évaluation et institution en psychanalyse

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évaluation et institution en psychanalyse
ÉVALUATION ET INSTITUTION EN PSYCHANALYSE
Christophe Dejours
P.U.F. | Revue française de psychanalyse
2006/4 - Vol. 70
pages 947 à 959
ISSN 0035-2942
Article disponible en ligne à l'adresse:
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Pour citer cet article :
Dejours Christophe , « Évaluation et institution en psychanalyse » ,
Revue française de psychanalyse, 2006/4 Vol. 70, p. 947-959. DOI : 10.3917/rfp.704.0947
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REVENDICATIONS D’AUTONOMIE ET CRITIQUE DE L’INSTITUTION
Il est de bon ton entre psychanalystes de dénoncer l’institution psychanalytique, d’ironiser et de persifler sur ses effets pervers, de l’accuser d’entrave à la
liberté de pratiquer conformément à son intime conviction, de frelater jusqu’à
l’originalité de la pensée de ses membres. L’institution ne serait qu’une machinerie à produire du conformisme et de la normalisation.
Ces critiques ne sont pas toujours infondées. Mais elles le sont si elles sont
proférées au nom du spontanéisme, c’est-à-dire de la glorification exclusive
d’une fidélité infrangible à soi-même et à l’irréductibilité de l’expérience singulière que chacun possède, par-devers soi, de la psychanalyse.
Le risque de dérive vers l’autoréférence est indissociable de la revendication d’une autonomie souveraine sans contrepartie. Conjurer le risque de
l’autosuffisance et de l’arbitraire, cela passe par la confrontation au regard et à
la critique de l’autre. Seulement, l’autre, ici, ce n’est pas seulement le patient,
c’est avant tout le collectif de pairs.
Mais un collectif de pairs, en quoi cela consiste-t-il ? Il s’agit non seulement d’une formation empirique, mais aussi d’un concept. Le collectif, ce n’est
pas un groupe, c’est beaucoup plus que cela. Il existe en effet des groupes dont
tous les membres pensent rigoureusement de la même façon. Sa forme caricaturale, la secte, est un groupe frappé par une normalisation radicale de ses
membres. Le collectif est, au contraire, une formation qui s’est dotée d’instruments spécifiquement destinés à lutter contre la dérive sectaire. Or ces insRev. franç. Psychanal., 4/2006
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Christophe Dejours
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L’ÉVALUATION, DE FACTO
Originalité et conformisme en matière de pratique psychanalytique, on l’a
dit, ne peuvent s’apprécier que par rapport à des normes et à des valeurs partagées. Cette exigence s’applique d’abord au psychanalyste lui-même qui, dès
qu’il cherche à caractériser en quoi consiste sa propre indépendance théoricopratique, a besoin de cette référence commune aux normes et aux valeurs.
Mais elle s’applique aussi à la communauté professionnelle dès que cette
dernière s’efforce d’élaborer une réponse collective à un collègue qui s’interroge, et l’interroge, sur la légitimité de ses options pratiques et sur le bien-fondé
de ses orientations théoriques.
Qu’on le veuille ou non, l’évaluation est une épreuve inévitable qui, de surcroît, n’a en soi rien de répréhensible. C’est précisément le rôle principal de
l’institution que de proposer des procédures d’évaluation des pratiques et de les
mettre en œuvre. La transmission, qui passe habituellement pour le noyau dur
des institutions psychanalytiques, sur lequel elles se font et se déchirent – la
transmission, donc –, est indissociable d’une conception implicite ou explicite
de l’évaluation. Car, à travers l’évaluation des candidats, ce sont aussi les maîtres qui se font, nolens volens, évaluer et réévaluer par leurs pairs : pour pouvoir
prétendre évaluer les autres, il faut d’abord se prêter soi-même à l’évaluation de
sa propre pratique avant même que de montrer son aptitude à en transmettre
l’esprit ou les principes.
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truments, qui dépendent du nombre et de l’action concertée dans la pluralité,
sont au principe de ce qu’on appelle le pouvoir instituant.
