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Transcription

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Protection de conférence à Bâle 6
Les Forces aériennes au Conseil ministériel de l’OSCE
Prêts à décoller en permanence 10
Le service de police aérienne sera étendu ces prochaines années
Exercice STABANTE 15 4
Editorial
Processus d’amélioration continue
Chères lectrices,
Chers lecteurs,
En règle générale, un orchestre est composé d’excellents musiciens.
Du violoniste au percussionniste, tous maîtrisent à la perfection leur
instrument. Pourtant, lorsqu’ils se réunissent la première fois pour
répéter, ils doivent d’abord apprendre à être en parfaite symbiose
pour former une symphonie. Et pour y parvenir, ils doivent répéter
encore et encore. Cette règle d’or s’applique aussi à l’armée. Pour assurer de manière optimale la protection de notre espace aérien, il ne
suffit pas que nos pilotes maîtrisent parfaitement leur F/A-18 et que
nos canonniers DCA atteignent leur cible avec précision. Tous doivent
former un système global bien soudé. Malheureusement, l’interopérabilité est une compétence qui n’est que trop peu entraînée dans le
cadre d’exercices d’envergure.
On ne peut dès lors que se réjouir d’avoir eu l’opportunité de réaliser
l’exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 au mois de mars.
Cet exercice qui a mis à l’épreuve une formation d’engagement air
pendant huit jours et qui a impliqué près de 6000 participants issus
des domaines engagement, aviation, défense contre avions et aide au
commandement, et auxquels s’est en outre ajouté un bataillon des
Forces terrestres, nous a permis de tirer de précieux enseignements.
Une fois de plus, nous avons eu la démonstration que les Forces aériennes n’étaient en mesure d’agir en synergie qu’avec le soutien de la
BAC et de la BLA. La direction de l’exercice comptait également dans
ses rangs des membres de l’EM cond A, ceci notamment afin de tester les processus de conduite prévus dans le cadre du DEVA. Je profite de l’occasion pour remercier vivement tous ceux qui ont participé à STABANTE 15 et contribué à sa réussite. Grâce à vos excellentes
prestations, tout s’est déroulé sans accroc. Vous vous êtes mis pleinement au service du processus d’amélioration continue des Forces aériennes et votre engagement nous a permis d’améliorer l’interopérabilité de nos «instruments».
Commandant de corps Aldo C. Schellenberg, commandant des FA
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Contenu
Image de titre
Un Pilatus PC-7 survole le Creux-du-Van
au cours de l’exercice STABANTE 15. Pour
le service de police aérienne, la fréquence
radio 121,50 a été inscrite sur le fuselage.
(Photo: DDPS)
Contenu
4 La troupe sous la loupe
Exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 en Romandie
8 Une riche palette de missions
Forum économique mondial 2015 à Davos
12 L’importance des entraînements de nuit
Les Forces aériennes suisses en Norvège
16 Hangars à abeilles
Des abeilles sauvages sur les bases aériennes
17 Sauvetage avec le Super Puma
Un homme est tiré d’une fâcheuse posture
6
10
18 Un enchaînement de procédures bien rodées
La Formation d’application aide cdmt 30 lors du WEF
Engagement complexe à Bâle
La proximité de la frontière a compliqué la
mission de protection du Conseil ministériel
de l’OSCE.
21 De nouveaux défis à relever
René Baumann est le commandant de la FOAP aide cdmt 30
22 Douze pilotes reçoivent leurs ailes
Remise des brevets
24 Engagement réel au carrefour des trois Etats
La défense contre avions lors du Conseil ministériel de l’OSCE
26 La Suisse, pays hôte de conférences internationales
La DCA protège l’espace aérien au-dessus de Davos
28Agenda
Impressum
armée.ch, le magazine des militaires des Forces aériennes, paraît deux fois par année en allemand,
français et italien.
Prochaine édition:
2 / 2015 Délai rédactionnel: 14 septembre 2015
Parution: décembre 2015
Editeur: Commandant des Forces aériennes
Rédaction: Communication des Forces aériennes; Rédaction armee.ch; David Marquis, Papiermühle­
strasse 20, 3003 Berne, Téléphone 058 464 37 46, [email protected]
Traduction: Services de traduction du DDPS
Mise en page et production: Communication des Forces aériennes
Impression: Stämpfli AG, 3001 Berne
Changements d’adresse: Mil incorporés, par écrit aux autorités militaires du canton de domicile.
Tous les autres auprès de la Communication Forces aériennes, Papiermühlestrasse 20, 3003 Berne
Copyright: DDPS, domaine Défense
Internet: www.armee.ch
www.forcesaeriennes.ch
14
Prêts à décoller en permanence
La capacité d’intervention du service de
police aérienne sera étendue.
En visite lors du cours d’entraînement
Préparation du Super Puma Display Team
pour la nouvelle saison.
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Exercice d’ensemble des troupes
STABANTE 15
La troupe sous la loupe
Photo: cap Simon Flückiger
L’exercice d’ensemble des troupes STABANTE 15 a eu lieu du 18 au 25 mars en Suisse romande.
L’ensemble du dispositif des Forces aériennes a été passé au crible. Le scénario mis en place consistait
à assurer la protection d’une conférence fictive à la Chaux-de-Fonds. Imaginant plus d’une centaine
d’incidents, la direction de l’exercice a sensiblement accru la difficulté de STABANTE 15. «armee.ch» a
rendu visite à quelques troupes en exercice.
Après une simulation d’incident, un F/A-18 a été remis sur la piste grâce à la grue d’une entreprise civile.
Groupe comm STABANTE 15
S’il est normal qu’un F/A-18 décolle de
Payerne, qu’il soit suspendu à un câble
d’acier sort tout à fait de l’ordinaire. Lors
d’une simulation d’incident – peut-être la
plus spectaculaire de tout l’exercice –, l’avion
est sorti de la piste avant de s’immobiliser
dans un pré. La troupe en exercice, ne pouvant pas simplement le tirer sur la piste sous
peine d’endommager le train d’atterrissage,
a fait appel à une entreprise civile de levage
conformément au processus défini. Bien
qu’elle n’ait pas été informée de l’exercice
auparavant, l’entreprise est arrivée dans les
deux heures et a remis le F/A-18 Hornet sur
la piste. Trois heures plus tard, le service de
vol a pu reprendre.
Le capitaine Simon Flückiger, arbitre de
l’exercice, précise ses attentes: «Il s’agissait
d’examiner si les processus d’évacuation
d’avion étaient respectés. Nous sommes très
satisfaits du résultat, il ne reste plus qu’à
améliorer quelques détails.» Changement de
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scénario: on les entend rugir de loin. «Scheiss
Danubia! Scheiss Danubia!», scande un
groupe de jeunes hommes. Ils s’approchent
toujours plus, certains vêtus d’une cagoule, et
leur gestique est agressive. Soudain, l’action
s’accélère, les «visiteurs» se mettent à courir
en direction de l’entrée de la Base aérienne de
Payerne. Ce qui semble au premier abord être
un acte de hooliganisme est en réalité un test
planifié depuis longtemps. Les hommes sont
des soldats de la bttr mis DCA 9/1 et jouent
un rôle central dans le cadre de l’exercice
STABANTE 15.
Tour à tour joggeur et manifestant
Les soldats endossent divers rôles: parfois
militaires, d’autres fois joggeurs, promeneurs, hommes d’affaires ou, précisément,
manifestants. Ils n’ont qu’une seule mission:
tester la disponibilité des soldats et examiner
leurs réactions aux diverses situations. Les
acteurs sont censés partir en reconnaissance,
acquérir des informations et éventuellement
commettre des vols. Les limites sont cepen-
dant clairement définies: «Tout non-respect
du scénario prédéfini et tout dommage
aux personnes ou matériel est strictement
interdit», insiste le major Toni Zurbrügg,
responsable des acteurs lors de l’exercice
STABANTE 15.
Le ciel sous contrôle
A quelques kilomètres de la Base aérienne de
Payerne se dessine un paysage composé de
collines et de prairies, sur lesquelles se trouve
parfois une ferme. Le regard se promène sur
ce paysage, dévale les collines et glisse sur les
prairies… avant de s’arrêter soudain sur un
monstre hérissé de pointes. Il semble venir
d’ailleurs. Quatre fusées sont fixées à une tour
qui exécute de temps à autre une rotation.
Rapidement, l’observateur est avisé: «Ce
ne sont pas des fusées, mais des missiles»,
explique le Bernois Thomas Gasser, sergent
au sein d’une unité de feu dans une position
Rapier. Le Rapier est un système d’engins guidés (missiles) de défense contre avions. Dans
le cadre de l’exercice, la mission des soldats
Exercice d’ensemble des troupes
DCA est claire: dans le cas où un avion ennemi s’introduit dans l’espace aérien, Payerne
envoie un F/A-18 afin de l’intercepter. Si cette
mesure ne suffit pas, le Rapier entre en jeu. Il
est contrôlé par un radar. Le Rapier a un plafond opérationnel de trois kilomètres et une
distance d’engagement de sept kilomètres
maximum. Il peut être engagé par tous les
temps, de jour comme de nuit. L’unité de feu
s’est installée à côté d’une ferme. Elle reste à
chaque fois sur place 48 heures. Les soldats
de la défense contre avions se chargent de
diverses tâches, notamment du service de
garde. Par ailleurs, elle ne cesse de s’exercer
en simulant des attaques d’avions. La vie suit
son cours dans la position puisqu’on y fait
même la cuisine.
une très belle performance», déclare fièrement le chef de section, le lieutenant Manuel
Schär. L’effort n’est pas vain: le TAFLIR est le
système des Forces aériennes permettant de
couvrir les zones d’ombre du radar. Prenant
le relais du système FLORAKO en cas de
nécessité, il livre des données capitales pour
observer la situation aérienne. Le TAFLIR a
une portée de 110 kilomètres.
Un exercice réussi
L’exercice STABANTE 15 a mobilisé environ
6000 militaires des Forces aériennes, des
Forces terrestres et d’autres domaines de
l’armée. C’est la première fois depuis la fin
de la Guerre froide que les Forces aériennes
ont organisé un exercice d’ensemble de la
troupe si complexe et d’une telle envergure.
Le commandant de corps Aldo C. Schellenberg, commandant des Forces aériennes et
directeur de l’exercice, tire un bilan positif
de STABANTE: «Je suis très impressionné
par la volonté démontrée par les formations
de milice et les performances accomplies à
tous les niveaux», a-t-il déclaré à l’issue de
l’exercice. ■
Pour plus d’informations concernant
l’exercice d’ensemble des troupes STABANTE,
voir l’éditorial en page 2 ainsi que l’article
dans la partie de ce magazine consacrée à
l’armée.
Les acteurs, déguisés en manifestants, ont mis la troupe à l’épreuve.
Photo: of spéc Marc Forster
Grâce au radar tactique d’aviation TAFLIR,
le regard des Forces aériennes porte aussi là
où le système de surveillance aérien FLORAKO ne voit presque rien. Dans la région
frontalière entre Fribourg et Vaud, l’emplacement du TAFLIR se trouve bien entendu
sur une éminence. Lorsque l’on s’approche
de l’installation radar, celle-ci dégage des
allures de forteresse. L’antenne en forme de
grand rectangle vert foncé, pièce maîtresse
du TAFLIR, se dresse vers le ciel en tournant
à toute allure.
