financier
o Les artistes sont-ils spoliés ?
o La SDRA veulent leur part du gâteau
La publicité
o Principe simple
musique gratuite + publicité
o Demande des éditeurs à Deezer
 1.300.000 € Universal Music
 500.000 € SonyBMG
o Equilibre financier des sites très précaire
12
Philips avait une filiale consacrée à l’édition phonographique, Polygram. Celle-ci a d’abord été vendue au
groupe Seagram qui a fusionné sa branche musicale avec le groupe français Vivendi.
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 46
5. Composition du prix de revient d’un disque en fonction de la structure
des coûts de production et de distribution.
Le tableau qui va suivre s’appuie sur une estimation réalisée par la SNEP et basée sur le prix
de gros hors taxe, et sur l’ensemble des disques vendus sur le marché français en 1996, tous
catalogues confondus. Il s’agit d’une structure de coût type, applicable à un disque compact
de variété au sens large, à grande diffusion. Le coût d’un single ne peut évidemment pas être
comparé à celui de l’enregistrement d’une symphonie ou d’un album de rock.
Frais d’enregistrement 13
Redevances d’artistes14
Droits d’auteurs15
Fabrication16
Publicité et promotion17
Frais de distribution18
Frais généraux19
Impôts
Résultats d’exploitation
3%
18 %
9%
14 %
13 %
21 %
10 %
4%
8%
(Tiré de « L’année du disque », Bandiagara Édition / Espace Vital)
6. La distribution
La distribution du disque est concentrée sur les grandes surfaces alimentaires et les grandes
surfaces spécialisées (FNAC…)
A. Les spécialistes
Quand on pense disquaire, on imagine un disquaire indépendant traditionnel : ce sont ceux qui
se portent le plus mal ainsi, leur « poids » dans les ventes de phonogrammes devient de plus
en plus étroit (autour de quelques pourcents) . Les chaînes de disquaires se développent
13
Frais d’enregistrement = studio, musiciens, post-production
Redevances d’artistes = royalties. Elles varient sensiblement selon la notoriété de l’artiste. En cas de contrat de
licence (coût de l’enregistrement assumé par un producteur extérieur), la somme des postes « enregistrement » +
« royalties » est remplacé par un taux de licence d’un montant équivalent, mais aux conséquences juridiques très
différentes.
15
Droits d’auteurs = droits de reproduction mécaniques versés à la SDRM. Ce poste n’existe pas dans le cas
d’œuvre tombé dans le domaine public, cas assez courant en classique.
16
Fabrication = frais dits « proportionnels » (liés au nombre d’exemplaires fabriqués), mastering, pressage, frais
d’imprimerie (pochettes, étiquettes, …), fabrication de boîtier, mise en boîtier, cellophanage,etc.
17
Publicité et promotion = poste qui varie sensiblement selon le type de phonogramme. Il a considérablement
augmenté depuis l’introduction de la publicité à la télévision.
18
Distribution = frais de distribution du catalogue + force de vente + frais de messagerie
19
Frais généraux = il s’agit d’une moyenne, ces frais dépendent de la taille et de la structure de l’entreprise
concernée.
14
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 47
particulièrement bien en Europe. Ces magasins sont soit des propriétés de chaîne, soit des
franchisés et disposent d’une gestion assez centralisée (Free Shop Records).
Les multi-spécialistes représentent les poids lourds de la distribution du disque, les surfaces
consacrées au disque peuvent être importantes. Ce type de distribution se développe grâce aux
activités connexes que sont la billetterie, les signatures d’artistes, les spectacles.
B. Les grandes surfaces
Elles représentent une part importante de la distribution du disque, pourtant celui-ci n’assure
qu’une faible partie de leur chiffre d’affaires. Elles peuvent être de plusieurs types :
- les grandes surfaces alimentaires : hypermarchés et supermarchés
- les non-spécialistes, type grands magasins.
C. La vente par correspondance
La vente par correspondance occupe une place réduite en Belgique et en France (Belgique
Loisirs) alors qu’elle est développée dans les pays anglo-saxons. Mais la désertification de la
distribution et la modernisation des prises de commande (Internet 20) favorisent son
développement.
7. Le marché mondial
En 2008, le marché mondial de la musique enregistrée (valeur gros) a représenté 18.4
milliards de dollars, en baisse de 8.3 % par rapport à 2007 et de 34 % par rapport à 2002.