La revendication d’autonomie et d’originalité, proférée par chaque analyste, n’est pas vaine mais elle ne se tient que comme différenciation ou singularisation par rapport à des références communes et partagées avec les membres
d’un collectif. Avant que de s’autoriser à prendre de l’écart par rapport aux
normes et aux valeurs de référence, l’analyste aurait d’abord à faire la preuve
qu’il peut trouver l’accord avec la communauté d’appartenance (cette dernière
n’étant que la forme élargie d’un collectif, jusqu’à une communauté de métier).
Cet article vise à rassembler quelques-uns des constituants spécifiques du
collectif, de la communauté d’appartenance et de l’institution, permettant
d’éviter les risques de la normalisation, du dogmatisme et de la dérive sectaire.
Il se trouve que, parmi ces constituants, une place particulière revient à l’évaluation. Je propose de commencer par une discussion sur l’évaluation et de n’en
venir au pouvoir instituant que dans un deuxième temps.
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Notons au passage que le besoin d’évaluation émane d’abord des psychanalystes eux-mêmes. Pour leur propre gouverne. L’utilité de l’évaluation vis-àvis des instances extérieures – l’État et la société civile – est seconde par rapport
à ce besoin venant d’abord de l’intérieur pour pouvoir assurer la transmission
du métier d’analyste. Que l’on admette ces prémisses – à savoir, que
l’évaluation est au principe même de l’institution psychanalytique – n’implique
pas pour autant que ladite institution sache rendre compte convenablement de
ce en quoi consiste l’évaluation que, pourtant, elle met en œuvre en son propre
sein. Il s’en faut de beaucoup ! C’est d’ailleurs là que le bât blesse et les débats
actuels révèlent au grand jour le malaise lié pour une bonne part à l’insuffisance d’élaboration théorique de la notion d’évaluation, au sein des institutions
psychanalytiques.
Les psychanalystes ne sont, au demeurant, pas les seuls à se heurter à des
difficultés sérieuses lorsqu’il s’agit d’expliciter le contenu, les buts, les principes
et la pratique de l’évaluation. D’une façon générale, l’évaluation du travail soulève des problèmes redoutables déjà bien répertoriés au XIXe siècle. Jusque dans
le temple de la connaissance, on retrouve un malaise : même dans l’univers de
la recherche expérimentale, aucune procédure d’évaluation ne peut échapper
aux soupçons d’irrationalité (P. Joliot, 2001, p. 9-24 et 61-81).
Qu’est-ce à dire ?
LA CONCEPTION GESTIONNAIRE DE L’ÉVALUATION
Cela veut dire que, par les temps qui courent, ceux qui réclament le plus
l’évaluation et exigent sa généralisation à toutes les activités humaines sont les
gestionnaires. Ce qui les anime n’a que peu à voir avec les nobles préoccupations venant de l’intérieur de chaque profession, soucieuse quant à soi d’abord
et avant tout, de la qualité du travail bien fait. Les gestionnaires s’intéressent à
l’évaluation pour des raisons relatives au calcul de rentabilité. De ce fait, ils ont
besoin de données quantitatives. Et l’évaluation est pour eux une affaire de
quantification objective.
Mais est-il seulement possible de mesurer quantitativement et objectivement la qualité d’un travail ? La réponse, on le verra plus loin, est : non ! Qu’à
cela ne tienne, on remplacera la mesure quantitative de la qualité par le contrôle
de la qualité. Et voilà promulguée la vulgate de la « qualité totale » et des « certifications » de qualité avec toute leur batterie de normes. Normes ISO... On est
ici au seuil de l’aberration, car il est facile de montrer, dès qu’on étudie le travail stricto sensu, que précisément la « qualité totale » n’existe pas. Au mieux
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s’agit-il d’un idéal, car toute activité de travail est frappée d’imprévus et
d’obstacles infranchissables qui, dans le meilleur des cas, se soldent par des
compromis... avec ce que supposerait l’idéal... auquel il faut bien renoncer. En
imposant et en clamant la qualité totale contre la vérité du travail ordinaire, on
ne fait qu’opposer un déni au réel. La conséquence inévitable et invariable
consiste alors à dissimuler le réel grâce à la fraude.
Revenons à l’évaluation proprement dite. En quoi consiste, lorsqu’on la
pratique, la mesure quantitative et objective du travail ? Ou, pour le dire autrement, que mesure donc la mesure quantitative ? La mesure ne peut que mesurer
le résultat objectif (lorsqu’il existe) du travail.
