Technique - Rootgrow

Transcription

Technique - Rootgrow
J
ardins du Littoral
n° 132 Décembre 2014
Numéro spécial
Special issue
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L
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h
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Th
L’Europe investit
pour apporter des solutions
aux producteurs
légumiers de l’espace
France (Manche) - Angleterre
Europe invests to provide
solutions to vegetable
growers of the France
(Channel) - England area
Fruits&Légumes
reussir
Supplément au nº 345 - Décembre 2014
Sommaire
Contents
Présentation du bassin de production breton de
légumes de plein champ...................................4
Introduction to the Brittany production region
for open field vegetable cultivation....................4
Le bassin légumier bas normand....................... 5
Vegetable-growing areas of Lower Normandy....5
L’horticulture dans le Kent................................ 5
Horticulture in Kent...........................................5
Le projet VégéDurable 2 :
qu’est ce que c’est ?.........................................6
What is
the VégéDurable 2 project?...............................7
Réduire l’impact de l’agriculture sur
l’environnement : les leviers d’action ............. 10
Reducing the environmental impact
of agriculture : leverage actions....................... 11
La production légumière actuelle –
les questions qui se posent............................ 12
Current vegetable production –
arising issues................................................. 13
Amélioration de la production de fraises
dans un substrat de fibre de coco grâce aux
champignons arbusculaires mycorhiziens....... 16
Use of AMF
to improve strawberry
production in coir bags................................... 17
Les mycorhizes en cultures légumières :
Quels intérêts potentiels pour les producteurs
légumiers ?.....................................................20
Mycorrhiza in vegetable cultivation:
What potential interests
for vegetable growers?.................................... 21
Evaluation des besoins
en azote de l’artichaut pendant l’année de la
plantation.......................................................22
Assessment of the nitrogen requirements
of artichokes during the year
in which they are planted................................23
Gérer qualité et rendement en culture de carotte :
fertilisation, sol et eau,
des facteurs essentiels...................................26
Managing quality and yield in carrot cultivation:
fertilisers, soil and water –
the essential elements.................................... 27
Développer des points de consigne d’irrigation
afin d’améliorer l’utilisation d’eau de la
production de laitue de plein champ ..............30
Developing irrigation set points
to improve water use efficiency
in field-grown lettuce production..................... 31
Partage des résultats acquis .......................... 34
Sharing the results.........................................34
Jardins du littoral Décembre 2014
Supplément à Réussir Fruits et Légumes n° 345 - Décembre 2014
SILEBAN - Maison de l’Agriculture, avenue de Paris, 50000 Saint Lô.
Tél : 02 33 23 42 10. Fax : 02 33 23 42 29
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sauf accord écrit préalable. Crédit Photos : Sileban
2 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Directeur de la publication : Jean-Bernard Pouey
Rédacteur en Chef : Jacques Dubois
Réalisation : Publications Agricoles
Abonnements : Réussir Fruits et Légumes 51, rue Albert Camus
BP 20131 - 47004 AGEN Cedex. Tél. 05 53 77 83 75/Fax : 05 53 77 83 71
Impression : Centre Impression - 87220 Feytiat Limoges
Nº de CPPAP : 1110T 80058
Les producteurs
légumiers, gardiens
de l’environnement
L
a Manche, frontière maritime millénaire
et couloir de transport international,
devient de nos jours un pont entre France et
Angleterre. Pas moins de 3000 kilomètres
de côtes, zone du programme européen
France (Manche) – Angleterre, constituent un
domaine environnemental unique, où terres
et mers se rejoignent. De tout temps, cet
espace a été cultivé par les agriculteurs afin
de satisfaire les besoins alimentaires de la
société. La production légumière a toujours
façonné le paysage littoral et fait partie
intégrante du patrimoine culturel et naturel
local. Les producteurs légumiers, conscients
de leur rôle de gardien de cet héritage,
œuvrent au respect de cet environnement.
Toutefois, la performance de la filière,
complexifiée par la multiplicité des systèmes
de production et la large gamme de légumes
cultivés, exige l’établissement de références
technico-économiques. Leurs démarches sont
accompagnées par les centres de recherche,
notamment au travers du projet VégéDurable
2, pour leur apporter des solutions en accord
avec leurs convictions.
HEINZLE Xavier (Sileban)
The vegetable
growers, guardians
of the environment
T
he Channel, a thousand year-old sea
border and international shipping lane,
has recently become a bridge between France
and England. No fewer than 3,000 kilometres
of coastline, which constitute a unique
environmental area where land and sea unite,
are covered by the France (Channel) – England
European Programme. This area has always
been cultivated by farmers in order to meet the
demands of society for food. The production of
vegetables has shaped the coastal landscape
and forms an integral part of the local natural
and cultural heritage. The vegetable producers
work with respect for the environment,
ever conscious of their role as guardians
of this heritage. However, the performance
of the industry, further complicated by the
multiplicity of production systems and the
wide range of vegetables grown, requires
the establishment of technological and
economic guidelines. This approach is
supported by research centres offering the
growers solutions which are in line with their
convictions, notably through projects like
VégéDurable 2.
HEINZLE Xavier (Sileban)
Le projet VégéDurable 2 a été sélectionné dans le cadre
du programme européen de coopération transfrontalière
INTERREG IV A France (Manche) – Angleterre, cofinancé par le FEDER. /
The project VégéDurable 2 was selected under the European cross-border cooperation
programme INTERREG IV A France (Channel) – England, co-funded by the ERDF.
Le projet VégéDurable 2 bénéficie du concours financier des partenaires suivants :
The VégéDurable 2 project receives financial support from the following partners :
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 3
Présentation
Des bassins de production à proximité de la mer
Vegetable-growing areas close to the sea
Présentation du bassin Introduction to
de production breton de the Brittany production region for
légumes de plein champ open field vegetable cultivation
L
a Bretagne est la 1ère région agricole de France. Son
importance en productions animales ne doit pas faire
oublier qu’elle est également au premier rang des régions
légumières, grâce à des conditions de climat tempéré et de
sol limono-sableux favorables sur les zones côtières du Nord
Bretagne, où se cultivent les légumes de plein champ. Les
productions sous serres sont réparties entre le Finistère, les
Côtes d’Armor et le bassin rennais.
Cette production légumière importante étant localisée
sur une bande littorale étroite s’étendant de Brest à St
Malo, en situation de bassin versant, il est impératif de
veiller à une gestion rigoureuse des intrants, fertilisants
ou phytosanitaires. Pour la gestion des fertilisants, dans
le cadre de Végédurable 2, la station du Caté intervient sur
l’évaluation des besoins en azote de l’artichaut en première
année de production afin de limiter les risques de lessivage
de nitrates en fin de culture.
Une large gamme de plus de 40 espèces
est commercialisée sous la marque Prince
de Bretagne en légumes conventionnels,
bio, anciens et mini-légumes.
Au-delà de son climat tempéré lié au Gulf Stream, la situation
péninsulaire bretonne à l’écart des grands flux de circulation
de pommes de terre de l’Europe du Nord en fait une terre
propice au plan sanitaire à la production de plants de pomme
de terre et le 1er bassin en France : 5 000 ha, 135 000 T dont
60% à l’export, 41,6 M Euro de chiffre d’affaires. Dès les
années 90, des producteurs légumiers se sont convertis en
Agrobiologie : la Bretagne est aujourd’hui la 1ère région en
France productrice de légumes bio, atteignant 12 510 Tonnes
en 2013. Si les conversions en production biologique se sont
stabilisées depuis 3 ans, le chiffre d’affaires a continué de
progresser à 7,8 millions
d’euros.
Les producteurs
sont regroupés en
organisations de
producteurs et vendent
majoritairement par
l’intermédiaire de
marchés aux enchères
synchronisés entre les
trois départements. Cette
concentration de l’offre
est un atout essentiel
pour la mise en œuvre
d’actions collectives
mutualisées (gestion
de marché, recherche
appliquée, promotion,
export).
4 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
B
rittany is the leading agricultural region in France. The scale of livestock production
should not detract attention from the fact that it is also a leading vegetable
producing region, due to temperate climatic conditions and favourable sandy loam soil
in the coastal areas of Northern Brittany, where vegetables can be grown in open field.
Production under protection is divided between Finistère and the Côtes d’Armor, and
the area around Rennes.
As this large-scale cultivation of vegetables takes place on a narrow strip of coastal land
stretching from Brest to St Malo which serves as a watershed, it is essential that inputs,
fertilisers and crop protection products are carefully managed and closely monitored.
With respect to the management of fertilisers, in the framework of VégéDurable 2, the
Caté centre undertakes assessments of the nitrogen requirements of artichokes during
their first year of production in order to limit the risk of nitrate leaching at the end of the
cultivation period.
A large range of more than 40 varieties of conventional, organic,
traditional and mini-vegetables is marketed under the brand Prince de
Bretagne.
Apart from its temperate climate due to the Gulf Stream, the fact that
Brittany is a peninsula, and thus isolated from the major distribution flows of potatoes
which exist in Northern Europe, means that from a plant health perspective, it is a good
place to grow potato plants and is the biggest potato producing region of France - 5 000
hectares of cultivation, 135 000 T of produce of which 60% are exported, 41.6 million
€ in turnover. Since the 1990s, many vegetable producers have converted to organic
farming – Brittany now produces more organic vegetables than any other region in
France, reaching a figure of 12 510 tonnes in 2013. Although the rate of conversions to
organic farming has stabilised in the last 3 years, turnover has continued to increase to
7.8 million euros.
Producers have grouped together in producers’ organisations and sell primarily through
auctions which are synchronised between the three départements. This concentration
of supply is an essential asset which enables them to undertake collective activities
such as managing the market, commissioning applied research, promotional activities
and exports.
LE ROUX
Michel (Caté)
Presentation
Le bassin légumier bas normand
S
i la qualité normande signe de nombreux produits d’une large notoriété
comme le camembert ou le cidre, les légumes bénéficient d’une réputation
croissante. Ils sont cultivés dans le plus grand respect de l’environnement
en Basse-Normandie et plus particulièrement dans quatre terroirs : le Val de
Saire, la Côte Ouest de la Manche, le Mont Saint Michel et la plaine de Caen.
Dans le sable ou dans la terre, en bord de mer ou à l’intérieur des terres, les
légumes profitent de conditions naturelles optimales pour se développer,
aidés par le savoir faire ancestral des producteurs. La complémentarité
pédoclimatique de ces bassins et la large gamme de légumes cultivés
permettent de répartir la production tout au long de l’année. Le poireau, la
carotte, le chou, la salade, le céleri et le navet sont les cultures régionales
emblématiques. Plus de 90% des producteurs régionaux ont fait le choix de
concentrer leurs offres au sein de deux Organisations de Producteurs. Les
OP Agrial et GPLM comptent chacune 200 adhérents, représentant presque
200 000 tonnes de légumes produits. Celles-ci sont regroupées au sein de
l’Association d’Organisations de Producteurs Jardins de Normandie. Dans
un environnement concurrentiel, l’AOP s’est toujours fixée comme mission
stratégique d’assurer la durabilité du système de production mis en place.
Jardins de Normandie a pour objectifs d’assurer la valorisation des produits,
d’accompagner les producteurs vers des démarches de qualité, de respecter
l’environnement et la certification et de défendre le revenu des producteurs.
Vegetable-growing areas
of Lower Normandy
T
he quality of certain products from Normandy such as camembert and
cider is already renowned, but Normandy vegetables are also enjoying
a growing reputation. Vegetables are grown with the greatest respect for
the environment in Lower Normandy, and specifically in four distinct areas
with different types of soil and climate: the Val de Saire, the west coast of
the Cotentin Peninsula, The Mont Saint Michel region and the plain of Caen.
Whether in sand or in soil, on the coast or inland, the vegetables benefit
from ideal natural conditions for growth, helped further by generations of
knowledge and experience among the producers. The complementarity of
climate and soil in these areas and the wide range of vegetables which are
produced enables production to be carried out all year round. Leeks, carrots,
cabbages and cauliflower, lettuces, celery and turnips are the classic crops
of the region. More than 90% of producers in the region have opted to sell
their produce through two Producers’ Organisations (PO). The Agrial and
GPLM POs each have about 200 members, representing almost 200,000
tonnes of vegetables grown. Both organisations form part of the Jardins de
Normandie (Normandy Gardens) Association of Producers’ Organisations. In a
competitive environment, the strategic objective of the APO has always been
to ensure that the existing production system remains sustainable. The aims
of Normandy Gardens are to enhance the value of the vegetables produced, to
advise and support producers in their approach to quality, to respect both the
environment and certification, and to safeguard the revenues of producers.
