Zibeline n° 53 en PDF

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Zibeline n° 53 en PDF
un gratuit qui se lit
N°53
- du 20/06/12 au 18/07/12
Pu
bl
ici
té
Politique culturelle
La production régionale, Internet et la gratuité
Le MuCEM
6, 7
8, 9
Festivals
Les Rencontres Arles Photographie, les Sentiers numériques
Le FIDMarseille
Festival d’Avignon
Avignon Off
Villeneuve-lez-Avignon
Vaucluse, Salon-de-Provence
Auriol, Aubagne, Avignon, Parc de la Mirabelle
Théâtre Silvain, Espace Bargemon
Vaison, Ollioules, Port-Saint-Louis
Rue du Tango, Hivernales
Musique actuelle, musique du monde
Jazz, musique du monde
Lyrique, symphonique, chambre
Chambre, récital
10
11
12
14
16
17
18
19
20
21
22 à 25
26
28 à 32
34
Théâtre
Grasse, Daki Ling, Avignon, La Friche, le Toursky
La Minoterie, le Merlan, Cavaillon
Le Jeu de Paume, l’Espace Julien, Toulon
36, 37
38
39
Arts de la rue
Cité des arts de la rue, Istres
Aubagne, Trets, Martigues
40
41
Danse
Festival de Marseille, le Klap
MOD, BNM
42
43
Musique
Contemporaine
Lyrique, chambre
Jazz, actuelle
44, 45
46, 47
48, 49
Au programme
Spectacles
Musique
Rencontres
Arts visuels
Cinéma
50
51 à 52
54, 55
56 à 59
60, 61
Cinéma
Cannes, Cinécole
Quinzaine des réalisateurs, cinéma chinois
Grands reporters, film Cassos
Image de ville, La Ciotat
62
63
64
65
Arts visuels
Flâneries d’Aix, les Arts Éphémères
Granet, Vasarely
Arles
Arteum, La Chartreuse
Le Printemps de l’art contemporain
Photomed, Toulon
66
67
68
69
70
71
Livres
Douglas Kennedy, Maylis de Kérangal
Librairie Apostille, les ABD, le Prix lycéen
72
74
76, 77
Festival du livre
La Canebière
Les lauréats
En quelques mois la France a changé de mains : Sénat,
Gouvernement, Assemblée sont désormais socialistes. Cela
va-t-il ranimer la vie culturelle ? Beaucoup l’espèrent mais
peu semblent y croire, tant le sujet a été absent des campagnes, ou mal abordé.
Pour les Socialistes, la question culturelle paraît centrée
autour de lois à changer. Hadopi, qui veut protéger les
droits des artistes mais sert essentiellement les intérêts
des majors ; la TVA sur le livre ; l’éternel «problème» des
intermittents ; la décentralisation à repenser. Excepté ces
points, il est question d’éducation artistique, un peu de
spectacle vivant, et jamais de moyens de production. On ne
sait trop ce que les socialistes veulent faire du réseau
d’État, s’ils souhaitent changer les orientations des DRAC,
des équipements nationaux, inventer de nouvelles règles
de coopération avec les Régions et les Villes, accorder plus
de place et de considération à ce qui s’y crée… Peut-on
envisager que, comme au gouvernement, la parité puisse
faire son chemin dans les instances d’administration de la
culture, et dans les programmations ? Peut-on espérer que
la culture s’aborde enfin pour ce qu’elle est, c’est-à-dire
non comme un joujou luxueux, mais comme un enjeu
essentiel de civilisation, un moyen de lutte contre l’asservissement mercantile des esprits ?
Dans notre région les chiffres font mal. La présence du
Front National, son emprise sur les consciences va au-delà
du vote exprimé, et des élus locaux de tout bord vivent la
politique de manière indigne. La question culturelle est là :
dans le modelage insidieux des mentalités, l’installation
des habitudes, dans la peur instillée qui empêche de regarder l’autre, de sortir des schémas établis, des dominations.
Des formatages du goût, aussi. Comment refuser les replis
identitaires, les rivalités mesquines, comment réinventer
nos vies, en retrouver la flamme ?
Les créateurs sont là pour nous emmener vers leurs utopies.
S’il est vrai que François Hollande a fait un rêve, si les
socialistes veulent encore changer la vie, si tous ces mots
ne sont pas que des slogans de campagne, il faudra
vraiment redonner aux artistes les moyens de penser le
monde. Et la liberté de le subvertir.
AGNÈS FRESCHEL
Patrimoine
Salagon, La Valette, Arles, Pont du Gard
Le temps du
changement ?
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79
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06
POLITIQUE CULTURELLE
LA PRODUCTION RÉGIONALE
Chers
programmateurs
de nos grandes
scènes…
Vous venez de dévoiler au public
vos programmes, et ils confirment tous
les inquiétudes des artistes…
Les compagnies de la région ont disparu des programmations de l’Année
Capitale. Comme des grands festivals,
et des saisons qui s’affichent plus loin
dans la région. Au mieux, comme au
Gymnase/Jeu de Paume, on trouve
quelques vraies coproductions de
compagnies régionales, cantonnées
la plupart du temps à du jeune
public. La Criée, Centre dramatique
national ne coproduit même pas les 5
représentations, dans la petite salle,
de l’Entreprise, seule cie régionale
indépendante accueillie pour l’heure.
Certes on nous promet quelques surprises au cours de la saison, mais
iront-elles dans le sens d’un soutien
aux compagnies régionales ?
Plus inquiétant encore, toutes les
scènes nationales et les grandes
scènes conventionnées emboitent le
pas, programmant sans risque, pour
l’immense majorité de leurs propositions, des spectacles téléportés
qu’elles n’ont ni à soutenir ni à coproduire. Et celles qui continuent à
coproduire des créations, ou les
grands festivals comme Marseille, Aix
ou Avignon, s’abstiennent de programmer les compagnies de la région
qui les fait vivre. Prétextant, la plupart du temps, que celles-ci n’ont pas
le talent et l’envergure de leurs
manifestations d’excellence… Il faut
dire que sans argent, exsangues, sans
coproduction, s’épuisant à chercher
des financements et remplir des dossiers plutôt qu’à inventer des formes,
s’échinant pour monter des projets
que plus personne ne défend ou ne
programme dans la région, les artistes d’ici s’épuisent. Leurs œuvres y
perdent parfois en grâce ou en perfection. Comment rivaliseraient-ils
avec les grosses productions alors
qu’ils ne peuvent se payer ni décors,
ni grands interprètes, ni communication, ni même rémunérer les heures
de travail nécessaires aux répétitions ?
Respect des lois
L’État a édicté des cahiers des charges,
mais les scènes nationales, centres
nationaux dramatiques, chorégraphiques, musicaux ou d’art de la rue y
dérogent régulièrement en matière de
coproduction et de soutien aux compagnies régionales (voir encadré).
On comprend pourquoi, et il ne s’agit
pas de mettre ces établissements en
accusation. La plupart du temps ils
sont piégés par des volontés publiques divergentes et inconciliables,
qu’ils appellent volontiers le «millefeuille» : les collectivités locales
réclament souvent du divertissement
et du remplissage, les régions pensent avant tout politique territoriale,
et l’État a campé ces dernières années sur des verrous d’excellence
assez snobs, et nécessitant un argent
qu’il ne donne plus. Prendre le risque
de coproduire une création régionale
d’envergure n’est plus, dans les faits,
à la portée de leurs bourses, ni des
attentes des collectivités locales qui
les subventionnent aujourd’hui majoritairement…
Mais à ce jeu-là les artistes d’ici sont
voués à la disparition. Les diminutions de leurs moyens de production
sont effectivement conjointes et
massives : mandats de révision successifs de l’État, gel puis dégel partiel
des crédits, baisse ciblée des collectivités locales et des villes envers les
compagnies, baisse et recentrage du
mécénat culturel sur les grands équipements… et aujourd’hui abandon
généralisé de la mission de coproduction des établissements nationaux.
Les artistes se regroupent donc dans
un Off, un Off du off, l’Alter off et
aujourd’hui un Out comme autrefois
une Friche. Pourquoi pas un terrain
vague, un bidonville, une arrièrecour ? Sont-ils voués à occuper les
poubelles de la république culturelle ?
Pourquoi il faut
créer ici
Il ne s’agit pas seulement de défendre
une profession ou un territoire, mais
de comprendre ce que la disparition
des artistes locaux implique en matière d’aseptisation culturelle. Faut-il
admettre que notre territoire est
incapable de produire des œuvres de
qualité ? Qu’il faut parachuter ici des
gens venus d’ailleurs ? À quel titre ?
Les arts de la représentation, les
créations artistiques et intellectuelles
ne seraient-elles pas à la portée des
méridionaux ? Faut-il, pour produire
une œuvre, ne pas avoir grandi et
étudié ici, ne pas y vivre ?
On pourrait répondre, cyniquement,
que si la région ne produit pas
d’artistes mais en programme, la
population n’y perd rien… Ce serait
oublier ce que cela signifie en terme
d’image de soi. Les arts de la représentation, de la parole, du spectacle,
nous donnent à voir ce que nous
sommes. Les seules représentations
de nous-mêmes seraient donc l’OM,
Plus belle la vie et les Marseillais ridicules des émissions culinaires ? Ne
valons-nous pas mieux que cela ?
Quelle image donnons-nous à voir au
monde, à nos enfants ? Comment
voulons-nous qu’ils se construisent ?
Éloge de la périphérie
C’est tout l’enjeu des arts de la
représentation depuis que le théâtre
s’est affranchi des dieux : montrer en
un miroir la vie réelle des hommes, la
mettre en scène pour la transcender,
la subvertir, l’enrichir de rêves profonds. Les tours de chant des stars,
le divertissement, les rituels snobs
autour de spectacles paillettes ont
d’autres fonctions, nettement plus
proches de visées aliénantes.
Détruire le tissu artistique et culturel
en l’étouffant un peu chaque jour
revient à habituer le public à une absence de «représentation» possible
de lui-même. Aux sens philosophique
et politique du mot. S’il ne peut se
voir sur les scènes, c’est à la télé qu’il
se cherchera. Il risque d’y trouver une
image si amoindrie de lui-même qu’il
plongera dans la vénération imbécile
des idoles.
Alors vous ne pourrez plus, chers directeurs de scènes, remplir vos salles
qu’en programmant des reflets dégradés de nos écrans cathodiques. Ce
cauchemar est déjà à l’œuvre bien
souvent. Il ne pourra être endigué
que par votre décision, et une politique volontariste de l’État : une
décentralisation qui n’imposera plus
en «Province» une culture hors-sol,
mais regardera et préservera enfin ce
qu’on y sème.
AGNÈS FRESCHEL
INTERNET ET LA GRATUITÉ
Extraits des cahiers
des charges du
ministère (2010)
Centres Dramatiques Nationaux
Un CDN accompagne et soutient des artistes
et des équipes indépendantes, notamment des
équipes implantées sur son territoire, en leur
permettant entre autres de bénéficier de
conditions de travail optimales […] et par des
apports financiers en coproduction et préachats.
Principaux acteurs de la création dramatique […]
ils doivent réaliser un minimum de deux
coproductions majoritaires par an. Une
coproduction majoritaire signifie que le CDN
apporte une part significative représentant la
majorité du budget de la production par rapport
aux autres partenaires et sans que cet apport soit
inférieur à 1/3. Dans un souci d’ouverture,
le (la) directeur(trice) est fortement incité(e)
à privilégier les coproductions aux productions
propres.
Scènes Nationales
Leur responsabilité artistique s’exerce à l’égard
des artistes eux-mêmes, en facilitant leur travail
de recherche et de création. […] Cet engagement
[…] se traduit par des préachats, par la
participation à des productions ou encore
par des commandes.
Centres Chorégraphiques Nationaux
Les CCN promeuvent la diffusion d’autres œuvres
chorégraphiques que celles qu’ils produisent.
Opéras en région
Ils doivent contribuer à l’élargissement et au
développement du répertoire lyrique, notamment
par une politique de commandes […] et de
programmation de théâtre musical ; […] établir
une politique d’artistes associés (compositeurs,
chefs, compagnies lyriques, compagnies
chorégraphiques, ensembles musicaux
spécialisés…).
Centre de création musicale
Les CNCM doivent développer des partenariats
de coproduction et de coréalisation et favoriser
les partenariats avec les équipes indépendantes
(ensembles, compagnies...)
Centre national des Arts de la rue
Ils soutiennent la création par des coproductions,
des productions déléguées, des engagements
d’achats, des résidences de compagnies ou
d’artistes […]. Les apports financiers versés aux
compagnies coproduites doivent être d’un
montant numéraire significatif au regard du
budget global de la création ou de l’action
réalisée.
07
Internet gratuit ?
C’est louche
L’Association des Professionnels de l’Information et de la Documentation
proposait le 7 juin à l‘Alcazar une conférence du marseillais Félix Weygand,
sur le thème : Internet, le prix de la gratuité. Si l’orateur admettait volontiers
user de quelques tics professoraux (il enseigne à l’IRSIC) pour un préambule
didactique à forte teneur en économie, ses intentions restaient louables :
interroger quelques idées reçues sur l’univers numérique.
Le premier leurre à ses yeux étant la dématérialisation : «l’immatériel est en fait
industriel et énergivore, basé sur une électronique extrêmement polluante.» Pour
éclairer le coût environnemental de nos recherches sur Google, ou de nos
partages de vidéos sur Facebook, il cite le récent rapport de Greenpeace intitulé
How clean is your cloud ?... Affolant. Tout comme la réalité de cette «économie
basée sur la gratuité, mais où l’on parle de sommes colossales, et où l’enjeu est
la privatisation de notre attention». Ce qui se vend sur Internet, ce serait donc
du temps de cerveau disponible, pour reprendre l’inénarrable expression de
Patrick Le Lay ? Selon toute apparence ! et la monnaie en cours, ce sont nos
données, ce que l’on considérait comme notre vie privée jusqu’à récemment.
«Tout est fait pour nous maintenir dans un écosystème parfait, souvent ludique,
qui devance nos désirs, qui est mobile et illimité»... et dont on ne peut plus
s’extraire sous peine de perdre ses propres données.
Deux versants donc pour l’Internet ? Un côté ombre et un côté lumière, une
face payante et une face gratuite, sans que l’on sache vraiment laquelle finance
l’autre ? Pour Félix Weygand, «La gratuité est le carburant de l’économie
numérique, qui est un très gros véhicule.» Et quand un membre de l’assistance
lui demande à quoi ressemblerait cette économie si la collectivité était aux
manettes, et non les géants privés du web, il répond : «Lorsque le service public
est rendu gratuitement, c’est la fiscalité qui le finance, au nom de la répartition.
Si l’on opte pour un financement privé de la gratuité, on en paye les
conséquences d’une manière ou d’une autre. C’est une question que chaque
citoyen doit se poser.»
Des pistes à explorer plus avant lors de la prochaine conférence du cycle
L’information, une nouvelle culture ? le 25 octobre, qui traitera du retour de
l’utopie sur Internet, de l’open source et des modèles collaboratifs.
GAËLLE CLOAREC
Felix Weygand le 7 juin a l'Alcazar © Gaëlle Cloarec
Orchestres en région
Ils doivent contribuer à l’élargissement
et au développement du répertoire orchestral,
notamment par une politique de commandes
musicales ; établir une politique d’artistes
résidents ou associés : compositeurs, chefs,
interprètes, ensembles.
POLITIQUE CULTURELLE
08
POLITIQUE CULTURELLE
LE MUCEM
Le chantier du MuCEM © Olivier Amsellem
En attendant 2013,
le MuCEM a décidé d’ouvrir
ses portes pour présenter
ses ossatures…
Le MuCEM se visite !
Depuis le temps qu’on l’attend, cet établissement public exporté chez nous, ce musée des civilisations
affranchi d’une vision européenne centralisatrice et
dominatrice, ce monument sur la mer qui relie la ville
à ses espaces maritimes, ce lieu où l’on va pouvoir
inventer une vision française non concentrique,
parce que décentrée en «province», derrière des
Forts construits en leur temps non pour protéger
mais pour surveiller la ville rebelle…
Il est là. Pas tout à fait prêt encore mais le gros
œuvre est accompli, et il trône, superbe, dans un
espace jusqu’alors inhabité, et qui offre un point de
vue inédit et époustouflant sur la rade et les
bateaux qui s’éloignent.
Il est là. Le bâtiment de Rudy Ricciotti est sorti de
terre, la passerelle la reliant le Fort Saint Jean a
été lancée et peut d’ores et déjà se traverser, avec
la sensation vertigineuse et rassurante qu’aurait un
funambule protégé par des murs… Au Fort la Tour
du Roy René et le Fanal s’aménagent, on y prévoit
un magnifique Jardin méditerranéen, un village
avec des ateliers pédagogiques, un théâtre de
verdure, des lieux pour les expositions photographiques. Le chantier de restauration, délicat, est confié
à François Botton, et le monument historique des
XIIIe et XVIe siècles sera relié à la ville par une autre
passerelle jetée jusqu’au Panier… Le troisième bâtiment, celui du centre de ressources, est également
à l’heure pour 2013 : conçu par Corinne Vezzoni, il
est destiné au travail des conservateurs et à accueillir collections et réserves, tout près des Archives
municipales et du Centre InterRégional de restauration, cube secret traversé d’un puits de lumière
dans un quartier dédié aujourd’hui à l’entretien du
patrimoine…
Dès à présent
Les 30 juin et 1er juillet seul le bâtiment de Rudy
Ricciotti pourra se visiter… en l’état ! Mais ce
qu’on peut y voir est déjà extraordinaire. Le béton
spécial, fibré, a permis d’imaginer une dentelle ajou-
rée qui préserve le bâtiment du vent mais laisse
passer le regard, la lumière et l’odeur marine. Les
colonnes sont des arbres élancés, et les espaces
intérieurs sont si vastes qu’ils paraissent à peine
vous enclore.
Que pourra-t-on voir ces deux jours ? Uniquement
les salles du bas, accessibles depuis l’esplanade…
qui n’est pas encore tout à fait plane. Mais dans ces
salles le MuCEM exposera ses ambitions et ses intentions. D’abord un espace enfants, où il faudra aller
en famille pour trouver avec eux des clefs de lecture ;
puis dans le premier espace face au Fort, l’histoire
du J4, des darses, de la passerelle, avec des explications et des projections, des jeux de questions
réponse, complétés dans la deuxième salle par
l’architecture des deux autres bâtiments. Enfin,
face à la mer, c’est le contenu et l’esprit des collections qui sera dévoilé, tandis qu’une scène sera le
siège de débats avec des membres de la direction.
On découvrira donc… ce que nous réservent les
expositions de Marseille Provence 2013, le Bazar
du genre et Noir et Bleu ; les expositions photographiques, le programme de l’auditorium de 325 places.
Et, bien sûr, en quoi consisteront les collections
permanentes…
trouver 20% de ressources propres. Puisque la plupart des espaces, hors les lieux d’exposition, seront
ouverts gratuitement à la circulation, la billetterie
sera un apport insuffisant ; mais la terrasse accueillera deux restaurants privés, à l’entrée une librairie
boutique accueillera les touristes et visiteurs, des
espaces seront loués pour des événements
d’entreprises…
Reste à espérer que cet impératif budgétaire ne se
transforme pas en pesanteur commerciale et que
les fac-similés marchands et la restauration de
chaîne ne détournent pas l’esprit du lieu. Imposer
des impératifs de rentabilité à des lieux construits
avec tant d’argent public, et qui profiteront au
privé, semble tout de même une aberration. Une
vraie librairie, et un restaurant aux saveurs méditerranéennes, sont ils impossibles ?
On espère encore que le MuCEM, attentif aux horizons maritimes et au Bazar du genre, saura aussi
prendre le pouls du territoire qui l’héberge, en
accueillant des programmations artistiques des
méditerranéens d’ici… et quelques femmes conférencières qui ont bien manqué aux Mardis du MuCEM !
AGNÈS FRESCHEL
Et demain…
Pour la suite rendez-vous est pris pour 2013, avec
la cérémonie d’ouverture le 12 janvier, puis l’ouverture officielle en mai, une fois que les collections
seront en place. Le MuCEM, qui est jusqu’ici une
association, deviendra Établissement Public en
octobre. C’est-à-dire que les collectivités locales
ont participé au financement de sa construction
(58 millions sur les 200 millions d’euros d’investissement), mais n’auront pas à subventionner son
fonctionnement, comme pour tous les établissements culturels d’État, pour l’heure pratiquement
tous à Paris.
Pourtant l’État ne fournira que 80% du budget
nécessaire au fonctionnement du MuCEM, qui devra
MuCEM Première
Visites de deux heures par groupes de 300
Ateliers enfants pour les 6/10 ans
Les 30 juin et 1er juillet de 13h à 21h
Uniquement sur inscription
http://premiere.mucem.org/fr/inscriptions
www.mucem.org
Le MuCEM
se paye votre tête !
... mais à l’ancienne, avec une classe quasi victorienne : un photographe itinérant, comme aux beaux jours des appareils à soufflet, une proposition simple
(venir poser avec l’objet qui vous évoque la Méditerranée), un objectif collectif
(une galerie de portraits qui seront accessibles sur le compte Flickr du musée,
et sans doute une exposition sous forme de diaporama). Produit des ateliers Sud
Side, la Photomobile est comme son nom l’indique amenée à se déplacer, de préférence dans des endroits de passage, sans public spécifique. On la trouvera ici
ou là tout au long de l’année, une ou deux fois par mois : au départ de la Marche pour l’Egalité (le 7 juillet), dans les Jardins du Pharo (le 25 août), et plus
tard à la gare Saint-Charles. Bien-sûr, elle sera présente lors de l’exposition Au
bazar du genre, masculin/féminin proposée dans le cadre de Marseille Provence 2013.
L’équipe à l’origine du projet est enthousiaste : «C’est pour nous une manière
d’exister : nous disons aux gens qu’ils sont le visage de la Méditerranée, mais ils
seront aussi le visage du MuCEM !» Aux couleurs du musée, le studio est sobre,
lumineux, accueillant, avec son annexe -clin d’œil aux appareils à soufflets
susmentionnés. Le photographe qui œuvre, Paul Ladouce, vous accueille et
vous met à l’aise avant de vous tirer le portrait. Il sera systématiquement
accompagné d’un médiateur venu expliquer l’opération et les enjeux du MuCEM
aux participants.
GAËLLE CLOAREC
www.flickr.com
/photos/
mucem
La Photomobile © Gaëlle Cloarec
Encartez-moi
C’était le dernier mardi du MuCEM !
La saison prochaine le musée ne sera
plus un rêve, mais fermera le mardi…
Les conférences, accueillies tout d’abord
à la Criée puis dans l’auditorium dès
l’ouverture, auront lieu le jeudi.
Pour ce dernier Mardi l’auditorium de
l’Alcazar était plein comme un œuf,
refusant du monde pour une conférence menée par Jean-Christophe
Victor, auteur du Dessous des cartes
d’Arte.
Pourtant sa conférence, troisième du
cycle sur Le Pouvoir des Images, fut
nettement la moins passionnante. Le
géographe rappela sa formation
d’ethnologue pour en louer les vertus,
c’est-à-dire l’apprentissage de la
lenteur, et d’un regard décentré, puis
parla sans véritable idée directrice.
Un peu des Printemps arabes, un peu
de la Turquie, un peu du Pôle Nord et
d’écologie, de zones de conflits géopolitiques, de sa confiance en l’avenir
malgré tous les dangers… mais justement sans s’appuyer sur les nombreuses
cartes qu’il avait préparées, et qui ne
servirent pas son propos éclaté. À
peine expliqua-t-il que toutes les
civilisations se placent au centre de
leurs représentations géographiques.
Interrogé par Thierry Fabre sur le statut
des cartes, outil ou image, questionnement initial de la conférence, il
répondit très rapidement que pour lui
les cartes étaient des outils, et glosa
sur leurs vertus pédagogiques, outils
pour comprendre ou modifier, le réel
politique ; il évoqua en un mot la nécessité de lutter contre les médias
«co-fabricateurs d’opinion publique»
en répliquant par des «outils intelligents». Idées intéressantes, mais perdues
dans un propos décousu. À moins que
la mosaïque de remarques ne soit un
autre moyen, moins centralisateur
justement, de faire sens ?
A.F.
Le dernier Mardi du MuCEM a eu lieu
le 12 juin à l’Alcazar, Marseille
10
FESTIVALS
LES RENCONTRES ARLES PHOTOGRAPHIE | SENTIERS NUMÉRIQUES | FID
Ces rencontres
2012 soufflent
les trente bougies
de l’École Nationale Supérieure de
la Photographie.
Mais la fête est
aussi ailleurs !
Pour attaquer bon pied bon œil, quelques
préalables pour festivalier : vêtements
légers, walking city shoes, chapeau,
lunettes de soleil, petit sac à dos +
bouteille d’eau + appareil photo + Smartphone (cf. Les Sentiers Numériques),
pastilles de menthe. Maintenant ça
peut le faire.
Rencontres Arles
Photographie et Voies Off
Vous saurez tout (et les stages, prix,
portfolios…) sur www.rencontresarles.com (et bientôt en mains
l’infernal plan-qui-se-déplie-et-quirésume-tout) et www.voies-off.com.
Alors faisons court. Cette édition
étant sous le sceau de l’ENSP (voir Zib
52), on visitera les œuvres de ses
chers rejetons et enseignants :
Mireille Loup, Brigitte Bauer, Arnaud Claass, Muriel Toulemonde…
Dans la Cour de l’Archevêché le 2
juillet pour la soirée d’inauguration
Voies Off + ENSP, projection des travaux des diplômés 2012. On s’attardera
aussi sur la sélection Emergences des
pays du nord avec le Finnish Museum
For Photography.
Pour tous les autres,
en Arles c’est ici…
Elina Brotherus, Artist and her model, du
3 juillet au 28 sept, galerie Voies Off
04 90 96 93 82, www.voiesoff.com
Emmanuel Madec, Un ciel plus loin, du 1er
au 14 juillet et du 8 au 16 sept, L’atelier
du midi
04 90 49 89 40, www.atelierdumidi.com
Christian Milovanoff, Attraction, du 3 juillet au 14 oct, Musée Réattu
04 90 49 81 05, www.museereattu.arles.fr
Michèle Sylvander, Mélanie Bellue-Schumacher, jusqu’au 28 juillet, L’Hoste Art
Contemporain
06 49 19 07 85, ww.lhosteart.blogspot.com
BÄZÄR, Un cabinet de curiosités photographique, du 4 juillet au 15 sept, Le magasin
de jouets
06 60 74 19 45, www.lemagasindejouets.fr
Frank Gonzales, Sinawi Medine, du 1er au
15 juillet, Atelier Gaston de Luppé
04 88 65 50 80,
Allons en Arles !
Anna Orlowska, de la série Leakage, sélectionnée pour les Voies Off 2012. © Anna Orlowska
www.atelier-gastondeluppe.com
Antonella Monzoni, Rituels, du 3 juillet
au 15 sept, CirCa
04 90 93 26 15, www.circa-arles.com
François Puyplat, un petit monde de siècle,
du 1er au 22 juillet, Atelier Archipel
06 21 29 11 92,
www.atelierarchipelenarles.com
Jean-Christophe Ballot, Dieu et Dyonisos,
du 2 juillet au 4 août
Vanja Karas, Pina Bausch, Posthumous, du
2 juillet au 23 sept
Galerie Huit 06 82 04 39 60,
www.galeriehuit.com
Regards sur Arles, du 2 au 27 juillet, Espa
ce pour l’art
R. Baujard, D. Challe, L. Chombart De Lauwe, C. Clier, Y. Coqueugniot, A. Da Cunha,
L. Dall’Ava, A. Eglinton, A. Favret & P.
Manez, I. Giovacchini, N. Leblanc, L.
Ledoux, A. Maubert, O. Metzger, E. Morere,
J. Nefzger, M. Pernot, P. Thomsen
04 90 97 23 95, www.espacepourlart.com
Serge Assier/ Fernando Arrabal, Travaux
communs, du 1 au 24 juillet, Maison de la
Vie Associative
04 90 93 53 75, www.arlesasso.fr
Miracle-Oracle, du 2 juillet au 18 sept,
Comptoirs Arlésiens de la jeune photographie
E. Duron-Moreels, A. Arnaud, M. Maurel
de Maillé, M. Sommer, M. Royer, J.M Fauquet
06 07 78 94 71,
www.atraverslepaysage.com
Résistances, du 4 juillet au 1er sept, Galerie Joseph Antonin
Sarah Carp, Anna Chrysidi, Philippe
Dollo
06 76 99 69 44,
www.french-lizard-attitude.fr
et en liaison avec l’exposition, Alain Bergala donnera une conférence sur la question
de la résistance en art, le 7 juillet à 10h,
ENSP,
04 90 99 33 33, www.ensp-arles.com
Sophie Calle, Pour la dernière et la première
fois, Chapelle du Méjan, (et Chapelle des
Célestins, Avignon) / D. Monteleone, M.
Berruti, D. Darzcq, G.Lay, du 2 juillet au
2 sept, Le Capitole
04 90 49 56 78, www.lemejan.com
…et au delà, c’est là !
GORDES
Hans Silvester, des peuples de l’Omo à la
Provence d’hier, jusqu’au 30 oct, Le Château
04 90 72 02 75
BRIGNOLES
Arnaud Forestier & Guy Thouvignon,
«Ô», jusqu’au 14 juillet, galerie Bazar du
lézard
04 94 86 01 63,
www.lebazardulezard.com
PIERREVERT
Bernard Descamps, Patrick Ibanez, Alain
Cornu, Pierre Liebaert, invités d’honneur,
carte blanche à Bernard Plossu, Hans Feuer
parrain des Nuits photographiques de
Arena
et circences
Entre les mains de Philippe Parreno et Liam Gillick, le projet de Maja
Hoffman/Fondation Luma, Vers la lune, en passant par la plage devrait faire son
effet aux Arènes transformées en gigantesque bac à sable, avec 20 artistes
invités pour ce work in progress in situ dont Daniel Buren, Pierre Huyghe,
Laurence Weiner, Rirkrit Tiravanija... du 5 au 8 juillet.
www.verslaluneenpassantparlaplage.com
Pierrevert 27, 28, 29 juillet,
www.lesnuitsdepierrevert.com
AIX
Les Ateliers s’exposent, du 4 au 27 juillet,
La Fontaine Obscure
04 42 27 82 41,
www.fontaine-obscure.com
MARSEILLE
John Mack, Mexique : la révélation d’une
terre, jusqu’au 28 juillet, galerie Hélène
Detaille
04 91 53 43 56,
www.galeriedetaille.com
Mathilde Magnée, La fête est terminée,
du 29 juin au 27 juillet, Vol de Nuits
04 91 47 94 58,
www.voldenuits.free.fr
Mathieu Pernot, Les migrants, jusqu’au 13
juillet, AtelierDe visu
04 91 47 60 07, www.atelierdevisu.fr
Stéphanos Mangriotis, Europa inch’allah,
du 4 juillet au 2 sept, Cinéma Les Variétés
08 92 68 05 97
Josée Sicard, Les années mauves, du 23
juin au 13 juillet, galerie Jean-François
Meyer
04 91 33 95 01,
www.marseilleexpos.com
Myr Muratet, L’exécution et autres
sentences, jusqu’au 14 juillet, La
Compagnie
04 91 90 04 26,
www.lacompagnie.org
Smarty
Arles
Inscrite au patrimoine mondial de
l’UNESCO Arles se branche cet été au
numérique.
