Letter from Adolf von Bu to Louis de Beausobre (Dresden, 30

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Letter from Adolf von Bu to Louis de Beausobre (Dresden, 30
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Letter from Adolf von Bu to Louis de Beausobre
(Dresden, 30 November and 2 December 1763)
Berlin State Library – Prussian Cultural Heritage, Handschrienabteilung, Nachlaß Beausobre (NL 235),
Bla 30-31
Origin: Der Brief wurde in Dresden am 30. November und am 2. Dezember 1763 verfasst.
Citation: Leer from Adolf von Buch to Louis de Beausobre (Dresden, 30 November and 2 December
1763). Ed. by Anne Baillot. Prepared by Anne Baillot, Marion Siéfert. In: Leers and texts: Intellectual
Berlin around 1800. Ed. by Anne Baillot. Berlin: Humboldt-Universität zu Berlin. Last modified: 23 August 2014.
http://tcdh01.uni-trier.de:8090/berliner-intellektuelle/manuscript?Brief16vonBuchanBeausobre
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à Dresde ce 30me Novembre 1763.
Monsieur et très cher Ami,
L’obligation, que je Vous ai de Vos leres est d’autant plus grande, que Vous faîtes
un œu vre tout-à-fait gratuit, parceque je ne puis pas Vous rendre ma correspondance aussi interessante, que la Votre l’est pour moi. e pourrés Vous aendre de
moi? des nouvelles politiques, nous en apprenons nous mêmes ce, qu’il y a de plus
interessant par les leres de Pologne, que Vous pouvés avoir plûtôt à Berlin, que
nous; des nouvelles de la ville, comme Vous ne connoissés personne ici, Vous n’y
prendriés pas beaucoup de part, et d’ailleurs ce sujet est assés sterile; de mes propres
reflexions; si je pouvois supposer, que Vous n’en auriés pas êté fatigué en tout autre
tems, j’aurois doublement sujet, de le craindre à present, que l’ennui et le degout de
mon sejour a deprimé le peu de vivacité, qu’il pouvoit y avoir dans mon esprit. Peutêtre, que la paresse, que je ne sens jamais plus vivement, que, quand j’ai le moins
de dissipation, ne contribue pas peu, à me faire envisager les raisons de mon silence
plus fortes, qu’elles ne le sont peut-être. Enfin quelqu’elles soyent mes deux ou trois
dernieres leres Vous doivent avoir convaincu, que ma correspondance n’est pas des
plus agréables; je dirai plus sur ce sujet, si l’indulgence, que Vous êtes accoutumé
d’avoir pour mes defauts, et la façon, dont Vous repondés à ce sujet ne me faisoit
craindre, qu’à la fin Vous pourriés soupçonner, que je suis si porté à avouer mes fautes, parceque cet aveu me procure des compliments de Votre part; c’est pourquoi je
Vous parlerai d’autre chose.
Vous Vous souviendrés peut-être, qu’en allant ici, je contois parmi les agrements
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de mon poste l’idée, que j’avois, que la Saxe êtoit l’entrepôt de la lierature allemande, mais je me suis aperçu, que, si cee idée a quelque réalité, elle doit être restrainte
à la seule ville de Leipsic. Car ici non seulement les librairies sont [2] fort mal fournies, mais on vend aussi les livres à un très haut prix: avec cela les librairies n’ont
pas assés de correspondance, pour faire avoir les livres, qu’ils n’ont pas dans leurs
magasins. Ce n’est pas, qu’ils ne promeent de le faire, mais il faut aendre très
longtems et quelquefois en vain l’effet de leur promesse . Peu après mon arrivée ici
j’avois commandé la continuation de l’histoire de France par Velly et de l’his toire
du bas-Empire par le Beau, je n’en ai pas de nouvelles encore. Il m’a fallu aendre
deux mois l’histoire de la maison de Tudor par Hume,1 et quoique ce soit Arkstée et
Merkus, Libraires de Leipsic, qui la debitent, je n’ai pas pu avoir l’edition in 4, que je
souhaitois, parceque j’ai l’histoire de la maison de Stuart2 dans le même format, mais
j’ai êté obligé, de me contenter d’une edition en 12. De même, je n’ai pu avoir, que la
