société - Gabon Magazine

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SOCIÉTÉ
Prêts...partez!
I
LS COURENT, ILS TRANSPIRENT, ILS SOUFFLENT, le visage
écarlate, certains peinent à avancer sous un soleil de plomb,
d’autres bondissent le pied léger. Mais tous ont un point
commun : un sourire qui éclaire leur visage tout au long du
circuit tracé autour du lycée français Blaise-Pascal, pour la course
contre la faim. Bernadette Voisin, professeur d’éducation
physique agrégée et coordinatrice de la course, rayonne en
regardant ses ouailles se « défoncer » pour soutenir l’organisation
humanitaire Action contre la faim.
Depuis 1997, Action contre la faim organise une course, en réunissant
des milliers d’étudiants à travers le monde dans plus de 400 établissements. Pour la première fois cette année, le lycée français BlaisePascal de Libreville a participé à l’opération qui s’est soldée par une
grande réussite : 18 000 € collectés par les élèves.
Le principe de la course est simple. Les élèves doivent trouver dans
leur entourage le plus de sponsors possible. Ces sponsors leur promettent une petite somme d’argent par km, la distance maximale
étant de 10 km. Le jour J, l’élève court le plus longtemps possible avant
de retourner voir ses sponsors et de leur demander la somme promise,
multipliée par le nombre de km parcourus. « Moi je n’ai qu’un seul
sponsor, explique Joseph Luis, qui transpire à peine alors qu’il entame
son septième kilomètre, mais il m’a promis 75 €, le km ! »
Le lycée Blaise-Pascal compte plus de 600 élèves d’ethnies diverses.
Les coureurs ont eu le soutien de leurs camarades qui étaient là pour
les encourager. Deux amoureux, les joues rouges, courent main dans la
main. Cécile, épuisée, s’apprête à jeter l’éponge, au bout de trois tours
de piste. « Au moins, j’ai l’impression de participer à quelque chose
d’important », s’amuse-t-elle, en reprenant son souffle.
Depuis plus de 10 ans, 5 millions d’euros ont été collectés dans le
cadre de la course contre la faim en France. L’an dernier, la course a
réuni un peu partout en France et à l’étranger plus de 130 000 élèves.
Ensemble, ils ont collecté près de 2 millions d’euros. Ces dons ont
permis de soutenir les missions d’urgence d’Action contre la faim en
Mongolie et au Burundi. Cette année, ce sont plus de 150 000 élèves
qui ont pris le départ de la course contre la faim pour venir en aide aux
populations les plus démunies.
« Afin de mobiliser l’entourage des élèves, il semblait important de
médiatiser l’événement et d’inviter des personnalités de différents
milieux. Ainsi, des sportifs de haut niveau, des artistes et des entreprises se sont joints à la communauté scolaire pour que la course
prenne une autre dimension », explique Bernadette Voisin.
Des chiffres qui comptent
Moment inoubliable pour les coureurs, Annie-Flore Batchiellilys a
ouvert le bal. Elle a chanté avec la chorale de l’école, sous le regard
admiratif des jeunes gens qui s’apprêtaient à prendre le départ.
Cela fait plusieurs semaines que les élèves ont été sensibilisés à la
faim dans le monde et aux actions d’ACF. Présente lors de crises
majeures en Somalie, en Bosnie et au Rwanda, ACF – qui s’appelait
jusqu’en 1996 Action internationale contre la faim – a été créée en
1979 et développe des programmes dans 40 pays pour lutter contre la
malnutrition et favoriser les accès à l’eau potable.
« Les élèves de Libreville sont particulièrement touchés parce qu’ils
vivent en Afrique, le continent avec la plus grande proportion de
personnes souffrant de la faim, par rapport à l’ensemble de sa population, dit Bernadette Voisin. Pourtant, poursuit-elle de sa voix pleine de
conviction, ce que nous avons expliqué aux enfants, c’est qu’il n’y a pas
de fatalité : avec la production agricole mondiale actuelle, chaque être
humain disposerait en théorie de 2 700 calories par jour, ce qui est bien
supérieur aux besoins qui sont de 2 200 calories par jour en moyenne. »
Les élèves se sont renseignés sur la destination de l’argent collecté,
fruit de leur transpiration. C’est le Liberia qui sera le principal destinataire. Depuis l’élection d’Ellen Johnson Sirleaf en 2005, des dizaines
de milliers de personnes qui avaient fui la guerre rentrent dans leur
village. Mais la plupart des infrastructures ont été détruites. Et la réinsertion des enfants-soldats reste un problème crucial. ACF a étendu
son action dans des zones qui étaient restées jusque là inaccessibles.
« Moi ce qui m’a le plus touché, raconte Éric, élève de terminale, ce
sont les chiffres. Les professeurs nous ont expliqué qu’une personne
meurt de faim toutes les quatre secondes dans le monde. » I
Marie Tarquin
LYCÉE BLAISE PASCAL
Des centaines d’élèves gabonais ont participé à une course contre la faim
pour rassembler des fonds en faveur des enfants les plus démunis d’Afrique.
Annie-Flore Batchiellilys, chanteuse gabonaise de renom, a accepté
avec enthousiasme le rôle de marraine. Elle était soutenue par Alain
Giresse, ancien milieu de terrain qui représentait la France en 1982 et
1986 pour la Coupe du monde de la FIFA et actuellement ambitieux
sélectionneur des Panthères, l’équipe nationale. Fortuné Minonga,
international gabonais, coureur de 800 mètres, a terminé ses dix kilomètres. « Courir c’est mon métier, ma passion, et je ferai autant d’actions que possible de ce genre durant ma carrière. » Plusieurs interventions médiatiques sur des chaînes nationales et internationales, dont
RFI, ont relayé l’information pendant les semaines précédant la course.
C’est le départ ! Plus de 300 élèves du lycée ont chaussé leurs baskets pour soutenir l’organisation humanitaire Action contre la faim (page de gauche). La chanteuse
Annie-Flore Batchiellilys avec la chorale du lycée avant la course (ci-dessus, à gauche). Bernadette Voisin, coordinatrice de la course, rallie les troupes (ci-dessus, à droite).
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GABON . AUTOMNE 2008
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