Bernard Bouvier - Les Fils de la Charité
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Bernard Bouvier - Les Fils de la Charité
Paris, le 10 décembre 2009 Bernard BOUVIER 11/06/1927 – 08/12/2009 « Le premier acte missionnaire, c’est d’entendre l’appel, à la manière de Paul… ‘’Une nuit Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette prière : passe en Macédoine, viens à notre secours. A la suite de cette vision de Paul, nous avons immédiatement cherché à partir pour la Macédoine (Actes 16,9) ‘’. Le missionnaire n’est pas d’abord envoyé pour dire, mais pour entendre ». er Bernard, 1 Fils de la Charité envoyé en Afrique. Bernard est né le 11 juin 1927 à Arrency dans l’Aisne. Il grandit dans le village de La Bazouge de Chemeré en Mayenne, où son père s’occupait de plusieurs fermes tout en étant maire, service qu’il exerçait avec compétence et autorité. Les parents de Bernard étaient aussi engagés dans l’Eglise. Récemment Bernard parlait avec émotion de pèlerinages à Lourdes où il accompagnait sa mère. Il avait un frère qui est décédé en 1997, et une nièce et un neveu. Malheureusement ce dernier a été victime d’un accident de circulation à l’âge de 19 ans, deuil douloureusement ressenti par toute la famille. Bernard a toujours été très lié à sa nièce Françoise, Bob son époux et leurs enfants et petits enfants. C’est au moment de sa retraite en Mayenne qu’il a pu les fréquenter davantage. Bernard est rentré à 19 ans au noviciat des Fils de la Charité. Il a fait sa profession religieuse le 7 octobre 1947. Il est ordonné prêtre à Notre Dame Auxiliatrice de Clichy le 30 mai 1953. Il a 26 ans et il rejoint dans un premier temps la nouvelle équipe de la Roulotte avec Pierre Thivollier, Pierre Dupé et Francis Feuillet. Ce premier poste fut pour lui une chance et une fierté. La première période déterminante pour lui, sera sa nomination en 1956 à l’équipe du Grand Colombes : il faut esquisser le contexte de l’époque : en mars 1954, Rome a décidé l’arrêt de l’expérience des prêtres ouvriers et juste après, en juillet de la même année, le cardinal Feltin crée, sous l’impulsion du Père Robert Frossard le secteur de Mission ouvrière de « La Boucle », dont fait partie Colombes, et qui comprend, outre 550 000 habitants, une forte concentration ouvrière. Mais rapidement se sont faites jour différentes conceptions de la mission, aussi bien parmi les laïcs que parmi les prêtres. Chez les Fils aussi, une certaine tension entre le courant « Paroisse Communauté missionnaire » et le courant « présence sacerdotale à la masse » incarné principalement par les prêtres ouvriers, mais pas seulement. Ajoutons le contexte de la guerre d’Algérie, avec en France des paroisses, dont celle de Colombes, fortement engagées avec des militants algériens en faveur de l’indépendance de leur pays. Bernard, qui n’a que 30 ans, profite du feu vert donné par la mission ouvrière en septembre 58 pour pouvoir travailler sous certaines conditions (rester en paroisse, travailler à temps partiel, dialoguer avec les laïcs). Il est embauché à la cidrerie Fourcat dont il enterrera luimême religieusement le patron : cela pouvait surprendre ! Un peu plus tard, il suit l’intuition de Paul Bardin de sortir du « bercail » paroissial et monte en 1960 une petite entreprise de carreaux de plâtre. Même des membres de l’équipe Fils viennent l’aider quand ils en ont le temps. Mais c’est une période où grandissent dans l’équipe tensions, fatigues, incompréhensions. Bernard lui-même n’est pas exempt de raideur idéologique, qui ne facilite pas le dialogue. Il est temps d’arrêter l’expérience. L’Afrique : 1962-1973. Jo Bouchaud et Bernard entament un périple de 2 mois dans les ports et capitales de l’Afrique francophone. C’est l’époque des indépendances et de la décolonisation. C’est le moment aussi où sont ordonnés les premiers évêques africains. Le choix de la 1ère implantation Fils se fait sur le port d’Abidjan. Pour le moment Bernard est seul. Ce n’est pas un fondateur. Son souci est ailleurs. Avec l’intelligence et l’esprit d’initiative qui sont les siennes, il regarde et décide. Il voit que les bateaux de pêche ne sont commandés que par des étrangers. Il va se former en France pour passer le diplôme de capitaine et revient à Abidjan fonder une école de navigation pour former des capitaines de pêche ivoiriens. Il voit aussi que les marins qui font escale au port n’ont pas de lieu pour les accueillir : avec l’appui du directeur du port, il crée le « Seamen’s club » qui existe toujours et dont l’aumônier est toujours un Fils. Avec l’aide, entre autres du Père Courtois, il construit le presbytère de la paroisse St Antoine du Port. Quelque temps après, alors que trois autres Fils arrivent à Abidjan, il devient navigant mécanicien sur des cargos. Il prépare ensuite à l’Ecole Maritime de Cancale, le brevet d’électro mécanicien et réembarque sur un bateau ivoirien. Puis encore d’autres bateaux. Il arrête de naviguer en 1973. Retour en France : en tant qu’électro mécanicien il a trouvé un emploi de moniteur instructeur auprès de l’IFTIM, qui préparait aux métiers de manutention dans les zones portuaires. Bernard a fini par quitter cet emploi qui demandait de nombreux déplacements. Il s’est alors stabilisé à Belleville, avec l’équipe PO de Roger Mimiague et Roland Claverie. Sa dernière embauche, jusqu’à la retraite en 1987 : le Comité d’établissement de l’URSSAF. Roger témoigne : « Que ce soit dans sa vie de travail, dans sa vie militante, syndicale et politique, dans ses engagements dans le quartier du Bas Belleville (démolition-reconstruction-actions pour des logements sociaux, rendre les gens acteurs dans l’association « BAS-BEL » qu’il a mise en place) Bernard se voulait efficace, opérationnel et témoin d’une Parole de Dieu incarnée, prêtre d’une Eglise qui s’inscrit dans la vie des hommes, appelée à devenir ‘’offrande vivante, sainte et agréable à Dieu’’… Pour être crédible auprès des travailleurs, il durera dans son engagement militant pendant sa retraite ». Bernard va désormais partager sa vie entre Issy-les-Moulineaux et sa maison de Meslay sur Maine. Il y sera heureux d’accueillir il y a quelque temps le Conseil Général des Fils de la Charité pour sa session d’année. Des ennuis de santé de plus en plus fréquents l’ont conduit à demander lui-même à rejoindre notre maison de retraite. Il y était à l’aise, blaguant plus qu’à son tour, participant de façon simple et sérieuse aux partages des temps forts de la communauté. C’est au soir d’un temps de recollection, lundi dernier, qu’il est tombé et est entré rapidement dans le coma suite à une hémorragie cérébrale. Nous accompagnerons Bernard avec sa famille et ses amis lors de la messe de sépulture à La Bazouge de Chemeré (53170) Ce samedi 12 décembre 2009 à 14h30 Suivie de l’inhumation dans le caveau familial. Pour le Conseil France, Jacques Robbe.