Faut-il un sous-canton régional?

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Faut-il un sous-canton régional?
MERCREDI 13 NOVEMBRE 2013 LA CÔTE
TATIANA MEDVITCHUK-HUF
GENOLIER
En mémoire du docteur
René Liechti
Eclairage sur la Fondation Liechti
qui soutient les arts, les start-up
et les familles défavorisées
depuis 2000. PAGE 7
RÉGION
DISTRICT DE NYON Et si on donnait au Conseil régional les moyens «légaux»
de ses ambitions? Pour cela, il faudrait changer la Constitution. Explications.
Faut-il un sous-canton régional?
QU’EN PENSENT LES DÉPUTÉS?
Olivier Mayor (Nyon), Les Verts
«Sous l’angle de la
gouvernance et de la
légitimité, la question est
bonne. Je partage les
préoccupations de Florence
Golaz, mais les raisons du
refus du PIR sont-elles
vraiment là? Je n’en suis pas
persuadé. Reste que si le PIR
était passé, l’une des prochaines étapes du Conseil
régional était de travailler à sa légitimité. En réalité, il
y a cinq niveaux institutionnels si on prend en
considération l’intercommunal et l’intercantonal. C’est
peut-être déjà assez. Il faudrait plutôt, à mon sens,
mettre sur pied davantage de mesures incitatives
pour pousser aux fusions des communes.»
Le Palais de Rumine (Lausanne), où siège le Grand Conseil. Le district de Nyon aura-t-il un jour le sien? ARCHIVES LA CÔTE
RODOLPHE HAENER
[email protected]
L’échec du Programme des investissements régionaux (PIR), il
y a quinze jours, a remis en lumière la question de la légitimité
du Conseil régional. Coincé entre communes et Canton, cette
plateforme de coordination intercommunale semble ne pas
avoir les moyens «légaux» de ses
ambitions. «Il y a actuellement
une certaine hypocrisie, c’est vrai,
explique le préfet Jean-Pierre
Deriaz. Le Conseil régional doit
trouver des ressources pour se financer alors qu’il n’a pas le droit de
prélever d’impôt. Or, ce pot commun (PIR) donne l’impression
d’être un impôt…»
Effectivement, dans l’état actuel des choses, le Conseil régional n’a ni le pouvoir de prélever
des impôts auprès de son bassin
d’habitation ni de faire élire son
organe exécutif (ni même le législatif) par le peuple. Dès lors,
ne faut-il pas «officialiser» la po-
sition du Conseil régional, lui
donner les moyens d’agir? C’est
la piste envisagée par Florence
Golaz, ex-députée socialiste, de
Gland. Dans un courrier des lecteurs («La Côte» du 8 novembre), elle écrivait: «... Le Conseil
régional est une structure qui doit
perdurer, mais aussi évoluer. Il est
temps de reprendre au niveau cantonal la réflexion sur la création
d’un 4e niveau institutionnel démocratique: le niveau régional.»
Aux députés de jouer
Tout de suite une question s’impose: est-ce bien possible?
«Théoriquement, oui. Mais il faudrait changer la Constitution.
D’ailleurs, la Constituante de 2003
a refusé la création d’un pouvoir intermédiaire», explique JeanFrançois Bastian, directeur du
Servicedescommunesetdulogement auprès du canton de Vaud.
Rien n’est donc impossible, la
Constitution pouvant être modifiée, mais pour cela, il faut procéder par une initiative constitu-
tionnelle. Et celle-ci doit être
portée par un député, puis approuvée par d’autres députés,
avant de passer en commission
pour examen. Entretemps, le
Conseil d’Etat pourrait alors proposer un contre-projet. Enfin,
c’est le peuple qui décide de modifier ou non la Constitution. On
voit mal le district de Nyon réussir à faire passer à lui seul une
telle modification dans le Canton, à moins que les soucis rencontrés par le Conseil régional,
souvent présenté comme précurseur dans le canton de Vaud,
trouvent des échos dans les années à venir auprès de plateformes de coordination idoines
dans d’autres districts. +
INFO
Le Conseil régional fait débat:
Ce soir, à 18h10 sur NRTV, et son site
internet, un débat donnera la parole
à Gérald Cretegny (président du Conseil
régional), Pierre-Alain Schmidt (syndic
de Mies), Serge Melly (syndic de
Crassier) et André Paratte (président
du Conseil général de Bursinel).
Catherine Labouchère (Gland),
PLR
«Vous savez, cette
problématique a déjà été
soulevée de manière intensive
en 2003, lors de la Constituante.
Et je pense que la réponse a
été assez franche: non. Un
4e échelon compliquerait
beaucoup de choses. Et puis il
faut que ça vienne de la base.
Si celle-ci n’en veut pas… Intellectuellement, on
pourrait dire: ces petites communes nous embêtent,
on n’a qu’à créer une structure intermédiaire. Mais
le but n’est pas là, le but est que chacun adhère. En
2003, il a alors été décidé de créer des associations
de communes, dont le Conseil régional fait partie. Ce
n’est pas toujours couronné du succès escompté,
mais vous savez, en politique, on ne gagne ni ne
perd qu’à court terme. Il n’est aucune défaite ou
victoire qui dure. Il faut toujours remettre l’ouvrage
sur le métier, et le faire de manière inventive.»
cantonales, je constate que
l’échelle communale est
aujourd’hui dépassée pour
plein de choses. Je suis dès
lors convaincue qu’il faut
travailler à une échelle
supérieure. Mais il faut une
bonne représentativité et des
moyens financiers, or nous
voyons bien que le Conseil régional ne dispose pas
de tout ce qu’il faut pour que ça marche vraiment.