Une visite de l’emplacement dévoile différents éléments bien caractéristiques d’une
position TAFLIR: le shelter opérationnel,
dans lequel les spécialistes radar prennent
place, et le shelter technique, qui abrite le système. Le tout est maintenu en mouvement par
des générateurs diesel. Tous les composants
du TAFLIR sont transportés par camion, le
plus lourd pesant 20 tonnes. Dans le cadre de
l’exercice STABANTE, la compagnie 23 du
groupe radar mobile des Forces aériennes 2
a transporté l’ensemble de l’installation du
Jura jusque dans la région de Payerne avec
sept camions ainsi que deux véhicules supplémentaires. En principe, il faut 21 heures
pour effectuer le repli d’une position TAFLIR
et l’installer ailleurs: «Grâce au très bon engagement des sous-officiers et des soldats, nous
y sommes arrivés en 14 heures environ. C’est
Photo: sdt Marco Oppliger
Regard dans la zone d’ombre du radar
La pièce maîtresse du système TAFLIR est sa grande antenne radar rectangulaire.
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Engagement
Rencontre du Conseil ministériel de l’OSCE
Une première pour les Forces aériennes suisses
La mission de protection de la réunion du Conseil ministériel de l’OSCE, dénommée ALCEO, s’est
déroulée à Bâle en décembre 2014. Une météo difficile et l’important dispositif à mettre en place au
carrefour des trois Etats allemand, français et suisse ont constitué les plus grands défis à relever pour
les Forces aériennes, dont c’était le troisième engagement réel de l’année. Pour la première fois dans
ce type de mission d’appui, les hélicoptères avaient à leur bord des tireurs d’élite.
La DCA a engagé des capteurs et un effecteur.
lt col Christian Trottmann, chef Communication
Engagement des Forces aériennes
Scène inhabituelle à Riehen, près de Bâle:
une unité de feu complète de la bttr 34/2 de
la DCA m, prête à assurer la défense sol-air
(DSA), est installée à quelques mètres seulement de la route principale, très fréquentée.
Si un avion devait pénétrer sans autorisation
dans l’espace aérien restreint par le Conseil
fédéral, il serait immédiatement détecté par
le dispositif et il pourrait alors être désigné comme cible à abattre par le Chief Air
Defense (CAD) présent à la Centrale d’engagement de la défense aérienne (CEN déf aér)
de Dübendorf. L’ordre de tirer est donné par
le conseiller fédéral responsable.
La CEN déf aér est le lieu où toutes les
informations convergent. Durant ALCEO,
deux CAD surveillent la situation aérienne
24h/24. Différents postes de renseignement
et un radar d’aviation tactique tout temps
(TAFLIR) contribuent à densifier les informations complétant le tableau de la situation
aérienne (Recognized Air Picture, RAP). Les
travaux de reconnaissance avaient révélé que
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L’Operation Guard du système de radar TAFLIR en plein travail.
l’emplacement de la station radar TAFLIR, en
lisière de forêt quelque part dans le secteur de
Bâle, offrirait la meilleure vue sur le centre de
conférence. Pourtant, en ce 3 décembre 2014,
le brouillard est tellement épais que le dispositif est à peine localisable et la visibilité
de tout juste 50 mètres. Toute l’installation,
surveillée en permanence par une patrouille
de deux hommes, est entourée de fils barbelés. A l’intérieur, dans le conteneur obscurci,
l’operation guard observe attentivement la
situation aérienne et annonce immédiatement au CAD basé à Dübendorf tous les
incidents détectés par le TAFLIR.
Les Forces aériennes très sollicitées
La ville de Bâle est aussi protégée depuis les
airs. Des patrouilles de deux F/A-18 Hornet décollent toujours en même temps de
Payerne pour voler dans les zones supérieures
de l’espace aérien au niveau de vol 250 (qui
équivaut à une altitude de 7,5 km environ).
Trois Hornet ont d’ailleurs dû quitter de
manière impromptue l’exercice Nightway en
Norvège pour venir renforcer le dispositif. Le
deuxième jour de l’engagement déjà, il a fallu
recourir aux alternatives prévues en matière
d’aérodromes; à croire que la conduite de
l’engagement avait pressenti la situation
météorologique difficile qui régnerait à Bâle
à ce moment-là. La première base aérienne à
entrer en ligne de compte comme aérodrome
de dégagement pour les jets était Meiringen,
suivie d’Emmen et de Sion.
PC-7 et hélicoptères
Dans l’espace aérien à moyenne altitude,
deux PC-7 non armés patrouillent en permanence et sont également prêts à intervenir
en cas d’intrusion d’un aéronef dans la zone
restreinte de l’espace aérien. ALCEO est le
premier engagement dans le cadre duquel
la procédure Air Policing On Helicopter
(APOH) est utilisée dans l’espace aérien
inférieur. Cette procédure qui nous vient de
France est actuellement introduite en Suisse.
A Paris, une escadre de dix hélicoptères se
tient prête à intervenir 365 jours par an 24h/24
pour protéger l’espace aérien au-dessus de la
ville en cas de menace spécifique. A bord de
chaque appareil se trouve toujours un tireur
des forces spéciales de l’armée de l’Air. Dans
Photos: DDPS
Engagement
L’emplacement journalier de Bâle a été extrêmement bien sécurisé.
le cadre d’ALCEO, il s’agit de tireurs d’élite du
Commandement des forces spéciales (CFS) de
l’Armée suisse. Dans l’espace aérien restreint,
ils ont pour mission d’intervenir, s’il le faut,
contre des objets volant lentement comme
des hélicoptères ou des avions ultralégers. Par
ailleurs, les Forces aériennes suisses assurent,
en faveur de la police cantonale de Bâle-Ville,
les convois et l’accompagnement VIP de personnes protégées par le droit international
public.
Collaboration étroite
C’est pourquoi un agent de liaison de la
police cantonale de Bâle-Ville travaille à la
centrale d’engagement des Forces aériennes
(AOC) de Dübendorf comme intermédiaire
entre la direction générale de l’intervention
de la police et les Forces aériennes. Il participe notamment aux prises de décisions
tactiques et communique régulièrement avec
la cellule A2 du service de renseignement et
les services de police allemands et français
chargés d’assurer la coordination transfrontalière dans le domaine de la défense aérienne
avec le CAD à la CEN déf aér. Pour se faire
Collaboration entre les Forces aériennes et la police.
une idée de cette collaboration étroite, le
remplaçant du commandant du centre des
opérations aériennes, le général de brigade
Bernhard Schulte, est venu visiter l’AOC. Il
a été tout particulièrement impressionné par
la symbiose entre militaires professionnels et
militaires de milice.
Noyé dans le brouillard
Le poste de renseignements des Forces
aériennes à Hofstetten est, lui aussi, noyé
dans le brouillard. D’ici, on devrait normalement apercevoir respectivement les voies
d’atterrissage et de décollage des pistes 16
et 34 de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Mais
actuellement, seules les observations auditives peuvent être transmises. Contrairement
à l’habitude, la météo ne permet pas d’identifier des aéronefs volant jusqu’à une altitude de
2000 m. Seule la direction de vol est repérable
pour le moment, mais pas le type d’avion.
La place d’atterrissage des hélicoptères
est aménagée sur l’un des nombreux terrains
de football de Bâle, tout près du Parc SaintJacques. Il s’agit d’un dispositif impressionnant, installé au cœur de la ville. La police
et les Forces aériennes s’y retrouvent pour
mener à bien leur engagement commun.
Les équipages des hélicoptères et les chefs
d’intervention volants (CIV) de la police
travaillent en étroite collaboration et forment une équipe bien rodée. La clôture de
protection est équipée de capteurs sur toute sa
longueur. Si quelqu’un tente de pénétrer dans
la zone temporairement réservée à l’armée,
cela déclenche immédiatement une alarme.
La cp TA 19/1 intervient alors, appuyée par
des conducteurs de chiens accompagnés de
leurs bergers belges, souvent des Malinois,
spécialement dressés pour cette tâche. De
plus, des caméras infrarouges passives surveillent jour et nuit tous les points névralgiques de l’emplacement journalier de Bâle.
DCA dans une ambiance citadine
Pendant ce temps à Riehen: après une journée
consacrée au montage et une semaine aux
travaux de préparation, la troupe de près de
30 militaires expérimentés entre enfin dans
le vif du sujet: le canonnier positionne son
canon DCA 63/12 tout temps (voir également
page 24). ■
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Engagement
WEF 2015
Une riche palette de missions
Durant le Forum économique de Davos (WEF) qui a lieu chaque année, les Forces aériennes sont
chargées de protéger l’espace aérien et d’effectuer des transports par les airs. Elles remplissent leur
mission grâce à l’engagement, sur différents fronts, aussi bien de militaires de milice que de militaires
professionnels. La revue «armée.ch» en a rencontré quelques-uns et leur a posé des questions en lien
avec leurs tâches pendant le WEF.
David Marquis, Communication Forces aériennes
Nerina Eugster, Communication Forces aériennes
Procédure à suivre
Le soldat Gygax a pris sa position en montagne
et scrute un côté de la vallée, puis l’autre, au
moyen de ses jumelles. Il est observateur
dans la compagnie de renseignement 62 (cp
rens 62) qui fournit des informations complémentaires partout où il n’est pas possible
d’engager un radar. Les soldats ne peuvent
compter que sur leurs jumelles et leur regard
attentif; ils transmettent par radio tous les
mouvements qu’ils aperçoivent au sol et dans
les airs. La cp rens 62 exploite neuf postes
d’observation qui couvrent toutes les «zones
d’ombre», c’est-à-dire tous les secteurs qui
échappent au contrôle radar dans les étroites
vallées autour de Davos. Chaque unité dispose d’un abri de campagne à proximité de
l’emplacement d’observation et d’une réserve
de subsistance pour 72 heures. «Cela nous
permet de travailler de manière totalement
autonome et de remplir notre mission même
si nous devions être coupés de la troupe en
raison des conditions météo», explique le
sergent Florian Weiss.
Soudain, le bruit d’un rotor d’hélicoptère se fait entendre. «C’est l’un des nôtres»,
annonce immédiatement le chef de groupe
expérimenté en pointant son doigt sur un
petit point noir qui avance à l’horizon. Le
soldat Gygax qui se trouve dans l’abri réceptionne l’information concernant l’aéronef
aperçu et la transmet à la centrale qui se situe
en plaine et coordonne toutes les annonces
pour assurer une couverture complète du
secteur de Davos et de ses environs. Sur son
appareil de transmission, il tape rapidement
les lettres R (Richtung = direction), H (Höhe
= altitude), I, T (Typ = type) et A (Anzahl
= nombre) suivies de quelques chiffres et
Photo: sdt Mark Wyss
Un avion survole la Haute-Engadine. Avant
même que le pilote puisse apercevoir les sommets grisons depuis son cockpit, son avion est
représenté par un point clignotant sur l’écran
radar du groupe 32 de la défense contre avions
moyenne. Une batterie a pris position dans
les montagnes; son emplacement surplombe
la vallée. «Notre secteur d’engagement comprend la zone s’étendant jusqu’à la frontière
autrichienne et le fond de la vallée en direction de l’aérodrome de Samedan», explique
le premier-lieutenant Alex Robbiani. «Nous
surveillons les autres emplacements avec
d’autres batteries de notre groupe. Malgré
le froid, la camaraderie est bonne. La plupart des militaires sont contents que ce CR
soit consacré à un engagement réel. Cela les
motive encore davantage et cela se ressent»,
nous dit-il en désignant quelques collègues
qui sont justement en train d’améliorer le
camouflage d’un stand de matériel.