Or le résultat final du travail n’est pas le travail. Et il n’y a strictement
aucune proportionnalité entre le résultat du travail et le travail effectif qu’il a
fallu fournir pour parvenir à ce résultat. C’est ainsi que le chercheur qui travaille et échoue pendant plusieurs années sur ses expériences, le chercheur qui
travaille justement parce qu’il échoue et parce qu’il s’obstine sur son échec,
lorsque ce chercheur donc parvient enfin au résultat, quelle proportionnalité y
a-t-il entre son travail – c’est-à-dire son obstination – et l’absence de publication sur sa recherche pendant plusieurs années (c’est-à-dire le résultat de sa
recherche) ? C’est que le travail stricto sensu est foncièrement subjectif, individuel et vivant. Et c’est parce que l’essence du travail est d’être un travail vivant,
précisément pour cela même qu’il est subjectif, impliquant la mobilisation subjective, l’endurance subjective et l’intelligence subjective –, c’est parce que
l’essence du travail est d’être un travail subjectif, donc – que le travail ne peut
pas être mesuré quantitativement et objectivement.
TRAVAIL OU ACTION ?
L’affaire se complique encore lorsqu’on passe du travail ordinaire de production industrielle ou artisanale au travail de production de services où la
« fabrication » n’est pas facile à caractériser. Pour l’économiste et le gestionnaire, la psychanalyse est une « activité de service » comme le sont
l’enseignement, la formation, le soin... Soit ! Seulement, dans le cas de la psychanalyse, au terme de « travail » on préfère souvent celui d’acte. Tout le
monde s’accordera facilement sur le fait que le nombre d’actes ne reflète pas du
tout le travail. Celui qui comptabilise le moins d’actes peut tout aussi bien être
celui qui travaille le plus. À vrai dire, le terme d’« acte » ne convient pas bien. Il
serait certainement plus rigoureux de dire que la psychanalyse relève de
l’action, au sens qu’a ce terme dans la philosophie morale et politique, c’est-à-
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dire d’un agir au cours duquel l’agent engage l’avenir d’autrui. En l’occurrence,
par son agir – fût-il de refusement et d’écoute –, le psychanalyste engage, de
fait, le devenir de l’analysant.
Pour Aristote, l’action (praxis) s’oppose à la fabrication (poïésis). L’action se caractérise en particulier par le fait que son résultat final ne parle pas
pour son auteur, c’est-à-dire pour l’agent de l’action (Cottereau, 1994). Au
contraire, dans la production, le résultat final, c’est-à-dire l’objet fini, parle de
lui-même. Il reflète fidèlement les talents et les défaillances de son auteur, il
peut être « évalué » sans passer par le discours de l’auteur. Dans le registre de
l’action, le résultat d’une décision politique, par exemple, ne peut pas s’évaluer
sans passer par la parole, le commentaire, la justification de l’auteur.
L’évaluation ne peut pas faire l’économie d’une explicitation précise de la délibération qui a précédé l’action (Ladrière, 1990). Ainsi la défaite au terme de la
bataille ne condamne-t-elle pas automatiquement le prince. Même en sachant
l’issue incertaine, il était peut-être plus juste d’engager la bataille contre
l’envahisseur que de livrer son peuple à l’esclavage et au pillage.
Dans la pratique analytique, le résultat objectif en termes de « guérison »,
de « stabilisation » ou d’ « aggravation » des troubles ne permet pas d’évaluer
l’action – l’analyse – ni, a fortiori, l’analyste. Quant à l’action – ici le travail de
l’analyste –, elle ne se voit pas, à la différence peut-être de la fabrication de
l’artisan. La décision de se taire, la décision de parler au patient, la façon dont
se forme chez l’analyste l’interprétation ou la construction, tout cela n’appartient pas au monde visible et ne peut donc être mesuré. Car il n’y a de mesurable que ce qui appartient au monde visible. Nous arrivons donc ici à un obstacle : l’évaluation du travail de l’analyste est inévitable et souhaitable, mais la
mesure de ce travail est, pour des raisons théorétiques, impossible.