En quelques clics et QR codes via
smartphone ou tablette numérique,
Arlésiens, visiteurs et festivaliers pourront
se connecter sur un réseau d’informations numériques selon un parcours
balisé de Ribandelles, Tabaluz et
Totems communicants.
Outre les informations utiles actualisées par l’usager lui-même si nécessaire,
le téléchargement d’applications, plusieurs services seront dédiés à la
culture : programmes des activités en
cours et à venir, expositions temporaires, podcast d’évènements, jeux,
visualisation du patrimoine antique en
réalité augmentée…
Après cette période de test estival, le
déploiement définitif doit se réaliser
pour 2013 dans le cadre de Marseille
Provence Capitale européenne de la
culture avec une dizaine de parcours
thématiques.
www.lessentiersnumeriques.com
À l’ombre,
dans
les salles
obscures…
Quand l’été arrive et que le soleil tape
dur, s’ouvre à Marseille le Festival International de Cinéma-Marseille. Pour
cette 23e édition, Jean-Pierre Rehm
et son équipe ont retenu 32 films
parmi les 2500 reçus de 95 pays, dont
9 premiers films. 19 seront en compétition internationale et le 9 juillet le
Jury présidé par Corneliu Porumboiu,
primé à Cannes en 2006 pour 12 h 08
à l’est de Bucarest et en 2009 pour Policier, Adjectif, rendra son verdict.
On retrouve dans la sélection des habitués comme Dana Ranga qui présente
le 3e volet de sa trilogie de l’espace,
I am in space ; Philippe Grandrieux
avec White Epilepsy ou Manon de Boer
avec One, two, many. À noter, pour la
1re fois au FID, un film du Guatemala,
Hasta El sol tiene manchas de Julio
Hernández Cordón.
Luce Vigo présidera le Jury de la compétition française qui devra choisir
entre 13 films, parmi lesquels le nouveau film de Régis Sauder, Être là,
tourné dans la prison des Baumettes,
une fiction avec Nathalie Richard, À
bas bruit de Judith Abitbol, ou Logoden réalisé par un homme de 86 ans,
Jean Fraysse, et une femme de 30
ans, Aurélie Bonamy.
Écrans parallèles,
séances spéciales
Mais le FID présente également sept
sélections parallèles : une rétrospective Glauber Rocha, le père du Cinéma
novo, mise en correspondance avec
des œuvres de la cinématographie
brésilienne actuelle ; un hommage à
Raoul Ruiz, récemment disparu, avec
son dernier film tourné au Chili, en
1973 avant son exil, Palomita Blanca ;
le film de son retour en 1983, Lettre
d’un cinéaste ; et son dernier film
souhaité posthume, La Noche
Palomita blanca de Raoul Ruiz
Enfrente ; la Viennale, Festival
International du Film de Vienne qui
fête ses 50 ans, et exporte son anniversaire dans 5 festivals internationaux.
Elle présente au FID un programme en
cinq parties avec des films de Straub
et Huillet, Peter Nestler, Duras, Godard, Manuel Mozos, Miguel Gomes
et Jerry Lewis.
Ces quatre sélections sont complétées
par trois autres écrans, Les fils du
pouvoir, Portraits et Les Fils du son, et
Sentiers, en partenariat avec Fotokino, particulièrement destiné aux
plus jeunes.
À cette riche programmation s’ajoutent des séances spéciales : une avec
l’ACID, pour ses 20 ans ; une avec
Alphabetville et Videochroniques ;
une avec la région PACA : Vivante à
ce jour de Rachel Bénitah ; Tropicalia
de Marcelo Machado avec l’ASPAS…
Le FID propose aussi des rencontres
avec les cinéastes après les projections, des expositions dans différents
lieux. Au FID LAB seront présentés 12
projets de films sur les 350 reçus et
au Centre Pénitentiaire de Marseille,
des cinéastes échangeront avec les
détenus, dans le cadre d’ateliers animés par Lieux Fictifs.
À la Criée, au cinéma Les Variétés,
à l’Alcazar, à la Maison de la Région, au Théâtre des Bernardines et
au Théâtre Silvain, Marseille vivra à
l’heure du cinéma !
ANNIE GAVA
FID Marseille
Du 4 au 9 juillet
Marseille 1er et 7e
04 95 04 44 90
www.fidmarseille.org
Issue d’un Atelier de l’EuroMéditerranée mené à Aubagne par l’artiste Wael
Shawky, son œuvre, le film Cabaret
Crusades : the path to Cairo, fait partie de la sélection officielle du FID !
Elle sera par ailleurs présente dans
l’exposition inaugurale de la programmation de Marseille Provence 2013 Ici,
ailleurs à la Tour-Panorama de la
Friche la Belle de Mai, et une exposition lui sera entièrement consacrée
à la Chapelle des Pénitents Noirs à
Aubagne fin 2013.
12
FESTIVALS
AVIGNON
Auf der brücke,
we dance all in circles
L’artiste associé britannique Simon McBurney ouvre
l’édition en adaptant pour la Cour d’honneur Le Maître
et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, avec le Théâtre
Complicité (exposition sur la compagnie à découvrir
à l’École d’Art). Le chef-d’œuvre de la littérature russe
créé en anglais pour la Cour ? «Sensible, poétique, impressionnant», promettait Vincent Baudriller en
présentant le programme à l’Université d’Avignon, à
l’invitation du président Emmanuel Ethis qui confirmait la fréquentation rajeunie du Festival.
Le romancier anglais John Berger offre une lecture
unique De A à X, un échange épistolaire entre un condamné (McBurney) et une jeune femme amoureuse
(Juliette Binoche) ; et avec sa fille Katia la lecture/
performance Est-ce que tu dors ? autour de l’œuvre
d’Andrea Mantegna. Formés comme McBurney à l’École
Jacques Lecoq, Christoph Marthaler revient avec My
fair Lady. Un laboratoire de langues pour une rêverie
en allemand sur le langage du dandy Pygmalion; mais
c’est en anglais que le sud-africain William Kentridge confronte dans La Négation du temps abstractions
scientifiques, phénomènes spectaculaires. En français
Arthur Nauzyciel revisite La Mouette de Tchekhov
pour un bal funèbre métaphysique autour de l’art,
l’amour et la condition humaine, avec l’incontournable, et incroyable, Laurent Poitrenaux. Stéphane
Braunschweig investit le Cloitre des Carmes pour
remettre en question le théâtre dans Six personnages
en quête d’auteur de Pirandello tandis que dans
L’Orage à venir, Tim Etchells et Forced Entertainment
s’interrogent sur la narration (en anglais). Traversée
autour de l’œuvre de Christophe Honoré avec sa mise
en scène de Nouveau Roman, celles d’Eric Vigner
dans La Faculté et de Robert Cantarella dans Un
Jeune se Tue. Dans Faire le Gilles, ce dernier redonne
voix aux séminaires de Deleuze.
Jeunes générations
L’édition met en avant la génération montante, qui
n’est guère plus féminine que la précédente : Guillaume Vincent dans La Nuit Tombe, Severine
Chavrier inspirée par l’auteur de science fiction J.G.
Ballard dans Plage Ultime, l’avignonnais Jean-François Matignon dans W/GB84, un croisement entre les
romans de David Peace et Woyzeck. Le hongrois
Kornél Mundruczó présente Disgrâce, un reality show
théâtral et musical d’après J.M Coetzee. Quant au
jeune public, il découvrira l’excentricité britannique
avec Les animaux et les enfants envahirent la rue de
la Cie 1927. Expérience visuelle et acoustique avec
la chanteuse Camille à Boulbon et concert Psychopharmaka d’Olivier Cadiot et Rodolphe Burger.
Écologie et économie sont des questions cruciales de
l’édition, en langue originale allemande. Katie Mitchell
continue de dévoiler son langage avec Les Anneaux
de Saturne, une promenade dans les côtes anglaises
adaptée de W.G Sebald, et Dix Milliards, une conférence scientifique sur les risques écologiques. On
retrouve ce questionnement, toujours en allemand,
chez Thomas Ostermeier dans Un Ennemi du peuple
d’Henrik Ibsen. Documentaire économique avec 15%
de Bruno Meyssat, réflexion sur la crise financière de
Nicolas Stemann dans Les contrats du commerçant.
Une comédie économique. Les artistes s’emparent des
névroses contemporaines : théâtre documentaire avec
Les Saints Innocents du Mapa Teatro, suicide et machines dans 33 tours et quelques secondes par Lina
Saneh et Rabih Mroué, faits divers (sordide) dans
Conte d’amour de Markus Öhrn. Performances attendues du sud-africain Steven Cohen avec Title Withheld
ble dans Puz/zle une communauté d’artistes à la
Carrière Boulbon et Olivier Dubois nous propulse
dans une «sensation du monde» avec 18 danseurs nus
dans Tragédie. Josef Nadj dessine Atem le Souffle
dans une boite de 4m2 avec Anne-Sophie Lancelin,
Nacera Belaza présente Le Trait, Régine Chopinot
raconte sa rencontre avec les danseurs calédoniens
du Wetr et Romeu Runa des Ballets C de la B joue
The Old King.
(sous le plateau de la Cour) et Le berceau de l’humanité, et d’un fidèle du Festival, Roméo Castellucci,
dans The Four Seasons restaurant.
la scène, les questionnements universels qui traversent la planète, le festival de théâtre continue
d’offrir peu de propositions dramatiques, assez peu
d’artistes français, et désespérément peu de femmes.
Reflet d’un paysage théâtral qui, négligé par le politique, a dû subir un repli idéologique ?
À ne pas négliger, parce qu’elles offrent au spectateur
des parcours secondaires parfois plus passionnants
que la programmation des vastes jauges : les découvertes de la Vingt-cinquième heure, les Sujets à vif
(Jonah Boaker, Olivia Rosenthal, Michaël Allibert…),
le Théâtre des Idées, le cycle des musiques sacrées et
les lectures au Musée Calvet (Anouk Grinberg, Jean
Rochefort, Denis Podalydès…).
Poursuivre le théâtre populaire
Les directeurs disent poursuivre l’idéal du théâtre
populaire de création voulu par Vilar. Ouvert à l’international comme jamais, regardant vers les musiques
et les voix amplifiées, les technologies nouvelles de
Le Maitre et Marguerite © Robbie Jack
La 66e édition Festival
d’Avignon délivre un dosage
très international de littérature,
et d’expériences radicales
Chorégraphies et expositions
Les arts visuels et la danse rétablissent un semblant
de parité en offrant aux femmes quelques lieux d’expression secondaires. Du côté des expositions, la
filiation continue à inspirer : Sophie Calle reprend
l’hommage poétique à sa mère, Rachel, Monique, et à
partir de l’histoire de son père sénégalais débarqué à
Marseille Fanny Bouyagui avec Art Point M présente
l’installation Soyez les bienvenus ; le 14 juillet dans
Place Public le KompleXKapharnaüm célèbre le 100e
anniversaire de la naissance de Jean Vilar.
L’altérité et l’empêchement relient les pièces de danse : Jérome Bel présente Disabled Theater avec la cie
d’acteur handicapés Theater Hora, Sandrine Buring
relate son expérience avec des enfants polyhandicapés dans Ch(ose), Christian Rizzo met en scène
un solo autour de l’exil, Sidi Larbi Cherkaoui rassem-
DELPHINE MICHELANGELI ET AGNÈS FRESCHEL
Le Festival d’Avignon
Du 7 au 28 juillet
Avignon et le Grand Avignon
04 90 27 66 50
www.festival-avignon.com
14
FESTIVALS
OFF
Pister le Off
Riviera avec Myriam Boyer au Chêne Noir © Manuel Pascual
Avec «seulement» 1161 spectacles à l’affiche de la
47e édition (18 de plus qu’en 2011), le Off semble
se stabiliser… Indicateur des difficultés grandissantes des compagnies qui se ruinent souvent pour
participer au «plus grand marché du théâtre»,
aurait-il trouvé ses propres limites ? Le spectateur
a encore de quoi se perdre dans un programme de
près d’un kilo, rassemblant 975 compagnies et 104
lieux. Pour opérer un choix, le hasard fait (parfois)
bien les choses… le bouche à oreilles aussi. Le
Village du Off reprend du service à l’École Thiers,
occasion de prendre le pouls du festival et de
consulter les critiques. Sachant que l’une des cinq
raisons qui font venir les compagnies au Off est la
présence des journalistes. Même si Greg Germain,
en conférence, qualifiait cette presse «de 4e pouvoir
qui en a souvent trop».
Les historiques
Au Chêne Noir, Gérard Gelas reprend son impertinent Bibi, ou les mémoires d’un singe savant de
Henri Frédéric Blanc (voir Zib’49) habité par Damien Remy ; et il crée Riviera avec Myriam Boyer
dans le rôle de la chanteuse Fréhel, «l’inoubliable
oubliée». Les Carboni nous plongent au cœur de
Marseille avec l’opérette Le Pays des galéjeurs, Nasser
Djemaï, dans Invisibles, nous conte l’émouvante
tragédie des Chibanis (voir Zib 48) et Diastème
présente des personnages rongés par le désespoir
dans Fille/mère avec Evelyne Bouix.
Le Théâtre des Doms continue de nous réjouir avec
«9 spectacles en liberté» issus de la création belge
francophone avec un nombre conséquent de femmes
artistes : cinq metteurs en scène, une chorégraphe,
onze comédiennes et danseuses. À découvrir, une
version puissante de La Mouette dans La nostalgie
de l’avenir par la Cie Défilé, du cirque avec Wasteland, les coulisses d’un centre d’appels avec Une
Société de services, une conférence décalée et
polyglotte avec It’s so nice de la Cie Oh my god.
Darina Al Joundi, mise en scène par Alain Timar,
ouvrira les journées du Théâtre des Halles dans
Ma Marseillaise. La bouleversante auteur-interprète
de Le jour où Nina Simone a cessé de chanter raconte un nouveau pan de son histoire libanaise. Le
metteur en scène sera également sur le plateau dans
Bonheur titre provisoire (voir p. 35). Puis, parmi les
huit autres spectacles, Occident par la Cie In Situ
(Zib’35), Comédie Tragiques de la Cie À brûle
pourpoint et Dies Irae du Cabinet de Curiosités.
Au Balcon des reprises avec J’ai soif de Serge
Barbuscia (Zib’24), Pazzi par Interface (Zib’49),
Tango mon amour par la Cie Octavio de la Roza.
Uppercuthéâtre joue Mickey-la-Torche, Dominique
Pinon sera Le Revizor de Gogol. Aux Carmes, Philippe Caubère programme : on retrouve Philippe
Genty dans La Pelle du Large d’après Homère suivi
d’Une Odyssée par Irina Brook, Jean-Claude Drouot,
Clémence Massart et Marsiho d’André Suarès… par
Caubère.
Gérard Vantaggioli, au Chien qui Fume, reprend
Ana non d’Agustin Gomez-Arcos avec Stéphanie
Lanier et la magistrale Ana Abril, et accueille Clémentine Célarié, Christophe Alévêque dans Ciao
Amore (zib’45), Sapho (au Petit Chien).
Les défricheurs
À la Fabrik théâtre, la Cie des Ouvriers reprend
Explication des Oiseaux (Zib’51) et Isabelle Provendier Quoi dire de plus du coq ? (Zib’47). Le Kronope
présente le Carnaval des Animaux et les Fourberies
de Scapin (Zib’51) et le Théâtre du Maquis Le Cabaret des hérétiques et Les Bougres.
À la Manutention, Les Hauts Plateaux accueillent
Christian Mazzuchini dans une très belle interprétation des textes de Christophe Tarkos La Tentation
d’exister (voir Zib 41), Les Phasmes du Collectif
Inouï, deux spectacles jeune public de Grégoire
Callies. Antoine Hervé donnera La leçon de jazz
d’un pianiste débridé à l’Ajmi.
À l’Université Sainte-Marthe, la Cie Art.27 livre le
troisième opus des Olympides, une comédie citoyenne
où l’humour est au service d’un enjeu majeur de
notre société : l’eau.
It's so nice au theatre des Doms © Charlotte Sampermans
Au Théâtre Golovine, on découvrira trois productions
du Beijing Fringe festival, une comédie-hommage
aux Secrétaires de la Cie Maritime, Roméo et Juliette par la Cie Dell’improvviso et de la danse avec
Liebe Liberté par la Cie Gilschamber. La Naïve
présente Monsieur Agop à l’Espace Alya, un message de tolérance et de paix par Jean-Charles
Raymond, à partir de 8 ans. La Cie azHar y joue Magic
Dust combinant image numérique et marionnette.
À l’Entrepôt, Marie Provence présente au jeune
public Pacamambo de Wajdi Mouawad (voir Zib 35)
et au théâtre Alizé, Jeanne Béziers remanie le
conte de Perrault dans Poucet le temps des mensonges. (voir Zib 50) Au théâtre de l’Oulle, la Cie
Vous Avez Dit Biz’Art reprend Laurel et Hardy vont
au paradis (Zib’52) et Luis de la Carrasca rend
hommage aux plus grandes figures de Grenade dans
Flamenco pa mi Graná. La Cie lyonnaise Al Andalus
présentera Nuevo Flamenco au Collège de la Salle.
Créé à Festo Pitcho 2011, la Cie Faut Changer l’Eau
du Bocal joue OpéraZibus, une fantaisie lyrique
pour jeune public à l’Esperluette et Un peu de
Poésie présente Le petit chaperon Uf et Ferré,
Perret, Trenet et moi et moi et moi… au Théâtre
des Vents. À La Luna, la Cie du Grand soir reprend La vie de Galilée, remaniée par Christophe
Luthringer.
Les théâtres d’Outre-Mer se retrouvent à la Chapelle du Verbe Incarnée, dirigée l’été par Greg
Germain ; le Cabaret de l’Impossible y joue Premiers voyages. Au Paris, le théâtre estampillé humour,
Océanerosemarie joue La Lesbienne Invisible (voir
p. 39) et à l’Etincelle, Nicolas Maury adapte ses
Chroniques du Off (Ed. Alna) dans Fuck Off, un
condensé franchement drôle des travers du festival.
Il faudra être également attentif aux programmations du Théâtre du Girasole, la Manufacture,
le Grenier à Sel, l’Ecole des Spectateurs, la
Caserne des Pompiers, Présence Pasteur…
DELPHINE MICHELANGELI
Festival Off d’Avignon
Du 7 au 28 juillet
www.avignonleoff.com
16 FESTIVALS VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON
Sur la rive de l’itinérance :
théâtre et mémoire
Villa Olga © G. Voinot
Depuis 9 ans, sur la rive languedocienne du Rhône,
en face d’Avignon, Villeneuve en Scène déroule
son tapis de verdure aux théâtres itinérants. «Il est
loin le temps où on était deux à bricoler ce petit
festival» s’émeut son directeur Frédéric Poty, riche
désormais d’une «petite entreprise de 25 personnes
à gérer en été». Cette 9e édition, dédiée à la mémoire
d’un prestigieux parrain, Václav Havel, consacrera
au président-philosophe tchèque une journée
d’hommage (15 juillet) : traversée inédite de son
œuvre dans Cirkus Havel avec 40 comédiens du
théâtre Husa na provázku, concert du groupe mythique de la musique underground tchèque, The
Plastic People of The Universe, à partir de qui naquit
la mobilisation des intellectuels tchécoslovaques
et la rédaction de la Charte 77 il y a 35 ans, débat
«Le théâtre comme acte politique : le pouvoir des
sans-pouvoir» avec Ariane Mnouchkine et Jack
Lang (sous réserve), conférence sur le contexte
historique de la Charte.
Parmi les 17 spectacles proposés, auteurs classiques
et contemporains seront joués dans des formes
artistiques variables. La Manufacture, haute école
de théâtre de suisse romande, revisitera l’œuvre de
Büchner, sous la houlette de Jean-Louis Hourdin,
et de John Cassavetes dans Entre, dirigé par Oscar
Gomez Mata. La Cie du Veilleur offrira une expérience originale, avec un parcours immersif pour un
spectateur dans Un doux reniement, proposé par
Matthieu Roy. Avec le Septième Kafana, Conduite
intérieure explorera la thématique du trafic des
femmes en Europe de l’Est, pour une réflexion universelle sur la condition des femmes. Même questionnement
avec Conseils pour une jeune épouse de la Cie
Intime Camarade, qui mixera conseils pour une
épouse des années 50 et extraits du Kama Sutra. Le
Footsbarn Travelling Theatre présentera Indian
Tempest, du Shakespeare à la sauce indienne. La Cie
Lackaal Duckric, dans Le Caniche de Porcelaine
racontera l’histoire improbable de gens transformés
en caniches royaux…
Après avoir joué tout seul toute l’œuvre de Shakespeare en un seul spectacle mémorable, Gilles Cailleau
revient à Villeneuve dans Gilles et Bérénice. Sous
son chapiteau en forme de parapluie, l’extraordinaire comédien donnera vie aux vers de Racine.
Retour également de la Compagnie Tandaim, l’un
des succès de l’édition 2011 avec la Seconde surprise de Marivaux, dans Villa Olga. Une «pièce de
plage» de Catherine Zambon, transformée par
Alexandra Tobelaim en vaudeville policier surréaliste et jubilatoire, bourré de talent. Polar également
aux relents d’opéra bouffe avec le Siphon par le
Petit Théâtre de Pain. En réunissant Lala de Gabily
et Communiqué n°10 de Samuel Gallet, le Comité
8.1 réinterroge l’engagement politique dans Time
for outrage ? C’est avec les mots de Garcia Lorca
que le Ton und Kirschen dans La luna, luna explore
l’histoire de l’humanité, des pays et des époques.
Trois spectacles seront consacrés au jeune public,
Petit comme un Caillou par le théâtre Mu Panique
au Cirque et Tsagaan Morin, le petit cheval blanc par
le théâtre du Risorius. Parallèlement et en
partenariat, Pujaut sous Chapiteau (du 6 au 18
juillet) présentera une programmation jeune public.
DE.M
Festival Villeneuve en Scène,
Villeneuve-lez-Avignon
Du 6 au 25 juillet
04 32 75 15 95
www.villeneuve-en-scene.com
La Chartreuse en échos
La 39e édition des Rencontres d’été
de la Chartreuse rassemble trois spectacles programmés avec le Festival
d’Avignon : W/GB84, par la Cie Fraction, inspiré des romans de David Peace
et du Woyzeck de Georg Büchner. En
confrontant le récit de guerre entre le
syndicat des mineurs et le gouvernement Thatcher en 1984 et l’histoire
d’un homme «qui court à travers le
W-GB84 © Guy Delahaye
monde comme un rasoir ouvert» en
1837, Jean-François Matignon interroge, à sa manière, la place du plateau
face au monde. Inspirés par leur travail avec des enfants polyhandicapés,
Sandrine Buring et Stéphane Olry
de la Revue Eclair, présentent le solo
dansé Ch(ose) suivi du récit Hic Sunt
Leones, écrit en résidence à la Chartreuse. Et Katie Mitchell, avec le
scientifique Stephen Emmott, donnera la «conférence» Ten Billion, pour
interroger l’avenir de la vie sur terre
et dresser le portrait «d’une humanité
qui se cache la tête dans le sable».
Sont programmés également des mises
en voix des artistes en résidence de
création à l’année. L’installation des
Sœurs h, No windows fenêtres il y
avait in our bedrooms, mettra en lumière leur intérêt pour le détail, le
banal, l’intime et le décalé. Puis du
11 au 28 juillet, des rendez-vous en
entrée libre, passionnants, permettront au public de rencontrer et
échanger avec les artistes de Villeneuve en Scène (Cie du Veilleur,
Catherine Zambon et Alexandra Tobelaim), de suivre les lectures des
auteurs en résidence et les cartes
blanches du Centre national du
théâtre. À voir également, l’exposition de Guy de Malherbe (p. 67)
Obscurité/Eblouissement, le nouvel
espace muséographique en 3D et les
Récits d’encres combinant montages
photographiques et textes d’auteurs.
DE.M
Rencontres d’été de la Chartreuse
Du 10 au 27 juillet
Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
http://lescrisducloitre.org
VAUCLUSE | SALON-DE-PROVENCE
Le territoire en scène
Flamenco Vivo © Christian Rombi
Avant de reprendre à la rentrée les
rênes de l’Auditorium du Thor, Arts
Vivants en Vaucluse réunit pour la
5e année, dans le Festival Vaucluse en
Scène, public et professionnels autour de la diversité des expressions
du territoire. Un rendez-vous gratuit
en partenariat avec le Conseil général,
renforcé sur la durée et sur la visibilité avec des lieux d’accueil multipliés.
La cour d’Arts Vivants accueillera les
rendez vous jeune public : Le Carnaval
des Z’animaux par le TRAC (2 juillet),
musique africaine avec La Parlote (3
juillet), contes arabes avec Layla
Darwiche (4 et 5 juillet), danse et
percussions avec La Boîte du Ballet
des Zigues. Dans l’écrin de la Cour
Saint Charles, Flamenco Vivo ouvrira
le festival pour un hommage aux plus
célèbres artistes flamenco de la terre
natale de Luis De la Carrasca (29
juin). Soirée clown avec la Cie Cirkmosphère et le trio acrobatique
Triphasé (30 juin). Le collectif chorégraphique 2 Temps 3 Mouvements
donnera un extrait de sa création
Prêt-à-penser, dans laquelle trois personnages tentent de maîtriser leur
destinée (1er juillet). Avec Les Justes,
joués par la troupe de théâtre amateur
du TRAC, le Pôle de développement
culturel de Beaumes-de-Venise donnera une représentation tirée de son
projet autour de 5 pièces de Camus
(2 juillet). La Cie Simples Manœuvres livrera La Passion Selon Juette
(voir Zib’48), d’après le roman de
Clara Dupont-Monod, sensible adaptation de l’histoire d’une jeune fille
de 13 ans révoltée contre l’ordre établi, devenue personnage historique
(3 juillet), et la Cie Eugénie Andrin
livrera deux pièces dansées (4 juillet).
À Cucuron, improvisation avec les
musiciens du Phare à Lucioles et
l’Ensemble Garguegasthan (7 juillet).
DE.M
Vaucluse en Scène
Du 29 juin au 7 juillet
06 07 50 94 84
www.artsvivants84.fr
FESTIVALS 17
Dans les Cours, le théâtre
C’est dans le cadre majestueux des Cours du
château de l’Emperi que
s’installe chaque été, depuis 23 ans, le Festival
Théâtre Côté Cour, avec
une programmation qui
allie découvertes et têtes d’affiche, dans un bel
esprit éclectique. En
ouverture de festival, le
3 juillet, un Mariage de
Figaro musical et théâ- Le Repas des fauves © X-D.R.
tral, emmené par Comédiens et C’est la pièce moliérisée de Julien
Compagnie et mis en scène par Jean Sibre qui clôturera cette programHervé Appéré, qui mêle les chœurs et mation le 11 : dans Le Repas des
musiques des Noces de Figaro de Fauves, adapté de l’œuvre de Vahé
Mozart au texte de l’œuvre de Beau- Katcha, il met en scène un huis clos
marchais. Le 7, Francis Huster et la durant la période de la Seconde
Troupe de France reviennent dans la guerre mondiale qui réunit sept amis
Cour d’Honneur (ils étaient venus pour un anniversaire, la Gestapo,
jouer Dom Juan l’été dernier) avec Le pour un choix impossible à faire…
Misanthrope de Molière, pièce que le DO.M.
comédien met en scène et dans laquelle il tient le rôle-titre. Un autre
Festival Côté Cour
grand comédien lui succèdera le 9 :
Les 3, 7, 9 et 11 juillet
Jacques Weber joue ses Éclats de vie,
Château de l’Emperi, Salon-despectacle dans lequel il s’approprie
Provence
avec gourmandise les textes d’auteurs
04 90 56 00 82
qui l’ont marqué, qu’il agrémente
www.theatre-cote-cour.fr
d’anecdotes et apartés truculents.
18 FESTIVALS AURIOL | AUBAGNE | AVIGNON | PARC DE LA MIRABELLE
Moments précieux
La 11e édition de l’éco-citoyen
Festival Festimôme se tiendra
comme chaque année sur la place
centrale du village d’Auriol et dans les
jardins de Palissy à Aubagne, liant les
deux villes par sa programmation
éclectique réunissant arts du cirque,
du théâtre et des arts. Pour «cultiver
un autre regard sur la création
artistique», les liens entre les
compagnies invitées et le public sont
renforcés par des rencontres nourries
d’échanges autour des démarches
artistiques. En outre, l’association
Art’Euro, à l’origine du Festival, anime
tout au long de l’année des temps de
rencontres sur les deux villes,
amenant les enfants à s’emparer de
Festimôme en amont, au travers
d’ateliers de création artistiques qui
donnent lieu à des œuvres collectives
qui se retrouvent au cœur du Festival.
C’est à Auriol que débutent les
festivités, du 16 au 18 juillet, avec
une programmation cirque et
prétexte
à
de
sournoises
mesquineries, et la cie Vaïven
assemble une drôle de machine dans
Ne Pas déranger… À Aubagne, du 25
au 27 juillet, outre les spectacles
précédents, la programmation
s’enrichit de la Petite forme aérienne
de la cie Alto avec trapèze et cercle
aérien, de la danse de la cie
aubagnaise Boutabou avec leur
dernière création Si j’osais, et avec la
cie Barbara Mavro Thalassitis et son
Pik Nik à l’ironie douce amère, et du
théâtre de la cie l’Arbre Avache qui
mêle, avec Bob Transport en tout
genre la folie du clown à une magie
très poétique…
DO.M.
Pik Nik © Roberta Dance cie
marionnettes qui se jouera aussi à
Aubagne (excepté Les Moldaves) : la
cie Alto mêle les acrobaties aériennes
à la danse hip hop dans Allure
Verticale, Les Moldaves de la cie
PasVuPasPris
délivrent
leurs
30 ans d’enfance
Avec plus de 10 000 spectateurs
chaque
année,
le
Festival
Théâtr’enfants et tout public est
devenu incontournable. Situé à la
Maison du théâtre pour enfants à
Monclar, ce lieu dédié à la jeunesse
est dirigé par l’Éveil Artistique qui
améliore constamment l’accueil et le
niveau
d’exigence
de
la
L'oiseau bleu © Collectif Quatre Ailes
programmation. La 30e édition
commence pas une fête d’ouverture
(le 9 juillet) avec les centres sociaux
de la ville, et l’exposition Publics en
scène-30ans/30portraits, rassemblant
trois générations de spectateurs du
festival, de la photographe Ilka
Kramer. Treize propositions égrènent
l’été des enfants, dès 18 mois. Du
côté des cies régionales, Anima
Théâtre joue Le rêve de la Joconde,
un voyage onirique et initiatique vers
l’art ; le Théâtre de Cuisine crée La
femme aux allumettes, dans laquelle
Christian Carrignon et Katy Deville
se font les archéologues du conte
d’Andersen avec leur théâtre d’objets;
la Cie Clandestine mêle théâtre et
images en papier (kamishibaï) dans
Quoi ? C’est quoi ?
