LA GESTION DE LA FAUNE AU BURKINA FASO

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LA GESTION DE LA FAUNE AU BURKINA FASO
LA GESTION DE LA FAUNE AU BURKINA FASO
Par Nana Somanégré
1.
INTRODUCTION
La gestion moderne de la faune au Burkina s’appuie essentiellement sur un réseau d’aires de
conservation créées par le colonisateur et qui totalisent aujourd’hui 1 853 000 ha 6% du territoire national.
Ces aires se composent ainsi qu’il suit :
!
six forêts classées à vocation faunique (initialement à orientation principalement sylvicole) ;
!
quatre réserves totales de faune destinées à la reproduction de la faune et où la chasse est interdite
;
!
cinq réserves partielles de faune où la chasse est autorisée ;
!
deux parcs nationaux ;
!
un ranch de gibier ;
!
une réserve de la biosphère.
Ce patrimoine était placé sous la responsabilité exclusive du service forestier qui rencontrait beaucoup
de difficultés pour sa gestion.
2.
SITUATION DE DEPART IL Y A DIX ANS
La situation il y a dix ans peut être caractérisée de transitoire car marquée par une réflexion profonde
sur l’orientation à donner à la gestion de la faune. Le clou de cette phase est la tenue de deux séminaires
nationaux dont les principales conclusions devaient orienter la gestion de la faune de la faune du pays. Il
faut dire que le Burkina sortait d’une période de cinq ans de fermeture de la chasse de 1985 à 1990, période
jugée globalement négative quant à la conservation de la faune.
Les recommandations de ces deux séminaires peuvent se résumer comme suit :
!
développer toutes les formes d’utilisation de la faune ; officialiser l’accès de la faune par les
populations rurales ;
!
responsabiliser les populations rurales dans la gestion de la faune ;
!
créer des unités de conservation de la faune et décentraliser leur gestion.
Qu’en est-il des conséquences de ces recommandations sur la gestion de la faune de nos jours ?
2.1 L’évolution de la situation et les changements
intervenus
L’évolution de la gestion de la faune ces dix dernières est marquée par les faits majeurs suivants :
!
une réforme institutionnelle et politique marquée par la déconcentration des services de l’Etat
accompagnée d’un certain transfert de compétences ;
!
la prise de textes réglementaires pour rendre opérationnelle les réformes souhaitées dans le sens du
renforcement des rôles des populations et du secteur privé concomitamment au désengagement de
l’Etat ;
!
la relance de l’activité touristique par le développement de la publicité
!
l’implication effective des opérateurs privés à travers la mise en place du système de concessions
de chasse ;
!
l’implication effective des communautés locales par le biais de la création de zones villageoises de
chasse gérées par des groupements villageois de gestion de la faune ;
!
l’implication effective de la société civile notamment dans la conception des politiques de
conservation de la faune par le biais de la création d’associations de chasseurs au niveau des
certaines provinces.
2.2 Les facteurs à la base des changements
intervenus
Le premier facteur de changement est sans conteste la volonté politique qui a présidé à la prise de
dispositions législatives et réglementaires (décrets en 1996 et code forestier en 1997) en faveur d’une
gestion plus participative, voire plus économique de la faune. On peut également retenir la mise en œuvre
effective d’une approche participative, malgré les limites observées, qui a suscité l’enthousiasme des
communautés locales.
3.
RESULTATS OBTENUS ET IMPACTS
Les principaux résultats et impacts obtenus sont :
!
l’augmentation du flux de touristes cynégétiques (1 500 par an en moyenne) ; des revenus tirés de
l’exploitation de la faune sont estimés à 1 450 917 000 F cfa pour la saison 98/99.
!
l’existence de 16 zones de chasse concédées à des privés scellant ainsi un nouveau type de
partenariat entre le privé et l’Etat ;
!
l’existence de nombreuses zones de chasse villageoises dont la gestion est effectivement confiée
aux populations locales, suscitant ainsi un élan de réappropriation de la gestion de la faune par les
populations locales ;
!
l’existence de retombées économiques (si modestes soient-elles) en faveur des populations (2%
des recettes d’exploitation) ;
!
l’existence de retombées économiques (si modestes soient-elles) en faveur de l’Etat (16% des
recettes d’exploitation) ;
!
Quant à l’impact sur la conservation de la faune, il semble largement positif au niveau du ranch de
Nazinga, mais est moins évidente dans les zones de chasse concédées (absence d’études fiables à
ce jour).
4.
PERSPECTIVES
L’avenir de la conservation de la faune peut et doit être amélioré à travers la levée des principales
contraintes suivantes :
!
l’absence de plans d’aménagement et de gestion des aires de conservation ;
!
la léthargie constatée au niveau de la plupart des groupements villageois de gestion de la faune ;
!
le manque de dynamisme des unités de conservation.
5.
CONCLUSION
L’expérience de la gestion de la faune au Burkina durant ces dix dernières années est certes
intéressante à plus d’un titre. Elle est marquée essentiellement par le désengagement de l’Etat en faveur
principalement du privé, dans une optique de valorisation économique de la ressource. Par contre la
participation réelle des populations à la gestion de la faune reste encore à parfaire. Dans ce sens,
l’expérience nouvelle du projet GEPRENAF (gestion participative des ressources naturelles et de la faune),
ouvre de nouvelles perspectives.