Degel, une nouvelle PsyCop

Transcription

Degel, une nouvelle PsyCop
Dégel
Une nouvelle PsyCop
PsyCop : Tome 1.1
Jordan Castillo Price
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Terry Milien
Smashwords version 1.0 © 2014 Jordan Castillo Price
Retrouvez d’autres titres sur
www.JCPbooks.com
llustration de couverture par Jordan Castillo Price
Publié originellement par JCP Books LLC sous le titre Thaw: A PsyCop
Short, 2007
© 2014 Jordan Castillo Price. Tous droits réservés. Aucune partie de cette
œuvre ne peut être utilisée ou reproduite, de quelque manière que ce soit,
sans un accord écrit, à l’exception d’extraits et citations dans le cadre
d’articles de critique.
Dégel
Je suis le dernier homme sur cette terre à s’intéresser au sport, que ce
soit au baseball, au basketball, ou au football, ou tout ce qui touche de près
ou de loin à l’athlétisme en général. Je fus donc un peu surpris lorsque
Jacob me proposa d’aller faire du patin sur glace en centre-ville. Mais pas
autant que lui ne le fut lorsque je lui répondis que je trouvais son idée
géniale.
Ce que Jacob ignorait, c’était que j’avais joué au hockey pee-wee
l’hiver de mes onze ans. (Je me foutais pas mal du hockey. J’avais des
vues sur le gardien de but.) Et ce que moi j’ignorais, c’était à quel point la
patinoire serait belle après le coucher du soleil. Tous les arbres dénudés
qui bordaient l’avenue Michigan étaient décorés de guirlandes de Noël, et
la ligne d’horizon de Chicago brillait de mille feux derrière eux. Le Parc
du Millénaire était absolument glacial, mais il offrait une vue magnifique.
Jacob avait dû comprendre que je savais patiner avant même que nous
ne montions sur la glace. Non seulement il est malin comme un singe,
mais en plus je suis aussi facile à lire qu’un panneau d’affichage
publicitaire. Malgré tout, il passa quand même plus de temps à me mater
qu’à profiter du panorama. C’est vraiment bizarre, la façon qu’il a de
m’observer. Il ne s’arrête même pas quand je le prends en flag’. Il sourit
juste un peu.
Et quel sourire. Jacob est beau à en tomber raide mort, avec ses yeux et
ses cheveux foncés, son bouc impeccablement entretenu qui lui donne
presque un air de super-méchant.
Il me regarda nouer mes patins comme si j’étais en train de lui faire un
striptease privé, avant de m’offrir sa main pour me lever. Il ne relâcha pas
la mienne lorsque je fus debout. On aurait presque dit qu’il avait
l’intention de m’attirer contre lui pour m’embrasser : là, à côté du banc, au
milieu de la foule qui grouillait autour de nous. Des hétéros, j’étais prêt à
le parier, en tout cas pour la plupart. Des familles. Des gosses.
Je serrai légèrement sa main et il me laissa.
— T’es prêt à voir un peu d’action ? lui demandai-je.
— Oh, ouais.
Je m’élançai sur la glace et glissai entre les courants de patineurs. Cette
expression dont tout le monde se sert tout le temps, « C’est comme pour le
vélo », je ne l’avais jamais vraiment comprise, puisque j’avais toujours été
un piètre cycliste. Mais patiner ? Cela me revint tout de suite.
Mon caban en laine noire n’était pas particulièrement aérodynamique,
mais ça n’avait pas d’importance. Mes jambes étaient plus grandes
désormais qu’elles ne l’étaient quand j’avais onze ans, et les patins
mordaient la glace avec un bruit satisfaisant chaque fois que je poussais.
Je contournai facilement le couple chancelant avec leurs parkas jaunes
assorties qui essayaient de se soutenir mutuellement. Une autre patineuse,
une femme d’allure svelte penchée très bas vers le sol, croisa mon regard
et sourit, contente de voir quelqu’un d’autre prêt à vraiment donner de la
vitesse. Elle avait l’air sérieuse, avec son legging en lycra et toute la
panoplie. Je parie que j’aurais pu la mettre au tapis.
Mais quelqu’un saisit soudain mon coude. Je me retournai. Jacob était
là, l’incarnation du péché dans sa veste en cuir et son écharpe aux motifs
indiens.
— Vic… tu veux savoir à quoi je suis en train de penser ? dit-il.
Son écharpe recouvrait sa bouche, mais je voyais bien dans ses yeux
qu’il souriait.
— Y a une version « Tous publics » ?
— Non.
Il y avait un grand trou dans la foule en face de moi, alors je fis volteface pour patiner à reculons et regarder Jacob me regardant. Les lumières
scintillaient, blanches, derrière lui. La nuit était magique. Même avec les
victimes d’un accident de voiture que j’étais seul à voir errer sur l’avenue
Michigan tels des figurants dans La nuit des morts-vivants… si je
penchais la tête juste dans le bon angle, je pouvais les cacher et prétendre
que mon monde n’était fait que de Jacob, de guirlandes de Noël, et d’un
ciel étoilé.
Je fis demi-tour pour éviter de plaquer un collégien au sol et laissai
Jacob me rattraper. Il glissa son bras au creux du mien et me fit ralentir à
une vitesse où il y aurait moins de risque que je fasse perdre un œil à
quelqu’un. Il y avait d’autres couple bras-dessus bras-dessous, mais aucun
constitué de deux hommes. Sauf si on comptait le gamin en train de tirer
un autre gosse enrhumé qui avait l’air d’être son petit frère.