HEINZLE Xavier (Sileban)
L’horticulture dans le Kent
L
a surface occupée par les productions légumières au RoyaumeUni est de 119 000 ha, elles représentent le secteur le plus
important de l’horticulture au sens large en termes d’utilisation
des terres et de volumes produits. Les légumes de plein
champ constituent 72% de cette production, dont 26% est en
Brassicacées (chou vert, chou fleur, chou brocoli et chou de
Bruxelles), aux côtés de la laitue et du poireau qui sont également
des cultures importantes. La production fruitière occupe quant à
elle 29 000 ha et les fruits rouges représentent 75% de son chiffre
d’affaire total, la fraise étant la culture principale. Celle-ci est
d’ailleurs de plus en plus cultivée sous tunnels en polyéthylène,
permettant une protection face aux aléas climatiques et un
allongement de la période de production et de disponibilité en
fruit. D’autres cultures sont présentes, telles que les pommes,
poires, cerises et prunes. Le comté du Kent, situé au sud-est du
Royaume-Uni, est appelé « le jardin de l’Angleterre » en raison
de son importante surface dédiée aux productions horticoles. Les
cultures y sont principalement fruitières, qu’il s’agisse de fruits
rouges ou issus de l’arboriculture. Néanmoins, une surface non
négligeable est aussi consacrée aux légumes de plein champ tels
que le chou ou la laitue, ainsi qu’aux légumes sous abris comme
la tomate, le concombre et le poivron. La plupart des légumes sont
produits dans le nord-est du Kent, dans une zone appelée l’île de
Thanet.
Horticulture in Kent
I
n the UK as a whole the total planted area of vegetables is
around 119,000 ha with vegetable production being the largest
horticultural sector in terms of land use and output. Field scale
production accounts for around 72% of the total and of that,
26% is of Brassicas (broccoli, Brussels sprouts, cabbages and
cauliflower); lettuce and leeks are also important crops. The area
down to fruit production is around 29,000 ha; the production of
field grown soft fruit accounts for 75% of the total output by value,
with strawberries being the main crop. Increasingly strawberries
are being grown under polythene tunnels for climate protection
and to extend the season of fruit availability. Apples, pears,
cherries and plums are also grown. The county of Kent is in the
south east of England and is known as ‘the Garden of England’ due
to the large area under horticultural production. The main crops
grown are fruit (both soft fruit and tree fruit) but there are also
significant areas of vegetable production, in particular field grown
brassicas and lettuce and protected vegetables such as tomatoes,
cucumbers and peppers. Most of the vegetable production is in the
north east part of Kent, an area known as the Isle of Thanet.
FITZGERALD Jean (East Malling Research)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 5
Présentation
Le projet VégéDurable 2 :
qu’est ce que c’est ?
Entre France et Angleterre, le projet européen
VégéDurable 2 s’emploie à apporter des solutions
en réponse à la demande populaire croissante de
réduction d’utilisation des intrants agricoles. Il
est formé autour de partenaires complémentaires
représentant la diversité des cultures légumières et
des techniques de production de l’arc Manche.
L
es nouveaux enjeux de la filière légumière imposent
de produire mieux avec des itinéraires de production
durables sur les plans économique et environnemental, tout en répondant aux exigences de l’aval, notamment
de la distribution qui veut vendre des produits « zéro défaut
». Les systèmes légumiers et agricoles en général présentent
une forte dépendance vis-à-vis des intrants et des ressources
naturelles :
• L’utilisation des produits phytopharmaceutiques et des
engrais est remise en question après la prise de conscience
collective de leurs impacts sur l’environnement et sur la
santé humaine. Malgré le fait que la pollution ne soit pas
majoritairement due au secteur agricole, les efforts entrepris
par la filière sont importants. Les règlementations qui encadrent l’emploi des produits phytosanitaires sont de plus
en plus strictes et entrainent la réduction du nombre de
produits autorisés et efficaces.
• Avec la pression démographique grandissante, l’augmentation de l’utilisation d’eau et la concurrence d’utilisation
de cette ressource, notamment avec l’intensification des
cultures agricoles provoque des pénuries dans différentes
zones européennes.
Objectif poursuivi
Afin d’apporter des solutions à ces problématiques, le projet VégéDurable 2 a pour objectif de proposer des systèmes
légumiers moins dépendants de l’utilisation d’intrants et
plus respectueux de l’environnement, tout en répondant
aux exigences de la filière.
Une synergie partenariale transfrontalière :
de la recherche jusqu’au producteur
La coopération s’appuie sur un réseau scientifique fort
construit lors du projet VégéDurable 1. Elle s’est élargie
à d’autres structures qui maitrisent des compétences complémentaires (essais en laboratoire, en plein champ, modélisations statistiques…) sur une large gamme de fruits et
légumes (salade, échalote, fraise…) et qui représentent la
diversité des productions de l’arc Manche, les recherches
étant menées dans chaque bassin de production :
6 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Le Caté (Finistère - France), station expérimentale, est implantée au cœur de la zone légumière et
horticole de Bretagne. Elle conduit des programmes régionaux et nationaux d’expérimentation en légumes frais, horticulture ornementale et champignons cultivés. Ces programmes visent à résoudre les problèmes techniques rencontrés en production ou à répondre
aux évolutions de la consommation. Labellisé Pôle d’Excellence Rurale, il est représentatif de l’activité économique de
la profession à tous les niveaux de la filière.
East Malling Research (Kent – Angleterre),
centre indépendant de recherche de haut niveau,
de développement et de conseil, est au service de
la filière agroalimentaire. L’équipe scientifique de
l’EMR maitrise les savoirs en matière de sélection et de génétique moléculaire, de génomique, de biologie et de gestion de ravageur et de maladie, de physiologie à la récolte
et après la récolte, d’agronomie, de science environnementale, de développement de produits alimentaires et de recherche auprès des consommateurs.
Le Laboratoire de Mathématiques Nicolas
Oresme (Calvados – France) est une unité mixte
de recherche de l’université de Caen et du CNRS.
Il regroupe l’ensemble des chercheurs en mathématiques et applications à l’université de Caen et dans les
établissements rattachés.
Presentation
What is the
VégéDurable 2
project?
VégéDurable 2 is a Franco-British European project
which seeks to provide solutions in response to the
growing public desire to see a reduction in the use
of agricultural inputs. It is made up of partners with
complementary fields of activity, who represent
the wide variety of crops cultivated and production
techniques to be found in the Channel Arc.
Cross-border synergetic partnerships – from research
to producer
T
he vegetable sector faces new challenges: to produce
better and to develop methods of production which are
both environmentally and economically sustainable while
at the same time meeting the requirements of the other end
of the supply chain, and particularly of retailers who want
to sell completely unblemished products. Vegetable production methods and agricultural systems in general are heavily dependent on inputs and natural resources:
• The use of crop protection products and fertilisers has
been called into question since their impacts on the environment and on human health became widely known.
Although pollution was not caused primarily by the agricultural cultivation sector, vegetable growers have had to
make major adjustments. The regulations governing the use
of crop protection products are more and more stringent
and involve a reduction in the number of efficient products
which receive authorisation.
• As a result of increased pressure from population growth,
increased use of water, and competition for the use of this
resource as crop-growing becomes more and more intensive, is causing shortages in a number of areas of Europe.
Objective
In order to provide solutions to these challenges, the VégéDurable 2 project aims to develop and deliver vegetable production systems which are less dependent on the use of inputs
and more respectful of the environment while at the same time
fulfilling the requirements of the profession and the market.
The collaboration is based on a robust scientific network
built up during the project VégéDurable 1. It has been broadened to include other organisations with complementary
areas of expertise (e.g. laboratory trials, field trials, statistical modelling) in relation to a broad range of fruits and
vegetables (e.g. lettuce, shallots, strawberries), and represents the diversity of crops produced in the Channel Arc.
Research is carried out in each production area:annel Arc.
Research is carried out in each production area:
The Caté (Finistère, France) is an experimental
centre based in the heart of the vegetable and horticultural production area of Brittany. It carries out
regional and national programmes of experimentation on fresh vegetables, ornamental horticulture and
cultivated mushrooms. These programmes seek to resolve
technical issues which may be encountered in production
or address changes in consumption habits. Given the label
Rural Centre of Excellence, it is representative of the economic activity of the profession at all levels of the industry.
East Malling Research (Kent – England), an
independent centre for high-level research, development and advice, serves the agri-food industry.
EMR’s scientific team has expertise in molecular
selection and genetics, genomics, biology and the management of pests and diseases, harvest and post-harvest physiology, agronomy, environmental science, development of
foods and consumer research.
The Nicolas Oresme Mathematical Laboratory (Calvados – France) is a mixed unit of research of the University of Caen and of the CRNS
(The National Center for Scientific Research is a
public organisation under the responsibility of the French
Ministry of Education and Research). It brings together all
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 7
Présentation
Plantworks Ltd. (Kent – Angleterre), producteur de Champignons Mycorhiziens Arbusculaires
au Royaume Uni, produit cinq espèces fongiques
homologuées, soit 100 tonnes d’inoculum chaque
année. La production et la commercialisation de bactéries
du sol sont actuellement à l’étude.
Le Sileban (Manche – France), station d’expérimentation et de développement des cultures légumières en Basse-Normandie, est l’outil technique
de la filière légumière régionale et le porteur du
projet. Sous l’égide de l’AOP Jardins de Normandie, les
travaux et études menés contribuent à la compétitivité des
exploitations légumières, à la qualité des produits légumiers et au développement durable des bassins de
production.
Les grandes orientations du projet sont données par les
partenaires lors des comités de pilotage réalisés tous les 6
mois en alternance entre France et Angleterre.
En quoi consiste le projet ?
Pour ce faire, des essais ont été menés durant les trois années d’études dans les différentes structures. Ces recherches,
8 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
qui s’emploient à diminuer les pollutions de la ressource en
eau mobilisent les leviers suivants :
• La réduction de la fertilisation
• La réduction d’utilisation des produits phytosanitaires
Cette revue va vous présenter plusieurs études conduites
dans le cadre du projet et plus particulièrement, les recherches portant sur la réimplantation des mycorhizes,
champignons naturellement présents dans le sol seront
mises en lumière. Ces micro-organismes permettent une
plus grande exploration du sol que les seules racines des
végétaux, facilitant l’accès des plantes aux nutriments et à
l’eau.
Une seconde étude, portant sur la modélisation statistique
du rendement d’une culture de carottes des sables permet
la réflexion autour des phénomènes complexes en jeu pour
permettre l’amélioration de l’efficience de la fertilisation.
Enfin, une dernière étude portant sur la réduction de l’utilisation d’eau sur une culture de laitues outre Manche sera
détaillée.
HEINZLE Xavier (Sileban)
Presentation
Zones éligibles Interreg IV A France (Manche) - Angleterre
Interreg IV A France (Channel) – Angleterre eligible areas
Le fonds Interreg et
The Interreg Fund and
le programme France the France (Channel) –
(Manche) - Angleterre England Programme
Le fonds Interreg est financé par le FEDER
(Fonds Européen de DEveloppement Régional). Ce fonds vise à promouvoir la collaboration entre différentes régions européennes
pour permettre le développement de solutions
communes dans divers domaines comme le
développement urbain, rural et côtier, la gestion de l’environnement ou le développement
économique.
Le programme de coopération transfrontalière
Interreg IV A France (Manche) - Angleterre regroupe des territoires qui partagent une frontière maritime commune : la Manche.
Ce programme met en œuvre plusieurs projets
autour d’un vaste panel thématique de coopération : développement économique, environnement, culture, tourisme, insertion sociale ou
coopération maritime.
the researchers in mathematics and applied mathematics at
the University of Caen and attached establishments.
PlantWorks Ltd (Kent – England), the producer of Arbuscular Mycorrhizal Fungi in the UK,
produces 5 approved fungal species, in other
words 100 tonnes of inoculum each year. The possibilities for commercial exploitation of soil bacteria are
currently being studied.
Sileban (Manche – France), is Lower Normandy’s experimental and developmental station for
vegetable cultivation, and the technical laboratory
for the vegetable industry. Under the aegis of the
AOP Jardins de Normandie, the work and studies done
there contribute to the competitiveness of vegetable farms,
to the quality of vegetables, and to the sustainable development of regional areas of production.
The strategic directions for the project are established by
the partners in the course of steering committee meetings
held every six months alternately in France and England.
The Interreg Fund is financed by the European Regional Development Fund (ERDF). This fund is intended to promote collaboration between different European regions in order to enable common solutions to be developed in a variety of
areas, such as urban, rural and coastal development, management of the environment or economic development.
The cross-border co-operation programme Interreg IV A France (Channel) - England brings together areas which share a common maritime border – the Channel.
The programme is implementing several projects around a huge range of themes of co-operation: economic development, environment,
culture, tourism, social inclusion and maritime
co-operation.
What does the project entail?
Trials have been conducted during the three years of studies
carried out by the partner organisations. This research is
intended to lead to reduced pollution of water resources,
through:
• reduced use of fertilisers
• reduced use of crop protection products
This journal will present several studies carried out within
the framework of the project, and in particular, will highlight the research undertaken on the re-establishment of
mycorrhizal fungi which occur naturally in the soil. These
micro-organisms enable plants to spread further into the
soil than their roots alone are able to go, thus helping the
plants to gain better access to nutrients and water.