L’ÉVALUATION COMME JUGEMENT
La solution à cette contradiction réside en ceci que l’évaluation ne passe pas
nécessairement par une mesure. « Évaluer, c’est porter un jugement sur la
valeur » (dictionnaire Le Robert). Pour ce faire, il convient d’abord de mettre en
œuvre des procédures spécifiques en vue d’accéder à la connaissance du travail
vivant de l’analyste. Pour rendre visible ce qui ne l’est pas, il n’y a qu’une voie :
celle qui passe par la parole de l’analyste sur sa pratique, ce qui implique, indissociablement, la présence de quelqu’un pour l’écouter et... si possible... pour
l’entendre. On peut montrer facilement que, pour entendre la parole de
l’analyste sur son travail, il faut bien mettre en face de lui une ou plusieurs personnes aptes à comprendre son dire. Les mieux placés pour ce faire, ce sont les
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autres analystes. Et ce n’est qu’au terme d’une délibération entre l’analyste et ses
pairs que l’on peut prétendre parvenir à une évaluation proprement dite, c’est-àdire à un jugement rationnel sur la valeur du travail vivant de cet analyste.
Tout cela est bien beau, mais porter un jugement sur la valeur suppose que
l’échelle de valeur soit préalablement à disposition, ce qui ne va pas de soi. La
valeur du travail, nous l’avons vu, en tant que ce dernier relève de la praxis, ne
peut pas être jugée sur le seul résultat final de la cure. Ce qui compte ici, ce qui
est à évaluer se situe donc en amont du résultat final, c’est-à-dire dans le « travailler » lui-même de l’analyste. Juger de la valeur de ce travail suppose donc
une référence commune portant spécifiquement sur le « travailler ». Il est facile
de montrer que cette référence ne peut être extraite que d’un seul gisement : le
métier d’analyste, en tant qu’il se caractérise par des règles de travail.
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Mais alors, en quoi consistent ces règles du métier d’analyste ? « Travailler
avec le transfert et la résistance », c’est ce qui caractérise la pratique de
l’analyse, répond Freud à Groddeck. Certes, mais qu’est-ce que cela signifie ?
La question est d’autant plus fondée que, sans insister sur l’écart entre la pratique de Groddeck et celle de Freud, il y a bien des façons, depuis Freud, de
comprendre l’apophtegme. Y a-t-il seulement une technique analytique ? Bien
des auteurs le contestent. Et l’on peut faire droit à leur position lorsque ces derniers manifestent ainsi leur méfiance à l’égard d’une technique standardisée
derrière laquelle se profilerait le spectre d’une « normalisation » des patients
passant par la normalisation des analystes. Mais ceux-là mêmes qui vilipendent
le plus vigoureusement l’idée d’une technique analytique ne soutiendraient pas
pour autant que la pratique analytique, ce serait faire n’importe quoi. C’est
pourquoi il vaut mieux soutenir l’idée de technique analytique en précisant toutefois le sens que l’on donne à cette notion (Freud, 1912).
Le recours à la technique est en effet inévitable dès lors qu’on s’efforce de
caractériser en quoi consiste le « travailler » du psychanalyste. Car, comme
tout travail, le travailler analytique a d’abord et avant tout à faire avec le réel
(Dejours, 2003).
Qu’est-ce que le réel ? Depuis Hegel, le réel, c’est ce qui se fait connaître
par sa résistance au savoir-faire, au mode opératoire, voire à la connaissance ; plus généralement, par sa résistance à la maîtrise. Le travail, en tant
qu’il est travail vivant, consiste précisément à faire face à ce qui résiste, à ce
qui n’est pas prévu, voire à l’imprévisible. Qu’est-ce que le réel pour le psychanalyste ? Ce n’est autre chose que ce par quoi se révèle parfois au moi
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LES RÈGLES DE MÉTIER ET LA QUESTION DE LA TECHNIQUE ANALYTIQUE
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qu’il n’est plus maître en sa demeure, c’est-à-dire la résistance de l’inconscient
à la maîtrise de soi du moi (de M’Uzan, 1967).