Dans l’Espace conte, on retrouvera À
quoi rêvent les fées de Nathalie
Thomas, Féline de la Farouche
Compagnie et le conteur du Burkina
Faso François Moïse
Bamba.
Théâtre
pluridisciplinaire avec
L’oiseau bleu revisité du
collectif Quatre Ailes,
gestuel avec Le Ventre
en l’air du Teatro del
Piccione ; propositions
pour les tout-petits avec
Lapin et Un Papillon
dans la neige, chansons
contées avec Plume par
la Cie Méli Mélodie (qui
anime des ateliers
d’éveil musical), portrait d’une
«enfant bigleuse» par la Cie la
Rousse dans À vue de nez. Un
Manipuloparc sera animé par Le
Montreur, Claire Massabo mènera un
stage théâtre du 16 au 20 et un
espace ressource relayera les infos
des compagnies Jeune Public du Off.
DE.M
Festival Théâtr’enfants, Avignon
Du 10 au 28 juillet (relâches les
dimanches 15 et 22)
04 90 85 59 55
www.festivaltheatrenfants.com
spécialités
circassiennes,
les
marionnettes de la cie Golondrino
racontent, sans mot, Le Sôt de la
mort, la cie brésilienne Anonymous
Circus, avec New Good Old Times,
prouve que le jonglage peut être
Festimôme
Du 16 au 18 juillet
Auriol
Du 25 au 27 juillet
Aubagne
Art’Euro
www.arteuro.fr
Chantons sur l’herbe
Aux Caillols, le Parc de la Mirabelle est à quelques mètres du terminus du tram.
Pour caresser le potager on arrive directement sous les arbres, dans l’herbe.
Cette année ateliers et installations sont animés par la plasticienne Tooza, la
photographe-cinéaste Sylvie Frémiot projette des courts métrages
d’animation. Et des spectacles déclinent vos envies : le 5 juillet Anne-Laure
Sarazin, poète performeuse, parle du quotidien et des trottoirs... ; les 6 et 7
Denis Barré et sa Cie Kartoffeln initient au monde caché des moustiques.
Stéphane Cochini et Nathanaël Pinna chantent français, de Brel à Zebda (le
5), tandis que le groupe Enco de Botte enchante de voix polyphoniques
méditerranéennes (le 7) et que Goran Cosevic Ensemble ravit par son
répertoire tsigane et serbo-croate (le 6). Le même jour c’est le quartet de
Didier Labbé qui met à l’honneur l’accordéon jazz de Grégory Daltin ; tous
deux accompagneront la chorégraphie Bal(l)ade de Yann Lheureux et Sonia
Rodriguez. Enfin alliant danse et chant lyrique Marco Becherini, chorégraphe,
Brice Gaubert, danseur et Muriel Tomao, soprano, emmènent au pays de
Shéhérazade avec la création Pleine lune, lune pleine (7 juillet).
Les pots de petits légumes cultivés durant deux mois par les habitants de la
vallée de l’Huveaune seront vendus aux enchères au bénéfice de Pikine au
Sénégal.
CHRIS BOURGUE
Caressez le potager
Du 5 au 7 juillet
Parc de la Mirabelle, Marseille 11e
04 91 42 20 50
www.caressezlepotager.net
Bal(l)ade © Jean-Yves Colomb
THÉÂTRE SILVAIN | ESPACE BARGEMON FESTIVALS 19
Silvain pour tous
La mairie du Premier secteur de
Marseille avait offert l’an dernier une
série d’événements gratuits, d’intérêt
artistique inégal, mais ayant tous
l’ambition de proposer à chacun un
moment de musique, de cinéma, de
cirque, populaire et partagé. Certains
y ont «pour la première fois regardé
un opéra en entier», expliquait Patrick
Mennucci, maire du secteur, en
racontant la retransmission en direct
d’une représentation au Festival d’Aix
sur le grand écran déployé… Sans
grands moyens, la programmation du
théâtre Silvain a rassemblé en 2011
plus de 30 000 spectateurs autour
d’une quinzaine d’événements. Qui
ont vocation à être gratuits comme
ceux programmés par la Région en
tournée, ou ne sont pas très onéreux
comme le cinéma en plein air, des
retransmissions,
des
petites
formations amplifiées…
Cette année Silvain poursuit dans le
même esprit mais double pratiquement le nombre d’événements ! Ainsi
30 représentations sont ouvertes au
public, pour une jauge de 2800
places. Les transports sont facilités
(bus, navette maritime), l’accueil est
agréable, on peut y pique-niquer en
famille, sous les pins et les étoiles,
avant d’aller admirer la mer en
contrebas.
Quant à la programmation, elle reste
éclectique, puisqu’elle se fonde pour
partie sur des opportunités, pour
partie sur des bonnes volontés : à
côté de l’Orchestre des Jeunes de la
Méditerranée (voir p 28), du FID (p
11), du Festival d’Art Lyrique et
d’Aflam (p 61), on trouve Accordémonde un festival d’accordéon qui
invite un soir marcel Azzolla, l’autre
Juliette Gréco (du 9 au 11 juillet). Le
trio Michel Legrand passe aussi par
là. Et l’Opéra Pour Tous vient chanter
de l’opérette (le 7 juillet) avant de
revenir avec Léontina Vaduva puis
Madame Butterfly. On croise aussi
Cesar Swing... et ça dure tout l’été !!
Les premières dates ? L’Olrap qui
vient ouvrir le 21 juin avec un
programme festif (Bizet, Grieg,
Offenbach), swing manouche en
quartet le 22 juin, puis l’Orchestre
Christina Rosmini © X-D.R.
Philharmonique de Provence le 29
juin, Fred Nevchehirlian le 3 juillet,
Christina Rosmini le 5 juillet… et
du cinéma presque tous les autres
soirs (voir p 61) juste après la plage,
sans cérémonie…
Théâtre silvain
jusqu’au 14 août
Marseille 1e
04 96 206 204
www.capsur2013.fr
AGNÈS FRESCHEL
En place publique !
puis enchaine le 19 avec un concert
mainstream de Radio Star avec, entre
autres, les lauréats de The Voice…
Place ensuite à la musique ! Avec
l’orchestre philharmonique de l’Opéra
qui se produira deux fois
gratuitement : pour un programme
Tchaïkovski Ponchielli le soir de la
fête de la musique (le 21 juin), et
pour accompagner un récital de
Roberto Alagna venu chanter les
standards du classique et de la
musique symphonique de film (le 7
juillet). Enfin, preuve que la musique
classique c’est aussi l’affaire des
jeunes, l’orchestre des élèves
accompagnera les premiers Prix du
Conservatoire, qui comme chaque
année viennent montrer leurs talents
de jeunes solistes (le 27 juin)… On
pourra aussi écouter d’autres
musiques avec un avant goût cubain
du Festival de Jazz des 5 continents
concocté par Richard Bona (le 26
juin).
En dehors de la musique ? De la
Constance © Lucien Sanchez
Comme le disait Jean-Claude Gaudin
lors de la présentation du programme
estival de la Place Villeneuve
Bargemon, «la cité phocéenne
confirme qu’elle est une terre de
festivals». C’est sur l’esplanade
municipale, devant le Vieux-Port, que
la Mairie concocte un concentré des
programmations qu’elle soutient.
Programmation
exigeante
par
endroits, éclectique, populaire : l’an
dernier la projection du Cid de
Massenet, et la venue en chair de
Roberto Alagna sur la place, avait
rassemblé, et ravi, près de 7000
personnes.
Cela commence le 17 juin avec
Constance de Julien Lestel, octuor
onctueux, rêverie néoclassique
autour de Lady Chatterley et des
segments répétitifs de Phil Glass ;
musique encore avec un film de Buter
Keaton durant le FID, accompagné
par les modules électroniques de
Davis Oppetit. Et de la danse, avec
Enclave Español, seul spectacle
payant, programmé par le festival de
Marseille les 23 et 24 juin (voir p 50).
Enfin, le Ballet National produira ses
Métamorphoses inspirées des fables
transformistes d’Ovide, avec des
sculptures aériennes et polymorphes,
et un ballet en très grande forme
(voir p 43).
Une belle programmation, qui prouve
les capacités créatives des artistes et
structures marseillais !
AGNÈS FRESCHEL
Scènes à Villeneuve Bargemon
Du 17 juin au 7 juillet
www.marseille.fr
20 FESTIVALS PORT-SAINT-LOUIS | VAISON | OLLIOULES
Des cothurnes aux pointes
Le théâtre antique de Vaison-la-Romaine lorsqu’il
s’anime de nouveau de musiques et de danses, remplit
nos nuits d’été de délices. Au programme cette
année ? Les Ballets de Monte Carlo les 9 et 10 juillet
(22h) interpréteront le sublime Roméo et Juliette
chorégraphié par Jean-Christophe Maillot sur la
partition de Prokofiev. Décors en épure d’Ernest
Pignon Ernest, un propos focalisé sur les contradictions de la jeunesse, ses excès, ses intransigeances,
ses déchirements entre pulsions contradictoires,
principes mêmes de la tragédie. Un renouvellement
du texte shakespearien tout en finesse.
Le 12 juillet, en contrepoint, les Ballets Trockadéro de Monte Carlo, en rien monégasques. Les sylphides,
les cygnes, tous les rôles du répertoire romantique
sont dansés par des garçons. De New York. Technique parfaite, danse sur pointes, avec juste ce qu’il
faut de dérision pour une salvatrice distanciation.
Au programme, l’acte II du Lac des cygnes, un pas
de deux surprise, Go For Barocco dans la lignée de
Balanchine, puis Paquita, chorégraphie de Marius
Petipa. Tutus, plumes, un ensemble délirant, rude
épreuve pour les zygomatiques !
Inspiration junguienne pour Synchronicity de
Carolyn Carlson le 16 juillet, qui brosse une fresque
poétique dans laquelle s’interrogent les évènements
qui transforment la destinée, la conscience et l’inconscient, les passions, dans une lumière en clair-obscur,
propice aux jaillissements.
Les 20 et 21 juillet, une autre compagnie mythique, Momix, venue des États-Unis, dirigée par Moses
Pendelton, dans Bothanica, un spectacle fantasmagorique qui esquisse une histoire du monde.
Illusions d’optique, métamorphoses, jeu sur les
reflets, tout concourt à une atmosphère onirique et
envoûtante.
Les 26 et 27 juillet, la compagnie DCA, présente
une œuvre destinée à 7 danseurs, Panorama, aux
confluents de la danse, du cirque et des arts visuels,
un ensemble comme sait les apprivoiser Philippe
Decouflé. Une fantaisie joyeuse pleine d’énergie.
Au Théâtre du Nymphée, un joli programme complémentaire le 18 juillet, à 19h, les élèves du
Conservatoire National Supérieur de Musique et
de Danse de Lyon. Le 22 juillet, la compagnie Orientations présentera Nostalgia, inspirée de la phrase
Bothanica, cie Momix © Max Pucciariello
de Milan Kundera. Enfin, le 24 juillet, la compagnie
Par’Allèles : deux danseurs de hip hop qui avec
humour et sensibilité rendront hommage au cinéma
muet avec Face à Face.
MARYVONNE COLOMBANI
Vaison Danses
Du 9 au 27 juillet
04 90 28 84 49
www.vaison-danses.com
Deux temps mille mouvements
Réfraction, Alonzo King Lines Ballet © Franck Thibault
L’amphithéâtre de Châteauvallon construit sur le
modèle des théâtres grecs par Henri Komatis, à
22h, et le théâtre couvert, à 19h30, continuent de recevoir l’été une programmation éclectique d’une grande
qualité, pour des soirées en deux parties. Le 22 juin
(19h30), Tiger, Tiger Turning Bright par Kubilai Khan
Investigations, réflexion sur un monde où la modernité devient synonyme de rapidité, accélération des
rythmes, mais que se passe-t-il si les limites s’atteignent ? Les 22 et 23 juin (22h), les Nerderlands Dans
Theater 2 proposent les pièces Sleepless, esthétique de la surprise, humour, énergie. Sapho chante
la grande Oum Kalsoum le 23 juin (19h30). Les 29
et 30 juin (22h), le Béjart Ballet Lausanne interprète Dionysos où la folie et la poésie se rencontrent
sur les chemins du mythe, puis le Boléro dont chacun garde en mémoire l’interprétation de Jorge
Donn, et enfin Là où sont les oiseaux de Gil Roman,
inspiré par un voyage en Chine.
Le 6 juillet (19h30), Grand-père n’aime pas le swing,
duo entre une danseuse et un musicien, Julie Dossavi
évoque un univers de femmes militantes, d’origines,
d’Amour, de musique, bref, la vie… Alonzo King Lines
Ballet, les 6 et 7 juillet (22h) interprète deux partitions virtuoses, Réfraction et The Moroccan project.
Écriture rapide, incroyable virtuosité des danseurs
pour des pièces qui tracent d’autres voies entre
danse classique et culture afro américaine. Le 7
juillet (19h30), China Moses chante blues et soul
avec passion, accompagnée par Raphaël Lemonnier, piano, basse, batterie, saxophone… de Besie
Smith à Nina Simone. Le 13 juillet (21h30), Bach
to Piazzola par le Richard Galliano Sextet donne
à l’accordéon ses lettres de noblesse, entouré par
les violons, violoncelle et contrebasse. Puis deux
soirées flamencas sous la direction artistique de
Juan Carmona les 27 et 28 juillet, Alfonso Losa,
Pastora Galvan, Duquende, Rocio Molina…
Magique dans le cadre sublime de Châteauvallon !
M.C.
Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
Mercredi c’est Port-Saint-Louis
Pour la 3e année consécutive, la ville de Port-SaintLouis-du-Rhône, en collaboration avec le Centre
National des Arts de la Rue le Citron Jaune, transforme ses quais en scène en scène ouverte, pour
accueillir les Mercredis du Port. Ce sera aussi l’occasion, cette année, de fêter un double anniversaire :
les 20 ans d’existence du Citron Jaune, initiateur de
la manifestation, et ceux du Port de Plaisance.
Dès 19h, chaque mercredi, la programmation alternera des petites formes gratuites. Du théâtre de rue
avec Adrian Schvarzstein et son Lit déambulant, la
cie du Petit Monsieur avec deux spectacles, 2 secondes et En dérangement ; de la danse avec La
Cavale de Yoann Bourgeois et sa quête du «point de
suspension», Bilbobasso et le spectaculaire Tango
de feu qu’ils dansent dans A Fuego Lento, la cie
la Mancha du Cirque Hirsute ; de la musique enfin
avec les trois voix de la cie Une petite voix m’a dit
qui font se côtoyer les airs d’opéra et les chansons
populaires dans Barock, les chansons d’humour de
Johanna Piraino, le rock alternatif de Macadam
Bazar et la musique entre rythmes tziganes et
flamenco de Zaragraf.
DO.M.
Cie du petit monsieur, deux secondes © C@ctus
Antipodes avec Escale et Les Ponctuels ; du cirque
avec les bizarreries contorsionnées de Bertha et
Miranda de la cie Presque Siamoises, et Le Blues de
Les Mercredis du Port
Les 4, 11, 18 et 25 juillet
Port-Saint-Louis-du-Rhône
04 42 48 40 04
www.lecitronjaune.com
RUE DU TANGO | AVIGNON FESTIVALS 21
Transition estivale
Un Été au cdc particulièrement danse marque une transition pour Les Hivernales qui abandonnent l’ancien plateau
inter-régional de diffusion «Quand les régions s’en mêlent»
-dont «le dispositif n’était plus satisfaisant économiquement» selon son directeur Emmanuel Serafini- et initient
un rassemblement de 9 centres chorégraphiques français
en 2013.
Cette édition 2012 reste une plateforme de repérages des
artistes, avec une ligne internationale : les allemands
Malgven Gerbes & David Brandstätter qui nous avaient
Collectif 2Temps3Mouvements © Anne Breduillieard
séduits lors du rendez-vous d’hiver avec le très zen Notebook, (voir Zib’50), «le poil à gratter de la danse irlandaise»
John Scott qui ouvrira les journées du CDC avec trois
petites formes, le catalan Pere Faura qui nous piégera dans
un Striptease performatif, l’incontournable chorégraphe
belge Karine Ponties qui présentera ses merveilles de délicatesse et de virtuosité dans deux spectacles. Plus proches
de nous, Thierry Baë reprend Je cherchai dans mes poches,
quête très juste d’une belle inspiration autocentrée, créé
au théâtre Durance (voir Zib 47), et les avignonnais du
Collectif 2 temps 3 mouvements, après Montpellier Danse
et avant le théâtre Sylvia Montfort, présentent Et des
poussières…
À découvrir encore, Tam Tam du chorégraphe afro jazz James
Carlès et le hip hop contemporain de la jeune compagnie
Melting Force. Et dans RESO@DANSE, au Village du Off
(les 14, 16, 18 et 20 juillet), Emmanuel Serafini animera
des rencontres avec une trentaine de chorégraphes présents sur le festival.
Prochain rendez-vous en février pour les 35 ans des Hivernales avec en prévision un marathon Bagouet au Palais
des Papes, et une diffusion hors les murs, au Pavillon Noir
et au Klap.
DE.M
L’été au cdc particulièrement danse
Avignon
Du 11 au 21 juillet (relâche le 15)
04 90 82 33 12
www.hivernales-avignon.com
Tango
Tous les vendredis soir, et ce jusqu’au
20 juillet, La Rue du Tango prend ses
quartiers à Marseille. Au programme,
démonstration et initiation, et un bal
gratuit avec Dj ou orchestre, le tout
organisé par une ou plusieurs associations de tango de la région : le 22
juin à la gare St-Charles avec Tango
bal, le 29 à l’Escale Borély avec Tango
por vos, le 6 juillet sur le Cours Joseph
Thierry avec Carrément tango, le 13
rue du théâtre français avec Aix en
tango, et le 20 sur le parvis de la gare
St-Charles pour une clôture animée
par l’orchestre Tango roulotte et le Dj
de tang’aero. Parallèlement ont lieu
un concert (avec le Spiritango Quartet, le 27 juin à la Cité de la Musique),
une soirée cinéma et tango en partenariat avec l’ASPAS (projection de La
chanteuse de Tango de Diego Vignatti, le 28 juin à la Cité de la Musique),
une marche urbaine dansée, un
concours photo et vidéo…
8e édition de La Rue du Tango
Jusqu’au 20 juillet
Marseille
06 69 63 22 44
www.laruedutango.fr
22 FESTIVALS MUSIQUE ACTUELLE | DU MONDE
Mimi
Orchestra of Spheres
© X-D.R.
Marseille est une magnifique terre de
festivals, offrant de merveilleux lieux
atypiques. L’édition 2012 (la 27e !) sur
les îles du Frioul (du 6 au 8 juillet)
s’annonce brûlante et prometteuse.
Pas de souterrains pour se rendre sur
place depuis le vieux port mais déjà
une Nuit du Grand Tunnel (6 juillet)
pour débuter ce marathon expérimental avec Atonor (présents en ouverture
de chaque nuit), Das Simple et Blurt.
Suivra la Nuit des Kansomnou avec
le très «baroque» Orchestra of spheres
venu tout droit de Nouvelle-Zélande
(7 juillet). Puis la très attendue Nuit
du Béton qui Chante : le dimanche 8
juillet on entendra le Peirua String
Band, ensemble de Vanuatu en résidence de création (première mondiale
hors Vanuatu). Ensuite, le Glenn Branca
Ensemble, bien ancré dans New York,
fera figure d’ovni sonore expérimental. On n’insistera pas sur les efforts
label développement durable (tous
sont éco responsables, c’est bien,
mais après tout normal…) et sur le
Mimi bonus (ateliers de cuisine, ballades, pré-concerts…) : le Mimi se
vit… Traversée aller retour (il vaut
mieux !) et concert : 20€ en prévente. À l’abordage !
Rock
Island
Marseille
F.I.
Festival Mimi
Du 6 au 8 juillet
Îles du Frioul, Marseille
04 95 04 95 50
www.mimifestival2012.amicentre.biz
Nuits de prestige à Istres
Le Pavillon de Grignan déroule le tapis
rouge à des légendes black, pour
un moment musical dans un cadre
bucolique du XVIe siècle
Après avoir incarné les grands rôles féminins de l’opéra,
puis marqué de sa voix imposante quelques célébrations
historiques -on se souvient d’elle, place de la Concorde,
enveloppée dans un drapeau tricolore et interprétant La
Marseillaise lors du bicentenaire de la Révolution française-, la soprano Jessye Norman (le 2 juillet) continue
de se produire dans des récitals en solo.
La reconversion de Yannick Noah (le 4 juillet, 1re partie :
Suarez) est plus radicale encore. Longtemps personnalité
George Benson © Lotfi Rachidi
préférée des Français, le tennisman a depuis conquis les
cœurs d’un large public avec ses chansons prônant la
tolérance et la fraternité.
Mais ce sont deux monstres sacrés du funk et du jazz qui
illumineront ces Nuits d’Istres. George Benson et Ahmad
Jamal (le 9 juillet) ont pour point commun leur ville de
naissance, Pittsburgh (Pensylvannie, États-Unis). Le premier, formé au jazz, le délaissa dans sa forme académique
au milieu des années 60, pour lui donner une touche plus
groove. En 1980, il signe le tube Give me the night, produit
par Quincy Jones, samplé par I AM dans Je danse le Mia.
Ahmad Jamal, lui, est tout simplement l’un des derniers
grands génies du jazz des années 50 et 60, vénéré par
Miles Davis. Puisant dans le blues et la culture afro-américaine, il a créé son style, celui d’une musique qu’il élabore
en la confrontant au silence.
Bien que figure du tropicalisme et maître de la bossa nova,
les prestations du brésilien Gilberto Gil qui clôturera le
festival (le 14 juillet, première partie: Inna Modja)
laissent aujourd’hui souvent sur la faim. Mais il compte
parmi les légendes !
T.D.
Nuits d’Istres
Du 2 au 14 juillet
04 42 81 76 00
www.istres.fr
Voici un nouveau venu qui devrait
faire parler de lui. Le festival prend
naissance derrière les remparts du
Fort d’Entrecasteaux, qui n’est autre
que la partie supérieure du fort SaintNicolas. Du 28 juin au 1er juillet, ce
site exceptionnel sera foulé par les
festivaliers amoureux du son mais
aussi de lieux à ciel ouvert et idéalement placés ! La première édition de
cet arsenal sonore s’annonce électro,
pop, DJ et musiques mixées. La métissée Mneka et les extra-terrestres
norvégiens Kakkmaddafakka annonceront la couleur (le 28 juin), Laurent
Garnier, Dj Paul et leurs platines (le
29 juin), les superbes aixoises d’Andromakers et les hambourgeois
explosifs Digitalism (le 30 juin) et
les confirmés Pony Pony Run Run (le
1er juillet) feront vibrer les épais murs
imaginés par Vauban pour surveiller
Marseille.
F.I.
Rock Island
Du 28 au 1er juillet
Fort d’Entrecasteaux, Marseille
www.marseille-rockisland.fr
Andromakers © X-D.R.
Le 20 juillet l’Orient Express Orchestra sera à l’heure pour un concert
gratuit à ne pas rater à partir de
21h30. Pour précéder ce moment
festif, la fanfare Wonderbrass (et
sa mosaïque d’influences de l’Est
et du Sud) mettra le feu dans une
déambulation au cœur de la ville à
partir de 19h. Et avant ? Autant se
mettre en appétit lors de Musiques
à Gardanne avec Le pays des galéjeurs adapté par les Carboni, fidèles
au poste, et le spectacle Ma guitare s’appelle reviens d’Yvan le
Bolloc’h, le 30 juin.
F.I.
Les Estivales
Le 20 juillet
04 42 65 77 00
www.ville-gardanne.fr
Mus’iterranée
Les jardins du Pavillon Vendôme accueilleront du 29 juin au 8 juillet un
festival aux couleurs méditerranéennes qui a choisi ce site merveilleux
pour sa troisième édition. Trois concerts et non des moindres : Saiko Nata
entre classique et Afrique (28 juin), le très festif Por primera vez du Trio
Fernandez (7 juillet) et la dualité classique/flamenco, création de
Tchoune par Frasco Santiago (8 juillet).
F.I.
Mus’iterranée
Les 29 juin, 7 et 8 juillet
Pavillon Vendôme, Aix
08 92 692 694
www.laboiteamus.com
Saiko Nata © Delphine Bertrand
Orient express orchestra © X-D.R
Estivales de Gardanne
24 FESTIVALS MUSIQUE ACTUELLE
Musiks à
Manosque
Les Escapades
de Font Robert
Bat Point G © Matthieu Wassik
Le Parc de Drouille à Manosque accueille un festival haut en couleurs du 19 au 24 juillet. Le revenant
Jimmy Cliff ouvrira les hostilités (19 juillet), suivi
du pop rock de Puggy (20 juillet), du groove inédit
de Caravan Palace (21 juillet), des indémodables
toulousains de Zebda (22 juillet), du romantique
Corneille (23 juillet) et de la révoltée néo-punk Izia
(24 juillet). La gratuité des concerts est de mise
pour cette 27e édition plus éclectique que jamais,
pariant sur des valeurs sûres, et qui promet une
semaine endiablée.
Les festivités de Font Robert des sont muées en
Escapades… Les communes de Château-Arnoux/
Saint-Auban et Peyruis présentent à la Ferme deux
jours de festival gratuit, différent, misant sur des
couleurs sonores éloignées du mainstream. La compagnie Nine Spirit de Raphaël Imbert et son jazz
festif (6 juillet) et la Guinée de Ba Cissoko, sans
compter le hip-hop musette de Bat Point G (7 juillet)
animeront le théâtre de verdure de la magnifique
ferme de Font Robert, superbe édifice du XVIème
siècle.
F.I.
Les Escapades de Font Robert
Du 5 au 7 juillet
Château-Arnoux/Saint-Auban
et Peyruis
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
FRÉDÉRIC ISOLETTA
Izia © Paul Schmidt
Lives au Pont
Festival de musiques actuelles, Lives au Pont ne s’installe pas n’importe où. Le Pont du Gard accueille sous
ses arches monumentales deux nuits exceptionnelles les 12 et 13 juillet. La seconde édition accueille
entre autres Metronomy, Pony Pony Run Run, The
Kills, Sébastien Tellier et Citizens pour une première soirée placée sous le signe du rock et de l’électro.
Emilie Chick, De la Soul, Selah Sue, Breakbot et
Birdy Nam Nam donneront le change le lendemain
avec des couleurs soul et hip hop. La classe !
F.I.
Lives au Pont
Les 12 et 13 juillet
Plage rive droite, Pont du Gard
04 66 37 50 99
www.pontdugard.fr
Pony Pony Run Run © Victor Picon
Musiks à Manosque
Du 19 au 24 juillet
04 92 70 34 19
www.adcalaffiche.fr
Avis de tempête d’étoiles
La presqu’île paradisiaque du Gaou propose un festival
digne des plus grands avec une programmation de stars
Déjà quinze ans que la petite île reliée
à Six-Fours par une passerelle accueille
Les Voix du Gaou. Un festival de musiques actuelles majeur en terre
varoise qui connaît, grâce à une programmation de poids lourds, un succès
exponentiel. Dix soirées éclectiques
mêlent stars internationales, pointures de la scène française et artistes
en devenir.
C’était le cas de ShakaPonk, programmé en première partie de Motörhead,
il y a quatre ans, et qui revient cet été
en tête d’affiche, au côté de Sting,
Gossip © Rankin
Gossip, Ben Harper, LMFAO, Arthur
H, Lee Perry, The Rapture, Beat Assaillant, Anaïs, Brigitte et bien d’autres.
Au total, une trentaine de concerts
répartis sur deux scènes, juste audessous des étoiles.
Petite sélection ? Gossip, c’est avant
tout l’audace et le charisme de Beth
Ditto, chanteuse hors-norme dont la
gamme va de la soul au punk en passant par le gospel et le disco.
À défaut de se renouveler, Sting réorchestre ses tubes -et surtout ceux de
Police- sur les scènes du monde entier.
Après une tournée avec un orchestre
symphonique, il revient en formation
plus adaptée et ce n’est jamais mauvais.
Si vous ne connaissez pas encore Asaf
Avidan, courez le découvrir. Avec une
voix située quelque part entre Janis
Joplin et Jeff Buckley, ce jeune représentant de la scène folk/rock
israélienne peut provoquer quelques
frissons. Avec Ben Harper, les frissons, on est habitué. Les amateurs de
reggae sont bien servis avec une palette assez nuancée entre Alborosie,
Lee Perry ou encore Macka B. Ceux
qui préfèrent les jeunes filles en auront
aussi pour leur argent avec Anaïs,
Irma et les duos féminins (féministes ?)
Andromakers, Brigitte et Isaya.
THOMAS DALICANTE
Les Voix du Gaou
Du 16 au 28 juillet
Île du Gaou, Six-Fours
04 91 80 10 89
www.voixdugaou.fr
Africa Fête
Les 29 et 30 juin, rendez vous au
square Léon Blum sur la Canebière
pour fêter l’Afrique. Cette huitième
édition, gratuite de surcroit, vibrera
aux rythmes de Kora Jazz Band, La Y
Ka, Keloumake, Seydou Dramé, Sia
Tolno et Demba Tandia. On n’oublie
pas les afters au Mundo K’Fe et les
masterclass d’Abdoulaye Kouyaté. F.I.
www.africafete.com
FESTIVALS 25
Chromatiques
Michel Jonasz © X-D.R.
Le festival de la couleur, ou les Chromatiques de
Fos-sur-Mer vous donnent rendez-vous du 5 au 8
juillet. Comme tous les ans depuis 2005, la ville se
pare d’une couleur particulière, le turquoise cet été,
pour une Fos histoire à suivre et à vivre pendant 4
jours sous la houlette de Sydney Production. Dès
18h01 le 5 juillet, en voiture avec la Parade Turquoise,
ou encore la Fos-histoire d’Ulysse (22h31). Démonstration et activité de cerfs-volants à 13h02
pétante, et concert de Michel Jonasz à la Villa des
Pins à…. 22h02 le 6 juillet. Apéro jazz manouche,
zumba et soirée Ibiza le 7 juillet en attendant, le
lendemain (8 juillet), le village des chromatiques à
17h04, l’Harmonie Turquoise (18h34) et le spectacle pyrotechnique sonorisé sur les rives de l’étang
de l’Estomac dès 22h34 ! Si vous voulez croiser la
Compagnie Soukha, la Compagnie Calorifère, Fan de
Boucan, le Claude Saragossa Orchestra, les Flangers, les Vaguabondes, la Compagnie CME ou encore
la Compagnie Ek Lek Tik, rendez vous à Fos !
