ASIA NEWS n°9 de novembre 2013 par ASIALLIANS Avocats
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ASIA NEWS n°9 de novembre 2013 par ASIALLIANS Avocats
Numéro 9 de novembre 2013 www.asiallians.com LA CHINE & LA CONTREFAÇON DES LOGICIELS : DES PROGRÈS MAIS PEUT MIEUX FAIRE… 42% des logiciels utilisés dans le monde sont estimés être en réalité des copies de logiciels1, représentant ainsi une perte mondiale de plus de 60 milliards de dollars américains. Cette gigantesque violation des droits de propriété intellectuelle présente surtout un visage à géométrie variable, selon que l’on se place dans les économies dites « matures », ou au contraire dans les pays émergents. Ces derniers sont à la fois les plus touchés, mais surtout les plus inquiétants compte tenu du fait qu’ils sont désormais les premiers utilisateurs d’ordinateurs, et donc de logiciels au monde. S’il n’est pas étonnant que les populations jeunes (et en majorité masculines) consomment davantage de copies que le reste de la population, il est en revanche plus surprenant de découvrir que les « décideurs économiques » (ou « Business Decision Makers ») sont désormais largement majoritaires parmi les consommateurs de logiciels piratés et contrefaisants. Pour contacter vos interlocuteurs: Franck DESEVEDAVY Basé à Taipei / Pékin T: + 86 10 5785 3499 F: + 86 10 5785 3462 M: + 86 186 1024 7635 En ce triste palmarès des pays contrefacteurs de logiciels, la Chine n’est M (Taipei): + 866 963 450 615 pas très éloignée de la tête de liste pour ce qui concerne la valeur [email protected] commerciale des logiciels contrefaisants (en 2011, elle est en deuxième position derrière les Etats-Unis pour environ 9 et 10 milliards de dollars US respectivement), ou pour ce qui concerne le taux de contrefaçon parmi les logiciels utilisés (avec un ratio de 77% de faux logiciels utilisés dans le pays, les pirates chinois n’égalent cependant pas leurs complices du Bangladesh (90%), d’Indonésie (86%), de Géorgie (91%) ou d’Algérie (84%)2. Mais la Chine est certainement au premier rang des inquiétudes mondiales compte tenu de la place que sa population et son industrie occupent aujourd’hui dans l’économie mondiale, et notamment dans le marché informatique. La Chine dépassera ou a d’ores et déjà dépassé les Alina QUACH Etats-Unis pour ce qui concerne la valeur du préjudice subi du fait des Basée à Pékin violations. T: + 86 10 5785 3499 Comparaison n’étant pas nécessairement raison, gardons en mémoire que F: + 86 10 5785 3462 les Etats-Unis ont un marché du logiciel 15 fois supérieur à celui de la M: + 86 186 1024 7656 Chine et qu’ils présentent le taux le plus faible au monde de contrefaçon [email protected] de logiciels utilisés : 19%. Le poids économique des ces violations est ainsi disproportionnellement fort compte tenu de la place occupée par les USA dans la création et la mise sur le marché de nouveaux logiciels chaque année. La Chine en revanche, qui offre un marché 15 fois inférieur à celui des Etats-Unis, pille d’ores et déjà autant que les 19% de fraudeurs américains. Lorsqu’un achat d’ordinateur en Chine coute actuellement environ 542 dollars US, le consommateur chinois ajoute en moyenne 8.89 dollars en acquisition de logiciels. Ces 8.89 dollars représentent moins de 25% de ce Antoine LOUBIER qu’un acheteur brésilien, russe ou indien investit en logiciels, et moins de Basé à Canton 7% de ce qui est dépensé par ordinateur aux USA. T: + 86 20 3719 0956 F: + 86 20 3808 2990 Les autorités chinoises, n’ignorant rien du rang occupé par leur M: + 86 186 6461 4272 pays dans la contrefaçon mondiale de logiciels ni de l’importance [email protected] croissante qu’il s’arroge, ont porté des efforts significatifs au sein même des administrations chinoises et entreprises d’Etat, en investissant massivement dans des logiciels légalement acquis et en multipliant les formations envers les fonctionnaires et dirigeants. La dernière « campagne » de sensibilisation date du premier trimestre 2013. Pour autant, la lutte contre la contrefaçon est loin, très loin d’être gagnée : les autorités chinoises reconnaissent que près de 40% des fonctionnaires au niveau municipal utilisent des logiciels contrefaisants, le ratio passant à près de 70% au niveau des comtés 3 . Si la situation dans les entreprises