L’antenne radar au-dessus de l’appareil
de conduite du feu tourne sans discontinuer.
«Nos unités de feu sont exploitées 24h/24»,
précise le colonel René Meier. Cette batterie
est engagée pour la surveillance de l’espace
aérien. D’autres sont chargées de la protection
d’ouvrages. Le colonel porte son regard de
l’autre côté de la vallée: «Le long de ce massif
montagneux se situe la ligne de démarcation
entre la zone où la navigation aérienne est
restreinte et celle ou l’espace aérien peut
être utilisé librement.» Des avions civils
sont autorisés à se poser sur l’aérodrome de
Samedan pendant le WEF. Mais il n’est pas
rare, selon les dires du colonel Meier, que les
pilotes de ces jets d’affaires ne s’envolent pas
sur la gauche en direction de l’Italie, comme
la procédure le prévoit, mais qu’ils bifurquent
simplement à droite pour des questions de
confort, ce qui est strictement interdit. Il
ajoute alors: «Lorsque nous constatons une
telle infraction, le service de police aérienne,
disponible en tout temps, intervient immédiatement pour raccompagner l’intrus hors
de l’espace aérien restreint.»
Un loadmaster lors de l’entraînement avec un Eurocopter EC635.
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Photo: sdt Mark Wyss
Sgt Patrick Suvada, frac EM Comm FA
Un radar de la DCA moyenne surveille l’espace aérien.
Engagement
WEF – pas seulement à Davos
Préparation en quelques secondes
Pendant toute la durée du WEF, le lieutenantcolonel Jürg Studer ne quitte quasiment pas
le commandant des Forces aériennes, le commandant de corps Aldo C. Schellenberg, qu’il
suit comme son ombre. Il transporte toujours
avec lui une mallette, munie sur sa partie supérieure d’une petite lampe et d’un haut-parleur.
«Dès qu’un aéronef suspect s’approche de la
zone entourant Davos, la mallette se met à
‹sonner›. Je reçois des informations que je
dois transmettre au commandant dans les
secondes qui suivent», précise l’officier de liaison Studer. Il s’agit pour lui de «traduire» les
informations techniques pour qu’elles soient
utilisables comme base décisionnelle.
Les bases légales prévoient qu’il revient
au chef du DDPS de prendre la décision
d’abattre un avion qui viendrait à passer à
l’attaque. De même, il doit être accompagné
d’un officier de liaison. Mais Ueli Maurer
ne peut pas être atteignable en permanence.
«S’il se trouve dans un hélicoptère ou dans
une zone où il n’y a pas de réseau, le chef
du DDPS a besoin d’un suppléant. Dans ce
cas, la compétence décisionnelle revient au
commandant des Forces aériennes», explique
Jürg Studer. Le commandant de corps Aldo
C. Schellenberg et le lieutenant-colonel Jürg
Studer doivent donc se tenir prêts en tout
temps. Durant le WEF, ils séjournent dans
des chambres voisines à l’hôtel. «Lorsque le
commandant doit assister à une séance, je
l’attends devant la porte de la salle de réunion.
Si une décision doit être prise, je peux l’en
informer en l’espace de quelques secondes
seulement», précise Jürg Studer. Ensuite, il
faut agir rapidement et de façon structurée.
Pensif, il ajoute: «J’espère cependant que nous
n’aurons jamais à faire usage des armes.» ■
Photo: David Marquis
Il règne une activité intense aussi sur la
Base aérienne d’Alpnach. Deux Super Puma
tournent au-dessus de la partie nord de la
piste. Par ailleurs, dans la partie sud, un
Eurocopter EC635 s’approche régulièrement
de la zone d’atterrissage où il vient chercher
un tronc d’arbre, change de cap, puis fait un
tour au-dessus de la piste avant de déposer à
nouveau le tronc au même endroit. «Après
le rafraîchissement de la théorie, notre compagnie effectue aujourd’hui des exercices
pratiques avec les pilotes d’hélicoptères»,
explique le sergent Fabio Diem. Les loadmasters de son groupe sont engagés au sol avant et
pendant le service de vol et ont pour mission
d’assurer le transport en toute sécurité de personnes et de charges avec des Eurocopter. Si
des passagers sont à bord, ceux-ci bénéficient
également d’un encadrement durant le vol.
La cp TA 2 accomplit son CR régulier
à Alpnach avant de se répartir en divers
groupes pour huit jours sur les aérodromes
de Dübendorf, Alpnach et Coire, d’où seront
effectués des transports de personnes et de
charges en faveur du WEF avec des Super
Puma. Des Eurocopter EC635 seront aussi
engagés pour appuyer les forces de sécurité.
Avant qu’un hélicoptère ne prenne son
envol, de nombreux préparatifs techniques
sont nécessaires. Le soldat Martin Häfeli,
un des loadmasters pour les Eurocopter de
la cp TA 2, est interrompu dans ses explications par le bruit puissant des rotors de
l’Eurocopter en vol d’approche. Un collègue
portant un gilet de sécurité orange se tient
au milieu de la piste d’atterrissage. Il est en
contact radio avec le pilote d’hélicoptère
auquel il donne des explications accompagnées d’une gestuelle précise permettant le
décrochage correct de la charge suspendue
sous l’appareil. «Load is on ground. Ready
to clear out», telle est l’annonce en anglais
transmise par les microphones peu avant
que l’hélicoptère, prêt à remplir une nouvelle
mission, disparaisse à nouveau.
Photo: sdt Mark Wyss
fournit ainsi toutes les informations requises
concernant l’objet volant en approche.
Jürg Studer avec la célèbre «mallette».
Les observateurs du poste de renseignement scrutent le ciel à la recherche d’avions.
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9
Engagement
Extension du service de police aérienne
Les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York ont conféré une nouvelle
dimension au terrorisme en transformant des avions civils en armes. Les armées de l’air du monde
entier ont alors réagi en intensifiant leur service de police aérienne. Après avoir aussi pris rapidement
de premières mesures, la Suisse entend instaurer la capacité permanente d’intervention de ses Forces
aériennes.
Décollage de nuit sur alerte d’un F/A-18 sur la Base aérienne de Meiringen.
David Marquis, communication des FA
Parti d’Addis Abeba avec 193 passagers à
bord, le vol 702 d’Ethiopian Airlines faisait
route sur Rome et survolait le Soudan quand,
au petit matin du 17 février 2014, son capitaine se rendit aux toilettes de bord. Alors
qu’il voulait retourner aux commandes du
Boeing 767-300, son co-pilote Hailemedhin
Abera Tegegn lui a refusé l’accès au cockpit.
En effet, au lendemain du 11 septembre, des
mesures de sécurité avaient été prises dans
l’aviation civile pour que la porte de la cabine
de pilotage puisse être bloquée de l’intérieur.
Ensuite, le co-pilote a détourné l’appareil sur Genève en menaçant par haut-parleur
de provoquer un crash si quiconque cherchait
à l’empêcher d’atterrir à Cointrin. Au moyen
du transpondeur, il a activé le code de détresse
international 7500, qui s’applique en cas de
détournement d’aéronef. L’Italie a déclenché
l’alarme et envoyé deux Eurofighter qui ont
escorté le 767 pendant sa traversée de l’espace
aérien italien, remplacés par deux Mirage
10 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
2000 de l’armée de l’air française jusqu’à
l’atterrissage du Boeing à 6h02 heure locale
à Genève. Après avoir posé l’appareil, qui
arrivait à court de carburant, Hailemedhin
Abera Tegegn s’est rendu à la police et a
demandé l’asile à la Suisse.
Réforme entamée en 2010
L’appareil détourné est bien apparu sur les
écrans radars de la centrale d’engagement de
la défense aérienne à Wangen près de Dübendorf (Air Operation Center, AOC), mais les
avions de combat qui auraient pu intercepter
le Boeing n’étaient pas disponibles à cette
heure, contrairement à ceux de l’Italie et de
la France.
Pourtant, la volonté de renforcer le service de police aérienne date de bien avant
cet incident. Depuis 2005, la surveillance de
l’espace aérien est assurée en permanence
par le système radar Florako et la centrale
d’engagement est occupée 24 heures sur 24,
365 jours par an. A la fin de 2009, une motion
du Conseiller aux Etats du canton d’Obwald
Hans Hess (PRD), demandait de «garantir
la disponibilité opérationnelle du service
de police aérienne en dehors des heures de
travail normales». Les deux chambres ont
adopté cette motion en 2010, et les grandes
lignes de la réforme ont été tracées jusqu’en
2012, date où les divergences politiques sur
le budget futur de l’armée ont nécessité un
report du projet. La décision du Conseil fédéral d’augmenter le budget de l’armée à cinq
milliards de francs par an à partir de 2016 a
permis de reprendre les travaux.
Le chef de l’Armée André Blattmann
a donné mandat aux Forces aériennes de
garantir en permanence la disponibilité
opérationnelle en quinze minutes d’ici à la
fin de 2020. «Cet objectif sera atteint par
paliers», déclare le colonel EMG Peter Bruns,
responsable du projet de service de police
aérienne 24 heures sur 24 (PA24) et chef de
l’AOC. La disponibilité de certains avions
sera renforcée dès 2015 pendant les heures
d’exploitation, ces dernières pouvant être
étendues si nécessaire. Ensuite, l’exploitation
Photo: Erich Riester
Prêts à décoller en permanence
Engagement
Augmentation nécessaire du personnel
Mais qu’implique cette extension des heures
d’exploitation pour les Forces aériennes?
Peter Bruns avance: «Actuellement, nos
avions sont prêts à intervenir 1750 heures
par an alors qu’ils vont devoir assurer la
disponibilité 8760 heures par an.» Autant
dire qu’une augmentation du personnel sera
nécessaire – et pas seulement aux Forces
aériennes – car: «Pour maintenir une base
aérienne ouverte, il faut, en plus des pilotes
et des mécaniciens, assurer aussi le service
de navigation aérienne, l’aide au commandement et la logistique.» Ainsi, pour ne citer
qu’un seul exemple, il faudra déneiger la piste
non-stop en hiver. Pour se faire une idée du
personnel nécessaire, on peut se référer aux
expériences à l’étranger: «Lorsque l’OTAN
assure le service de police aérienne 24 heures
sur 24 dans un pays dépourvu d’armée de
l’air comme l’Islande, elle y transfère quelque
150 personnes», explique le colonel EMG,
«et encore ne s’agit-il que de pilotes et de
mécaniciens, puisque l’infrastructure aéroportuaire, la sécurité aérienne et la conduite
tactique y sont déjà disponibles.» Le service
de police aérienne est basé à l’aéroport civil
de Keflavik près de Reykjavik.
«Nous estimons que nous aurons besoin
d’une centaine de personnes supplémentaires
pour l’ensemble des domaines – pilotes et
mécaniciens, collaborateurs de la BLA pour le
support logistique et de la BAC pour garantir
les moyens de conduite, personnel pour la
conduite tactique de l’AOC – sur une base
aérienne militaire où nous assurons déjà le
service de vol ordinaire avec des avions de
combat.»
Le colonel EMG rappelle toutefois que
certaines des prestations nécessaires sont
déjà entièrement ou en partie fournies
24 heures sur 24, comme la surveillance
des bases aériennes ou l’exploitation de la
centrale d’engagement. De plus, nombre
d’opérations de vol se font déjà de nuit,
comme les vols de recherche en Super Puma,
les vols de drones pour la police et le Corps
des gardes-frontière, ou les vols VIP. «Quoi
qu’il en soit, l’exploitation en continu va
certainement entraîner un changement de
mentalité. Comme les organisations d’intervention d’urgence au sol, le service de police
aérienne sera lui aussi fonctionnel en tout
temps», selon Peter Bruns.
