Jean SARRAZIN, ingénieur des fortifications de Montrond. Lorsque l
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Jean SARRAZIN, ingénieur des fortifications de Montrond. Lorsque l
Jean SARRAZIN, ingénieur des fortifications de Montrond. Lorsque l’on évoque la Forteresse de Montrond en Bourbonnais, pour qui la connaît, aussitôt viennent à l’esprit les personnages les plus célèbres attachés à son histoire, c'est-àdire Sully et Condé…Mais il en est un autre, beaucoup moins connu, dont le rôle fut pourtant fondamental dans l’histoire de ce site majeur, c’est Jean Sarrazin, ingénieur militaire chargé de transformer la vieille forteresse en place forte réputée inexpugnable, au XVIIème siècle. Jean Sarrazin est indissociable de la transformation et de la modernisation radicale de Montrond, à compter de 1630 environ, sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, Henri II de Condé, acquéreur du château en 1621 auprès de Maximilien de Béthune, duc de Sully. Condé fit venir du Maine cet ingénieur pénétré des principes de fortification bastionnée développés d’abord par les Italiens, puis des ingénieurs Français et Hollandais. On le trouve aussi sous le nom de Jehan Sarrazin. Sarrazin fit ses études au collège Prytanée de la Flèche, où il rencontra Descartes et Marin Mersenne, un mathématicien En 1630 il se donna le titre de « Mathématicien du Prince », tout simplement parce qu’il enseignait les mathématiques à Louis II de Condé, duc d’Enghien et futur « Grand Condé » qu’il qualifiait « d’esprit ingénieux ». Il était également désigné comme « Intendant des fortifications du Prince » lorsqu’il commença vers cette date à mettre en œuvre le système bastionné de Montrond. Par ailleurs Sarrazin était aussi un spécialiste en hydraulique, ce qui lui valut de commencer à réparer les forges de Bommiers dans l’Indre, en 1636. Le 27 juin 1651, Sarrazin était toujours ingénieur du Prince et encore à Montrond à cette date. Il n’aurait quitté Montrond que peu avant le siège de 1651 et il vint résider quelque temps chez les religieuses de la Visitation de Bourges qui faisaient construire leur nouvelle église, dont il se chargea d’asseoir les fondations….Agé d’une soixantaine d’années, il serait parti après la mort de la mère supérieure en 1654 et retourna sans doute dans son Maine d’origine sans que l’on puisse retrouver sa trace… C’est un plan ancien, conservé à la bibliothèque nationale, qui illustre le mieux l’œuvre de Jean Sarrazin. Bien qu’il ne soit ni signé, ni daté précisément (il doit être voisin de 1650, ne pouvant être antérieur au démantèlement de 1652 qui suivit les évènements de la Fronde), ce précieux document d’assez grand format (0, 74 m X 0,50 m) lui est attribuable. Il est dessiné à l’encre, porte plusieurs teintes, sur un fort papier blanc et comporte une légende avec des lettres qui renvoient aux différentes parties de la forteresse. Ce plan est un document exceptionnel et sa fiabilité n’a jamais été remise en cause. Il a toujours guidé nos recherches sur le terrain et reste la base indispensable à la compréhension de ces fortifications étagées aussi étendues que complexes. Sarrazin fit donc de Montrond, à partir de la place existante et déjà bien améliorée par Sully, une forteresse moderne redoutable. Cependant, il paraît en effet difficile de lui attribuer la totalité des fortifications bastionnées même s’il en fut le principal maître d’œuvre. Il est logique de penser que Sarrazin ait poursuivi à grande échelle et avec des principes plus novateurs les travaux de nature militaire déjà engagés par Sully avant 1621. A la vue de ce plan qui donne le tracé des ouvrages, Montrond fait immédiatement penser aux forteresses créées ou remaniées par Vauban quelques décennies plus tard. C’est bien une occasion de rappeler que Vauban ne fut pas le créateur de la fortification bastionnée, même s’il participa largement à son évolution et à sa systématisation dans la défense des villes et des places fortes. Comme le fit Sarrazin, Vauban s’appuya sur les travaux de ses précurseurs qu’il perfectionna en fonction de l’évolution et la portée des armes à feu. Ici à Saint-Amand-Montrond, il convient alors d’attribuer directement à Jean Sarrazin un ensemble fortifié que l’on pourrait présenter d’une manière générale comme des défenses « à la Vauban ». Sarrazin s’inscrit parmi les ingénieurs militaires de la période souvent qualifiée de « Pré-Vauban ». Dominique Lallier