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L’ H O M M E , L E D R A G O N E T L A M O R T Ils sont nombreux, infiniment nombreux, une armée ! Tous ont combattu avec bravoure et courage des bêtes malfaisantes, repoussantes et méchantes qui infestent la terre ; des serpents, des chimères, des dragons, des êtres sortis dont on ne sait quel marigot, quelle grotte, quel trou, sales, à l’haleine pestilentielle, écumants de rage et de bave, crachant parfois du feu, la gueule ornée de dents pointues, recouverts d’écailles ou d’une peau visqueuse, ailés parfois, aux pattes armées de griffes aiguisées comme des couteaux, dévorant tout ce qui vit : les animaux, les hommes, les femmes. Par centaines. Tous ont survécu au combat brutal. Quelques-uns sont au nombre des saints ; de la plupart on a conservé la mémoire légendaire qui s’est étiolée avec le temps et qui, amalgamée avec d’autres et tout aussi glorieuses histoires, a formé dans la chrétienté la légende de saint Georges. Ils sont nombreux, beaucoup trop nombreux pour qu’on voie dans leur troupe un fait du hasard. Les raconteurs d’histoires en tous genres, colporteurs, bateleurs, comédiens, acrobates, peintres, font croire à des choses qui ne sont pas, simplement en les disposant d’une manière ou d’une autre, en un endroit ou en un autre ; posées dans la lumière ou dans l’ombre. Toutes ces histoires, bout à bout agglomérées, entraînent avec En page 4 fig. 11 — Anonymous St George and the Dragon, Gilt and polychrome limewood, height 53,5 cm, c. 1490, Private collection. 6 elles aussi bien un vieux fonds de superstitions que des images renouvelées pour les besoins de la cause. Ainsi, « la sculpture médiévale métamorphose Hercule en saint Christophe, et Hercule tuant Géryon en saint Georges tuant le dragon1. » « De tels récits sont l’équivalent ou la réverbération dans l’imaginaire d’un pouvoir plus général. […] Les fables en perpétuent la nostalgie ou le transposent, inspirent l’ambition de concevoir et d’exécuter un modèle artificiel correspondant. Le principe premier, aveugle, indocile et redoutable, se trouve à la fin pourvu, par l’intermédiaire de l’intelligence humaine, d’un relais sensible, obéissant et bénéfique. Cependant, c’est toujours le même appel, qui au prix du détour, aura provigné2. » Le monstre prend diverses apparences : démon, dragon, hydre, chimère, basilic, serpent, la bête de l’Apocalypse, hippogriffe, drac, le graouilly, le bouzouc, la tarasque, etc., et le héros, qui s’oppose à lui, prend de multiples allures suivant les récits et les époques : l’archange Michel, Horus (fig.Horus), Héraclès (fig.vase), Beowulf, Thésée, Roger, Thor, Marcus Regulus, Persée, Bellérophon, Jason, Yvain, Cadmos, Heinrich von Winkelried, Gilles de Chin, Gaston-Armand de Belsunce, Dieudonné de Gozon, Pétrarque, saint Théodore le Stratilate, saint Georges, sainte Marthe à Tarascon, saint Clément à Metz, saint Amand à Maastricht, sainte Marguerite d’Antioche, saint Saturnin à Bernay, saint Donato d’Arezzo, sainte Radegonde à Poitiers, 7 saint Romain à Rouen, saint Marcel à Paris, saint Patrick en Irlande, saint Sylvestre à Rome…3 Pour autant que cela soit indispensable, précisons : « On représente ordinairement saint Georges en cavalier, attaquant un dragon pour la défense d’une jeune fille qui implore son secours ; mais c’est plutôt un symbole qu’une histoire4. » ——— fig. 11 — Anonymous St George and the Dragon, Gilt and polychrome limewood, height 53,5 cm, c. 1490, Private collection. Les dragons et les champions existent ; ils sont nécessaires. Les récits sont légion dans le temps et dans le monde, qui brassent largement l’épopée de la hideur de la bête et de la magnificence du vainqueur. Ces contes, ces légendes emportent avec eux la mémoire, bien bouleversée parfois, des contes et légendes anciennes en transposant dans une situation nouvelle ce qui fit leurs gloires. C’est ainsi que les héros succèdent aux héros et les dragons aux dragons. La Légende dorée de Jacques de Voragine5, au XIIIe siècle, réunit des histoires anciennes du martyre et des miracles de saint Georges en une version qui fit référence pour les siècles à venir et qui inclut le combat par les armes de saint Georges contre le dragon et sa victoire (il le met à terre par la lance, en dehors de la ville et le tue par l’épée, amené en ville), suivie du baptême des habitants de la ville de Silcha. L’auteur mentionne toutefois une autre version de cette récente addition : « On