A second study relating to statistical modelling of the yield
of a crop of carrots in sand enables us to consider the complex phenomena involved in improving the efficiency of
fertilisation.
Finally, a recent study on the reduced use of water for a
crop of lettuces across the Channel will be examined.
HEINZLE Xavier (Sileban)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 9
Présentation
Réduire l’impact
de l’agriculture sur
l’environnement :
les leviers d’action
L
’agriculture constitue les deux tiers de l’eau
consommée et la majorité des terres utilisées par
les humains. Son impact sur l’environnement est, de
par le fait, important, que ce soit sur la qualité du
sol, de l’air ou de l’eau.
Le temps de réponse des leviers mobilisés est variable. Certains essais portant sur la réduction de
doses ou sur les mélanges variétaux proposent
des réponses à court terme alors que des essais de
recherche plus fondamentale, portant sur la compréhension des végétaux ou de leurs bio-agresseurs
amènent des solutions à long terme.
Quelques exemples de leviers activés par
VégéDurable 2 :
Les tests de cultures hors sol hydroponique ou sur
sacs de culture permettent de répondre à la problématique d’artificialisation des sols due au développement de l’urbanisation. Les concepts de fermes
verticales rendent les hyper-centres urbains moins
dépendant de zones culturales éloignées, limitant
ainsi les flux de transports.
Les essais cherchant à réduire l’utilisation d’eau activent plusieurs leviers, que ce soit l’accès à l’eau, la
salinisation des sols ou l’érosion grâce à une meilleur compréhension physiologiques des végétaux et
de leurs bio-agresseurs.
Travailler ces problématiques dans le cadre d’un
projet européen a permis de mobiliser un réseau
multidisciplinaire et multiculturel représentatif de
la large zone de production légumière de l’Arc
Manche, sur une gamme importante de légumes et
dont les techniques culturales diffèrent fortement en
fonction des familles végétales et des zones de production. Grâce aux recherches en commun et aux
échanges méthodologiques et scientifiques, cette
coopération active a généré une efficacité accrue.
HEINZLE Xavier (Sileban)
10 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Presentation
Reducing the
environmental impact
of agriculture :
leverage actions
F
arming activity constitutes two thirds of the
water consumed and the majority of land used
by humans. It therefore has a large impact on the
environment, whether it is on the quality of the soil,
the air or water.
The response time in respect of these leverage actions varies. Some trials, based on reducing doses,
or on mixing varieties provide short term responses,
whilst more fundamental trials, based on understanding vegetables and their pests and pathogens
bring long term solutions.
Some examples of the leverage actions carried
out by VégéDurable 2:
The testing of cultures in hydroponics conditions
or in grow bags provides a response to the issue of
artificialisation of the soil caused by urban development. The concept of vertical farms renders the urban hyper-centres less dependent on distant cultivation zones, thus also limiting transport movements.
The trials researching reduced water use activate several levers, whether it is access to water, soil salinisation or erosion, thanks to a greater understanding
of the physiology of vegetables and their pests and
pathogens.
Working on these issues through a European project enabled the mobilisation of a multidisciplinary and multicultural network representative of the
wide Channel Arc vegetable production area, with
an important range of vegetables and varying cultivation techniques according to the family of the
plant or the production area. Thanks to common
investigations and methodological and scientific exchanges, this active cooperation generated a greater
efficiency.
HEINZLE Xavier (Sileban)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 11
Technique
Figure 1
Représentation schématique
d’un système de racines
sans mycorhizes (à gauche)
et avec mycorhizes (à
droite).
Schematic representation of
plant’s root system without
mycorrhiza (left) and with
mycorrhiza (right).
La production légumière
actuelle – les questions
qui se posent
D
epuis quelques décennies, nous témoignons d’une évolution radicale des pratiques agricoles grâce à l’adoption des multiples technologies de la « révolution verte » :
fertilisants chimiques, programmes de sélection végétale,
utilisation de produits phytosanitaires….
Bien que certaines de ces évolutions aient eu des résultats
positifs (augmentation des rendements, réduction de main
d’œuvre…), ces pratiques ont également des conséquences
dont nous ne commençons qu’aujourd’hui à mesurer les
effets. L’utilisation intensive de produits chimiques tels que
les fertilisants et les produits phytosanitaires ont favorisé
la pollution et l’accumulation de composés à l’intérieur du
sol, et a provoqué une perturbation de la microbiologie
délicate mais essentielle des sols.
Afin de répondre à certains de ces constats, des gouvernements à travers le monde agissent pour mettre en place des
dispositifs qui ont pour but de limiter certaines pratiques
agricoles ainsi que l’utilisation de certains produits. A titre
d’exemple, selon la nouvelle directive de l’UE, les apports
de produits phytosanitaires en France doivent diminuer, si
possible, de 50 % d’ici 2018.
12 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
L’application de technologies très anciennes
Face à l’impératif de diminuer les intrants chimiques aux
sols et la limitation de l’utilisation de produits phytosanitaires et de l’eau, les chercheurs en agriculture orientent leur
travail sur des moyens d’optimiser les sols et les substrats
de culture en augmentant ou en stimulant la microbiologie
interne, qui a pour fonction de libérer et d’acheminer les
éléments nutritifs aux végétaux.
Il existe de nombreuses espèces et de souches de bactéries
du sol qui contribuent à la fonctionnalité de la microbiologie interne. Les mycorhizes constituent un des groupes
les mieux caractérisés et probablement les plus significatifs.
Ces micro-organismes s’attachent aux racines des végétaux
pour développer un vaste réseau « d’hyphes fongiques » vers
l’intérieur des sols, qui fonctionnent comme un système
radiculaire secondaire capable d’augmenter le système radiculaire propre des végétaux jusqu’à 700 % (Figs. 1 et 2).
A l’échelle mondiale, des travaux de recherche sur les mycorhizes ont été menés. Depuis 50 ans, plus de 60 000
documents techniques et d’articles ont été rédigés à travers
le monde, représentant un coût de plusieurs dizaine de millions. Ces travaux ont bien prouvé qu’une des principales
Technique
Current vegetable production –
arising issues
T
he adoption of ’green revolution’ technologies that
embraced the use of: chemical fertilisers, plant breeding programmes, pesticide and herbicide use has
borne witness to dramatic changes to agricultural practise
over recent decades.
Although some changes have had many positive outcomes,
such as increased yield, reduced labour etc., there have also
been a significant legacy to these practices that are now
only really being understood. Heavy use of chemical substances, such as fertilisers and pesticides, have resulted in
pollution, the build-up of soil-bound compounds, and the
subsequent disturbance of the delicate but critical microbiology with soils.
In recognition of some of these factors global governments
are moving to implement restrictions on the use of certain
farming practises and products. For example, according
to the new EU directive, input of pesticides in France will
decrease, if possible, by 50 % by the year 2018.
Applying very old technology
With the requirement to limit chemical inputs into soils,
restrictions on the use of pesticides, herbicides and water,
farming researchers are focussing on how to make soils and
growing media more functional, by increasing or stimula-
ting the microbiology within them that functions to release
and transport nutrients to the plants.
Within the long list of species and strains of soil microbes
that contribute to soil functionality, one of the most well
characterised and arguably the most important group is
mycorrhizal fungi. These microbes link to plant roots and
develop a vast network of ’fungal hypae’ into the soils that
function like a secondary root system, increasing the plants
own roots system by up to 700 times (Fig.1 and 2).
Research into mycorrhizal fungi has been a global endeavour with groups across the world contributing to more
than 60,000 technical papers and articles over the last fifty
years representing many tens of millions in investment. It is
well documented from this work that one of the major function of mycorrhizal fungi in soils is to significantly enhance
phosphorus uptake. However, more recent work has also
shown that enhanced nitrogen and micro-nutrient uptake
is also significant, together with the locking essential soil
carbon in the upper soil horizons.
Mycorrhizal fungi can also provide non-nutritional benefits
to their host plants: alleviation of different abiotic (drought,
salt, pH) and biotic (soil-borne pathogens, pests’ attacks)
stresses. In return, the plant supplies the fungal partner
with photosynthesised carbon.
Strictly speaking, 90% of land plants don’t just have roots,
they have a ’mycorrhiza’ which describe this root-fungal
union.
According to a meta-analyses (statistical review from many
published works) performed by Lekberg and Koide (2005)
mycorrhizal colonisation of plant roots, post application of
commercial inocula, was increased by 29%. This extended
symbiosis resulted in a yield increase in the field of 23%
across all management practices.
It is clear that mycorrhizal dynamics are a key component
of ecosystem sustainability. Understanding and managing
this symbiosis is important for maintaining healthy and fertile soil, and ensuring superior growth and health of plants
in farming systems where traditional interventions are to
be restricted.
Current trials
PlantWorks is the only UK mass producer of mycorrhizal
fungi and one of Europe’s largest manufacturers based at
the Kent Science Park in Sittingbourne. By being engaged
in several long-term government funded projects, it supFigure 2.
Représentation schématique de
colonisation par le champignon
mycorhizien
Schematic representation of
mycorrhizal fungus colonising
root (www.mycorrhizas.info/
vam.html).
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 13
Technique
fonctions de ces mycorhizes est d’augmenter de façon importante l’absorption du
phosphore dans les sols. Cependant, des
recherches plus récentes témoignent aussi
d’une absorption plus importante d’azote
et de micronutriments, ainsi que d’un piégeage essentiel du carbone dans les couches
supérieures du sol.
Les mycorhizes peuvent également fournir
des avantages non-nutritionnels à leur plante
hôte : mitigation de divers stress abiotiques
(sécheresse, sel, pH…) ou biotiques (agents
pathogènes dans le sol, attaques des ravageurs…). En contrepartie, la plante fournit
du carbone photosynthétisé au partenaire
fongique.
A proprement parler, 90 % des végétaux terrestres n’ont pas que des racines, ils ont une
‘mycorhize’, terme pour décrire cette union
de racine et de champignon.
Structures mycorhiziennes colorées dans le cortex racinaire A=arbuscule
Selon une méta-analyse (synthèse statistique V=vesicule H=hyphes
de plusieurs documents publiés) réalisée Mycorrhizal structures stained in root cortex. A =arbuscule V = vesicle H = hyphy
par Lekberg et Koide (2005), la colonisation mycorhizienne des racines de végétaux,
après l’application de l’inoculum, augmentent de 29 %. permis d’étudier les avantages de combiner l’utilisation de
Cette symbiose accrue a donné lieu à une augmentation mycorhizes et de bactéries bénéfiques, ainsi que de compadu rendement en plein champ de 23 %, tous systèmes de rer l’efficacité de différentes méthodes de production des
gestion confondus.
mycorhizes.
Il est évident que la dynamique mycorhizienne est un fac- Une étude détaillée, présentée plus loin dans cette revue,
teur clé pour la durabilité de l’écosystème.
a été réalisée par l’introduction de mycorhizes provenant
Il est crucial de comprendre et gérer cette symbiose afin de de PlantWorks dans une culture de fraises en utilisant des
maintenir des sols fertiles et sains, ainsi que d’assurer un fibres de coco comme milieu de culture. Ce travail, dont
niveau de développement et de santé plus élevé des végé- les essais ont été répétés trois fois, a démontré une augtaux dans des systèmes de culture où les interventions et mentation stable de rendement à hauteur de 15 %, ainsi
apports traditionnels seront limités.
qu’une proportion plus importante de fruits ayant obtenu
la meilleure classification commerciale. Cette étude s’est
également intéressée à l’efficacité respective des inoculums
Les essais actuels
mycorhiziens sous forme de granulés (production in vivo)
PlantWorks, basé au Kent Science Park à Sittingbourne, et liquide (production in vitro). Les résultats témoignent
est le seul producteur à grand échelle de mycorhizes au d’un résultat supérieur pour les produits in vivo.
Royaume-Uni, et l’un des plus importants en Europe. A tra- Au-delà de ces travaux, le programme VEGEDURABLE 2
vers son implication dans plusieurs projets de longue durée a également étudié les effets combinés de l’utilisation de
financés par le gouvernement, il soutient des alliances entre mycorhizes et des rhizobactéries bénéfiques favorisant la
les milieux académiques et agricoles dans le but de parvenir croissance des plantes (PGPR), y compris des bactéries
à terme à un système agricole durable grâce à la sensibilisa- fixatrices d’azote, sur des substrats divers en fibre de coco.
tion à l’importance de sols sains et fonctionnels.