Dans les airs en quinze minutes
A partir de 2020, deux F/A-18 équipés de
canons et d’engins guidés seront donc prêts à
décoller en permanence. Les pilotes resteront
à proximité des appareils pour pouvoir les
faire voler en quinze minutes au plus. Dans le
langage spécialisé, on parle de QRA 15, QRA
pour Quick Reaction Alert (mission d’alerte
rapide) et 15 pour quinze minutes.
Les avions de combat seront gérés –
comme le service normal de vol d’avions à
réaction des Forces aériennes – depuis la centrale d’engagement de la défense aérienne,
où un commandant (Chief Air Defense ou
CAD) sera présent 24 heures sur 24. L’implication continue d’un décideur politique en
cas d’engagement d’armes – comme lors du
Forum économique mondial (WEF) – n’est
pas prévue. A ce propos, le Parlement est en
train de débattre d’une adaptation des bases
légales. Le QRA serait-il un tigre incapable
de sortir ses griffes? Le colonel EMG précise:
«Conformément à l’ordonnance sur la sauvegarde de la souveraineté sur l’espace aérien
(OSS), le recours à la force armée contre des
aéronefs d’Etat est soumis à l’appréciation
du CAD. Il est interdit de faire usage des
armes contre des aéronefs civils. Mais, en
cas d’acte terroriste, il est possible d’agir en
vertu d’un état de nécessité ou de légitime
défense, que chaque citoyen peut d’ailleurs
invoquer.» Si une menace sérieuse se profile,
il serait de toute manière facile d’intégrer
assez rapidement un décideur politique,
comme pour le WEF. «En fait, plusieurs
prestations déjà bien rodées lors du WEF
vont devenir la règle.»
Processus de formation
Mais pourquoi faut-il compter une dizaine
d’années entre le dépôt de la motion Hess et
son application? Outre le processus politique
déjà décrit, cela tient aussi à l’organisation de
l’Armée suisse. Peter Bruns explique: «Notre
système prévoit que la permanence est assurée
par la milice, et le personnel professionnel se
consacre essentiellement à former la milice.»
Donc, pour assurer une permanence avec des
professionnels, il faut forcément engager du
personnel, et pour accroître la disponibilité
plus rapidement, il faudrait restreindre le
service d’entraînement et d’instruction des
Forces aériennes.
Certes, l’armée de l’air suédoise a pu
mettre en place plus rapidement un service 24
heures sur 24, «mais il s’agit d’une armée professionnelle, qui dispose déjà du personnel et
peut l’engager selon ses priorités». En Suisse,
il faudra, comme déjà signalé, embaucher une
centaine de spécialistes. A noter que ceux-ci
ne sont pas forcément disponibles sur le marché du travail et devront d’abord être formés.
C’est le cas des pilotes, des contrôleurs aériens
et des mécaniciens. ■
Photo: DDPS
(avec une seule équipe) passera à cinq jours,
puis à sept. Suivra une exploitation à deux
équipes et enfin à trois équipes d’ici à la fin
de 2020. «Au début, nous allons augmenter
notre présence surtout aux heures de pointe»,
explique le colonel EMG. Mais une certaine
irrégularité doit être conservée pour qu’un
agresseur potentiel soit obligé de tabler sur
un dispositif maximal.
Actuellement, le service de police aérienne est encore effectué en partie avec des
Tiger non armés.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
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Engagement
Les Forces aériennes s’entraînent en Norvège depuis 1998
L’importance des entraînements de nuit
Du 10 novembre au 5 décembre 2014, les Forces aériennes suisses se sont entraînées au vol de nuit avec des jets de combat
F/A-18C/D dans l’espace aérien norvégien, depuis la Main Air Station d’Ørland. La campagne Nightway fait partie intégrante
de l’entraînement au vol de nuit, dont la pratique en Suisse est restreinte en raison de la forte densité de population. A notre
époque, la capacité à l’engagement de nuit revêt une importance capitale, toutes les opérations aériennes décisives étant
accomplies dans l’obscurité lors de crises et de conflits.
lt col Aldo Wicki, commandant de campagne
Au total, 30 pilotes de F/A-18C/D Hornet
répartis dans deux détachements se sont
entraînés dans les vastes espaces aériens militaires au-dessus de la mer du Nord, en face
de la côte norvégienne. Ils étaient appuyés
par près de 80 techniciens et spécialistes de
la maintenance des Forces aériennes suisses
sur la Main Air Station d’Ørland.
Les objectifs de la campagne en Norvège
restent les mêmes chaque année: d’une part,
les jeunes pilotes de F/A-18 accomplissent
l’instruction de base au vol de nuit en vue de
leur engagement nocturne dans le service
de police aérienne. D’autre part, deux des
quatre semaines Nightway sont consacrées
au perfectionnement et à la consolidation
des tactiques de vol de nuit, avec et sans
appareils de vision nocturne, pour pilotes
expérimentés, ainsi qu’à l’engagement des
jets de combat dans des situations difficiles:
obscurité totale, mauvaises conditions météorologiques et atmosphériques, géographie
peu ou pas connue. Vastes zones d’entraînement au-dessus de la mer du Nord, trafic
aérien civil quasiment inexistant, faible densité de population sur la côte et à l’intérieur
du pays, infrastructures idéales sur la Main
Air Station d’Ørland, excellent support par
la Norvège, nation hôte – autant d’avantages
qui font de la campagne Nightway une partie
irremplaçable du programme de coopération
des Forces aériennes suisses en matière d’instruction et d’entraînement.
Jusqu’à la limite
Dans le cadre de la première phase du perfectionnement tactique, les jeunes pilotes
– qui ont débuté la reconversion de l’avion
d’entraînement à hélice PC-21 à l’avion de
combat ultraperformant F/A-18 une année
Maîtriser un F/A-18 dans l’obscurité n’est pas une mince affaire.
12 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
auparavant seulement – sont instruits à la
technique du vol de nuit par des pilotes de
Hornet expérimentés et routiniers selon un
programme d’entraînement méthodique
et didactique structuré. Les novices en vol
de nuit ne sont pas seulement fortement
sollicités par un programme d’instruction
dense, qui progresse rapidement, avec un
nombre imposé de vols de formation et de
contrôle, ils sont aussi poussés jusqu’à leur
limite par les conditions de vol, quand ils
manœuvrent à des centaines de kilomètres
de la côte, au-dessus d’une mer du Nord
noire comme du jais, face à des aurores
boréales féeriques ou des fronts orageux, sur
un ciel étoilé qui se confond souvent avec
les lumières étincelantes des nombreuses
plateformes pétrolières. Ce n’est qu’après
une centaine d’heures de vol éprouvantes
sur F/A-18 et un vol de contrôle complet que
les jeunes pilotes de Hornet sont autorisés
Engagement
quatre», notamment contre les F-16AM/BM
de la Force aérienne norvégienne stationnés
sur les bases aériennes d’Ørland et de Bodø.
Les milieux spécialisés considèrent d’ailleurs la Force aérienne norvégienne comme
extrêmement compétente compte tenu de son
expérience de l’engagement dans des conflits
actuels. Pour cette raison également, la Luftvorsfaret royale norvégienne est un partenaire idéal pour notre propre benchmarking, à
savoir le contrôle continu de nos compétences.
L’avenir à Ørland
La Force aérienne norvégienne a lancé la mise
en œuvre de son nouveau concept de stationnement. A moyen terme, la Main Air Station
de Bodø, installée dans le Nord, sera fermée.
Le transfert de ses F-16AM/BM à Ørland a
déjà commencé. Les premiers exemplaires
des 52 F-35A Lightning II ultramodernes en
commande seront livrés à Ørland à partir de
2017. Un vaste programme de construction
d’infrastructures de haute sécurité pour l’engagement, l’exploitation et la maintenance de
ces jets de combat furtifs débutera l’année
prochaine. Au terme de la mise en œuvre du
concept de stationnement, Ørland deviendra
la seule base aérienne complètement opérationnelle de la Force aérienne norvégienne.
Le stationnement d’un détachement de F-35A
sur la base aérienne d’Eveness est toutefois
prévu pour assurer un délai de réaction
rapide 24h/24 (quick reaction alert). Cette
implantation n’est pas seulement en lien avec
les activités des Forces aériennes russes en
Europe du Nord: selon le commandant du
138 Air Wing basé à Ørland, les F-35A se distinguent par un niveau sonore plus élevé de
dix bons décibels qu’un F/A-18 au décollage
avec postcombustion, il est donc envisagé
d’exporter ces nuisances sonores dans la
région encore moins peuplée d’Eveness. ■
Photos: lt col Aldo Wicki
à voler seuls de nuit pour la première fois.
Les compétences des pilotes de F/A-18 au
bénéfice de longues années d’expérience sont
aussi mises à rude épreuve dans la partie
tactique de la campagne Nightway. En effet,
la proportion d’exercices de nuit des pilotes
du front des Forces aériennes suisses se situe
bien en-dessous de la moyenne internationale
de 30 % sur l’ensemble de l’entraînement.
En outre, les exercices du programme d’instruction tactique pour pilotes expérimentés
requièrent la préparation de chaque engagement jusque dans les moindres détails et
l’accomplissement de chaque mission avec
une concentration maximale, une technique
bien rôdée et la prudence nécessaire face aux
pièges et risques du vol de nuit.
Outre l’utilisation des appareils de vision
nocturne sophistiqués (night vision goggles),
ce programme comporte aussi des exercices
complexes de type «quatre machines contre
Conditions idéales pour l’entraînement au vol de nuit dans les vastes espaces aériens au-dessus de la mer.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
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Démonstrations aériennes
Cours d’entraînement du Super Puma Display Team
Des Lazy Eight au-dessus de l’Axalp
La place de tir d’aviation de l’Axalp offre une scène sans pareil pour la présentation du Super Puma.
Il est bientôt neuf heures en ce jeudi ensoleillé à Alpnach. Les rotors vrombissent au-dessus de la base
aérienne et ça sent le kérosène à l’intérieur de l’hélicoptère. Les pilotes de carrière Daniel Fausch et
Jan Schweizer procèdent aux derniers contrôles avant de décoller. Ce sont deux des six pilotes du
Super Puma Display Team et ils suivent une semaine de cours d’entraînement à Alpnach. «armée.ch»
les a accompagnés pendant une journée d’entraînement.
Nerina Eugster, Communication des FA
Les six pilotes du Super Puma Display Team
se retrouvent une fois par an avec leur commandant pour un cours d’entraînement.
«Ce cours ouvre notre saison de démonstrations», explique le lieutenant-colonel Lukas
Rechsteiner, commandant du team. «Il nous
permet à la fois de revenir sur l’année écoulée
et d’envisager la saison à venir.» Lors du cours
d’entraînement, on aborde les problèmes ad-
14 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
ministratifs et on discute des éléments de vol.
Cela commence par la répartition des pilotes
dans les différents meetings, pour continuer
avec la formation théorique et se terminer par
l’entraînement pratique des figures de vol et
du programme complet.
Le Super Puma Display Team ne s’entraîne pas régulièrement, mais seulement
sur place peu avant les différentes démonstrations. C’est pourquoi le programme doit
déjà être au point. Le cours d’entraînement
est par conséquent la seule occasion pour
tout le team de se réunir pour échanger ses
impressions et s’entraîner à fond. «Comme
je n’assiste pas à toutes les démonstrations,
le cours d’entraînement me donne l’occasion, en tant que commandant, de donner
un feed-back, de filmer les équipages et de
formuler des propositions d’amélioration»,
ajoute Lukas Rechsteiner.