lit en certains livres que, un dragon allant dévorer une jeune fille, Georges se munit d’une croix, attaqua le dragon et le tua6. » C’est ainsi que ce texte reprend en premier lieu le thème du combat qui s’est imposé, par exemple dans le Codex Monacensis, au cours des XIe et XIIe siècles7, où l’on découvre sans doute la première narration de la lutte entre saint Georges et le dragon mais sous une forme différente : « La jeune fille, saisie d’effroi, voit Georges se signer et implorer l’aide de Dieu, tandis que le monstre, transformé en mouton docile, se jette à ses pieds. » Et quand la foule en ville a promis de se convertir, « Georges étend la main et transperce de sa lance la gorge du monstre, puis, de son épée, lui coupe la tête8. » Quand on sait que La Passion de Georges a figuré, dès le VIe siècle, dans le premier Index de l’Église romaine repris dans le Décret de Gélase, on comprend que Jacques de Voragine reprend non seulement certains miracles et scènes du martyre de saint Georges9 mais, « vers le XIIe siècle, en même temps que des Continuations sur les miracles posthumes de saint Georges, un nouveau récit, tout à fait autonome […] : le combat contre le dragon [qui] allait rencontrer un succès sans précédent dû à la fois à sa reprise dans la Légende dorée et à l’abondante illustration qu’il suscita et (qui) finit par passer pour la forme initiale et même unique de la légende10. » Certes, les temps avaient changé et « la coïncidence entre l’apparition de cette version épique de la vie de saint Georges – en Orient vers le XIe siècle – et le rayonnement de la En page 8-9 fig. 11 — Anonymous St George and the Dragon, Gilt and polychrome limewood, height 53,5 cm, c. 1490, Private collection. 8 9 chevalerie explique sa fortune11 », entre autres en ce qu’il devint le protecteur des croisés : « Au cours de la première croisade, il aurait secouru les chrétiens au siège d’Antioche (1098) […], à Jérusalem où il mena les croisés à la victoire, en armure blanche ornée d’une croix rouge. Au cours de la troisième croisade, son nom a été introduit dans le cri de guerre au même titre que celui de saint Denis12. » À quoi l’on peut ajouter cette réflexion d’Alfred Maury en 1843 qui, bien qu’elle paraisse quelque peu désuète dans sa formulation, n’en conserve pas moins de pertinence, voulant qu’à cela s’ajoute « la conception populaire, qui transformait en combats réels et sensibles, des luttes qui n’avaient été qu’intérieures ou morales13. » Cette légende dans sa nouvelle version connut un succès inouï et ses représentations peintes, gravées ou sculptées se multiplièrent à l’envi dans tout l’Occident pendant que des « preuves » de la véracité du récit se multiplièrent et furent rapportées au retour des croisades ou par des voyageurs au retour des pèlerinages. Ainsi, trouve-t-on à Mons, en Belgique, ainsi qu’à Karlstejn, en République tchèque, une Tête de dragon ramenée ou achetée au XIVe siècle depuis les lieux des croisades ou encore, lit-on dans des récits de pèlerins quelques précisions édifiantes : « Hors de Beyrouth, à une lieue environ, se trouve l’endroit où saint Georges tua le dragon. Sur l’emplacement se trouve une chapelle de quarante pieds de long […] Cette chapelle, que sainte Hélène fit ériger, fut faite de la longueur du serpent. […] une sorte de terrasse où était assise la jeune fille lorsqu’elle attendait le dragon le jour où elle crut être dévorée. Et devant, dans un jardin se trouve l’olivier […] auquel saint Georges attacha son cheval quand il alla parler avec la jeune fille […] En l’église Saint-Georges se trouve la source de saint Georges : il la creusa au moyen de la lance qui servit à tuer le serpent14. » Mais, on le sait, le vent de l’histoire n’en finit pas de tourner. Si au VIe siècle, la Passion de Georges, qui relatait le long martyre du saint fut mise à l’Index dans le Décret de Gélase comme document « apocryphe ». Si à partir du XIIe siècle environ, le récit du combat, ajouté au premier texte, supplanta ledit martyre dans l’imaginaire, principalement grâce au succès de la Légende dorée, on remarque qu’au XVIIe siècle, après la Réforme, certains auteurs abandonnent l’épisode du combat pour en revenir à une version de la vie de saint Georges basée seulement sur ses miracles et son martyre. Pedro de Ribaneyra, de la Compagnie de Jésus, par exemple, fait débuter son texte par ces mots : « Entre les moyens et les artifices dont les hérétiques se sont servis, pour obscurcir