Les premiers résultats indiquent un effet positif de cette stiIl existe deux catégories principales de techniques de pro- mulation ainsi qu’un effet de croissance accrue. Ces essais
duction de mycorhizes : in vivo et in vitro.
ont été étendus à l’étude d’un champignon du genre TriLa production in vivo utilise une plante hôte vivante qui choderma, parfois utilisé pour maîtriser des pathogènes du
est inoculée d’une souche de mycorhizes. Cette procédure sol. Des observations ont montré une augmentation du renprésente des avantages par rapport à la biodiversité des dement de tomates et une entrée en production des fruits
espèces que l’on peut produire, mais elle est très longue et plus précoce. Ce travail sera davantage développé par les
exige des conditions de culture très contrôlées.
partenaires dans les années à venir.
Le système in vitro se base sur la soi-disant « culture d’or- En collaboration avec le CATE et le Sileban, des champigane fondamentale », cultivée dans des conditions stériles. gnons mycorhiziens ont été déployés sur des cultures d’artiLa procédure présente des avantages par rapport à la sur- chauts, de carottes et de poireaux dans le sol. Ces essais se
face requise et le temps passé, mais elle ne peut produire sont intéressés aux méthodes d’inoculation et ont permis
qu’un nombre limité d’espèces.
de mesurer le rendement et la taille des légumes par plant.
Le projet VEGEDURABLE 2 a donné aux chercheurs la Ce travail continuera pendant tout le cycle cultural, ce qui
possibilité d’étudier l’utilisation des champignons myco- permettra de réaliser une analyse des données concernant
rhiziens à la fois dans les sols et dans les milieux utilisés le rendement et la phytosanté de ces légumes.
pour des cultures commerciales. Le projet a également
GUBLIS Natallia (PlantWorks)
14 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Technique
Réferences et lectures
supplémentaires
References and further
Reading
Un exemple de groupe de spores (de Rhizophagus irregularis)
reliés par un réseau d’hyphes
An example of a cluster of spores (of Rhizophagus irregularis)
linked up in a hyphal network.
Structure mycorhizienne arbusculaire dans une cellule
corticale racinaire
Mycorrhizal arbuscule structure in a root cortical cell.
ports academic and farming alliances to ultimately achieve
sustainable farming by promoting healthy/functional soil.
There are two main types of cultivation techniques used in
the production of mycorrhizal fungi: in vivo and in vitro.
In vivo production uses a living host plant that is inoculated with a strain of mycorrhizal fungi. The process has
advantages in terms of the biodiversity of species that can
be produced but is time consuming and requires highly
controlled growing areas.
In vitro system is based on so called “root organ culture”
grown in sterile conditions. The system has advantages in
terms of space required and time but is restricted in terms
of species it can produced.
The VEGEDURABLE 2 project has afforded researchers the
opportunity to explore the use of mycorrhizal fungi in both
soil and media for commercial crops. The project has also
allowed for the value of combined mycorrhizal fungi and
beneficial bacteria to be studied, and comparison of the
effectiveness of different mycorrhizal production methods.
Grassini, P., Eskridge, K.M. and Cassman, K.G. (2013)
Distinguishing between yield advances and yield plateaus in historical crop production trends. Nature communications.4: 1-11.
Hodge, A. (2004) The plastic plant: root responses to
heterogeneous supplies of nutrients. New Phytologist
162: 9–24.
Hodge, A. (2012) Microbiology Today. Feed the world?
Arbuscular mycorrhiza and agriculture. May, 90-93.
Lekberg, Y. and Koide, R.T. (2005) Is plant performance
limited by abundance of arbuscular mycorrhizal fungi? A meta-analysis of studies published between 1988
and 2003. New phytologist, 165: 189-204.
Miller, R. M, Jastrow, J. D, Reinhardt, D. R. (1995) External hyphal production of vesicular-arbuscular mycorrhizal fungi in pasture and tallgrass prairie communities. Oecologia, 103 (1): 17-23.
Reported separately in this publication is a detailed study
undertaken introducing mycorrhizal from PlantWorks Ltd
into commercial ’table top’ strawberry production using
coir as the primary media. The work, undertaken over three
repetitions resulted in consistent 15% yield improvement
and an increase in the amount of fruit achieving the highest
commercial grade. This work also looked at the effectiveness
of both granular (in vivo produced) and liquid (in vitro produced) mycorrhizal fungi inocula with the results indicating
that the in vivo produced products having superior results.
In addition to this work the VEGEDURABLE 2 programme
has also investigated the combined effects of mycorrhizal
fungi and beneficial plant growth promoting rhizobacteria
(PGPR), including nitrogen fixing bacteria, on different coir
substrates, where preliminary results indicate a positive stimulatory effect with additional growth effects being noted.
These experiments were extended to include investigation
of a trichoderma fungus, sometimes used for soil pathogen
control, which has been shown to increase the yield and
promote earlier fruiting on tomato plants. This work will
be developed further by the partners over the coming years.
In collaboration with CATE and Sileban mycorrhizal fungi
have been deployed in artichoke, carrot and leek production in soil. The programme has explored the methods of
inoculation and has commenced mapping head yield and
size. This work will continue over the cropping cycle of the
treated crops where an understanding of the yield and plant
health data will be reviewed and reported.
GUBLIS Natallia (PlantWorks)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 15
Technique
Amélioration
de la production de
fraises dans un substrat
de fibre de coco grâce
aux champignons
arbusculaires
mycorhiziens
Les champignons arbusculaires mycorhiziens (CAM) constituent le groupe
fongique le plus répandu de la planète. Ils colonisent la rhizosphère et sont
capables de créer des relations symbiotiques mutualistes avec plus de 80 %
des familles de plantes vasculaires. Cette relation symbiotique permet aux
plantes de bénéficier de davantage de nutriments minéraux et d’eau, prélevés
au sol par les CAM. En contrepartie, les plantes leur fournissent le carbone
organique qui leur permet de se développer.
Effets bénéfiques de la mycorhization du fraisier
La fraise est une culture horticole importante. Au RoyaumeUni, en 2011, la fraise représentait 62% de la production
totale de fruits rouges. Plusieurs études ont constaté les
effets bénéfiques des mycorhizes sur les fraisiers : une augmentation des paramètres de couleurs et de concentration
de composés phénoliques; des stolons; de croissance (couronne, racines et zone de feuillage) et une tolérance au stress
hydrique accrue. Depuis peu de temps, une part importante
de la production de fraises s’effectue en substrat sous abri
afin de prolonger la saison de production et afin d’éviter
les agents pathogènes que l’on trouve dans le sol, comme
le Verticillium dahliae (à cause du retrait du bromure de
méthyle en tant que fumigant du sol). La fibre de coco est
l’un des substrats les plus utilisés au Royaume-Uni.
Etudes sur l’effet des mycorhizes sur fibre de coco
Nous avons réalisé trois études afin de déterminer : (1) si
les CAM sont capables d’améliorer la tolérance des fraisiers
au stress hydrique et d’augmenter l’absorption d’azote; (2)
si une formulation liquide de CAM est aussi efficace qu’une
formulation granulée pour la colonisation de fraisiers dans
un substrat de fibre de coco. Le cultivar de fraisier Elsanta
16 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
(fructification en juin) a été sélectionné pour ces essais. Cette
étude s’emploie à vérifier si l’utilisation de CAM améliore
la production dans des systèmes qui utilisent peu d’intrants
(peu d’azote et irrigation déficitaire) et sur substrat. Outre
les deux traitements CAM (formulation liquide produite in
vitro et formulation granulée produite in vivo), il y avait
quatre autres traitements : apport d’azote ([faible, fort]), et
pour chacun, deux niveaux d’irrigation ([bien arrosé, irrigation déficitaire]). L’azote a été acheminé à chaque plante
par des tuyaux d’irrigation (photos 1 et 2). La production
fruitière a été évaluée tout le long de la période de récolte
afin de déterminer si les traitements CAM ont produit un
rendement plus élevé.
Des rendements 15% plus importants grâce aux CAM
La croissance des fraisiers a été normale quelque soit le
traitement et aucune différence visuelle durant la croissance
n’a été observée entre les traitements. Globalement, le rendement en fruits fût plus important pour les plants inoculés
avec la formulation de CAM granulés que pour les plants
traités avec la formulation liquide. Les rendements de ces
derniers ont été supérieurs à celui des plants non-inoculés.
Ces tendances ont été semblables lors des trois études. Glo-
Technique
Photo 1: Dispositif
expérimental qui
utilise des CAM pour la
production de fraises dans
un substrat de fibre de
coco.
Photo 1: Experimental setup
using AMF in coir substrate
strawberry production.
Use of AMF to improve
strawberry production
in coir bags
Arbuscular mycorrhizal fungi (AMF) are the most widely distributed fungal
groups on earth, and they colonise the rhizosphere and can form mutualistic
symbioses with more than 80 % of vascular plant families. The plants benefit
from this symbiotic relationship by gaining more mineral nutrients and water
extracted from the soil by AMF, and in return the plants excrete organic carbon
sources to support the growth of AMF.
Beneficial effects of mycorrhization
on strawberry plants
Strawberry is an important horticulture crop and within
the UK, in 2011, accounted for 62% of all soft fruit production. A number of studies have reported the beneficial
effects of mycorrhiza on strawberry plants: increased colour
parameters and concentration of phenolic compounds, runners, growth (crowns, roots and leaf area) and tolerance to
water stress. In recent times, to extend the season of supply
and avoid soilborne pathogens such as Verticillium dahliae
(because of the withdrawal of methyl bromide as a soil
fumigant), a large proportion of strawberry is now grown
in substrate under protection. Coir is one of the most common substrates used to grow strawberry in the UK.
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 17
Technique
Photo 2:
Un système de fertirrigation
automatique utilisé lors de
l’étude pour amener des
quantités précises d’eau et de
nutriments aux plantes dans des
sacs en fibre de coco.
An automated fertigation system
used in the experiment to deliver
precise amounts of water and
nutrients to plants in coir bags.
Les doseurs de précision
permettent la maîtrise
des quantités d’eau et
de fertilisants apportées
nécessaires à la
croissance optimale des
cultures.
The precision dosing
pumps offer the control
of water and fertiliser
needed for the optimal
plant development.
balement, les fraisiers qui ont reçu un traitement de CAM
sous forme granulée au moment de la mise en place ont
produit un rendement environ 15% supérieur aux plants
non traités. Cette différence est très significative sur le plan
statistique (voir fig. 1). Le traitement de CAM liquide a
conduit à une augmentation de rendement de presque 10%
par rapport aux plants témoins; cette différence a failli être
significative sur le plan statistique. L’amélioration du rendement est due surtout à l’augmentation du nombre de fruits
commercialisables plutôt qu’à une augmentation du poids
de chaque fruit (voir fig. 1). Un apport élevé en azote a
conduit à un rendement élevé, et un niveau élevé d’irrigation a également conduit à un rendement plus important.
Néanmoins, ces phénomènes n’ont pas été significatifs sur
le plan statistique. Globalement, l’augmentation de la pro18 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
duction de fruits grâce aux CAM a été indépendante des
doses d’azote et de l’eau apportées en cours de culture.
Une amélioration possible de la culture sur substrats
Les résultats obtenus lors de ces études sont encourageants.
Ils laissent à penser que les CAM pourraient jouer un rôle
important dans l’amélioration des cultures élevées sur substrats. Nous menons actuellement des études supplémentaires afin de déterminer si l’augmentation de la production de fruits que nous avons observée pourrait dépendre
de combinaisons spécifiques de cultivars et de types de
substrat. Nous étudions également l’existence possible de
mécanismes biologiques qui pourraient amener une telle
amélioration de rendement.
XU Xiangming (East Malling Research)
Technique
Figure 1:
Rendement moyen en fruit et le poids de fruits pour chaque combinaison de traitement en
CAM, azote et irrigation pour des fraisiers cultivés en sacs de fibre de coco. Les traitements
de CAM granulaire ont conduit à des augmentations significatives de rendement par rapport
aux plantes de contrôle.
Average fruit yield, number of fruit and fruit weight for each combination of AMF, nitrogen
and irrigation treatments for strawberry grown in coir bags. The granular AMF treatments led
to significant yield increases over the control plants.
Study of the effects of mycorrhizae in coir
We have conducted three studies to determine (1) whether
AMF can enhance tolerance of strawberry plants to water
stress and increase nitrogen uptake, and (2) whether a liquid formulation of AMF is equally effective as a granular
formulation in colonising strawberry plants in coir substrate. Strawberry cultivar Elsanta (June-bearer) was used in
the studies. Specifically, we are interested in whether AMF
use could improve fruit production under low input systems (low nitrogen and deficit irrigation) in substrate. In
addition to the two AMF treatments (in vitro produced liquid and in vivo produced granular inoculants) there were
another four treatments ([low, high] nitrogen input, each at
two irrigation levels [well watered and deficit irrigation]).
Nitrogen was delivered to each plant via irrigation lines
(Photo 1 & 2). Fruit production was assessed throughout
the harvest period to determine whether AMF treatments
led to increased yield.