L’identification de la quiddité de cette résistance de l’inconscient du
patient passe, pour l’analyste, par un travail stricto sensu qui est le cœur même
du métier. Seulement ce que montre l’anthropologie des techniques, en ce point
où elle est aussi une épistémologie (c’est-à-dire une théorie des procédures de
production de la connaissance), c’est que l’accès au réel n’est jamais direct
(Sigaut, 1990). Le réel ne peut se révéler que par la mise en échec d’une technique correctement utilisée. Sans technique et sans mise en échec de la technique par l’épreuve qui lui oppose une résistance, le réel ne peut être connu. La
technique est toujours la médiatisation sans laquelle il ne peut y avoir d’accès
au réel. Force est donc de reconnaître qu’il ne peut y avoir d’accès à la connaissance de l’inconscient d’un patient, sans le truchement d’une technique : la
technique analytique. Et la technique analytique, c’est la technique de l’écoute.
Il serait vain d’aller plus loin pour en préciser les principes, puisque précisément, de l’écoute comme technique, il existe autant de formalisations que
d’écoles de psychanalyse. Ce qui ne revient pas à dire que la technique de
l’écoute serait n’importe quoi. Au contraire, elle est dans chaque institution
analytique saisie par des règles qui, de surcroît, caractérisent l’institution
comme cette institution-ci, qui n’est pas semblable aux autres institutions.
Il y a effectivement ici un paradoxe : ce qui est au principe même de
l’écoute en tant qu’écoute non dogmatique passe précisément par un effort de
mise à distance de la technique de référence, pour libérer l’attention en égal suspens proprement dite. Il n’empêche ! La mise à distance comme principe de
l’écoute présuppose qu’on sache préalablement ce qu’est l’écoute de la pensée
associative mobilisée par le transfert, c’est-à-dire qu’on en connaisse la technique. On pourrait toutefois caractériser aussi cette mise à distance par le terme
freudien de Versagung – refusement (Laplanche, 1987). Mais le refusement n’a
de sens et de pertinence que par rapport à ce que l’analyste conjecture de la
demande du patient, d’une part, de l’endurance de ce dernier au refusement de
l’analyste, d’autre part. Au-delà des limites de l’endurance du patient, le refusement de l’analyste constitue une erreur... qu’il faut bien qualifier d’erreur
« technique » ou d’erreur dans l’usage de la technique.
L’ACTIVITÉ DÉONTIQUE
La façon de manier les rapports entre refusement, écoute et interprétation
(ou intervention) est balisée par des règles propres à chaque institution analytique. Les écarts entre écoles sont parfois importants. Là n’est pas le problème.
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Évaluation et institution en psychanalyse
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Ce qu’il s’agit d’élucider, c’est la façon dont les règles qui caractérisent une institution particulière sont construites. Même si chaque analyste d’une école se
forge une expérience singulière de la technique analytique et de son pouvoir de
révéler le réel de la résistance de l’inconscient du patient, chaque analyste est
amené à confronter sa propre expérience et l’élaboration qu’il en fait à
l’expérience des autres analystes de ladite école et à l’élaboration qu’ils en font.
De cette confrontation, au demeurant extrêmement complexe, surgit un espace
de délibération interne à l’école d’analyse où, au-delà de la discussion, se forment des consensus sur ce qui est acceptable et validable et ce qui ne peut l’être.
Cette activité de délibération sur la technique constitue l’activité déontique
des analystes d’une école qui, orientée vers l’entente, aboutit à la formation
consensuelle des règles de métier des analystes de cette école.
De l’approfondissement et du renouvellement permanent de cette activité
déontique dépend la formation des normes et des valeurs de la profession
d’analyste de cette école. Normes et valeurs qui constituent la référence commune et partagée par les membres de l’école, à partir de laquelle il est possible
d’évaluer une candidature, c’est-à-dire de porter un jugement sur la valeur du
travail d’analyste du candidat.
DÉLIBÉRATION ORIENTÉE VERS L’ENTENTE
La délibération, qui constitue le cœur de l’activité déontique des analystes
d’une école, est, dans son principe, interminable. Chaque nouveau membre de
l’école en effet apporte, ou peut apporter avec lui, un point de vue strictement
singulier et original à partir de son expérience de l’analyse, qui permet de
renouveler, voire de déplacer progressivement les termes de la délibération collective. La délibération collective ne peut se poursuivre que si elle est, de façon
volontaire, orientée vers l’entente, c’est-à-dire vers la recherche de consensus
sur les règles du métier d’analyste. Ce qui importe ici, c’est la recherche de
consensus et non le consensus lui-même. Car, de toute façon, le consensus est
destiné à être tôt ou tard déstabilisé par de nouveaux arguments pertinents.