A neuf heures précises, les pilotes Daniel
Fausch et Jan Schweizer ont terminé leur
Démonstrations aériennes
Entraînement sur l’Axalp
Après tout juste vingt minutes, les pilotes se
préparent à atterrir sur l’Axalp où ils déposent
Lukas Rechsteiner. Tandis que l’hélicoptère
reprend son envol, Lukas Rechsteiner prend
position sur le poste de commandement recouvert de neige. A son signal, les deux pilotes
commencent leur entraînement. Ils exécutent
le programme à tour de rôle. Daniel Fausch
et Jan Schweizer connaissant déjà les lieux;
par contre, c’est le premier entraînement
sur l’Axalp du capitaine Philippe Weber qui
occupe le jumpseat. «Essaie de faire la courbe
du Lazy Eight juste au-dessus de l’ancien
poste de commandement» et «La prochaine
fois, approche-toi davantage des places où se
tient le public», telles sont les propositions
d’amélioration que Lukas Rechsteiner communique par radio. «C’est super, exactement
comme cela!», se réjouit-il après un «Pull-up
back» particulièrement réussi.
Les pilotes remontent à reculons l’arrière
de hélicoptère jusqu’à ce que le Super Puma
descende et se trouve à la verticale le nez
en bas. Le regard constamment dirigé vers
l’hélicoptère, Lukas Rechsteiner prend des
notes ou filme l’entraînement avec sa tablette.
Peu avant midi, le Super Puma atterrit de
nouveau près du poste de commandement.
La neige tournoie dans toutes les directions
tandis que Lukas Rechsteiner remonte dans
l’hélicoptère.
pilotes des escadres de Dübendorf, Payerne
et Alpnach qui sont sélectionnés. «Et là c’est
le timing qui doit fonctionner», pense le capitaine Stauber qui vole au sein de l’escadrille
de transport aérien 8 à Alpnach.
Il y a plusieurs raisons pour expliquer
le fait que le Super Puma Display Team soit
composé de trois équipages basés à Alpnach,
Payerne et Dübendorf. D’une part, un seul
équipage n’aurait pas le temps d’exécuter
toutes les démonstrations inscrites chaque
année au programme du team. D’autre part,
le Super Puma Display Team atterrit souvent
directement sur place après son show; cela
permet aux spectateurs de s’entretenir avec
les pilotes, de leur demander de signer des
autographes et de toucher les hélicoptères.
«Naturellement, c’est bien d’envoyer un équipage qui vient de chaque région linguistique
du pays», explique Robin Stauber. «C’est
génial de pouvoir atterrir directement sur
place après un show», ajoute Jan Schweizer,
«cela suscite toujours l’enthousiasme des
spectateurs.»
Cependant, il n’est pas possible de rencontrer simultanément les trois équipages
lors du même événement. «Nous faisons la
démonstration des capacités de l’hélicoptère,
nous ne faisons pas de vol en formation»,
explique Robin Stauber. «Nous exécutons
les figures et les manœuvres d’une façon plus
marquée que lorsque l’hélicoptère est en engagement normal. Les pilotes s’en tiennent toutefois rigoureusement aux limites imposées
par la machine et l’aérodynamique. Mais il
ne s’agit pas d’un vol acrobatique proprement
dit, car nous ne faisons pas de manœuvre
la tête en bas», ajoute le lieutenant-colonel
Reschsteiner. Cependant, la démonstration
du Super Puma Display Team constitue un
événement car il est rare de pouvoir assister
à quelque chose de comparable.
Beaucoup d’entraînement et de la routine sont nécessaires pour exécuter ces figures
le plus précisément possible. «Les accoutumés de nos shows, remarquent très bien la
différence entre un pilote expérimenté du
Display et moi», confirme Robin Stauber.
C’est pourquoi il est très précieux que Sébastien Bart, qui se retire du team, transmette
ses connaissances aux pilotes néophytes du
Display et qu’il exerce les manœuvres avec
eux tant en théorie qu’en pratique; pendant
ce temps, les routiniers font leurs propres
entraînements. On a ainsi pu observer pendant tout l’après-midi des Super Puma qui
exerçaient des Screwdrivers et des Balances
au-dessus de la base aérienne d’Alpnach. ■
Photos: Franz Blatter
check-list et sont prêts à décoller. Ils profitent
des excellentes conditions météorologiques
pour voler sur l’Axalp et y exercer leur
programme. C’est à la fois une préparation
aux tirs d’aviation annuels et l’opportunité
d’entraîner le programme à haute altitude
et dans un environnement inhabituel, sans
avoir l’horizon en point de mire. Par ailleurs,
les montagnes et l’air raréfié contraignent les
pilotes à adapter leur programme.
C’est un honneur d’être des leurs
Le cours d’entraînement de cette année
constitue une première pour deux pilotes.
En effet, Sandro Haag et Robin Stauber sont
les petits nouveaux du team et succèdent à
Sébastien Bart et Jérémy Faux qui ont quitté
le Display Team après respectivement dix et
six ans. «C’est déjà un honneur de pouvoir
voler au sein du Super Puma Display Team»,
dit Robin Stauber. En effet, pour être admis au
sein du Display Team, il faut être instructeur
et avoir accompli un certain nombre d’heures
de vol. En outre, ce sont chaque fois deux
Lukas Rechsteiner est le commandant du Super Puma Display Team.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
15
Environnement
Des abeilles sauvages sur les bases aériennes
Hangars à abeilles
Le domaine Territoire et environnement des Forces aériennes a installé, l’été
dernier, des hôtels pour les abeilles sauvages sur toutes les bases aériennes
militaires de Suisse. Ces insectes menacés d’extinction trouvent, à proximité des
avions et des hélicoptères, des conditions idéales pour se reproduire.
David Marquis, Communication des Forces aériennes
L’habitat des abeilles sauvages est de plus en plus restreint, en Suisse.
L’agriculture intensive et l’extension continue des zones d’habitation
ne sont pas étrangères à cette situation. Le rôle des six cents espèces
indigènes est pourtant essentiel à la pollinisation des plantes sauvages
et des plantes cultivées. «Les sols de nos bases aériennes sont, pour
la plupart, exploités de manière extensive; l’herbe y est coupée relativement tard dans la saison, pour le plus grand bonheur des abeilles
sauvages», dit Simona Kobel, responsable de la protection de l’environnement aux Forces aériennes.
De plus, les abeilles sauvages – à l’inverse des oiseaux notamment – s’accommodent très bien du service de vol et: «Elles sont sans
danger pour l’homme. En effet, contrairement aux abeilles mellifères
qui défendent leur miel, les espèces sauvages ne construisent pas de
ruche et ne produisent pas de miel.» En conséquence, on peut installer des hôtels à abeilles dans des endroits facilement accessibles: «…
et observer les femelles pondre leurs œufs.»
Période de vol de mars à octobre
Fabriqués par des personnes au chômage
Les hôtels à abeilles, appelés avec une pointe d’humour «hangars à
abeilles» aux Forces aériennes, sont fabriqués dans le cadre du projet «Move On» de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière, une association qui soutient les jeunes sans emploi et leur donne la possibilité
d’acquérir de l’expérience dans les activités manuelles. Les jeunes de
l’atelier «Move On» ont d’ailleurs participé à l’installation des hôtels
à abeilles sur les bases aériennes, en compagnie du responsable d’engagement. Outre l’aspect social, un autre point parlait en faveur du
produit de «Move On», explique Simona Kobel: «Ces hôtels à abeilles
ont été développés par le WWF; ils sont de bonne qualité et nous savons qu’ils fonctionnent.»
Etant donné que nous n’avons installé les hangars à abeilles
qu’en juin et juillet, il est encore trop tôt pour dire si c’est un succès
ou non, néanmoins: «Nous vérifierons au printemps prochain si les
abeilles ont niché dans ces hôtels; il suffira de regarder si les trous ont
été refermés.» Hormis l’ensemencement des hôtels avec des fleurs appropriées pour inciter les abeilles à s’y rendre, leur entretien est très
simple: «Comme les abeilles nettoient elles-mêmes les trous, le travail
est réduit au strict minimum. Selon l’état, nous remplacerons les matériaux qui composent les hôtels après quelques années.» ■
Photo: Silvan Widler
L’hôtel à abeilles est construit à l’aide de différents matériaux dans
lesquels on perce des trous. Chaque espèce d’abeilles a ses préférences
en termes de matériau et de dimensions. Les femelles déposent leurs
œufs dans les trous, au même endroit que le pollen – celui-ci servant
de nourriture aux larves – puis les referment. Pendant l’hiver, les
larves grandissent. Au printemps, devenues abeilles, elles creusent
un passage pour rejoindre la lumière du jour. Simona Kobel explique:
«Les abeilles mâles quittent l’hôtel en premier. Elles attendent les femelles pour l’accouplement. C’est un processus que l’on peut observer.» La période de vol des abeilles dure environ un mois, chaque espèce étant toutefois active à un mois différent: «On peut voir voler
des abeilles sauvages de mars à octobre.»
A chaque espèce d’abeilles sauvages correspond un matériau différent pour nicher.
16 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
Engagement
Vol de nuit
Photo: DDPS
Sauvetage avec le Super Puma
Dans la nuit du 18 janvier dernier, une personne disparue a pu être sauvée dans le secteur de Wengen (BE)
grâce à l’appui des Forces aériennes suisses. L’hélicoptère équipé du FLIR a localisé en quelques minutes
l’homme légèrement blessé, puis éclairé la zone extrêmement dangereuse pendant les opérations de
sauvetage menées par un hélicoptère d’Air Glacier.
Le Super Puma équipé de la caméra infrarouge (à droite) et du projecteur orientable (à gauche).
lt col Christian Trottmann, chef de la communication de l’Engagement FA
Le dimanche 18 janvier 2015 à deux heures et demie du matin, l’hélicoptère de piquet SAR des Forces aériennes a été demandé par la
police cantonale bernoise; il a été immédiatement déployé près de
Wengen (BE) par l’officier de piquet des Forces aériennes pour sauver une personne disparue. Avec le FLIR (Forward Looking Infrared), le Super Puma peut localiser dans le terrain des personnes
disparues grâce à leur température corporelle. Dans le cadre du
piquet SAR (Search and Rescue), un Super Puma des Forces aériennes équipé d’une caméra thermique est aussi à disposition des
autorités civiles 365 jours par année. L’hélicoptère de l’armée a décollé de la base aérienne d’Alp­nach pour sauver l’homme de 26 ans
qui avait disparu.
Terrain escarpé et milieu périlleux
La personne a été portée disparue après s’être éloignée de son accompagnant samedi soir au-dessus de Wengen. Les recherches terrestres menées par la station de secours CAS Lauterbrunnen du Sauvetage alpin suisse (SAS) ont dû être interrompues assez rapidement
en raison de l’obscurité, de la nébulosité et de la neige ainsi que du
terrain très abrupt et dangereux. Par la suite, un hélicoptère de sau-
vetage d’Air Glaciers a effectué un premier vol de recherche depuis
la base de Lauterbrunnen. Celui-ci s’est toutefois achevé sans résultat peu après minuit.
