Mémoire Master of Advanced Studies en Action Humanitaire
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Mémoire Master of Advanced Studies en Action Humanitaire
Mémoire Master of Advanced Studies en Action Humanitaire Année académique 2011-2012 LA PLACE DES FEMMES DANS LES COMITES DE PARTICIPATION DES REFUGIES CONGOLAIS AU BURUNDI CAMP DE MUSASA Présenté par : Richard Harerimana Composition du jury de soutenance : Directrice de mémoire : Mme Edith Brigitte Marie KOLO FAVOREU Président du jury : Prof. Gilles CARBONNIER Experte : Mme Katarzyna Grabska 26 Juin 2012 i Dédicace Ce mémoire est dédié à mon épouse Georgette NDAYIKEZA et à ma fille Queen ISHIMWE. ii Remerciements Au terme de ce travail, je voudrais exprimer mes sincères remerciements à de nombreuses personnes ayant contribué à ma formation ainsi qu’à sa réalisation. Je pense plus particulièrement : Aux responsables du CERAH pour m’avoir admis à participer à cette formation. A la Fondation Wilsdorf et au Département de la Sécurité, de la Police et de l’Environnement représenté par le Service de la Solidarité Internationale pour m’avoir accordé des moyens financiers qui étaient indispensables à ma formation. A tous les enseignants du CERAH qui n’ont ménagé aucun effort pour que nous puissions développer notre esprit critique de l’action humanitaire. A Mme Edith Brigitte Marie KOLO FAVOREU pour avoir accepté de diriger ce mémoire, avec ses conseils et ses compétences. Qu’elle trouve ici l’expression de ma profonde gratitude pour ses efforts et son courage qui m’ont guidé durant toute l’année. A Mr Gilles Carbonnier, Professeur en Economie du développement à l’Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement, et Président du Conseil d’Administration du Cerah pour avoir accepté la présidence de ce jury malgré ses multiples engagements. A Mme Katarzyna Grabska, Docteur en Etudes du développement et anthropologie, chercheur dans le programme genre et développement de l’Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement pour sa disponibilité et son intervention en tant qu’expert. Aux collègues de ma promotion pour m’avoir appuyé et encouragé durant toute l’année, spécialement à Pierre-Claver Nizigiyimana et Innocent Gahunga pour leurs multiples conseils. A toute personne qui, de loin ou de près, a contribué à notre formation. iii Résumé La participation des réfugiés aux activités d’assistance et de protection trouve ses fondements dans les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme. De nombreux textes fondamentaux de l’action humanitaire soulignent son importance et elle fait partie des méthodes de travail les plus importantes. Dans le cas de la gestion des camps des réfugiés, le HCR et le CNR sont parmi les organisations internationales et non gouvernementales qui ont beaucoup contribué à définir des outils du projet de gestion de camp. Ils consistent en des directives visant à garantir une représentation égale des femmes et des hommes dans les comités des réfugiés. La mise en place des comités des représentants est l’un des moyens qui ont été adoptés pour faire participer la population du camp et la représentation égale des femmes et des hommes. Celle-ci reste toujours désirée notamment dans les camps des réfugiés au Burundi. En réalité, il existe souvent des différences entre la théorie et la pratique pour accorder aux bénéficiaires une réelle participation et les contraintes dépendent de plusieurs facteurs. Ce travail de mémoire fait suite à d’autres travaux de recherche qui ont déjà abordé la question de la participation des populations affectées dans les projets d’assistance et de protection. Il s’intéresse particulièrement à l’accès des femmes aux comités des réfugiés dans le camp de Musasa. Il essaie de montrer d’une part comment les facteurs liés au contexte socioculturel et aux pratiques des humanitaires limitent les places des femmes dans les comités des représentants et d’autre part propose quelques pistes de solutions pour lever ces inégalités. Mots clés : Camp de réfugiés, participation, genre, protection, assistance, égalité, parité, équité. iv Abstract The participation of the refugees in the activities of assistance and protection finds its bases in the international texts relating to the humans right. Many fundamental texts of the humanitarian highlight its importance as one of the most significant working methods. In the case of camp management, the UNHCR and NRC are among the international and nongovernmental organizations which contributed much to define tools of management project. the camp They consist of directives aiming at guaranteeing an equal representation of women and men in the refugee committees. The set up of representative committees is one of the means which were adopted to make participating women and men in equal representation. This one remains always desired especially in Burundi refugee camps. Actually, there are often differences between the theory and the practice to grant to the recipients a real participation because of several factors. This thesis refers to other preceded researches which already tackled the question of the participation of the populations affected in the projects of assistance and protection. It is interested particularly in the access of the women to refugee committees in the Musasa camp. It tries to show on the one hand how the factors related on the socioculturel context and the practices of the humanitarians limit the places of the women in the committees of the representatives and on the other hand proposes some tracks of solutions to finish with these inequalities. Key words: Refugee camp, participation, gender, protection, assistance, equality, parity, equity. v Abréviations AIF Agence Intergouvernementale de la Francophonie ALNAP Active Learning Network for Accountability and Performance CARE-US Care-United States CERAH Centre d’Enseignement et de Recherche en Action Humanitaire de Genève CICR Comité Internationale de la Croix Rouge CNR Conseil Norvégien pour les Réfugiés DgCiD Direction générale de la Coopération internationale et du développement FICR Fédération Internationale de la Croix rouge HCR Haut Commissariat pour les Réfugiés IRC International Rescue Committee NRC Norwegian Refugee Council OCHA Office for the Coordination for Humanitarian Affairs OIM Organisation Internationale pour les Migrations ONG Organisation Non-Gouvernementale ONPRA Office National pour la Protection des Réfugiés et Apatrides OUA Organisation de l’Union Africaine PAM Programme Alimentaire Mondiale PARinAC Partnership in Action RDC République Démocratique du Congo SGBV Sexual and Gender-Based Violence URD Urgence, Réhabilitation et Développement UNHCR United Nations High Commissioner for Refugees vi TABLE DES MATIERES Dédicace...................................................................................................................................... i Remerciements ......................................................................................................................... ii Résumé ..................................................................................................................................... iii Abréviations .............................................................................................................................. v INTRODUCTION .................................................................................................................... 1 Situation des camps des réfugiés au Burundi ............................................................................. 1 Contexte ..................................................................................................................................... 2 Problématique............................................................................................................................. 4 La question de recherche et les hypothèses ............................................................................... 5 L’intérêt de la recherche ............................................................................................................. 6 CHAPITRE I : MISE EN PERSPECTIVE DE LA PARTICIPATION DANS LES CAMPS ...................................................................................................................................... 7 I.1. Le camp, un espace géré .................................................................................................... 7 I.1.1. Le camp : un espace de protection et d’assistance pour sa population ..................... 8 I.1.2 L’action humanitaire sur le camp et la diversité de ses acteurs ............................... 10 a. Le gouvernement .............................................................................................................. 10 b. Le HCR ............................................................................................................................. 10 c. CICR et FICR ................................................................................................................... 11 d. Les ONG ........................................................................................................................... 12 e. CNR .................................................................................................................................. 12 f. Les réfugiés ....................................................................................................................... 13 I.2. Une gestion appelant la participation de la population résidente ............................... 15 I.2.1. La participation prévue ................................................................................................ 16 a. L’engagement de la communauté ..................................................................................... 17 vii b. Les rôles et responsabilités des acteurs clés...................................................................... 18 1. L’Administration du camp ................................................................................................ 19 2. Le Coordinateur du camp.................................................................................................. 20 3. Le Gestionnaire du camp ................................................................................................. 20 Conclusion ................................................................................................................................ 21 I.2.2. L’enjeu de la participation genrée .............................................................................. 21 a. Le concept de genre .......................................................................................................... 21 b. Le genre : une approche participative ............................................................................... 23 c. Le défi de l’égalité, de l’équité et de la parité ................................................................... 25 CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE DES FEMMES DANS LES COMITES DU CAMP ...................................................................................................................................... 27 II.1. Une participation accrue ............................................................................................... 28 II.2. Une participation « imparfaite » et incomplète ........................................................... 31 II.2.1. La représentation des rôles et la culture ................................................................... 32 II.2.2. Le genre et le niveau d’éducation ............................................................................. 35 II.2.3. La problématique de l’équilibre des représentants des comités dans le processus électoral ................................................................................................................................... 37 CONCLUSION ....................................................................................................................... 40 BIBILOGRAPHIE ................................................................................................................. 45 ANNEXE : Carte du BURUNDI ............................................................................................... a 1 INTRODUCTION Situation des camps des réfugiés au Burundi Les conflits armés ont été toujours les causes de déplacement des populations civiles dans la région des Grands-Lacs. La guerre en République Démocratique du Congo (RDC) de 1996 a déclenché des déplacements des milliers des populations qui ont été obligés de chercher asile dans les pays de la sous-région, y compris le Burundi1. Ainsi, suite à la deuxième guerre du Congo de 1998, les premiers réfugiés congolais ont été provisoirement accueillis dans la province de Cibitoke, dans les camps de transit de Rugombo avant d’être transférés dans le camp de Gasorwe2 de la province de Muyinga en mai 2002. Depuis cette année, la situation sécuritaire n’a pas cessé de se détériorer à l’Est de la RDC et des milliers des réfugiés ont continué d’arriver au Burundi. Ces réfugiés étaient provisoirement installés dans des camps de transit qui se situaient au long de la frontière entre le Burundi et la RDC d’où le gouvernement burundais a entrepris des mesures de les transférer progressivement dans les camps de Gasorwe, Gihinga et Musasa3. Le camp de Gihinga a été fermé en 2009 et les réfugiés ont été relocalisés dans le camp de Bwagiriza en province Ruyigi. Le camp de Gihinga se trouvait à 63 kilomètres de la frontière congolaise, celui de Gasorwe à 107 kilomètres et le camp de Musasa à 98 kilomètres4. Le camp de Musasa a été ouvert en 2006 pour accueillir des demandeurs d’asile rwandais avant de fermer ses portes en décembre de la même année suite au retour des ces demandeurs d’asile dans leur pays d’origine. Les premiers réfugiés congolais sont arrivés à Musasa le 7 juin 2007 et dès lors le site sera transformé en cas permanant5. 1 Le Burundi est un pays frontalier avec la RDC. Voir la carte en annexe. J’ai travaillé dans le camp de Gasorwe en tant qu’Assistant-Social chargé de l’éducation du 11/11/2004 au 31/12/2005. 3 J’étais Assistant Distribution et Monitoring (26/6-30/11/2010) et Assistant Coordinateur Camp Management (01/12/2010-23/9/2011). 4 Les principes directeurs opérationnels du HCR sur le maintien du caractère civil et humanitaire de l’asile recommandent un minimum de 50 kilomètres entre un camp de réfugié et la frontière du pays d’origine. 2 5 HCR-Gouvernement du Burundi-PAM, « Mission d’évaluation conjointe 2008 », p. 2. 