L’orientation vers l’entente suppose non seulement la recherche de consensus
mais aussi et avec la même volonté la recherche de – et la curiosité authentique
pour – les arguments nouveaux, inédits ou discordants. L’orientation vers
l’entente exige donc une souplesse et une véritable capacité à remettre en cause
son propre rapport aux règles du métier d’analyste. La délibération collective
orientée vers l’entente est avant tout recherche de questions neuves et non de
réponses définitives.
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L’activité de production de règles – l’activité déontique – est assurément
une activité normative, visant la recherche d’accords sur les normes et les
valeurs du métier d’analyste. Mais cette activité normative ne conserve son
pouvoir de produire une culture d’école que pour autant qu’elle reste ouverte
sur son propre renouvellement : Kulturarbeit, au sens fort du terme. Le Kulturarbeit cesse dès que la déontique, c’est-à-dire cette activité normative, fait la
moindre concession à une fixation dogmatique. Dès qu’un consensus est tenu
pour définitivement acquis et ne devant plus être remis en cause, s’ouvre inévitablement la porte au processus de normalisation, c’est-à-dire de la mise en
conformité des pratiques puis des êtres humains concernés par cette pratique.
Et presque immanquablement résonnent jusque dans l’espace public les déclarations normalisantes, voire militantes de l’ordre moral, tonitruantes autant
que déplacées, des collègues qui se réclamant soi-disant de la psychanalyse, se
mutent en donneurs de leçon et en éducateurs.
DÉLIBÉRER SUR LE FAIRE
Pourquoi donc la délibération collective, pourquoi la déontique se paralysent-elles si souvent dans les écoles au profit de la dogmatique ? Cette mésaventure se produit à chaque fois que la délibération « oublie » qu’elle ne porte
que sur le travailler de l’analyste et non sur la personne de l’analyste. Travailler,
c’est faire l’épreuve du réel en usant convenablement d’une technique, c’est-àdire de règles de travail ou de règles de métier. L’évaluation ne concerne que le
travailler, c’est-à-dire non seulement l’art dans le maniement des règles, mais
aussi la manière dont la rencontre avec le réel amène le praticien à remettre en
cause ou à prendre de l’écart par rapport à la règle pour pouvoir faire face à la
résistance du réel que lui oppose le développement d’une cure.
Comment évaluer la pertinence ou l’infécondité d’un écart par rapport à la
règle ? En fonction et uniquement en fonction de la façon dont l’analyste qui
expose son travail à la critique des autres rend compte de sa manière de penser
cet écart, c’est-à-dire sa manière de travailler. Encore une fois, ce qu’il s’agit
d’évaluer n’est pas le résultat du travail mais le travail lui-même. En l’occurrence, le travail, ce n’est rien d’autre que le travail de penser qui permet
d’écouter, de se refuser (versagen) et d’intervenir ou d’interpréter. Cela suppose une aptitude de l’analyste à rendre compte, c’est-à-dire à rendre intelli-
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LA NORMATIVITÉ N’EST PAS LA NORMALISATION
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Christophe Dejours
gible d’abord, à justifier ensuite, à critiquer enfin son usage de la règle et l’écart
qu’il prend éventuellement par rapport à cette dernière. Exercice difficile, oh
combien ! Tout analyste le sait.
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Comment l’analyste peut-il parler du travail de pensée qui lui permet
d’écouter, de se refuser, d’intervenir ou d’interpréter ? Pour l’analyste, parler à
d’autres analystes du réel, c’est parler de la façon dont il pense, en situation
d’analyste. Le réel, on l’a dit, n’est jamais visible directement. On n’y a accès
que par le truchement d’une technique. La technique ici est avant tout de
l’ordre de la pensée, celle qui accompagne et justifie le refusement. Car le réel
en question ne se donne pas à voir spontanément. L’adage dit : « On ne trouve
que ce que l’on cherche et l’on ne cherche que ce que l’on connaît. » L’attente,
l’écoute flottante, voire l’attention en égal suspens, sont aussi des façons spécifiques de chercher. « On ne cherche que ce que l’on connaît », dit la maxime.