Je tirai mon bras pour voir si Jacob allait se dégager. Raté.
Oh et puis, pourquoi pas ? Si l’un ou l’autre voulait se comporter
comme un crétin au sujet de notre patinage conjoint, j’étais certain que
Jacob serait plus qu’heureux de les faire taire d’un seul regard noir. Et si
les choses en venaient aux mains, je pourrais toujours m’en aller très
rapidement sur mes patins pendant que Jacob leur apprenait les bonnes
manières. Mais en dehors du chauffeur de taxi translucide au visage écrasé
qui se tenait à moitié dans un réverbère, personne ne chercha à croiser
mon regard. Jacob et moi patinèrent ensemble sous les lumières de Noël
pendant une bonne heure, jusqu’à ce que je sois pris de tremblements.
Jacob me dirigea vers la sortie. Apparemment, il appréciait me regarder
retirer mes patins autant qu’il avait aimé m’observer les nouer.
Il est beaucoup moins amusant de glisser sur la glace sans patins,
surtout si vous ne le faites pas exprès. En chemin vers la station de métro,
je marchai sur une plaque de verglas. Propulsé d’un mètre vers l’avant, les
bras brassant l’air, je finis par me rattraper et me redressai.
— On peut y retourner si t’as pas terminé, me dit Jacob.
J’ignorai sa remarque, quand bien même il me faisait un grand sourire
dans le but de me titiller.
— J’étais beaucoup plus rapide que toi, rétorquai-je.
— Hein-hein.
— Et je bouge beaucoup mieux.
J’attendis une pique, mais il n’y en eut aucune. Nous nous arrêtâmes
tous les deux pour nous regarder. Il me fixait encore et souriait toujours à
pleines dents.
— Quo… ?
Jacob m’attrapa avant même que j’aie pu finir de prononcer le mot et
me tira dans le renfoncement de la porte d’une épicerie qui était fermée
pour la nuit. Il me retourna, me poussa contre la poignée et recouvrit mon
corps avec le sien.
Ses lèvres avaient le goût de l’hiver. Son visage était froid, sa bouche
aussi, mais sa langue était brûlante quand il la poussa contre la mienne.
Mes mains, prisonnières de gants épais, cafouillèrent autour de son cou,
l’attirant contre moi. Jacob occulta le reste du monde (mise à part la
poignée de porte, que je pouvais ignorer, en tout cas pour un court instant).
Toute cette nuit passée avec lui me faisait l’effet d’un instant volé à une
vie bien plus simple, bien plus heureuse.
Sauf qu’il s’agissait bien de la mienne. Je soupirai contre son baiser
alors qu’il s’écartait à contrecœur, s’arrêtant à quelques millimètres de ma
bouche jusqu’à ce que nous entendions le bruit caractéristique de pas dans
la neige fondue.
— Sais-tu seulement à quel point tu me rends heureux ? demanda-t-il.
C’était une bonne chose qu’il fasse trop sombre dans cette alcôve pour
que je puisse voir ses yeux. Ça aurait été beaucoup trop. Je déglutis avec
difficulté, l’arrière-goût métallique dû au patinage se mélangeant à la
saveur du baiser de Jacob.
— Pareil pour moi, dis-je.
Je repoussai Jacob sur la rue et marchai à ses côtés en faisant de mon
mieux pour ne pas péter une durite, même si la soudaine prise de
conscience que j’étais réellement heureux m’avait fait un sacré choc. Je
m’approchai un peu plus de Jacob et glissai ma main, maladroite à cause
du gant, dans la sienne. Il serra tendrement mes doigts.
~Fin~
Apprenez-en plus sur Victor et Jacob sur www.PsyCop.com
Découvrez d’autres séries gays, telles que « Channeling Morpheus »,
« Mnevermind » et bien plus encore sur www.jordancastilloprice.com
Série Psycop
1. Parmi les vivants
1.1 Dégel
PsyCop English Ebooks
#1: Among the Living
What good is being a psychic detective if your murder victims aren't
talking?
#1.1: Thaw
Cold hands, warm heart.
#2: Criss Cross
Mysterious messages from Lisa lead Vic on a wild ride.
#2.1 Striking Sparks
Andrew's got cold feet about his upcoming wedding. He figures a palm
reading is just the ticket.
#2.2 Many Happy Returns
It's the holiday season at SaverPlus, and customers have become
incredibly demanding.
#3: Body & Soul
Three missing people. No bodies. No ghosts. At least the case gets Vic out
of an awkward family dinner.
#3.1: Stroke of Midnight
For a PsyCop, missing out on festivities to process a crime scene is all in a
day's (or night's) work.
#4: Secrets
Is someone watching Vic's every move, or is he imagining things? Just
because you're paranoid doesn't mean they're not out to get you.
#5: Camp Hell
Vic delves into his repressed memories of Camp Hell and dredges up more
than he bargained for.
#6: GhosTV
Lisa's gone missing, so Vic and Jacob head to PsyTrain for some answers.
#6.1: In the Dark
Halloween is supposed to be fun.
#7: Spook Squad
Victor has been avoiding the exorcism he owes the FPMP. Now it's time
to pay up.
#0.1: Inside Out
(Takes place before Among the Living, but best to read it later) The first
time Jacob saw Vic, he was covered in red.