2 Contexte Au Burundi, comme partout ailleurs, les camps offrent aux personnes forcées à fuir leur foyer et à laisser leurs proches et leurs biens derrière elles, une protection et une assistance d’urgence. La législation en vigueur en rapport avec l’entrée et le séjour des étrangers prévoient des dispositions relatives à la protection des réfugiés et des apatrides6. La loi n°1/32 du 13 novembre 2008 sur l’asile et la protection des réfugiés au Burundi s’applique à toute personne reconnue comme réfugié conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, à son protocole additionnel de 1967 et à la Convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique7. Bien que le Burundi ait ratifié ces instruments internationaux, il n’a pas encore signé la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatrides et plus de 1500 personnes d’origine omanaises risquent de devenir des apatrides dans ce pays. A la fin de 2011, le HCR estimait le nombre de réfugiés vivants sur le territoire burundais à 30 300 dont 29 900 réfugiés congolais vivants dans les camps et en milieu urbain8. Pendant le troisième trimestre de la même année, le camp des réfugiés congolais de Musasa comptait environ 6300 personnes9. Les premiers réfugiés congolais ont obtenu leur statut par la méthode de détermination collective à première vue (prima facie). Actuellement, des demandeurs d’asile congolais continuent également d’arriver mais la procédure de détermination de la qualité du réfugié n’est plus collective. L’Office Nationale pour la Protection des Réfugiés et des Apatrides établit d’abord tous les faits pertinents du cas considéré et applique ensuite aux faits identifiés les définitions prévues par la Convention de 1951 relative au statut de réfugié et son protocole additionnel, mais également par la Convention de l’OUA (actuelle Union Africaine) liée aux aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. 6 NINDORERA, E., NYAMOYA, F. & GAKIMA, L.M., « Projet de Loi sur l’Asile et la protection des réfugiés », janvier 2005, p.3. 7 GOUVERNEMENT DU BURUNDI, « Loi N° 1/32 du 13 novembre 2008 sur l’asile et la protection des réfugiés au Burundi, art.1er». www.unhcr.org/refworld/docid/49eef2572.html, consulté le 20 mars 2012. 8 HCR, « Profil d’opération 2012-Burundi ». http://www.unhcr.fr/cgibin/texis/vtx/page?page=4aae621d577&submit=GO, consulté le 30 juin 2012. 9 NRC, « Rapport mensuel du mois de septembre ». 3 Le HCR10 travaille étroitement avec les gouvernements, les organisations nationales, internationales et non gouvernementales pour offrir des services de protection et d’assistance aux réfugiés qui sont dans les camps au Burundi. Malgré la nature temporaire des camps, les activités d’assistance et de protection doivent garantir que le droit de l’homme fondamental de vivre dans la dignité est respecté pour la communauté du camp11. C’est dans ce cadre que la participation12 des réfugiés aux décisions qui ont une incidence sur leur vie est devenue un principe essentiel de l'action du HCR13. En 2009 et en 2010, le HCR et ses partenaires ont mené un travail de réforme sur la structure des comités, leurs termes de référence et sur la façon de leur mise en place dans les camps des réfugiés congolais au Burundi. Ils ont dès lors établis des outils et des mécanismes qui visent à garantir le respect des principes d’égalité, de genre et de diversité ethnique dans la mise en place des comités des représentants des réfugiés. Ainsi, dans le camp des réfugiés de Musasa, la participation des femmes est d’un intérêt capital par le fait qu’elles représentent plus de 52% de la population totale avec plus de préoccupations sur la vie des enfants qui sont à plus de 60%14. Malgré tout ce qui a été prévu par cette réforme, on constate qu’il devient de plus en plus difficile de mettre en pratique le guide électoral pour assurer les équilibres de genre dans les comités de gestion des camps. Souvent ce sont les femmes qui sont les moins représentées, ce qui met à mal le développement social du camp. 10 Pour le développement sur le mandat du Haut Commissariat pour les Réfugiés(HCR) voir à la p. 10. NRC, « Projet de gestion de camp », Edition mai 2008, p. 2. http://www.nrc.no/arch/_img/9383270.pdf, consulté le 10 janvier 2012. 12 Ce thème central de notre étude sera développé ultérieurement. 13 HCR, « Manuel des situations d'urgence », Deuxième édition, Août 2001, p. XI, http://www.unhcr.org/refworld/docid/3deddf654.html, consulté le 28 novembre 2011. 14 NRC, « Rapport d’activités du camp de Musasa », août 2011. 11 4 Problématique En effet, depuis 2010, le comité de gestion du camp15 organise chaque année des élections pour les représentants des réfugiés membres du comité directeur du camp et des comités sectoriels suivant un guide électoral en vigueur depuis cette année. Elaboré et ratifié par le comité de gestion du camp, ce guide contient des dispositions essentielles qui réglementent le processus électoral en tenant compte des principes d’égalité, de genre et de diversité ethnique dans la mise en place des comités des représentants des réfugiés. Au terme de la composition et du fonctionnement du comité directeur du camp, le guide électoral prévoit dans ses procédures de nominations et critères de représentativité qu’au sein du comité directeur, les fonctions de Vice-président (de secrétaire et de secrétaire adjoint) sont dévolues aux candidats qui obtiennent, par ordre décroissant, le plus de voix. Néanmoins, si le second en voix est du même genre ou du même groupe ethnique que le Président élu, le poste de Vice-président est dévolu au candidat de genre et groupe ethnique différents du Président, et qui vient en tête des suffrages. Les élections des membres des comités sectoriels sont organisées suivant ce même principe dans différents blocs de quartiers sauf pour les comités des sages et des représentants des confessions religieuses qui sont désignés par les membres de leurs communautés ethniques (mutualités) et religieuses. Après sa mise en place, le Comité Directeur a pour obligation de faciliter le processus de leur nomination et de s’assurer que ses sous-comités reflètent autant que possible l’équilibre en termes de genre, et d’ethnie. Dans ma pratique, les résultats des élections dans le camp de Musasa montrent qu’il y a peu de femmes qui arrivent à occuper des places dans les différents comités si l’on ne procède pas au remplacement des hommes par les femmes pour faire respecter la parité énoncée dans le code électoral. Les tensions qu’on observe pendant la période électorale entre les candidats aux élections et les membres des bureaux de votes indiquent que les réfugiés sont souvent en désaccord avec ce processus qui est considéré comme étant un ordre dicté par le comité de gestion du camp en modifiant les résultats électoraux. En plus, jusqu’en 2011, on remarque qu’aucune femme ne fait partie des comités des Sages et des Confessions religieuses pour lesquels les communautés ont eu le plein droit de désigner leurs représentants bien que, selon 15 Le comité de gestion du camp est composé par le Gouvernement, le HCR et l’ONG responsable de la gestion du camp. 5 le code électoral en vigueur, le comité directeur devrait s’assurer de leur équilibre en termes de genre. Cela créé un déficit symbolique sur la représentation des femmes dans les comités et potentiellement une moindre représentation de leurs besoins pratiques et de leurs intérêts stratégiques. La question de recherche et les hypothèses En évoquant la représentation des femmes dans les comités des réfugiés du camp, nous constatons qu’il y a des différences entre la composition des comités et les dispositions du guide en matière de genre. Cette situation fait que le rôle de la femme dans la prise de décisions sur certaines questions de la vie du camp peut être limité et par conséquent sa liberté d’exercer son droit fondamental. Notre objectif est de mener une étude sur la participation des femmes dans le camp de Musasa que nous connaissons pour y avoir travaillé afin de pouvoir contribuer dans le futur à la résolution du problème posé. Notre question de recherche sera alors de savoir pourquoi les femmes participent peu dans les comités du camp alors qu’il y a des dispositions établies dans le guide électoral pour garantir au moins une égalité formelle entre les femmes et les hommes. Afin de pouvoir répondre à cette question, nous partons de cinq hypothèses qui nous permettrons de mener notre analyse : 1. Les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans les comités du camp parce que les mécanismes de participation en place ne tiennent pas compte des facteurs socioculturels de la communauté du camp. 2. Les femmes ne sont pas suffisamment informées sur leur droit et l’intérêt de la participation, ce qui limite leur représentation dans les comités du camp. 3. Les femmes ne sont pas formées sur les mécanismes de participation. 4. Les femmes ont peur de participer dans les comités parce que cela pourrait mettre en danger leur sécurité au sein de la communauté. 5. Les femmes n’ont pas le temps de participer aux activités liées à la gestion du camp parce qu’elles ont en charge une grande partie d’activités domestiques et familiales. Notre question de recherche et validation des hypothèses seront abordées sur base de notre expérience soutenue par une recherche bibliographique des concepts qui clés de cette analyse. 6 L’intérêt de la recherche Depuis 2008, plusieurs étapes ont été franchies pour améliorer la gestion de camp et pour arriver finalement à augmenter la participation des réfugiés dans ce processus. Jusqu’à la fin de 2010, le système de fonctionnement des comités des réfugiés était déjà profondément réformé et structuré comparativement à la période d’avant. En tant qu’employé du CNR, nous avons eu beaucoup d’occasion de participer à l‘organisation des élections des représentants des réfugiés, en collaboration avec les staffs du HCR et des représentants du gouvernement. La question de représentation de certains groupes minoritaires a été presque résolue ou comprise par les différentes communautés du camp. Les questions liées à la représentation des femmes restent toujours les plus difficiles à aborder avec les réfugiés compliquant ainsi la mise en pratiques des dispositions prévues par le guide électoral en matière d’égalité des hommes et des femmes dans les comités. Nous estimons que notre étude après une année de formation en action humanitaire va contribuer à relever ce défi et à une meilleure compréhension de la participation des femmes réfugiés dans le camp de Musasa. Notre mémoire va alors aborder ce sujet en mettant d’abord en perspective la participation dans les camps (I) avant d’analyser de manière spécifique la problématique da la participation des femmes dans les comités du camp (II). 7 CHAPITRE I : MISE EN PERSPECTIVE DE LA PARTICIPATION DANS LES CAMPS Les camps ont été longtemps considérés comme étant des lieux temporels d’accueil pour les populations déplacées en attendant leur retour dans les lieux d’origine. En pratique, il n’en a pas été toujours ainsi pour la plupart qui ont duré des décennies. On peut citer les camps des réfugiés burundais en Tanzanie, ceux des soudanais au Tchad ou celui des somaliens à Dadaab qui existe encore depuis plus de 20 ans. Les activités d’assistance et de protection ont été aussi développées dans le temps et dans l’espace pour essayer de garantir le respect de la dignité humaine. La diversité des acteurs et la complexité des activités qui se déroulent dans un camp, allant de la fourniture de l’assistance au maintien de l’ordre ont fait qu’il y ait une organisation particulière de la population du camp, qui est considérée par l’Anthropologue Michel Agier, comme « une modalité d’organisation sociale qui se déploie à l’échelle planétaire et qui traite une part séparée de la population planétaire selon un régime spécifique16 ». Le pays d’asile, le HCR et ses organisations partenaires définissent les services à fournir, leurs modalités et essayent d’associer les bénéficiaires dans différentes étapes de leurs réalisations. Nous allons alors présenter dans la première partie, le camp comme un espace organisé et géré qui assure la protection et l’assistance, sa raison d’être et la diversité des acteurs et de leurs activités qui nécessitent une gestion sur le site (I.1). La seconde partie sera consacrée à la responsabilité de chaque acteur dans le système de gestion du camp et nous verrons ses différentes caractéristiques du point de vue de la participation et les différents enjeux liés au genre (I.2). I.1. Le camp, un espace géré Le camp est considéré comme une « institution molle, qui a une forme sociale de gouvernance établie, pour faire face à des situations sociales instables17 ». L’aperçu socio-historique des camps nous montre qu’ils ont toujours été organisés comme des entités spatiales et sociales par les pays d’asile ou par des ONG responsables de leur gestion. L’existence des camps 16 AGIER, M., Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, 2008, p. 295. 17 COURAU, H., Ethnologie de la forme-camp de Sangatte : De l’exception à la régulation, Paris, Editions des archives contemporaines, 2007, p.24. 8 comme un espace provisoire d’accueil des populations remonte dans le passé et ont toujours servi à des objectifs différents. Alors que les nazis les utilisaient comme de lieux d’extermination, les camps offrent actuellement un espace de protection pour des personnes déplacées ou réfugiées. Selon Marc Bernadot, « les camps contemporains ne sont envisagés que comme un décor de l’existence des réfugiés et sont rarement étudiés comme des organisations sociales à part entière génératrices de modes de vie collectifs et de divisions sociales spécifiques»18. Les camps abritent des infrastructures collectives qui permettent de fournir différentes formes d’assistance selon les besoins de leurs populations en générale et des plus vulnérables spécifiquement. Les principales activités qui sont menées dans les camps par les ONG sont liées à l’alimentation, l’eau, la sécurité, la santé et l’éducation. Ces activités sont coordonnées sur le site dans une approche globale de gestion de camp qui lie les besoins des réfugiés et les programmes d’assistance et de protection. Nous allons voir premièrement le camp comme un espace de protection et d’assistance aux réfugiés (I.1.1) et après la diversité des acteurs qui interviennent dans ces activités de protection et d’assistance (I.1.2). I.1.1. Le camp : un espace de protection19 et d’assistance20 pour sa population Un camp de réfugiés est actuellement connu comme étant une structure temporelle aménagée par les gouvernements et/ou les ONG pour offrir un espace humanitaire21 aux personnes déplacées. Les camps des réfugiés sont des zones qui doivent garder strictement leur caractère 18 BERNARDOT, M., « Les camps d’étrangers, dispositif colonial au service des sociétés de contrôle », In Projet 1, n°308, Janvier 2009, pp.41-50. http://www.ceras-projet.com/index.php?id=3472, consulté le 10 février 2012. 