C’est le point clé du travailler de l’analyste. Pour trouver quelque chose, pour
entendre quelque chose, pour saisir les configurations de la résistance de
l’inconscient, il faut mobiliser des connaissances. L’attention en égal suspens
suppose pourtant de se déprendre du savoir théorique. Oui, sans doute ! mais
se déprendre, ce n’est pas oublier le savoir et surtout ce n’est pas ignorer la
métapsychologie.
L’attention en égal suspens ressortit à une forme de sensibilité. Mais, et
c’est là sans doute encore un paradoxe, la sensibilité n’est pas une propriété des
organes sensoriels ni de la subjectivité spontanée. Tout au contraire ! La sensibilité est foncièrement conceptuelle (Pharo, 1996). Il est difficile d’être ému en
écoutant la musique de Berg si l’on n’a pas appris la théorie atonale et la technique dodécaphonique sérielle ; on ne peut pas pleurer en entendant un poème
de Heine si l’on n’a pas appris l’allemand ; on sera d’autant plus subjugué par
un tableau de Kandinsky que l’on aura de familiarité avec le Jugendstil, le Bauhaus, et plus encore si l’on a lu les écrits théoriques de Kandinsky. Dans
l’attention en égal suspens, la sensibilité outillée par les concepts ne peut utilement se déprendre de la théorie que si cette dernière a préalablement été assimilée. Pour l’analyste, rendre compte de sa confrontation au réel et de l’écart à
consentir par rapport à la technique de référence, cela passe nécessairement par
l’explicitation des connaissances théoriques à l’aide desquelles il pense. Et c’est
sur la base de ces connaissances théoriques communes qu’il devient possible
pour les autres de discuter, de critiquer et de délibérer. Soulignons-le : dans
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PARLER DU TRAVAILLER
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l’activité déontique, il ne s’agit pas de discuter de la clinique, mais bien des rapports entre la théorie et ce qu’elle permet de mobiliser comme moyens de penser
et de chercher, d’un côté, la pratique ou la praxis de l’écoute, du refusement et
de l’interprétation, de l’autre.
Du côté des interlocuteurs, la difficulté – et elle est considérable – c’est de
s’en tenir strictement à l’analyse, à la délibération et à l’évaluation du travailler
sans jamais dériver vers l’évaluation de la personne de l’analyste.
Le travailler, dans la mesure où il a toujours à faire avec l’énigme du réel,
suscite généralement la curiosité et la controverse. Et il convient de rester sur ce
plan. Dériver vers des considérations sur la personnalité de l’analyste, c’est
lâcher la proie pour l’ombre. En acceptant de s’écarter du travailler, on ruine le
ressort même de l’activité déontique.
En fin de compte, l’évaluation du travail d’un collègue porte sur sa capacité
à rendre compte de la façon dont il comprend les règles du métier d’analyste – la
technique –, comment il est, en situation, amené à prendre de l’écart par rapport
à cette technique pour faire face au réel ; comment, en soutenant avec suffisamment de fermeté son point de vue, il parvient à apporter une contribution à
l’activité déontique de l’école à laquelle il choisit d’appartenir. Dans cette perspective, évaluer le travail d’un collègue, cela consiste à porter un jugement sur le
chemin qu’il parcourt entre le courage de témoigner de sa pratique et le pouvoir
d’apporter une contribution à l’activité déontique de ses pairs.
On l’a déjà dit, l’évaluation du travail des analystes ne saurait être déléguée
à des gestionnaires. Elle ne peut être pertinente que si elle est faite par des pairs,
respectant les mêmes principes et les mêmes règles de métier. Et si les analystes
ont besoin d’institution, c’est précisément pour pouvoir exercer, entre eux,
l’évaluation des pratiques. Le besoin d’institution vient d’abord des analystes
eux-mêmes dès lors qu’ils sont soucieux de se protéger, chacun, des risques
délétères de l’autoréférence.
