Le Phare (RDC) RD Congo: Hécatombe sur le Kasaï Source: Le

Transcription

Le Phare (RDC) RD Congo: Hécatombe sur le Kasaï Source: Le
RD Congo: Hécatombe sur le Kasaï
Le Phare (RDC)
Bandundu, RDC, 2010-08-03 (Le Phare (RDC)) Untitled 2
RD Congo: Hécatombe sur le Kasaï
Source: Le Phare (RDC)
Congo-Kinshasa: Hécatombe sur le Kasaï - 140 morts ! Au moins 140
personnes ont péri noyées lors du naufrage d'un bateau transportant des
passagers et des marchandises sur une rivière dans l'ouest de la RD
Congo, a-t-on appris jeudi auprès du gouvernorat de province.
„Je confirme l'accident. Nous sommes justement en réunion de crise«,
a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable du
gouvernorat de la province du Bandundu, évoquant un „bilan de 140
morts«. Le naufrage s'est produit mercredi sur la rivière Kasaï, un
affluent du fleuve Congo.
Le bateau qui transportait des passagers, dont le nombre n'a pas été
précisé, et des marchandises, était parti de la localité de Mushie,
située à une trentaine de kilomètre de Bandundu, chef-lieu de la
province du même nom.
Le transport fluvial est l'un des plus usités en RDC, qui dispose de
nombreux cours d'eau - le plus important étant le Congo long de 4.700
km - et lacs. Les naufrages y sont fréquents, le plus souvent à cause de
la surcharge des embarcations.
Les causes des accidents proviennent aussi du mauvais balisage des
voies navigables, de l'absence de signalisation des bateaux et de
l'inexpérience des pilotes. La plupart des embarcations ne remplissent
aucune condition de sécurité (gilets, bouées de sauvetages,
signalisations lumineuses, etc.).
„Le navire était en nette surcharge et n'a pas tenu le choc face à la
force des remous«, a déclaré à Reuters un responsable de la police
locale. „Ici, les gens ne savent pas nager.
Les Congolais otages du „ fula-fula « fluvial
Le fleuve Congo et ses affluents sont devenus de véritables „ couloirs
de la mort «. On ne le sait que trop bien. Cette situation dramatique
tient à plusieurs facteurs. Il y a d'abord le non respect des normes
administratives et techniques relatives à la sécurité en matière de
navigation fluviale et lacustre. L'exploitation d'un bateau, d'une
baleinière, d'un pousseur... bref d'une embarcation motorisée s'effectue
dans un désordre organisé à partir des services ad hoc du ministère des
Transports et Voies de Communications.
Le sentiment est que les permis de navigation sont délivrés dans
l'anarchie la plus totale, de même les licences de pilotage des bateaux,
baleinières, pousseurs et autres. L'on se demande même si tous ceux
qui ont choisi la profession d'armateurs et les personnels navigants
remplissent les conditions requises. Généralement, le nombre de
voyageur et le tonnage que renseigne le „ manifeste « ne reflète pas la
réalité. Au départ de Kinshasa comme sur le chemin du retour,
commandants des baleinières et bateliers ramassent des „ clandestins «
et des colis en n'en point finir, à l'insu de l'armateur ou prétendu tel.
Cimetières flottants
La plupart de bâtiments flottants qui écument les voies fluviales
congolaises ces dernières années ressemblent à des „ cimetières «
flottants, prêts à envoyer personnes et biens dans l'autre monde. Les
tonnages ainsi que les normes de navigation fluviale sont bafouées. Le
„ fula-fula « fluvial se porte à merveille, avec son cortège de naufrages
qui se suivent à un rythme fort inquiétant. Chaque jour, plusieurs
compatriotes voient leur vie sur terre s'arrêter au fond des eaux pour
avoir commis le péché mortel de voyager par bateau, par baleinière,
par pousseur ou par pirogue motorisée.
Au plan technique, un constat amer est à faire : le fleuve Congo et ses
affluents accueillent dans une écrasante majorité des embarcations et
barges de fortunes fabriquées par des débrouillards. Les chantiers
navals de l'Onatra et de la Chanic souffrent de la concurrence déloyale
de tôliers, ajusteurs, soudeurs, électriciens et peintres qui s'improvisent
constructeurs de bateaux, baleinières et barges.
Dragage et balisage : une grave défaillance
Le draguage et le balisage des „ autoroutes « fluviales en RDC
accusent une grave défaillance, notamment en raison de la faillite non
déclarée de la RVF (Régie des Voies Fluviales). N'existant plus que
de nom, cette entreprise publique ne dispose plus d'unités flottantes à
même d'assurer le dragage et la pose des balises de nature à favoriser
une navigation fluviale sécurisée.
Depuis plusieurs années, les „ commandants « des bateaux et
baleinières naviguent à vue, à la merci des bancs de sable, des troncs
d'arbres, des carcasses d'embarcations naufragées, des intempéries,
etc. Les „ autoroutes « réservées aux unités flottantes ont cessé d'être
entretenues depuis des lustres, ce qui les rend très meurtrières à chaque
kilomètre, pour ne pas dire à chaque mètre.
Les malheurs de l'Onatra...
L'Onatra (Office National des Transports), „ descendant « direct de
l'Otraco, est un des fleurons de la navigation fluviale en République
Démocratique du Congo. A l'image des LAC (Lignes Aériennes
Congolaises) dans le secteur aérien, cette société d'Etat semble vouée à
une mort programmée par certains décideurs politiques.
Depuis le régime Mobutu, qui l'a délesté d'un de ses bateaux les plus
performants transformé en M/S Kamanyola et contribué à la
cannibalisation d'autres, l'Onatra a été asphyxié par une flottée
d'armateurs venus de nulle part, parmi lesquels l'on comptait des
dignitaires du MPR et des épaules galonnées de l'armée. Sous le
régime de l'AFDL, dans le cadre de l'effort de guerre (1998-2003), sa
flotte a fait l'objet d'une réquisition qui avait tout l'air d'un pillage. Car,
pour obtenir la restitution des différents bateaux engagés au front pour
le transport et le ravitaillement des troupes, il a fallu attendre presque
une décennie. Quant à l'état des navires restitués, il laisse à désirer.
Entre-temps, l'Onatra continue d'attendre un geste des pouvoirs
publics dans le cadre des budgets d'investissement. Ses cadres et
agents ne voient rien venir, pendant que des embarcations privées
sèment la mort à tout vent sur le fleuve Congo et ses affluents. Avec
son personnel navigant formé et expérimenté, ses bateaux de gros
tonnages construits selon les standards internationaux, ses
infrastructures aéroportuaires, ses remorqueurs prêts à parer au plus
pressé, l'Onatra serait le partenaire idéal de l'Etat pour le ramassage de
la production agricole dans le Congo profond et le transport des
personnes. Son rôle de pourvoyeur des provinces en produits
manufacturés serait davantage affirmé si on le dotait des moyens
financiers nécessaires à la réhabilitation de sa flotte. Les pertes
matérielles et en vies humaines sur le fleuve Congo et ses affluents ne
seraient pas aussi effrayantes que celles d'aujourd'hui si cette société
d'Etat redevenait elle-même.
Le drame de l'arrière-pays est que les autochtones de certaines
contrées ne voient passer une unité flottante qu'une fois tous les deux
ou trois mois. Et, lorsqu'une baleinière se présente, l'équipage est
confronté à une telle demande de candidats voyageurs et de
marchandises qu'il ne tient plus compte de la charge autorisée. La
surcharge est devenue la règle sur les „ autoroutes « fluviales. Ceci
explique cela.
Le Phare