Alors oui, je me battrai pour relancer ce débat au
niveau cantonal.»
Dominique-Ella Christin
(Prangins), Verts’Lib
«Nous ne pensons pas, pour
l’heure, qu’il faille ajouter un 4e
échelon, d’abord car cela
prendrait infiniment de temps
et que nous nous voulons
pragmatiques, mais aussi car
nous pensons qu’il faut
commencer par améliorer ce
qui existe déjà. Le Canton
propose un outil, qui est l’association de
communes. Il faut faire avec cela. Tout en
demandant au Canton de mieux considérer ces
plateformes de facilitations régionales. Ainsi, nous
souhaitons surtout revoir les statuts du Conseil
régional, de manière à permettre le dépôt de
motions et postulats. Mais aussi repenser le
système de représentation du législatif comme du
comité de direction.»
Jean-Marc Sordet (Luins), UDC
«Non, c’est déjà bien assez
compliqué comme ça. D’autant
qu’il faudrait convaincre
l’ensemble du canton pour
que cela aboutisse… Je n’y suis
clairement pas favorable. Je
préfère que l’on accentue la
politique de fusion des
communes». »
Fabienne Freymond-Cantone
(Nyon), PS
«C’est vrai que cette possibilité a été refusée en
2003, mais je crois que, depuis 10 ans, les enjeux
sont bien différents. A l’époque, on n’imaginait pas
l’ampleur des manques en infrastructures.
Ainsi, de par mes activités municipales et
* Député PDC de Gland, Gérald Cretegny n’a pas été
sollicité par notre rédaction en raison de sa double
fonction: il est également président du Conseil régional.
NYON Le commerce de la rue du Collège a été braqué hier. Aucun blessé à signaler. Les malfrats courent toujours.
Trois hommes armés dévalisent une bijouterie: la gérante les mord
C’est aux alentours de midi,
hier, alors que les étudiants déboulaient dans la rue après la
sortie des classes, que la bijouterie Luna, à la rue du Collège
à Nyon, a subi les assauts de
trois hommes armés. La gérante, pensant qu’il s’agissait
d’un client, à ouvert la porte
d’entrée (à loquet) à un individu qui ne dissimulait pas son
visage. A peine la porte ouverte, l’homme, rejoint par un
deuxième, a sorti son arme automatique et a braqué la gérante ainsi qu’une employée.
Pendant qu’un troisième
homme faisait le guet, les deux
autres ont ligoté et bâillonné
les deux bijoutières. Là, la gérante a réussi à mordre l’un des
agresseurs.
«Ils sont arrivés quand ma
mère cherchait des choses dans
le coffre-fort en prévision de l’arrivée d’un client. Alors, les voleurs n’ont eu qu’à se servir», explique Sébastien Luna, fils de
la gérante.
Pourtant, à l’écouter, les trois
hommes ne semblaient pas
être des habitués des braquages. D’abord, ils n’avaient ni
gants ni cagoule. «Et puis, l’un
des trois, alors qu’il pointait
l’arme sur ma mère, n’arrêtait
pas de lui demander pardon.»
Les malfrats ont également
abandonné un pied-de-biche
sur place, avec leurs empreintes.
Une fois les trois bandits par-
tis, l’une des deux femmes a
réussi à se défaire de ses liens et
a pu avertir un client qui attendait à la porte. C’est ce dernier
qui a alerté la police
Les deux femmes, choquées,
n’ont pas subi d’autres blessures que la pression exercée par
les cordages sur leur peau. Elles
ont immédiatement été entendues par la police et n’ont pas
nécessité d’hospitalisation.
«Nous l’avons engueulée!»
La bijouterie Luna, présente à Nyon depuis une quinzaine d’années a vécu
hier son premier braquage. Aucun blessé n’est à signaler. SAMUEL FROMHOLD
Au rayon casse, les malfrats
ont passablement abîmé les
murs et les vitrines avec le
pied-de-biche. «Il est trop tôt
pour le savoir, mais il nous faudra certainement faire des travaux de réaménagement qui du-
reront d’une à deux semaines,
ensuite nous pourrons rouvrir»,
explique encore Sébastien
Luna. Qui confesse: «Quand
ma mère m’a dit qu’elle avait
mordu un des voleurs, moi et
mon père l’avons engueulée: on
ne s’amuse pas avec ces gens-là!
Ça aurait pu être très dangereux. Mais elle a un sacré caractère.»
Enfin, il faudra aux gérants
dresser un inventaire ces prochaines heures pour connaître
le montant total du butin.
Du côté de la police cantonale, on se contente d’affirmer
que la police scientifique est
en plein travail. Pour l’heure,
les trois hommes courent toujours. RODOLPHE HAENER

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