Iztapalapa, un quartier sur le volcan

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Iztapalapa, un quartier sur le volcan
L’émission du CNDP et de La Cinquième pour
les écoles, les collèges et les lycées
GÉOGRAPHIE COLLÈGE-LYCÉE
Villes en limite
Iztapalapa,
un quartier sur le volcan
MEXICO VIT DANS UN PROVISOIRE QUI
s’éternise et les tentatives
de décentralisation ne ralentissent pas
le flux de paysans sans terre qui
viennent chercher dans la capitale de
nouvelles sources de revenus, tandis
que les charges du district fédéral
et des municipes qui l’entourent
augmentent dangereusement.
Un bidonville de plus sur les flans du volcan.
© CNDP
Ce documentaire Galilée décrit la naissance d’un bidonville les difficultés
d’installation, les petits métiers pour survivre, mais aussi l’organisation
spontanée, les solidarités et l’espoir que le lotissement soit officialisé comme le
furent les « ciudad perdidas » tout autour de Mexico.
Mais la pression urbaine dans la capitale bouleverse l’écosystème régional et
les problèmes urbains s’accumulent. Devant la croissance démographique de la
plus grande ville du monde, qui concentre à l’heure actuelle 20 % de la
population mexicaine, les pouvoirs publics se trouvent à l’heure des choix.
Faut-il condamner un monstre qui rassemble la majeure partie des ressources
du pays, ou faut-il chercher à l’apprivoiser ?
Doit-on empêcher les migrants de venir s’entasser dans des banlieues
sordides, ou faut-il aménager ces banlieues et les rendre plus humaines ?
Quelles qu’en soient les solutions, le Mexique n’a pas les moyens de faire face
à des dépenses qui s’avéreront sûrement très importantes.
Informations
DÉCOUPAGE
00 min 00 s Dans la délégation d’Iztapalapa, un bulldozer abat une maison
sous la protection de la police. Les habitants installés dans le
périmètre du parc national, vivent dans la crainte d’être expulsés.
00 min 39 s Vues des différents quartiers de Mexico. Entourée de volcans, la
ville étouffe sous son nuage de pollution. Pour tenter de limiter
l’expansion urbaine de la capitale, les autorités ont installé des
lignes de grillage.
01 min 12 s À 40 km du centre de Mexico, dans l’arrondissement populaire
d’Iztapalapa, le quartier Lomas de la Estancia s’adosse au grillage
qui protège la pente d’un volcan classé zone écologique.
01 min 40 s Leonide del Rosario a construit une maison dans la partie haute
du village, sur les pentes interdites du volcan. Les locations en
ville sont inabordables pour lui. Chaque semaine plusieurs familles
édifient une maison en quelques heures malgré les menaces de
destruction.
03 min 15 s Une clôture grillagée est installée au-dessus de la faille marquant
le début de la zone écologique. Augustina Carmona et Obdulia
racontent leur installation il y a 9 ans, les difficultés
d’approvisionnement en eau, l’électricité piratée, les trajets
malaisés sur les pentes escarpées.
06 min 12 s Considérés comme illégaux par les autorités, les « irréguliers»
tentent de créer une infrastructure. À l’aide d’un bulldozer ils
élargissent le seul accès carrossable.
07 min 05 s La faille qui sépare le quartier du haut et celui du bas est aussi
une frontière sociale. Don Narcisso évoque son installation, il y a
23 ans, dans les mêmes conditions de précarité que les nouveaux
occupants.
09 min 15 s Aujourd’hui les habitants de l’ancien quartier bénéficient de toutes
les infrastructures.
09 min 34 s Rencontre avec Rodrigo. Il a 20 ans et il est chef d’une bande qui
règne sur les rues. Il nous fait découvrir l’univers de ces groupes
de jeunes qui se partagent le territoire du bas.
10 min 54 s Les petits métiers assurent l’existence des habitants. Mais,
beaucoup espèrent tenter leur chance aux États-Unis.
11 min 47 s Ici, on espère que le quartier du haut sera officialisé par les
autorités comme le furent les autres implantations « sauvages»
autour de Mexico.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
CARTE D’IDENTITÉ
Disciplines, classes et programmes concernés en priorité
Géographie, 2de. Structures et dynamiques de l’espace urbain.
Géographie, 6e. Le fait urbain dans le monde.
Géographie, 5e et Tle. Le Mexique.
Objectifs de l’émission
Repérer les limites de la ville signalant l’existence de phénomènes et
d’organisations urbaines visibles.