la splendeur des saints, et la gloire de l’Église catholique, c’a été d’écrire quelques vies des glorieux martyrs de Notre Seigneur, y entremettant tant de fables et de choses prodigieuses que ceux qui les lisaient, les tinrent incroyables et jugeaient que ces saints, desquels ils lisaient les vies, n’avaient pas été saints, ni ne méritaient d’être tenus pour tels15. » L’auteur relate la vie de saint Georges sans faire mention du combat contre le dragon mais, chose amusante ou intéressante à plus d’un titre, la page d’illustration du mois d’avril du même ouvrage (Georges est fêté le 23 avril) représente le saint combattant la bête ! (fig.Ribaneyra) Nous pourrions multiplier les exemples de la fortune et de l’infortune du récit du combat du valeureux saint Georges contre le dragon en découvrant de quelle manière passent les étapes par lesquelles la légende nous est parvenue au travers des siècles et des règles officielles de l’Église16. ——— Cependant, l’histoire du combat de Georges est exemplaire. D’un certain point de vue qui n’est en rien comparable, par exemple, à l’épisode de la bataille de l’archange Michel (général des armées de Dieu, Qui ut Deus, contre le démon, la bête de l’Apocalypse), il révèle l’histoire des hommes ; celle-là qui, de loin en loin, narre le courage. Georges, face au danger, ne recule pas et prend la décision de combattre le dragon ; le récit qu’en donne Jacques de Voragine est clair à ce propos : à quatre reprises, la princesse invite instamment le jeune homme à quitter le terrain. Ce que Georges, à chaque fois refuse : « Or, saint Georges passait par hasard par là : et la voyant pleurer, il lui demanda ce qu’elle avait. » « Bon jeune homme, lui répondit-elle, vite monte sur ton cheval ; fuis, si tu ne veux pas mourir avec moi. » « N’aie pas peur, lui dit Georges, mais dis-moi, ma fille, que vas-tu faire en présence de tout ce monde ? » « Je vois, lui dit la fille, que tu es un bon jeune homme ; ton cœur est généreux : mais pourquoi veux-tu mourir avec moi ? Vite, fuis ! » Georges lui dit : « Je ne m’en irai pas avant que tu ne m’aies expliqué ce que tu as. » Or, après qu’elle l’eut instruit totalement, Georges lui dit : « Ma fille, ne crains point, au nom de Jésus-Christ, je t’aiderai. » Elle lui dit : « Bon soldat, mais hâte-toi de te sauver, ne péris pas avec moi. C’est assez de mourir seule ; car tu ne pourrais me délivrer et nous périrons ensemble. » Alors qu’ils parlaient ainsi, voici que le dragon s’approcha en levant la tête au-dessus du lac. La jeune fille toute tremblante dit : « Fuis, mon seigneur, fuis vite. » Il s’agit d’un homme : « À l’instant, Georges monta sur son cheval, et se fortifiant du signe de la croix, il attaque avec audace le dragon qui s’avance sur lui : il brandit sa lance avec vigueur, se recommande à Dieu, frappe le monstre avec force et l’abat à terre17. » Georges combat face à face et choisit, dans le moment, d’être courageux face à la violence imbécile. Quand il refuse la tyrannie qui semble inéluctable, Georges est plus fort que le destin. Modèle de l’homme libre pour des siècles, qui clame sa position d’individu dans la société, qui décide de refuser l’insupportable scélératesse, il se dresse dans le monde en tant que refus, et gloire de l’humanité18. Ce que l’on croit reconnaître dans la figure du saint combattant le dragon, c’est ce à quoi l’on espère devant l’infamie et la honte de sa condition ; ce à quoi l’image de la chevalerie faisait rêver ; ce par quoi l’illustration du mythe, bizarrement aujourd’hui encore, dans des folklores, des images, des histoires survit suivant des voies curieuses et largement impénétrables dans des mythologies populaires. Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir par quoi les œuvres qui représentent saint Georges luttant avec le dragon gardent une certaine actualité et comment cette actualité se manifeste alors que l’Église elle-même renonça longtemps à propager ce qui semblait invention invraisemblable. L’image, certes, a changé de statut : de l’édifice religieux où elle était objet de dévotion, elle est entrée dans les musées (ainsi que bien d’autres œuvres) où elle est objet de contemplation et d’histoire. Cependant, ce qui frappe ici, est que la voie héroïque de son sujet – même s’il n’est plus guère, ou très rarement reçu par les spectateurs de manière religieuse – demeure dans le sens qu’on perçoit dans sa représentation. Le héros a remplacé le saint. Et, à défaut d’y croire, nous feignons de conclure une trêve avec notre incrédulité19 car les fables conservent et transmettent quelques traces de la mémoire. C’est comme cela que ce combat se perpétue aujourd’hui encore et qu’il répond à trois nécessités fondamentales de la société : l’inacceptable despotisme du mal ; l’homme courageux qui le combat ; la mort traversée par ce geste. Laurent Busine 1 Jean Pépin, in Yves Bonnefoy (dir.), Dictionnaire des mythologies, Paris, Flammarion, 1981, vol. I, p. 162, b. 2 Roger Caillois, Le Fleuve Alphée, Paris, Gallimard, 1978, p. 172. 