F.I.
Les Chromatiques de Fos
du 5 au 8 juillet
04 42 47 71 96
www.leschromatiques.fr
Salon de musique
Carmina Burana, Laurent Voulzy, Les Têtes raides,
Nolwenn Leroy… Le château de l’Empéri ressemblerait presque à l’Olympia !
Salon-de-Provence et sa forteresse du XIe siècle
accueillent l’œuvre monumentale de Carl Off le 15
juillet, interprétée par cent choristes, accompagnés
de deux pianos et six percussions.
La chanson française reprendra ses droits avec l’éternel compagnon de route d’Alain Souchon qui vient
présenter les titres de son dernier album Lys and Love
(le 17 juillet). Avec ce disque, Laurent Voulzy sort
enfin de ses compilations de reprises et prend le
risque d’expérimenter. Les inconditionnels de Rockollection, Belle-Île-en mer et autre Le soleil donne n’ont
pas de souci à se faire, les tubes de l’auteur à succès
ne manquent pas à l’appel.
Changement de registre avec les Têtes raides (le
20 juillet), figure de proue de la chanson à textes issue
du rock alternatif. Eux aussi dotés d’un nouvel opus,
L’an demain, un album «plus personnel dans l’écriture, moins frontal politiquement, plus poétique», selon
les mots du chanteur Christian Olivier. À noter ou
pas, la venue de Nolwenn Leroy (le 27 juillet), ex
star-académicienne, qui a trouvé un bon filon commercial en se réappropriant le répertoire traditionnel
de sa région d’origine, la Bretagne.
THOMAS DALICANTE
Scènes à l’Emperi
Les 15, 17, 20 et 27 juillet
Salon-de-Provence
04 90 56 00 82
www.salondeprovence.fr
Musique
en plein air
«Partager le plaisir de la musique, créer des moments
de rencontres et d’échanges entre les habitants des
différentes communes et mettre en scène des artistes
du territoire», tel était le souhait des élus d’Agglopole Provence lorsqu’ils créèrent Les Musicales en
2005. Et force est de constater que la manifestation
est appréciée des habitants des 17 communes concernées, avec plus de 2900 spectateurs ayant assisté aux
concerts gratuits l’été dernier.
Jusqu’au 12 juillet, jazz, musiques du monde et musiques actuelles transforment les places, parvis et
théâtres de verdure en scènes de plein air : le jazz manouche de Made In se posera à Alleins et Saint-Chamas,
celui de Cesar Swing à Aurons ; la rumba congolaise de Papa Dickinson à Pelissanne; du jazz vocal
avec Doodlin’ à La Fare et Velaux, et avec Jazzmin 4tet
à Vernègues ; du reggae avec Jo Corbeau à Eyguières et avec Amandla à Charleval ; les airs latino
de Caminos enchanteront Lançon, et clôtureront
le festival à Salon, avec des invités !
DO.M.
Les Musicales
Jusqu’au 12 juillet
Agglopole Provence
04 90 44 85 85
www.agglopole-provence.fr
Doodlin' © X-D.R.
26 FESTIVALS JAZZ | DU MONDE
Sous les platanes
Dave Holland © Drew Goren
Un des premiers rendez-vous jazz de l’été prend ses
aises à Vitrolles, pour un festival à taille humaine,
au caractère vraiment singulier, garantissant un
accueil détendu du public et une programmation
musicale de grande qualité.
Accès aux personnes à mobilité réduite, parking,
restauration, le Parc du Domaine de Fontblanche est
un lieu chargé de bonnes ondes ! Par la présence
des gardiens géants que sont les platanes pluricentenaires, ce havre propice offre une excellente
écoute et une liberté de circulation autour des
événements qui se succèdent durant les soirées.
Trois jours d’une programmation musicale d’excep
tion durant lesquels on aura l’occasion de faire le
plein de découvertes. De plus l’association Charlie
Free et le collectif d’artistes Candela présentent
des installations d’art contemporain qui augmentent d’autant la dimension poétique du lieu, pour
une plus grande ouverture culturelle et dans le but
de mettre en évidence des passerelles entre musique jazz et expression plastique.
Au programme :
Le 6 juillet dès 19h : un 4tet en fanfare, La Nouvelle collection déambule dans le parc. À 21h la
pianiste Perrine Mansuy en 4tet avec la chanteuse
Marion Rampal pour Vertigo Songs. À 22h15 la
formation Electric «Prism» avec le contrebassiste Dave
Holland, le personnage emblématique de la soirée
avec Craig Taborn au piano et Fender Rhodes, Kevin
Eubanks à la guitare et Eric Harland à la batterie.
Le 7 juillet dès 18h les 4 musiciens explosifs
d’Actuum, puis à 19h30 Sardar Orkestra, un sextet
avec Christophe Leloil, Fabien Genais, Fred Pichot...,
à 21h un jazz des Balkans en compagnie de la
chanteuse Elina Duni 4tet et à 22h15 la tradition
soufi revisitée avec le oud et la voix de Dhafer
Youssef en 4tet.
Le 8 juillet dès 18h les 110 éléments en musique
par le 4tet La Table de Mendeleïev, à 19h30 7 musiciens-comédiens décalés de la Rhinofanpharyngite,
à 21h la jeune et talentueuse violoniste Fiona
Monbet 5tet…. une grande surprise ! Et à 22h30
le jazz gitan d’aujourd’hui avec le 5tet d’Angelo
Debarre clôturera ce Festival.
DAN WARZY
Charlie Jazz Festival
Du 6 au 8 juillet Vitrolles
04 42 79 63 60
www.charliejazzfestival.com
Jazz îlien
Saint Raph’ 31
King Pleasure © Merlin Daleman
Sarah Quintana © Bob Coscarelli
De belles surprises et des moments de grâce sont
attendus lors du 11e Festival de Jazz de Porquerolles. Dès le 10 juillet, dans le Fort St Agathe,
Benjamin Sanz, un batteur impétueux et son 4tet
donnera le départ du festival suivi par un géant,
Gregory Porter en quartet avec Stéphane Belmondo. Le 11 juillet, Sarah Quintana évoquera par sa
voix la Louisiane d’aujourd’hui. Fusion de jazz et
de percussions latines ensuite avec le 5tet de Marc
Ribot y Los Cubanos Postizos. Le 12 juillet, 30 minutes pour convaincre public et jury, pour le vainqueur
du Tremplin Jazz à venir (voir Zib 52). Seconde partie de la soirée avec Anthony Joseph & the Spasm
Band auquels se joindra Archie Shepp dans un
funk libertaire aux inspirations multiples. Le 13
juillet, le 4tet Palatino piloté par Aldo Romano
suivi de Francesco Bearzatti dans un hommage,
sauce rock-décalée, à Thelonius Monk.
Le 14 juillet, de la flûte de Michel Edelin avec le
trio Kuntu, sortiront encore des solos uniques. Et
Marc Ribot © Barbara Rigon
apparaîtra ensuite la chanteuse de blues et de
gospel La Velle et ses musiciens qui accueilleront
à nouveau Archie Shepp vers un feu d’artifice rivalisant avec les étoiles. De nombreuses animations
sont également prévues durant la journée ainsi que
des événements autour de Lady Day à la Médiathèque de Hyères.
DAN WARZY
Le prix de la place comprend la traversée en bateau au
départ de la Tour Fondue
Jazz à Porquerolles
Du 10 au 14 juillet
06 31 79 81 90
www.jazzaporquerolles.org
Quatre jours durant, pas un quartier de la ville de
Saint-Raphaël ne sera oublié et se verra dynamisé
par les déambulations de fanfares ou de concerts de
jazz, en soirée et même après, l’after, à la salle Félix
Martin pour les amoureux de la nuit. C’est la 31e
édition du Festival des Jazz. Le 5 juillet, projection
du film Swing Ciné au cinéma Le Lido. Série de
concerts «Jazz sous l’Olivier» à 19h sur le parvis
des Templiers avec The Jazz Spirituals (6 juillet) et
GoualchTrio (7 juillet), suivi à 21h30 du concert au
Jardin Bonaparte des King pleasure & the Biscuits
Boys (6 juillet) et Craig Adams (7 juillet). Dernier
jour (8 juillet), animation par le Brass Band sur le
port Santa Lucia à 19h30. Le concert de clôture sur
l’agora du Palais des Congrès sera assuré par le Big
Band Nice Jazz Orchestra.
D.W.
Festival des Jazz
Du 5 au 8 juillet
Saint-Raphaël
04 94 82 15 00
www.ville-saintraphael.fr
Chouette ! une heure de cours !
Antoine Hervé © Philippe Levy
style d’un musicien au travers de récits de vie,
d’analyse de technique et de langage, avec une
grande efficacité démonstrative, toujours agrémentée d’une pointe d’humour. Pour les amateurs
curieux et les mélomanes avertis !
D.W.
La Leçon de jazz
Du 8 au 28 juillet à 18h30
Le Blues et le Boogie les dimanches
Oscar Peterson les lundis
Bill Evans les mardis
Thelonius Monk les mercredis
Duke Ellington les jeudis
Dave Brubeck les vendredis
Keith Jarrett les samedis
La Manutention, Avignon
04 90 860 861
www.jazzalajmi.com
www.antoineherve.com
Durant le Off d’Avignon, La Manutention propose dans les locaux de l’AJMI une série de
concerts-performance réalisé par le pianiste
Antoine Hervé. Ceux-ci consistent à faire appréhender l’art de grands jazzmen tels Bill Evans,
McCoy Tyner, Duke Ellington, Keith Jarrett, Oscar
Peterson ou encore le blues ou le boogie. Les leçons de jazz d’Antoine Hervé, qui ont fait l’objet
d’enregistrements, de plusieurs DVD, abordent le
La Seyne-sur-Caraïbes
Le Fort Napoléon transformé en Casa de la musica, ces lieux emblématiques de la culture cubaine ?
C’est en tous cas l’esprit de la treizième édition
du festival cubain organisé par l’association Bayamo, du 16 au 22 juillet, à La Seyne-sur-Mer.
Bayamo, c’est aussi le nom d’une ville de la partie
orientale de l’île qui a donné son nom à l’hymne
national, La Bayamesa.
La scène centrale accueillera les concerts de
Habana D’Primera, Alain Daniel, Gente de Zona,
Pupy y los que Son Son ou encore Caña Santa et
son invité Eriberto Cruz. Une multitude d’autres
animations sont proposées comme des expositions de peinture et de photographies avec des
artistes contemporains cubains ainsi que des
conférences sur l’histoire de la musique ou la religion.
Sans oublier les stages de pratique artistique qui
font partie de l’art de vivre de l’île : percussions
cubaines, son, salsa, yoruba (danse afro-cubaine).
Fidèle au sens illimité des Cubains pour la fête,
Gente De Zona © Mario Leclere
chaque concert se poursuit par un after au
Capitole, avec DJ et mojitos. Mais attention, les
fumeurs de Havane devront rester en terrasse !
THOMAS DALICANTE
Festival cubain
06 28 90 24 76
www.bayamo.fr
Maussane cubain
Les rythmes latinos vont retentir le 29 juin à Maussane le temps d’une Fiesta de Cuba. La musique
cubaine est l’invitée d’honneur avec le groupe
Son Trinidad, du nom d’une célèbre ville au centre de l’île de la révolution. Musiciens et chanteurs,
Sista Monica © X-D.R.
les membres de cette formation offrent une
interprétation assez personnelle du son cubain,
notamment dans l’utilisation des percussions. Sous
la direction d’Adiel Castillo Aguilera, le septet
propose des compositions originales qui nous
plongent dans les ambiances uniques de ce coin
des Caraïbes. Invitation à la danse et au partage,
«Fiesta de Cuba» est la première des cinq soirées
du Festival des Alpilles, qui se poursuivra le 12
juillet par une soirée blues avec Sista Monica et
Godfathers, à Lamanon.
T.D.
Festival des Alpilles
Du 29 juin au 23 août
04 90 54 85 65
www.festival.alpilles.fr
28
FESTIVALS
LYRIQUE | SYMPHONIQUE
Les Illustres, les exhumés
et les polymorphes
Le Festival d’Aix
est attendu par les curieux
d’opéras appréciant les belles
voix, mais aimant aussi
découvrir des lectures originales
du répertoire par de grands
metteurs en scène
À Aix, Mozart est toujours à l’honneur ! On affiche deux
opus du Salzbourgeois. D’abord un monument : Les
Noces de Figaro enluminées par les touches baroquisantes du Cercle de l’Harmonie (orchestre) et
des Arts Florissants (chœur) dirigés par Jérémie
Rohrer. Les décors sont signés Chantal Thomas pour
une mise en scène de Richard Brunel. On y entend,
entre autres, le baryton Paolo Szot (Le Comte), la
soprano Patricia Petibon (Suzanne) ou la basse
Mario Luperi (Bartolo)…
La Finta Giardiniera (La Fausse Jardinière) est bien
moins courue. L’opéra buffa fut composé alors que
Wolfgang n’avait que 18 ans. On découvre cet ouvrage rare dirigé par Andreas Spering et mis en
scène par Vincent Boussard.
La sphère baroque croule en l’ère Bernard Foccroulle !
David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier est
dirigé par l’inusable William Christie, quand Andreas
Homoki propose une version scénique exceptionnelle de la tragédie biblique exhumée en 1981
après trois siècles d’oubli.
On attend ce que donneront les chanteurs et musiciens de l’Académie baroque européenne d’Ambronay
(dir. Leonardo Garcia Alarcon) dans la farce en un
acte La cambiale di matrimonio de Rossini, mise en
espace par Stephan Grögler, comme ceux de l’Aca-
Le London Symphony Orchestra en concert au GTP © JC Carbonne
démie européenne de Musique dans la fantaisie
lyrique de Ravel/Colette : L’Enfant et les Sortilèges
(direction musicale Didier Puntos et mise en scène
Arnaud Meunier).
Fidèle à sa mission de création d’un répertoire contemporain, la manifestation propose deux productions :
George Benjamin dirige le Mahler Chamber Orchestra et son propre opéra Written on Skin, inspiré
d’une légende occitane du XIIe siècle, alors qu’on
découvre un opus tiré de l’histoire des Black Panthers,
né de la rencontre d’artistes, collectif polymorphe
réuni autour du plasticien Jean-Michel Bruyère :
Une Situation Huey P.Newton.
Les concerts
À côté des opéras, le festival propose de magnifiques
concerts, souvent plus abordables. On se bousculera à nouveau pour écouter le London Symphony
Orchestra dirigé par Valery Gergiev : deux soirées
où l’on entend le violon de Nicolaj Znaider (Concerto de Tchaïkovski) et la soprano Renée Fleming !
Les Arts Florissants sous les baguettes de William
Christie et Paul Agnew font chanter le baroque
français de Charpentier, Lully, Rameau… Le Mahler
Chamber Orchestra avec Pierre-Laurent Aimard,
l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (dir.
François Xavier Roth) et le baryton Thomas Dolié
complètent le versant symphonique du programme.
Les récitals ou la musique chambre parachèvent
l’affiche avec Michel Bouvard (orgue), Marc Coppey (violoncelle), Béatrice Martin (clavecin), Mari
Eriksmoen (soprano), Eric Le Sage et Frank Braley
(pianos), Alexandre Tharaud dans une Nuit Ravel
avec le Trio Dali, une Soirée Satie (mise en scène
Jean Bellorini), et des musiques du monde andalouses ou d’Azerbaïdjan…
Le festival accompagne enfin des jeunes talents,
comme les Lauréats HSBC de l’Académie Européenne de Musique, véritable foyer d’artistes lyriques
qu’on découvre en juillet.
JACQUES FRESCHEL
Festival International d’Art Lyrique
Du 5 au 27 juillet
Aix-en-Provence
08 20 922 923
www.festival-aix.com
Tournée fantastique
Pour son périple estival au pays de
Cézanne, l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix (dir. Jacques
Chalmeau) présente un fleuron du
romantisme musical. En 1830, Hector
Berlioz, amoureux d’une actrice
© Agnès Mellon
irlandaise, imagine une œuvre en
partie autobiographique. Il décrit, en
musique, les affres et délires d’un
artiste obnubilé par la passion amoureuse. C’est une sorte de poème
symphonique, épousant le cadre d’une
structure sonate en cinq mouvements, où l’irrationnel prend le pas
sur le réel. Dans sa Symphonie fantastique résonnent les rêveries du héros
romantique, sa fatale solitude, les
arpèges de harpes d’un bal fantasmé
et le cauchemar psychédélique d’un
crime passionnel conduisant au «supplice», vers les coups funèbres et
diaboliques d’un Dies Irae délirant…
L’entrée est libre, et le plaisir sonore
garanti !
J.F.
Place de l’Archevêché. Aix.
Le 21 juin
Château-Bas. Mimet. Le 22 juin
Jardins d’Albertas. Bouc-Bel-Air.
Le 26 juin
Ecole maternelle. Jouques.
Le 27 juin
Parc du Château. Le Tholonet.
Le 29 juin
Théâtre de Verdure. Peynier.
Le 30 juin
Cour du Château. Trets. Le 4 juillet
Théâtre de Verdure. Vauvenargues.
Le 7 juillet
Château de Garidel. Coudoux
Le 8 juillet
Concerts à 21h
www.legrandtheatre.net
www.orchestre-philharmoniqueaix.com
30 FESTIVALS LYRIQUE | SYMPHONIQUE | CHAMBRE
Harmonies varoises
Tour Royale à Toulon). Retour sur les
fortifications de Six-Fours pour les
polyphonies sacrées et profanes du
Chœur d’hommes de Sartène dirigé
par Jean-Paul Poletti (le 7 juillet à
21h. Collégiale St-Pierre à Six-Fours).
On fait enfin un dernier aller-retour
pour deux grands interprètes français :
Laurent Korcia au violon (Les Quatre
Saisons le 10 juillet à 21h30. Tour
Royale à Toulon) et Gautier Capuçon
au violoncelle pour un programme
concertant (le 16 juillet à 21h. Collégiale St-Pierre à Six-Fours).
Le King’s Consort, la soprano Sophie
Junker interprètent des extraits d’opéras
de Haendel en compagnie de Crispian Steele-Perkins, spécialiste de
la trompette baroque (Les grandes
héroïnes de Haendel le 26 juin à 21h.
Collégiale St-Pierre à Six-Fours). On
part du côté de l’Argentine, par le périphérique sur les hauteurs de Toulon,
pour un voyage au son du bandonéon
du Quatuor Caliente, de la voix de Sandra Rumolino, du «Tango nuevo» de
Piazzolla et consort (le 30 juin à 21h30.
Théâtre de Verdure au Faron). On
descend vers la Tour Royale pour entendre Philippe Cassard : au piano il
joue, analyse et commente les quatre
Impromptus D.935 de Schubert et
autant de pièces de Debussy liées au
thème de l’eau (le 4 juillet à 21h30.
JACQUES FRESCHEL
62e Festival estival de Toulon
Jusqu’au 16 juillet
04 94 93 55 45
www.festivalmusiquetoulon.com
Dans un lieu exceptionnel, le Couvent des Minimes à Pourrières, au pied de la Sainte Baume, des
bénévoles ont su convaincre de jeunes artistes professionnels de donner un second souffle à des
ouvrages oubliés. Depuis 2005, le miracle a lieu.
Des repas à thèmes sous les marronniers complices,
impliquant les habitants du village et de la région,
précèderont cette année deux ouvrages lyriques qui
illustreront l’historique Guerre des Bouffons, qui
orienta le genre : l’opera buffa italien, mélodique
et léger défendu par Rousseau, s’y opposait à la
tragédie lyrique française, élégante et plus sérieuse,
défendue par Rameau. La Servante Maîtresse de
Pergolèse et Le Tableau parlant de Grétry sont
Monique Borelli © X-D.R.
Réinventer l’opéra
champêtre
Philippe Cassard © Vincent Catala
Le Festival estival 2012 se poursuit à Toulon
et Six-Fours pour une belle série de concerts
deux ouvrages assez courts, qui seront présentés
successivement chaque soir. Luc Coadou, à la
direction et Bernard Grimonet, à la mise en scène,
donneront l’élan nécessaire aux instruments et aux
jeunes chanteurs pour sortir de cette querelle et
apprécier l’univers musical de ces deux œuvres,
miroirs de clichés qui souvent perdurent...
YVES BERGÉ
L’Opéra au Village
Pourrières, Var
Les 16, 18, 20, 22, 24 juillet à 20 h
04 94 78 50 35
www.loperaauvillage.fr
Solenne Paidassi © Alexandre Moulard
Accords en pastorale
Le festival Musique à la Ferme s’étale
désormais sur une dizaine de jours,
et investit divers lieux du Lançonnais. L’ancienne bergerie du domaine
de Château-Virant accueille trois
concerts (11, 13 et 15 juillet). Au programme : les Variations Goldberg de
Bach dans une transcription pour trio
à cordes, un récital du contre-ténor
Théophile Alexandre et des Sonates
de Mozart lues à la lumière baroque
par Alice Pierrot (violon baroque) et
Jean-Marc Aymes (clavecin).
On fait quelques kilomètres pour entendre un répertoire hispanique dans
lequel la chanteuse Françoise Atlan
s’associe au guitariste flamenco Juan
Carmona pour mêler Falla et Lorca
(Le 12 juillet, Maison de retraite StJean, La Fare-les-Oliviers).
Un spectacle jeune public (Flûte, petit
piano et grands enfants. Les 19 et 20
juillet à 11h, Médiathèque du Roulage) et les traditionnels concerts de
musique de chambre (17, 19 et 21
juillet, Grange de la Chèvrerie) avec
Solenne Paidassi, Laurent Wagschal
ou Amanda Favier, complètent une
affiche à vivre dans une ambiance
bucolique !
J.F.
5e festival Musique à la Ferme
Pays Lançonnais
Du 11 au 21 juillet
04 90 45 71 32
www.musiquealaferme.com
32 FESTIVALS LYRIQUE | SYMPHONIQUE | CHAMBRE
Le millésime et les années
21h30. Enfin un Concert lyrique : Diana Damrau,
soprano, Béatrice Uria-Monzon, mezzo-soprano,
l’orchestre National de France, direction Michel Plasson, le 30 juillet 21h30. On ne peut que regretter
le peu de subventions accordées par la Ville d’Orange depuis leur retrait total en 2004 après l’élection
du FN : la ville vit très largement de l’argent des
festivaliers et devrait, selon toute bonne logique,
permettre au Festival de sortir (aussi) de cet éternel répertoire, pour proposer des aventures lyriques
créatives qui emmènerait son public loin du ressassement, et de ses délices surannés.
YVES BERGÉ ET AGNÈS FRESCHEL
Inva Mula © Berisha
Les Chorégies d’Orange, condamnées à un autofinancement massif (80%), et donc au succès populaire
dans un amphithéâtre sublime et immense, continuent de jouer le rôle de diffuseur constant d’un
répertoire inamovible… qu’on goûte chaque année
avec autant de plaisir comme une madeleine qui n’est
jamais rance, et ne perd pas sa saveur. Les plateaux
sont si beaux ! Au programme donc deux opéras de
Puccini : Bohême (Inva Mulla, Vittorio Grigolo, Ludovic Tézier…), avec l’orchestre Philarmonique de
Radio-France, direction Myung Whun Chung, les 7
et 10 juillet 21h45, Turandot (Lise Lindstrom, Roberto Alagna, Maria Luigi Borsi…), où l’ONF est
dirigé par Michel Plasson, les 28 et 31 juillet 21h30.
Pour compléter, le Requiem de Mozart, direction
Myung Whun Chung, le 13 juillet 21h45, et la Petite
Messe Solennelle de Rossini, direction Samuel
Coquard avec son chœur Asmara, les 20 et 21 juillet
Les Chorégies d’Orange
04 90 34 24 24
www.choregies.asso.fr
Deux rendez-vous musicaux
magnifient les jardins d’Albertas
à Bouc-Bel-Air
Classés Monument Historique, les jardins de BoucBel-Air associent «à la grande tradition des jardins
italiens de la renaissance, l’esprit du jardin à la française et une adaptation aux contraintes du climat
provençal». Naturellement organisé comme un théâtre,
avec ses promenades encadrant une succession de
terrasses, le jardin constitue un écrin idéal pour
des concerts de plein air. En 2012, les bosquets, son
parterre et son potager, résonnent aux sons percutés du duo de piano Zarifian & Bukudjian (le 27
Orchestre philharmonique du Pays d'Aix dans les jardins d'Albertas © X-D.R.
Jardins
enchantés
juin à 21h30) dans Ravel (La Valse, Rapsodie Espagnole), Falla (Danse rituelle du feu) Tchaïkovski
(Casse-noisette) et Rachmaninov (Suite n°2). La
veille, c’est l’Orchestre Philharmonique du Pays
d’Aix (voir p.28) qui enchante, aux accords de Berlioz
et Beethoven, les allées de marronniers conduisant
au grand canal, à la grotte ou «au bassin des dixsept jets, chef-d’œuvre de l’art des fontaines en
France» (le 26 juin à 21h).
JACQUES FRESCHEL
Rendez-vous d’Albertas
Du 26 juin au 1er juillet
Bouc-Bel-Air
04 42 22 94 71
www.jardinsalbertas.com
Cimes traversières
Dans les Hautes-Alpes, sur le territoire de la Vallée du Champsaur et du
massif des Écrins, le festival de Chaillol
donne à entendre toutes les musiques,
du classique au jazz, en passant par
le tango et les musiques du monde…
Du jazz lyrique en ouverture, pour un
Round about Bill, des standards de
Bill Evans arrangés par Manuel Rocheman, qui est aussi au piano, et le
baryton Laurent Naouri. Du romantique qui traverse les siècles avec une
carte blanche à Ivan Solano, compositeur et clarinettiste espagnol qui
propose un récital composé autour de
la Sonate de Johannes Brahms et des
pièces pour clarinette et piano de
François Meïmoun (compositeur en
résidence à Chaillol en 2012, que l’on
retrouve au fil des jours dans la programmation) ; et en clôture avec le
Quatuor Ardeo, Ingrid Schoenlaub
au violoncelle et Manuel Hoffer à
tandis que le quatuor Ardeo joue
Mozart, Dutilleux et Meïmoun. Avec
Signes & Songs, l’Ensemble C Barré
va chercher les échos de l’ouest américain, du folk, du blues et du cante
jondo en jouant Maurice Ohana,
Georges Crumb et François Meïmoun.
Mais on entendra aussi de la musique
traditionnelle avec le projet des Boutières Argentines sur des compositions
originales d’Alfonso Pacin, de la musique orientale avec Ahmad Al Khatib
et Youssef Hbeisch, du tango argentin avec Como un tren, quinteto el
despues, du bandoneon avec Victor
Villena…
DO.M.
quatuor Ardeo © Maia Brami
l’alto dans un répertoire qui mêle
Brahms, Meïmoun et Mahler.
Autre voyage par-dessus les siècles
avec le saxophoniste Joël Versavaud
qui propose de subtiles correspondances entre les répertoires contemporain
de François Narboni, Georges Bœuf et
Philippe Hersant et baroque de Bach,
Festival de Chaillol
Du 19 juillet au 12 août
04 92 50 13 90
www.festivaldechaillol.com
34 FESTIVALS CHAMBRE | RÉCITALS
Orchestre, piano, littérature…
Au Tholonet, l’été 2012 double son affiche
en associant le traditionnel festival Autour des claviers
au Festival de Chorales du Pays d’Aix
Francois-Rene Duchable et Alain Carre © X-D.R.
Si le parc du château accueille, en ouverture exceptionnelle et gratuite, l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix (le 29 juin à 21h) pour un beau
programme romantique (voir p.29), on retrouve le couple François-René Duchâble (piano) & Alain Carré (comédien) pour un spectacle mêlant musique
et littérature à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques
Rousseau (Rousseau et le Romantisme le 30 juin à 17h. Église St-Joseph). Dans
le même esprit, mais davantage conçu pour un jeune public, et à nouveau en entrée libre, la pianiste Sarah Lavaud et Bertrand Périer (récitant) sont mis en
scène par Marie Tikova pour un spectacle ou texte et musique se croisent autour
de la fameuse parabole de Saint-Exupéry (Le Petit Prince le 1er juillet à 21h.
Parc du Château).
Des chorales d’Apt, du Tholonet, de Marseille, Aubais, du Lubéron, La Ciotat et Fréjus rivalisent et vocalisent en alternance (le 30 juin à 20h45, le 1er juillet à
20h30 et 22h30. Parc du château).
JACQUES FRESCHEL
Autour des Claviers
Du 29 juin au 1er juillet
Le Tholonet
04 42 96 96 96
www.autourdesclaviers.com
Musique
patrimoniale
Mi, la, ré, sol, si…
J.F.
12e Festival international de guitare
Lambesc
Du 1er au 7 juillet
04 42 92 44 51
www.festivalguitare-lambesc.com
Quatre concerts au programme du festival baroque
des Festes d’Orphée dirigé par Guy Laurent ! Les
solistes et le Chœur, l’ensemble instrumental du groupe aixois interprètent dans d’agréables concerts à
18h des œuvres de Campra, Vallière et Félicien David
(« Grands Chœur » le 7 juillet), des pièces françaises de Dufay à Milhaud (le 8 juillet), des « Petits
motets » de Campra (le 10 juillet) et des Divertissement issus du patrimoine provençal de Gautier
ou Villeneuve (le 12 juillet). En complément, une
«conférence illustrée» s’articule autour d’une recréation aixoise : Les Muses de Campra (le 7 juillet
à 16h). J.F.
Jorge Cardoso © Elodie Bidault
À Lambesc, durant la première semaine de juillet,
les cordes des guitares résonnent au Château Pontet Bagatelle. Une pléiade d’artistes se produit
autour du directeur artistique du festival, le compositeur et virtuose Jorge Cardoso. Autour de partitions
classiques d’Albéniz, Sor, Falla, Tarrega ou Dowland,
de pages plus rares, voire du chôro brésilien, on entend des hommages particuliers à Federico Garcia
Lorca (le 3 juillet), à Louis Davalle, considéré comme le «fondateur de l’école marseillaise de guitare»
(le 4 juillet), avant le traditionnel concert de
clôture réunissant tous les artistes (le 7 juillet).