Montrer que la capitale mexicaine est un territoire marqué par des frontières
externes (front urbain, quartiers riches, bidonvilles, obstacles naturels des lacs
et des volcans), et par des limites internes (ségrégation socio-spatiale, témoins
historiques).
Identifier les caractères d’une agglomération du tiers monde.
Principaux thèmes abordés
Une croissance urbaine anarchique, lié à une explosion démographique
La ségrégation socio-spatiale de l’habitat dans la zone urbaine de Mexico.
Clivage social à l’intérieur d’un quartier populaire, naissance et mutation d’un
bidonville.
Problèmes d’environnement et insuffisance des infrastructures associés à
l’excroissance de l’espace urbanisé.
Vocabulaire pré-requis
Site, situation, réserve écologique, district fédéral, délégation, urbanisation.
Vocabulaire à expliquer
« Ciudad perdida » (bidonville), « cerradas » (quartiers riches), « bracero »
(ouvrier agricole temporaire), « colonia » (lotissement urbain), endoréique.
Vocabulaire à mettre en place
Écosystème, mégalopole,
infrastructure urbaine.
aire
métropolitaine,
inversion
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
thermique,
En classe
SUGGESTIONS PÉDAGOGIQUES
½ Démarche : la pression urbaine et le milieu naturel fragile
Géographie, 5e, Tle
• L’installation du grillage sur les flancs du Cerro, lié à la volonté de réduire une
expansion urbaine anarchique de la ville, traduit bien les enjeux écologiques
auxquels sont confrontées les autorités de la capitale.
Pour comprendre cette problématique on étudiera le milieu naturel sur lequel fut
édifié le site de Mexico et, à l’échelle du quartier de Lomas de Estancia, les
raisons qui ont conduit les autorités municipales à créer un parc national
(doublé d’un site archéologique) interdit à l’occupation humaine.
Dans une zone de climat tropical à longue saison sèche, le « valle de Mexico »
est un bassin endoréique. La ville est l’une des rares métropoles mondiales à
n’avoir pas été construite au bord d’une rivière ; elle fut édifiée, il y a six siècles
sur un lac entouré de quatre autres plans d’eau.
Les travaux de drainage entrepris en 1967 ont entraîné l’évacuation de toutes
les eaux lacustres. Les effets sur l’environnement ont été désastreux car ils ont
accéléré le processus de destruction d’un écosystème particulièrement fragile.
L’usage de la charrue, la déforestation, l’exploitation des versants ont provoqué
une érosion intense des sols. La boue charriée par les eaux de ruissellement
venait s’accumuler dans le lit des lacs et les comblait peu à peu. Aujourd’hui,
les marécages et les lacs ont disparu, et avec eux la flore et la faune typique de
la vallée. Du vaste lac de Texcoco on a conservé qu’une grande mare.
Avec la disparition des lacs, le climat est devenu plus sec et les pluies plus
brutales. De vastes étendues de terrains chargés de sel ont été dégagées. En
été ce sont des marécages. En hiver, les vents soulèvent des nuages de
poussières alcalines qui viennent s’abattre sur Mexico, les « tolvanèras »,
tandis que la capitale s’enfonce dans un sous-sol mal consolidé et que l’on
continue à soutirer de l’eau à une nappe phréatique agonisante.
Pour alimenter une population toujours plus nombreuse, on doit chercher l’eau
de plus en plus loin. On a creusé des puits, pratiqué des forages toujours plus
profonds. L’exploitation intensive de la nappe phréatique a eu des effets
pervers : dans tout le centre, les sols se sont affaissés.
La pollution est un autre aspect de la pression urbaine sur un milieu fragile ; la
ville rejette chaque jour des milliers de tonnes d’immondices qui ne sont pas
traitées. Elles vont s’accumuler dans des décharges plus ou moins entretenues
sur lesquelles vivent des familles entières, à la recherche de matériaux de
récupération.
L’air de Mexico (2 300 m) contient 20 % d’oxygène de moins qu’au niveau de la
mer, la ville cernée de volcans, est marquée par la faiblesse des vents et les
inversions thermiques qui empêchent l’air chaud recouvrant la vallée de
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
s’échapper car il est surmonté par un anticyclone froid. Les fumées d’usines,
les gaz d’échappement, les poussières alcalines venues des zones lacustres
asséchées, contribuent à faire de Mexico une des zones les plus polluées du
monde. Les taux de plomb, de chrome, d’ozone dépassent régulièrement les
limites permises. Les vents dominants qui soufflent du nord transportent vers le
sud, les émissions nocives produites dans les zones industrielles de
Naucalpan, Azcapotzalco et Ecatepec.
