2010.03.03 - Creargos - Prix AMO, trois lauréats, quatre vérités
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2010.03.03 - Creargos - Prix AMO, trois lauréats, quatre vérités
Prix AMO, trois lauréats, quatre vérités 03/03/10 Architecture et Maîtres d'Ouvrage, l'association connue sous l'acronyme AMO, a décerné mardi 23 février 2010, pour la première fois, à la cité de l'Architecture et du Patrimoine le prix 'Habitat Architecture Environnement'. La cérémonie de remise des trophées a été l'occasion pour chaque lauréat d'affirmer quelques surprenantes prises de position. AMO, Architecture et Maîtrise d'Ouvrage, en remettant ce nouveau trophée réaffirme sa volonté de promouvoir tant l'architecture que la qualité du dialogue entre les différents acteurs de l'acte de construire. Bernard Roth, président de l'association depuis 2004, inaugure l'événement d'un discours efficace. Evoquant le colloque 'L'Industrie immobilière 2010-2030, La Cité en perspective', organisé au Sénat par la Fondation Palladio et plus particulièrement l'intervention du philosophe Michel Serres de l'Académie Française, 'Quel espace allons-nous construire demain ?', il saisit l'occasion d'évoquer "un magnifique voyage" suggéré par la simple question "quoi de neuf ?". "N'importe quel étudiant peut accéder à des connaissances illimitées et non validées, la propriété vole en éclat, les réseaux mettent tout en commun. Après la Chine et l'Inde, Facebook est au troisième rang par sa population", note-t-il. L'anecdote est alors le prétexte d'un appel lancé face à notre "détachement du territoire". Aussi, selon lui, la promotion du projet local, la célébration de l'art d'édifier et d'habiter s'ancrent dans une volonté de palier aux manquements du monde contemporain. Le prix 'Habitat' intervient en écho au prix 'Lieux de travail', remis, quant à lui, depuis 26 ans. Dans les deux cas, le principe est identique ; ils récompensent le couple maître d'ouvrage / architecte tant pour la qualité du dialogue que pour celle de l'oeuvre architecturale. De fait, Bernard Roth préfère parler de commande plus que de programme dès qu'il s'agit de considérer les mérites d'un édifice. "La commande est un art qui ne saurait se réduire à la rédaction d'un simple cahier des charges et se doit d'exprimer une certaine ambition", dit-il. Patricia Barbizet, directrice générale d'Artémis, holding du groupe Pinault, présidente du jury, précise effectivement, en quelques mots, sa chance d'avoir pu parler et surtout entendu parler, d'architecture. "Après six tours de scrutin, nous avons trouvé un consensus", déclare-t-elle. Il y a donc deux lauréats et une mention spéciale. Les lauréats Le prix 'Habitat' est attribué à la villa Chevalier située à Saint-Denis (93) en marge des voies rapides ; le projet de Philia Promotion est signé Sabri Bendimerad et Pascal Chombart de Lauwe (Tectône). "Victoire contre le néo-haussmannien", l'ensemble articule un immeuble de trente logements et vingt maisons groupées. ©Philia Promotion Le duo, au-delà des conventionnels remerciements, use du temps qui lui est accordé pour dénoncer un "sous développement durable" où les éléments de l'architecture ordinaire sont sacrifiés sur l'autel des labels HQE et BBC. Les deux architectes tiennent à souligner la qualité d'une maîtrise d'ouvrage qui leur a maintenu sa confiance tout au long du projet. En attribuant le projet à l'agence Tectône, elle donnait une "mission de A à Z où le A signifie, en amont de l'esquisse, un travail de définition de programme", expliquent-ils. Confiance réciproque puisque Philia Promotion expliquait bientôt à son tour que "qualité architecturale peut rimer avec succès commercial". Le prix spécial du jury est décerné aux 82 logements plus de la cité des 4000 à La Courneuve (93). L'opération, réalisée après destruction de la barre Renoir, est signée de l'architecte Emmanuelle Colboc pour le compte de la FIAC. Le projet est conçu en trois entités qui composent un îlot triangulaire tout en jouant des différentes typologies architecturales : maisons, immeuble long et bas, plots. © M.C.Bordaz "Construire est un acte grave. Ce quelque chose va durer", explique Emmanuelle Colboc qui envisage le logement comme "un lieu de mémoire". "Fabriquer du logement c'est fabriquer de la ville sans omettre que les liens sont l'évidence même de la ville", dit-elle. L'architecte fait ainsi référence à sa volonté de tisser l'espace urbain et de relier la cité au reste de la ville. Son maître d'ouvrage, pour sa part, se définit d'abord en tant que "bailleur social qui s'intéresse au fonctionnement" avant de rapidement préciser son propos en affirmant sa "volonté de donner du beau". De fait, "les habitants sont heureux, c'est la meilleure récompense", affirme en conclusion le représentant de la FIAC, trophée sous le bras. Enfin, la mention spéciale, dite "mention initiative", récompense cinquante maisons à Dukhu et Pundong à Java en Indonésie, construites par Architectes de l'Urgence pour le compte de la Fondation Abbé Pierre en partenariat avec le Conseil National de l'Ordre des Architectes, la région Rhône-Alpes et la ville de Briey. Culpabilisant à demi-mots l'audience d'aller bientôt s'abandonner à quelques réjouissances gastronomiques, le représentant d'Architectes de l'Urgence rappelle ses ambitions : "inventer un nouveau métier et faire au mieux pour tous ceux qui ont tout perdu". © Architectes de l'Urgence Bernard Roth de conclure sur ces "trois façons de parler vrai". "S'il y a des exceptions et quelques exemples de commande privée spectaculaire en France, le fait est que les cultures de la maîtrise d'ouvrage privée et de l'architecture n'ont rien en commun. Par exemple : combien d'heures d'archi à Science-Po ? Dans les écoles d'ingénieur ? De droit ? A l'inverse, combien d'heures de droit, etc. dans les écoles d'architecture ? Il n'y a donc aucune raison que les uns et les autres parviennent à se comprendre. L'idée à l'origine de l'initiative de notre association et de ce prix est de faire justement que les uns et les autres se comprennent mieux et travaillent ensemble", déclarait-il en 2007 lors de la création de ce prix. © DR A en juger par la joie de tous, architectes et maîtres d'ouvrage, ce dernier objectif est d'ores et déjà en partie atteint. Jean-Philippe Hugron Composition du jury sous la présidence de Patricia Barbizet Daniel Alliaume, Directeur Soreim, Président AMO Bretagne-Pays de la Loire Bertrand Avril, Vice-président AMO Claude Cagol, Président Sefri-Cime Joëlle Chauvin, Directeur immobilier AVIVA France François de Mazières, Président Cité de l'Architecture et du Patrimoine Yves Farge, Président comité d'orientation stratégique du Prebat Jean Gautier, Directeur adjoint, chargé de l'Architecture, Ministère de la Culture et de la Communication Manuelle Gautrand, Architecte Patrice Genet, Architecte, Président AMO Languedoc-Roussillon Jacques Guy, Président groupe Moniteur Denys Léger, Architecte, Président AMO Rhône-Alpes Elisabeth Pelegrin-Genel, Architecte, Présidente Archinov Adrien Robain, Architecte, Vice-président Maison de l'Architecture d'Ile-de-France Bernard Roth, Président Promaffine, Président AMO Annick Sabourin, Chef de projets au Département Partenariats EDF Alain Sionneau, Président Foncière Logement Roland Thureau, Architecte, chef service Architecture, groupe Saint-Gobain