3 Voir Alfred Maury, Essai sur les légendes pieuses du Moyen Âge, Paris, chez Ladrange, Libraire-éditeur, 1843. On trouve (p. 144-145) une importante liste de noms de saints sauroctones. Voir aussi le chapitre VI, « Des dragons tués par les saints » in Jean Darche, Saint Georges, patron des guerriers : vie, passion, protection et culte, Paris – Lyon, Félix Girard Éditeur, 1866, p. 150-179. À cette liste déjà très longue, nous pourrions ajouter quelques épisodes légendaires qui relèvent de l’imagination pure. Ainsi, Saül ben Tnerui, dit-on, affronta le Grand-Cornu pendant une douzaine d’années (le chiffre est évidemment symbolique) et l’histoire ne dit pas qui sorti vainqueur de la lutte. 4 Paul Guèrin, Les Petits Bollandistes. Vie des saints, 7e éd. revue et corrigée avec le plus grand soin et considérablement augmentée, tome quatrième, Paris, Bloud et Barral libraires, 1876, p. 620. 5 Iacoppo da Varazze, Legenda aurea. 6 Jacques de Voragine, La Légende dorée, traduit par J.-B. Roze, Paris, Garnier – Flammarion, 1967, p. 298-299. 7 Maria Carla Marinoni, Il drago e la Principessa. Considerazioni su una « Vita di S. Giorgio » occitanica, in ACME, Milan, vol. LVII, fasc. III, sept.-déc. 2004, p. 162. Cette étude fort bien documentée analyse, non seulement le Codex Monacensis mais donne également de nombreux exemples de textes anciens de la vie de saint Georges. 8 Yvette Guilcher, Deux versions de la vie de saint Georges, Paris, Honoré Champion Éditeur, 2001, p. 135 (traduction et résumé du Codex Monacensis, 14473. L’auteur analyse avec beaucoup de pertinence deux manuscrits : l’un du XIIIe siècle (Ms. 927 de Tours) et l’autre du XIVe siècle (Ms. 3668 de Cheltenham), qui donnent également des versions différentes de la légende. 9 Qu’Hippolyte Delehaye, n’hésite pas à qualifier de « tissu d’inepties ». Les Légendes grecques des saints militaires, Paris, Librairie Alphonse Picard & Fils, 1909, p. 55. 10 Yvette Guilcher, op. cit., p.47. 11 Ibid., p. 49. 12 Ibid., p. 49, note 67. 13 Alfred Maury, op. cit., p. 146. 14 Ogier d’Anglure, Journal de voyage à Jérusalem et en Egypte (1395-1396), in Nicolas de Martoni & Ogier d’Anglure, Vers Jérusalem. Itinéraires croisés au XIVe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 240-241. 15 Pedro de Ribaneyra, Les Nouvelles Fleurs des vies des saints, et festes de l’année, Lyon, chez Jean Grégoire, 1670, p. 471-474, ill. p. 401. 16 Deux ouvrages semblables, à cinquante ans de distance, ont des positions fort éclairantes à ce propos. Vie des saints pour tous les jours de l’année (nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, Paris, Chez Didier Libraire, 1837) ne fait pas mention de saint Georges. Quant à l’Abbé L. Jaud (Vies des saints pour tous les jours de l’année, nouvelle édition, revue, mise à jour et augmentée, Tours, Maison Alfred Mane & Fils, 1929), il relate la vie de saint Georges sans faire mention du combat. 17 Jacques de Voragine, op. cit., p. 298. 18 Mon ami Martin Westlake m’a, très justement suggéré, de rapprocher la figure de Georges de celle de Don Juan : La Statue : « Tu m’as invité à souper, or tu sais quel est ton devoir. Réponds-moi, viendras-tu souper avec moi ? » Don Giovanni : « Jamais, je ne serai accusé de lâcheté. » La Statue : « Décide-toi ! » Don Giovanni : « J’ai déjà décidé. » La Statue : « Tu viendras ? » Don Giovanni : Un cœur vaillant bat dans ma poitrine. Je n’ai pas peur ; je viendrai ! 19 Suivant la célèbre formule de Samuel Taylor Coleridge. Note additionnelle Quelques auteurs n’en sont pas à une bêtise près. Ainsi Jean Darche (op. cit.) consacra une centaine de pages à tenter de prouver l’existence réelle du dragon. Plus près de nous, Omer Englebert, déclara d’emblée que « les hypercritiques qui ont tenté de prouver l’inexistence de saint Georges sont considérés comme ayant perdu leur temps » (La Fleur des Saints, Paris, Albin Michel, 1984, p. 136).