• Lomas de Estancia et le Cerro de la Estrella. El Cerro de la Estrella est un
parc national et une réserve écologique située dans la délégation d’Iztapalapa.
C’est dans la zone protégée actuellement par le grillage, là où se sont installés
les nouveaux occupants de Lomas de Estancia que fut installée une population
lacustre à l’époque où s’étendaient les grands lacs de Texcoco et de
Xochimilco. Au XIVe siècle, durant l’époque Azteque, les prêtres se rendaient
tous les 52 ans au sommet du volcan pour y célébrer la cérémonie du « feu
nouveau ». Ils interprétaient les signes divins en observant les constellations
d’Orion. Aujourd’hui encore la structure d’origine où était célébrée la cérémonie
a été conservée.
La zone volcanique de Cerro de la Estrella qui couvre une superficie de 1 093
hectares comportait une forêt primitive d’acacias. Aujourd’hui, l’espace a été
colonisé par des plantations d’eucalyptus et de conifères. Dans plusieurs
endroits, l’érosion fluviale et une mise en valeur intensive ont eu raison de la
mince couche de sol (d’origine basaltique) qui en s’amenuisant à fait disparaître
le couvert végétal.
L’existence d’une autre réserve écologique et archéologique pourra être
signalée. Elle est située au nord de la ville et protégée de l’invasion des
bidonvilles par une clôture de 12 kilomètres dressée en 1990, au pied de la
Sierra de Guadalupe.
• Les causes de la poussée urbaine. Dans le documentaire à partir de 01 min
40 s, Leonide del Rosario expose les raisons qui ont conduit sa famille à
s’installer à Lomas de Estancia ; cette séquence permettra d’amorcer une
réflexion sur les causes de l’extension anarchique de la capitale.
La cause majeure est bien sûr le maintien d’un taux de natalité élevé ; la
publicité sur la contraception timidement menée depuis le début des années
1970 reste de peu d’effet ; l’autre facteur de l’occupation anarchique des
arrondissements populaires comme celui d’Iztapalapa reste l’immigration
depuis des campagnes et des villes qui, elles aussi, voient se maintenir une
très forte croissance naturelle. Aucune politique n’a permis de dissuader les
migrants. Il faudrait que la campagne ou la petite ville soient ressenties comme
un mieux être ; or, le sous-emploi probablement plus aigu qu’à la capitale
s’accompagne de faibles espoirs : peu de mobilité sociale sur place, possibilités
d’éducation limitées pour les enfants.
Le moteur initial de la migration est le rôle de l’État qui a concentré dans la
capitale l’essentiel de ses activités non agricoles (80 % du parc industriel du
pays, soit plus de 30 000 usines) ; c’est aussi l’accumulation des excédents de
population rurale dans le secteur du marginalisme, de l’économie monétaire et
de la prolifération des services et des activités parasites. Attirés par les
avantages supposés de la grande ville, ses mirages, son marché du travail
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
potentiel, ses facilités mais aussi ses pièges, des milliers de Mexicains sans
terre et sans profession viennent tenter leur chance. En moyenne 1 000 par jour
ils s’entassent dans les faubourgs, dans les bidonvilles au-delà des collines
résidentielles.
• Les effets d’une croissance trop rapide. Jusqu’en 1940, l’essentiel de
l’expansion urbaine correspond à des lotissements de villas luxueuses à
l’Ouest, dans les Lomas de Chapultepec, destinés d’ailleurs aux classes
moyennes qui commencent à se développer. C’est surtout entre 1940 et 1960
que le processus qui a favorisé l’implantation de colonies sauvages comme
Lomas de Estancia fait son apparition. Les lotissements de classe moyenne
prennent la première place, tandis que les plus anciens parmi les quartiers
modestes se dégradent à leur tour en taudis. Les villages englobés au passage
se prolétarisent à proximité des quartiers industriels (nord et est) ou au
contraire adaptent leurs « quintas » (villas) aristocratiques à un habitat de luxe
modernisé. Les hiatus du tissu urbain sont occupés alors par des bidonvilles ou
par des lotissements prolétariens (« colonias prolétarias ») formellement
organisés. Peu avant 1960 s’amorce l’éclatement de Mexico hors du district
fédéral en un ensemble de banlieues spécialisées nouvelles. S’affirment alors
de vastes ensembles dont la destination dépend plus étroitement de la qualité
et de la situation des terrains par rapport aux axes de communication. Entre la
route de Puebla et le lac de Texcoco les marécages sont conquis par un
immense lotissement pauvre.