19 Selon le glossaire du HCR, « la protection internationale englobe toutes les actions visant à garantir l’égalité d’accès aux droits des femmes, des hommes, des filles et des garçons relevant de la compétence du HCR, et l’exercice de ces droits, conformément aux branches du droit pertinentes, dont le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit relatif aux réfugiés. Elle comprend des interventions par des États ou par le HCR en faveur des personnes relevant de la compétence de l’institution, afin de veiller à ce que leurs droits, leur sécurité et leur bien-être soient reconnus et sauvegardés conformément aux normes internationales en la matière ». 20 Le glossaire du HCR définit l’assistance comme « une aide apportée à des fins humanitaires (c’est-à-dire à des fins apolitiques, non commerciales et civiles), par exemple des vivres, des fournitures médicales, des vêtements, des abris, et des infrastructures telles que des écoles, des hôpitaux et des routes». 21 Selon Rony Brauman, l'espace humanitaire [est un] espace symbolique, hors duquel l'action humanitaire se trouve détachée [de son] fondement éthique et qui se constitue à l'intérieur des repères suivants : accès, dialogue, indépendance, impartialité. 9 civil et humanitaire et les Nations-Unies demandent à toutes les parties de s’abstenir de toute activité de nature à y porter atteinte22. Les camps sont choisis par les autorités du pays d’asile en tant que solution de dernier recours pour garantir la protection des personnes déplacées ou réfugiés suivant les normes nationales et internationales. La question de protection est mise en jeu dès la détermination du site qui abritera le camp et cela amène à la détermination de certains critères (la distance minimale entre le camp et les frontières du pays d’origine, l’accessibilité, les capacités d’accueil,…). Souvent, les Etats craignent des possibles cas d’insécurité qui peuvent être occasionnés par les réfugiés présents sur leurs territoires et préfèrent les éloignent des zones urbaines. Les Etats ont la première responsabilité de fournir la protection et l’assistance humanitaire aux personnes déplacées ou réfugiés se trouvant sur leurs territoires. Cette responsabilité est exprimée par l’article 23 de la Convention de 1951 relative au Statut de réfugié : « les Etats contractants accorderont aux réfugiés résidant régulièrement sur leur territoire le même traitement en matière d'assistance et de secours publics qu'à leurs nationaux23 ». Cette responsabilité consiste à garantir leurs droits fondamentaux tels que prévues par les conventions et les normes internationales en matière de sécurité et de services de base (l’alimentation, la santé, l’abri, l’éducation,…). Le camp est donc un milieu humain où la vie de ses résidents est rendue possible grâce à l’existence de plusieurs fonctions vitales respectant des normes et des standards préétablis. Dans certains pays où les gouvernements n’ont pas les moyens ou la volonté de fournir assistance aux réfugiés, le HCR a le mandat international de protection24 et de coordination des efforts des organisations privées qui s’occupent de l’assistance aux réfugiés25. Il est donc de la responsabilité du gouvernement, du HCR et des Organisations humanitaires de mettre en place des programmes d’assistance et de protection pour répondre aux besoins changeants de la population du camp et cela fait appel à plusieurs intervenants sur le site. 22 HCR, « Lexique des conclusions du comité exécutif du HCR, Division des services de la protection internationale. », 4ème édition, août 2009, p. 60. http://www.unhcr.org.ma/spip.php?article104, consulté le 10 janvier 2012. 23 HCR, « Convention de 1951 relative au Statut des réfugiés », art.23. http://www.unhcr.fr/pages/4aae621e11f.html, consulté le 10 janvier 2012. 24 HCR, « Statut de 1950 de l’Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés », chap.1, §1. http://www.unhcr.fr/4aeafff76.html, consulté le 10 janvier 2012. 25 Idem, chap.2, §8.i. 10 La conception et l’organisation spatiale du camp sont fonctions des principes logistiques de distribution de l’aide et de standards surfaciques minimums ou numéraires26. Le camp est conçu comme une ville, un système plus ou moins coordonné avec une pluralité d’acteurs interagissant directement ou indirectement dans son espace. Les fonctions de coordination, de gestion et d’administration du camp sont donc nécessaires et exercées par le gouvernement, le HCR et souvent avec une autre organisation pour assurer le respect du droit des réfugiés. I.1.2 L’action humanitaire sur le camp et la diversité de ses acteurs Le gouvernement L’Etat est le premier responsable de la protection de ses citoyens. Les personnes ayant franchi les frontières légales de leurs pays ont souvent besoin de la protection internationale et les réfugiés relèvent de cette catégorie. Au sens du droit international, la responsabilité de protéger revient alors au pays d’accueil et cela en respect du droit international des droits de l’homme et du droit international coutumier. La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et le Protocole additionnel de 1967 définissent les obligations des Etats hôtes (voir notamment l’article 35 de la convention de 1951 et l’article 2 du Protocole additionnel de 1967). Le Gouvernement du Burundi, représenté par l’ONPRA dans sa souveraineté en ce qui concerne les réfugiés et les apatrides, exerce les fonctions d’administration et celles de gestion des camps depuis que le CNR a fermé ses projets au Burundi. Le HCR Le HCR est une organisation des Nations Unies qui a le mandat international de protéger et d’assister les personnes qui fuient les persécutions liées à leur race, leur religion, leur nationalité, leurs opinions politiques ou à leur appartenance à un certain groupe social 27. Le travail du HCR est accompli en étroite collaboration avec les Etats qui restent les premiers responsables de la protection des réfugiés. Il aide les gouvernements pour qu’ils puissent 26 GALLEGO, M., Analyse urbaine des camps de réfugiés et de leurs transformations dans le temps, Université de Paris Est, Mémoire 2008-2009, p.7. 27 HCR, Op. Cit. Note 17, art. 1er. 11 améliorer leurs procédures d’établissement du statut de réfugié et intervient au nom des réfugiés le cas échéant28. Le statut de l’Office du Haut Commissaire des nations Unies pour les Réfugiés définit dans le chapitre 1 son mandat vis-à-vis des gouvernements : « Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés agissant sous l’autorité de l’ Assemblée générale, assume les fonctions de protection internationale, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, en ce qui concerne les réfugiés qui entrent dans le cadre du présent statut, et de recherche des solutions permanentes au problème des réfugiés, en aidant les gouvernements, et, sous réserve de l’approbation des gouvernements intéressés, les organisations privées, à faciliter le rapatriement librement consenti de ces réfugiés ou leur assimilation dans de nouvelles communautés nationales 29». Le mandat du HCR, tel qu’il est libellé en 1950 dans ce statut, définit deux grandes responsabilités : la protection des personnes réfugiées et la recherche des solutions permanentes à leurs problèmes. Actuellement, le HCR coordonne en plus l’assistance des réfugiés et assiste d’autres catégories de personnes, comme les rapatriés et les déplacés internes d’où il faudrait peut être actualiser son mandat de 1950. CICR et FICR Le CICR et la Fédération Internationale de la Croix Rouge et du Croissant Rouge sont des institutions indépendantes qui collaborent aussi avec le HCR et fournissent de l’assistance humanitaire aux personnes déplacées dans les situations de conflits armés ou de catastrophes naturelles et agissent toujours pour la promotion du droit international humanitaire. En plus de la diffusion des Principes d’humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité, le CICR a aussi les rôles de « s'efforcer en tout temps, en sa qualité d'institution neutre dont l'activité humanitaire s'exerce spécialement en cas de conflits armés - internationaux ou autres - ou de troubles intérieurs, d'assurer protection et assistance 28 HCR, « Introduction à la protection internationale », 2005, p. 15. http://www.unhcr.org/cgibin/texis/vtx/refworld/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid=4714bc5f2, consulté le 10 janvier 2012. 29 HCR, Op. Cit. Note 18, chap.1, §1. 12 aux victimes militaires et civiles desdits événements et de leurs suites directes30 ». Il entretient des rapports étroits avec les autres composantes du mouvement qui sont la FICR et les Sociétés nationales mais également avec les autorités gouvernementales et toutes les institutions nationales ou internationales selon qu’il juge utile cette collaboration31. Les ONG Il existe plusieurs organisations humanitaires qui travaillent avec le HCR pour assurer la protection et l’assistance aux réfugiés. Le Statut du HCR autorise le Haut Commissaire de travailler en partenariats avec les organisations privées qui s’occupent des réfugiés et de faciliter la coordination de leurs efforts32. Les ONG se distinguent souvent les unes des autres par les valeurs qu’elles défendent ou par leurs origines. Selon Abby STODDARD cité par Philippe Ryfman dans son article « Nongovernmental organizations : an indispensable player of humanitarian aid », on peut distinguer dans le domaine de l’action humanitaire des ONG « Dunantistes », 33 « Wilsonnienes » et des ONG à base confessionnelle . Selon sa classification, les premières se distinguent par leur fidélité aux principes d’indépendance, de neutralité et d’impartialité comme Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde, les secondes sont des ONG comme CARE-US et la majorité des ONG d’origine nord américaine, et la troisième catégorie est celle des ONG comme Catholic Relief Service et World Vision. CNR Le Conseil Norvégien pour les Réfugiés s’est déterminé comme une organisation non- gouvernementale qui œuvre pour la protection des personnes déplacées ou réfugiées. Dans sa mission de leur offrir assistance et protection, le CNR travaille étroitement avec les organisations des nations-unies et d’autres acteurs humanitaires, gouvernementaux et nongouvernementaux, nationaux et internationaux : 30 CICR, « Statut du Comité Internationale de la Croix-Rouge », art.4. http://www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/5fzg4r.htm, consulté le 8 janvier 2012. 31 Idem, art.5 et 6. 32 HCR, Op. Cit. Note 18, chap.2, §8.h et i. 33 RYFMAN, P., « Non-governmental organizations : an indispensable player of humanitarian aid », In International Review of the Red Cross, Vol. 89, N° 865, mars 2007, p. 27. http://www.icrc.org/eng/assets/files/other/irrc-865-ryfman.pdf, consulté le 10 avril 2012. 13 « Le CNR assurera la promotion et la protection des droits de toute personne qui aura été forcée de fuir son pays ou son domicile à l'intérieur de son pays, indépendamment de sa race, de sa religion, de sa nationalité ou de ses convictions politiques. Pour s'acquitter de cette mission, il œuvrera en tant que porte-parole indépendant et courageux des droits des réfugiés tant sur le plan national qu'international, par la fourniture d’aide humanitaire dans des situations d'urgence et par le renforcement de la capacité des organisations des Nations Unies à fournir et coordonner l'aide et la protection internationales. Le CNR cherchera par tous les moyens à offrir des solutions viables et durables tant dans le cadre de ses activités de porteparole que dans celles de secours d'urgence34 ». Le CNR a été fondé en 1946 sous le nom de « Aid to Europe » avec objectif d’assister les réfugiés qui étaient en Europe après la deuxième guerre mondiale35. Les programmes de gestion de camp du CNR sont exécutés en coordination et coopération avec les autorités locales et nationales, les résidents du camp et la population hôte, les agences des nations unies (HCR, OCHA,…), OMI, les ONG nationales et internationales36. Le CNR a exercé les fonctions de gestion des camps des réfugiés au Burundi depuis 2005 avant de fermer ses programmes dans tout le pays à la fin de l’année 2011. Il était le partenaire principal d’exécution du HCR-Burundi dans le secteur de la gestion des camps et avait en charge les activités de construction, de distribution des vivres et non vivres et d’éducation des enfants réfugiés. Le CNR adhère au Code de conduite du Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des ONG pendant les opérations de secours en cas de catastrophes37. Les réfugiés La population du camp est aussi un acteur important qui doit être associé aux activités réalisées sur le site. 34 NRC, « Statut du NCR », art.1. NRC, Camp Management Handbook, Edition 2008, p.8. 36 NRC, Document de positionnement-Activité principale, p. 4. 37 NRC, « NRC Policy Paper », may 2012, http://www.nrc.no/arch/_img/9654069.pdf, consulté le 10 juin 2012. 35 14 Le Code de conduite pour le Mouvement International de la Croix-Rouge et du CroissantRouge et pour les organisations non gouvernementales (ONG) souligne l’importance et l’impératif d’associer les bénéficiaires à la conception, à la gestion et à l'exécution du programme d'assistance : « L'assistance en cas de catastrophe ne doit jamais être imposée aux bénéficiaires. Pour garantir l'efficacité des secours et une reconstruction durable, les bénéficiaires potentiels doivent être associés à la conception, à la gestion et à l'exécution du programme d'assistance. Nous chercherons à assurer la pleine participation de la communauté à nos programmes de secours et de reconstruction38 ». La déclaration et le plan d’action d’Oslo qui témoigne la tradition de partage des responsabilités entre le HCR et les ONG contient une série de mesures qui soulignent que « les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées dans leur pays devraient être considérés comme des partenaires conjoints du HCR et des ONG dans tous les programmes et les activités qui les concernent39 ». François GRÜNEWALD, président du groupe URD, affirme quant à lui que « s’il y a de nombreuses références soulignant l’importance de la participation dans un certain nombre de textes fondamentaux de l’action humanitaire, comme le Code de conduite des ONG et du Mouvement de la Croix-Rouge dans les situations de catastrophes, la réalité de cette participation est souvent beaucoup moins évidente40 ». Comme nous l’avons vu, le camp des réfugiés est un donc espace géré avec un mode de vie spécifique qui fait recours à une pluralité d’acteurs fournisseurs des services d’assistance et de protection. La participation des réfugiés en tant qu’acteur de la vie du camp, sous ses 38 CICR, « Code de conduite pour le Mouvement International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et pour les ONGs lors des opérations de secours en cas de catastrophes, §7. http://www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/code-of-conduct-290296.htm, consulté le 10 février 2012. 