Localisation en 20 minutes
Les Forces aériennes ont ensuite déployé les cinq membres de l’hélicoptère de piquet SAR, en coordination avec la centrale d’engagement
de la Garde aérienne suisse de sauvetage (Rega). L’équipage militaire
a été complété par un spécialiste de montagne de la police cantonale
bernoise qui avait pris place à bord de l’hélicoptère à l’aérodrome
d’Interlaken. Il n’a pas fallu plus de vingt minutes à l’équipage du Super Puma équipé du FLIR pour localiser la personne disparue. Un hélicoptère d’Air Glacier et un spécialiste du sauvetage héliporté (SSH)
de la station secours de Lauterbrunnen ont de nouveau été sollicités
pour sauver l’homme légèrement blessé et en état avancé d’hypothermie. Tandis que l’hélicoptère militaire éclairait abondamment le lieu
du sauvetage au moyen du projecteur orientable dont il est équipé depuis peu, le blessé a pu être rapidement hélitreuillé par un hélicoptère
d’Air Glacier, puis transporté à l’hôpital.
Cette opération de sauvetage exigeante a été rapidement menée
à bien et en toute sécurité grâce au soutien des Forces aériennes, en
collaboration avec tous les partenaires civils concernés. ■
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
17
FOAP aide cdmt 30
La formation d’application en engagement
Un enchaînement de procédures bien rodées
Le lieu d’engagement du groupe radar 1 ne peut être rallié qu’au moyen d’un téléphérique militaire.
La majeure partie des quelque 3000 militaires engagés en faveur des autorités cantonales grisonnes au Forum économique mondial (WEF) à Davos appuie le service de vol des Forces aériennes. Parmi eux, la Formation d’application d’aide au
commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) qui met à disposition des unités de ses six groupes dont les lieux d’engagement sur
des sites parfois à l’écart ne sont souvent pas visibles pour le grand public. Les données qui y sont collectées sont toutefois
primordiales pour l’engagement des Forces aériennes.
Of spéc (cap) Sandro Büchler,
communication FOAP aide cdmt 30
Un vent glacial souffle autour du bâtiment
du téléphérique, à près de 2700 mètres d’altitude. Ce téléphérique utilisé exclusivement
par l’armée mène directement au cœur de
l’installation de radars classifiée, dans les
montagnes de Suisse orientale. Les contrôles
y sont stricts. Deux soldats armés avec gilets
pare-éclats et manteaux en peau de mouton
montent la garde à l’entrée, où il est obligatoire de s’identifier. Comme il est interdit de
prendre des photos et de filmer, les téléphones
portables, les appareils photos ou les caméras
doivent être déposés à l’entrée.
Deux semaines dans les montagnes
Les mauvaises conditions de visibilité en cette
journée d’hiver masquent la raison de ces
18 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
mesures de sécurité: un radar est en service
sur le massif montagneux. Il fait partie du
système militaire de surveillance de l’espace
aérien et de conduite des opérations aériennes
FLORAKO, une abréviation pour l’allemand
«Florida Radarersatz Radarluftlagesystem
Kommunikationssystem» (stations radars
Florida / système radar indicateur de positions / système de communication).
Un labyrinthe de corridors et de salles
se déploie sous le radar, tandis que les étages
résonnent du bourdonnement monotone
et incessant des installations techniques.
Pendant le WEF, le personnel permanent
de la station radar de haute montagne est
complété et soutenu par le groupe radar 1 des
Forces aériennes (gr radar FA 1), responsable
de la sécurité de l’exploitation. Le sergentchef Ruzdija Ramdedovic explique en quoi
cela consiste: «Nous fonctionnons un peu
comme des sapeurs-pompiers: nous assurons
la sécurité de l’installation 24h/24.» En cas
d’incendie, le groupe radar combat le feu et
procède à l’évacuation. Si la situation l’exige,
il ouvre en outre les issues de secours pour
descendre en urgence dans la vallée. Cette
procédure d’urgence, qui s’applique aussi
en cas de panne du téléphérique, requiert
des connaissances de pointe pour assurer
la descente en rappel dans des conditions
difficiles. Pour protéger la station radar des
actes de sabotage, la troupe patrouille régulièrement dans le secteur d’intérêt et surveille
les alentours de l’installation avec des moyens
d’observation techniques.
Le lieutenant-colonel Marco Lucchinetti, commandant du groupe, est conscient de
ces défis particuliers: «En contrepartie, la
troupe a le privilège de séjourner dans un
endroit unique en son genre.» Il mentionne
FOAP aide cdmt 30
à plusieurs reprises le concept d’«autonomie
d’approvisionnement». A cet égard, il
convient de ne pas sous-estimer l’effort logistique nécessaire pour survivre une longue
période dans la montagne. Par ailleurs, les
besoins en matériel sont considérables: appareils de protection respiratoire, matériel de
montagne et subsistance.
Surveillance à toutes les altitudes
Confirmation de vol
Le premier-lieutenant Pascal Urech, pilote de
l’escadrille de transport aérien 3 (esc TA 3),
consulte un écran de la base de Dübendorf
et confirme d’un hochement de tête: «Meteo
checked.» Sa décision est prise: le vol en
Super Puma pour Davos peut avoir lieu.
Une décision qu’il ne prend pas à la légère
quand on sait que les places d’atterrissage
utilisées pendant le WEF se situent souvent
en montagne et sont accessibles uniquement
en vol à vue. S’il n’avait pas confirmé le vol,
les conséquences auraient été importantes,
notamment pour la police. Pour transporter
une personnalité d’un Etat invité au WEF
par la route, il faut organiser une escorte, les
routes doivent être partiellement bloquées
et un grand nombre de policiers est engagé.
Le premier-lieutenant vérifie le plan de
vol prévu: éventuelles turbulences dues au
foehn, altitude des nuages ou du brouillard
en différents points, prévisions météo pour
le Prättigau et l’itinéraire alternatif par le
Landwassertal. «C’est à nous, pilotes, de
prendre la décision, et à nous seuls», conclut
Pascal Urech.
Des prestations complètes
En fournissant des prestations d’aide au commandement complètes en faveur des Forces
aériennes, la Formation d’application d’aide
au commandement 30 crée les conditions
pour un engagement efficace des moyens
aériens et terrestres. Des procédures bien
rodées entre les unités des six groupes de
la formation d’application, la souplesse de
leurs possibilités d’engagement et les interactions entre organes civiles et militaires
assurent la sécurité du service de vol des
Forces aériennes. ■
Photos: sdt Milan Rohrer
Tandis que le système FLORAKO surveille les
mouvements dans l’espace aérien supérieur,
le radar d’aviation tactique (TAFLIR) enregistre les données de l’espace aérien inférieur.
Le radar mobile utilisé pour des opérations
surveillance ponctuelles est exploité par le
groupe radar mobile 2 des Forces aériennes
(gr radar mob FA 2). En dépit des progrès
techniques, il existe encore dans la topographie de la Suisse des secteurs aériens et
des portions de territoire qui échappent à
la surveillance radar. Des observations
visuelles réalisées par le groupe de renseignement 6 des Forces aériennes (gr rens FA 6)
complètent l’image de la situation aérienne.
Parallèlement, le groupe de conduite de la
guerre électronique 3 des Forces aériennes
(gr GE FA 3) capte et analyse les signaux
de toutes les sources d’émissions radio et
radar dans l’ensemble de l’espace aérien
suisse. L’Air Operation Center (AOC) est
l’utilisateur principal de ces données, qui
servent de référence pour la planification et
l’engagement des Forces aériennes. Le groupe
météorologique 7 (gr météo 7) collecte les
données sur les conditions et prévisions
météorologiques, qui contribuent aussi aux
bases décisionnelles. Quant au groupe de
transmission 5 des Forces aériennes (gr trm
FA 5), il assure la transmission et la capacité
de commandement face à cette avalanche
d’informations. Les escadrilles des Forces
aériennes se réfèrent aux données condensées
fournies par les différents groupes, tandis que
les escadrilles de transport aérien ont surtout
besoin des données météorologiques.
Les membres du groupe météo 7 traitent les informations météo pour
les pilotes de jet et d’hélicoptère.
Les soldats qui gardent l’installation de haute montagne des Forces
aériennes doivent s’habiller chaudement.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
19
FOAP aide cdmt 30
Sergent-chef Ruzdija Ramdedovic
Soldat Flavio Cueni
«Je sors tout juste de l’ER», explique Mario
Gugger. Il a terminé son école de recrues
comme soldat un mois avant son premier
cours de répétition. Il dit avoir été bien accueilli par ses camarades, qui l’ont d’ailleurs
prévenu d’emporter suffisamment d’habits
chauds en raison des conditions extrêmes.
«Le gilet pare-éclat et le manteau en peau de
mouton sont suffisamment chauds», précise
le jeune installateur-électricien de Niedergösgen. Mario Gugger considère l’instruction sanitaire comme une bonne chose, car
elle peut aussi lui être utile dans la vie civile.
Bien que ce ne soit que le deuxième CR pour
Ruzdija Ramdedovic, il se déplace à la vitesse
de l’éclair dans le labyrinthe des corridors
de la station radar. Il est responsable de la
sécurité de l’ouvrage, de la régularité des
patrouilles et du déneigement des issues de
secours: «Pour moi, un CR signifie assumer
la responsabilité des hommes 24h/24». En
compensation, Ruzdija Ramdedovic admire
la magnifique vue sur le ciel et les étoiles
pendant la nuit. Le sergent-chef rappelle toutefois que «la sécurité passe toujours avant la
beauté» et que l’instruction sur les avalanches
pourrait lui servir dans la vie de tous les jours.
Flavio Cueni accomplit déjà son troisième
cours de répétition. Pour cet habitant du
canton de Nidwald, «le CR, ce n’est pas
comme l’ER, c’est plus détendu». Pas question
pour autant de ne pas travailler proprement
compte tenu des conditions de vie et d’altitude inhabituelles: «On est à la montagne, on
respire de l’air frais, c’est dépaysant.» Ce que
Flavio Cueni apprécie par-dessus tout, c’est
l’excellent esprit de camaraderie, important
à ses yeux pour faire passer le temps pendant
lequel il ne peut jamais redescendre dans la
vallée.
Officier spécialisé Thomas Jordi
Premier-lieutenant Pascal Urech
Thomas Jordi, également météorologue chez
Météosuisse dans le civil, est celui vers lequel
toutes les informations convergent. Avec son
équipe de la centrale météo, il collecte les
prévisions pour les 30 à 48 prochaines heures
au plus. Il transmet ses connaissances aux
stations météo externes qui renseignent à
leur tour les pilotes d’hélicoptère et de jet
sur la situation météo. «Je fonctionne un
peu comme une plaque tournante», explique
Thomas Jordi. C’est qu’il faut être disponible
pratiquement jour et nuit en cas de questions
sur l’évolution du temps et les prévisions
locales. Comme il le souligne, «les pilotes
ont impérativement besoin de données météo
pour planifier leur engagement, ce qui rend
mon travail encore plus passionnant.»
Pilote militaire de carrière de l’escadrille 3,
Pascal Urech vole tous les jours, mais l’engagement du WEF le met aussi à rude épreuve:
«Le trafic aérien est dense dans un espace
restreint.» Pour justifier sa décision de voler
ou non, ce pilote de Super Puma a besoin
des informations fournies par la Formation
d’application d’aide au commandement 30.
Comme il l’explique, «l’environnement
inhabituel des places d’atterrissage et la
fluctuation des conditions météorologiques
requièrent des données locales spécifiques.»