Aujourd’hui, les problèmes sociaux liés à cette croissance urbaine accélérée
sont particulièrement aigus ; 65 % des familles n’ont pas accès au marché du
logement, hors de prix ; 40 % du total de l’extension urbaine sont couverts de
« cités perdues » (bidonvilles améliorés pourvus d’égouts, d’eau et
d’électricité) ; 25 % des usagers des transports publics passent trois heures par
jour dans les transports entre leur domicile et leur lieu de travail. L’insuffisance
des transports à la périphérie de la ville appartenant à des concessionnaires
offrant un service déficient et cher se traduit périodiquement par des révoltes
populaires bloquant ou détruisant des autobus.
À Lomas de Estancia, on peut mesurer les effets pervers d’une croissance mal
maîtrisée. La caméra s’attarde sur les différentes formes d’habitat précaire : les
« barracas », faites de matériel de récupération, puis des maisons basses en
parpaings (tabicon) sur les lots occupés récemment, une minorité de maisons à
un étage avec les mêmes matériaux dans la partie basse. Les équipements
collectifs font défaut, peu d’écoles, peu d’emplois sur place.
½ Activité : la typologie de la ville
Géographie, 2de
• Problématique de la limite. Le District fédéral (auquel appartient la délégation
d’Izatapalapa) compte 8,5 millions d’habitants et inclut administrativement seize
délégations (l’équivalent de nos arrondissements), la zone métropolitaine de la
vallée de Mexico (ZMVM), qui s’étend sur une partie de l’État de Mexico
(Edomex), en comporte près de 20 millions. Avec son importance quantitative
en population et en surface, la capitale mexicaine offre un champ suffisamment
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
vaste pour engendrer des limites de nature différente. Non seulement la ville
offre un éventail de toutes les limites possibles, mais celles-ci sont accentuées
par la vigueur des contrastes d’une ville du tiers monde, dans un contexte
d’urbanisation sauvage. La topographie de la ville reflétant par ailleurs les
étapes de sa croissance et la diversité du peuplement.
Le dualisme social, conséquence du dualisme économique est fortement
marqué, parce qu’il oppose une catégorie peu nombreuse de fonctions de
niveau supérieur et une masse d’artisans et de travailleurs traditionnels du
commerce et des services.
• Les plans fournis par le guide permettront aux élèves de réaliser une carte de
synthèse mettant en rapport les données géographiques (tracé des anciens
lacs, relief), les équipements structurants, les limites administratives (limite
urbaine, limite du district fédéral, limite des délégations), les zones contrastées
de la ségrégation socio-spatiale et les principales régions industrielles.
La carte ainsi réalisée permettra de dégager dans le Grand Mexico plusieurs
types de quartiers :
– Le vieux centre qui abrite la vie administrative et commerciale comportant
autour de la place centrale (Zocala), des couvents et des palais souvent
dégradés qui sont devenus des taudis de plus en plus démolis et remplacés par
des immeubles de bureaux. Ces quartiers d’affaires s’organisent le long de
deux axes : le paseo de la Réforma et l’avenue Insurgentes. L’un et l’autre
connaissent une même valorisation du sol, d’abord par les villas de luxe, puis
par les grands ensembles de bureaux, enfin par l’installation de commerces de
luxes, de restaurants, de salles de spectacle. Mais la ségrégation sociale de
Mexico, attire ces activités toujours plus loin vers l’Ouest et surtout vers le Sud.
– Les villes nouvelles et les « cerradas » (quartiers riches ouverts uniquement
par une guérite surveillée sur l’extérieur), au Sud et à l’Ouest, zones
résidentielles recherchées par les classes aisées (Ciudad Satellite, Pedregal)
pour la qualité de l’environnement, situées sur des pentes aux forêts parfois
préservées comme à Chapultepec ou aux flancs de l’Ajusco. La frontière ici
s’insinue entre le néo-colonial et le moderne à travers les petites résidences en
appartement et les villas.
– Les lotissements (« colonias ») de classes moyennes. Chaque lotissement
occupe un ou deux kilomètres carrés comme ceux qui se sont installés le long
de la nouvelle autoroute de Quérétaro. Certains se sont prolétarisés par
l’implantation de l’industrie (« Ecatepec »…), d’autres ont conservé leur
caractère colonial (San Angel, Coyoacan, Tlalpan…). En fait, le district fédéral
est la ville d’une classe moyenne qui occupe presque tout le tissu urbain.