39 PARinAC, « Déclaration et plan d'action d'Oslo », 9 Juin 1994, § e. http://www.unhcr.org/refworld/docid/438ec94d2.html, consulté le 23 mars 2012. 40 GRUNEWALD, F., Bénéficiaires ou partenaires : Quels rôles pour les populations dans l’action humanitaire ?, Paris, Karthala, 2005, p.7. 15 différentes formes, est l’une des responsabilités de ces intervenants à mettre en œuvre et surtout dans le domaine de la gestion du camp. Nous allons voir dans la partie suivante la participation qui est attendue par les acteurs humanitaires et comment la gestion du camp est mise en place pour pouvoir organiser cette participation. I.2. Une gestion appelant la participation de la population résidente Les activités d’assistance et de protection nécessitent une coordination à l’intérieur du camp. Cette coordination est assurée par le gouvernement ou souvent par une agence responsable de la gestion du camp et qui est désignée par le HCR. Le responsable de la gestion du camp a pour tâche de veiller à ce que les standards soient respectés dans les activités d’assistance pour pouvoir permettre à la population déplacée du camp de jouir de ses droits fondamentaux en visant des solutions durables41. Et les standards professionnels pour les activités de protection précisent que ces activités devront donner la parole à la population concernée pour garantir qu’elles répondent à ses besoins42. La gestion du camp doit alors définir une stratégie qui permet aux habitants du site de participer aux activités d’assistance et de protection dans leurs différentes étapes. Le Projet de gestion de camp43 a publié en 2008 une liste de ses grandes activités44 dont la mise en place de la gouvernance du camp et des mécanismes de participation fondée sur la mobilisation de la communauté. Ces activités ne cherchent pas à pérenniser la vie des réfugiés au camp mais cherchent une étroite collaboration de tous les acteurs et de leurs programmes en plaidant pour des solutions durables45 qui respectent les droits des réfugiés. 41 NRC, Op. Cit. Note 6, p.22. ICRC, Standards professionnels pour les activités de protection, p. 21. http://www.icrc.org/fre/assets/files/other/icrc_001_0999.pdf, consulté le 20 mars 2012. 43 Le Projet de gestion de camp est une initiative commune du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Comité international de secours (IRC), du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA) et du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). 44 NRC, Projet de gestion de camp, Edition 2008, p. 28. http://www.nrc.no/arch/_img/9383270.pdf, consulté le 10 janvier 2012. 45 Selon le HCR, une solution durable est toute solution permettant de résoudre de manière satisfaisante et permanente la situation des réfugiés, afin de leur permettre de vivre une vie normale. Les trois solutions durables sont le rapatriement librement consenti, l’intégration sur place (ou locale) et la réinstallation. 42 16 La compréhension entre les différents acteurs et la population du camp, les sous-accords entre le HCR et les différents partenaires, l’atteinte des standards nationaux et internationaux pour les activités mises en œuvre sont les forces principales de la gestion du camp. Certains acteurs impliquent les populations dès la conception de leurs programmes et d’autres s’en rendent compte de la nécessité dans leurs mises en œuvre. Dans les deux cas, directement ou indirectement, le gestionnaire du camp doit s’efforcer d’engager un dialogue avec les populations du camp et faire en sorte qu’elles participent directement aux activités d’assistance et de protection. I.2.1. La participation prévue Les normes humanitaires minimales mettent leur accent sur l’implication des bénéficiaires dans les programmes en situations d’urgence et on les retrouve dans le Toolkit de gestion de camp, les standards sphères, les standards professionnels pour les activités de protection,... Le Projet Sphère met au cœur de sa philosophie la participation des bénéficiaires au processus consultatif et il a été l’une des premières initiatives d’un ensemble qui est maintenant regroupé sous la désignation qualité et redevabilité46. Les gestionnaires de camp sont donc bien informés que la participation est un droit de l’Homme fondamental et qu’elle sous-tend beaucoup d’autres droits47. Dans leur pratique, les acteurs humanitaires qui sont sur le terrain développent d’autres mécanismes pour associer les bénéficiaires qui dépendent du contexte opérationnel. Ils identifient alors le type de participation et les rôles des bénéficiaires. On trouve qu’il y a actuellement plusieurs façons d’impliquer les réfugiés dans les activités qui se déroulent au niveau du camp. Certains réfugiés sont rémunérés et d’autres travaillent comme des bénévoles. Selon les travaux réalisés par le groupe URD au compte d’ALNAP sur la participation des populations affectées par les crises dans l’action humanitaire, le degré d’implication varie en 46 SPHERE PROJECT, Humanitarian Charter and Minimum Standards in Humanitarian Response, Edition 2011, p.5. http://www.sphereproject.org/handbook/, consulté le 10 mars 2012. 47 NRC, Op. Cit. Note 6, p. 77. 17 fonction des circonstances et il existe toujours un débat sur ce qui constitue une participation « vraie » ou « significative »48 . Selon lui, il existe trois approches de la participation : la participation comme moyen, la participation comme échange et la participation comme soutien aux initiatives locales. La première forme est une approche instrumentale de l’organisation humanitaire qui veut atteindre les objectifs fixés dans son programme. La seconde est une approche collaboratrice et un moyen d’échange entre les organisations humanitaires et les bénéficiaires en tenant compte de leurs capacités pour atteindre un même objectif. La dernière approche consiste au soutien des populations affectées pour réaliser leurs propres initiatives. Au regard de cette dernière, le groupe URD souligne que l’organisation humanitaire doit identifier les compétences et le potentiel que dispose la population affectée49. Le choix de la participation dépend donc du type de projet, des besoins et des capacités des bénéficiaires selon le contexte du milieu. Au niveau du camp, cette participation nécessite un engagement des réfugiés (a) et des responsabilités des acteurs clés dans la gestion, l’administration et la coordination des camps (b). L’engagement de la communauté La participation dans l’action humanitaire est définie comme l’implication des populations affectées par une crise dans un ou plusieurs aspects du projet : le diagnostic, la conception, la mise en oeuvre, le suivi, et l’évaluation et cette implication peut prendre plusieurs formes50. Cette participation permet aux bénéficiaires de s’investir dans les différentes phases du programme et de se sentir responsables du camp et des activités qui s’y déroulent51. L’engagement de la communauté a lieu alors au moment où la population du camp participe volontairement à la prise de décisions et à leur exécution sur des questions liées à l’assistance et à leur protection durant le processus de gestion du camp. Le groupe URD précise que « la participation n’est pas quelque chose d’imposé mais le résultat de ce que les populations affectées veulent et peuvent faire dans un contexte donné52 ». 48 ALNAP, Manuel de la participation à l’usage des acteurs humanitaires pour une meilleure implication des populations affectées par une crise dans la réponse humanitaire, p. 24. http://www.urd.org/article/le-manuel-dela-participation, consulté le 10 mars 2012. 49 Idem. 50 Idem, p. 24. 51 NRC, Op. Cit. Note 6, p. 78. 52 ALNAP, Op. Cit., p. 19. 18 Les rôles et responsabilités des acteurs clés L’Etat assure la protection des réfugiés au niveau du camp en respect de la loi nationale et en vertu des obligations exprimées aux termes du droit international, le droit international des droits de l’homme et le droit international coutumier. Les Etats sont encouragés à adopter des mesures visant à renforcer la législation nationale sur la gestion des réfugiés en intégrant le droit international pour renforcer l’asile et accroître le niveau de protection53. Au Burundi, la loi N° 1/32 sur l’asile et la protection des réfugiés du 13 novembre 2008 prévoit une commission consultative pour les étrangers et réfugiés. Cette commission est l’autorité nationale compétente à exercer la protection juridique et administrative des réfugiés et demandeurs d’asile et son travail repose sur deux structures techniques : l’Office Nationale pour la Protection des Réfugiés et Apatrides (ONPRA) en ce qui concerne les réfugiés et demandeurs d’asile, le Département des Etrangers de la Police de l’Air, des Frontières et des Etrangers en ce qui concerne les autres étrangers54. Le gouvernement du Burundi est représenté alors au niveau des camps par l’ONPRA qui a en charge l’administration et la sécurité dans les camps ainsi que la création de cartes de réfugiés basée sur les instruments internationaux. Le HCR est le leader de la protection, de l’enregistrement des réfugiés et de la coordination des camps au niveau régional et national et de l’analyse des gaps humanitaires. Il travaille étroitement avec des acteurs opérationnels qui sont des ONG locales ou internationales. Ces dernières contractent des partenariats avec le HCR qui établissent certaines obligations selon le domaine d’intervention. Le HCR encourage les partenaires à s’approprier progressivement les projets et appuie leurs capacités et celles du gouvernement à travers des activités de formation sur la protection internationale et la gestion des programmes de réfugiés55. C’est ainsi qu’à partir du 1er 53 HCR, « Déclaration des Etats partie à la convention de 1951 et ou à son protocole de 1967 relatifs au Statut des réfugiés », 12-13 décembre 2001, p.3. http://www.unhcr.org/refworld/docid/3d60f61e21.html, consulté le 10 mars 2012. 54 Loi N° 1/32 du 13 novembre 2008 sur l’asile et la protection des réfugiés au Burundi, art.22. www.unhcr.org/refworld/docid/49eef2572.html, consulté le 20 mars 2012. 55 HCR, « Plan d’opération par pays 2007-Burundi », p.9. http://www.unhcr.org/refworld/pdfid/44f547722.pdf, consulté le 10 mars 2012. 19 Octobre 2011, le NRC a remis les responsabilités de gestion de camp à l’ONPRA qui avait bien d’abord l’administration des camps au nom du gouvernement du Burundi. Dans les camps des réfugiés, les divers acteurs peuvent être classés en trois groupes : le comité de gestion du camp56, les ONG fournisseurs d’assistance et les représentants des réfugiés qui sont membres des comités. Le comité de gestion a le pouvoir sur l’organisation du camp et des activités d’assistance et de protection. Pour mieux exercer son pouvoir, il travaille avec les ONG qui sont présentes au niveau du camp et les comités des représentants des réfugiés. Il met en place des mécanismes de participation qui confient aux représentants des réfugiés un pouvoir intermédiaire entre la population du site et les acteurs humanitaires. Les membres des comités des réfugiés, les chefs de quartiers et de cellules participent à la gouvernance du camp en représentant les réfugiés sans discrimination et en transmettant leurs doléances aux membres du comité de gestion et aux agents des ONG. Le comité directeur, ceux des sages et des confessions religieuses jouent un rôle important dans le règlement des différents mineurs entre les réfugiés et les communautés d’accueil. Le Président du camp avec son comité directeur assure la liaison entre les différents comités sectoriels et la supervision de toutes leurs activités. Chaque communauté ou groupe social trouve dans les comités un espace de dialogue qui lui permet d’exprimer ses besoins et prendre des décisions ensemble avec les représentants des ONG. Nous proposons un petit résumé des rôles et responsabilités de chaque membre du comité de gestion de camp qui sont affichées sur les bureaux du comité directeur et de l’Administrateur du camp à Musasa. L’Administration du camp L’administration du camp est exercée par l’ONPRA qui représente l’Etat burundais dans sa souveraineté et dans ses responsabilités envers les réfugiés. Elle a pour tâche de faciliter premièrement les activités du HCR et les procédures standards d’opération en matière de protection, d’assistance et de sécurité dans les camps. C’est l’Administration du camp qui 56 Au Burundi, le comité de gestion est composé par le HCR, l’agence responsable de la gestion du camp et l’ONPRA. 20 délivre aux réfugiés les billets de sortie pour contrôler et faciliter leurs mouvements en dehors des camps. Elle est responsable également de la délivrance des extraits d’acte de naissance et de décès pour les réfugies vivant dans les camps. L’Administration du camp a en plus la responsabilité de promouvoir et faciliter les élections des membres des comités dans les camps de façon démocratique, et de s’assurer de la participation égale des femmes aux différents comités et dans la prise de décision de la vie du camp. Elle doit faire respecter la tranquillité et l’ordre public dans le camp et exercer un pouvoir hiérarchique sur les policiers et les réfugiés membre du comité de sécurité. Les réunions de gestion et de synergie57 du camp sont présidées par l’Administrateur du camp. Le Coordinateur du camp Le HCR est responsable de la coordination des camps et assure le suivi et l’évaluation des activités des partenaires et de l’analyse des Gaps Humanitaires. Il organise périodiquement des réunions de coordination entre les partenaires et facilite la gestion de l’information entre eux. Le HCR appui les activités de l’Administration du camp, particulièrement celles qui sont liées à l’établissement des comités des réfugiés. Il coordonne les activités des partenaires en essayant de favoriser une planification commune de leurs projets. Le Gestionnaire du camp Le gestionnaire du camp est responsable de l’organisation des réunions de gestion et de synergie présidées par l’Administrateur du camp et de l’organisation des réunions périodiques des partenaires qu’il assure lui-même la présidence. Il élabore des plannings d’activités hebdomadaires des partenaires œuvrant sur le camp et assure la collecte et le partage de l’information entre le HCR, les partenaires et les réfugiés. Il incite le HCR à faire suite aux décisions ou des besoins identifiés lors des réunions de coordination. 