16e festival Aix-en Baroque
Chapelle du Sacré-Cœur
04 42 99 37 11
www.orphee.org
L’abbaye enchantée
Silvacane est l’une des trois abbayes cisterciennes
de Provence. Située sur la commune de La Roque
d’Anthéron, son architecture résonne moins souvent
que sa sœur varoise, au Thoronet, des harmonies
vocales, musiques anciennes qui font chanter la
pierre blanche des voûtes en berceau. Le programme des Voix de Silvacane, ambitieux, rétablit un
juste équilibre : il fait appel à des artistes renommés, en phase avec le style architectural, comme
Dominique Vellard ou Marcel Pérès, avec le monde
Dominique Vellard et Ken Zuckerman © X-D.R.
Un nouveau festival, Les Voix
de Silvacane valorise l’édifice
patrimonial autour de la fête
de la Saint-Jean
sacré libanais de Sœur Marie Keyrouz, l’Inde de
Sudha Ragunathan, l’Italie traditionnelle de Lucilla Galeazzi, jusqu’au soprano de Monique Zanetti
nimbée de violes baroques, au claveciniste Nicolau
de Figueiredo, à l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix, aux chanteurs du Conservatoire
Darius Milhaud… Trois journées conviviales de
concerts et master-classes !
J.F.
Les Voix de Silvacane
Du 22 au 24 juin
04 42 50 41 69
www.abbaye-sylvacane.com
36 THÉÂTRE/CIRQUE GRASSE | DAKI LING | AVIGNON | LA FRICHE | LE TOURSKY
Craquant !
N’arrêtez
pas vos
clowneries
© X-D.R.
CLARISSE GUICHARD
© Phile Deprez
Cerise sur le gâteau, le voilà tout chocolat : busteréplique de Don Giovanni et vengeance ultime des
trois «donne», le plat se mangera... fondu aux cris
du libertin subissant les flammes de l‘enfer. Les
tablées ogresses se lèchent les babines
voluptueusement ravies de cette bonne idée !
MARIE JO DHO
Opera Buffa, création de la Cie Laïka
et Muziektheater Transparant (Belgique)
a été dégusté du 14 au 16 juin
à la Friche dans la salle de la Cartonnerie.
À retrouver en sept 2013 pour Cuisines en
Friche, festival pluridisciplinaire dédié
à la gastronomie.
Fellag royal
L’humoriste d’origine algérienne
dresse un tableau revigorant
de la diversité à la française
Plus piquant qu’un Popeck et à l’opposé d’un
Dieudonné porteur de haines, Fellag n’a pas
l’humour communautaire. L’Algérien installé à
Paris depuis 1995 observe à la loupe les travers et
© Denis Rouvre
En clôture de son festival Tendance Clown, le Daki
Ling a investi la Scène nationale de son partenaire,
la Scène nationale du Merlan. Et pour l’occasion la
compagnie belge Okidok a présenté sur deux jours
deux spectacles de son répertoire. Le 26 mai la salle
pleine d’un public averti accueille les deux clowns
d’une présence incroyable. Leurs larges chemises
blanches et leurs chaussures démesurées à la Tex
Avery les situe d’emblée dans la tradition burlesque.
Ha Ha Ha, leur spectacle, s’articule sous la forme
d’une série de sketches où les deux compères
particulièrement espiègles vont blaguer, gaffer,
détourner, performer avec un ballon, des cartons, une
porte, une carotte, un chapiteau et une barrière. De
vrais instants magiques : le rythme est juste, la
mécanique bien huilée… les gestes, les mimiques, les
acrobaties sont précis et laissent deviner une
complicité exemplaire. La parole est rare mais on y
entend du coup chacune des répliques, drôles
souvent, parfois touchantes, comme les clowns
savent être tendres. Improvisateurs aussi, lorsque
qu’un spectateur en retard vient se placer au premier
rang. Attrapé en flagrant délit, il est interpellé sans
être importuné par une participation active imposée.
L’intervention, menée avec délicatesse et empathie,
laisse le public sous le charme de ce délire fortuit.
Puis un salut «hip hop», vrai spectacle en soi, sans fin,
car ni les clowns ni les spectateurs n’ont envie de
quitter la salle. Ils ont adoptés l’endroit, et sont chez
eux.
Un peu foutraque et tiré par
les cheveux ce Don Giovanni
comestible venu d’Anvers
proposé par les Grandes
Tables et la Friche... mais
effectivement savoureux dans
ses tentatives d’approcher de
manière tangible les plaisirs
des sens. Dans cette adaptation libre et culinaire de son
opéra par Jo Roets et Peter
de Bie, Wolfang Amadeus
aurait reconnu les siens : son
héros éponyme est maîtrequeux (un coq quoi) dans un
grand restaurant et aile ou
cuisse, tout lui est bon ! C’est
dans la cuisine qu’il œuvre, dont les passe-plats
bien échancrés laissent entrevoir des mains qui
cisèlent du persil tandis que d’autres délacent des
corsages ! Sur le toit un trio musicien joue
légèrement une composition pour violon, orgue
Hammond et guitare basse concoctée à base
d’airs connus. Bonne surprise, les voix des jeunes
chanteurs sont fraîches et le flamand sied à la
galanterie autant qu’à l’invective ; les spectateursconvives ouvrent aussi en cadence la bouche pour
jouer des papilles au rythme des péripéties et
croquent la «lista» du «Velouté de châtaignes
amandes émincées» aux «chouquettes chantilly» :
Elvira, Anna et Zerline, servantes de charme, tour
à tour succombent ou manient le couteau de
cuisine ; le sang du séducteur impénitent blessé
au bras coule, incursion malicieuse de l’Opéra de
quat’sous ! Et le commandeur dans tout ça ?
petites manies de ses contemporains, au
croisement d’une double culture. Du pays où il est
né et de celui où il vit, Fellag ne tire que le
meilleur : cette capacité à vivre ensemble, non
sans accroc mais souvent avec une profonde
humanité. Dans son dernier spectacle, Petits
chocs des civilisations, le conteur porte la tenue
d’un chef cuisinier. Au menu, couscous. Le plat
préféré des Français, selon un sondage que l’on
aimerait croire. Au fil des anecdotes, Fellag fait
mijoter la recette de la réconciliation entre les
peuples, persuadé que derrière les résultats des
urnes, les clichés, les peurs fabriquées, se cache
une affection réciproque entre les deux rives de la
Méditerranée. Du récit de son arrivée en France
en pleine vague d’attentats à la pluie de semoule
qui s’abat sur scène pour clore son spectacle,
l’acteur provoque le rire autant que l’émotion.
Derrière ses fourneaux, il nous fait savourer, avec
une autodérision assumée, ses espoirs de
fraternité et son amour de la langue française qui
nous unit, de Tizi-Ouzou à la Belle de Mai. Une
antithèse efficace à la théorie réactionnaire du
choc des civilisations.
THOMAS DALICANTE
Fellag a joué du 22 au 26 mai au Toursky
À la bonne heure !
«Le bonheur n’est pas un état passif, c’est un acte»
selon le philosophe de la joie Robert Misrahi,
inspirateur d’un délicieux objet théâtral, mené par
Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus.
Bonheur titre provisoire est une enquête ouverte
sur un sujet par nature indéfinissable, une petite
bouffée anti-anxiogène qui nous remplit de sens
et de matières à réflexions. Ni donneurs de leçon,
ni imposteurs, les investigateurs jouent sous leur
propre identité, nous incluent dans le mouvement
d’une forme savoureusement libre, dressent la
table de leurs interrogations, creusent de façon
détournée dans la pensée philosophique, et
s’emploient à définir les contours, parfois
extrêmes, de cette quête universelle. Si l’ardente
Pauline, la figure dépressive, dévoile un jeu/je
d’une intensité souvent débordante, Paul, le poète,
écoute, tempère, entre doucement dans la danse
du langage et libère la tension dramatique. Alain,
passant de l’ombre à la lumière avec un plaisir
manifeste, redéfinit sur une toile géante, à coups
de rouleaux colorés et de coulures vivantes, les
paysages de réflexions, crée des fenêtres de
possibles que l’on aimerait encore plus
imprévisibles. Un acte de poésie méthodiquement
désorganisé, où se mêlent aux mots de Claudel,
Koltès et Montaigne,
des témoignages de
zinc délectables : «Le
bonheur, c’est quand tu
te sens vivant et que tu
prends conscience des
petits plaisirs de la vie.»
Ce spectacle en est un.
Le bonheur, titre provisoire © De.M.
DELPHINE MICHELANGELI
Bonheur titre provisoire
a été joué du 22 au 25
mai au théâtre
des Halles, Avignon
Il sera repris pendant
le festival Off d’Avignon,
du 7 au 28 juillet
(relâche le 17)
Le temps de dire
Wajdi Mouawad a la sensation que chacun de
ses spectacles est un animal : Littoral un chien,
Incendies un cheval, Forêt une hyène, Ciel un boa.
Et Temps ? Peut-être une chauve-souris, dit-il.
Animal crépusculaire, mystique et mystérieux,
bénéfique ou maléfique selon les croyances. Objet
de peur, parfois. D’ailleurs Temps sème l’effroi sur
son passage, détruit le cœur des hommes, ravage
© Vincent Champoux
les âmes, provoque le meurtre et sème le chaos.
Le texte dit crûment l’indicible : deux frères se
rendent dans un village du nord du Québec pour
régler la succession du père qu’ils ne connaissent
pas ; là, ils découvrent leur sœur, sourde et muette
depuis les viols répétés du père. Temps a le goût
de la douleur et l’odeur de la vengeance. Saga
familiale violente et meurtrière dont la tension
jamais ne s’éteint, tendue comme l’arc de l’archer
qui rythme les scènes et déroule le fil cassé d’une
histoire trop longtemps refoulée. Sauf qu’une fois
les frères réunis, Noëlla pourra tuer le Père…
Imprégné de ses lectures des tragédies grecques,
Mouawad construit la pièce sur les rapports de
force, les non-dits, le silence, l’amnésie, la cécité,
l’aveu. Et la parole, à travers un jeu subtil de
«messagers» : l’interprète de la langue des signes
pour Noëlla, l’interprète russe pour Arkady le fils
prodigue élevé en Russie. Sans cette parole courtcircuitée, le texte serait inaudible, d’une violence
insupportable. Alors, pour dire ce temps de
souffrances, Mouawad plonge ses acteurs magistraux- dans un noir glacial, des vents
hurlants, du rock, des voilages pudiques, des
hordes de rats… Paralysés, autrefois sans vie sans
voix, à la dérive, ils font corps autour du père
assassiné, espérant un temps de paix possible.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Temps a été donné le 30 mai
au Théâtre de Grasse
38
THÉÂTRE
LA MINOTERIE | LE MERLAN | CAVAILLON
Sous
les pavés...
Suivre les pensées de quatre inconnus perdus dans
leur anonymat, intégrer fortuitement un groupe de
spectateurs, flâner dans la fin de journée d’une ville
aux stores baissés, trouver son angle de vue et choisir
sa juste distance… c’est à cette balade sonore et
intime que le Begat Theater nous conviait le 16 juin
à Cavaillon. Faire de la rue, à partir de la solitude des
autres, son propre théâtre en suivant des objets
repères (un stylo, une orange, une boite d’allumettes
où s’inscrit «vous n’êtes pas seuls») que s’échangent
les acteurs inspirés des personnages de romans
contemporains, impeccables de vérité. Une
expérience sensorielle originale et profonde qui trace
sous son allure ludique un chemin mental
passionnant. Aux pensées des acteurs qui nous sont
diffusées par un casque audio, se superposent les
nôtres, aux musiques enregistrées s’imbriquent les
bruits de la ville, aux chemins qu’ils entreprennent se
frotte notre libre arbitre. Quatre solitudes qu’on
observe en les frôlant, qui s’inventent d’impossibles
rencontres et collent des post-it d’espoir, auxquelles
se mêle la nôtre. Et lorsque tous les groupes de
spectateurs se retrouvent aux quatre angles d’une
place publique, face à face, surgit une saisissante
foule sentimentale.
DELPHINE MICHELANGELI
Histoires cachées s’est joué le 16 juin dans les rues de
Cavaillon, avec la Scène nationale
© De.M / Zibeline
L’exemple et la pensée
Dans le cadre de la manifestation En corps urbains,
les artistes et la ville, la Scène nationale du Merlan
a offert du 11 avril au 9 juin «des expériences artistiques de territoire». Tables rondes où géographes,
chercheurs, sociologues croisent leurs regards sur
l’urbanisme. Spectacles autour de projets à forte
dimension participative où les artistes inscrivent leur
travail dans les quartiers. En ouverture du troisième
volet «Quand la ville se perçoit par le corps», Thierry
Paquot «philosophe de l’urbain» proposait le 24 mai
une ciné-conférence intitulée : les corps dans la ville,
un cinéma continu. La prestation a commencé par la
lecture d’un joli texte flâneur, égrené de citations
brillantes, de formules chic et choc, de remarques
étymologiques. Convoquant La passante de Baudelaire, Balzac, Bachelard, Giacometti, il a poétisé
sur la sensorialité de la ville, sur ses stimulations
quotidiennes qui nous rendent vivants et présents
aux autres. Puis, treize extraits de films ont été projetés. Les perspectives s’annonçaient passionnantes.
Le duel du western relié au mythe des fondations de
villes, le corps désœuvré des jeunes en zones
périurbaines chez René Dumont, entre apathie et
tension, la bande-annonce de West Side Story écraJean-Pierre Melville sur le tournage du Cercle Rouge à Marseille,
TCD - Prod DB © Corona
sant NY dans une vue aérienne avant de la
transformer en un territoire dont la chorégraphie des
bandes prend possession, le corps burlesque de
Charlot policeman se jouant de l’ordre urbain, les
corps en déambulations parisiennes des héros de la
Nouvelle Vague... Le catalogue aurait pu s’étendre à
des milliers d’autres films tant ville et septième art
sont liés. Brièvement commenté ou paraphrasé, chaque exemple n’a hélas fait que s’ajouter au précédent
sans fil conducteur autre que thématique pour
aboutir en conclusion à un discours général sur la
ville qui nous a éloignés du cinéma. On le sait Thierry
Paquot n’aime pas Le Corbusier et son modulor
considéré comme normatif voire stalinien, se dispute
avec Jean Nouvel sur les tours et les ascenseurs,
déteste Frank Gehry, son Guggenheim de Bilbao et
ses bancs anti-clochards, fustige la mercantilisation
et l’uniformisation des centres-villes, désire une
architecture sensible, soucieuse de l’environnement,
du partage, de la mixité sociale et du rythme des
piétons. On ne peut qu’être d’accord sur la finalité
d’une cité «en attente de l’homme», «en amitié avec
lui», mais outre que ce discours a déjà été ressassé
à propos d’autres thèmes choisis par le festival
Images de ville où Thierry Paquot intervient souvent,
les grandes réflexions architecturales du XXème et
XXIème siècles ne peuvent se réduire à des complots
de malfaisants, hostiles aux citadins. L’idée que les
villes ont perdu leur âme et que c’était mieux «avant»,
le travers moralisant, la facilité de la métaphore sont
décevants chez un penseur de ce niveau.
ÉLISE PADOVANI
En corps urbains, les artistes et la ville
se poursuit jusqu’au 9 juin au Merlan
www.merlan.org
Choeur populaire © Stef Duref
Leur solitude
et nous et nous et nous
C’en est fait, une page se tourne ! La Minoterie,
devant plier bagages, a organisé une soirée d’adieu
chargée d’émotion. Au cours de la soirée, 80 artistes
de la région ont défilé pour offrir à 300 spectateurs un
spectacle informel fait de clins d’oeil et de bonne
humeur autour de Pierrette Monticelli et Haïm
Menahem, les créateurs du lieu. Des textes avaient
été spécialement rédigés pour l’occasion, rappelant
l’histoire de la troupe créée en 1985 en ce lieu
improbable, dans un quartier perdu et peu à peu
conquis. Avec l’ambition tenue de partager des textes
contemporains avec les gens du quartier, les écoles
et les lycées, et de faire se rencontrer auteurs et
public. Ambition aussi d’offrir la culture à tous ;
Philippe Séjourné a d’ailleurs rappelé les célèbres
paroles de Malraux : «La culture ne s‘hérite pas, elle se
conquiert.» Ne doutons pas que cet esprit de
conquête se perpétuera dans le nouveau lieu en
construction. En attendant l’équipe va déménager
dans des locaux à Bougainville qui ne sont pas encore
en état de l’accueillir... Néammoins en cette soirée
c’est l’optimisme qui a régné. Il faut saluer la
prestation de Frédéric Poinceau qui a déliré un long
moment sur ses envies d’un vrai texte, avec un vrai
costume (pas acheté dans une friperie) cousu par une
vraie costumière, agrémenté d’un vrai salaire. Et aussi
la participation des enfants Menahem qui, tombés
dans le théâtre quand ils étaient petits, n’en sont
jamais sortis ! Le tout agrémenté d’un buffet convivial
et d’échanges cordiaux.
CHRIS BOURGUE
Cette soirée d’adieu s’est déroulée le 19 mai
Rappelons que 1040 pavés seront bientôt en vente
au prix de 5 euros chacun (réservation sur le site
www.minoterie.org)
Les Mouchoirs © Stef Duref
JEU DE PAUME | L’ESPACE JULIEN | TOULON
THÉÂTRE
39
C’est l’opéra le plus joué au monde, les moindres airs sont entrés dans le
domaine populaire, la publicité s’en est emparée, les parodies aussi. Mais
l’œuvre semble inépuisable et un nouveau registre lui est apporté par la joyeuse
équipe de l’Incroyable Compagnie. D’opéra-comique l’œuvre de Bizet devient un
opéra clownesque sous la houlette hilarante de Nicolas Vial. Le monde de la
musique est passé à la moulinette, auditions, professeurs de chant avec leurs
différentes exigences, le metteur en scène qui cherche à innover coûte que
coûte et tient un discours fumeux, le chef d’orchestre qui se heurte aux caprices
du metteur en scène, des musiciens, des chanteurs... Ces derniers, de la diva
aux doublures, sont croqués avec une jolie verve parodique. Tout est épinglé, du
costumier aux figures locales, dans l’esprit d’une commedia dell’arte sans les
masques, avec la petite pique au directeur de l’opéra, un certain Bluzon, qui gère
un nombre invraisemblable de salles... La voix de haute-contre d’Olivier MartinSalvan qui tient avec brio tous les rôles sert avec justesse les différents airs,
passant d’une Carmen sur dimensionnée à une Michaëla jeune fille innocente
plus vraie que nature, sans compter Escamillo contraint à lancer son grand air à
la suite d’une descente digne d’un parcours d’accro-branches… et les cigarières
deviennent des «barbapapières» à cause de la campagne anti-tabac! Le piano de
Lucie Deroïan suit avec efficacité ce festival parodique. On rit beaucoup à ce
divertissement, qui a la grâce de ne jamais se prendre au sérieux...
MARYVONNE COLOMBANI
du 22 au 26 mai Jeu de Paume Aix-en-Provence
Ô Carmen © Sebastien Marchal
O ma Carmen !
Bison pas ravi
Boris Vian © X-D.R.
Vouloir rendre hommage à Boris Vian dans un
spectacle musical est louable à condition de ne pas
transformer l’exercice en caricature. En effet, l’aspect
subversif et provocateur des textes originaux
supporte mal la transcription scénique. Convoquer
pour l’occasion des personnages diversement
célèbres voire populaires (Ernesto Che Guevara,
Henri Salvador, Patrick Sébastien) ne rend pas
l’entreprise plus facile et Jérôme Savary en a fait la
démonstration. Cherchant à convaincre son auditoire
et prenant à parti le public, l’acteur évoluait dans une
mise en scène appuyée, et cette relecture un brin
outrancière ressemblait plutôt à un grossier exercice
d’autopromotion familiale aux relents populistes de
prime time télévisuel. In fine, ni Vian ni ses textes et
encore moins sa musique, malgré la présence
sympathique d’un big band au swing calibré, ne sont
sortis auréolés de cette production pourtant au goût
du public.
ÉMILIEN MOREAU
Boris Vian Cap au sud a été joué
au Théâtre Liberté, Toulon
Lesbienne ?
Oceanerosemarie © Valerie Archeno
Seule en scène, flanquée d’un mannequin en osier
pour seul accessoire, Océanerosemarie nous conte
son parcours chaotique : se révéler lesbienne reste
un combat contre l’invisibilité. À travers le récit de
ses rencontres et déboires sexuels, elle lève le voile
sur un monde dont la plupart n’ont pas idée. Avec un
humour très sarcastique, elle décode les
comportements spécifiques de chacune des
catégories LGBT devant un public déjà conquis qui,
par effet miroir, explose irrésistiblement de rire. Et
pour les autres, les hétéros, elle revisite quelques
clichés pesant sur l’homosexualité féminine… depuis
sa rencontre avec des footballeuses jusqu’à la série
télévisée L Word, tout en passant par les soirées
«genrées», les hétérophiles anonymes. Accéder à la
visibilité semble le chemin le plus sûr pour changer
les mentalités envers une homosexualité qui génère
moins de violence que les GBT, mais peine à accéder
à la représentation… ou à échapper à la
condescendance. Ainsi elle évoque «Tintin», l’ami des
lesbiennes qui, complaisant, se croit seul capable de
l’acte de pénétration. À glousser de rire !
Structuré sous la forme d’une série de sketches, le
spectacle perd parfois de son dynamisme par de trop
grandes variations de rythmes, mais souffre aussi
d’un manque d’intimité avec la comédienne tant la
salle est grande et peu adaptée à une représentation
théâtrale. Normal, la prestation relève bien du onewoman-show comique, version intelligente, et
acerbe. Le final, clin d’œil à la population marseillaise
réputée macho, est très drôle mais surtout d’une
vraie finesse : après une belle apologie de la
lesbienne secrète, elle s’avoue hétérosexuelle et de
ce fait disparaît… nous laissant alors avec la question
toujours posée de l’invisibilité nécessaire. Impérative
même, lorsque l’on veut garder son intégrité et
sauver sa peau dans certaines parties du globe, et
certains milieux, ou métiers.
CLARISSE GUICHARD
La Lesbienne Invisible a été vu à L’Espace Julien,
Marseille, le 1er juin
Chez Leandre © Carles Trevino
40 ARTS DE LA RUE CITÉ DES ARTS DE LA RUE | ISTRES | FOLLE HISTOIRE DES ARTS DE LA RUE
Anne Guiot, directrice de Karwan, et Michel Pezet, vice-president délégue à la culture du CG13 dans le Porte-Folie © Gaëlle Cloarec
Éloge de la folie
Encore plus gros, encore plus fort... Du bus-expo de
l’édition 2008, La Folle Histoire des Arts de la Rue passe cette année au format semi-remorque, avec un
nom qui fleure bon la démesure, le Porte-Folie, et pour
adage une citation d’Amin Maalouf : «Le rôle de la
culture [...], c’est de fournir à nos contemporains les
outils intellectuels et moraux qui leur permettront de
survivre, rien de moins.» Cet automne, le camion rouge partira pour le Maroc, avant de revenir à Marseille en 2013.
Tout commence donc par l’arrivée du camion sur les
places, appel festif, mais aussi espace d’exposition.
Le Porte-Folie, s’ouvre comme ces cartes de vœux
magiques d’où sortaient des mondes de papier en
relief, bien avant leur appellation de pop-up. À l’intérieur, une histoire de l’art de la rue depuis la fête des
fous, le carnaval, les prises de possession de l’espace
public par les gens, l’art, expression première et dernière de la liberté. Entre art officiel et subversif, le
Porte-Folie établit une géométrie de l’occupation de
l’espace urbain, de la ligna au polyèdre, présente des
extraits de spectacles, offre en consultation une
bibliothèque pertinente élaborée par HorsLesMurs.
La 3e édition cette année a également présenté des
spectacles de rue (du 9 au 17 juin) d’une subtile poésie. Chez Léandre installe un univers où les codes
sont délicieusement détournés, une porte, une table
bancale, deux chaises, la silhouette d’un miroir, un porte
manteau à la Mary Poppins… Les spectateurs sont
intégrés au spectacle, jouent avec Léandre, le clown
au chapeau bleu. Un mariage passe, Léandre fait la
route… avec toute la tendresse burlesque de ceux qui
s’attachent à donner une âme aux détails de la vie.
Barco De Arena commence sur l’air de la Wally pour
s’achever avec Sole Mio. Le personnage de Claire
Ducreux danse des images d’une intense poésie. Le
pont devient barque. Gestes sobres, d’une délicate
élégance, sourire lumineux, magique !
Les trois clowns de Démodés, semblent quant à eux
sortis tout droit d’un film de Fellini, tristes, fragiles,
émouvants, humains. On rit, on sourit. Un humour
nostalgique pour un spectacle d’une belle tenue où le
rire et les jongleries se mêlent alors que les tilleuls
de la place de Puy Sainte Réparade embaument le
soir. Folle histoire…
La Folle Histoire, événement organisé par le CG13,
a tourné dans 5 villes et villages du département
À venir
Une cerise noire (tournage en direct !)
Le 23 juin à 22h12 sur le parvis
des ABD Gaston Defferre
MARYVONNE COLOMBANI ET GAËLLE CLOAREC
Vers une aube nouvelle
paroles, d’une chorégraphie basée sur
l’énergie. À la nuit tombée un grand
espace est éclairé par les phares de
quatre voitures partenaires occupées
par leur propriétaire ; un dispositif
permet des projections colorées sur
© Lady Taktak
C’est Alain Bashung qui a inspiré la
nouvelle création d’Artonik. Ses insatisfactions, ses désirs servent de fond
à une randonnée nocturne à la recherche d’une aube nouvelle. Sur un parking
improbable, no man‘s land de tous les
possibles, un homme arrive au volant
de sa voiture américaine, une Oldsmobile longue comme on n’en fait plus, et
rencontre deux femmes. Observation,
tentatives de séduction des unes et de
l’autre, intimidation. Un univers sans
tendresse, parfois violent, ou qui fait
semblant. Cette fois Caroline Selig a
choisi le parti d’un spectacle sans
l’américaine et les trois personnages,
créant de beaux moments à l’univers
étrange et psychédélique, entre réalité
et rêve éveillé. Le propos reste plutôt
vague mais on se laisse porter par les
images comme on regarde défiler le
paysage dans un train.
CHRIS BOURGUE
Les chevaux du plaisir
ont été présentés
à la Cité des Arts de la rue
le 23 mai et à Istres
le 31 mai
AUBAGNE | TRETS | MARTIGUES
ARTS DE LA RUE
41
Jamais sans ma valise
Et jamais sans mon manteau tant ces
deux accessoires sont prisés des
compagnies de théâtre de rue invitées
à Chaud Dehors… Au point d’en revêtir
les participants de la pérégrination expérimentale Habitaculum annoncée
comme «un moment de grâce». Las !
Au-delà du transport collectif en navette, de la découverte du domaine La
Morochita, du mutisme souriant des
comédiens espagnols de Kamchàtka,
de quelques installations sensibles, la
promenade interactive laisse un goût
étrange. À l’arrivée on est badgés d’un
sinistre numéro d’immatriculation, et
au retour on porte un manteau élimé
sur les épaules et une vieille valise à la
main. Des lambeaux d’exode trottent
dans la tête sans que l’on ressente une
quelconque béatitude. Mais peut-être
n’a-t-on pas su voir le propos de la compagnie sur l’hospitalité, clin d’œil à
l’accueil chaleureux que lui ont réservé
les aubagnais ? Des manteaux et des
valises encore avec les italiens de Zerogrammi qui ont investi sur le cours Foch
vulgaires joueurs de tennis. Quitte à se
faire la cour -et plus si affinités- sur le
court ! La partie de jeu a atteint son
objectif : les acteurs sont hilarants et
justes, malgré quelques débordements
de lignes… Mais la palme de l’absurde
et du sans queue ni tête revient au talentueux duo belge Wurre Wurre qui
parvient à faire oublier la laideur d’une
cour d’école à travers ses personnages
bizarres, ses situations inextricables, et
ses arroseurs arrosés qui arrosent le
public ! Du pur délire rafraîchissant.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Les Liaisons Dangereuses, En Rang d'oignons cie © Marc Munari
l’espace déserté par un arbre mort :
autour et sur la souche, les trois danseurs évoquent l’arbre-voyageur de
leurs corps frémissants. Mêmes vêtements et artifices usés dans Salir
réinterprétés par la troupe Colifor qui
excelle dans l’art du comique de l’inattendu. En poètes de l’acrobatie et joyeux
musiciens, ils servent avec finesse un
spectacle inventif et cocasse.
En plein air sans manteau ni valise, En
Rang d’oignons compagnie a labouré le sol du terrain de sport des Passons.
Là, ils ont revisité avec un esprit frondeur Les Liaisons dangereuses de Laclos,
transformant Merteuil et Valmont en
Chaud Dehors,
les rendez-vous des arts de la rue
ont envahi Aubagne
du 31 mai au 2 juin.
Le duo Wurre Wurre s’est produit
en tournée régionale organisée
par Karwan à Marseille,
Antibes, Salon, Aubagne
du 23 mai au 2 juin
L’eau de Martigues
L’approche de l’été se marque par la réappropriation des
lieux extérieurs. Ainsi, la cour
du Château de Trets s’est
délicieusement animée le 2
juin. Poésie des agrès avec la
compagnie Chamboultout :
une musicienne, Solenne Risset, crée un univers sonore
original, usant d’instruments
variés, harpe, harmonium, thérémine, ou plus simplement
de sa voix ; deux personnages, monsieur et madame
(Margot Schlienitz et Julien
Dégremont), s’attendent, se
retrouvent chez eux. Pour vaincre la morosité possible d’un
couple vieillissant, ils évoquent
le passé, petite madeleine des
souvenirs, des rires, des émotions, dans un récit sans
paroles où les corps racontent, esquissent des gestes de danse, s’envolent puis
s’assagissent. Un humour tendre et complice… Claude Aymon et Éric Dedebant
instituent ensuite un duo atypique unissant danse et toile. Le premier improvise
une chorégraphie, utilisant les spectateurs, leurs accessoires, un chapeau change
de tête, un enfant se berce avec tendresse, le second sur un long papier déroulé
à même le sol peint, esquisses du mouvement, variations rapides comme une
ébauche d’un tableau de Matisse. Sur la feuille se déroule le temps du geste, traces
légères ponctuées d’ombres. Le spectacle achevé se prolonge, les spectateurs
vont regarder le travail du peintre. La danse devient déjà souvenir sur lequel on se
penche. Puis les six saxophones du Préau des Accoules entraînent les auditeurs
dans un répertoire varié, de l’inspiration New Orléans à un zeste de slam jusqu’au
cri des gabians… Avec Marseille la belle endormie… la plage n’est pas loin du Pays
d’Aix !