– L’axe principal de l’urbanisation pour les pauvres à l’est, et en particulier, le
long de la route de Puebla (d’où viennent la majeure partie des habitants de
Lomas de Estancia). Le statut juridique des terres s’y prête avec la très
mauvaise qualité du milieu écologique. C’est là que se sont implantées les
colonies prolétariennes, bâties à l’emplacement de l’ancien lac Texcoco ainsi
que les bidonvilles établis aux flancs des montagnes, dans les ravins, sur tous
les terrains disponibles, mais clandestinement (Netzahualcoyotl, Chalco,
Iztapalapa, Iztacalco).
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
• À l’aide d’un atlas, on tracera la structure géographique du site (la ville de
Mexico a une forme grossièrement ovoïdale de 30 kilomètres du Nord au Sud,
sur 20 kilomètres d’Est en Ouest) ; ce qui permettra de repérer les aspects
écologiques d’une polarisation entre un Sud-Ouest, montagneux, forestier, peu
pollué et diversifié, et un Sud-Est monotone, semi aride, poussiéreux et plat.
C’est ainsi que l’axe d’urbanisation pour les pauvres est l’est, le long de la route
de Puebla. Le sol urbain bon marché étant en rapport avec la très mauvaise
qualité du milieu écologique.
• En effectuant des arrêts sur image, lors du visionnement du film les élèves
feront une description du quartier de Lomas de Estancia (qui présente les
caractéristiques de la zone suburbaine « sous-intégrée» à la ville), tout en
signifiant les différences notoires opposant les deux parties du quartier :
– Le quartier du bas, le plus ancien, a une existence légale, mais souffre de
sous équipement : la voirie est constituée de rues en terre ; seules les rues
principales sont goudronnées ; la majorité des logis dispose de l’eau, mais
l’assainissement est rudimentaire ; les services (écoles, santé, commerce) sont
médiocres. L’habitat monotone est fait de parpaings et de terrasses. Les logis
sont petits, mais disposent des espaces d’arrière-cour. Parfois le début de
promotion sociale se marque d’un étage à la maison (séquence à partir de
07 min 05 s), dont le ciment gris est caché par une peinture verte ou ocre.
Quelques boutiques sont en façade, des ateliers d’artisans occupent cours et
hangars où se concentrent des activités d’artisanat (souvent clandestines), de
commerce ou de réparation (automobile) souvent lié à la contrebande ou au
recel. C’est l’emploi qui manque sur place, plus encore que les services, les
salariés, doivent en bus puis en métro, subir de longs trajets jusqu’à leur lieu de
travail.
– Le nouveau quartier a un aspect général d’abandon, mais les constructions
« en dur » ont surgi parmi les cahutes. On observe une juxtaposition d’éléments
dépendants et autonomes à travers l’écheveau des fils électriques clandestins ;
les habitants ne bénéficient d’aucun services. En raison de l’insuffisance de
voirie et de moyens de transport, la population emprunte une piste chaotique
pour assurer le ravitaillement.
La séquence à partir de 06 min 12 s, montre que ce quartier dispose d’un
mouvement de solidarités et d’associations susceptibles de faire obtenir des
pouvoirs publics une régularisation des titres de propriétés et des services
minimaux.
½ Piste : Mexico, ville du tiers monde
Géographie, Tle
• Afin d’intégrer le thème du film aux objectifs du programme, on demandera
aux élèves de reconnaître les traits qui apparentent Mexico à une ville du tiers
monde :
– elle regroupe près du quart de la population du pays et réalise le tiers du PIB
du Mexique (1/3 des emplois, 1/3 du parc automobile mexicain) ;
– elle voit affluer des milliers d’immigrants nouveaux venant de campagnes
surpeuplées, victimes du sous-emploi et de l’insuffisance de terres disponibles ;
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
– elle a une population jeune et un faible taux d’activité ;
– la division sociale de l’espace y est très accentuée.
• Interrogations sur l’avenir proche de Mexico. Mexico est une ville complexe
dans laquelle se concentre l’activité économique de la région métropolitaine.
Une agglomération monstrueuse où les échanges quotidiens avec les cités
environnantes obligent à une coordination minimale en matière de transports en
commun et de sécurité, entre municipalités. Une capitale jusque-là mal gérée,
sans projet, chaotique, aux prises avec les problèmes d’urbanisme et
d’insécurité qui vont de pair avec ceux de la pauvreté et du chômage. Les
intérêts personnels et la corruption à tous les niveaux et en particulier dans la
hiérarchie politique ont empêché de mener à bien des programmes efficaces
dans les domaines les plus cruciaux.