traduction allemande des leres de Milady Montagu. A propos de ces leres je Vous
informerai de quelques anecdotes de cee Dame, que j’ai apprises de Milady Stormont3 . Milady Montagu ne vîvoit pas trop bien avec son mari, et êtoit même separée
de lui volontairement depuis quelque tems: un beau jour elle revient dans sa maison
pour y accoucher d’un enfant, que la longueur de son absence ne permeoit pas au
mari, de pouvoir reconnoitre pour legitime. Celui-ci, qui êtoit d’un naturel fort doux,
ne voulut pas faire d’eclat, et n’avoit pas envie non plus, de la garder chés lui aprés
cee avanture; c’est pourquoi il lui conseilla de quier l’Angleterre, sous pretexte
de se servir des bains pour retablir sa santé. Elle suivit ce conseil et se rendit à Venise, où elle resta jusqu’à la mort de Milord. Ce ne fut qu’alors qu’elle retourna en
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Angleterre à l’age de 80 ans, emmenant avec elle un jeune Ecclésiastique catholique,
pour avoir soin des ames de quelques domestiques catholiques, qu’elle avoit. Vous
sentés bien, qu’il y eut des personnes assés charitables, pour soupconner, qu’elle lui
confioit encore d’autres soins. Milady Stormont l’a vu de ce tems là, et elle m’a dit,
qu’elle êtoit d’une humeur insupportable, ne faisant, que gronder tout le monde. Elle
est morte il y a peu de tems et a laissé 9 Volumes de Manuscrits, parmi lesquels il y
avoit un Traité sur le bonhheur de l’amour conjugal: Milady Bute, sa fille a eu soin
de retirer tous ces manuscrits des mains des libraires à grands fraix, parce qu’elle ne
jugea pas, qu’ils contribueroient à l’honneur de sa mere, s’ils devenoient [3] publics;
ce n’est, que malgré elle, que les leres ont paru. Voilà une histoire, que la lecture
des leres n’auroit pas du faire soupçonner; ecrites d’un stile vif et plaisant, quelquefois satirique, elles paroissent marquer beaucoup de douceur d’esprit dans l’Auteur.
Comme je ne connois pas la liaison des familles de l’Angleterre, il se pourroit, qu’il
entre un peu de l’esprit de parti dans cee narration; ce qu’il y a de sur, c’est que
l’Europe devra toujours beaucoup d’obligation à Milady Montagu, d’y avoir introduite la premiere l’inoculation de la petite verole. Pour revenir à mon sujet, aprés cee
longue digression, je Vous dirai, que l’êtat des librairies d’ici s’accomode assés avec
celui de mes finances, en me privant du desir d’acheter des livres. Il y en a cependant, que je Vous prie, de m’envoyer de Berlin; si par exemple l’impression de l’ecrit
de Moise, qui a remporté le prix à l’Academie,4 est achevé, ou si l’on peut avoir un
exemplaire de l’Education Nationale de Rousseau,5 je Vous prie, de me les envoyer aussi bien, qu’un exemplaire du livre allemand qui a paru depuis quelque tems à
Berlin sous le titre: Die Staats-Verwaltung des Herrn William Pi in und außerhalb
Groß-Britannien, où l’administation de Guillaume Pi p. Je Vous prie aussi de Vous
informer ce que la belle Edition des Poesies diverses en 4to et l’edition en 4to des Memoires de Brandebourg6 coute en Ducats. Pour ce que Vous m’avés ecrit du nouveau
livre du Marquis7 , je lui pardonnerois volontiers d’avoir des doutes sur la Religion
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Chretienne, Vous savés, que je ne me pique pas d’une orthodoxie fort rigide; mais de
vouloir etayer les absurdités du Paganisme auprejudice de la dite Religion, c’est une
entreprise, dont je ne vois pas la possibilité et encore moins l’utilité.
ce 2 Decembre
J’ai trouvé ici le livre allemand sur l’administration de Pi, mais je Vous prie, de
m’envoyer les Poesies diverses et les Memoires de Brandebourg, Editions in 4to, en
me marquant le prix en Ducats, et d’avoir soin, qu’ils soient assés bien empaquetés,
pourque la pluye ne perce pas.