L’Odyssée de Martigues version 2012 a déroulé sa programmation sur le thème
de l’eau, transformant la place des Aires, quartier de Ferrières, en site des Zapéros,
terrain de jeux et d’expérimentations, de rencontres et d’échanges scénographié
par la cie Ilotopie : parcours de machines à eau ludiques, Souk des sciences avec
ateliers de pratique scientifique pour les enfants, tapis de lecture magique… À la
piscine municipale, c’est une expérience sensorielle hors du commun qui attendait
les plus curieux : les musiques subaquatiques du compositeur Michel Redolfi,
diffusées dans l’eau, permettent «d’entendre» par résonnance dans la boite crânienne,
les sons devenant une substance dans laquelle chacun flotte, isolé dans ses sensations… Mais c’est sans conteste le spectacle inaugural, Fous de Bassin de la cie
Ilotopie, qui a rallié le plus grand nombre sur les berges de l’étang de Berre. Magie
visuelle, auditive, prouesse technique qui s’efface derrière la poésie que créent les
tableaux successifs… Car ces fous-là marchent sur l’eau, font du vélo sur l’eau, roulent
sur l’eau, dorment sur l’eau, s’affranchissent de la masse liquide pour la transformer en scène de jeu. Et peu importe si le fil de l’histoire se dilue dans les joutes
de feu et les effets d’artifice, chacun se fabrique alors le monde insensé, éphémère, dans lequel il se verrait bien vivre. Pourquoi pas celui d’Ilotopie ?
© Service communication - Mairie de Trets
Dehors !
M.C.
DOMINIQUE MARÇON
L’Odyssée de Martigues
a eu lieu du 23 mai au 5 juin
Fous de bassin, cie Ilotopie © Claude Lorin
42 DANSE FESTIVAL DE MARSEILLE | LE KLAP
Premiers émois à Marseille
Le Festival de Marseille est un drôle d’événement !
Tout le milieu culturel marseillais, artistes, politiques,
administrateurs, communicants, journalistes… s’y
presse à chaque spectacle comme à un rendez-vous
attendu et exceptionnel. Les attentes expliquant
l’ampleur des déceptions et des ravissements
somme toute souvent, les uns comme les autres,
disproportionnés.
Tezuka de Sidi Larbi Cherkaoui est un spectacle
réussi ! Le chorégraphe a enfin disposé de moyens
vraiment importants, et a su s’en servir intelligemment pour construire son propos rêvé : des danseurs
parfois émouvants, toujours excellents ; des
musiciens japonais aux sons et voix qui dépaysent,
plongent immédiatement dans le propos ; de belles
animations vidéos qui établissent un décor dessiné
où les corps jouent comme des enfants sur un
manège… sans effet high tech, avec un côté artisanal
délicieux, cinématographique, calligraphique parfois,
qui touche à l’âme ancienne et éternelle du Japon.
Les superpositions récurrentes de danse, musique,
mots et images cachent parfois le simplisme de chacun des langages, mais le propos même bouleverse :
les mangas historiques d’Osamu Tezuka, son
astroboy postnucléaire hante la mémoire japonaise,
aujourd’hui redevenue tragique, que l’on sent parfois
affleurer dans le verbe de Sidi Larbi Cherkaoui, et
dans les images qui fondent et s’effacent comme
soumises à une chaleur surnaturelle. Une belle œuvre
malgré ses longueurs, dans un Silo décidément peu
adapté à la danse dès lors qu’on s’éloigne des tout
premiers rangs…
À Vallier le rapport salle/plateau est nettement
meilleur, et Standards de Pierre Rigal y est apparu
dans toute sa force. Ses huit danseurs ont des corps
pour dire, révoltés et noueux, athlétiques et souples.
Des longueurs là encore ? sans doute. Un manque de
clarté du propos ? parfois. Mais des corps de femmes et d’hommes, de noirs et de blancs, qui dansent
Tezuka © Agnès Mellon
à égalité les mêmes phrases, fustigeant les clichés
sur les corps normés, leur mode et leur commerce,
regardant frontalement le public en refusant de
minauder, d’esthétiser, et dansant comme on combat, poings serrés, démontant le décor comme on
détruit des chaînes. Bref Pierre Rigal, en gagnant
du galon, n’a pas perdu sa force !
Aussi, deux installations très rafraichissantes, à vous
coller pour un moment un grand sourire : à Vallier
Autogene ouvre en rond des parapluies qui dansent
sans Gene Kelly, mais sur la musique de Chantons
sous la pluie ; à L’Alcazar Solenoid fait danser des
chaussures, toujours en rond, autour de bras
mécaniques. Deux œuvres drôles et légères de Peter
William Holden. Moins léger, Tôt ou tard de
Richard Bacquier, Jean Marc Montera et Emmanuel Loi reprend et commente la performance de
trois comédiens enfermés qui s’invectivent. Mémoires, reflets et cages empilés en échos, gloses et
extraits, présences et absences, l’installation peuplée
de fantômes est à voir à la CCIMP. Jusqu’à la fin du
Festival le 6 juillet (voir p 50).
AGNÈS FRESCHEL
Thomas, s’il te plaît...
C’est à une petite fête de famille, à la
fois baptême et anniversaire, que nous
étions conviés par Michel Kelemenis
et son équipe en ce 28 mai : l’emblématique Après-midi d’un faune créé par
Vaslav Fomitch Nijinski avait 100
ans et la Maison pour la Danse inaugurait un grand studio au nom du mythique
danseur-chorégraphe. Occasion rêvée
pour proposer un programme autour
de la transmission et une méditation
stimulante sur le temps qui passe...
L’accueil se fait tendrement rétro («I
love you so») au milieu de la «leçon» du
maître à l’élève, Thomas Birzan, jeune
danseur de la Cie Grenade qui répète
dans la grande salle quelques pass
ages de Faune Fomitch, solo écrit et
interprété par Michel Kelemenis en
1989 ; travail et sévérité pour de rire
«attention! plus net plus net pas de sala
de frisée !». Puis l’adolescent interprète
seul et pour de vrai une Variation de la
même chorégraphie avec un engage
ment intelligent, à bonne distance du
modèle, énergique, trapu faune musclé
et malicieux qui tire la musique de De
bussy vers des émois bien terrestres.
Enfin pour brouiller les temporalités et
éclaircir les filiations le film de Charles
Picq, captation d’une représentation
intégrale du Faune de 1989, offre l’ocThomas Birzan © Agnès Mellon
casion au Kelemenis de 2012 d’abord
de se retrouver face à lui-même, souriant de son incapacité à rentrer dans
son justaucorps de l’époque, et aussi
d’accompagner pendant quelques
minutes, en léger décalé, son image
dansante : gestes plus amples et plus
arrondis, mains et pouces moins incisifs, sobriété des affects, et cette fluidité
qui reste la marque de fabrique du
danseur ; lorsque le faune assis jambes
croisées se pince les pouces des pieds
pour se hisser en position debout, la
jeunesse éternelle a le dernier mot.
Expérience émouvante, n‘est-ce pas
Thomas ?
MARIE JO DHO
Faune Fomitch / Variation a été donné
au KLAP Maison pour la Danse le
28 mai
MOD | BNM
DANSE
43
En pleine face
Lorsque vous allez voir Maguy Marin
et/ou Denis Mariotte, vous vous attendez à recevoir un de ces chocs salutaires
qui vous sortent des ornières et vous
laissent entrevoir d’autres voies. Rien
de fabriqué ou de factice là-dedans :
ils font partie de ces artistes que le monde révolte, qui ne se soumettent pas à
ses petites aliénations, et qui croient
encore qu’ils peuvent nous le dire,
nous le montrer, en décalant les règles
du spectacle. On voit nombre de succédanés de ces expériences-là, d’artistes
qui cherchent à retrouver cette force
en imitant leurs postures, sans trop
savoir ce qu’ils dénoncent. Là ça vous
parle tout de suite…
Que disent-ils dans Ça quand même ?
Qu’ils sont devant nous sans trop savoir
quoi y faire, mais que cette présence
seule nous tient ensemble, eux et nous,
artistes et publics, humains de tous
ordres. Le message est simple, mais
subtil à faire ressentir. Il faut faire
entendre l’épuisement d’une certaine
relation spectaculaire, du non-spectacle aussi, car il faut continuer à créer,
à multiplier sans fard et sans costume,
si l’on ne veut pas rentrer dans le rang.
frottements sans pulsation, qui surgissent comme de l’intérieur de ces deux
êtres qui nous regardent en face, montrent leurs efforts exécutés pour nous
sans raison et sans y croire, sinon pour
être là, vivants. Leurs corps sont sans
apprêts, nus sans provocation, poilus
sous les aisselles, sans fard, sans
humiliation non plus, vivants. Le texte
dit à deux voix est beau comme du
Beckett romanesque. Celui de Soubresauts, qui dit l’homme qui meurt ; et
qui pourtant au moment où il meurt est
encore vivant. C’est à ce paradoxe-là
que Marin et Mariotte touchent, comme
en un duo de clowns métaphysiques.
Car que fait-on lorsque l’art de la représentation est mort, mais qu’il reste
toujours aussi nécessaire ?
AGNÈS FRESCHEL
Ça quand meme © Laurence Daniere
Il faut dire aussi, discrètement mais
assez fort pourtant, au bon moment,
l’amour que l’on porte au public, le besoin
d’être compris et vu, véritablement vu,
par quelques-uns au moins. Le rêve
toujours vivant de changer quelque
chose à la vie, à nos regards.
Comment font-ils cela tous les deux ?
Peu importe. On retrouve dans Ça quand
même les apparitions/disparitions
chères à Maguy Marin, la subtilité et
l’équilibre sonore du travail de Mariotte : le texte et la musique sont les flots
continus, à deux voix synchrones,
Ça quand même a été donné
les 13 et 14 juin à La Friche
dans le cadre de la programmation
de Marseille Objectif Danse
Opéra des corps
Le Ballet National de Marseille a créé à SaintEtienne un véritable opéra : conçu comme un art
total, l’opéra n’est pas de la musique ou de l’art lyrique mais, dans son essence même il est «l’œuvre»,
tous les arts à la fois. En mettant en scène Orphée et
Eurydice de Glück, Frédéric Flamand a su retrouver cet esprit baroque des origines non en cherchant
son authenticité, mais en rejoignant son esprit. Le
résultat est magistral, peut-être la plus belle œuvre de
Flamand à ce jour.
Il faut dire que l’intrigue tombe à pic : le chorégraphe
est familier des métamorphoses, des traversées et
des mythes, de la figure de l’artiste aussi, et de la transcendance ; l’histoire de ce musicien qui va chercher
sa femme aux enfers semble faite pour lui… d’autant
que l’œuvre de Glück, revisitée par Berlioz, laisse beaucoup de place à une narration entre les airs. Ceux-ci
disent l’amour, le bien-être ou la douleur, mais ils sont
encore statiques, et l’action progresse avec d’autres
moyens : la danse y a toute sa place ! Elle occupe donc
le plateau, et le chœur est placé dans la fosse avec
les musiciens ; les trois voix solistes sont doublées,
presque systématiquement, par des danseurs, tandis
que le corps de ballet incarne les foules du cimetière,
de l’achéron, des dieux et des hommes. Cela donne
des tableaux d’une grande beauté, portés par l’orchestre et les voix comme venus des enfers, mais
aussi par la très belle création plastique de Hans Op
de Beeck, qui fabrique littéralement des décors de
sucre, d’eau et de miniatures de ses mains gigantesques, projetées en fond de scène, donnant l’impression
de manipuler doucement ce petit monde… Devant
l’écran les corps s’agitent, faisant masse ou douleur,
© Pino Pipitone
déplaçant les éléments de décor chaque fois
qu’Orphée change de monde, jouant des transparences, des reflets et des doubles. La danse pourtant
sait ne pas être envahissante, s’éteindre pendant les
vocalises, le célèbre «J’ai perdu mon Eurydice», et ne
pas toujours représenter les hésitations et émotions.
Construire même des contrepoints, à la fin heureuse
chantée par les voix, à la félicité d’Eurydice aux enfers…
Le plateau vocal est magnifique, Varduhi Abrahamian et Ingrid Perruche font éclater leur talent,
leurs émotions, soutenues par un chœur excellent,
et par un orchestre… sans doute plus habitué à suivre
les voix que la danse, et ne mesurant pas ce que la
moindre accélération impose aux corps !
Les trois représentations ont reçu à l’Opéra de SaintEtienne un accueil triomphal, avant de partir à
Versailles les 24 et 25 juin. Ils seront à l’Opéra de
Marseille en mai 2013, mais d’ici là Place Bargemon
le 29 juin avec Métamorphoses.
AGNÈS FRESCHEL
44
MUSIQUE
CONTEMPORAINE
E.C.O. logique !
© Agnès Mellon
Au sortir du premier concert à Marseille de l’European Contemporary
Orchestra (E.C.O.), on se dit, sans conteste, qu’un tel ensemble instrumental
manquait à la création musicale contemporaine ! L’idée est judicieuse :
faire appel à trois ensembles instrumentaux européens, rompus à ce
répertoire, pour unir les talents et fonder
une formation symphonique adaptée
au besoin des compositeurs d’aujourd’hui. Car l’orchestre n’a pas évolué
depuis le XIXe siècle, ne contient pas
d’instruments amplifiés, n’est pas rompu
aux techniques de jeu contemporaines. Il fallait un E.C.O. ! De fait cet
orchestre d’un nouveau genre rassemble 33 musiciens issus de Télémaque
(France), Orkest de Ereprijs (Pays-Bas)
et Musiques Nouvelles (Belgique),
en un grand projet européen labellisé
par deux Capitales de la Culture :
MP2013 et Mons 2015.
Le 15 juin au Ballet National de
Marseille, il a fallu réaliser une balance sonore pointue pour faire cohabiter
trois dispositifs de percussions, les
claviers (synthé, piano, accordéon),
guitare et basse électriques, mêler les
textures sonores des cordes et vents
de l’orchestre classique à celle du DJ
Philippe Petit… pour une somptueuse
réussite acoustique ! Leur Symphonie
métissée bâtie à partir de quatre pièces du Maltais Karl Fiorini, du
Roumain Alin Gherman, de la
Polonaise Kasia Glowicka et du
Français Pierre-Adrien Charpy, a mis
en exergue des esthétiques diverses,
généré de superbes effets sonores,
des instants puissants ou de subtiles
suspensions pointillistes. Sous la
direction alternée, sûre et expressive,
de Jean-Paul Dessy et Raoul Lay,
l’E.C.O. a redoublé d’élans mécaniques
furieux, accumulations en crescendos, scansions, impulsions, rebonds
et résonances, chocs de matières
acoustiques. Ça sonne, ça crisse et ça
crie, explose et crachote, souffle et
halète, jusqu’aux frontières du silence… C’est superbe, cet instrument
nouveau !
JACQUES FRESCHEL
Sax & flash’
18h30 tapantes, le 1er juin ! Alors
qu’on parvient sur le plateau du Cours
Julien, on se presse déjà autour des
saxophonistes et des danseurs réunis
pour la Flashmob’ilette, Echos du
cours conçue par l’ensemble Téléma© Agnès Mellon
que autour du projet E.C.O. (European
Contemporary Orchestra). C’est Joël
Versavaud, professeur de saxophone
au Conservatoire de Marseille, qui tient
la baguette. Jeunes, bambins et amateurs ont leur instrument en bandoulière.
Au programme, une partition écrite
par un certain Gandolfi de Belsunce
(alias le compositeur Pierre-Adrien
Charpy, également prof au susdit
conservatoire). Pas facile cette musique syncopée en pulsations irrégulières,
à quatre parties différentes ! On estime à sa juste valeur la mise en place,
la qualité du travail réalisé, l’investissement de toute cette société, cool
mais très pro ! Ça sonne comme un
tango mécanique, rythmé de percussions, et dont les sonneries rappellent
la locomotive d’Honegger (Pacific
231) lancée à pleine vapeur sur les
terres symphoniques.
Dans le dos du chef, on danse : public
volontaire, de tous âges, ayant appris
la chorégraphie d’Emma Gustafsson
inspirée de mouvements stéréotypés
d’un maestro. Une fleur à la main, de
noir vêtus, les danseurs renvoient une
image kaléidoscopique de ses gestes,
au fil d’une musique qu’on trouve trop
courte : pas le temps d’entrer dans la
danse ! Du coup, on reprend : trois fois.
Et la troisième file à folle allure…
Wouaouh !! Un peu essoufflé, content
de la performance, on remballe, tandis que le Cours Ju retrouve son
manège quotidien.
J.F.
Centenaire Françaix
Jean-Françaix (1912-1997) est un héritier d’une tradition de musique française mariant la clarté,
l’équilibre, la légèreté, à une élégance fuyant la
facilité, une profondeur dépouillée de pathos, un
sourire retenu, à un langage tonal redessiné. Sa génération a subi de plein fouet la mise au banc des
«classiques» par l’avant-garde des années 50.
Cependant, à la différence de ses contemporains,
l’œuvre de Jean-Françaix est encore assez fréquemment jouée dans le monde (proportionnellement
peu en France !). Les manifestations accompagnant
la commémoration du centenaire de sa naissance
serviront-elles, dans l’hexagone en particulier, de
révélateur à son génie rejeté ? Ce musicien, au
sujet duquel Nadia Boulanger prétendait qu’à
seulement douze ans elle n’avait rien à apprendre
en matière d’harmonie, était bourré de talent. Le
concert donné par l’Ensemble Pythéas, le 20 mai
à Notre-Dame du Mont, en est la démonstration.
Dans des transcriptions de Sonates de Scarlatti ou
d’Impromptus de Schubert, pour flûte (Charlotte
Campana), violon (Yann Le Roux-Sédes), alto
(Pascale Guérin), violoncelle (Guillaume Rabier)
et harpe (Nora Lamoureux), Jean Françaix fait oublier les claviers d’origine : il les relit, mais «avec
le cœur» comme l’a précisé le musicologue Lionel
Pons ayant, avec une belle érudition, présenté l’affiche. Les instrumentistes, à la faveur d’une fine
connivence et d’un goût assuré, ont placé en exergue, dans son Trio à cordes et un Quintette composés
Ensemble Pytheas © X-D.R.
dans les années 30, les dons d’un musicien sachant
tout à la fois fondre une mélodie savamment tracée
à une harmonie délicate et un équilibre subtil des
voix. J.F.
MUSIQUE
45
Un EOC AOC
Programme alléchant que celui proposé par le GMEM en clôture du festival
les musiques. L’Ensemble Orchestral
Contemporain, dirigé d’une main sûre
par Daniel Kawka, su tirer le meilleur
de ses musiciens dans des œuvres de
Philippe Leroux, Henry Fourès et
Youri Kasparov. À la noirceur de l’œuvre du compositeur russe, L’ange des
catastrophes, regard noir sur les conséquences de la révolution russe,
œuvre organique de chair et de sang
sur des textes superbement chantés
par Vincent Le Texier, fit écho la musique de Leroux AAA transposition d’une
composition issue de sons électroniques, pétrie dans la musique répétitive
pièce singulière mêlant l’accordéon
et les autres instruments de l’ensemble dans une musique continue,
tapissée d’éléments éparpillés dans
l’espace où le violoniste se meut tel
un danseur. Et, dans le bruissement
d’un bâton de pluie et le feulement
d’une contrebasse, les notes laissèrent place au silence, en attendant la
prochaine édition !
CHRISTOPHE FLOQUET
© X-D.R.
américaine, aux sonorités cristallines
qui ne sont pas sans rappeler Morton
Feldman. Puis, la création de la soirée,
Concert donné à la Cartonnerie
à Marseille le 19 mai
Il faut d’abord que je le danse… de
Fourès avec le violoniste Bohuslav
Matousek, dédicataire de l’œuvre,
Une Odyssée… CAPITALE !
de l’œuvre, ses partis pris musicaux, commente le
texte d’Alberto Manguel. Oratorio contemporain
évoquant le retour d’Ulysse dans sa patrie Ithaque:
«On vous racontera l’histoire d’un homme que les dieux
empêcheront d’arriver chez lui ; le début de cette
histoire est la guerre, la fin aussi...» Musicalement,
l’œuvre est basée sur de petites sections très expressives comme des Leitmotive (départ, impatience,
angoisse, possession, mort..). Clusters aigus/graves,
cascades en arpèges à l’orgue, battements des percussions. L’apparition d’Ulysse, Télémaque, Pénélope,
Tirésias, Cyclope… permet une écriture vocale variée
(solistes, ensembles), des jeux polyphoniques aux
difficultés techniques extrêmes que les chanteurs
maîtrisent bien : souffle à peine audible, cris amples, bruitages, roulements des lèvres, clusters vocaux,
glissandi pour des évocations aquatiques. Latin,
allemand, français, italien, espagnol, anglais alternent.
Le tableau de la possession est impressionnant, la
direction d’Hayrabedian scrupuleuse, minimale : ses
deux mains comme un balancier imperturbable, de
simples regards pour les attaques… Bon vent à
cette Odyssée !
YVES BERGÉ
L’Odyssée de Strasnoy a été chantée par Musicatreize
le 25 mai aux ABD Gaston Defferre
© Yves Bergé
Les Archives départementales invitaient à écouter
la lecture d’une œuvre importante, dont la création
est prévue dans le cadre de MP2013 : Odyssée d’Oscar Strasnoy, en présence du compositeur. Aux 12
chanteurs de Musicatreize, deux percussionnistes,
un clavier, dirigés par Roland Hayrabédian se mêleront 250 choristes ! Pour compléter ce programme,
3 pièces du compositeur transylvanien Peter Eötvös,
Drei Madrigalkomödie autour de l’amour : Insetti
Galanti, (texte de Gesualdo), Hochzeitsmadrigal, Moro
lasso (Gesualdo). Toute la théâtralité de Musicatreize
pour un festival de sons, d’attaques-résonances, de
modes de jeux, d’attitudes burlesques, la puissance
vocale aboutissant subitement sur des sons filés,
sur le souffle (mo-ro-la-sso) évoquant notre modernité parfois pathétique : on tousse, on râle, on se
racle la gorge, au théâtre musical… comme en une
mort annoncée. L’Odyssée est présentée en concertlecture, work in progress. Strasnoy raconte la genèse
L’esprit des voix
Fidèle à sa philosophie d’explorer un champ musical
large, ouvert sur le monde, Roland Hayrabédian, à
la tête de Musicatreize, a su concocter un programme intelligent faisant alterner création, découverte
de jeunes compositeurs et hommage aux maîtres
Scelsi et Nono. L’inédite berceuse d’un Ohana de
jeunesse, pleine de nostalgie, pénétrée du langage
harmonique de Poulenc, contrasta avec les pièces
des deux italiens, ancrées dans l’esthétique des
années soixante. Les Tre Canti Sacri et Sarà dolce tacere invitèrent les auditeurs à un voyage au centre
de la matière où les bruits exogènes tels que les
craquements de chaises, tintements de cloche,
vinrent s’unir aux voix des chanteurs pour envahir
le cloître de Saint Victor. Pas très loin de cet univers
interlope, dans un temps ductile, Lolèin, du compositeur lyonnais Gouttenoire, est une pièce d’une
sombre clarté où les mots dépouillés de leur signifié vibrent dans l’attente d’un futur qui ne vient
pas. Et, résonna la musique charnelle, superbement
construite, de Zad Moultaka : Maadann. Une pièce
minérale, erratique et hiératique, lumineuse et
inspirée, à la palette de timbres variés. Avec cette
œuvre, alchimie du temps et de la matière, ce
compositeur libanais confirme qu’il est un des plus
doué de sa génération.
CHRISTOPHE FLOQUET
Ce concert a eu lieu le 15 mai
à l’Abbaye Saint Victor
46 MUSIQUE LYRIQUE | CHAMBRE
Alain Aubin et JP.Serra © Maxminniti
1778 : Paris, le Siècle des Lumières,
l’esprit critique, la tolérance, prévalent sur les dogmes religieux. Mozart
est avec sa mère, pour un long voyage chez ces français qu’il déteste. Une
table, côté cour pour les correspondances de Wolfgang avec son père
Léopold. Côté jardin, la table des correspondances de Joseph Bologne de
Saint George à son père. Destins croisés : le divin Mozart et le mulâtre, fils
d’esclave sénégalaise et d’aristocrate
français. Alain Aubin nous conte voyages et rencontres. Joseph est le Maître
de Musique de Marie-Antoinette, violoniste virtuose, escrimeur réputé,
d’une grande beauté : il brigue le poste de surintendant de la musique.
Deux cantatrices ne veulent pas chanter
devant un nègre. Une violente polémique raciste se développe. «Mon
cher père, tous les espoirs de mariage
se sont évanouis. Aucune femme de la
noblesse ne semble accepter d’épouser
l’enfant d’une esclave !» Des romances
entourent ces lectures, dont la sublime Dors mon enfant : graves veloutés
d’Alain Aubin et des aigus pianissimi
suspendus, d’une étrange beauté.
Mozart est furieux : «Mon cher père :
vous ne pouvez imaginer comment ces
ânes de français ont bâclé ma symphonie !» Warnung chanté en voix de
baryton, voix naturelle d’Alain Aubin,
résonne, tandis que Jean-Paul Serra
(Baroque Graffiti) distille avec intelligen-
ce les belles sonorités d’un pianoforte
très élégant. Quatre sonates de Haydn
jalonnent ces moments : magnifique
Adagio de la Sonate en si mineur,
superbement interprétée. «Mon très
cher père : ma mère s’est endormie
saintement en Dieu…» Abendempfindung, (c’est le soir, le soleil a disparu…)
si proche de Schubert, est un moment
magique dans ce récital touchant. Qui
malgré son érudition n’est pas un
spectacle pour érudits, où un narrateur
pompeux serait doublé d’un chanteur
précieux, mais un moment à la fois
tendre et pesant, d’un éclectisme vocal
assumé : voix de poitrine, de tête,
changements d’octaves subits (le merveilleux : Amant discret), piani aériens,
graves charnus… Alain Aubin poursuit sa quête du sens plutôt que du
style : Joseph rejoint le mouvement
des Lumières puis crée un mouvement de noirs et métis pour défendre
la patrie en danger. Alain Aubin lit :
«4000 noirs évadés des camps de
concentration nazis, ont rejoint la
Résistance.» Un Mozart révolté, et ce
Nègre des Lumières nous rappellent
que la musique peut s’engager puissamment dans les combats de son
temps.
YVES BERGÉ
Mozart et le Don Juan noir
a été créé au Théâtre Gyptis
du 22 au 24 mai
Fin de partie
Avec les derniers accords cuivrés
de la 1ere symphonie de Chostakovitch et dans le souvenir
encore proche de son somptueux
mouvement lent, Hugh Wolff à
la tête du brillant Orchestre
National de Lyon mit un terme
à la saison du GTP. Entamé avec
ivresse avec les pages éthérées
des Valses nobles et sentimentales où Ravel inventa des
timbres démiurgiques, la scène
du grand théâtre aixois accueillit dans le bruissement d’une
harpe ravélienne Gautier Capuçon, pour une interprétation de
premier choix du concerto n° 1
pour violoncelle de Saint-Saëns.
Sur un superbe instrument de
1701, le violoncelliste, fort
d’une technique et d’une musicalité exceptionnelles transfigura
l’œuvre et métamorphosa les
mélodies décolorées en passages divins. Porté par une salve
d’applaudissements le concertiste distilla de la pointe de son
archet le superbe chant du
Cygne : magique ! En contrepoint à ce tube, le public put
découvrir l’orchestration fournie et généreuse d’un jeune
compositeur anglais d’une quarantaine d’années : Thomas
Adès. Sa suite d’orchestre de
Gautier Capucon © X-D.R.
Lumière Noire
Powder her face, œuvre hybride,
nourrie par toute la musique du
premier quart du vingtième siècle,
mâtinée d’humour et d’ironie, fit
souffler sur le théâtre un vent de
jeunesse rafraîchissant. À
renouveler !
CHRISTOPHE FLOQUET
Concert donné le 25 mai
au GTP
Un muet si parlant !
Au commencement était la page :
blanche ! Si, au générique, le carnet intime de Thymiane (Louise
Brooks), novice pure et insouciante, attend d’être rempli,
dans la salle obscure de l’Alcazar, le 1er juin, la partition est
vierge : pareillement ! Pour l’écrire, au piano, Karol Beffa se laisse
porter par le flux des émotions
générées par les images muettes du film Journal d’une jeune
fille perdue (1929).
Pabst était un immense cinéaste : le rythme du montage, les
plans en clairs-obscurs inspirent
le musicien. Aux croisements des
regards mélodramatiques, les
doigts répondent par une romance
tendre, tonale, des modulations
pastel, doucement plaintives.
Mais dès la chute initiale, à l’instant où l’héroïne prend conscience
du Mal, la facture sonore s’assombrit. Peu de figuralisme
cependant ; pas plus de leitmotiv ! Le rythme cadencé des
cuillères à soupe à la cantine de
l’ins-titut où est internée la
fille-mère, la mécanique des
corps essoufflés à la gymnastique, la révolte des filles du
dortoir sont traités en crescendo, accélérations martelées au
tempo d’un montage expressionniste. Le piano sourit aux
scènes burlesques, gémit à la
mort du nourrisson, swingue
finement dans le cabaret-bordel
ou Thymiane atterrit… et
découvre le plaisir !
On comprend pourquoi, du fait
de son aspect sulfureux, bouleversant les conventions, le
chef-d’œuvre de Pabst a été
censuré, mis à l’index. Pour cette
avant-première en forme de
ciné-concert renouvelé, le Festival Musiques Interdites lui a
rendu hommage de la plus belle
manière.
JACQUES FRESCHEL
MUSIQUE
Merveilleuse Tosca…
Le 27 mai, on attendait la prise de
rôle de Béatrice Uria-Monzon dans
Tosca. Connue de la scène avignonnaise
pour avoir interprété une authentique
Carmen en 2011, la (mezzo ?) soprano
débutait ce dimanche dans le personnage de Floria : après un 1er air non
décisif (timbre de mezzo trop marqué), la diva se fondit dans le rôle
avec tant de talent que le public la
rappela à chacun des airs clés et lui
fit une véritable ovation pour «Je
vécus d’art et d’amour» !