Les avancées démocratiques, avec l’arrivée depuis le 6 juillet 1997, d’un maire
de centre gauche (PRD), M. Cuauhtemoc Cardenas, pourront-t-elles améliorer
les conditions de vie des habitants dans les domaines les plus sensibles :
sécurité, éducation, emploi, pollution, salaires, transports, santé… ?
Le nouveau maire hérite d’une situation affligeante où des milliers d’enfants
vivent dans la rue. Leurs parents, quand ils travaillent, ont des emplois
précaires et gagnent des salaires de misère. Le sentiment général est qu’il faut
prendre des mesures radicales, pour que Mexico retrouve une qualité de vie.
La nouvelle administration s’est engagée à utiliser des moyens drastiques
contre la petite délinquance, mais surtout contre les mafias, mues par
d’énormes intérêts économiques, qui freinent tout progrès démocratique et
paralysent toute action sociale ; mafia de la police et des transports en
commun ; mafia des vendeurs à la sauvette qui proposent parfois des produits
volés ; des marchés de gros ou des prisons, de la drogue, des voleurs de
voitures. La tâche est rendue périlleuse par la corruption d’une police mal
payée et insuffisamment formée.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
FICHE ÉLÈVE
Problèmes et remèdes proposés
[À utiliser en géographie, 2de, Tle.]
1. Construisez la courbe de croissance de la ville.
2. Calculez les taux de croissance annuels depuis 1950. Commentez les
résultats. Pourquoi les ruraux affluent-ils massivement à Mexico ?
3. D’après les cartes, définissez les quartiers de Mexico. Comment expliquer
que les contrastes sociaux y soient si violents ?
4. Essayez de définir à partir de l’exemple de Lomas de Estancia, et du
Complément 3, ce qu’est un « habitat sous-intégré » dans les pays du tiers
monde.
Lomas de Estancia se trouve dans une zone conflictuelle de contact entre la
pression urbaine et la réserve écologique (comportant elle-même un site
archéologique). Développez les raisons pour lesquelles ce lieu est protégé.
5. Comparez sous les rapports de l’habitat, de la voirie, des services et des
activités, les secteurs ancien et nouveau de Lomas de Estancia.
6. Dans le documentaire, le jeune Rodrigo évoque l’existence de « bandes » de
jeunes ; le Complément 4 apporte le témoignage d’une jeune mexicaine. À
l’aide des informations fournies dans le guide, vous rédigerez un texte exposant
les conditions de vie des jeunes vivant dans les banlieues pauvres.
7. Par quels traits caractéristiques du paysage urbain Mexico est-elle une ville
du tiers monde ?
8. Quels sont les problèmes auxquels Mexico est confrontée ?
Quelles sont les causes de la pollution ?
Le problème de l’eau se pose avec une particulière acuité ; pourquoi ?
9. En exploitant l’article de Françoise Escarpit (Complément 5), journaliste au
Monde, énoncez les mesures prises par le nouveau maire pour améliorer les
conditions de vie dans la capitale.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
Documentation
COMPLÉMENTS
1. Mexico et sa région
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
2. Croissance de la population
Millions
d’habitants
Superficie km²
1900
1930
1950
1960
1970
1980
1990
2000
0,4
1,1
2,9
5,1
8,7
14,7
19
21
200
300
800
1 200
2 000
3. Les bidonvilles de Mexico
« Jadis, la “région la plus transparente”, aujourd’hui, abjection urbaine
surpolluée, la ville mérite son surnom de “Calcutta du Mexique”, enserrée dans
ces ceintures de misère que sont les “cités perdues” dont certaines comptent
plusieurs millions d’habitants survivant dans des conditions inhumaines. À
Escatepec, à Naucalpan, à Iztapalapa et surtout à Netzahualcoyotl, les gens
croupissent dans des baraques, faites de parpaings ou de planches, nageant
dans des océans de boue à l’arrivée des pluies.
[…] En 1981, plus de 150 bidonvilles ont été détruits à Mexico au nom d’une
certaine conception de l’urbanisme ; cela représentait 120 000 logements,
occupés par 600 000 personnes, qui ont été réinjectées dans les ceintures de
12
Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
misère pléthoriques de la capitale. Déjà, à San-Miguel-Téotongo, quartier
d’Iztapalapa, à l’est de la ville, huit personnes en moyenne s’entassent dans
chaque pièce.