Pascal Urech apprécie de voler pour des
missions qui sortent de l’ordinaire pendant
le WEF, «et en plus avec une super équipe»
comme il tient à le préciser.
Photos: sdt Milan Rohrer
Soldat Mario Gugger
20 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
FOAP aide cdmt 30
Changement de commandement à la formation d’application
De nouveaux défis à relever
Le brigadier René Baumann a repris le commandement de la Formation d’application de l’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) au 1er janvier 2015. Le
commandant nous livre dans cet entretien les défis qu’il entrevoit pour sa formation d’application et les évolutions auxquelles il faut s’attendre dans le cadre du
développement de l’armée (DEVA).
sérieux les mil qui nous sont confiés. J’attends notamment des cadres
de milice qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et qu’ils s’engagent
pleinement en faveur de la sécurité de notre pays. Troisièmement, je
compte sur mes subordonnés pour qu’ils travaillent en leur âme et
conscience.
Dans quelle direction avez-vous prévu de développer votre formation
d’application?
Je ne vais pas changer pour changer. Je suis pour maintenir ce qui a fait
ses preuves, tout en procédant aux adaptations nécessaires. Je souhaite
poursuivre l’excellent travail de mon prédécesseur, le brigadier Willy
Siegenthaler, en vue du DEVA. La formation d’application aura tout à
y gagner dans sa fonction d’organisation formatrice.
Quelles seront les conséquences concrètes du DEVA pour la formation
Photo: sdt Milan Rohrer
d’application?
Le brigadier René Baumann est commandant de la Formation
d’application d’aide au commandement 30 depuis début 2015.
Of spéc (cap) Stephan Schmucki, communication FOAP aide cdmt 30
Brigadier Baumann, comment se sont déroulées vos premières
semaines en qualité de commandant de la FOAP aide cdmt 30?
J’ai eu l’occasion de me faire de nombreuses premières impressions
positives. J’ai été bien accueilli partout où je suis allé. Les échanges
au sein comme en dehors de notre formation d’application étaient
toujours emprunts de sincérité et d’estime réciproque.
Quelle attitude attendez-vous de vos subordonnés?
L’identification avec les intentions du commandement de l’armée – notamment le DEVA – est un point central. Les nombreux changements
positifs qui en résulteront doivent être considérés comme tels et mis en
œuvre en conséquence. Dans cette optique, il sera peut-être nécessaire
de quitter notre zone de confort. Des relations respectueuses entre
militaires constituent ma deuxième priorité. Nous devons prendre au
Toutes les recrues accomplissent à nouveau une école de recrues complète, ce qui favorise la qualité de l’instruction technique dispensée aux
cadres et permet d’accumuler des expériences pratiques approfondies.
Il n’y aura en outre plus de chevauchements entre les écoles avec le
modèle de deux débuts d’ER, ce qui nous permettra de regrouper les
ressources. Du point de vue organisationnel, les formations SP trp
seront restructurées et subordonnées. Parallèlement, il est prévu de
regrouper les formations d’application aide cdmt 30 et DCA 33. L’école
infra / QG 35 actuelle viendra compléter la nouvelle formation d’application. La part des activités d’enseignement augmentant nettement,
la formation d’application DCA / aide cdmt sera renforcée du point
de vue de l’instruction.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’aide au commandement ?
L’importance de l’aide au commandement va augmenter. Nos prestations sont toujours plus utiles à l’armée compte tenu de la rapidité des
progrès technologiques. La cyberguerre n’est plus un vain mot depuis
longtemps, et les conflits récents démontrent son importance dans la
conduite de la guerre. Je m’attends donc à une importance croissante
de l’aide au commandement au sein de l’armée. ■
Brigadier René Baumann, commandant FOAP aide cdmt 30
Agé de 49 ans, René Baumann est entré dans le corps des instructeurs
des troupes de transmission en 1992. Entre 1999 et 2005, il a exercé
plusieurs fonctions au profit du projet Armée XXI, du Groupe du person­
nel de l’armée, du Centre de recrutement de Rüti et de la Formation d’ap­
plication de transmission. Il a ensuite travaillé comme remplaçant du
commandant de l’école de transmission de Liestal, et il a repris le com­
mandement de l’école de transmission de Frauenfeld le 1er mars 2008.
Après un séjour d’études à la National Defense University à Washington
D.C. aux Etats-Unis, il a assumé le commandement du recrutement dans
le domaine du personnel de l’armée jusqu’à fin 2014. Il a été nommé com­
mandant de la Formation d’application d’aide au commandement 30 et
promu simultanément au grade de brigadier au 1er janvier 2015 par le
Conseil fédéral.
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21
FOAP av 31
Cérémonie de remise des brevets de l’école de pilotes
Douze pilotes reçoivent leurs ailes
Début décembre 2014, douze pilotes militaires ont reçu leur brevet de pilote militaire
de carrière au Park Hotel de Weggis (LU), au terme d’une formation exigeante de
plusieurs années. A l’heure où la sélection et l’instruction des pilotes posent des exigences extrêmement élevées, il est intéressant de savoir qu’il y a cent ans, le simple
fait de posséder un avion suffisait pour devenir pilote militaire en Suisse.
Of spéc (major) Sandro Genna,
chef Comm FOAP av 31
«Les rêves ont des ailes», telle était la devise
de la cérémonie de remise des brevets de la
volée 2014 de pilotes militaires. Après avoir
travaillé dur et sans relâche pendant des
années, les douze lauréats ont enfin réalisé leur rêve. Sur les plusieurs centaines de
candidats en lice au début du processus de
sélection, seize ont réussi le grand saut dans
l’école de pilotes, et quatre d’entre eux ont
dû interrompre leur formation en cours de
route. En plus de l’instruction militaire de
base, les élèves ont accompli un cycle d’études
en aéronautique, une formation de pilote de
ligne et près de 500 heures de vol au sein de
l’école de pilotes des Forces aériennes, le tout
sans accident.
Il suffisait d’avoir son propre avion
Comme l’a rappelé dans son allocution
le commandant d’école, le colonel EMG
Markus Thöni, la carrière d’un pilote militaire était bien différente il y a cent ans. En
1914, lorsque l’officier de cavalerie Theodor
Real a reçu l’ordre du Conseil fédéral de créer
un groupe d’aviation, les pilotes militaires
étaient recrutés dans le cercle restreint des
aviateurs privés. «Quiconque possédait un
avion était désigné pilote militaire quasiment
du jour au lendemain», a expliqué Markus
Thöni en souriant. Néanmoins, le pionnier
de l’aviation Oskar Bider, alors conseiller
du commandant Real, veillait à ce que les
neuf premiers pilotes militaires suisses
remplissent au minimum les exigences aéronautiques de base de l’époque. «Aujourd’hui
encore, il faut posséder un talent particulier
pour maîtriser la troisième dimension, mais
les compétences intellectuelles exigées des
pilotes ont considérablement augmenté», a
précisé le commandant d’école Thöni. Et de
continuer à l’adresse des six nouveaux pilotes
de jet et d’hélicoptère fraîchement promus au
Les douze pilotes militaires professionnels qui viennent d’obtenir leur brevet avec le commandant de l’école de pilotes (au centre de la photo).
Res Schmid, landammann du canton de Nidwald.
22 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
Divisionnaire Bernhard Müller, chef de l’Engagement.
FOAP av 31
grade de premier lieutenant: «Vous pouvez
contempler ces cinq dernières années de formation avec fierté, mais aussi avec humilité.»
Markus Thöni a ensuite «remis» symboliquement les nouveaux pilotes au divisionnaire Bernhard Müller, chef de l’Engagement des Forces aériennes, à qui ils seront
subordonnés à l’avenir. Dans son discours,
Bernhard Müller a rappelé que l’Etat attend
de ses pilotes militaires une loyauté sans
faille, ce en contrepartie d’une «formation
exigeante et onéreuse». L’insigne de pilote est
un gage de confiance. «Avec cet insigne, vous
portez également une grande responsabilité»,
a souligné le chef de l’Engagement, avant de
rappeler aux douze pilotes que la formation,
loin de se terminer avec le brevet, restera pour
eux une mission permanente.
Le point de départ d’une vie dynamique
Invité en tant qu’intervenant, Res Schmid,
conseiller d’Etat du canton de Nidwald et
ancien pilote de la Patrouille Suisse, arborait
également l’insigne de pilote militaire. Il a
évoqué sa propre cérémonie de remise de brevet, il y a 35 ans. «Je connais par expérience
l’importance de cette étape dans la vie», a-t-il
déclaré. Pour ce natif de l’Oberland bernois,
c’est le point de départ d’une «vie dynamique
et exigeante», à l’instar de son propre par-
cours, dont il a négocié les virages avec brio
en passant du statut de pilote militaire à celui
de pilote d’essai chez armasuisse, puis en
embrassant une carrière d’homme politique.
Il a aussi exhorté les nouveaux pilotes à ne pas
oublier, une fois installés dans leur cockpit,
les valeurs que représente le système global de
l’Armée suisse, notamment la protection du
pays et la sauvegarde de la neutralité. «Même
si vous constituez l’élite des Forces aériennes,
restez toujours vous-même et faites preuve de
modestie». Gageons que le message de Res
Schmid accompagnera les douze nouveaux
pilotes militaires sur la voie qui doit leur
ouvrir de nouveaux rêves aéronautiques. ■
Photos: FOAP av 31
Le PC-7 TEAM a fait honneur aux pilotes brevetés à Weggis en leur présentant ses PC-7.
Le Super Puma Display Team.
Le colonel EMG Markus Thöni, commandant de l’école de pilotes.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
23
FOAP DCA 33
Rencontre du Conseil ministériel de l’OSCE
Engagement réel au carrefour des trois Etats
Début décembre 2014, le Conseil ministériel de l’OSCE s’est réuni à Bâle. Après
l’engagement dans le cadre du WEF début 2014 à Davos, la défense contre avions
suisse (DCA) a effectué son deuxième engagement réel cette année-là en faveur
de la conférence organisée dans la cité rhénane.
L’engagement ALCEO a nécessité la mise en place d’un effecteur DCA en plein milieu de la ville de Bâle.
sdt Remo Bitzi, gr Comm FOAP DCA 33
L’Organisation pour la sécurité et la collaboration en Europe (OSCE) se réunit chaque
année pour parler de questions concernant la
paix, la démocratie et la stabilité en Europe.
L’an dernier, la rencontre a eu lieu au centre
des congrès de Bâle (Congress Center Basel).
C’est pourquoi, durant la première semaine
de décembre 2014, les ministres des affaires
étrangères des 57 Etats membres de l’OSCE et
leurs délégations, soit près de 1200 personnes
au total, ont séjourné au bord du Rhin.
Partie intégrante d’un dispositif global
Pour garantir la sécurité des hôtes de la conférence du Conseil ministériel de l’OSCE, l’Armée suisse a apporté son appui aux autorités
24 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
civiles du canton de Bâle-Ville dans le cadre
de l’engagement ALCEO. La DCA, équipée
de capteurs et d’effecteurs, a aussi participé à
cette mission subsidiaire de sûreté et d’appui.
C’était pour elle le deuxième engagement
réel de l’année 2014 après celui effectué dans
le cadre de la rencontre annuelle du Forum
économique de Davos (WEF).
La DCA en tant qu’élément de la formation d’engagement air a grandement
contribué au succès de la mission ALCEO.
«L’engagement de capteurs DSA fait partie
des normes actuelles européennes pour les
opérations de protection de conférences»,
explique le divisionnaire Bernhard Müller.