privées chinoises est des plus catastrophiques, la Cour intermédiaire de Wuhan a cependant donné en décembre 2012 le signe que la cause n’était pas désespérée en accordant à Microsoft le montant de dommages et intérêts le plus important jamais obtenu en Chine par l’entreprise américaine. La condamnation d’une société chinoise, en l’espèce l’entreprise eFuture - acteur important de l’industrie des logiciels et services en ligne en Asie, avec plus de 800 employés en Chine – n’est pas passée inaperçue tant la Cour n’a non seulement pas hésité à accorder 75% des sommes réclamées par Microsoft (près de 4 millions de RMB), mais a surtout fait une application stricte de la loi sur les droits d’auteurs (qui protège les logiciels) et une application sévère des principes du droit civil en tenant l’employeur responsable des faits commis par ses employés. Microsoft avait déjà obtenu, le 31 décembre 2008, une décision judiciaire de grande importance en obtenant à Shenzhen la condamnation pénale de contrefacteurs à des peines de 6 ans et demi, 5 ans et 3 ans et demi de détention, outre 1.5 millions de RMB d’amendes. Depuis le 1er mars 2013, une amende « plancher » a été introduite dans la réglementation chinoise et les sanctions pénales ont plus généralement été aggravées. C’est donc à nouveau les tribunaux judiciaires chinois qui, utilisant procédures civiles ou pénales et soutenus par les recommandations de la Cour Suprême et du Parquet Suprême, viennent rappeler aux contrefacteurs, qu’ils soient des criminels organisés ou de simples consommateurs faussement naïfs, que la protection des droits de propriété intellectuelle ne saurait abdiquer devant l’importance économique prise par la contrefaçon en Chine, ni se satisfaire des déclarations officielles qui n’engagent souvent que ceux qui s’obligent à les retranscrire. 1 voir notamment www.globalstudy.bsa.org 2 En France, ce taux est de 37% en 2011. 3 voir notamment les études régulièrement publiées sur www.chinaipr.gov.cn Les logiciels sont définis par le droit chinois comme étant les programmes informatiques et tous les documents relatifs auxdits programmes. Ils sont protégés par le droit d’auteur à titre principal et la loi chinoise sur les droits d’auteurs les cite expressément pour ce qui concerne son champ d’application. Par ailleurs, la Chine a signé et ratifié les conventions internationales en matière de droit d’auteur (Berne, ADPIC, Traité de l’OMPI), ce qui permet une protection en Chine des droits d’auteurs nés à l’étranger dans un pays signataire desdites conventions. Si l’enregistrement d’un droit d’auteur n’est pas requis pour permettre l’existence d’un droit devant être protégé, il est recommandé d’enregistrer en Chine son droit d’auteur devant les autorités compétentes de sorte à se pré-constituer une preuve difficilement contestable et qui s’avère essentielle pour toute procédure ultérieure due à une contrefaçon constatée. Les titulaires de droits sur un logiciel doivent en Chine utiliser également tous les outils de protection des droits de propriété intellectuelle qui peuvent venir ainsi compléter et renforcer la protection première par les droits d’auteurs : le droit des marques, le droit des brevets (lorsque cela est possible), textes concernant la violation du secret d’entreprise, droit de la concurrence. En outre, il est recommandé de ne pas sous-estimer tout ce qui peut permettre d’améliorer la confidentialité et qui, souvent, limite les cas de fraude : clauses de confidentialité dans les contrats avec les tiers (vente, distribution, développement, assistance technique, etc.), clauses de confidentialité et de non-concurrence dans les contrats de travail, utilisation du Règlement Intérieur à l’intérieur des sociétés, etc. La violation des droits d’auteurs, des marques et autres droits de propriété intellectuelle en Chine est punie de sanctions administratives, pénales et est également passible des tribunaux civils. Toutes les ASIA NEWS sont consultables sur notre site www.asiallians.com. La présente ASIA NEWS est une publication de nature informative et ne doit pas être considérée comme un acte de consultation juridique. Elle est mise à disposition de son destinataire de manière gratuite et destinée à son usage privé. 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