La perte du marché des supports (-2.5 milliards de dollars) est très partiellement compensée
par la hausse des ventes numériques (+ 736 millions de dollars) et de celle des droits perçus
(+ 112 millions de dollars).
20
Proxis, Amazon, Fnac, …
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 48
Les ventes de supports chutent de 15.4 % tandis que les ventes numériques progressent de
24.1 % et les droits perçus de 16.2 %.
Aujourd’hui, les ventes de supports représentent 75 % des revenus mondiaux de l’industrie
phonographique contre 20 % pour les ventes numériques et 5 % pour les droits perçus.
La déprime est telle que le secteur est sur le point de connaître un changement majeur : les
profits générés par la vente de CD et de DVD musicaux pourraient être dépassés par les droits
de diffusion ou d’utilisation des œuvres – télévision, salons de coiffure, clés USB, parkings
souterrains… Une liste qui témoigne d’un paradoxe : le marché du disque est en chute libre
alors que la musique est partout…
En regardant le marché par pays en 2008, on remarque, comme en 2007, que tous les pays
sont dans le rouge à l’exception du Japon (+0.9 %). C’est le marché américain qui régresse le
plus fortement (-18.6 %), suivi par le marché italien (-17 %) et le marché français (-13.4 %).
Les autres pays connaissent des taux de récession allant de -2.5 % (Royaume-Uni) à -9.9 %
(Pays-Bas). La récession du marché français (-13.4 %) est 1.4 fois supérieure à celle de
l’ensemble des 10 principaux pays (-9.3 %), 5 fois supérieure à celle du marché anglais (2.5%) et 3 fois supérieure à celle du marché allemand (-4.1 %). A contrario, la baisse du
marché américain (-18.6 %) est 1.4 fois plus forte que celle du marché français (-13.4 %).
Depuis 2002, à dollar constant pour les pays de la zone Europe et le Japon, hors droits, c’est le
marché français qui connaît la plus forte régression (-53 % contre -28 % pour la moyenne des
5 principaux marchés).
8. Le marché belge de la musique en 2008
En 2009, les consommateurs belges ont acheté près de 44 millions de jeux vidéo, DVD,
disques Blu-ray, albums et singles. Ceci signifie néanmoins une baisse de 2% par rapport à
l’année 2008. Le chiffre d’affaire de ce marché a baissé de 5% comptabilisant un montant de
615 millions €. Le nombre de DVD vendus a diminué de 8,3%, tandis que les ventes de
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disques Blu-ray ont plus que doublé. Les consommateurs ont acheté plus de musique, mais le
chiffre d’affaires est en baisse. Quant aux jeux vidéo, la vente a chuté de 7% par rapport à
l’année record de 2008.
Source : Ultratop /Gfk
Les ventes de musique ont connu une croissance de 4,9%, tandis que le chiffre d’affaires a
diminué de 2,3%, pour atteindre près de 160 millions d’euros. Au total, 7 millions de singles
ont été vendus – une croissance de 20%. Neuf singles sur dix sont téléchargés. Le marché des
albums connaît une faible baisse de 2,6% (ventes totales : 11,2 millions d’albums). Pour les
albums, 90% des ventes se font toujours via le magasin dans la rue. La meilleure vente était
pour Seal avec son album Soul, avant Enfoirés et Calogero. L’album belge le mieux vendu est
Mirror Mirror de Ghinzu à la position 27. Le marché numérique a progressé de 27% en
chiffre d’affaires et atteint 8% du marché total. Même si la vente numérique de singles et
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 50
d’albums continue à augmenter d’année en année, elle ne compense nullement la chute des
ventes sur le marché physique. 21.
9. L’avenir de la musique
La musique enregistrée est en général accessible pour le public de trois façons :
 Le consommateur achète un enregistrement dans un point de vente
 Le consommateur accède à la musique sous une forme non matérielle par une
transmission sans fil, par câble ou par Internet
 Le consommateur loue un enregistrement dans une médiathèque.
A. La diffusion numérique
i) La radio numérique
En Europe, le DAB (Digital Audio Broadcasting – transmission audio numérique) est destiné
à devenir la nouvelle norme de transmission radio. Cette technologie existe déjà de façon
discrète22.
ii) La musique via le câble
La radio numérique par câble existe depuis longtemps aux États-Unis. Ces services
commercialisés sous l’appellation « alternative au CD ». Les souscripteurs reçoivent de 20 à
30 canaux sans publicité, sans annonce, sans animateur, sous forme de programmes ciblés
(musique de chambre, jazz, rock, chanson française,…) Ce service est apparu en Belgique fin
1995 sous le nom de Music Choice Europe (MCE)23.