Le succès du spectacle n’aurait pu être
complet sans les voix extraordinaires
de Riccardo Massi (Mario) et Seng
Hyoun Ko, époustouflant Scarpia, de
retour en Avignon dans ce rôle, déjà
interprété il y a cinq ans. Sur la scène,
un immense portait : la Madone, parfois vue directement ou masquée
derrière un voile. Cette figure omniprésente et omnipotente se métamorphose
Lyrisme
du bonheur
L’ensemble Sull’Aria a livré une interprétation sensible et juste du Stabat
Mater de Rossini après le détour par
un prélude de Bach (Laetitia Alliez)
en clin d’œil annonciateur. Le chœur,
mené avec enthousiasme par le jeune
chef Pierre-Emmanuel Clair, sait,
après les premiers émois de trac, rendre à l’œuvre sa fraîcheur, son lyrisme
intime ; sous la poignante déploration qu’installe l’entrée dramatique
du Stabat Mater Dolorosa, avec une
basse sombre que vient moduler le
chœur, se dessine la conviction d’une
espérance joyeuse. Le Quartetto interprété par les quatre solistes est un
petit bijou, fin, spirituel, enlevé avec
une jubilation sensible. Le bonheur
du chant anime l’ensemble, beauté
des voix, ampleur, irisation des harmoniques, jeux d’échos entre chœur et
solistes, belle circulation des thèmes,
équilibre des pupitres… Les élans rossiniens, qui jouent avec le dialogue
d’opéra et l’art délicat de la fugue,
sont emportés par l’enthousiasme des
chanteurs. Le public conquis obtient
deux rappels fougueux…
© Cedric Delestrade - AC-Studio
en ange à la dernière scène, lorsque
Tosca, réalisant la mort de son amant,
se jette dans le vide. Ici l’ange ou la
femme sont guidés par l’amour. Nadine Duffaut a réussi, dans sa mise en
scène, à faire de la femme amoureuse
une véritable héroïne. Dommage qu’un
second entracte, avant le dernier
acte, ait coupé l’action à l’un des
moments les plus intenses de l’ouvrage. Applaudissons enfin la superbe
direction d’Alain Guingal et la participation très professionnelle des
enfants de la Maîtrise de l’opéra !
CHRISTINE REY
Tosca a été joué à l’Opéra d’Avignon
du 27 au 31 mai
Musique au sommet
Convoqués à l’occasion d’un concert
«anniversaire», les membres du Quatuor Debussy ont rendu un vibrant
hommage au compositeur du même
nom dans la Collégiale Saint-Pierre
sur les hauteurs de Six-Fours pour
inaugurer la programmation estivale
du Festival de Musique de Toulon
(voir p30). Doués d’une parfaite maîtrise de leurs instruments, les musiciens
ont excellé dans un répertoire constitué majoritairement d’œuvres du dit
Monsieur Croche. Alternant les effets
de contraste dynamique avec une finesse inouïe en opposant des pianissimi
à la limite de l’audible à des fortissimi
monumentaux mais jamais agressifs,
ils ont su se jouer des difficultés de
son unique et fameux quatuor avec
une aisance déconcertante, rehaussant
l’écriture harmonique si singulière
avec une sonorité feutrée du plus bel
effet. En guise de cerise sur le gâteau,
Marielle Nordmann est venue s’ad-
47
joindre au groupe à deux reprises après
avoir interprété seule quelques pièces :
la précision de son jeu de harpe y
mettait en valeur la richesse des différents timbres apportant aux œuvres
une dimension plus aérienne, à
l’image du très narratif Conte Fantastique d’André Caplet. On ne pouvait
rêver plus agréable ouverture !
M.C.
Ce concert a été donné
le 2 juin à Pourrières,
Couvent des Minimes,
le 9 juin à l’église notre Dame
à Correns, le 15 juin au temple
Grignan Marseille, le 16 juin
à l’église du saint esprit
Aix-en-Provence
ÉMILIEN MOREAU
Mozart féerique
Sandrine Piau (Pamina) font merveille, comme les éclairs vocaux de
Burca Uyar (La Reine de la Nuit). Les
chanteurs, libérés des dialogues parlés originels, se concentrent sur la
musicalité : à ce jeu, Henk Neven
(Papageno), les Trois Dames ou le trio
d’enfants de la Chorale Anguelos se
distinguent.
Pourtant, le parti pris a son revers. Le
© Christian Dresse
Sous des dehors naïfs, La Flûte enchantée de Mozart est l’un des opéras
les plus riches de l’histoire de la musique. Embrasser son impénétrable
unicité demeure une gageure. Depuis
2007, la mise en scène de Jean-Paul
Scarpitta a ses défenseurs et détracteurs. Elle fait le choix de l’onirisme
et a pour mérite principal d’en mettre
plein les yeux. Sa féerie aérienne, ses
jeux de lumières, transparences, ses
animaux-marionnettes à l’esthétique
sophistiquée font briller les mirettes
à la sortie du spectacle. La légèreté prime et le livret condensé rend l’ouvrage
très accessible.
Dans la fosse, en juin 2012 à Marseille, la direction va dans le même
sens : Kenneth Montgomery allège
les tempos, gomme les lourdeurs. Sur
le plateau, les aigus suspendus de
discours indirect qui remplace les
dialogues du Singspiel allemand, déclamé par deux comédiens, adapte le
propos avec poésie, mais le dépouille
en partie de son aspect didactique,
lié en particulier aux symboles maçonniques. La Lumière et la Nuit se
disputent certes l’accès au temple,
mais les personnages perdent en
épaisseur, et Papageno sa puissance
comique. L’opus ainsi édulcoré peut
sembler trop sucré. Par analogie,
imagine-t-on représenter L’Opéra de
Quat’sous amputé des dialogues de
Brecht ?
JACQUES FRESCHEL
La Flûte enchantée est jouée jusqu’au
16 juin à l’Opéra de Marseille
48 MUSIQUE JAZZ | ACTUELLE
Du vent dans les cannes
MARYVONNE COLOMBANI
Ce concert a eu lieu à Hyères le 27 mai
Du chaos naissent
les étoiles
Avant son cousin RockIsland qui fera vibrer les
remparts du fort voisin, celui d’Entrecasteaux, c’est
le non moins superbe Fort Ganteaume qui a
accueilli bon nombre de festivaliers tout heureux de
découvrir cet incroyable belvédère sur la rade de
Marseille faisant face au fort Saint-Jean. Le Festival
Be.fort a offert les 31 mai et 1er juin deux soirées
à la palette riche et variée dans cet écrin singulier.
Blitz the Ambassador et sa fanfare cuivrée et
groovy ont donné le ton dans une belle ambiance.
Le natif de New York, MC énergique en mouvement
n’a pas eu de mal à prendre la suite du G.U.I.D, le
groupe urbain d’intervention du ballet Preljocaj.
Performance, échange, chorégraphie où tout est
mouvement sur fond de coucher de soleil… un
délice. Il n’en fallait pas moins pour apprivoiser ce
nouveau lieu, plateau de rêve pour un croisement
des arts, chapeau !
Joli titre, emprunté à Chaplin, pour le deuxième
album de Carmen Maria Véga qui donnait, le 26
mai au Café Julien, un avant goût alléchant de la
tournée que le groupe entame cet été. Trois ans
après la sortie de leur premier album La Menteuse,
Du chaos naissent les étoiles, sorti en avril, arrive au
bon moment et CMV nous emmène vers une chanson française toute pimpante, aux textes marquants.
Dans une ambiance de cabaret, de showamusé, sexy
et dansant, Carmen séduit par son énergie, sa franchise
et son humour. Le public réagit instantanément dès
le premier refrain, à sa voix, à l’histoire qu’elle raconte. Pour ceux qui aiment Philippe Katherine,
Piaf, le bon rock français, CMV déclare «Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter… Du chaos
naissent les étoiles !»
FRÉDÉRIC ISOLETTA
FRÉDÉRIQUE BRUN
Carmen Maria Vega © Yannick Ribeaut
Pierre Bertrand & Stephane Chausse 5tet c X-D.R
Fortiche
mage à la ville de Menton dans la composition de
Stéphane Chausse La rue longue… le piano de
Frédéric d’Oelsnitz sait alors faire parler les silences et retrouve la note bleue du Köln concert de
Keith Jarrett, des duos subtils de la clarinette et
du saxo. On sourit aussi au récit d’anecdotes : Running
man, inspiré par la petite mélodie pour les non-voyants
aux feux rouges du Japon, d’abord petit exercice
pour le saxo, et enfin véritable pièce au tempo
rapide et acrobatique. Alain Asplanato à la batterie
et Christian Pachiaudi à la guitare basse accompagnent l’ensemble avec une belle efficacité. Le groupe
ouvrira à nouveau le Festival des Cannes l’an prochain… Une bonne occasion de les retrouver !
Le treizième Festival de l’Anche à Hyères, fondé
par Michel Pellegrino, et présidé par Jean Girault
trouvait une belle conclusion avec Jazz dans les
Canniers chez Roso France. Les champs de roseaux,
les cannes, entourent l’entreprise, les longues tiges
sèchent sous de vastes abris… Sur scène, les instruments qui leur doivent tant s’évertuent à vaincre
une pluie qui cherche à troubler la fête. «Welcome,
donc, to the canne festival» clame avec humour une
large banderole ! Sur scène, un quintette inédit qui
rassemble pour la première fois aux côtés d’un excellent trio rythmique (de la formation azuréenne
NJO) deux solistes remarquables, Stéphane Chausse
(clarinette et saxophone alto) et Pierre Bertrand
(flûte et saxophone ténor). Ils interprètent des
standards, comme Caravan de Duke Ellington avec
des renouvellements virtuoses du thème, un hom-
Blitz the ambassador © X-D.R.
B-side
Alors que la ville en chantier tente tant bien que mal
d’accueillir les touristes de la saison et de motiver
les troupes pour Marseille Provence 2013, le festival
B-side mobilise les esprits festifs autour de lieux
fédérateurs et indépendants ! Juste là, à côté, entre
la Machine à coudre, les Demoiselles du 5 (Noailles)
et l’Embobineuse (Belle de mai) du 22 mai au 14 juin.
Car le collectif organisateur In the garage propose
une programmation subtile avec du rock sous toute
ses formes, du plus poétique au plus kraut, du plus
électro au plus épileptique. Cinq soir, 10 live dont
Jeffrey Lewis & the Junkyards (le tube Roll bus
roll s’écoute en boucle !), Laetitia Sadier, Sleepy
Sun, Marvin, Shub, JC Satan... Originalité et authenticité rassemblent tous les artistes invités sous
le même signe.
Ainsi, pour sa 5e édition, le festival B-side a atteint
son objectif de partage, de découverte dans un état
d’esprit underground et décalé qui donne envie d’être
là pour la prochaine édition. En 2013, donc…
Cerise sur le gâteau, la soirée de clôture était confiée
aux jeux de mains d’un des DJ chouchou à Marseille
Why i am Mr Pink? C‘est son nom et ça met le feu !
F.B.
Thee Oh Sees © kristin Klien
MUSIQUE
49
Nébuleuses lumineuses
Alexandra Grimal & Nelson Veras © Dan Warzy
Un souffle très sensitif, d’une précision aérée, nous emmène, de la plainte
aux emportements, sans jamais aucun étalage de puissance agressive.
Ce sont les compositions d’Alexandra
Grimal au saxophone ténor, qui forcent une écoute attentive. Dans cette
création, d’une grande délicatesse,
d’une écriture ciselée, rien n’est laissé
au hasard. Le choix des musiciens qui
l’accompagnent est, pour elle, d’une
importance capitale : ses compositions sont pensées dès le départ pour
chacun des partenaires qui l’entourent, dans le partage et le respect de
leur singularité. Le 4tet Dragons est
composé du guitariste Nelson Veras,
qui déambule avec une grande liberté
et se nourrit de la profondeur du piano de Jozef Dumoulin et du rythme
assuré par Dré Pallemaerts. Des Dragons qui semble-t-il recèlent une
richesse qui ne demande qu’à se révéler… C’est cette perle cachée qui a
été offerte au public du Moulin à
Jazz de Vitrolles le 19 mai. Alexandra
Grimal, tel un guide ou la gardienne
d’un trésor, nous montre son cheminement harmonique complexe, parfois
énigmatique, cérébral, la force et
l’abondance d’une inspiration que l’on
voit se déployer comme un secret
gardé.
DAN WARZY
CD : Andromeda, Ayler Records 2012
Un enregistrement live de Dragons
a été réalisé le 20 mai et sera
prochainement dans les bacs
des bons disquaires
Jazz au Rouge
Pascal Versini est un personnage très actif sur la
scène musicale marseillaise, qui aime déplacer les
arts. Avec le saxophoniste Gérard Murphy, il
s’implique dans le projet de Corine Barbereau au
Rouge Belle de Mai. Un endroit parfaitement
adapté pour le jazz qui, grâce à eux, abrite une
réunion régulière de musiciens sous la forme de
concert ou de jam-session. Pascal Versini y a donné
un concert en 5tet le 25 mai en compagnie du
flûtiste Jean-Michel Souris, d’Eric Surménian à la
contrebasse, de Djamel Taouacht à la batterie et
de Francesco Castellani au trombone, instrument
que l’on a peu souvent l’occasion d’entendre dans
ce répertoire ou hors du big band. Un programme
très agréable de standards, ainsi que quelques
compositions où chaque musiciens a su briller et
où tous ont assuré leur chorus. À peine le set
terminé, une jam-session se poursuit avec
Christophe Leloil à la trompette. Une belle fin de
saison pour le Rouge.
DAN WARZY
Pascal Versini quintet © Dan Warzy
Festival de Marseille
juin salle Vallier). Autre nom familier
des marseillais, celui de Robyn Orlin :
dans Walking Next to Our Shoes…, entourée d’une chanteuse lyrique et du
groupe Phuphuma Love Minus (chorale
sud-africaine qui se produit le 5 juillet
au Théâtre de la Sucrière), la chorégraphe raconte le destin des travailleurs
ruraux expatriés en ville à qui on enlève
leurs chaussures pour les réduire au
silence (4 juillet salle Vallier). En clôture du Festival, la cie Sasha Waltz &
Guests dédie ses Impromptus à l’éternel
voyageur qui se cache dans la musique
de Franz Schubert, jouée en direct par
la pianiste Cristina Marton et chantée
par Ruth Sandhoff (6 juillet au Silo).
Le Festival de danse et des arts multiples prendra fin le 6 juillet (voir p42).
Très attendue, la dernière création, en
première française, du Ballet Cullberg, The Strindberg Project, aborde
différentes facettes de la personnalité
complexe de l’auteur suédois (le 20
juin au Silo). Première française aussi
pour la cie Enclave Espa ol et leur
fresque colorée En Plata qui embrasse
l’Espagne à travers toutes les danses
(23 et 24 juin esplanade Bargemon) ;
Espagne toujours avec la Galicienne
Janet Novás qui a composé son solo
Cara Pintada comme un conte pictural
et chorégraphique (27 et 28 juin au
Klap). C’est dans l’antichambre d’un
hôtel très particulier, que les Belges
Peeping Tom plante le décor de À
louer, thriller chorégraphique comme
eux seuls savent en faire… (29 et 30
Festival de Marseille
Jusqu’au 6 juillet
04 91 99 00 20
www.festivaldemarseille.com
Walking next to our shoes... © Vuyani Feni
Off in Noves
Vagabondage
La Rue est dans le pre © Cie Artonik
À Noves, depuis 6 ans, la ville et les
Tréteaux du Panier de la troupe des
Carboni concoctent un festival où se
mélangent théâtre et musique dans
une programmation haute en couleur.
Le 20 juin, le plateau musical mêle les
sons latinos de Cumbia Chicharra, la
fanfare Samenakoa et le métissage
Le Pays des galejeurs © J. Hierholzer - S. Durel
Le Bois de l’Aune et la Direction de la
Culture d’Aix-en-Provence co-organisent une soirée le 23 juin hors les murs
dans le nouveau parc du Château de
l’Horloge. Dès 19h30 la cie Artonik
propose La Rue est dans le pré, un joyeux
pique-nique (pensez à apporter le
vôtre !) sur fond d’archives radiophoniques des années 50 à 70, prétexte à
revisiter une période d’évolution et de
révolution à travers 5 grands sujets (émancipation sexuelle, mouvement hippie,
mode du disco…). Puis, avec De l’autre
côté, la cie Cirquons Flex risquera
l’envol, et la chute, du haut d’un portique
de 8 mètres pour bousculer et explorer
les limites qu’impose l’environnement quotidien, tandis que Fred Nevchehirlian,
témoin du duo, construira une trame
sonore tour à tour caressante et brutale.
Le 23 juin
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.fr
jazz et klezmer de Kabbalah. Le lendemain, fête de la musique explosive
avec Les Dassins d’Odessa et la fanfare Wonderbrass, avant la partie de
pétanque théâtrale de la cie Artscénicum, Les Pieds tanqués, qui dévoile une
crise identitaire... Le 23 juin les Carboni clôtureront leur dernière création, Le
Pays des Galéjeurs mise en scène par
Fred Muhl, d’après l’opérette marseilaise de Vincent Scotto, Marc Cab,
Alibert et René Sarvil Au pays du soleil.
Un théâtre musical qui explose les
cloisonnements du genre, et finira par
vous faire entonner joyeusement La
Valse à petits pas, Zou un peu d’aioli et
Miette… (aussi programmé au Chêne
Noir durant le Off du 7 au 28 juillet).
Off in Noves
Du 20 au 23 juin
04 91 90 33 52
www.lescarboni.com
Autoportrait de Cavaillon
À partir de «la théorie des 6 degrés de
séparation» (qui indique que jamais
plus de six personnes ne nous séparent
les un(e)s des autres), le photographe
Christophe Loiseau, membre du collectif Skappa ! & associés, a réalisé
une série de portraits d’habitants de
Cavaillon, 4 séries qui créent une chaine
de 28 portraits exposés dans les rues
de la ville. Le vernissage commence
place Philippe de Cabassole le 20 juin,
pour une déambulation à travers la ville
Festival des Nuits
de l’Enclave
Pour la 47e année consécutive, Valréas, Grillon,
Richerenches et Visan accueillent ce festival de
théâtre, d’art, de musique, de littérature… Serge
Pauthe y reprend La Bataille de Chaillot, spectacle
dans lequel il raconte l’histoire de Jean Vilar, Les
Tréteaux de France jouent Ruy Blas dans une mise en
de 18h30 à 19h30 (suivie de la présentation de l’avant-programme de la
Scène nationale à 20h30 place du
Clos).
scène de Christian Schiaretti, lequel met aussi en
scène La Jeanne de Delteil avec Juliette Pizoud dans
le rôle-titre, Patrick Pineau et la cie Pipo jouent Trois
pièces de Tchekhov (L’Ours, La demande en mariage
et Tragédien malgré lui), Roland Peyron est le M.
Armand dit Garrincha de Serge Valetti dans une mise
en scène d’Eric Louviot…
Du 11 au 29 juillet
04 90 28 12 51
www.nuits-enclave.com
Ruy Blas © Christian Ganet
AU PROGRAMME
50 SPECTACLES
Autoportrait de Cavaillon
Du 20 juin au 2 sept
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
Festival des vents
Une série de concerts autour de cette famille
d’instruments : Quintette Cassiopée (22 juin), Les
Murmures d’Eole et Quatuor Segovia (le 23 juin),
Bristol University Jazz Orchestra et Hornstars
(28 juin à 20h30), Michel Tirabosco Trio (29 juin),
Quintette de cuivres Magnifica (30 juin).
MORIERES-LES-AVIGNON. Concerts à 21h
06 51 79 07 56 www.festivaldesvents.com
La sonate
à travers le temps
César Franck (Sonate en la majeur) et Bartok (2e
sonate) au programme de l’ensemble Des
Equilibres dans sa formation duo : violon (Agnès
Pyka) et piano (Bruno Robilliard).
SAINT-MAXIMIN. Le 22 juin.
Auditorium Collège Leï Garrus
07 63 01 45 92 www.desequilibres.fr
Concert Symphonique
Finlandia de Sibelius, la Suite du ballet Cassenoisette de Tchaïkovski et Schéhérazade de Rimski
Korsakov par l’Orchestre des Alpes du Sud.
SISTERON. Le 22 juin à 21h. Cathédrale
Lacrimae
Un nouveau concerts des Voix animées du cycle
Entre pierres et mer : musique anglaise au XVIe
siècle «sous le règne des Tudor au rythme du
schisme anglican», autour des Lamentations de
Jérémie, chantées à l’Office des Ténèbres (Byrd,
White, Tallis…). Les cinq voix résonnent, a
cappella, dans de belles acoustiques.
TOULON. Le 24 juin.
Eglise de l’Immaculée Conception
LE THORONET. Le 24 juin à 18h45. Abbaye
06 51 63 51 65 www.lesvoixanimees.com
Spiritango Quartet
Astor Piazolla et le Tango nuevo par Fanny Azzuro
(piano), Fanny Gallois (violon), Thomas Chedal
(accordéon) et Benoît Levesque (contrebasse).
MARSEILLE. Le 27 juin à 20h30. Auditorium Cité de
la Musique
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com
Fanny Azzuro © X-D.R.
Vivaldi et Pergolèse
Sept musiciens autour du contre-ténor Pascal
Bertin dans le Stabat Mater de Vivaldi et le Salve
Regina de Pergolèse.
MARSEILLE. Le 29 juin. Temple Grignan
Résas Espaceculture 04 96 11 04 60
06 09 13 03 36 http://unastella.org
Baroque français en trio
Symphonies pour violon (Roberto Crisafulli), viole
de gambe (Etienne Mangot) et clavecin (Christine
Lecoin) de Marin Marais, Rameau…
MARSEILLE. Le 29 juin. La Magalone –
Cité de la Musique
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Le Château
Le dernier événement du Festival Musiques
Interdites affiche une création exceptionnelle : Le
Château d’après Kafka, dont les écrits furent
interdits et la famille exterminée par les nazis, est
un opéra de chambre pour chanteurs, acteurs et
danseurs, composé par Karol Beffa, musicien à
l’honneur en 2012 à Marseille. Pour cette première
mondiale, la mise en scène, autour de l’installation
plastique originale Les Procédants de Philippe
Adrien, est signée Laurent Festas.
MARSEILLE. Le 30 juin à 21h.
Eglise Saint-CannatLes Prêcheurs
04 91 90 46 94
www.musiques-interdites.eu
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BOUCHES-DU-RHÔNE. La Clarinette : le 22 juin
à Noves, 27 juin à La Bouilladisse et Cassis.
La Flûte : le 26 juin Aceleme E. Vaillant
à Marseille, 29 juin à La Destrousse.
04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com
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Les musiciens de l’ensemble Télémaque jouent et
expliquent des programmes élaborés autour de leur
propre instrument… et poursuivent leur voyage
dans le 13. La Clarinette : un programme partant
de transcriptions de Bach et Wagner jusqu’à des
opus modernes de Denisov, Carter et Philippe
Hersant. La Flûte : autour de Syrinx de Debussy,
Density 21,5 et Incantation de Jolivet, opus
majeurs pour flûte seule du XXe siècle.
51
Liszt en Provence
Premier concert du festival de piano : Sofja Gulbadamova joue Liszt et Chopin, Debussy, Brahms, Fauré.
UCHAUX. Le 1er juillet à 19h. Château Saint-Estève
04 90 40 60 94 www.liszt-en-provence.com
Requiem
150 jeunes chanteurs et instrumentistes américains
issus du Blue Lake Fine Arts Camp (Michigan) se
joignent à l’Atelier choral Paca-Med (dir. JeanFrançois Héron) pour le tonitruant Requiem de Verdi.
AIX. Le 3 juillet à 21h. Cathédrale St-Sauveur
06 59 42 08 40
Festival Durance Lubéron 06 42 46 02 50
www.festival-durance-luberon.com
Musicales du Lubéron
La soprano Mireille Delunsch en récital.
MENERBES. Le 12 juillet à 21h30.
Terrasses de Gordes
04 90 72 68 53 www.musicalesluberon.com
Abbaye de la Celle
Olivier Charlier joue les Sonates et Partitas pour
violon seul de Bach (le 12 juillet), «De Vivaldi à
Mozart et Rossini» avec le flûtiste Philippe Depetris (le 17 juillet).
LA CELLE. Concerts à 21h15
04 94 69 10 86 www.soireesmusicales-lacelle.com/
Au siècle de Debussy
Concert lecture autour d’opus de Debussy (Images,
Isle joyeuse, Suite Pour le piano, Clair de Lune) et de
texte du compositeur féru de littérature : un portrait dans le cadre du 150e anniversaire de sa
naissance. Le piano expert de Dona Sévène dialogue avec le comédien Mathieu Buscatto.
MALLEMORT. Le 13 juillet à 21h. Salle Dany
04 90 59 12 43 – www.netvibes.com/bibmallemort
La Folia
Des œuvres de Corelli, Marin Marais, Ortiz… par le
jeune Valentin Tournet (15 ans !) prodige à la
viole de gambe.
MARSEILLE. Le 15 juillet à 17h. Abbaye de St-Victor
06 72 83 25 46 – www.lachapelleharmonique.fr
Musique ancienne
L’ensemble Doulce Memoire (le 16 juillet), Fabio
Biondi & Europa Galante (18 juillet) en Dracénie.
CALLAS. Concerts à 21h.
04 94 39 06 77 www.callas-festival.com
AU PROGRAMME
Les Éclaireurs
MUSIQUE
Théâtre et Chansons : Soirées Cabaret avec
Chanson Indigo et l’Atelier Chansons sur Scène
(22 au 24/6)
04 42 27 37 39
www.theatre-et-chansons.com
Seconde Nature : I:Cube + Amine Edge + Torre
Bros. Aka The Soulshapes + 123MRK + Poborsk
(21/6)
04 42 64 61 01
www.secondenature.org
ARLES
Cargo de nuit : Escales du Cargo au théâtre
Antique avec Garbage + Rodrigo y Gabriela &
Cuba + Shaka Ponk + Chinese Man + Simple
Minds + (17 au 21/7)
04 90 49 55 99
www.cargodenuit.com
Le Méjan
Fête de la Musique Trafic 0–Rimshot-The Kafkas-Stop breaking down + Cinéma plein air
Ladies&Gentlemen Rolling Stones (21/6)
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Festival Les Suds : Vincent Segal (9/7) Kimura&Ono-Avishaï Cohen-Tigran Hamasyan
(10/7) Antonio Placer Jean Marie MachadoYom&Wonder Rabbis (11/7) Anoushka
Shankar-Bomba Estero (12/7) Houria Aïchi-El
Gusto-Aziz Sahmaoui&University of Gnawa
(13/7)
04 90 96 06 27
www.suds-arles.com
AVIGNON
AJMI / La MANUTENTION
Présentation des Ateliers (7/6) Fête de la Musique-Kermesz à l’Est et Open Bal (21/6)
06 06 74 34 20
www.jazzalajmi.com
L’Entrepôt : Fête de la Musique quartier MonclarLa Violette avec Haut les Mains + Margaret
Mixer Crew + Fanfarhumaine + Bocalup (21/6)
06 28 21 69 64
Le Délirium : Juan Carmona (17 et 18/7)
04 90 85 44 56
www.ledelirium.net
Passagers du Zinc : Camille au Festival d’Avignon (15/7), Zebda + Zoufris Maracas à l’Hôtel
Dieu de Carpentras (23/7)
04 90 89 45 49
www.passagersduzinc.com
Places de la ville : Jesus is my girlfriend + Stan
et Ael3x + Pepper Grind + Death of au punkette
(Place des Corps Saints 23/6), Duck Explosion
+ Franglers + classe de musique actuelle du
Conservatoire (Place Pie 30/6)
www.placeauliveavignon.fr
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
DIGNE
Centre culturel René Char : Festival Ejamslive avec Mörglbl + Freak Kitchen (4/7), Nina
Attal (5/7), Renaud Louis-Servais (6/7) et
Azulejos (7/7)
04 92 30 87 10
www.sortiradigne.fr
GÉMENOS
Théâtre de Verdure : Cock Robin (20/7)
04 91 80 10 89
www.sudconcerts.net
LAMBESC
Centre ancien : Fête de la Musique avec Fantasticus + Ataya + Samenako + Petit Jazzm’ard
+ Zick Assault + The Cadd’s + Rosevinyl (21/6)
04 42 17 00 62
www.lambesc.fr
LA CIOTAT
Théâtre du Golfe : Festival Musique en Vacances (13 au 28/7) avec duo de guitare d’Amérique
du Sud (28), Bizet était une femme de Cathy
Heiting et Jonathan Soucasse (19), à l’Eglise
Notre Dame : Stabat Mater par l’Ensemble
Vocal d’Arles et l’Orchestre Mare Nostrum (13),
New Gospel Family (17)
04 42 08 92 87
04 42 08 19 04
LAURIS
Château : Accordéon, l’accroche au cœur par
l’Atelier du Possible (24/6)
04 42 50 27 99
LA VALETTE-DU-VAR
Place Jean Jaurès : Fête de la musique avec
Charivari (21/6)
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
LE THOR
Sonograf’ : Festival de la Quinzaine Africaine
avec Hope Masike (22/6)
04 90 02 13 30
www.lesonograf.fr
MARSEILLE
Festival Jazz des 5 Continents
Cours d’Estienne d’Orves : Doodlin’, Raphaël
Imbert Omax at Lomax 7tet (17/7)
Jardin du Palais Longchamp : Ballaké
Sissoko&Vincent Segal Chamber Music, Pat
Metheny Unity Band 4tet (18/7), Ibrahim
Maalouf 6tet Diagnostic, Avishaï Cohen trio
Seven Seas (19/7), Térez Montcalm 5tet,
Stacey Kent 5tet (20/7), Al Jarreau 6tet, Earth
Wind & Fire invite Al McKay (21/7)
04 95 09 32 57 www.fj5c.com
Inga des Riaux
Nougarotrement (22/6), Bobzigua (28/6), John
Massa 4tet (29/6)
06 07 575 558
www.inga-des-riaux.fr/music.html
Cabaret Aléatoire : August Burns Red + Adept
(20/6)
04 95 04 95 09
www.cabaret-aleatoire.com
Dan Racing : Fête de la musique avec Sigma
(21/6), Schengen Ult R&R Band (22/6), Bonus
Track + Power in Skin (23/6), Jbam + Funky
Monks (29/6), Tribute Téléphone (30/6),
Lemon Rose (6/7), Bitcho Rock (7/7), Defaced
+ Skhizein + Sleeping Forest (13/7), Da Bf
(14/7), Ls n’ Bb (20/7)
06 09 17 04 07
http://guitarjacky.free.fr
Dock des Suds : Marée Haute Electric Euphoria (22/6), Festival de Vives Voix avec les
Indéchiffrables + Sudden Jazz quartet au (29/6),
Vendredi du Cabaret Dock des Suds (30/6),
Pride Factory (7/7), Marée Haute Electric
Euphoria (14/7)
04 91 99 00 00
www.dock-des-suds.org
Espace Julien : Fête de la musique avec Heidi
Von Heidi (21/6)
04 91 24 34 10
www.espace-julien.com
Grim : Sons de Plateaux #6 avec Sugarcraft +
Rémi B. (21/6), Sobraslasolas ! (22/6), Installation par la Générale d’Expérimentation/
Christian Zanesi, La voie Z + Feedback Ensemble
(23/6)
04 91 04 69 59
www.grim-marseille.com
Kiosque des Réformés : Andromakers + The
FKclub (24/6), Stéréobox + Kantate (12/7)
06 84 52 99 15
www.rendezvousdukiosque.fr
La Machine à Coudre : Antonio Negro et ses
invités (22/6), Derek Poteat + Philippe Petit +
Ahmad Compaore (28/6), Ensemble Oriental
de Marseille (29/6)
04 91 55 62 65
www.lamachineacoudre.com
Mundo Kfé : Soirée Off Sud Tremplin Découverte avec Gust + Duck explosion + Moyens du
bord + Casa Grinta (22/6)
04 91 92 45 72
www.mundokfe.fr
Roll’ Studio
Trio Trinidad (23/6) Duo Basse Sax (30/6)
Monique Zuppardi trio (7/7)
04 91 644 315 ou 06 86 728 396
www.rollstudio.fr
Théâtre Sylvain
Ahmad Compaoré trio avec Christophe Leloil (13/7)
04 91 47 73 94
La Maison du Chant Festival De Vives Voix (29/6 au 6/7) avec Les
Indéchiffrables + Sudden Jazz quartet au Cabaret du Dock des Suds (29/6), Les Chanteurs
des jardins (1er/7), Enco de Botte + Sanacore
à la chapelle Sainte Catherine (2), Enco de Bott
+ La Ultima + Lo Cor de la Plana aux Jardins
Velten (5), Enco de botte + Chants Soufis de
Haute Egypte + Chants Soufis des Comores aux
Jardins Velten (6)
04 91 62 78 57
www.lesvoiesduchant.org
La Meson
«Flamenco Meson» sur la place Stalingrad avec
Sandie Santiago + Bal Sevillan (30/6)
04 91 50 11 61
www.lameson.com
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04 42 27 08 75
www.aixqui.fr
BERRE L’ETANG
Forum de Berre : La Banda Mundo Latino +
Deluxe (23/6)
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AIX
AixQui ? : Class’Eurock 2012 en haut du cours
Mirabeau avec General Electriks + Boukanbucal
+ Kreatones + Nostalgia et les lauréats Junky
Monkeys + Last Keeway + Little d Big G + Munky
Fonk Soul + Skhizein + Sleeping Forest + The
Living Dead (21/6)
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AU PROGRAMME
52 MUSIQUE
La Sucrière : Festival Tamazgha, musiques berbères et populaires d’Afrique du Nord avec
Farid Ferragui et Zohra Aït-Abbas (23/6)
04 91 03 08 86
www.festivaltamazgha.org
Le Paradox : Mamienco (20/6), Mani Carneiro &
François Múleka (26/6)
04 91 63 14 65
www.leparadox.fr
Le Poste à Galène : Soirée Colorful Wacky
Sound (22/6), Iraka + Solat + Dilaime + guest
(29/6), Fête de la musique avec The Magnets
+ The Last + Bird in Shell (21/6)
04 91 47 57 99
www.leposteagalene.com
L’éolienne : Arianna & Ferran Savall (29/6)
04 91 37 86 89
www.myspace.com/leolienne
MAUBEC
La Gare : Les Zapéros-concerts du marché
avec concert « surprise » (4/7), Hugo Kant (11/7),
Merci Marlène (18/7), Forabandit (25/7)
04 90 76 84 38
www.aveclagare.org
OLLIOULES
Châteauvallon : Sapho chante Oum Kalsoum
(23/6) China Moses&Raphaël Lemonnier (7/7)
Richard Galliano&sextet Piazolla Forever (13/7)
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
PEYROLLES
Cour du Château : Curiosités Maritimes avec À
la légère, chansons fines (24/6 et le 22/6 dans
le cadre d’Un théâtre dans mon Salon à Marseille)
06 40 11 47 16
06 27 38 30 06
SAINT-RAPHAËL
Square Delayen : «Fuzzfest» Rencontres musicales régionales de Saint-Raphaël avec
Fukushiman + Tapenga + Sundayfools + Kelly
und Kelly + OL’Dirty et DJ Duff (Maniacx) (29/6
au 1/7)
04 94 82 64 04
SAINT CANNAT
Festival Jazz à Beaupré : Ben Aronov-Georges Mraz, Jacky Terrasson trio (29/6) Cecile
MCLorin-Salvant, Mulgrew Miller (30/6)
04 42 57 21 56
LA SEYNE-SUR-MER
Théâtre de Verdure
La Nuit des Sablettes (7 au 22/7)
04 94 06 90 34
www.ot-la-seyne-sur-mer.fr
TOULON
Place d’Armes : Iraka dans le cadre du festival
Vide-Méninges (26/6)
www.regionpaca.fr
Tandem : Fête de la musique avec NO/ID* sur
la place du Pavé d’Amour : Weather Kings + El
Botcho + Paradisco + Twin Apple (21/6)
04 98 070 070
www.tandem83.com
AIX
Cité du livre – 04 42 91 98 88
Exposition Fleurs en scène : huit tableaux invitent à
découvrir les différentes techniques de création et de
réalisation du décor végétal mises du costume de scène.