Yield improved by 15% through the use of AMF
Strawberry plants in all treatments grew normally and there
were no visual differences in plant growth between treatments. Overall, fruit yield appeared to be greater for the
granular AMF-treated plants than the liquid AMF-treated
plants, which, in turn, was greater than the un-inoculated
plants. These trends were consistent over the three experiments. Overall, strawberry plants treated with granular AMF
at the time of planting produced approximately 15% more
yield than untreated plants. This difference is statistically
highly significant (Figure 1). The liquid AMF treatment also
led to nearly 10% yield increase over the control plants; this
difference was nearly statistically significant. The increase
in yield was primarily due to the increase in the number
of marketable fruit, rather than the increased fruit weight
(Fig. 1). High nitrogen input led to high yield and similarly
high irrigation led to high yield. However such differences
were not statistically significant. Overall the increase in fruit
production due to AMF was independent of nitrogen and
irrigation regimes tested.
Possible improvements in soilless cultivation
The results obtained in these studies are encouraging, suggesting that AMF could play an important role in improving
the yield of crops produced in substrate. Currently, we are
conducting further experiments to determine whether the
observed increase in fruit production depends on specific
combinations of cultivars and substrate types and to investigate possible biological mechanisms for such increased
yield.
XU Xiangming (East Malling Research)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 19
Technique
Les mycorhizes
en cultures
légumières :
quels intérêts
potentiels pour
les producteurs
légumiers ?
Longtemps sous estimé, le rôle de la microflore
du sol est désormais pleinement reconnu
comme utile au développement des plantes et
indispensable au maintien des agrosystèmes.
Induire et/ou stimuler cette relation entre les
plantes et les champignons dans les systèmes
légumiers offre de nombreux intérêts potentiels.
Des conditions d’implantation primordiale
Induire cette relation entre la plante cultivée et un champignon n’est pas une tâche aisée. La plupart des techniques
actuelles consistent à apporter des spores de champignon
au moment du semis ou de la plantation. Les champignons
commercialisés ont été sélectionnés selon leurs aptitudes à
développer une symbiose de qualité. Cependant, leur réussite dépend de nombreux paramètres. Ainsi, les conditions
d’implantation sont primordiales pour que le champignon
puisse se développer. L’état hydrique du sol, la proximité et
la vitesse d’émergence des racines, la température, l’exposition aux UV et la microflore existante sont autant de paramètres pouvant influencer la qualité de la mycorhization.
De plus, certaines cultures sont plus ou moins aptes à établir cette symbiose. Par exemple, les brassicacées (comme
les choux et les navets) n’entretiennent pas de symbiose au
contraire des poireaux, carottes et laitues. Enfin, en fonction de la microflore indigène, plusieurs de ces cultures établissent naturellement ces symbioses et ne nécessitent pas
forcément d’apporter des mycorhizes.
Des graines préalablement pelliculées
Les premiers travaux réalisés au Sileban, sur des parcelles
du Val de Saire dans le cadre du projet VEGEDURABLE II,
ont mis en évidence les difficultés d’implantation des myco20 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
rhizes dans des cultures de carotte et poireau. Bien que les
spores aient été appliquées au plus près de la graine ou du
plant, la symbiose n’a pas eu lieu, du moins pas suffisamment pour induire un effet significatif sur le développement
végétal. Au début du développement des légumes, des retards de végétation ont même été observés ponctuellement
sur les cultures mycorhizées. Ce moindre développement
pourrait être dû au coût énergétique qu’implique la mise en
place de la symbiose.
En 2014, des études sont en cours afin de vérifier la bonne
implantation et l’intérêt de différentes solutions mycorhizantes dans les sols manchois. Pour éviter une contamination du témoin non traité dû au développement du champignon dans le sol, l’essai est mené en conditions contrôlées
en pots. La mycorhization est testée sur des carottes cultivées dans les sols du Val de Saire, du Mont Saint Michel,
de la côte ouest du Cotentin et de la plaine de Caen. Deux
solutions mycorhizantes sont testées ; la première consiste
à incorporer des spores au sol avant semis (formulation
solide) et la seconde à semer des graines préalablement
pelliculées. Pour l’instant, un fort dépérissement des plants
semés dans la terre du Mont Saint Michel est remarqué,
témoin compris. L’apport de mycorhizes n’est pas responsable de ce phénomène. Il s’agit vraisemblablement d’une
phytotoxicité liée à un désherbant antérieur. Parallèlement
sur les autres types de sols, la mycorhization n’entraine pas
de retard de développement des carottes par rapport au témoin non traité. Les résultats à venir permettront de vérifier
son effet sur la qualité des racines.
Une mycorhization naturelle
Une campagne de prélèvements a été menée pour vérifier la
présence de mycorhizes locales sur carottes et poireaux. Les
premières investigations montrent une mycorhization naturelle des poireaux et carottes de la côte ouest et du Val de
Saire ainsi que la présence de spores dans le sol des quatre
bassins. Cependant, les souches mycorhiziennes n’ont pas
été identifiées.
DAVY Maxime (Ctifl/Sileban)
Technique
Essai 2014 en conditions contrôlées
Trial 2014 under controlled conditions
Mycorrhiza
in vegetable
cultivation: What
potential interests
for vegetable
growers?
The role of soil micro flora has been overlooked
for a long time, but is now fully recognised as
being helpful for plant growth and essential in the
preservation of agroecosystems. There are many
potential reasons to introduce and/or encourage
this relationship between plants and fungi in
vegetable production systems.
Essential conditions for establishing mycorrhizal
symbiosis
It is not easy to induce this relationship between a cultivated plant and a fungus. At the moment, the majority of techniques involve adding fungus spores at the time of sowing
or planting. The marketed fungi are chosen accordingly
with their abilities to develop a symbiosis of quality. However, the symbiosis success depends on many parameters. In
order for the fungus to develop and grow, the conditions in
which it is introduced are of fundamental importance. The
water content of the soil, the speed at which roots appear
and the proximity to them of the added fungus, temperature, exposure to UV rays and the existing micro flora are
all parameters which can encourage or inhibit mycorrhization. In addition, certain crops are more or less likely to
form this symbiosis. Thus, brassicas (such as cabbages and
turnips) do not maintain symbiosis whereas leeks, carrots
and lettuces do. In fact, depending on the forms of native
micro flora, several of these crops form symbioses naturally
and do not necessarily need the addition of mycorrhiza.
Mycorrhized coated seeds
The first trials conducted by Sileban on this topic were on
plots in the Val de Saire in the framework of the VEGEDURABLE II project, and they clearly showed the difficulties of
adding mycorrhiza to crops of carrots and leeks. Although
the spores were applied as close to the seed or plant as possible, symbiosis did not take place, or at least not enough
to have any significant effect on plant development. As the
vegetables began to develop, delayed growth was even observed from time to time on the mycorrhized crops. This lesser development could have been as a result of the amount
of energy expended on forming the symbiosis.
In 2014, trials are taking place in order to verify the mycorrhiza symbiosis and its interest on local soils. In order to
avoid the fungus contamination of untreated soil due to
mycorrhiza development the trial is set up under controlled
conditions. The symbiosis is tested on carrot cultivation on
soil of the Val de Saire, the west coast of the Cotentin, the
Mont Saint Michel bay area and the plain of Caen. Two
mycorrhizing methods are being tested: the first involves
incorporating the spores into the soil (solid form), and the
second involves sowing seeds which have already been coated. For the moment, a high mortality of carrots which are
grown in the Mont Saint Michel bay area soil was pointed
out, untreated plants included. This phenomenon is not
explained by the use of mycorrhiza. It is probably a phytotoxicity linked to a previous herbicide. In parallel, on the
other types of soil, the mycorrhization does not show any
delay, untreated carrots included. The quality of carrots will
be determined thanks to results to come.
A natural mycorrhization
A campaign to take samples of roots was done in order to
verify the local mycorrhization on carrots and leeks. The
first investigation showed a natural mycorrhization on leeks
and carrots of the west coast of the Cotentin and of the Val
de Saire. Spores are also present in the four production
areas types of soil. However, the mycorrhizal stems are not
identified.
Maxime DAVY (Ctifl/Sileban)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 21
Technique
Evaluation
des besoins
en azote de
l’artichaut
pendant
l’année de la plantation
Une parcelle d’artichauts
An artichoke plot
La culture d’artichaut en Bretagne
Différentes doses d’azote à la plantation
L’artichaut est une des principales cultures légumières de
plein champ en Bretagne avec une surface de l’ordre de
6 500 ha. Concentré le long du littoral nord de la Bretagne,
l’artichaut est produit dans les mêmes zones que le choufleur qui est son précédent cultural le plus fréquent. L’artichaut est mis en place pour une durée de deux à trois ans,
permettant ainsi de couvrir une période de production de
mai à octobre.
Etant donné qu’un amendement organique (fumier, compost) est souvent incorporé au sol avant la plantation, un
apport complémentaire d’azote minéral n’est pas obligatoire. Malgré cela, à la fin du premier cycle de culture, on
observe souvent une forte disponibilité en azote nitrique.
Comme l’artichaut utilise peu d’azote pendant l’hiver, cet
azote est en grande partie lessivé. Il faut donc envisager des
moyens de résorber cet azote excédentaire mais, au préalable, il faut chiffrer le plus précisément possible les besoins
de la culture et des reliquats de fin de culture réalistes.
Il existe des données chiffrées sur les teneurs moyennes en
azote des différentes parties d’un plant d’artichaut et on
estime habituellement que l’azote exporté (capitules exportés) est proportionnel à la quantité totale d’azote mobilisée
par la plante.
Pour ce faire, on met en place une culture d’artichaut derrière un précédent cultural pauvre. On apporte l’azote sous
forme minérale et on fait varier la dose apportée à la plantation depuis 0 (insuffisant en principe) jusque 200 unités
(supposé excédentaire).
L’azote du sol est mesuré au début de la culture (avant les
apports) et à la fin.
Les capitules sont récoltés au stade commercialisable et
pesés pour une évaluation des rendements.
L’expérimentation est reconduite deux années de suite.
Comme chaque expérimentation est conduite sur deux ans,
on dispose de trois années d’observations.
Rendement maximum dès 100 unités d’azote apportées
Le premier essai a été mis en place derrière une culture
de maïs grain récoltée à l’automne précédent. Cette culture
Objectif de l’étude
Il s’agit de chiffrer les besoins en azote de l’artichaut pendant le premier cycle de culture, de la plantation à la fin de
la récolte. On cherche également à minimiser le reliquat
d’azote minéral en fin de culture puisque cet azote sera en
grande partie lessivé. Comme on suppose que l’itinéraire
cultural de la première année peut avoir des répercussions
sur son comportement en seconde année, les essais sont
suivis pendant deux ans.
Plant d’artichaut (drageon) / Artichoke plant (sucker)
22 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Technique
Assessment of the
nitrogen requirements of
artichokes during the year
in which they are planted
Cultivation of artichokes in Brittany
The artichoke is one of the principal vegetable field crops
in Brittany, with a surface area of approximately 6,500
hectares. Artichokes are grown in the same zones as cauliflowers - an area concentrated all along the north coast
of Brittany - and cauliflowers are the most common preceding crop. Artichokes are planted for a period of two or
three years, which gives a production period from May to
October.
Given that an organic soil conditioner (in the form of
manure or compost) is often applied to the soil before
planting, the addition of mineral nitrogen is not strictly
necessary. However, a large supply of nitrate nitrogen is
often recorded at the end of the first growing season. As the
artichoke consumes very little nitrogen during the winter,
the majority of this nitrate nitrogen leaches from the soil.
A way needs to be found to re-absorb this excess nitrogen,
but before doing so, the requirements of the crop, and an
assessment of a reasonable amount to be left over at the
end of the season, have to be calculated as precisely as
possible.
Quantitative data relating to the average nitrogen content
of the different parts of an artichoke plant already exists,
and it is generally considered that the nitrogen which is
exported (artichoke heads exported) is proportional to the
total amount of nitrogen absorbed by the plant.
Objective of the study
The aim is to produce figures for the nitrogen requirements
of artichokes during the first growing season, from planting
to the end of harvesting. We are also aiming to reduce to
a minimum the mineral nitrogen left over at the end of the
season because the majority of this nitrogen will leach. As
we suppose that the cultivation pattern of the first year may
have an impact on the behaviour of the crop in the second
year, the trials are conducted over two years.
Different nitrogen input at the start of planting
To achieve our aims, a crop of artichokes was planted after a preceding crop which did not leave much nitrogen.
Nitrogen in mineral form was added to the plantation in
variable doses ranging from 0 (theoretically insufficient) to
200 (theoretically excessive) kg/ha.
The quantity of nitrogen in the soil was measured at the
beginning of the cultivation cycle (before additions) and at
the end.
The heads were harvested when they were marketable
and weighed in order to calculate yield. The experiment
was conducted twice, in successive years. As each experiment took place over two years, this gave us three years of
observations.
Maximum yield per 100 kilogrammes of added nitrogen
per hectare
The first trial crop was planted following a crop of grain
maize harvested the previous autumn. This crop returns
very little nitrogen to the soil after harvest. The quantity
remaining in the spring amounted to 15kg/ha of nitrogen
per hectare.