21
D’après un communiqué de presse de la BEA
Des émissions de Radiodiffusion sonore numérique (DAB) sont réalisées par la RTBF depuis le 1er juillet
1999 . Cette nouvelle technologie de diffusion permet la diffusion simultanée de six à sept radios sur une seule
fréquence, ainsi que des images et textes [fréquence / bloc 225,648 MHz / 12B (Bande III)]. Afin de pouvoir
écouter les émissions DAB, un récepteur spécifique est nécessaire. Ces récepteurs sont vendus tant pour
l'automobile que pour les PC (qui permettent de recevoir les datas diffusés) ou en récepteurs de salon. Les pages
HTML proposent un court descriptif de chaque chaîne radio et leurs fréquences. En plus des données, la RTBF
diffuse sur certains canaux des tests d'images. Celles-ci pourront être issues de webcams studio, pochette cd,...
22
23
Implanté en Europe depuis 1993, MCE est une initiative américaine qui réunit Général Instrument (GI) et
trois majors, Sony, Warner et EMI. Par le truchement d’un décodeur loué, MC Europe propose 30 chaînes
musicales avec une qualité sonore numérique, sans commentaires, publicités ou interruptions. Une
télécommande comprise dans l’abonnement permet non seulement la sélection du canal, mais donne aussi toutes
les références du CD lorsqu’il est diffusé. Actuellement, MC Europe est surtout implanté en Flandre et à
Bruxelles via Telenet.
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 51
B. Les supports numériques
Aujourd’hui encore, le CD est le support dominant sur le marché mondial. Les graveurs de
CD-Rom peuvent être utilisés comme graveur de CD audio. Le DVD-audio enregistrable
offre d’importantes capacités de stockage de musique et l’arrivée des supports suivants (BluRay par exemple) va offrir une capacité encore plus grande. D’autres innovations matérielles
comme la « musique sur une puce (chips) » sont également possibles. Mais ce sont surtout les
lecteurs MP3 sur des mémoires flash, des CD-Rom ou des disques durs portables qui sont le
support en croissance. Ceux-ci profitent largement des fichiers pirates ou non placés sur
Internet qui ont rapidement transformé le Web en gigantesque juke-box mondial.
C. La musique via internet
1) La mondialisation de la vente
Internet est aussi en train de bouleverser le marché des disques. Il est déjà possible depuis de
nombreuses années de faire pratiquement tous ses achats sur des sites spécialisés (Amazon,
Proxis…).
Mais on assiste à un changement complet des circuits de distribution. Les maisons de disques
(Universal, Sony-BMG…), voire les artistes eux-mêmes (Radiohead), s’auto-distribuent. Les
grandes chaînes de magasins de ventes au détail (Fnac, Virgin Megastore…) ont lancé leur
propre magasin virtuel, concurrençant les distributeurs spécialisés sur Internet. De ce fait, les
détaillants vont entrer en compétition avec leurs anciens partenaires. En dehors des problèmes
liés à la vente sur Internet à l'exportation, des éléments tels que la visibilité, le prix, le
catalogue et la régionalisation des sites et des stocks seront des atouts cruciaux dans cette
guerre commerciale.
2) Les nouvelles façons de choisir sa musique sur Internet


Les abonnements. Proposés le plus souvent par les fournisseurs d'accès, mais aussi de
façon indépendante (MusicMe), ils permettent, moyennant un forfait mensuel, le
téléchargement illimité de musique en toute légalité. Mais il y a une différence de
taille avec les plates-formes classiques : la présence systématique de DRM (Digital
Rights Management), qui limite le nombre de transferts à trois. Ces abonnements
nécessitent de renouveler régulièrement sa « licence » auprès de son fournisseur
d'accès.
Autre contrainte, le catalogue est limité à une maison de disques : quelques exemples
en France : Universal chez Neuf Telecom, EMI avec Alice. Seul MusicMe propose un
catalogue complet et près d'un million de titres disponibles. Enfin, ces sites ne
fonctionnent qu'avec les PC, sous Windows.