Je viens, de recevoir Votre lere du 28. Vos reflexions sur mes affaires domestiques
sont fort justes; mais malheureusement, meliora video, proboque, deteriora sequor.8
Cependant j’avois deja annoncé [4] hier à mon maitre d’hotel, que je ne le garderois
pas; et Votre lere m’a confirmé dans une resolution, qui ne laissoit pas, de me faire de
la peine. Pour ce, qui regarde mes comptes, je les revois bien moimême, mais comme
je ne m’entends pas à la cuisine, je ne sai, ni ce qu’il faut, ni ce que cela coute et c’est
principalement dans ces comptes, que je ne puis eviter, d’être trompé. Les expedients,
que Vous me proposés, sont impratiquables, comme je pourrois Vous le prouver, si
j’avois le plaisir de Vous parler, mais ce seroit trop long pour une lere. J’accepte
avec plaisir l’offre, que Vous me faites; de me faire avoir du vin de Bourgogne par
Francheville et je Vous prie, de me procurer un feuillet de Romanay; je ne sai pas,
combien de bouteilles un feuillet contient; s’il n’y a pas au delà de I00 Bouteilles,
je Vous prierois; de me faire venir deux feuillets de Romanay et un feuillet d’une
autre bonne sorte de vin de Bourgogne, et de me marquer, comment ils me seroient
adressés; et où il faudroit payer l’argent. Pour le vin du Rhin, je prendrai encore
quelques tems pour y penser. Si Obedes ne veut pas faire partir le lustre commandé
sans voir de l’argent, et que Vous pourriés le lui payer, Vous me feriés grand plaisir,
j’aurai soin de Vous rembourser dés que Vous m’aurés marqué, que cela est payé,
aussi bien, que l’argent pour les livres; que Vous m’avés envoyés et pour que je Vous
prie par cee lere, de m’envoyer; je pourrois envoyer tout ensemble. Vous voyés;
combien j’en use librement avec Vous, mais j’espere de Votre amitié, que Vous me le
pardonnerés.
Ne parlés pas, je Vous prie, de ce que je Vous ai écrit au sujet de mon maitre d’hotel,
non pas, que je craigne, qu’on se moquera de moi, mais parceque je ne voulois pas
faire tort à cet homme, s’il pouvoit trouver service ailleurs. Vous recevés aujourd’hui
1 du ] Transcription u uncertain: border of page, binding too tight. Text has been supplied.
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une bien longue lere, mais qui cependant n’est gueres interessante. Il faut être bien
sur de Votre indulgence, pour ne pas craindre, de Vous ennuyer. Vale.
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Register
Persons
Arkstee, Johann Caspar (1736–1782) Verleger in Leipzig und Amsterdam
2
Beau, Claude Le (1701–1779) französischer Historiker 2
Francheville, Joseph du Fresne de (1704–1781) Akademie-Mitglied
(Archäologe?) 3
Henriee Frederike, geb. von Bünau Ehefrau des Britischen Botschaers in
Dresden zwischen 1755 und 1763 2
Hume, David (1711–1776) englischer Philosoph
2
Mary Stuart, Countess of Bute (1718–1794) Englische Adlige 2
Mendelssohn, Moses (1729–1786) Deutscher Philosoph
3
Merkus, Franciscus Wilhelmus Henricus Maria Verleger in Leipzig und
Amsterdam 2
Montagu, Edward Wortley Englischer Adliger 2
Montagu, Mary Wortley (1789–1762) Englische Schristellerin
Obedes Berliner Händler/Verkäufer (um 1763)
Pi, William (1708–1786) Englischer Staatsmann
4
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Rousseau, Jean-Jacques (1712–1786) Französischer Schristeller
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Works
Beau, Charles le: Histoire du bas-Empire en commençant à Constantin le Grand.
Band V und VI. Ed. by Hubert-Pascal Ameilhon. Paris: Dessaint, Saillant
1762 2
d’Argens, Marquis: Ocellus Lucanus. 1761 3
Friedrich II: Mémoires pour servir à la Maison de Brandebourg. Berlin, Den
Haag: Néaulme 1751 3
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Friedrich II: Poesies Diverses. Ed. by Marquis d’Argens. Berlin: Voss 1762
3
Hume, David: Histoire de la Maison de Stuart. Band I-V. Ed. by Octavie Belot.
London 1760 2
Hume, David: Histoire de la Maison de Tudor, sur le trône d’Angleterre. Band V
und VI. Ed. by Octavie Belot. Amsterdam 1763 2
Montagu, Mary Mortley: Briefe der Lady Marie Worthley Montague, während
ihrer Reisen in Europa, Asia und Afrika, an Personen vom Stande, Gelehrte u.
in verschiedenen eilen von Europa geschrieben; welche außer anderen
Merkwürdigkeiten Nachrichten von der Staatsverfassung und der Sien der
Türken enthalten. Leipzig: Weidmann, Reich 1764 2
unknown: Die Staats-Verwaltung des Herrn William Pi in und außer
Großbritannien vor und während seinem Staats-Secretariat unpartheyisch
erzählet und beurtheilet : aus d. von e. berühmten Feder entw. Engl. Orig. ;
[nebst:] Anh. . Berlin: Birnstiel 1763 3
Velly, Paul François: Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie
jusqu’à Louis XIV. Band II. Ed. by Claude Villaret, Jean-Jacques Garnier.
Paris: Saillant, Nyon, Dessaint 1763 2
Places
Berlin 1, 3
Brandenburg an der Havel 3
Burgundy
3
Dresden 1, 2
England 2
Europa
3
Great Britain
Leipzig 2
Poland 1
Rhineland 4
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Saxony 2
Venice 2