MEUSE NATURE ENVIRONNEMENT - Mirabel-LNE

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MEUSE NATURE ENVIRONNEMENT - Mirabel-LNE
MEUSE NATURE ENVIRONNEMENT
83 rue de Véel – 55000 BAR LE DUC
O3-29-76-13-14 Fax 03-29-76-83-68 – Courriel : [email protected]
Jean BONVILLE
Président de Meuse Nature Environnement
Monsieur Claude PAUL
Directeur de la Publication
De « Chasseurs de l’Est »
1 rue de la Passotte
57078 Metz
Bar le Duc, le 30 avril 2004
A l’attention de Madame Corinne MEYER
Objet : Article p.47 « La face cachée de l’éolienne » dans « Chasseurs de l’Est » N°94. Avril 2004
Monsieur,
Après lecture de l’article « La face cachée de l’éolienne », nous ne pouvons qu’être qu’abasourdis par le
nombre d’arguments mensongers dénigrant l’énergie éolienne. Meuse Nature Environnement et d’autres
associations agréées pour la protection de l’environnement, cosignataires de ce courrier, souhaitent avant tout
apporter, par la présente, ses observations relatives à l’argumentation de cet article et s’interrogent, par
ailleurs, sur la « haine » manifestée par les chasseurs, ou peut être par un groupe de chasseurs, contre la mise
en place d’une énergie enfin renouvelable, sans risque de pollution future comme l’énergie nucléaire,
bizarrement louée dans cet article. La contribution des chasseurs au débat était attendue, de notre part, sur les
impacts éventuellement constatés ou étudiés sur la faune.
Premier paragraphe :
-
Eolienne et production d’énergie : l’éolienne fonctionne effectivement environ 2000 heures par an
(condition minimale pour rentabiliser un projet), soit un quart ou plus du temps (proportionnel à la
rose des vents). Pour rappel, une centrale nucléaire fonctionne approximativement 75% du temps car
le reste est prévu pour la maintenance et le changement de combustible dans les réacteurs. En ce qui
concerne l’intermittence, le recours à une source d’énergie thermique (charbon, gaz) s’opère, en
France, pendant les heures de pointes en hiver, quand les radiateurs électriques fonctionnent, ou en
été, quand la climatisation du tertiaire est à plein régime. En fait, ce sont nos chers radiateurs
électriques et nos chers climatiseurs qui contribuent à l’émission de gaz à effet de serre.
-
Les arrêtés des 21 juillet 1997, 3 juin 1998, et 15 avril 1999 définissent les principes de calcul de la
possibilité d’accueil du réseau pour les éoliennes ; il n’y a pas a priori de « torture du réseau
électrique » si toutes les études sont correctes. C’est soit RTE, soit ARD (EDF) qui gère le
raccordement.
-
C’est exact qu’une structure d’une certaine hauteur dénature le paysage ; qu’attendons-nous pour faire
tomber les milliers de pylônes électriques qui traversent la France. Ne parlons pas des centrales
nucléaires, qui ont elles aussi un impact visuel dans le paysage et sur notre ressource en eaux lors de
fortes chaleurs.
-
Le bruit des éoliennes est aujourd’hui complètement maîtrisé ; l’obligation de son éloignement
minimum de toutes habitations à plus de 400 m couplé aux progrès technologiques font qu’à cette
distance on perçoit un bruit d’environ 30 à 40 dB (pour comparaison l’intérieur d’une maison c’est 50
dB, un murmure c’est 15 dB, l’intérieur d’une voiture c’est 85 dB). Quand il n’y a pas de vent
l’éolienne ne produit pas de bruit, et quand le vent souffle fort, il couvre le bruit de l’éolienne.
-
La baisse de la valeur immobilière n’est pas prouvée : premièrement parce que les éoliennes sont
éloignées des habitations, ensuite parce qu’à ce jour il y en a si peu qu’on ne peut pas avoir de recul
sur ce sujet.
-
La perturbation d’ondes hertziennes : cet impact est facilement surmonté par l’installation
d’amplificateurs de signaux.
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Les éoliennes ne « poussent » pas dans la forêt, et les traitements phytosanitaires pourront toujours se
faire en hélicoptère…
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L’avifaune : non ce ne sont pas 1000 oiseaux tués par an par éolienne mais seulement entre 0.4 et 1.3
oiseaux par an et par éolienne selon des études européennes (Source : Ademe et synthèse
bibliographique ONCFS). Les migrateurs nocturnes ont encore de beaux jours devant eux (pour
comparaison : lignes électriques ; 1000 tués par an, circulation routière ; 2000).
-
Les infrasons : des mesures effectuées ont montré que les infrasons générés sont en général en
dessous du seuil de perception. En fait ces niveaux sont bien inférieurs à ceux générés par l’action du
vent sur les habitations ou sur les êtres vivants quels qu’ils soient, sauvages ou non…
Second paragraphe : les taxes
-
les charges : les routes d’accès sont minimisées et le coût est budgétiser dans le projet. (souvent on
réaménage des chemins déjà existants). « Élagage du site ? » ah bon, on plante des arbres sur les sites
éoliens ? Une éolienne demande une emprise au sol de 30 ares. Les problèmes de ruissellement
rencontrés en zone urbaine ne peuvent être comparés à l’implantation d’une éolienne en pleine nature.