Maximum vigour was achieved with the addition of at least
100 kg/ha. Yield levelled off above 100 kg/ha although
only the control, with zero nitrogen added, showed a statistical difference from the other treatments. The addition of
up to 100 kg/ha of fertiliser proved very effective.
The weight of the stumps at the end of the first growing
cycle was, surprisingly, relatively constant irrespective of
the dose of nitrogen added. As the tuberous roots form
the storage organs of the plant, which will stay in place
over the winter, they are important for the development
of the plant the following spring. Thus development of the
crop in the second year does not depend on the dose of nitrogen received during the first year. The best yields, which
reached 8 to 9 tonnes/per hectare, were satisfactory and
represented a total take-up of 140 kg per hectare. Although
doses between 0 and 75 kg/ha did not achieve the maximum yield, the crop did not exhaust the mineral nitrogen in
the soil and an incompressible quantity of 30 to 40 kg/ha
remained in the soil. Measuring what was left at the end of
the cycle enabled us to estimate the quantity of mineralised
organic nitrogen in the soil at 120 kg/ha throughout the
growing period (6 April to 5 October).
Nitrogenous mobilisations very dependent
on the climate however
The second trial was planted following a crop of chicory
which had been destroyed in the field, and the crop sufDécembre 2014 - Jardins du Littoral • 23
Technique
restitue peu d’azote au sol après la réMobilisation et reliquat de fin de culture (en unités d’azote) drageon 2013
colte. Le reliquat au printemps était de
15 kg d’azote par hectare.
La vigueur maximum est atteinte à partir de 100 unités apportées. Le rendement plafonne à partir de 100 unités
bien que seul le témoin avec zéro azote
apporté se distingue statistiquement des
autres modalités. La fertilisation apportée est bien valorisée jusqu’à 100 unités
apportées.
Le poids des souches à la fin du premier
cycle est, de façon inattendue, assez
constant quelle que soit la dose d’azote
apportée. Or les racines tubéreuses, organes de réserve qui passeront l’hiver,
sont importantes pour le développement de la plante au printemps suivant.
De fait, le développement de la culture
en seconde année ne dépend pas de la
dose d’azote apportée en première année.
Les rendements de ce second essai ont été nettement moins
Les rendements, qui atteignent 8 à 9 tonnes/ha à l’optibons, ne dépassant pas 6 tonnes/ha pour une mobilisamum, sont bons et correspondent à une mobilisation totion totale n’atteignant pas 100 unités. Sans remettre en
tale de 140 unités/hectare. Bien que les doses allant de
question les résultats du premier essai, ces données nous
0 à 75 unités ne permettent pas d’atteindre le rendement
montrent que les mobilisations dépendent fortement des
maximum, la culture n’épuise pas l’azote minéral du sol et
conditions de croissance.
il reste un reliquat incompressible de 30 à 40 unités. Les
Le reliquat de fin de récolte est très élevé (100 unités
mesures de reliquat de fin de culture permettent d’estimer
jusqu’à 50 unités apportées, et davantage pour les doses
la minéralisation de l’azote organique du sol à 120 unités
supérieures), ce qui résulte d’une minéralisation tardive
pendant la durée de la culture (6 avril au 5 octobre).
dont la culture a peu ou pas profité.
Une fois déduites les autres sources d’azote, la fourniture
du sol par minéralisation dans cette parcelle a été de 150
Mais des mobilisations azotées très dépendantes
unités d’avril à septembre.
du climat
Comme dans l’essai précédent, le poids des souches à la fin
Le second essai a été implanté derrière une culture d’endu premier cycle est à peu près constant et ne dépend pas
dive détruite sur place et la culture a souffert de condide l’azote apporté. Pourtant, on a pu observer, en seconde
tions de croissance moins favorables. En fin de culture,
année, de meilleures performances avec des doses élevées
le retour d’une période pluvieuse a occasionné une forte
d’azote apportées en première année dans le cas d’un hiver
minéralisation.
sans pertes de souches.
Autres observations
Disponibilité en azote et mildiou
(Bremia lactucae) vont de pair
Les attaques de mildiou sont bien corrélées avec la vigueur de
la culture, elle-même conditionnée par la disponibilité en azote.
Les observations montrent de plus fortes attaques de mildiou
pour les fortes doses d’azote apporté. Les attaques sont maximales à partir de 125 unités apportées.
Xanthomonas cynarae et rendement
en deuxième année sont corrélés
Pseudomonas cichorii était trop peu fréquente pour qu’on puisse
en tirer des conclusions. Par contre, l’incidence de la graisse de
l’artichaut, due à Xanthomonas cynarae, est assez bien corrélée
24 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
avec les rendements en seconde année en 2013 mais pas avec la
dose apportée en première année.
Beaucoup d’azote, peu de pucerons
Les pucerons ont été globalement peu présents dans ces essais
(moins de 1 puceron par feuille, le seuil de nuisibilité étant de l10
pucerons par feuille). Toutefois, on observe une corrélation inverse entre la fréquence des pucerons verts (Capitophorus horni) et la dose d’azote apportée. Cette observation n’est pas statistiquement significative et mériterait d’être confirmée avec des
densités de pucerons plus importantes. A noter que des observations effectuées dans le cadre d’autres essais montrent également une corrélation inverse entre la vigueur de la culture et les
infestations de pucerons verts.
COLLET Jean Michel (Ctifl/Caté)
Technique
fered from less advantageous
Mobilisations and residues at the end of cultivation (kg/ha of nitrogen)
growing conditions. At the end
of the growing season, the return of wet weather resulted in
a high degree of mineralisation.
Yields from the second trial
were considerably lower, and
did not exceed 6 tonnes per
hectare with total absorption
of less than 100 kg/ha. While
not challenging the results of
the first trial, these results demonstrate that take-up depends
to a great extent on growing
conditions.
The quantity of nitrogen remaining in the soil was very high
(100 kg/ha where up to 50 kg/
ha had been added and more
for higher doses), which was
the result of late mineralisation from which the crop had
not, or had only slightly, benefitted.
Once other sources of nitrogen had been deducted, the
soil had supplied 150 kg/ha in this plot by mineralisation
between April and September.
As in the preceding trial, the weight of the stumps at the
end of the first growing season was more or less constant
and did not depend on the amount of nitrogen added. Yet
best results were observed during the second year with high
nitrogen levels after a winter without plant losses.
Other observations
Receptiveness of nitrogen and mildew
(Bremia lactucae) go together
sely with the second year yield in 2013 but not with the dose added in the first year.
Mildew attacks correlate closely with crop vigour, which is itself
a function of the availability of nitrogen. Observations showed
that the most serious infections of mildew corresponded to the
highest doses of nitrogen added. The attacks peaked above 125
added kg/ha.
High level of nitrogen means a low number
of aphids
Correlation between Xanthomonas cynarae
and yield in the second year
Pseudomonas cichorii did not appear with enough frequency for
us to draw any conclusions. However, the appearance of bract
spot disease, caused by Xanthomonas cynarae, correlated clo-
Overall, very small numbers of aphids appeared during these
trials (less than 1 aphid per leaf, whereas the damage threshold
is 110 aphids per leaf). However, an inverse correlation was observed between the incidence of green aphids (Capitophorus
horni) and the dose of nitrogen added. This observation was not
statistically significant and needs to be confirmed with higher
densities of aphids. It should be noted that observations conducted in the context of other trials have also shown an inverse correlation between crop vigour and green aphid infestation.
COLLET Jean Michel (Ctifl/Caté)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 25
Technique
Gérer qualité et rendement
en culture de carotte :
fertilisation, sol et eau,
des facteurs essentiels
lisées par les acteurs du développement régional, afin de
mieux comprendre les composantes principales de qualité
commerciale, de qualité sanitaire et de rendement.
Un travail d’enquête auprès des producteurs
et de modélisation statistique
L’essai 2014 en place - the 2014 trial in situ
Un travail d’enquête, de modélisation statistique
et d’expérimentation agronomique permet de
mieux approcher et de comprendre le sol et ses
interactions avec la culture de carottes de sable
des « mielles » de la côte Ouest. La méthodologie
innovante, développée pour suivre pendant
plusieurs années une parcelle, permet de prendre
en compte toutes les variables connues.
La majorité de la production normande de légumes est une
production traditionnelle d’hiver, qui occupe une bonne
place sur les marchés avec quelques produits qui constituent les « piliers du maraîchage normand ». C’est le cas
de la carotte, culture pivot, qui conditionne la vente des
légumes régionaux. La « carotte de Créances », distinguée
par un label rouge en 1960, est une culture menée sur la
côte ouest de la Manche en zone littorale. Depuis près de
10 ans, cette culture fait l’objet d’études spécifiques réa26 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Le travail a débuté en 2005, avant le projet VégéDurable 2,
par la mise en place d’une enquête à la demande des producteurs de carottes du Groupement des Producteurs Légumiers de la Manche (GPLM). Le but de cette étude était
d’identifier si les pratiques culturales avaient une incidence
sur les problèmes sanitaires rencontrés. A partir de 2006,
le projet nécessite une collaboration avec le Laboratoire de
Mathématiques Nicolas Oresme (LMNO) de l’Université de
Caen afin de modéliser la base de données créée et d’identifier les premiers facteurs d’amélioration. Concernant les
aspects maîtrisables, les dates d’implantations et de récolte,
l’usage de certains herbicides (type, stade d’application,
dose), les facteurs fertilisation (rapport N/P ou fréquence
des apports par exemple) ressortent parmi les sources de
variabilités principales sur les différents parcelles enquêtées.
En 2008, une seconde enquête sur la gestion sanitaire fût
mise en place. Elle alimente la base de données déjà conséquente, composée de 186 variables observées sur lesquelles
25 paramètres sont expliqués.
La fertilisation, piste d’amélioration et objet d’essais
dès 2010
En 2010, en vue de valider la lecture des bases de données
et grâce à une participation active du GPLM par le biais de
Dominique Diaz, il a été mis en place le premier essai par
la station d’expérimentation du Sileban. Celui ci a permis
de confirmer dans nos limites d’essai que :
• Les équilibres entre les éléments azote, phosphore et potassium ont une incidence marquée sur le rendement net et
sur la qualité de carottes
• Les quantités de ces éléments fertilisants pris indépendamment ont une incidence très faible sur le rendement
net, taux d’extra et le pourcentage de carottes malades.
Dès 2012, dans le cadre des objectifs de réduction des intrants de Végedurable 2, a été mis en place un essai sur près
d’un demi-hectare pour déterminer les équilibres entre fertilisants nécessaires à la croissance de la carotte en fonction
Technique
La parcelle d’essai depuis 2012 lors de la saison 2014 - The trial plot since 2012 during the year 2014
Managing quality and yield in
carrot cultivation: fertilisers,
soil and water –
the essential elements
If we are to gain a better understanding of the soil and the way it interacts with carrot cultivation in
the coastal sand meadows («les Mielles») of the West Coast of the Cotentin, thorough investigation,
statistical modelling and agronomic experimentation are required. An innovative methodology has
been developed, enabling a single plot to be observed for several years, thereby enabling all known
variables to be taken into consideration.
Traditional winter produce accounts for the majority of
vegetable production in Normandy, occupying a firm place
in the market overall and with certain products widely recognised as “pillars of Normandy market gardening”. This is
the case for the carrot, a key crop which has a strong influence on the sale of other vegetables from the region. The
“Créances carrot” which received the Red Label for quality
in 1960, is grown in the coastal zone of the west coast of
the Manche Department. Specific investigations into this
crop, conducted by stakeholders in regional development,
have been taking place for almost 10 years with the aim of
gaining a better understanding of the key elements of commercial quality, sanitary quality and yield.
A detailed investigation with the producers
and statistical modelling
Work began in 2005, before the VégéDurable 2 project,
with an investigation undertaken at the request of carrot
producers from the Manche Vegetable Producers Organisation (Groupment des Producteurs Légumiers de la Manche,
“GPLM”). The aim of this study was to ascertain whether
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 27
Technique
du stade de culture sur un sol sableux. Dans cet essai, nous
avons fixé le phosphore et le potassium et avons fait varier
l’azote dans une proportion de 0 à 120 unités apportées
pour les apports réalisés jusqu’à 60 jours après semis, soit
2 apports au total. Après un travail de modélisation statistique, cet essai confirme les conclusions des enquêtes et de
l’essai 2010. Mais, il révèle une forte variabilité spatiale
des rendements de l’ordre de 20 % pour une échelle de
quelques dizaines de mètres malgré le fait que cette parcelle
soit réputée homogène. Cette variabilité semble ne pas être
aléatoire et est plus importante que l’effet de la fertilisation,
qui elle fait varier les rendements d’environ 5%. Elle pourrait être induite par l’hétérogénéité du matériel végétal utilisé, la pratique professionnelle, l’historique ou la structure
même du sol de la parcelle.