57 Une réunion de synergie rassemble les représentants des ONG, ceux du comité de gestion et tous les réfugiés qui le souhaitent. Elle se tient une fois le mois. 21 Conclusion La gestion du camp a pour obligation d’assurer la couverture des besoins des réfugiés en considération des standards et des normes humanitaires en vigueur. Cet impératif lui oblige d’abord de garantir la participation des bénéficiaires dans l’identification et l’évaluation de leurs besoins et dans l’exécution des activités visant à y répondre. La participation est toujours inscrite dans beaucoup de manuels qui sont utilisés par les humanitaires et il existe plusieurs façons d’associer les bénéficiaires dans leurs programmes. Dans tous les cas, l’engagement de la communauté reste primordial et témoigne de leur volonté d’adhésion aux différentes phases du projet. Dans le domaine des réfugiés, la gestion des camps est mise en place pour assurer le respect des standards et par le biais de la participation de la population du camp. Elle doit mettre en place différents cadres d’expression qui permettent aux réfugiés de participer à la vie du camp notamment les comités des représentants et les réunions de gestion de camp. Les fonctions du gestionnaire sont complétées par celles de l’Administrateur du camp en coordination avec le HCR. I.2.2. L’enjeu de la participation genrée Cette partie sera consacrée au concept de genre qui est utilisé dans les mécanismes de gestion de camp pour promouvoir une participation égale des femmes et des hommes dans toutes les activités. Avant de voir les défis liés à ce concept, nous allons d’abord introduire la notion de genre avant de l’appliquer à la participation en général. Le concept de genre Le mot « genre » est traduit de l’expression anglo-saxonne « gender ». Le mot « gender » est apparu pour la première fois dans les pays anglo-saxons vers les années 60 suite à des « études féministes centrées de manière trop exclusive, étroite ou séparée sur les femmes58 ». 58 ZWAHLEN, A., « Vers un autre genre de développement », p.1. 22 Selon l’historienne Joan Scott, les féministes américaines l’ont adopté pour « insister sur le caractère fondamental social des distinctions fondées sur le sexe » en abandonnant son « déterminisme biologique »59. Les recherches liées au genre ont été menées par la suite en considérant que le monde des femmes n’est pas séparé du monde des hommes et que « l’information au sujet des femmes est nécessairement information sur les hommes60 ». L’Agence Intergouvernementale de la Francophonie propose une terminologie française commune en matière d’égalité des femmes et des hommes qui définit le genre comme « une construction socio-psychologique des images de la femme et de l’homme61 ». Joan W. Scott définit quant à lui le genre comme « un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes, et le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoirs »62. Toutes les deux définitions reprennent le caractère constitutif de la notion de genre et il convient, dans une situation donnée, d’analyser les facteurs qui jouent sur les représentations des hommes et des femmes. Le concept genre nous permet alors de comprendre comment les rôles sont attribués aux hommes et aux femmes en fonction du contexte politique, religieux, culturel et social. Les facteurs qui déterminent les notions de genre peuvent être analysés en utilisant comme outil l’arbre du genre qui nous permet de déceler certains éléments cachés. L’arbre du genre est constitué par des racines, un tronc, des branches et des feuilles. Selon le support de formation de Lisette Caubergs, les racines sont les normes et les valeurs, les perceptions, les préjugés et les stéréotypes qui sont invisibles alors qu’ils sont les fondements des actes et des pratiques quotidiennes. Le tronc est constitué par les institutions (états, écoles, organisations traditionnelles,…) qui perpétuent les normes et les valeurs et qui renforcent la construction sociale. Les feuilles et les branches sont alors les pratiques, les éléments, bref les choses qui sont directement observables dans la société comme l’accès aux ressources et à la prise de http://graduateinstitute.ch/webdav/site/genre/shared/Genre_docs/3535_Actes1997/04_azwahlen.pdf, consulté le 2 mai 2012. 59 SCOTT, J., « Genre : Une catégorie utile d’analyse historique. » In Cahiers du GRIF, N° 37-38, 1988. Le Genre de l’histoire, p. 126. http://www.univ-paris1.fr/uploads/media/CGD1_Scott.pdf, consulté le 20 avril 2012. 60 Idem, p. 129. 61 AIF, Egalité des sexes et développement, concepts et terminologies, p.47. http://genre.francophonie.org/spip.php?article84, consulté le 20 avril 2012. 62 SCOTT, J., Op. Cit., p. 141. 23 décisions, la participation aux réunions et le contrôle du temps, le contrôle des bénéfices et l’accès à la parole,…63. La partie suivante sera consacrée à la revue de l’intégration du genre comme approche participative dans le processus de gestion de camp. Le genre : une approche participative En réaffirmant que « les droits fondamentaux des femmes et des fillettes font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie des droits universels de la personne », les participants à la conférence mondiale des Droits de l’Homme du 14 au 25 juin 1993 ont déclaré que « l'égale et pleine participation des femmes à la vie politique, civile, économique, sociale et culturelle, aux niveaux national, régional et international, et l'élimination totale de toutes les formes de discrimination fondées sur le sexe sont des objectifs prioritaires de la communauté internationale64 ». Ayant reconnu au cours des années 1990 que les intérêts des femmes réfugiées et de leurs enfants n’étaient pas adéquatement couverts lors des activités d’assistance et de protection réalisées dans un cadre neutre au plan d’appartenance sexuelle, le HCR a réclamé qu’un accent soit mis sur le sort particulier de ces populations qui constituent la majorité de la population réfugiée65. En 1990, le HCR a alors établie une politique sur la femme réfugiée pour faciliter leur accès et leur participation à ses programmes66. En 1991, un guide sur la protection de la femme réfugiée visant à améliorer leur situation et à répondre à leurs besoins spécifiques en considération de leurs rôles productifs et sociaux a été mise en place67. C’est vers les années 2000 que le HCR va intégrer le concept genre dans ses programmes et passer 63 Caubergs, L., Atelier de réflexion « Genre et connaissance », ATOL-RAC, juillet 2005, p.15. http://www.atol.be/docs/publ/km/0507%20RAPPORT%20GENRE%20ET%20CONNAISSANCES%20%20RA C%20Mali%20juillet%202005%20version%20DEF.pdf, consulté le 10 juin 2012. 64 ONU, « Déclaration et Programme d’action de Vienne », Vienne, juillet 1993, § 18. http://www.unhchr.ch/huridocda/huridoca.nsf/(symbol)/a.conf.157.23.fr, consulté le 10 mai 2012. 65 HCR, « Rapport de la 21ème réunion du comité permanent du HCR sur les femmes réfugiées et l’intégration de la parité », § 6. 66 LALIBERTÉ-BERINGAR, D., « Problématique du genre dans les situations de détresse : le cas des réfugiés en Afrique », In Refuge 20,4, 2002, p.54. http://www.demo.umontreal.ca/personnel/Laliberte_Daniele.htm, consulté le 10 mai 2012. 67 Idem. 24 du ciblage spécifique sur les femmes à la mise en cause des inégalités entre les hommes et les femmes68. Cette étape a marqué le passage de l’approche «Intégration des Femme au développement» à l’approche « Genre et développement » dans les programmes et les activités du HCR. La première approche cherchait à répondre aux besoins spécifiques des femmes en orientant exclusivement ses activités à elles et avait ignorait les positions inégalitaires et les interactions qui existent entre les hommes et les femmes au sein d’une même famille ou d’une même communauté69. L’approche « Genre et développement » n’a pas renoncé aux problèmes spécifiques des femmes, mais elle cherche à contribuer à un équilibre des rapports de pouvoirs entre les hommes et les femmes en considérant la répartition des rôles et des activités entre eux70. En juin 2001, le Haut commissaire du HCR adopta cinq engagements pour la protection des femmes réfugiées dont la promotion de la participation des femmes dans tous les comités pertinents de gestion et de direction des camps, et la promotion de leur participation directe au niveau de la distribution des articles alimentaires et non alimentaires71. C’est ainsi que la politique du HCR va toujours insister sur l’égale participation des femmes et des hommes en mettant en place une représentation paritaire dans les comités de gestion de camp qui étaient dominés au paravent par les hommes. L’intégration du genre dans les mécanismes de participation est venue pour corriger certaines inégalités sociales et culturelles et ce concept reconnaît le lien étroit entre le désavantage relatif des femmes et l’avantage relatif des hommes72. Le défi de cette participation étant de montrer que les hommes et les femmes ont tout à gagner d’une société plus égale et qui reconnaît la différence en fonction des besoins de l’individu et du groupe73. Des actions 68 HCR, « Rapport de la 45ème réunion du comité permanent du HCR sur la Protection internationale des femmes et des filles déplacées », mai 2009, p.2. http://www.unhcr.org/refworld/pdfid/4a54bc3dd.pdf, consulté le 1er mai 2012. 69 Ministère des Affaires Etrangères, DgCiD., Promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, 2006, p.25. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/328_Int_homme_femme.pdf, consulté le 10 juin 2012. 70 Idem, p.26. 71 HCR, Op. Cit. Note 62, p.2. 72 COMMISSION EUROPÉENNE, Guide EQUAL : De l’intégration de la dimension de genre, Luxembourg, 2005, p.7. http://ec.europa.eu/employment_social/equal_consolidated/data/document/gendermain_fr.pdf, consulté le 2 mai 2012. 73 Idem, p.8 25 concrètes doivent être envisagées pour promouvoir la participation des femmes sans que cela puisse créer un conflit d’intérêt entre les hommes et les femmes. Le défi de l’égalité, de l’équité74 et de la parité75 La lutte féministe pour la parité fut suivie par celle de l’égalité entre les hommes et les femmes. En France, jusqu’en 1944, les féministes comprenaient que l’égalité entre les hommes et les femmes permettrait aux femmes d’élire et d’être candidates et qu’en plus, elles seront également élues76. Souvent, cette égalité formelle77 ne donnait pas les mêmes chances aux hommes et aux femmes pour accéder aux places des représentants. Bien que, dans certains pays d’Europe, le droit de vote et d’éligibilité fût accordé aux femmes depuis le début du 20ème siècle, les femmes auront toujours d’énormes difficultés pour se faire élire78. La participation inégale des femmes à celle des hommes dans la politique et dans d’autres secteurs de la vie de leurs pays sera toujours considérée comme une discrimination exercée à l’égard des femmes. La communauté internationale va alors essayer d’y apporter d’autres solutions. Ainsi, en 1946, les Nations-Unies ont mis en place une commission pour étudier les formes de discrimination à l’égard des femmes et ses travaux ont abouti à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Adoptée le 18 décembre 1979, cette convention contient des dispositions qui demandent aux Etats parties de prendre toutes les mesures appropriées, y compris des mesures législatives, pour garantir la pleine participation des femmes à égalité avec les hommes dans tous les domaines79. Dans son art.1er de la première partie, la discrimination à l’égard des femmes sera définie comme « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la 74 L’équité est une démarche qui a pour but de corriger les inégalités de départ par un équilibre des chances entre les hommes et les femmes. http://www.adequations.org/spip.php?article362, consulté le 10 juin 2012. 75 La parité est une représentation égale des femmes et des hommes et est une condition nécessaire de l’égalité mais non suffisante. http://www.adequations.org/spip.php?article362, consulté le 10 juin 2012. 76 SCOTT, J., Parité ! L’universel et la différence des sexes, Editions Albin Michel, Août 2005, p.21 77 Par opposition à une égalité réelle qui est celle qui donne l’égalité des chances. 78 AIF, Op. Cit., p.57. 79 Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, art. 3. http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm, visité le 10 mai 2012. 26 femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine ». Plusieurs pays vont progressivement ratifier cette convention mais il y aura toujours des écarts entre le nombre de sièges attribués aux hommes et celui des femmes. Afin de résoudre cette question, certains pays avaient choisi la méthode des quotas pour réserver un certain pourcentage de siège aux femmes. Toutefois, cette politique fut jugée anti-démocratique et discriminatoire par le fait qu’elle permet à une personne d’être élue alors qu’elle n’est pas celle qui a obtenu le plus de votes populaires80. Le Mouvement pour la parité va alors apparaître dans les années 1992-1993 avec objectif d’avoir un nombre égal des femmes et des hommes dans les instances de l’Etat. En 1995, la déclaration et programme d’action de Beijing demandait aux gouvernements et aux organisations internationales de prendre des actions visant à éradiquer toutes les formes d’inégalités entre les hommes et les femmes. Les cinq engagements du Haut-commissaire du HCR ont été l’une des actions qui ont été adoptées par son organisation pour permettre aux femmes de participer dans les comités de gestion des camps au même pied d’égalité que les hommes. Le rapport du Comité exécutif du HCR sur la mise en œuvre de ces cinq engagements, en 2005, indiquait que la parité n’a pas été assurée dans les postes de direction dans la plupart des camps de réfugiés mais reconnaissait aussi qu’il y a eu des progrès réalisés depuis 2003, les uns ont fait état de diminution et d’autres ont connu état d’augmentation81. Le même rapport indiquait que là où la parité avait été respectée, les processus décisionnels étaient souvent contrôlés par les hommes. Jusqu’en 2011, les hommes et les femmes étaient représentés en nombre égal dans un tiers des comités du camp des réfugiés dans le monde82. Dans son discours du 25 novembre 2011 pour le lancement officiel de la campagne annuelle des 16 journées d’activisme contre les violences sexistes et sexuelles, le Haut Commissaire du 80 AIF, Op. Cit., p.57. HCR, « Rapport sur les cinq engagements du Haut Commissaire à l’égard des femmes réfugiées », p.3. http://www.unhcr.org/refworld/docid/4ae9acbb0.html, consulté le 11 mai 2012. 