-
La remise en état du site (démantèlement de l’éolienne) est précisée dans le contrat. Le propriétaire
foncier peut devenir propriétaire de l’éolienne au bout d’un certain temps. Dans ce cas de figure, oui
il est responsable de la remise en état du site.
-
Taxe professionnelle : chacun sait que la taxe professionnelle est perçue par la commune, mais aussi
par le département et la région ; ce n’est pas nouveau, et chaque élu devrait le savoir. Son montant
dépendra du taux local d’imposition et du montant total de l’investissement.
Troisième paragraphe « le chant des sirènes »
-
Pour terminer la démonstration ; le surcoût aujourd’hui du kWh éolien n’est certes pas induit par
l’extension du réseau électrique pour le raccordement ( environ 10% du coût global) mais bien par le
fait que cette filière est obliger de supporter le coût de la recherche et du développement, qui est pour
la filière nucléaire largement financée à l’échelle nationale et européenne (merci les impôts). Quant
au coût réel du kWh, il tend à diminuer de 3.3% par an.
-
Les coûts indirects : les éoliennes ne produisent aucun déchet et n’émettent aucun gaz. Les coûts
indirects sont pratiquement nul. En revanche pour les énergies fossiles et nucléaires le coût est réel :
marées noires, accidents nucléaires, démantèlement de centrales…). Ces coûts sont rarement intégrés
ou très mal évalués dans la facturation du kWh, pourtant ils sont importants (nucléaire : gestion des
déchets, démantèlement des centrales). Il faudra bien le payer un jour…
-
Petit rappel des objectifs de Kyoto, suivi de la directive européenne : à l’horizon 2010 la France devra
produire 21% de la consommation électrique à partir des sources énergétiques renouvelables (soit une
progression de 6 %, puisque au moment de la ratification des accords, la France produisait déjà 15%
de son électricité par du renouvelable (hydraulique). Pour que la directive soit respectée, il faudra à la
France produire environ 40 TWh (téra watt heure) en 2010, soit un peu plus de 30 TWh pour l’éolien.
Cela représente une puissance totale de 12 000 MW : rien à voir avec les 14 000 MW par an installé
de notre chère journaliste.
-
Le système de rachat de l’électricité éolienne par EDF est dégressif. Un contrat d’obligation de rachat
est fixé pour une durée déterminée (15 ans), pendant 5 ans le prix reste stable, puis il diminue
proportionnellement avec la qualité du site.
-
Petite précision concernant les chiffres de l’article qui sont à l’évidence complètement farfelus : EDF
rachète le MWh éolien à 83,80 €, quand il le produit à 25.90 €. Il ne peut avoir perdu 900 millions en
2001 ! explication : la puissance installée à ce jour est de 240 MW, prenons ce chiffre même s’il est
de 2004. avec 240 MW on produit par an en moyenne 720 GWh. A 0.08380 euros le kilowattheure
cela représente une facture de 603 360 euros pour EDF. La revente de cette électricité va rapporter
186 480 euros et seulement 416 880 euros de surcoût (rien à voir avec les 900 millions annoncés).
Pour info la même année (2001) EDF a dépensé 64 millions d’euros en communication.
-
La fonction d’une énergie éolienne n’est nullement d’enrichir les promoteurs, mais elle est bien
réelle : produire de l’énergie sans produire de déchets ni de gaz ; remplacer à long terme les modes de
productions qui utilisent des combustibles non renouvelables et donc qui tendent à devenir rare et à
disparaître (charbon, pétrole, gaz, uranium…).
En l’état des informations disponibles et des observations effectuées sur le terrain, Meuse Nature
Environnement et les autres associations agréées pour la protection de l’environnement, cosignataires de ce
courrier, souhaitent que soit publié, dans votre journal, un erratum démentant certains arguments avancés de
l’article cité en objet et vous informe que cette argumentation sera aussi envoyée dans l’Est Républicain et
publiée dans le bulletin de la fédération régionale Lorraine Nature Environnement et celui de Meuse Nature
Environnement.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations associatives.
Pour Meuse Nature Environnement
Jean BONVILLE
Le Président
Cosignataires :
MIRABEL LNE : Fédération régionale LORRAINE NATURE ENVIRONNEMENT
Oiseaux Nature
ASVM - Association pour la Sauvegarde de la Vallée de la Moselle
CITD - Collectif d'Information sur le Traitement des Déchets
Copie :
- Monsieur le Préfet de Région
- Monsieur le Directeur Régional de l’Environnement Lorraine
- Monsieur le Directeur de l’ADEME
- Monsieur le président de la Fédération Régionale de Chasse et des Fédérations Départementales de la Chasse
- Messieurs les présidents de: MIRABEL-LNE, LPO, Vosges écologie, Oiseaux Nature, ASVM, CITD