Les webradios à la demande. Il s'agit d'écouter de la musique en « streaming », c'est-àdire sans pouvoir la télécharger sur son ordinateur ni son baladeur. Il suffit de
s'inscrire gratuitement, de taper le nom de l'artiste recherché, et un lecteur diffuse les
titres disponibles sur le Web. Idéal pour découvrir un album avant de l'acheter, pour
parfaire sa culture musicale ou se remémorer ses années boums. Les sites fournissent
également de nombreux renseignements sur les artistes (biographie, discographie,
dates de concerts, etc.). Ce contenu peut-être enrichi par les internautes. (Musiline,
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 52


Deezer et Radio. blog.club.
Le système est financé par la publicité. Il offre à l'utilisateur une fonction intuitive («
smartradio » sur Deezer, « mes programmes » sur Musiline) qui lui propose des titres
en fonction de ceux qu'il a déjà choisis. En récupérant ces informations, cette fonction
intuitive permet aux régies associées, dans les cas de Deezer et de Musiline, de cibler
leurs publicités.
Le principe est dérivé du « scrobbling », inauguré en 2006 par Last.fm, webradio
américaine et modèle du genre. Le scrobbling analyse le contenu musical de votre
ordinateur et propose à l'auditeur des dizaines d'artistes à l'univers proche. Last.fm
permet même de connaître les dates de concerts à venir près de chez soi.
Le téléchargement gratuit. Rêve de consommateur, les sites de téléchargement gratuits
et légaux ont franchi une nouvelle étape fin 2007 avec le lancement, aux Etats-Unis de
SpiralFrog, et en France de Airtist. Proches des plates-formes payantes dans la
présentation, ils permettent de télécharger à l'unité ou à l'album de la musique en
qualité équivalent MP3, sans DRM, donc sans limitation de copie. Seule condition :
regarder une publicité avant de télécharger le titre.
Sur Airtist, un coeur vert signale les titres « gratuits ». Le reste du catalogue
disponible est à 0,99 euro le titre (prix du marché digital), dont 1 centime reversé à
une association caritative. Séduisante en théorie, l'offre se révèle très restreinte. Trop
pour attirer le grand public à la recherche des succès de l'année. Quant à SpiralFrog, le
service est réservé aux résidents américains et canadiens.
A l'heure actuelle, ces sites ne proposent donc rien de plus (hormis la publicité) que les
plates-formes gratuites existantes (Jamendo, Dogmazic, Mp3Legal...), essentiellement
consacrées aux artistes autoproduits ou aux militants de la licence Creative Commons,
conçue pour favoriser l'échange créatif.
Les plates-formes commerciales. Elles vendent la musique par album ou par morceau.
La présence systématique de DRM (Digital Rights Management), qui limitait le
nombre de transferts, a plombé le développement de ce marché. Maintenant ces platesformes s'orientent vers la suppression des DRM (iTunes, Fnac, Virgin...)
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Les parts de marchés du téléchargement de musique en France (2006)
L’avenir de la diffusion semble tracer dans la combinaison d’un support virtuel et de la
transmission numérique. Après le choix d’un programme, celui-ci est stocké à domicile ou
ailleurs sur un disque dur, écouté à volonté, puis remplacé à volonté.
Mais le grand enjeu économique reste la gestion des droits. Issu du monde universitaire, où
tout le monde partage son savoir et ses recherches, Internet a permis le développement du
piratage généralisé de la musique. Toute l’attention des éditeurs de musique se concentre sur
la capacité à endiguer le piratage, de limiter la copie. La volonté de Microsoft à imposer son
Media Player n’est qu’une des manœuvres des éditeurs de logiciel pour décrocher le juteux
marché de la gestion des droits d’auteurs, de la sécurisation et du contrôle de la diffusion de la
musique sur internet.
De toute évidence, nous constatons une accélération des bouleversements technologiques,
dont il est aujourd’hui impossible de prévoir les conséquences précises sur le marché de la
musique, mais qui seront nécessairement multiples et vecteurs de profonds bouleversements.
Par exemple, Hal R. Varian24, professeur d’économie à l’Université de Berkeley (Californie),
dans une interview donnée au journal Le Monde25 imagine la transformation du métier
d’éditeur en celui de simple promoteur :
Dans l’industrie de la musique, les six plus grandes entreprises du secteur ont
deux sources de revenus : la distribution et la promotion. MP3 va attaquer
sévèrement la première.
Les musiciens, grâce à MP3, seront extrêmement nombreux à tenter de diffuser
leurs œuvres sur Internet. La promotion de leurs titres sera d’autant plus
nécessaire pour se différencier des autres artistes. Les musiciens devront peutêtre payer ce service promotionnel, capable de capter l’attention des utilisateurs.