82 HCR, « Le Chef du HCR promet de nouvelles initiatives pour faire cesser la violence contre les femmes », Articles d’actualités, 25 novembre 2011. http://www.unhcr.fr/4ecfc59dc.html, consulté le 11 mai 2012. 81 27 HCR disait : « Nous avons parcouru un long chemin, mais nos résultats sur les cinq engagements soulignent qu'il reste beaucoup à faire83». Ainsi, la participation des femmes dans les comités du camp s’est améliorée aussi dans le camp des réfugiés congolais de Musasa suite aux engagements du HCR et aux efforts fournis par ses partenaires. Les femmes ont le droit d’élire et de se faire élire que les hommes et la politique de gestion de camp encourage les femmes à prendre part dans les comités des réfugiés. Les femmes constituent la majorité de la population du camp mais elles ont moins de candidatures aux élections des membres des comités. Il n’y a aucune disposition écrite dans le guide électorale qui limite les candidatures féminines et la situation montre qu’il est aussi difficile pour celles qui ont déposé leurs candidatures de remporter dans ces élections. La période électorale est marquée par beaucoup d’acharnements entre ceux qui sont pour l’application stricte du guide électoral en matière de parité entre les hommes et les femmes et ceux qui soutiennent celui qui gagne avec plus de voix. Nous allons analyser à présent la problématique des femmes dans les comités du camp de Musasa. CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE DES FEMMES DANS LES COMITES DU CAMP Actuellement, les réfugiés de Musasa participent plus qu’avant dans différents secteurs de la vie du camp et leur participation est au centre des activités de gestion de camp. Le comité de gestion du camp a suffisamment travaillé sur cet aspect pour accroître leur participation dans différents domaines d’activités et les comités des représentants sont élus chaque année suivant des critères établis. La représentation des femmes dans ces organes reste un peu inégale à celles des hommes et certains facteurs qui ne sont pas directement visibles sont les principaux déterminants des résultats des élections qui avantagent souvent les candidatures masculines. Nous allons voir d’abord comment la politique de gestion de camp a pu augmenté la participation des réfugiés (II.1) dans différents domaines et quelques points qui restent encore 83 Idem 28 à corriger pour avoir une représentation en nombre égale des femmes et des hommes dans tous les comités (II.2). II.1. Une participation accrue De 2009 à 2010, des représentants du Gouvernement, du HCR et du CNR ont mené un travail de réforme des comités de participation dans les camps des réfugiés au Burundi. Le but était d’identifier les comités nécessaires, leurs termes de références et la procédure de leur mise en place pour permettre aux réfugiés de participer pleinement à l’organisation de la vie du camp. En consultations avec les ONG partenaires et les réfugiés, ils ont également uniformisé leur fonctionnement dans les différents camps du pays, ce qui n’était pas le cas auparavant. Durant les mêmes années, le comité de gestion des camps a organisé des formations à l’endroit des réfugiés et des partenaires pour diffuser les nouvelles réformes et le contenu du Manuel de Gestion des camps. En 2010, les réfugiés membres des comités ont reçu une formation à fin de promouvoir la participation des réfugiés à la gestion du camp84. Ainsi, 16 comités ont été mis en place dans plusieurs secteurs dont : la santé et le VIH/SIDA, la distribution des vivres et non-vivres, la construction, l’éducation, les SGBV, la sécurité, l’environnement, l’hygiène et l’assainissement, les associations génératrices de revenus, jeunesse et sport et loisir et les affaires sociales. En plus d’un comité par domaine, il y a aussi les comités des femmes, des représentants des confessions religieuses et des sages. Chaque comité compte 10 membres, soit deux représentants par bloc de quartier85. Les travaux des comités sont supervisés par un comité directeur qui est à la tête du camp. En plus des comités, chaque quartier élue son chef et quatre chefs de cellules 86. Les comités sectoriels travaillent en étroite collaboration avec les chefs de quartiers surtout quand il s’agit de diffuser les informations et ou de récolter les avis des réfugiés. Le comité de gestion du camp a établi leurs termes de référence qui établissent leurs missions spécifiques en vers les réfugiés et les ONG. Les comités constitués à l’image des quartiers renforcent l’identité communautaire et les habitants du quartier sont régulièrement en contact avec leurs 84 HCR, « Rapport global du HCR-Burundi », 2010. http://www.unhcr.fr/4e3ab196b.html, consulté le 25 mai 2012. 85 Un bloc compte cinq quartiers. 86 Chaque quartier compte quatre cellules. 29 représentants. Chaque ONG assure la coordination des activités du comité dans son domaine d’expertise. En plus, la participation des réfugiés dans ces comités permet aux ONG de réaliser leurs activités au niveau du camp dans un espace sécurisé. L’atteinte des objectifs pour certaines activités comme la distribution des vivres dépend de l’implication des représentants des réfugiés et quand les comités n’ont pas été impliqués, des incidents se sont produits et les activités ont été toujours suspendues. Les membres du comité directeur et les représentants des comités sectoriels participent une fois la semaine à une réunion de gestion de camp où ils discutent avec les représentants des ONG sur les grandes questions liées à la vie et aux besoins des réfugiés. C’est dans ces réunions que les informations sont relayées entre les réfugiés et les ONG par les membres de ces comités. Chaque réunion de gestion est une occasion pour les réfugiés d’évaluer l’atteinte des plans d’actions fixées lors de la réunion précédente et d’en faire d’autres selon les questions posées dans chaque domaine. Afin de permettre leur exécution, les participants à la réunion de gestion définissent les responsabilités de chaque acteur dans la mise en œuvre des plans d’action et les réfugiés sont aussi acteurs dans ces décisions. Le travail des comités va au delà de la diffusion des informations en planifiant ensemble avec les ONG des activités fondées sur les besoins des réfugiés. C’est notamment le comité de construction qui passe dans tous les quartiers pour identifier les maisons à réhabiliter, les membres du comité de santé qui visitent les ménagers pour voir s’il n’y a pas des malades qui ne sont pas allés au centre de santé par manque de force. En participant à la planification des activités avec les ONG, les réfugiés prennent aussi un engagement ensemble avec le partenaire sur les résultats et l’impact qui sera marqué. C’est ainsi que le comité directeur et le comité de distribution attendent la satisfaction des réfugiés sur la qualité et la quantité des vivres après leur distribution. Une fois que la qualité n’est pas appréciée, on leur taxe de n’avoir pas refusé la réception de ces vivres avant la distribution pour exiger au PAM d’envoyer des denrées de bonne qualité. En plus des comités élus pour représenter les réfugiés, certains groupes de réfugiés qui créent des associations pour initier des activités génératrices de revenus bénéficient d’un appui de quelques partenaires. C’est ainsi qu’une association des personnes vivants avec le VIH/SIDA 30 a pu monter un projet de couture qui a été appuyé par l’Association Stop-Sida Nkeburuwumva en 2010 en lui fournissant des machines à coudre. Au niveau des écoles du camp, l’enseignement est dispensé dans le programme d’enseignement du pays d’origine pour les enfants en âge d’aller à l’école. Un comité des parents travaille conjointement avec les parents, les enseignants, les élèves et les ONG pour une meilleure éducation des enfants du camp. Les représentants du gouvernement et de l’ONG responsable de l’éducation au niveau du camp sont aussi membre de ce comité. Les enseignements dans les écoles maternelles et primaires sont dispensés par les réfugiés euxmêmes et des professeurs visiteurs burundais interviennent seulement au secondaire pour certaines branches. Un enseignant réfugié perçoit une prime de motivation plus petite que le salaire d’un enseignant burundais d’où son travail est aussi une forme de participation à la vie des réfugiés. En échange de sa participation, l’enseignant arrive à améliorer ses connaissances professionnelles par des formations organisées par le HCR et son partenaire. Certains enseignants étaient au départ de leur engagement des non-qualifiés, le HCR et le CNR, en collaboration avec le Ministère de l’Education du Congo ont souvent organisé des formations de recyclage au niveau des camps pour leur permettre de renforcer leurs capacités. Cette participation des enseignants réfugiés a permis d’améliorer le niveau d’organisation et la qualité des enseignements pour que le Ministère de l’Education du Congo accepte d’organiser les examens nationaux dans les camps des réfugiés congolais au Burundi. Pendant les mois de juin et décembre de chaque année, le HCR, le Gouvernement, le PAM et leurs partenaires effectuent des missions d’évaluations conjointes87 dans les camps. Les réfugiés participent à cette mission pour évaluer ensemble les impacts des programmes et la capacité des intervenants au camp pour répondre aux besoins des réfugiés et de formuler des recommandations. Les participants à la mission discutent avec les réfugiés dans de petits groupes de 10 personnes formés suivant les critères d’âge, de genre, de diversités ethniques et de minorités. Certains groupes sont constitués de femmes et des hommes et d’autres de femmes seulement selon qu’il y a des questions qui intéressent les deux sexes ou non88. C’est ainsi qu’en 2010, le HCR a effectué une évaluation participative dans l’ensemble des camps 87 Cette mission est connue sous le nom de Joint Assessment Mission (JAM). Par exemple les questions liées à l’éducation seront discutées dans des groupes de : 10 Elèves garçons (611ans), 10 Elèves filles (6-11 ans), 10 Elèves garçons (18-25 ans), 10 Elèves filles (18-25 ans), 10 handicapés élèves, 10 enseignants Femmes, 10 enseignants Hommes, 10 Parents d’élèves, 10 jeunes gens(18-25ans) non scolarisés. 88 31 de réfugiés et des zones de retour, en étroite collaboration avec ses partenaires. Selon le rapport global du HCR Burundi en 2010, les conclusions de cette évaluation ont été prises en compte dans le plan d’opération de 2011 et des activités visant à mobiliser les réfugiés et à renforcer leur implication dans les affaires communautaires ont été entreprises89. Il est évident donc que la diversité des comités sectoriels permet aux réfugiés de participer dans les différents domaines d’activités liées à l’assistance et la protection, et les différentes organisations qui sont sur le camp trouvent aussi leur intérêt dans cette participation. Elles participent aussi activement dans la mise en place de ces comités par l’organisation des élections en collaboration avec le comité de gestion de camp. II.2. Une participation « imparfaite » et incomplète Tel que nous l’avons vu précédemment, les réformes de 2010 ont permis au comité de gestion de structurer la participation des réfugiés dans les différents comités au niveau du camp. Chaque partenaire du HCR qui intervient au camp sait bien qu’il doit travailler avec le comité affecté dans son domaine malgré que des fois, certaines activités sont exécutées à la hâte sans pour autant avoir consulté ou associer les bénéficiaires par le biais de ces comités. Le but de notre travail n’est pas de voir comment les comités travaillent avec les ONG, mais plutôt de voir ce qui freine encore une égale représentation des femmes et des hommes après les résultats des élections qui semblent accorder un avantage aux hommes. Les femmes sont les moins représentées par rapport aux hommes malgré la forte représentation des réfugiés dans tous les domaines de la gestion du camp. Nous allons alors essayer d’aborder certains facteurs que nous croyons être à la base de ces inégalités, entre autre le genre, la culture et le niveau d’éducation des réfugiés. 89 HCR, Op. Cit. Note 78. 32 II.2.1. La représentation des rôles et la culture Les congolais, comme d’autres peuples du monde, ont une culture qui a son influence sur l’organisation familiale et sociale. La société attribue aux femmes et aux hommes des différentes responsabilités tout en gardant à l’esprit que le mari est le Chef de ménage. Au niveau de la famille, au Congo, les actes et pratiques journalières du genre émanent des coutumes et traditions, des préjugés, des habitudes, des doctrines et des lois90. Le code de famille du Congo reconnait le mari comme chef de famille : « L’épouse est tenue d’obéir à son mari et lui accorder des égards en sa qualité de chef de famille91 ». Selon l’historienne Rosalie MALU MUSUMBWA, dans le Congo traditionnel : « il existait une division sexuelle du travail assez marquée, même si elle n’était pas absolue92 ». Ce partage de tâches au sein de la famille était fondé sur le raisonnement qui attribue certaines activités à la femme, aux filles et non à l’homme et vice-versa et selon des raisons culturelles, religieuses, politiques, etc. Dans le ménage, la totalité des tâches domestiques était répartie entre les femmes et les filles, et la femme s’occupait également de l’éducation et des soins des enfants93. De plus, la communauté congolaise reconnaissait le rôle reproductif de la femme en tant que mère des enfants et ignorait sa contribution importante dans les activités de production comme l’agriculture. Pendant la colonisation et après l’Indépendance, il était difficile de reconnaître aux femmes congolaises la possibilité d’exercer des activités lucratives qui revenaient à l’homme et lui permettaient de payer l’impôt 94. Rosalie MALU MUSUMBWA rappelle que le rapport du Congo (encore nommé ZAÏRE) à la CEDAW du 10 février 1997 souligne que « la femme dans la société traditionnaire congolaise est d’abord considérée dans son rôle de mère, d’éducatrice et de dispensatrice de soins,... ». 90 RUKATA, A., « La problématique du genre en République Démocratique du Congo(RDC)/ZAÏRE », p.1. http://www.codesria.org/IMG/pdf/RUKATA.pdf, visité le 27 mai 2012. 91 Code de la famille de la RDC, article 39 alinéas 1. http://www.cabinet-deramchi.com/doc/codes/code%20de%20la%20famille.pdf, consulté le 27 mai 2012 92 MALU MUSUMBWA, R., « Le travail en République Démocratique du Congo : Exploitation ou promesse d’autonomie », 2006, p.22. http://classiques.uqac.ca/contemporains/malu_muswamba_rosalie/travail_femmes_Congo/travail_des_femmes_c ongo.pdf, consulté le 26 mai 2012. 93 Idem, p.23. 