Ces quartiers populeux constituent des réserves de main-d’œuvre abondante et
docile. À Iztapalapa, les usines sont installées au cœur de l’arrondissement et
tirent profit de la misère ambiante : salaires plus bas, législation sociale non
respectée, renvois arbitraires… Toute contestation ouvrière (telles les récentes
grèves dans les entreprises Yale, Ipanasa, Elektra et Sandak) est très
violemment réprimée. Le quadrillage policier est d’ailleurs permanent, pour
prévenir une éventuelle explosion. »
RAMONET, Le Monde diplomatique, décembre 1982.
4. Miriam, môme de la rue à Mexico
« Depuis l’âge de neuf ans, cette jeune Mexicaine a connu, pour tout domicile,
la rue, les terrains vagues, ou les trous creusés pour construire le métro. Elle
n’a échappé ni aux viols, ni à la drogue. Aujourd’hui elle tente de revivre.
Miriam raconte son enfance tragique, et ses seize ans de rue…
“J’étais une de ces gamines qui, toute petite, faisait déjà la cuisine, le ménage,
lavait le linge, repassait. J’ai quitté la maison parce que ma belle-mère me
battait et ne me laissait jamais jouer. Non. La vérité, c’est que je suis partie
parce que mon père me violait depuis l’âge de sept ans. […] Je suis arrivée
dans le quartier Lindavista, au nord de Mexico, près de la gare routière. Là, une
marchande de fleurs m’a appris à arranger les bouquets. Il y avait plein de
jeunes de la gare qui passaient par là. […] Ils vivaient dans un terrain vague où
j’allais de temps en temps. Quand j’ai voulu entrer dans la bande, j’ai dû passer
l’épreuve : voler dans un magasin de chaussures. Je l’ai fait, j’ai pris confiance,
je suis devenue la mascotte. J’ai appris à voler dans les centres commerciaux.
J’ai grandi dans la rue. Je me droguais avec n’importe quoi : la colle, la
marijuana, les cachets, la cocaïne, l’anis, le tequila, le rhum... J’achetais la
cocaïne à Tepito, un quartier commerçant du nord de la capitale, et le reste
près de la prison de Lecumberri, un coin dangereux où tu n’entres que si l’on te
connaît. Là, tu trouves de tout, le matin, le soir, la nuit… On n’y ferme jamais
les yeux. Pour 5 pesos, tu as de “l’activo” ce mélange que les enfants de la rue
inhalent toute la journée ; tu trouves de la marijuana à 15 pesos, des cachets,
de la coca. Et si tu es bon client, tu as droit au bonus.
La bande s’est divisée et ils ont commencé à m’appeler “La Chef”. J’avais
trouvé un petit boulot : on m’avait autorisé à installer un stand de vente de
boissons gazeuses, au croisement d’une rue.
Après, les choses se sont un peu arrangées. Une organisation, la Brigade pour
les droits humains, m’a proposé de m’aider. Je suis partie. Cinq autres m’ont
suivie. Mais la plupart des gamins n’ont pas tenu le coup. La règle, c’était de ne
pas se droguer et de rentrer tous les soirs à la maison. Ils ont essayé…
Dès la fin de l’année scolaire, je veux déménager, je ne sais pas, vers le sud, à
Iztapalapa. J’ai d’abord eu une chambre dans la banlieue nord. Maintenant, je
suis dans le centre et je travaille à la mairie… Mais ici, c’est plein de drogue et
pour moi ça reste très difficile de ne pas replonger.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
La rue, c’est ça. Maintenant j’espère être à nouveau dans la vie, la mort m’a
appris à vivre.” »
Propos recueillis et traduits par Françoise ESCARPIT (avec Karina Avilés),
Intern@tif, mercredi 12 Mai 1999.
5. Une solution par une meilleure gestion ?
« La situation commencera à s’améliorer lorsque, après plusieurs mois de
tâtonnements, M. Cardenas nommera un civil à la tête de la police. Avec
l’arrivée de M. Alejandro Gertz au secrétariat de la sécurité publique, et en
liaison avec le ministère de la justice de la capitale, l’épuration des corps de
police commence réellement, non sans une forte résistance de certains
secteurs.