Le chef Engagement des Forces aériennes
et remplaçant du commandant des Forces
aériennes évoque les conférences qui ont lieu
à Amsterdam, Strasbourg et Londres où de
tels dispositifs sont aussi déployés. Selon lui,
l’engagement d’effecteurs devient impératif
en particulier lorsqu’ils peuvent contrer
efficacement les possibilités adverses les plus
dangereuses et / ou lorsque les moyens aériens
ne peuvent agir que trop tardivement en raison de la proximité de la frontière nationale.
C’est ce qui s’est passé lors de l’engagement
dans la zone transfrontalière AllemagneFrance-Suisse, car la frontière franco-suisse
ne se situe qu’à quelques kilomètres seulement de l’ouvrage à protéger.
Des défis variés
Pourtant, selon le colonel René Meier qui a
dirigé l’engagement du côté de la DCA, la
proximité de la frontière n’a de loin pas été
FOAP DCA 33
la seule difficulté rencontrée dans le cadre
de l’engagement ALCEO: «Les engagements
en milieu urbain comportent toujours de
nombreux défis.» La DCA a déjà été engagée
dans la région de Bâle lors des Championnats
d’Europe de football en 2008, mais seulement
avec des capteurs et sans canons. Par ailleurs,
le colonel Meier précise qu’il est inutile de
vouloir comparer les engagements. Ils sont
tous uniques, même s’ils se déroulent dans
un secteur connu. Dans le cas présent, le
seul dénominateur commun des deux engagements (Euro 08 et conférence de l’OSCE
2014) est le secteur dans lequel ils ont eu lieu.
faveur de la rencontre du Conseil ministériel
de l’OSCE à Bâle est positif. Les participants
à la conférence tout comme les organisateurs
ont exprimé leur satisfaction dans les médias.
La population qui devait percevoir le moins
possible de signes de cet engagement pendant
sa durée a, elle aussi, réagi de façon constructive, du moins à en croire les observations du
colonel Meier sur différents emplacements:
«Les passants étaient curieux de savoir ce qui
se passait et se montraient compréhensifs.
Ils ont bien accueilli le travail de la DCA.» ■
Effecteur en ville
Pour l’engagement ALCEO, 250 militaires
(mil) ont été convoqués. Outre les mil de
la batterie (bttr) 34/2 qui constituaient la
majeure partie des personnes mises sur pied,
des éléments du groupe de combat DCA 33
ont aussi été engagés en appui. Ces derniers
se sont occupés non seulement des deux
emplacements de capteurs situés à l’est et à
l’ouest de Bâle, mais aussi de celui de l’effecteur placé au cœur de la cité rhénane. Le fait
que ce dernier emplacement se situait, faute
d’alternatives, sur une zone de protection
des eaux souterraines a rendu la situation
encore plus compliquée. En effet, des groupes
d’intérêts supplémentaires ont donc dû être
impliqués, mais tout s’est finalement bien
déroulé grâce à la collaboration constructive
avec les autorités compétentes pour la protection de l’environnement.
Les militaires de la DCA engagés à Bâle ont dû faire face à un temps pluvieux.
Selon le colonel Meier, la conduite a en outre
été particulièrement exigeante. Comme
une seule batterie était engagée, et non une
division, la conduite s’est faite avec une
structure de combat à l’échelon de la batterie.
Maintenir la motivation de la troupe a aussi
constitué un défi qu’il a fallu relever non sans
effort, comme l’explique un chef de section
engagé sur l’emplacement en ville de Bâle.
Bien que le colonel Meier reconnaisse que
maintenir la troupe «dans le coup» n’a pas
été simple dans des conditions où le froid et
l’humidité lui ont d’ailleurs donné bien du
fil à retordre, il s’est montré satisfait du bon
moral général. Le bilan de l’engagement en
Photos: sdt Remo Bitzi
Conduite à l’échelon de la batterie
L’emplacement de l’effecteur DCA était protégé des regards extérieurs.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
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FOAP DCA 33
DCA depuis le WEF 2015
La Suisse, pays hôte de conférences internationales
A fin janvier, Davos se trouvait à nouveau sous les feux des projecteurs de la politique mondiale et de
l’économie. Près de 40 chefs d’Etat et de gouvernement, 260 ministres et 1500 chefs d’entreprise s’y
sont réunis pour mener des discussions dans le cadre du Forum économique de Davos. Des forces de
police de toute la Suisse et l’armée – dont la défense contre avions (DCA) – ont assuré la sécurité de la
manifestation.
Of spéc (maj) Andy Abächerli,
gr Comm FOAP DCA 33
La 45e réunion annuelle du Forum économique mondial s’est tenue du 21 au 24 janvier
avec pour thème central «Le nouveau contexte
mondial». Des personnalités de l’économie,
de la politique, du monde scientifique et de la
société civile ont échangé sur des sujets variés
comme la croissance, l’intégration sociale,
le changement climatique ou encore l’avenir
d’Internet. Ces débats ne pourraient pas avoir
lieu sans des mesures de sécurité globales
auxquelles l’armée apporte son appui. Car
sans soldats, pas de sécurité – et sans sécurité,
pas de conférence sur l’économie mondiale
à Davos.
Une collaboration efficace
Près de 4500 militaires ont accompli un service d’appui en faveur du canton des Grisons
dans le cadre d’un engagement subsidiaire
de sûreté. Outre des vols de surveillance et
des transports aériens, les Forces aériennes
ont assuré le service de police aérienne. Elles
avaient pour mission d’intercepter pour
identification tout aéronef pénétrant dans
l’espace aérien restreint (restricted area) et de
le contraindre à le quitter ou à se poser. Une
protection intégrale requiert aussi l’engagement d’effecteurs au sol. C’est d’autant plus
important à Davos où les délais de réactions
sont très courts en raison du territoire peu
étendu à surveiller et de la topographie
alpestre.
En service jour et nuit dans la région de
Davos et en Engadine, le réseau de capteurs
DSA 10 a livré à la centrale d’engagement
des indications sur la situation aérienne et
des données d’identification visuelle pour
un maximum de cinq cibles en même temps.
Tandis que le réseau de capteurs se chargeait de rapporter les effets du feu contre
des cibles ennemies volant à basse altitude
dans les environs de Davos, l’autorisation de
tirer et l’ouverture du feu seraient venues, si
nécessaire, directement de la centrale d’engagement de la défense aérienne (CEN déf aér).
Eprouvant mais justifié
Les 628 membres de la Formation d’application de la défense contre avions 33 ont fourni
un excellent travail. Ils ont rempli leur mission dans le calme et la discipline, sans stress.
«L’engagement au WEF est plus éprouvant
qu’un CR ordinaire, mais la troupe reconnaît l’utilité de son travail et fait preuve de
concentration et de motivation», explique le
premier-lieutenant Silvan Wyss, chef d’unité
de feu, en précisant qu’un tel engagement ne
va pas de soi compte tenu des compétences
professionnelles et privées variées des soldats.
Une raison de plus de se réjouir de ce succès.
Pour le colonel René Meier, commandant du groupement de combat de défense
contre avions 33, les procédures assimilées
pendant l’école de recrues et revues dans les
cours de répétition représentent des facteurs
de réussite décisifs: «Pas d’engagement réussi
sans procédures claires et nettes.» Pour ce
faire, il convient de rester concentré pendant
l’instruction et de s’améliorer sans cesse. Des
interfaces fonctionnelles sont aussi importantes aux yeux du colonel René Meier, que
ce soit au sein de l’armée de milice ou entre
l’armée de milice et l’organisation professionnelle: «Les interfaces avec nos partenaires
sont déterminantes. Sans une collaboration
efficace, la défense contre avions ne peut pas
fournir la qualité que l’on attend d’elle.» Pour
le brigadier Marcel Amstutz, commandant
Les capteurs de la DSA fournissent à la centrale d’engagement de la défense aérienne des informations sur la situation dans les airs.
26 armée.ch Forces aériennes 1 / 15
FOAP DCA 33
de la Formation d’application de la défense
contre avions 33, la qualité et la capacité à
durer sont des éléments centraux: «Avec un
service d’appui de 15 jours, l’engagement en
faveur du WEF dure plus longtemps que les
exercices que nous accomplissons d’ordinaire. Il s’agit dès lors de maintenir la capacité
à durer grâce à une organisation efficace en
coulisse. Sans cette dernière, l’accomplissement de la mission serait remis en question
dès le début.»
Satisfaction générale
Le premier-lieutenant Silvan Wyss était engagé comme chef d’une unité de feu.
Photos: of spéc (maj) Christophe Ruchonnet
La réaction du soldat radar Philipp Hiestand
confirme le sentiment de satisfaction générale envers l’engagement DCA pendant ALPA
ECO QUINDICI, le nom de l’engagement au
profit du WEF. Quand on lui demande ce qui
pourrait être amélioré ou ce qu’il souhaiterait
pour 2016, il répond après un court instant
de réflexion: «Des températures un peu plus
clémentes!» L’avenir nous dira si son vœu sera
exaucé. Dans tous les cas, la défense contre
avions réitérera sa contribution au système
global de l’armée – pour un WEF en toute
sécurité et la promotion de la Suisse comme
pays hôte de conférences internationales. ■
Les effecteurs de la DCA complètent le dispositif dans la topographie complexe des environs de Davos.
armée.ch Forces aériennes 1 / 15
27
Manifestations
Agenda
13.6 + 14.6
Course de côte de HembergHemberg
Avec le PC-7 TEAM
www.bergrennen-hemberg.ch
19.6 – 21.6
Célébrations de la bataille et exposition de l’arméeMorgarten
Avec tous les moyens de représentation des Forces aériennes
www.morgarten2015.ch
27.6
Red Pigs FestivalPayerne
Avec la Patrouille Suisse
www.redpigsfestival.ch
27.6 – 28.6
Oris Fly-InAmbri
Avec la Patrouille Suisse (sam) et le Super Puma Display Team (dim)
www.ambri-airport.ch
4.7 – 5.7
Swiss Harley DaysLugano
Avec le PC-7 TEAM (dim) et les parachutistes
www.swiss-harley-days.ch
25.7
Fête nocturne au bord du lacSpiez
Avec la Patrouille Suisse
www.seenachtsfest-spiez.ch
31.7
Fête du 1er aoûtBrunnen
Avec la Patrouille Suisse
www.brunnen.ch
2.8
Crédit Agricole Suisse OpenGstaad
Avec la Patrouille Suisse
www.creditagricolesuisseopengstaad.ch
8.8
Fête nocturne au bord du lacRapperswil-Jona
Avec le PC-7 TEAM et le Super Puma Display Team
www.seenachtsfest-rj.ch
8.8
50 ans de l’aérodromeSitterdorf
Avec le PC-7 TEAM, le Super Puma Display Team et les parachutistes
www.flugtage-sitterdorf.ch
22.8 – 23.8
Meeting aérien de DittingenDittingen
Avec le Hornet Display (sam) et le Super Puma Display (dim)
www.flugtage.ch
5.9
Meeting aérien de SchaffhouseSchmerlat
Avec le PC-7 TEAM et le Hornet Display Team
www.schmerlat.ch
7.10 – 8.10
Tirs d’aviationAxalp
Diverses démonstrations
www.armee.ch/axalp
Cet agenda n’est pas exhaustif. Vous trouverez en permanence des informations complètes et complémentaires ci-après:
– concernant les démonstrations aériennes des Forces aériennes suisse: www.armee.ch/airshows
– concernant les représentations de la musique militaire: www.militaermusik.ch
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