94 TSHIBILONDI NGOYI, A., « Genre et situation socio-juridique des femmes en Afrique : Cas des femmes congolaises », p.6. 33 La distinction des rôles propres aux femmes et d’autres aux hommes reste aussi fondée sur la culture dans les camps des réfugiés et a un impact sur la participation des femmes et des hommes dans les comités de gestion. Bien que la communauté réfugiée s’installe sur un autre territoire qui a sa propre culture, on ne peut pas négliger qu’elle garde un héritage de sa culture d’origine dans son organisation familiale et sociale. Le programme d’action de Beijing reconnaît que la culture est l’un des facteurs qui freinent la réalisation de la pleine égalité et la promotion de la femme et que les femmes réfugiées sont parmi celles qui rencontrent des obstacles supplémentaires95. Dans le cas des déplacements forcés, les femmes deviennent les chefs de ménage parce qu’elles ont perdu leurs maris ou par le fait qu’elles ont été séparées d’eux. Dans son étude sur la redistribution des taches au sein des ménages dans un camp des réfugiés soudanais en Ouganda, Laliberté-Beringar Danièle affirme que « la charge de travail des femmes en exil augmente, car en plus de leurs fonctions traditionnelles, elles assument certains rôles et responsabilités des hommes96 ». A Musasa, dans les différents quartiers du camp, on trouve que les femmes s’occupent de différents travaux domestiques et souvent, les hommes préfèrent aller chercher une activité rémunératrice de main d’œuvre auprès des ONG. Au centre de santé et à l’école maternelle du camp, les enfants sont toujours accompagnés par leurs mamans et rarement par leurs pères. Les femmes membres des comités sectoriels doivent participer au moins une fois par mois à la réunion interne du comité sectoriel et une fois par semaine à la réunion du comité de gestion pour celles qui sont dans le comité directeur. Alors que les hommes ont suffisamment de temps, les activités de participation constituent une charge supplémentaire pour les femmes au moment où leurs maris n’acceptent pas de prendre une partie des activités de ménages, ce qui revient à rompre avec certaines coutumes. La vie des réfugiés est garantie par la protection et l’assistance fournies par le gouvernement du Burundi, le HCR et ses partenaires opérationnels. Suite aux cinq engagements du Hautcommissaire du HCR, les femmes et les hommes sont enregistrés individuellement et chaque famille reçoit une carte de rationnement mensuelle sur laquelle est inscrite le nom de la 95 ONU, « Rapport de la quatrième conférence mondiale sur les femmes », Beijing, Septembre 1995, § 46. http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Declarato_Prog_d_action_4e_Conf_femmes_Pekin_1995.pdf, consulté le 2 mai 2012. 96 LALIBERTÉ-BERINGAR, D., Op. Cit., p.57. 34 femme comme chef de ménage. Pendant la distribution, c’est la femme qui doit se présenter pour prendre les vivres de toute la famille à fin de s’assurer de la protection des femmes et des enfants. Les hommes se voient alors sous-estimés dans leur rôle de chef de ménage, ce qui est aggravé par le fait qu’ils dépendent en même temps que leurs épouses et enfants de cette assistance. Dans le camp des réfugiés burundais en Tanzanie, les hommes affirmaient que les femmes prétendaient que le « HCR est un meilleur époux » car il leur donne ce qu’elles veulent, discréditant ainsi des maris qui sont incapables de subvenir aux besoins de leurs foyers97. Ceci dit que les hommes ne sont plus capables de prouver qu’ils sont les chefs de famille et considèrent que les pratiques du HCR et de l’action humanitaire sont en contradiction avec leur culture. En plus, la politique de gestion de camp prévoit une représentation paritaire des hommes et des femmes dans tous les comités, ce qui revient à réduire le nombre de place qui étaient occupées par les hommes. Alors que les réfugiés sont appelés à participer aux activités de gestion de camp en respect des principes d’égalité et d’équité entre les femmes et les hommes, ceux derniers reconnaissent difficilement l’autorité d’une femme élue au poste du Président du comité. Faut-il dire que les hommes sont en conflit avec les femmes contre un avantage de participer pour promouvoir les intérêts d’une même communauté ? Au sein de cette communauté, il existe des obstacles socioculturels qui vont à l’encontre des principes d’équité et d’égalité et qui entrainent une représentation inégale des hommes et des femmes dans les différents comités. Selon Laliberté-Beringar Danièle, le HCR essaie de développer l‘égalité entre les genres et les hommes voient qu’il vient pour occuper leur place et que « son autorité sur les femmes transcende leur autorité traditionnelle parce qu’il les a remplacés comme pourvoyeur des besoins du ménage98 ». L’anthropologue Françoise Héritier se demande s’il faut conclure que « le genre est une assignation en esprit, reprise socialement et culturellement et cette assignation dépend d’élaborations conceptuelles et symboliques extrêmement archaïques mais toujours présentes99 ». 97 TURNER, S. « DANS L’ŒIL DU CYCLONE : Les réfugiés, l’aide et la communauté internationale en Tanzanie », In Politique africaine N° 85-mars 2002, p.38. 98 LALIBERTÉ-BERINGAR, D., Op. Cit., p.56. 99 HÉRITIER, F., Homme, femmes, la construction de la différence, Paris 2005, Edition Le Pommier, p.29. 35 Il est clair que les mécanismes de participation en vigueur doivent transformer les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes traditionnellement inscrits dans leur culture en évitant de créer des conflits ou des risques d’insécurité pour les femmes. La participation devrait être comprise par la communauté comme un moyen qui leur permet de jouir les mêmes droits sous la protection du gouvernement et du HCR avec ses partenaires et avoir la même égalité. II.2.2. Le genre et le niveau d’éducation Le programme d’action de Pékin a inscrit dans le domaine de l’éducation et formation des femmes que « … les femmes ne pourront prendre une part plus active au changement que si l’égalité d’accès à l’éducation et l’obtention de qualifications dans ce domaine leur sont assurées. L’alphabétisation des femmes est un important moyen d’améliorer la santé, la nutrition et l’éducation de la famille et de permettre aux femmes de participer à la prise de décisions intéressant la société100….». Les camps des réfugiés étant considérés comme des lieux temporels pour la population réfugiée, certaines activités liées à l’éducation ne sont pas souvent entreprises au départ. Depuis l’ouverture du camp de Musasa en 2007, les programmes d’éducation formelle des enfants réfugiés ont été rapidement implantés, mais il a fallu attendre l’été de 2011 pour mettre en place un programme d’alphabétisation des adultes. En plus des besoins en éducation pour les enfants en âge d’aller à l’école, on trouve également que les adultes n’ont pas souvent eu l’occasion de fréquenter les écoles dans leur pays d’origine, et souvent ce sont les femmes qui sont les moins alphabétisées. Les statistiques de l’Unesco indiquent qu’au niveau mondial, un cinquième des adultes ne sont pas alphabétisés dont deux tiers sont des femmes101. Malgré qu’il n’y ait pas de statistiques sur l’alphabétisation des réfugiés du camp, certaines données reflètent l’image de la scolarisation des hommes et des femmes avant et pendant leur déplacement. Sur les 27 enseignants du primaire, il n’y a que 2 femmes seulement et sur 31 enseignants du secondaire, les femmes 100 ONU, Op. Cit., § 69. Unesco, Alphabétisation. blocks/literacy/, consulté le 1 mai 2012. 101 http://www.unesco.org/new/fr/education/themes/education-building- 36 sont encore à deux102. Les réfugiés qui ont un niveau minimum d’études se débrouillent très facilement au camp, surtout quand ils ont la maîtrise de la langue française qui est la plus parlée entre eux et les agents des ONG. Ils peuvent travailler directement avec ces ONG qui leur donnent en échange de leur participation des primes de motivation. Quelques fois, les jeunes élèves profitent de cette situation pour se faire embaucher comme cela fut le cas en 2011 lors des recrutements des animateurs communautaires par IRC. La participation des réfugiés à la prise de décision se passe souvent dans des réunions internes des comités mais aussi dans les réunions des représentants de ces comités avec les agents des ONG. Le maintien de la communication entre les réfugiés et les partenaires étant une responsabilité des représentants des réfugiés et chaque comité doit tenir sa réunion interne une fois la semaine et transmettre le procès verbal de ses conclusions au comité directeur et aux partenaires concernés. Certains comités éprouvent d’énormes difficultés pour écrire ces procès verbaux sauf le Comité directeur du camp qui a des capacités de le faire. Les membres du comité directeur et les présidents des comités sectoriels participent également à la réunion de gestion du camp qui est organisée conjointement par l’Administration et la gestion du camp. Les représentants des Agences et des ONG participent aussi à ces réunions pour évaluer les activités en cours, donner des informations et planifier d’autres actions nécessaires selon qu’il y a des besoins ou des points à corriger. Ces réunions durent environ deux heures et la langue de communication étant le français. Les travailleurs des ONG n’ont pas la difficulté de s’exprimer dans cette langue et beaucoup d’entre eux parlent même le Swahili103. Par contre, le français étant parlé par les réfugiés qui ont un niveau moyen d’études secondaires, il ne devient pas aussi facile pour tous les représentants de prendre la parole, d’exprimer et de défendre leurs opinions. Au début de chaque réunion de gestion, le gestionnaire du camp distribue aux participants le procès verbal de la réunion précédente rédigé en français pour qu’ils puissent l’amender après la vérification de l’atteinte des plans d’actions précédemment fixés. Une copie de sa dernière version est par après déposée dans les classeurs du bureau du comité directeur, à la disposition de toute la population du camp qui parle majoritairement le Swahili. Les critères de nomination des membres du comité directeur précisent bien que « le Président et le Vice-président doivent s’exprimer aisément aussi bien en français que dans la langue communément parlée dans le 102 103 NRC, Statistiques éducation- Musasa, 2011. Le Swahili étant la langue parlée par tous les réfugiés du camp. 37 camp104 » et que « le Secrétaire et le Secrétaire adjoint doivent savoir lire et écrire le français et la langue communément parlée dans le camp105 ». La langue communément parlée dans les camps des réfugiés congolais au Burundi étant le Swahili. Le niveau de connaissance de la langue française devient donc un préalable pour participer activement dans ces réunions en même temps pour les hommes et pour les femmes. Il faut noter également que les textes relatifs à la participation des réfugiés qui sont disponibles dans le bureau du comité directeur et dans la bibliothèque du camp sont rédigés en français, ce qui bloquer la diffusion de leur contenu aux personnes qui ne peuvent pas lire le français. Il n’est pas donc possible de garantir les mêmes chances de participation entre les hommes et les femmes tant que certaines barrières liées à l’éducation et aux connaissances linguistiques ne sont pas levées. Les réfugiés qui ne peuvent pas lire et écrire facilement le français et le Swahili rencontrent alors des difficultés supplémentaires pour participer pleinement dans les activités de gestion de camp et plus particulièrement la majorité des femmes. II.2.3. La problématique de l’équilibre des représentants des comités dans le processus électoral Depuis 2010, les membres des comités sont élus chaque année dans tous les quartiers du camp suivant les dispositions du guide électoral. Ce guide a été établi par le comité de gestion du camp pour garantir que tous les réfugiés puissent être représentés dans les comités directeur et sectoriels en respect d’égalité de genre et de leurs diversités ethniques. Les réfugiés qui sont élus deviennent membres des comités et sont appelés à participer de façon bénévole à l’organisation des activités d’assistance et de protection et à la vie du camp en général. Les femmes et les hommes ont les mêmes droits pour participer dans ces élections en tant qu’électeurs ou candidats, selon qu’ils remplissent les conditions exigées. Les élections sont organisées par une commission électorale composée par les membres du comité de gestion de camp et de dix autres représentants des réfugiés. Ces derniers sont 104 NRC/ONPRA/HCR, « Guide pour les élections du comité directeur des réfugiés dans les camps », Burundi, 2010, p.3. 105 Idem, p.3. 38 choisis par le comité des sages qui restent vigilant pour s’assurer que chaque communauté ethnique ou tribu y soit représentée. La commission électorale établit le calendrier des élections et doit veiller à la bonne application des règles qui les régissent. Les membres du comité directeur et des comités sectoriels sont élus par la population du camp au suffrage universel sauf pour les comités des Sages106 et des Représentants des confessions religieuses. Pour ces deux derniers, leurs communautés respectives désignent à part leurs représentants. Le comité directeur est composé par un Président et un Vice-président, un secrétaire et son Adjoint. Le président du camp ne peut pas être du même genre et du même groupe ethnique que son Vice-président et il en est de même pour le secrétaire et son adjoint. Les 20 quartiers que compte le camp de Musasa sont regroupés en cinq blocs de quatre quartiers chacun et chaque bloc de quartier doit élire une femme et un homme sur la liste de ses candidats en respect des règles indiquées par le code électoral. Après, les réfugiés qui sont élus pour les comités sectoriels se mettent ensemble pour élire entre eux les Présidents et quatre représentants (deux hommes et deux femmes) au comité directeur qui vont exercer les fonctions des conseillers et de leurs adjoints. Les questions de diversités ethniques attirent beaucoup l’attention des réfugiés que celle de genre qui semble être la préoccupation de la commission électorale et surtout du comité de gestion. A la veille de la période électorale, chaque mutualité se concerte souvent pour désigner celui qui pourra être son candidat aux premières élections du comité directeur. Les candidats désignés par ces communautés ethniques sont toujours des hommes comme c’est le cas pour leurs leaders. Par exemple, la communauté des Banyamulenge ne permet pas aux femmes de se faire élire dans le comité des représentants des confessions religieuses. Certaines femmes n’hésitent pas aussi à déposer leurs candidatures malgré qu’il y ait des intimidations venant de part et d’autre dans les quartiers. Il y a beaucoup de candidatures féminines dans les comités de Santé et VIH/SIDA, SGBV, AGR et affaires sociales et les hommes sont beaucoup plus intéressés par les comités de construction et réhabilitation, sécurité, distribution, environnement,… 106 Les Sages sont les représentants de différentes tribus des réfugiés et sont les garants d’une cohabitation pacifique entre les différentes communautés ethniques. 