A la recherche des facteurs de qualité et de rendement
Les principaux facteurs encore absents de la base de données concernent la matrice la moins connue et maîtrisée en
agriculture : le sol. L’étude de paramètres physico-chimiques
complémentaires et du comportement de l’eau du sol est
réalisée sur la parcelle d’essai de 2012, malgré une plantation de poireaux. Les investigations sont menées par
horizons de 10 cm, allant pour certaines mesures jusqu’à
un mètre de profondeur, l’enracinement d’une carotte pouvant dans certaines conditions avoisiner cette profondeur.
Ces paramètres, reflétant la structure physique ou l’état
chimique de base, variant faiblement dans le temps, il a été
décidé de les apprécier en les liants aux résultats 2012. Cet
essai a permis de tester et de sélectionner les paramètres
les plus explicatifs (densité apparente, magnésium…) afin
d’accentuer leur étude l’année suivante.
En 2014, toujours sur la même parcelle, la dernière année
d’étude s’emploie à vérifier directement les paramètres mis
en avant en 2013 sur une culture de carottes et sur sa dynamique de développement. Pour accentuer les différences,
l’essai est mis en place suivant deux types de travail de sol
(traditionnel et superficiel) et de nouveaux paramètres sont
évalués (température des horizons du sol…)
Exemple de résultat des essais 2012 : ici répartition spatiale
du pourcentage de carotte extra observé dans la parcelle
Example result of the 2012 trials – spatial distribution of the
percentage of premium carrots in the plot
Quel est l’avenir après VégéDurable 2 ?
Depuis la genèse du projet, centré autour de la gestion
sanitaire des carottes, jusqu’à la recherche d’une variabilité inexpliquée, cette étude a mobilisé des compétences
complémentaires. La compréhension des phénomènes en
jeu, pouvant permettre un gain substantiel de rendement, a
mené à entrer dans un logique « système », en développant
des méthodologies de travail non utilisées en agronomie.
La modélisation ainsi conduite permet d’identifier le jeu
complexe des interactions entre variables qu’il faut comprendre avant de modifier les pratiques culturales.
Les paramètres retenus seront vérifiés et confirmés. Leur
transposition dans d’autres environnements culturaux sera
évaluée. En parallèle, une réflexion sur la modification de
l’itinéraire technique prenant en compte ces paramètres
sera menée.
La finalité de cette étude pourrait mener au développement
d’un outil informatique innovant qui aiderait la profession
à suivre ses parcelles et à mieux conduire leurs fertilisations. Il permettrait de gérer des sensibilités particulières
liées au travail du sol, à l’alimentation hydrique ou aux
interventions techniques.
28 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Exemple de résultat des essais 2012 : ici répartition spatiale
du pourcentage de carotte extra modélisé dans la parcelle
Example of 2012 trials results: spatial distribution of the extra
carrot percentage modelled in the plot
Dominique DIAZ (GPLM), Xavier HEINZLE (Sileban),
François KAUFFMANN (LMNO), Franck VIAL (Sileban)
Technique
cultivation methods had an impact on disease issues which
were being encountered. From 2006, the project began a
collaboration with the Nicolas Oresme Mathematical Laboratory (LMNO) at the University of Caen in order to model
the database which had been created and to identify initial
points for improvement. Among the factors which could
be controlled, planting and harvest dates, use of certain
herbicides (type, stage when applied and dose) and factors
relating to fertilisation (e.g. N/P balance or frequency of
inputs) emerged as being among the principal sources of
variability for the different plots studied.
A second investigation into the management of plant health
issues took place in 2008. This added to the already substantial database which comprised 186 observed variables,
with 25 parameters explained.
Fertilisation, area for improvement and subject of
trials from 2010
In 2010, Sileban, the experimental research centre, organised the first trial with a view to validating the interpretation of the databases, conducted thanks to the active participation of the GPLM though the good offices of Dominique Diaz. This experiment enabled us to conclude, within
the limitations of the trial, that:
• The balance between the elements nitrogen, phosphorus
and potassium has a significant impact on net yield and the
quality of carrots
• The quantities of these elements taken separately have
very little impact on net yield, the percentage of premium
produce or the percentage of diseased carrots.
From 2012, a trial was conducted on a plot of almost half
a hectare in the framework of the objectives of VégéDurable
2, which are to reduce the level of inputs. The trial aimed to
determine the balance between fertilisers required for carrot growth in sandy soil at different stages of the growing
cycle. For this trial, we used a fixed quantity of phosphorus
and potassium, and varied the amount of added nitrogen in
proportions from 0 to 120 units, with the additions taking
place up to 60 days after sowing, i.e. 2 additions in total.
Once statistical modelling had been completed, this trial
confirmed the conclusions of the investigations and the
trial conducted in 2010. However, it revealed large variability in yield, around 20%, between different parts of the
field, to within a few dozen metres, even though the plot in
question was supposed to be uniform. This variability did
not appear to be random and was more significant than
the impact of fertilisation, which only made yields vary by
about 5%. It could be caused by the variety of different
plant material used, cultivation methods practiced by the
producers, cultivation history, or even the soil structure of
the plot.
The quest for factors affecting quality and yield
The principal elements which are still lacking in the database concern the least known and least controlled matrix in
agriculture – the soil. Despite the presence of a plantation
of leeks in the trial plot, a study was made of the complementary physical/chemical parameters of the soil and the
behaviour of water in it. Investigations were conducted in
horizons of 10cm, with certain measurements going down
to 1m in depth because under certain conditions a carrot
can reach this depth. As these parameters reflect the physical structure or the basic chemical state of the soil, they
do not vary much over time, and it was therefore decided
that the assessment should be based on the 2012 results.
This trial enabled us to test and select the most informative
parameters (e.g. apparent density, magnesium) in order to
prepare to study them in more depth the following year.
Still using the same plot, the final year of study in 2014 was
used to ascertain the effects of the parameters on which we
had focused in 2013 directly on a crop of carrots and its
development process. In order to highlight the differences,
the trial was installed following two types of tilling (traditional and surface), and additional new parameters were
calculated (e.g. temperature of the soil horizons).
What happens after VégéDurable 2?
This project, initially based on disease management for carrots and moving on to conduct research into unexplained
variabilities, has brought in complementary skills from its
outset. Gaining an understanding of the factors at work
and thereby being able to increase yields substantially has
made us work in a “system” approach, in which we have
developed methodologies not normally used in agronomy.
The type of modelling we have conducted has enabled a
complex web of interactions between variables to be identified, and these have to be understood before agricultural
practices are changed.
The parameters we have highlighted need to be verified
and confirmed. We need to evaluate how they can be transposed to other agricultural contexts. In parallel, consideration will be given to changes in the technical aspects of
cultivation which need to be made to take these parameters
into account.
In the end, this study could lead to the development of an
innovative software tool which could help the profession
to monitor their fields and fertilise more advantageously.
It would enable them to manage particular susceptibilities
connected with tilling, irrigation or technical operations.
Dominique DIAZ (GPLM), Xavier HEINZLE (Sileban),
François KAUFFMANN (LMNO), Franck VIAL (Sileban)
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 29
Technique
Développer des points
de consigne d’irrigation afin
d’améliorer l’utilisation d’eau
de la production de laitue
de plein champ
Historique
Une grande variété de légumes est cultivée en plein champ
en Angleterre sur une superficie d’environ 120,000 hectares. Les plus grands bassins de production sont dédiés à
la culture de Brassica et d’Allium, de carotte et de laitue. Les
bassins principaux de production sont dispersés partout au
Royaume-Uni, du sud-ouest de l’Angleterre jusqu’au centre
de l’Ecosse. La valeur totale de la production nationale représente environ 900 millions de livres sterling (soit plus
d’un milliard d’euros). Ces légumes sont principalement
cultivés par des spécialistes, la plupart desquels ont des
zones de production partout dans le pays ou ils s’approvisionnent de sources divers ; ceci garantie souvent l’approvisionnement en continu. Dans le cas de cultures plantées
comme la laitue, l’irrigation reste primordiale pour une
bonne implantation et une bonne croissance. La plupart
des légumes requièrent une bonne irrigation afin de maximiser le rendement et la qualité de la récolte. En 2005, 56%
du volume total d’eau utilisé pour l’irrigation agricole en
Angleterre était consacré aux pommes de terre et 27% aux
cultures légumières. Afin de permettre aux producteurs de
maintenir ou d’augmenter le rendement de leurs cultures
face à des températures estivales toujours croissantes,
face à l’amenuisement des ressources en eau et face aux
demandes d’une meilleure protection de l’environnement
par l’Etat, de nouvelles méthodes de production améliorant
l’efficience d’utilisation de l’eau et des nutriments et le respect de « meilleures pratiques » sont nécessaires.
Approches et objectifs
Des économies d’eau significatives peuvent être obtenues
sans réduire le niveau de rendement commercial lorsqu’un
type d’outil scientifique de planification de l’irrigation est
utilisé pour faire concorder « l’offre et la demande ». « L’irrigation déficitaire » propose une autre option de gestion
intéressante dans des régions où les ressources en eau sont
déjà limitées et dont sa raréfaction continue. Le principe de
cette technique est de fournir une quantité moindre d’eau
que celle dont la plante a besoin lors de chaque irrigation.
L’Irrigation Déficitaire Régulée (IDR) et le Partial Rootzone
Drying (PRD) – le séchage partiel des racines, sont les
30 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
deux formes d’irrigations déficitaires les plus répandues
et offrent un potentiel énorme d’optimisation d’utilisation
d’eau tout en maintenant ou en améliorant le rendement
commercialisable et la qualité des légumes et à condition
que ces systèmes soient mis en œuvre et soit suivis judicieusement. La recherche a déjà montré qu’une irrigation déficitaire sévère pendant laquelle uniquement 50% de l’eau
perdue par la transpiration est remplacée peut avoir comme
résultats le jaunissement des feuilles et une qualité moindre
sur des feuilles d’épinard commercialisables (Leskovar, D.I.
& Piccinni, G., 2005). Les auteurs de cette étude ont trouvé
qu’un régime d’irrigation déficitaire de 75% avait un effet
d’amélioration sur l’efficacité de l’utilisation de l’eau sans
pourtant réduire le rendement, mais les effets sur les feuilles
post-récolte n’ont pas été étudiés. Des recherches récentes
ont montré que la qualité et la durée de conservation d’une
laitue ‘Iceberg’ fraichement coupée était meilleure pour
les plantes ayant subi une irrigation déficitaire pendant la
période de culture (Luna, M.C. et al., 2012). Ces auteurs
ont aussi démontré qu’une laitue ‘Romaine’ fraichement
coupée ayant subi une irrigation déficitaire avait une meilleure qualité visuelle globale et dégageait moins d’odeurs
Technique
Developing irrigation set
points to improve water use
efficiency in field-grown
lettuce production
Figure 1 : Programmer
l’irrigation des cultures
avec une météo instable est
compliqué, de nouveaux outils
sont nécessaires afin d’aider
les producteurs à améliorer
la durabilité économique et
environnementale de leur
exploitation.
Scheduling irrigation to
commercial crops during
changeable weather is
challenging and new guidelines
are needed to help growers
improve the economic and
environmental sustainability of
their businesses.
Background
A diverse range of vegetable crops is grown outdoors in the
UK on an area of about 120,000 ha. The largest areas are
devoted to production of Brassica and Allium crops, carrot and lettuce and the main crops are grown over a wide
geographical spread, from south-west England to central
Scotland. The total value of home production marketed is
about £900 million. These crops are grown mainly by specialists, many of whom grow crops in, or source crops from,
different parts of the country and this provides continuity
of supply in many instances. For transplanted crops such as
lettuce, irrigation is important for crop establishment and
most vegetable crops require irrigation to maximize yield
and quality. Of the total amount of water used for crop
irrigation in England in 2005, 56% was used for irrigation
of potato crops and 27% for irrigation of vegetables. If vegetable growers are to maintain or increase yields against
a backdrop of increasing summer temperatures, dwindling
water supplies, and government demands for greater environmental protection, new production methods that
improve water and nutrient use efficiency and utilise ‘best
practice’ are needed.
Approaches and objectives
Significant water savings can be achieved without reducing
marketable yields when some form of scientific irrigation
scheduling tool is used to ‘match demand with supply’. Deficit irrigation offers another attractive management option
in areas where water resources are already limited and likely
to worsen. The techniques involve applying less water than
the plant needs at each irrigation event. Regulated Deficit
Irrigation (RDI) and Partial Rootzone Drying (PRD) are
the two most widely used forms of deficit irrigation and
offer great potential to optimise water use efficiency whilst
maintaining or improving marketable yields and quality,
provided that they are applied and maintained judiciously.