LE REGARD EXTÉRIEUR
À l’institution peut être assignée une deuxième fonction, tournée explicitement vers le monde extérieur à la psychanalyse. Mais celle-ci n’a de sens que si
l’institution se soutient d’abord de ce qui est exigé d’elle de l’intérieur, c’est-àdire de la demande formulée par les analystes eux-mêmes – à savoir, de mettre
sur pied une instance capable d’évaluer les pratiques de ses membres.
Cette seconde fonction, tournée vers l’extérieur, ne peut être considérée
comme nulle et non avenue, parce que le regard extérieur sur l’institution ana-
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Évaluation et institution en psychanalyse
Christophe Dejours
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lytique est aussi une ressource pour lutter contre les dérives sectaires qui affecteraient une école entière ayant détruit en son sein les ressorts de l’activité
déontique. Considérer toutes les demandes extérieures comme des menaces
pour la psychanalyse est une erreur dans la mesure où l’exaltation de la menace
favorise la formation d’une cohésion du groupe des analystes par référence à
l’ennemi commun. La cohésion formée sur cette base est délétère car elle
génère, on peut le montrer, la formation d’idéologies défensives qui, tendanciellement, sécrètent la violence à l’extérieur et à l’intérieur.
La fonction consiste ici, pour l’institution, à se porter garante vis-à-vis de
l’État et de la société civile de la qualité du travail exercé en son sein, c’est-àdire, précisément, de la qualité du travail d’évaluation qui s’y fait. Même si
l’évaluation est l’affaire des professionnels eux-mêmes, il n’y a pas de raison de
faire de ces procédures un secret. Rendre publique, c’est non seulement informer, c’est expliquer de façon circonstanciée ces principes.
La qualité de l’évaluation exercée en son sein, il n’est certes pas facile à
l’institution psychanalytique de la démontrer. C’est possible toutefois, à condition de savoir user des concepts propres à la théorie du travail et de pouvoir
montrer, ainsi que j’ai tenté de le faire sommairement ci-dessus, comment ces
concepts des sciences du travail, maniés dans le champ spécifique de la formation, de la transmission et de la délibération psychanalytiques, permettent de
rendre compte de la rationalité de notre pratique.
CONCLUSION
Évaluation et institution sont, vis-à-vis de la pratique psychanalytique,
indissociables. Pour autant, les deux termes ne sont pas équivalents.
L’évaluation porte exclusivement – ou ne devrait porter que – sur le travailler de l’analyste. Faire porter l’évaluation sur les résultats du travail est un
contresens théorique, car les résultats du travail (par exemple, la guérison ou
l’aggravation des symptômes) n’ont aucune relation de proportionnalité avec le
travailler proprement dit. L’évaluation ne concerne pas la personne de
l’analyste, elle ne devrait s’exercer que sur son savoir-faire.
L’évaluation passe par des jugements sur la valeur du travailler. Pour la
psychanalyse, plus encore que pour tout autre métier, elle ne peut en aucun cas
relever de la mesure quantitative et objective. En tant qu’elle passe par des
épreuves soumises à un jugement, la praxis analytique exige une référence.
Cette référence trouve sa source dans les règles du métier d’analyste. De ce fait,
l’évaluation rationnelle de la pratique d’un analyste particulier ne peut être réa-
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Évaluation et institution en psychanalyse
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lisée que par ceux qui ont une véritable connaissance de ces règles : l’évaluation
est l’affaire des pairs.
L’institution, quant à elle, se porte garante de la transmission des règles du
métier d’analyste. L’évaluation et l’institution sont liées l’une à l’autre par l’activité déontique de ses membres. Le pouvoir instituant des psychanalystes, c’est-àdire le pouvoir de fonder une institution et de la faire évoluer, repose sur ladite
activité déontique. La vitalité de cette activité dépend, en dernier ressort, de la
qualité de l’espace consacré à la délibération collective des analystes, d’une part,
à la nature de ce qui est mis en délibération, d’autre part – à savoir, les règles du
métier qu’il s’agit de confronter aux configurations du réel (ce qui résiste au
savoir-faire) révélées par le travail et la praxis analytiques de ses membres.
Christophe Dejours
39, rue de la Clef
75005 Paris
Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. de J. Tricot, Paris, Vrin.
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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