39 Lors des élections des comités de 2011, certains réfugiés soulevaient la question de revoir certaines dispositions du guide électoral qui, selon eux, discriminent certains candidats après les élections. Selon les représentants de certaines communautés ethniques majoritaires au camp, les règles qui déterminent la succession des hommes et des femmes ne sont pas acceptées par le fait qu’elles permettent aux candidats qui n’ont pas gagné les élections de passer dans les comités. Ils accusent aussi les membres du comité de gestion d’exercer une certaine pression derrière les femmes pour déposer leurs candidatures. En effet, avant la campagne électorale de 2011, les membres du comité de gestion avaient demandé aux représentants des ONG, aux responsables des services communautaires et des SGBV à l’IRC de mener des sensibilisations auprès des femmes pour qu’elles puissent se faire élire dans les élections du Président du comité directeur et des membres des comités sectoriels. Après les résultats des élections du Président du camp, les deux premiers gagnants en tête des résultats étaient tous des hommes issus d’une même communauté ethnique alors qu’une femme d’une autre mutualité venait en quatrième position. En application du guide électoral, on devait alors remplacer le deuxième par la quatrième qui était de sexe différent que le premier. Puisque les deux premiers étaient d’une même ethnie, les réfugiés ont compris facilement qu’il fallait remplacer le deuxième candidat pour ne pas créer des tensions entre les différentes mutualités qui luttaient pour avoir la présidence du comité directeur. Les résultats des élections des comités sectoriels avaient donné 42% de places aux femmes et 58% aux hommes, ce qui ne respectait pas la parité homme et femme. La commission électorale devait alors procéder aux équilibres de genre pour qu’il y ait 50% de femme et 50% d’hommes, mais après trois jours de discussions avec le comité des Sages et d’autres groupes influents, on est arrivé à faire 45% de sièges aux femmes contre 55% des hommes. Un membre de la commission électorale nous a demandé ce jour-là pourquoi le HCR, le CNR et l’ONPRA veulent imposer des critères de parité entre les hommes et les femmes dans la participation des réfugiés alors que ces normes ne sont pas respectées d’abord par certaines des ONG qui travaillent avec eux dans la composition de leurs staffs ou par le gouvernement d’accueil lors des élections collinaires qui se déroulent au sein de la population hôte. D’autres réfugiés disent que ces principes d’égalité de genre cherchent à mettre en place à Musasa une gouvernance qui n’existe pas dans d’autres camps gérés par les mêmes partenaires et donnent 40 comme exemple le camp de Gasorwe où les réfugiés se sont opposés catégoriquement au remplacement du Vice-président par une femme qui était à la quatrième position. Ce qu’il faut noter, c’est que la participation des femmes au vote était quand même beaucoup plus importante que leur participation comme candidates. Quelques semaines avant les élections de 2011, une femme qui était Présidente d’un comité sortant nous a dit qu’elle n’allait pas encore se faire élire car c’est une perte de temps pour lui au moment où elle ne reçoit aucune motivation alors qu’elle a beaucoup de choses à faire à la maison. Ceci prouve que les femmes qui acceptent de faire partie des comités de participation ont une lourde tâche qui s’ajoute à d’autres responsabilités ménagères. CONCLUSION La participation des bénéficiaires aux activités d’assistance trouve ses fondements dans plusieurs textes internationaux relatifs aux droits de l’homme et elle est aujourd’hui inscrite dans les manuels des travailleurs humanitaires qui sont sur le terrain. Dans le cas de la gestion des camps, le HCR, d’autres organisations internationales et non gouvernementales ont beaucoup contribué à la mise en place du projet gestion de camp et à la rédaction d’un manuel (le Toolkit de gestion de camp) qui est le plus utilisé actuellement dans ce domaine. Notre question de recherche était de savoir pourquoi il y a moins de femmes qui participent dans les comités de gestion de camp malgré les règles prévues pour garantir une représentation égale des hommes et des femmes. Cette étude nous a permis alors de voir la participation prévue par la politique de gestion de camp et les grands défis qui restent posés en matière d’une représentation égale des hommes et des femmes dans les comités de gestion du camp de Musasa. Les dispositions du guide électorales ne sont pas suffisantes pour marquer une représentation paritaire entre les femmes et les hommes dans les différents comités de gestion à Musasa. D’autres facteurs dictés par le contexte culturel, politique, religieux et social doivent être considérés pour interpréter les différents rôles sociaux attribués aux femmes et aux hommes dans leur communauté. Cette analyse est aussi importante pour pouvoir comprendre les 41 modifications de ces rapports avant, pendant le déplacement ou dans leur vie quotidienne au niveau du camp. Dans le cas des réfugiés congolais de Musasa, nous constatons que la femme congolaise reste dans sa considération culturelle au sein de la communauté et dispose peu de temps pour faire les activités de participation qui sont en dehors de ses responsabilités ménagères. Les règles électorales qui doivent poser une représentation paritaire sont refusées par les hommes qui voient que c’est une pratique humanitaire qui cherche à promouvoir la domination féminine contre l’autorité du mari reconnue dans leur culture. Dans le cas de la R.D.C, les relations entre les hommes et les femmes sont fonctions des coutumes et tradition, et dans les ménages la femme doit obéir strictement à son mari qui est considéré comme son protecteur. La femme réalise une part importante des travaux domestiques et doit s’occuper de l’éducation et de la santé des enfants. Cette répartition des tâches fondée sur la différence des sexes se retrouve encore au niveau du camp et explique pourquoi les femmes réfugiées ont plus d’activités ménagères et sont plus présentes dans les comités de santé et des affaires sociales que dans les comités de construction et réhabilitation. Les femmes seules chefs de ménages exercent en même temps des rôles qui étaient réservés aux hommes, ce qui augmente encore leur charge de travail au niveau du camp. Les différentes réunions des comités de réfugiés leur demandent encore plus de temps au moment où la répartition des tâches entre les femmes et les hommes ne leurs donnent pas les mêmes possibilités de participer à la gestion du camp. La participation des réfugiés étant planifiée pour une communauté qui a des rapports sociaux en cours de transformation et évolue en même temps avec ce processus lié surtout aux rôles de l’homme et de la femme avant et pendant l’exil. L’égalité entre les femmes et les hommes exhortée par les mécanismes de gestion du camp s’inscrit dans une autre logique de l’aide humanitaire qui est perçu par certains réfugiés comme un réducteur du pouvoir de l’homme quand celui-ci n’est plus à mesure de pallier aux besoins de sa famille et de garantir la protection de sa femme. Certaines mesures ont été adoptées dans la politique du HCR pour s’assurer spécialement de la protection des femmes et des enfants car, il s’était avéré que leurs besoins n’étaient pas adéquatement couverts dans une approche plus globale. Ainsi les 42 femmes sont aujourd’hui considérées comme les chefs de ménage lors de la réception de l’aide contrairement à ce qui est dans leur culture où le mari est le chef de ménage. Le comité de gestion de camp tente d’appliquer les dispositions du guide électoral en matière d’égalité et de genre, et les hommes essaient de maintenir plus de places possibles dans les comités pour faire à ces changements. La stratégie mise en place pour promouvoir une participation égale des femmes et des hommes ne se rend pas compte de ces facteurs socioculturels. Elle compte sur les sensibilisations des femmes à la veille des élections et les intentions des réfugiés qui s’opposent à certaines dispositions du guide électoral se manifestent pendant la même période. Certes, les dispositions du guide électoral ont marqué un pas en avant en émettant la parité des hommes et des femmes dans les comités du camp mais il reste beaucoup de choses à faire pour s’attaquer à tous les problèmes de la faible participation des femmes. La représentation paritaire est une autre façon de corriger les inégalités de genre qui maintiennent l’autorité de l’homme sur la femme due à sa qualité de chef de famille. Les manuels, les documents de participation mis à la disposition des réfugiés et la langue parlée dans les réunions de gestion créent encore des facteurs linguistiques qui freinent la participation de la population non scolarisée, à majorité féminine. Certaines clauses du guide électoral, notamment liées à la maîtrise du français disqualifie ceux qui ont moins de compétences exigées et qui sont souvent des femmes. Ceux derniers ne s’engagent pas alors dans le processus électoral qui a déjà déconsidéré leur participation. Même pour ceux qui sont dans les comités, c’est une limite dans leur participation à la prise de décision d’où d’autres moyens seront aussi nécessaires. En plus, il convient de dire que les formations de 2010 ne suffisent pas pour dire que les réfugiés ont été formés sur les mécanismes de participation et particulièrement les femmes qui étaient les moins représentées dans les comités. Le gestionnaire du camp pourrait toujours organiser ces formations à l’endroit des membres des comités, des groupes de femmes et des leaders communautaires comme les chefs des quartiers et des cellules, les représentants des confessions religieuses et les sages. Malgré qu’il existe une certaine tension entre les candidats qui sont contre l’application du guide électoral en faveur des femmes et ceux qui sont pour, il n’y a aucune évidence dans notre étude pour confirmer ou infirmer l’hypothèse selon laquelle la participation des femmes pourrait mettre en danger leur sécurité. Toutefois, nous avons constaté qu’il y a des conflits 43 d’intérêts entre les hommes et les femmes et peut être que cela serait aussi une opportunité d’étude plus approfondie. Il est évident que les comités des sages et des confessions religieuses jouent un rôle important dans la détermination des rôles genrés et par conséquent dans le processus électoral au niveau du camp. Les leaders de ces communautés restent des acteurs privilégiés pour promouvoir la participation des femmes dans tous les comités. Leurs communautés devraient d’abord intégrer les valeurs d’équité et d’égalité entre les hommes et les femmes. Il est donc nécessaire de planifier des activités qui touchent spécifiquement les leaders locaux et les représentants des confessions religieuses en vue de valoriser la femme dans leurs institutions. L’image des organisations humanitaires qui sont sur le camp est un autre paramètre clé pour la promotion de la participation de la femme. Il sera toujours difficile pour une organisation qui a moins de femmes dans ses équipes d’expliquer aux réfugiés les principes d’égalité et de genre pour que les femmes soient représentées en nombre égal avec les hommes dans les comités. La visibilité de ces organisations devrait diffuser les notions d’égalités et de parité pour donner un bon exemple à la communauté réfugiée. En plus des travaux ordinaires des comités, il serait important d’organiser des discussions entre les hommes et les femmes portant sur la participation de la femme et ses barrières culturelles dans une société qui évolue avec les dynamiques du camp. Par notre expérience, nous avons constaté que certains acteurs humanitaires ne prennent pas le temps nécessaire pour expliquer aux bénéficiaires l’importance de la participation des femmes suite à une compréhension superficielle des politiques et des méthodes inscrites dans les ouvrages et manuels de leur usage. Ces acteurs ont besoin aussi des formations pour mieux comprendre pourquoi et comment assurer une participation équitable des femmes et des hommes dans les activités d’assistance et de protection dans les camps des réfugiés. Les notions du concept de genre devraient être spécifiquement abordées en plus de celles de la participation des bénéficiaires. Les organisations qui travaillent dans les Services Communautaires pourraient mettre en place des projets d’intérêt familial et qui tiennent compte de la répartition des tâches dans les ménages. 44 Il est également nécessaire de planifier des activités de sensibilisations et de discussions avec les hommes et les femmes en dehors de la période électorale sur les sujets qui affectent la culture et leur participation. Ceci pourrait faire du guide électoral un résultat de l’engagement de la communauté plus qu’un document signé par les représentants des organisations membres du comité de gestion de camp. La traduction des manuels de gestion de camp en Swahili, la priorisation des programmes d’alphabétisations aux femmes membres des comités, la rédaction des procès verbaux en français mais aussi en Swahili peuvent également lever les obstacles à la participation des réfugiés en général et des femmes en particulier. Cette recherche s’est fondée sur notre expérience dans le domaine de la gestion des camps et s’est limitée à la mise en place des comités des réfugiés sans pour autant analyser le rôle de leurs représentants dans la planification et la réalisation des projets, ce qui pourrait faire un autre sujet de recherche. Ainsi, il serait également intéressant de savoir quel est le rôle des femmes dans les différentes phases des activités d’assistance et de protection. 45 BIBILOGRAPHIE Ouvrages et manuels - AGIER, M., Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Paris, Flammarion, - 2008, 350 p. AIF, Egalité des sexes et développement, concepts et terminologies, 103 p. URL : http://genre.francophonie.org/spip.php?article84, consulté le 20 avril 2012. - ALNAP, Manuel de la participation à l’usage des acteurs humanitaires pour une meilleure implication des populations affectées par une crise dans la réponse humanitaire, 297 p. 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