D. La construction d’un marché légal
Si les technologies de l'information n'effraient plus l'industrie de la musique, leur mise en
place reste longue et difficile.
La construction d’un marché en ligne légal et prospère s’avère incomparablement plus
complexe que la mise en place des modèles de distribution peer-to-peer, ce qu’on a souvent
bien du mal à comprendre. Les difficultés sont


Numérisation du contenu : Il faut partir de zéro pour construire des ‘bibliothèques’
de qualité du répertoire musical, numériser des centaines de milliers de titres et
d’éléments graphiques associés.
Obtention des droits et renégociations : Chaque chanson numérisée doit recevoir le
feu vert du ou des artistes, du ou des compositeurs ou de leur(s) éditeur(s), ainsi que
de la maison de disques concernée, avant de pouvoir être concédée pour la vente
24
Hal R. Varian est aussi directeur de la School of Information Management and Systems ; spécialiste de
microéconomie, il est co-auteur, avec Carl Shapiro de L’économie de l’information (De Boeck Université, 1999)
25
Le Monde, 21 septembre 1999
Chapitre 2 - Le marché du disque.docx - Page 54




numérique. Beaucoup de chansons ont été écrites à plusieurs mains, et certains des
droits impliqués peuvent être limités à des territoires donnés, sans compter que
certains artistes peuvent avoir imposé des restrictions à la mise à disposition de leurs
singles sous forme de téléchargements. L’obtention des droits d’enregistrement pour la
distribution en ligne peut donc faire entrer en jeu des négociations commerciales
complexes avec un grand nombre de parties.
Technologies haute performance : Les services de musique en ligne doivent assurer
que les temps de téléchargement sont minimisés pour tout l’éventail des vitesses de
connexion des usagers.
DRM conviviaux et définition des ‘règles d’usage’ : Les systèmes de ‘gestion des
droits’ (DRM) sont d’une importance vitale pour les services de ventes de musique en
ligne, mais les systèmes efficaces doivent être virtuellement invisibles pour la majorité
des consommateurs. Une fois un titre téléchargé, le consommateur doit pouvoir le
stocker et le transférer sans enfreindre les droits de propriété intellectuelle. Mais,
derrière ces règles d’usage se cachent encore une fois des négociations commerciales
et des technologies DRM complexes. Les morceaux téléchargés doivent offrir une
souplesse d’utilisation certaine, tout en étant protégés – un paradoxe qui nécessite à lui
seul des solutions technologiques intelligentes et onéreuses.
Sécurité anti-virus des systèmes Les systèmes de contenu et d’exploitation doivent
être exempts de virus et fiables, ce qui impose tout un éventail de technologies à
l’appui.
Systèmes de paiement sécurisés Les services légitimes sont payants. Il faut donc
mettre en place des systèmes sécurisés de paiement et de facturation, afin que les
usagers puissent payer leur musique en ligne par divers moyens, des cartes de crédit
aux comptes spéciaux, en passant par des abonnements.
E. Le téléphone mobile, nouvel eldorado
"Musique + mobile = Money + Marketing." Cet intitulé de l'une des premières conférences du
Midem 2004 résume on ne peut mieux l'importance stratégique du téléphone portable
aujourd'hui pour l'industrie du disque. Le pouvoir d'attraction de la musique pour les abonnés
des opérateurs mobiles a en effet dépassé tous les pronostics avec le succès colossal des
"ringtones". Ces mélodies que l'on télécharge pour quelques dizaines de centimes d'euro afin
de personnaliser les téléphones portables ont pesé, en 2005, environ 2.56 % du marché
mondial de la musique. Les ventes de ces sonneries dépassaient les ventes de singles.
Mais la mode passa vite. Aujourd'hui, les nouveaux téléphones permettent de recevoir des
chansons originales, ce qui conduit logiquement les maisons de disques à réclamer un partage
de revenus plus favorable.
Le fabricant finlandais de téléphones mobiles Nokia, leader mondial du marché a sorti d'un
téléphone permettant de télécharger gratuitement de la musique pendant un an. Cette offre,
baptisée "Comes with Music" permet à ses utilisateurs une année d'accès gratuit illimité au
catalogue musical de Nokia (2,1 millions de morceaux). Au terme de cette année d'essai,
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l'utilisateur pourra s'il le souhaite souscrire un forfait illimité, tout en conservant dans tous les
cas la jouissance des morceaux déjà téléchargés.
Évolution de la composition des ventes en téléchargement en téléphonie mobile
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