Une gestion honorable
Autre problème prioritaire pour les habitants de la capitale : l’environnement.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, Mexico est la ville la plus polluée du
monde. Sur plus de 9 000 kilomètres de voies circulent près de 3 millions
d’automobiles, 27 000 microbus, 92 000 taxis, 2 000 trolleybus et autobus. La
conjonction de l’altitude (2 200 mètres), de l’âge moyen des véhicules (dix-sept
ans), de la corruption des centres de vérification automobile et de la mauvaise
qualité de l’essence a rendu inefficaces les programmes de lutte contre la
contamination atmosphérique. Le gouvernement de la capitale a commencé à
utiliser, pour le parc véhiculaire de la ville, le gaz et l’éthanol comme carburants
de substitution de l’essence. Il s’apprête à aider les propriétaires de microbus à
renouveler leurs véhicules, principaux agents de contamination.
Outre celle de faire adopter une réforme politique intégrale du DF, M.
Cuauhtemoc Cardenas a une idée, presque une obsession qui va au-delà de
son projet municipal : créer un corps de fonctionnaires de l’administration
publique pour asseoir les bases d’une reconstruction administrative et d’une
transparence de la gestion publique.
D’autre part, il a commencé à créer des structures décentralisées en donnant
plus de pouvoir aux délégations (arrondissements). Les décisions prises pour
rendre transparentes les rémunérations des fonctionnaires de la mairie et du
maire lui-même et celle, par exemple, de ne pas donner de treizième mois aux
plus hauts salaires ont été appréciées par la population. Populaire également la
décision de la mairie de ne pas augmenter le prix du métro, qui transporte
quatre millions de personnes par jour, ni des autobus de la ville, alors que les
tarifs de la fédération ont grimpé de plus de 20 % : une mesure importante dans
une ville où 55 % de la population vivent dans une extrême pauvreté. La
municipalité a également distribué gratuitement les livres pour les collégiens, ce
dont ont bénéficié des milliers de familles. »
Françoise ESCARPIT, « Avancées démocratiques, stagnation sociale »,
Le Monde diplomatique, septembre 1999, p. 22,
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/09/ESCARPIT/12437.html.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
POUR EN SAVOIR PLUS
À lire
BATAILLON Claude, PANABIÈRE Louis, Mexico aujourd’hui : la plus grande ville du
monde, Publisud, 1988. Décrit la vie quotidienne et démonte les mécanismes
qui ont mené la ville à plus de vingt millions d’habitants.
GRUZINSKI Serge, Histoire de Mexico, Fayard, coll. « Ville », 1996.
HUMBERT Marc, Le Mexique, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 1666, 1994.
MUSSET Alain, De l’eau vive à l’eau morte, enjeux techniques et culturels dans
la vallée de Mexico, XVIe-XIXe siècles, Recherche sur les civilisations, 1991.
NIEDERBERGER Christine, Paléopaysages et archéologie pré-urbaine du bassin
de Mexico, CEMCA, coll. « Études mésoaméricaines », n° 11, 1987.
TAPIA Viviane de (dir.), « Mexico, entre espoir et damnation », Autrement, hors
série n° 18, 1986.
« Mexico, ville industrielle », Revue géographique de Lyon, n° 1, 1988.
Mexique, La Documentation française, coll. « Notes et études documentaires »,
n° 4863, 1988.
Problèmes d’Amérique latine, La Documentation française, coll. « notes et
études documentaires », n° 4822, 1987.
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Galilée : Iztapalapa, un quartier sur le volcan © CNDP 2000
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Diffusion
Conception
Auteur/réalisateur
Durée
Public
Indexation
Mardi 6 avril 2000 / La Cinquième / 17 h
Roland Cros assisté de Manuela Marquès
Patrick Fléouter
13 minutes
Géographie, 6e, 5e, 2de, Tle
Descripteurs Motbis : Bidonville – Exclusion sociale –
Mexique – Précarité sociale – Protection des sites
naturels
OBJECTIFS DE LA SÉRIE VILLES EN LIMITE
Villes en limites, un parcours au sein de 13 grandes métropoles du monde à la
recherche des limites qui structurent la ville et conditionnent la vie de ses
habitants. La série a pour but de sensibiliser à une lecture de l’espace urbain en
mettant en évidence les limites entre centre-ville et banlieue, ville et campagne,
habitat et activité économique. Elle pointe aussi celles qui résultent de la
situation géographique des différentes communautés d’une même ville, et
évoque enfin les limites administratives et naturelles. Cette série amènera ainsi
les élèves à s’interroger sur le fait urbain et à se pencher sur l’urbanisation dans
le monde aujourd’hui.
Auteur : Emmanuel Ventoura
Coordinateur pédagogique : Yvan Amar
Assistantes d’édition : Elsa le Blanc, Séverine Blondeau

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