Previous research has shown that severe deficit irrigation in
which only 50% of water lost by transpiration was replaced
resulted in yellowing and lowered quality of processing spinach leaves (Leskovar, D.I. & Piccinni, G., 2005). These
authors reported that a 75% deficit irrigation regime improved water use efficiency without reducing yields but did
not investigate effects on post-harvest leaf quality. Recent
research has shown that the quality and shelf-life of freshcut ‘Iceberg’ lettuce was better preserved in plants receiving
deficit irrigation during the growing period (Luna, M.C. et
al., 2012). These authors also reported that fresh-cut ’Romaine’ lettuce grown with deficit irrigation showed higher
overall visual quality and fewer off-odours after 13 days of
storage (Martinez-Sanchez et al., 2012).
The objectives for the lettuce water use efficiency research
in this Interreg project are to:
1) Identify the soil matric potentials at which shoot physiological responses to drying soil are first triggered
2) Develop and test lower irrigation set points that save
water whilst maintaining marketable yields and quality
3) Use this information to develop new irrigation guidelines to improve on-farm water use efficiency
Deriving irrigation set points
‘Little Gem’ lettuce plants were potted in to 12 L pots
of sandy loam soil and maintained in a controlled environment facility at EMR (Figure 2). At planting, Decagon
MPS2 matric potential probes and 10HS probes were inserted at two different depths and connected to Decagon
EM50G dataloggers with telemetry. Throughout establishment and development, irrigation was scheduled to match
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 31
Technique
bien irriguées ont été identifiés. Ces informations ont servi
de base pour créer une deuxième expérience durant laquelle
les effets de points de consigne plus faibles vont être mesurés sur le développement d’une plante, la qualité de ses
feuilles et sa conservation.
Points de consigne pour les essais d’irrigation
Figure 2 : Des laitues ‘Little Gem’ ont été cultivées dans un
sol limono-sableux dans des pots de 12 L en environnement
contrôlé afin de mesurer leurs réponses aux différents niveaux
d’assèchement du sol.
‘Little Gem’ lettuce plants were grown in 12 L pots of sandy loam
soil in a controlled environment facility to measure their responses
to different degrees of soil drying.
au bout de 13 jours de conservation (Martinez-Sanchez et
al., 2012).
Les objectifs des recherches sur l’amélioration de l’efficience d’eau d’une culture de laitue dans le cadre du projet
Interreg sont les suivants :
1) Identifier les potentiels matriciels des sols pour lesquelles
les premières réponses physiologiques à l’assèchement du
sol sont déclenchées
2) Développer et définir des points de consigne d’irrigation
nécessitant moins d’eau, tout en maintenant le rendement
commercial et la qualité des produits
3) Utiliser ces informations afin de développer de nouveaux
conseils d’irrigation et d’améliorer l’efficience d’utilisation
de l’eau chez les producteurs.
Obtenir des points de consigne d’irrigation
Des laitues ‘Little Gem’ ont été cultivées dans un sol limono-sableux dans des pots de 12 L en environnement
contrôlé sur le site de l’EMR (Figure 2). Des sondes tensiométriques Decagon MPS2 et des capteurs10HS ont été mis
en place à deux profondeurs différentes et connectés à des
enregistreurs de données Decagon EM50G avec télémétrie
lors de la plantation des laitues. Pendant toute la phase
d’installation et de développement végétal, l’irrigation a été
fixée à un niveau qui fait correspondre l’offre à la demande,
le potentiel matriciel du sol a été maintenu au plus près de
la capacité au champ (~10 kPa). Lorsque les plantes ont
atteint leur taille commerciale, l’irrigation d’une moitié des
pots a été réduite à 80% du volume d’eau perdu par transpiration afin d’obtenir l’assèchement progressif de la terre.
Les réponses physiologiques des plantes à cet assèchement
ont été mesurées de façon journalière et comparées à celles
des plantes bien irriguées pour identifier à partir de quel
degré d’assèchement du sol les premiers effets étaient visibles sur les principales caractéristiques agronomiques.
Les potentiels matriciels des sols pour lesquels les réponses
physiologiques des feuilles à l’assèchement ont changé de
façon statistiquement significative par rapport aux plantes
32 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
Les laitues ‘Little Gem’ ont été mises en terre selon la
méthode décrite ci-dessus. En supplément du témoin bien
irrigué, l’irrigation de certains pots était arrêtée jusqu’à ce
que le potentiel matriciel du sol ait atteint soit -40, -80 ou
-120 kPa (Figure 3). La durée de chaque arrosage était ajustée pour que la quantité d’eau ajoutée soit suffisante afin
d’augmenter le potentiel matriciel du sol au niveau de la capacité prévue, tout en minimisant leur perte en eau. Chaque
pot de la modalité bien irriguée a reçu un total de 4,7 litres
d’eau pendant toute la durée de l’expérience. Les plantes
sous le régime DD1, DD2 ou DD3 avec un déficit d’irrigation ont reçu 3,3, 3,3 et 2,6 litres d’eau respectivement. Les
effets de ces quatre traitements ont été déterminés notamment sur la croissance et le développement des plantes, les
paramètres physiologiques, les poids frais et sec des feuilles
à la récolte ainsi que la durée de conservation potentielle.
Le poids total frais était réduit de façon significative lors des
traitements DD2 et DD3, même si le poids sec des feuilles
n’a pas été affecté. Ces informations ont été utilisées pour
développer et tester des régimes d’irrigation plus économes
en eau lors d’essais en plein champ sur le site de l’EMR.
Développement de stratégies d’irrigation économes en
eau
Lors des essais en plein champ en 2014, les laitues ‘Little
Gem’ ont été plantées dans un sol limono-sableux en
planches surélevées, sous un tunnel plastique afin de les
protéger de toute précipitation (Figure 4). Un dispositif statistique en blocs aléatoires complets a été utilisé afin de
maximiser les degrés de libertés de l’essai et des capteurs
d’humidité du sol ont été mis en place à 20 et 40 cm de
profondeur sous des plantes représentatives de chacune
des trois modalités qui sont : 1) contrôle commercial, pour
lequel les plantes ont reçu une quantité d’eau suffisante afin
de maintenir le sol à la capacité du champ (-10 to -15 kPa)
ou aux alentours de celui-ci ; 2) un régime d’essai producteur, pour lequel il n’y a eu irrigation qu’à partir du moment
où le potentiel matriciel du sol à 20 cm ait atteint le point
de consigne le plus bas obtenu à partir des expériences
en pot (-40 kPa); 3) deux régimes d’IDR où l’eau n’était
apportée qu’une fois le potentiel matriciel du sol à 20 cm
ait atteint -80 or -120 kPa. Les effets de ces régimes d’irrigation sur le développement foliaire et les réponses physiologiques des plantes ont été évalués ainsi que le poids frais
et sec des têtes de laitue lors de leur récolte. Les effets des
régimes d’irrigation sur la vitesse de dégradation pendant
la phase de conservation des laitues sont en cours d’étude
à l’aide de techniques d’émission de fluorescence chlorophyllienne. Chaque valeur d’efficience de l’eau (la quantité
d’eau en litres nécessaire pour produire une récolte d’un kg
de poids frais commercialisable) sera calculée pour chacun
des régimes d’irrigation.
Mark A. Else, East Malling Research, Kent, ME19 6BJ, UK;
[email protected]
Technique
Figure 3. Modifications dans le potentiel de la matrice des sols pour le traitement
bien irrigué (WW) et trois traitements IDR (DD1, DD2, DD3) pour lesquels les plantes
n’ont pas été irriguées avant que le potentiel de la matrice du sol atteigne les
valeurs prédéterminées.
Changes in soil matric potential under the well-watered treatment (WW) and three
RDI treatments (DD1, DD2, DD3) in which irrigation was withheld until the soil matric
potential reached pre-determined values.
demand with supply and soil matric potential was maintained close to field capacity (~10 kPa). Once plants reached
a marketable size, irrigation to half of the pots was reduced
to 80% of the volume of water lost by transpiration so that
gradual soil drying was imposed. Plant physiological responses to drying soil were measured daily and compared
to those of well-watered plants to identify the degree of
soil drying at which agronomically important traits were
first affected. The soil matric potentials at which leaf physiological responses to soil drying became statistically significantly different from well-watered plants were identified.
This information was used to design a second experiment
where the effects of a range of lower irrigation set points
on plant growth, leaf quality and shelf-life potential were
determined.
Testing irrigation set points
‘Little Gem’ plants were planted and established as described above. In addition to the well-watered control, irrigation was withheld from some pots until the soil matric
potential at 20 cm depth reached either -40, -80, or -120
kPa (Figure 3). The duration of each irrigation event was
adjusted so that sufficient water was added to raise the soil
matric potential back to pot capacity whilst minimising
run-off from the pots. Throughout the experiment, each
plant in the well-watered treatment received a total of 4.7
L of water; plants under the DD1, DD2 or DD3 deficit
irrigation treatments received 3.3, 3.3 and 2.6 L of water,
respectively. Effects of the four treatments on plant growth
and development, plant physiological parameters, leaf fresh
and dry weights at harvest and shelf-life potential were determined. Total plant fresh weight at harvest was reduced
significantly by the DD2 and DD3 treatments, although
leaf dry weight was not affected. This information was used
to develop and test water-saving irrigation regimes in scientific field trials at EMR.
Figure 4. Expérimentation de plein champ à
l’EMR durant laquelle les effets de différents
régimes d’irrigation déficitaire sont
déterminés sur le rendement commercial,
la qualité et la durée de conservation des
laitues
Field experiment at EMR in which the effects
of water-saving irrigation scheduling
regimes on crop marketable yield, quality
and shelf-life were determined.
Developing water-saving irrigation strategies
In field trials in 2014, ‘Little Gem’ lettuce plants were
planted in a sandy loam soil in raised beds covered by a
polytunnel to exclude any rainfall (Figure 4). A randomised
block design that maximised statistical degrees of freedom
was used and soil moisture sensors were installed at 20 cm
and 40 cm depths under representative plants in each of
three treatments, which were: 1) Commercial Control, in
which plants received sufficient irrigation water to maintain
the soil at or near to field capacity (-10 to -15 kPa); 2) A
Grower Test Regime, where irrigation was withheld until
the soil matric potential at 20 cm depth reached the lower
irrigation set point derived from the pot experiments (-40
kPa); 3) Two Regulated Deficit Irrigation regimes where irrigation was applied once the soil matric potential at 20 cm
depth reached -80 or -120 kPa. The effects of the irrigation
regimes on shoot growth and physiological responses were
determined and lettuce head fresh and dry weights were
recorded at harvest. The effects of the irrigation treatments
on the rate of degradation during shelf life tests are being
assessed using chlorophyll fluorescence parameters and the
Water Productivity value (litres of water used to produce
1 kg fresh weight of marketable yield) for each irrigation
regime will be calculated.
Mark A. Else, East Malling Research, Kent, ME19 6BJ, UK;
[email protected]
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 33
Communications
Partage des résultats acquis /
Sharing the results
Chaque partenaire présente et relaie les résultats issus du réseau technique et scientifique VégéDurable 2.
Comme l’illustrent les pages suivantes, tout type de public et d’événements sont visés, de la visite de lycéens
jusqu’à la présentation des résultats devant des pairs. En point d’orgue du projet, une conférence de restitution
collégiale se déroulera au mois de février à Caen.
Each partner presents and relays the results from the technical and scientific VégéDurable 2 network. As shown
on the following pages, all types of audiences and events are concerned included, from the visit of students to
the presentation of results to peers. As the climax of the project, a collective final conference will take place on
February in Caen.
uth East et BBC R4 /
Présentation sur la BBC So East and on BBC R4
h
Presentation on BBC Sout
Création du logo /
Logo creation
international
Participation au symposium ées » /
« carotte et autres apiac r apiacea”
d othe
Participation in “carrot an osium
international symp
34 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
ins du littoral » /
Présentation dans « Jard du littoral”
Presentation in “Jardins
Présentation dans la lettre
/
d’information EMRA News ter
let
ws
ne
RA
Presentation in the EM
Communications
p visits
Visites de groupes / Grou
èmes
contres de
Participation aux 11 ren l’analyse /
et de
la fertilisation raisonnée
eting of the
Participation in the 11th me analysis
d
rational fertilisation an
Création de posters /
Posters creation
la publication de l’AAB /
Articles scientifiques dans e AAB publication
Scientific articles in th
Inde /
Participation à l’ICOM7 en ia
Ind
in
Participation in ICOM7
rhizes /
Formation détection Myco ng
Mycorrhiza detection traini
rd’hui & Demain » /
Présentation dans « Aujou ui & Demain”
Presentation in “Aujourd’h
Décembre 2014 - Jardins du Littoral • 35
Communications
/
n of Applied Biologists »
Présentation à « Associatio ion of Applied Biologist”
iat
Presentation to the “Assoc
régionale « Reflet » /
Présentation dans la revue al review “Reflet”
Presentation in the region
la science /
Participation à la Fête de festival
ce
Participation in the scien
Présentation du projet /
Project presentation
Portes ouvertes de l’EMR
EMR open days
36 • Jardins du Littoral - Décembre 2014
/

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