Jusqu’au 22 sept.
Exposition des sculptures de Julie Bessard, inspirée
par le texte Oiseaux de Saint-John Perse. Du 23 juin
au 24 nov à la Fondation Saint-John Perse.
Rencontre avec Michel Chiappero, architecte : Densité urbaine et plaisir de ville, décider autrement ? Le 22
juin à 18h30.
De l’écriture du réel au réel de l’écriture : rencontre croisée entre Yvon Le Men, André Ughetto et Dominique
Sorrente, écrivains, qui évoqueront leurs parcours en
écriture. Le 26 juin à 18h30.
Université populaire – 06 37 26 91 62
Sociologie du travail avec Paul Bouffartigue et JeanRené Pendaries, directeurs de recherche au Lest –
CNRS à l’Université de Provence, le 25 juin à 19h.
Centre aixois des Archives départementales
-04 42 52 81 90
Exposition Les chemins de l’eau en BD – Le regard
d’Edmond Baudoin, jusqu’au 23 juin.
Librairie All Books & Co – 04 42 12 44 43
À l’occasion de la sortie de la dernière BD de Clément
Baloup, La Concubine rouge (Gallimard), la librairie
organise un concours ouvert à tous : pour participer
il suffit de télécharger des planches de cette BD
(http://allbooks.canalblog.com) ou de venir les retirer
à la librairie, et de les renvoyer par mail ou les rapporter directement. Les résultats du concours et le nom
du gagnant seront révélés le 30 juin à 17h30 à l’occasion de la rencontre-dédicace avec Clément Baloup.
3bisf – 04 42 16 17 75
Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté,
tous les jeudis de 13h30 à 16h30.
Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une ville
imaginaire où se croiseront tous les fantasmes de
chacun) animé par Benjamin Marianne, tous les
mardis de 14h à 16h30.
École supérieure d’art – 04 42 91 88 70
Entre deux : exposition des œuvres de Samar Elbarawy, du 26 juin au 8 juillet à la Fondation Vasarely.
ALPES DE HAUTE-PROVENCE
Conseil général – 04 92 30 04 00
Au Col de Larche, dans le cadre du projet culturel et
transfrontalier VIAPAC, la route de l’art (qui initie une
route pour l’art contemporain reliant Digne-les-Bains
à Caraglio en Italie), inauguration de l’œuvre TableRelief en présence de l’artiste David Renaud, le 5
juillet dès 15h.
ARLES
Collège international des traducteurs littéraires –
04 90 52 05 50
Journées franco-russes de la traduction : table ronde
sur le thème France-Russie que reste-t-il à traduire ?
avec M. Zonina, M. Parfenov, N. Avtonoma, H. Henry,
A. Coldefy ; lecture-rencontre avec Maylis de
Kerangal ; rencontre sur les écrivains et traducteurs en
dialogue avec L. Rubinstein, H. Henry-Safier, B.
Akounine et P. Lequesne… Les 29 et 30 juin.
Galerie Joseph Antonin – 06 76 99 69 44
Résistances : exposition des œuvres de Dollo, Carp,
Flageul et Chrysidi, du 4 juillet au 1er sept ;
conférence d’Alain Bergala le 7 juillet à 10h à l’ENSP.
AVIGNON
Festival d’Avignon – 04 90 27 66 50
Théâtre des idées, conçu et modéré par Nicolas
Truong, au gymnase du lycée Saint-Joseph à 15h :
-Éloge du théâtre avec le philosophe Alain Badiou
qui revient sur l’art et la question centrale de la
représentation, le 15 juillet
-Penser la différence avec Françoise et Héritier, anthropologue, et Éric Fassin, sociologue : comment
penser les différences des cultures, des individus, des
genres, des sexualités ?, le 18 juillet
-Une nouvelle ère écologique ? avec Alain Gras, socioanthropologue des techniques, et Stéphane
Lavignotte, pasteur et dir. de la Maison verte qui
s’interrogeront sur le mirage d’une certaine idée de la
croissance technoscientifique, le 20 juillet
-Comment penser et représenter la crise ? avec Frédéric Lordon, économiste et philosophe, et André
Orléan, économiste, deux économistes hétérodoxes
sensibles à la question de la représentation théâtrale,
le 21 juillet
-Le temps passe-t-il trop vite ? avec Elie During,
philosophe, et Etienne Klein, physicien : une rencontre pour donner du temps au temps entre science et
philosophie, le 22 juillet
Région PACA – 04 90 14 40 73
Rencontres professionnelles du spectacle vivant à
l’antenne régionale de Vaucluse (Hôtel Armand, place
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Libraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42
Rencontres : avec Jean-Paul Demoule autour de son
livre On a retrouvé l’histoire de France, Comment l’archéologie raconte notre passé (Laffont) le 22 juin à
19h à la librairie Harmonia Mundi (Arles)
avec François Mouteyres pour son ouvrage Dédée. Un
secret de famille, un destin français le 23 juin dès 17h
à la librairie Parado Paradis (Marseille)
avec Frédéric Forte pour l’ensemble de son œuvre le
21 juin à la librairie La Carline (Forcalquier)
avec Annie Malochet pour ses ouvrages parus chez
Edilivres le 22 juin dès 17h30 à la librairie Parado Paradis
(Marseille)
avec Anthony Pastor pour son nouveau roman graphique Castilla Drive (Actes Sud) le 23 juin à 16h à la
librairie La Réserve à bulles (Marseille)
avec Richard Carta pour son livre Le jour du safran
(Jeanne Laffitte) le 23 juin à la librairie Maupetit
(Marseille)
avec Arno Bertina (écrivain en résidence à La Marelle)
et Sébastien Sindeu (photographe) pour leur ouvrage
Detroits (Le Bec en l’air). Les photographies présentes
dans le livre seront exposées à la Librairie Apostille le
28 juin à 18h à la librairie Apostille (Marseille)
avec Jean-Marie Blas de Roblès autour de son œuvre,
accompagné de Laure Leroy, directrice des éditions
Zulma le 28 juin dès 19h à la librairie Charlemagne
(Hyères)
avec Michel Szans pour son dernier ouvrage Pauvre
Richard (L’Ecailler) et Jean-Luc Luciani pour son polar
Un léger bruit dans le moteur (L’Ecailler) le 30 juin dès
17h à la librairie Apostille (Marseille)
avec Raphaële Frier qui propose une lecture d’extraits
de ses deux nouveaux romans Je veux un python pour mon
anniversaire (Rue du monde) et Vol plané (Thierry Magnier)
le 30 juin à 11h à la librairie Maupetit (Marseille)
avec Nicolas Céleguègue pour son livre Je prépare le
BAFA : brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Dunod) le 30 juin dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille)
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AU PROGRAMME
54 RENCONTRES
Maurice Bonnard ; les rencontres sont ouvertes à tous
les
professionnels,
inscription
sur
avignon2012.regionpaca.fr).
-Table ronde sur l’Économie sociale et solidaire :
expériences et repères, le 10 juillet de 14h à 17h.
-Table ronde sur la Création en milieu pénitentiaire : un
engagement pour l’artiste, une prise d’indépendance
pour le détenu ?, le 11 juillet de 10h à 13h.
-Table ronde sur les Démarches artistiques et aménagement du territoire : quelles géographies partagées ?,
le 12 juillet de 10h à 13h ; Table ronde sur Comment
refonder la formation artistique et technique à l’heure
du numérique ?, le 12 juillet de 14h30 à 17h.
-Marathon lecture en partenariat avec le théâtre des
Doms, le 13 juillet de 10h30 à 19h aux Doms.
-Rencontre artistique autour de Rroms-rromani, mis
en scène par Xavier Marchand, le 14 juillet de 10h à
12h.
BARGÈME/TRIGANCE
Le Souffle des arts – 06 50 18 51 55
Arts en Artuby : sur le territoire de l’Artuby, les villages
Bargème et Trigance proposent festivals de musique
baroque et de théâtre.
À Bargème : exposition des peintures d’André Chevalard et pièces uniques de créateurs, Les Couleurs du
vent, jusqu’au 30 septembre à La Maison de Gaston ;
marché potier, exposition dans les rues du village, le
24 juin ; Peintres et sculpteurs dans le village, exposition dans les rues, le 29 juillet de 10h à 20h ;
XXVIIIe festival de Musique ancienne et baroque, du
28 juillet au 25 août à l’église de Bargème.
À Trigance : exposition des peinture de Robert Biagoli,
du 20 juillet au 10 août à la salle culturelle ; conférence de Michel Frelat, Des primitifs africains au
primitivisme dans l’art, le 4 août à 11h ; Ça va, pièce
de JC Grumberg, le 5 août à 20h ; récital de piano
Joël Holoubeck, le 9 août à 20h, à l’Espace culturel
Artuby Verdon ; exposition des peintures de Robert
Patier, du 20 juillet au 20 août à la Commanderie de
Saint-Maynes ; exposition des peinture de Juliette
Meize, Couples, jusqu’au 17 septembre à la galerie
Mélusine ; été théâtral de Trigance, du 13 juillet au 10
août.
BARJOLS
Editions Plaine Page – 04 94 72 54 81
4e édition des Eauditives, festival Eau & Poésie : résidence d’écriture, installations éphémères, performances,
conférences, édition, ateliers… Jusqu’au 24 juin.
BRIGNOLES
Le Bazar du Lézard – 06 71 58 73 76
Exposition des photos d’Arnaud Forestier et Guy
Thouvignon, jusqu’au 14 juillet.
CANNES
Palais des festivals et des congrès – 04 93 39 01 01
Festival d’art pyrotechnique : concours qui voit s’opposer des artificiers italiens, chinois, espagnols,
français et allemands, les 14, 21 et 29 juillet, et 7, 15
et 24 août, à 22h dans la Baie de Cannes, le dernier
jour étant celui où sera rendu le palmarès avec un feu
hors compétition des artificiers argentins.
CHÂTEAUNEUF-LES-MARTIGUES
Médiathèque municipale- 04 42 09 22 83
Le laboratoire de bande dessinée : exposition interactive pour apprendre les différentes étapes de la
création d’une BD autour de l’album La Carotte aux
étoiles de Régis Lejonc, Thierry Murat et Riff Reb’s (La
Gouttière). Du 4 juillet au 25 août.
MANOSQUE
Centre Jean Giono – 04 92 70 54 54
Exposition Giono et le cinéma, jusqu’au 30 sept à
l’Eglise Notre Dame de Romigier.
MARSEILLE
Région – 04 91 57 52 11
Exposition Printemps arabe, jusqu’au 28 juin.
BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00
Exposition Press Play Pixellissime 2012 qui expose les
relations complexes et passionnées entre le jeu vidéo
et le cinéma, du 30 mai au 30 juin
Conférence sur ITER : enjeux et perspectives par M.
Arnoux, le 26 juin à 17h.
ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00
À l’occasion du Forum mondial de l’eau, exposition
Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59
Les Mots à l’air : lecture (en partenariat avec Les Bernardines) de et par Florence Pazzottu, poète et
vidéaste, le 25 juin à 19h30 plage des Légionnaires.
Une rencontre dédicace avec l’auteur aura lieu le
même jour à la librairie Le Lièvre de Mars à 16h30.
Tous&Go – www.tousego.fr
3e Marche pour l’égalité le 7 juillet, départ à 15h30
du Parc du 26e centenaire.
Au programme du Festival de la Marche pour l’égalité :
-en partenariat avec le Festival de Marseille, ouverture
les 9, 10 et 11 juin avec les interventions urbaines
chorégraphiques de Sidi Larbi Cherkaoui, Tezuka, le
15 juin avec Al Menos dos Caras de la cie Sharon
Fridman, et le 4 juillet avec Walking next to our shoes
de Robyn Orlin
- projection du film de Doran Eran, Melting away, au
cinéma Les Variétés en présence du réalisateur et du
scénariste, le 19 juin à 20h30
-soirée Saint Tropez aux 3G, à partir de 19h le 23 juin
-rencontre Transidentité : enjeux sociaux, politiques et
médiatiques animée par Agnès Freschel : états des
lieux proposé par Delphine Philbert, auteur de Devenir
celle que je suis-Témoignage sur la transidentité (Max
Milo), et Carine Espineira, de l’Observatoire des
transidentités, auteur de La transidentité de l’espace
médiatique à l’espace public (éd L’Harmattan 2008), le
29 juin à 18h30 au CRDP
-avant-première du film de Xavier Dolan, Laurence
Anyways, le 29 juin à 21h au cinéma Les Variétés
-rencontre Islam, homophobie et laïcité avec LudovicMohamed Zaned autour de son ouvrage Le Coran et la
chair (Max Milo), le 5 juillet à 18h30 au CRDP
-Le 6 juillet rencontre-diner enChanté : à 18h30
rencontre avec Caroline Fourest, L’égalité est-elle
communautariste ?, suivie, à 21h, d’un diner mené par
les Brigades Amateurs ponctué d’intermèdes musicaux
du Trio Intermezzo.
-Océanerosemarie joue son spectacle La Lesbienne
invisible au théâtre Le Paris à Avignon, un bus est
affrété, départ de Marseille à 19h le 20 juillet.
-en partenariat avec le Festival Jazz des 5 continents,
concert Robin Mckelle & The Flytones, guest Gregory
Porter, le 23 juillet à 21h45 au Silo.
Association P’Silo – 04 91 50 18 90
12e édition du Festival international de vidéo expérimentale Images contre nature, du 10 au 14 juillet au
Théâtre des Chartreux ; exposition d’Alexis Yebra, du
21 juin au 21 juillet à la Galerie Paradis ; installation
vidéo de Inès Wickmann, Temps bleu, du 27 juin au 13
juillet à Art\Positions ; installation vidéo de Samuel
Bester & Sophie-Charlotte Gautier, La Machine, du 7
juillet au 25 août à l’espaceculture.
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LES BAUX-DE-PROVENCE
Carrières de lumières – 04 90 54 55 56
Dans le cadre du Festival A-Part les Carrières de lumière programment 7 soirées qui marient musiques
électroniques, images numériques, lumières virtuelles,
vidéos… Soirée d’ouverture le 5 juillet, soirée Light &
Soul le 12, Nuits Pixels Power les 19, 20 et 21, carte
blanche à Michèle et Jimmy Roze le 26 et soirée de
clôture en forme de bouquet final avec une
compilation en images le 31.
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LAURIS
Bibliothèque municipale – 06 71 40 10 89
Les nocturnes de Lauris sur le thème Jazz, polar et
cinéma avec C. Mesplède, S. Deshors, M. Villard, P.
Dessaint, Mako… Rencontres, ateliers d’écriture… Du
18 au 21 juillet.
Les territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau en
Méditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA.
Jusqu’au 13 juillet.
55
Association Marseille Autrement – 04 91 71 17 78
Balade historique commentée De la Canebière au bd
National, par François Hervé, le 23 juin de 10h à 12h
(rendez-vous devant le monument des Mobiles).
Fotokino – 09 81 65 26 44
Tout et Rien : exposition des œuvres du dessinateur
Benoît Bonnemaison-Fitte, jusqu’au 21 juillet.
Galerie Montgrand – 04 91 33 11 99
Voyante du passé. Cryptage : exposition d’Ilana Salama
Ortar, artiste en résidence à l’ESADMM, jusqu’au 30
juin.
Auditorium de la Caisse d’Epargne – 04 91 57 26 49
Conférences d’initiation L’art en France par Jean-Noël
Bret : L’art français IX : depuis 1945, le 21 juin à 18h.
MARTIGUES
Musée Ziem – 04 42 41 39 60
Exposition De Ziem à Dufy, acquisitions et restaurations récentes, du 4 juillet au 23 sept ; Déjeuner au
musée : repas convivial après la découverte le
commentaire détaillé d’une œuvre, le 6 juillet à
12h15 ; Stages d’été pour les enfants, du 9 au 13
juillet de 10h à 12h et du 6 au 10 août de 10h à 12h.
SAINT-CHAMAS
Chapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54
Exposition de peintures d’Yvette Poussel-Celse et de
dessins de Georges Rinaudo, jusqu’au 31 juillet.
VISAN
Médiathèque municipale – 04 90 41 96 31
Ateliers de création littéraire animés par Ricardo
Montserrat, écrivain, scénariste et dramaturge, les 22
et le 29 juin de 20h à 23h.
CONCOURS
Trois gares pour une utopie de proximité : dans le
cadre du programme Quartiers créatifs porté par
Marseille Provence 2013, l’Institut de design Civic City
et la FAI AR proposent ce workshop pluridisciplinaire
de 3 semaines en design et mise en scène de l’espace
public coordonné par Ruedi Baur : le projet doit
parvenir à se placer dans une utopie élargie autour
de ce que pourrait être une gare au XXIe siècle. Le
chantier se déroulera du 27 août au 16 septembre,
ouvert à tous les professionnels issus du monde du
design et du spectacle vivant. Dossier de candidature
à renvoyer avant le 29 juin par mail
([email protected]) ET voie postale (FAI AR,
Chantier Européen des Arts de la Rue, 225 avenue des
Aygalades, 13015 Marseille).
04 91 69 74 67
www.faiar.org
AU PROGRAMME
FORCALQUIER
Artgo et Cie – 04 92 73 06 75
Les Rencontres littéraires en Haute-Provence sont
consacrées cette année à Michel Butor. L’auteur sera
présent pour deux expositions et une rencontre
public :
-Exposition avec des œuvres de Christian Dotremont,
Pierre Alechinsky, Jean-Luc Parent, Anne-Marie
Pécheur, Jean-Michel Alberola et des livres d’artistes
de Michel Butor, en collaboration avec le Centre du
livre d’artiste de Lucinges (Savoie), du 6 juillet au 26
août au Centre d’art contemporain Boris Bojnev
-Exposition Au coin de la rue de l’Enfer avec les
2ditions de la Différence et Michel Butor, éditions
originales par Alechinsky, Charewicz, Dufour, Jiri
Kolar, Parant, Barcelo… à Saint-Etienne-les-Orgues,
du 7 au 29 juillet
-Rencontre publique autour de Michel Butor avec des
écrivains venus de France, d’Allemagne, de Suisse, de
Belgique et du Portugal, dans les Jardins du Couvent
des Cordeliers, le 8 juillet de 10h à 19h ; journée
clôturée par un concert de Raphaël Imbert et ses
musiciens.
RENCONTRES
56 ARTS VISUELS AU PROGRAMME
Voyons voir
Depuis 2007 Voyons Voir conçoit des manifestations d’art contemporain
sur le territoire provençal et d’Aix en particulier avec des créations
spécifiques pour chaque édition. Clément Bagot, Guillaume Gattier,
Pierre Labat sont au Domaine de Saint Ser ; Jérémie Delhome, Iveta
Duskova, Sandra Lorenzi, Emilie Perotto au Château Grand Boise ;
Denis Brun au Jardin des Cinq Sens. Itinéraires de visite sur le site de
l’association. C.L.
Rien comme quelque chose se produit quelque part
jusqu’au 31 octobre
Puyloubier, Trets, St Marc Jaumegarde
www.voyonsvoir.org
Au Jardin des 5 Sens,
St Marc Jaumegarde-Denis Brun,
The happy house
and the lightning tree,
2012 © X-D.R
Sculpture en balade
Dans le Lubéron Sculpture en balade organise depuis plusieurs années
des parcours de découverte de sculpture contemporaine. Déployées dans
les espaces ouverts et patrimoniaux les œuvres souvent monumentales
favorisent la rencontre du grand public avec les artistes,
leurs techniques et leurs démarches singulières.
Attention les vernissages ont lieu en décalé. C.L.
Barbentane du 29 juin au 1er juillet
Grambois du 20 au 22 juillet
Lauris du 17 au 19 août
www.sculpture-balade.com
Pascal Valence, Loft, sculpture inox, 2.50x2x1m, 2011 © Christian Aujard
Peintres arméniens
La maison/musée Edgar Mélik accueille ses compatriotes, d’Edgar Chahine à Arshile Gorky,
pour composer un panorama de la peinture arménienne du XIX au XXe siècle.
De la tradition du paysage à l’abstraction, une part belle est donnée particulièrement aux artistes
qui comme Carzou ou Mélik ont trouvé en France un accueil et parfois le succès pour leur art. C.L.
Les Peintres arméniens des XIX et XX siècles
jusqu’au 30 sept
Musée Edgar Mélik, Cabriès
04 42 22 42 81
www.musee-melik.fr
Sarkis Hamalbachian, Carrefour caucasien,
Huile sur toile 80x120cm-2005 © X-D.R
Punta Lobos, Baha Sur, Mexico 2008 © John Mack
John Mack
Pour sa première exposition en France, John Mack donne à voir son
Mexique où il vit depuis dix ans. Muni d’un Leica et travaillant
principalement en noir et blanc, il a exploré ce pays en tous sens portant
un regard à la fois documentaire et poétique. Ses clichés traduisent une
esthétique du dépouillement et du silence, s’imprègnent d’une rêverie
particulière qui se superpose à l’âpreté de la vie et des territoires pour
renvoyer aux origines du continent américain. C.L.
Mexique : la révélation d’une terre
jusqu’au 28 juillet
Galerie Hélène Detaille, Marseille
04 91 53 43 46
www.galeriedetaille.com
58 ARTS VISUELS AU PROGRAMME
A-Part
Plus de 50 propositions d’artistes émaillent les Alpilles à l’occasion
du festival nomade. Installations, commandes, expositions, résidences
forment ce parcours en 10 communes et 9 sections (céramique
contemporaine, Street Artist, Mexico 2012…), chacune dédiée à un champ
artistique précis. Parmi les escales, ne pas rater les «discussions
animées» qui grattent là où ça démange et, dans un tout autre genre,
la création Incontr con de Claudio Parmiggiani à l’abbaye de Pierredon,
entre terre et ciel. M.G.-G.
3e Festival international d’art contemporain Alpilles Provence
du 5 au 31 juillet
www.festival-apart.com
Miguel Chevalie, Power Pixels 2012 Festival a-part, Carrières de Lumières , Les Baux-de-Provence
Musiques : Jacopo Baboni Schilingi / Michel Redolfi Logiciels : Cyrille Henry / Claude Micheli
© Miguel Chevalier
S.P.H.
En Avignon, durant dix ans, le dessin d’humour s’est exposé lors du Festival. À partir du fonds
constitué de nombreux dessins et archives conservés au musée Calvet, l’exposition du musée
Vouland retrace cette chronique particulière des années 1967 à 1976 et la fondation par Desclozeaux
de la Société Protectrice de l’Humour. Une œuvre salutaire représentée par les créations originales
du fondateur et bien des complices : Chaval, Bosc, Folon, Gourmelin, Reiser, Savignac, Sempé ou
encore Topor… C.L.
Société Protectrice de l’Humour-S.P.H.
du 23 juin au 28 oct
Musée Louis Vouland, Avignon
04 90 86 03 79
www.vouland.com
Mother and child, Sigalit Landau, 2010, Bicyclettes et sel de la mer morte,
courtesy the artist and Kamel Mennour, Paris © Sigalit Landau-Charles Duprat
Desclozeaux, Le porte-plume carotte © F. Lepeltier
Se souvenir de la mer
Entre mémoire et imaginaire, onirisme et réalité, les artistes invités au Château s’en donnent à
cœur joie pour évoquer la mer dans tous ses états : créatures sous-marines, animaux vivants
ou fantasmés, coutumes et usages, risques écologiques… Tout est passé à la loupe des
créateurs tels Sigalit Landau, Olivier Millagou, Bartolani & Caillol, Sarkis, Boris
Chouvellon… 30 artistes confrontent leurs œuvres (photographie et vidéo plus
particulièrement) à l’environnement naturel et patrimonial du magnifique Domaine
départemental. M.G.-G.
du 23 juin au 31 octobre
Château d’Avignon, Les Saintes-Maries-de-la-Mer
04 13 31 94 54
www.culture-13.fr
© Hans Silvester
Enfances
Les enfants du monde sont l’objet de toutes les attentions
photographiques à travers les regards de Sabine Weiss,
Hans Silvester, Jean-François Mutzig et Jean Barak.
Initiative conjointe de Clichés de l’aventure et Photographes d’Ailleurs et
d’ici avec la Médiathèque Louis Aragon où l’on pourra rencontrer
les photographes le 23 juin à 15h, puis vernissage-concert salle de
l’Aigalier à 19h. C.L.
du 20 juin au 1er septembre
Salle de l’Aigalier, Martigues
04 42 07 35 10
ARTS VISUELS 59
Traces # 3
La trace, sous toutes ses formes et sous tous les continents, rassemble 6 artistes
aux Chantiers de la Lune. Chiffres ou caractères chinois comme des indices chez Wei Fei ;
habiles coulures noires dans le travail de Wang Qin ; traces coulantes et bilieuses
des personnages de Gilles Breil ; éphémères sur les corps des habitants de l’Omo
photographiés par Hans Silvester ; miroir du corps féminin et de l’impact de sa présence
pour la canadienne Krista Smith ou encore empreintes-symboles de Fodé Camara,
reflets d’une société asservie. M.G.-G.
du 2 juin au 28 juillet
Les Chantiers de la Lune, La Seyne-sur-Mer
04 94 06 49 26
www.leschantiersdelalune.com
Rose © Krista Smith
Nils Udo
La nature est le thème de vie du plasticien allemand, qui la célèbre dans les photographies
d’installations réalisées à partir de matériaux collectés in situ. Une manière d’évoquer pour
l’éternité ses «nids», ses «autels», ses «maisons d’eau» avant de les laisser subir l’érosion du
temps. Éphémères, mais pas vraiment, ses œuvres viennent nourrir ses peintures (jeux de
silhouettes et d’ombres, de reflets et de lignes) et ses encres de chine (il ressuscite «le génie
des lieux» dans la calligraphie). Campredon complète ce tour d’horizon de films sur ses projets
monumentaux. M.G.-G.
Nature (élément)
du 30 juin au 7 octobre
Centre d’art Campredon,
Isle-sur-la-Sorgue
04 30 38 17 41
www.islesurlasorgue.fr/campredon.html
© Nils Udo, Sans titre – Tournesols, baies d’obier…,
Donauried, Baviere, Allemagne, 1993 – 124 x 124 cm
Sébastien Cordoléani
Cuirs, Rubis, Strates, Pattern… invité par Le Moulin, le designer français, installé à Barcelone,
présente trois projets autour du travail innovant du cuir : 3 assises autour de 3 matières et 3
degrés d’innovation. À l’occasion de cette carte blanche, le lauréat de la Design Parade 2007 lève
le voile sur son processus de création incluant des projets aboutis ou non, des impasses, des
projets en suspens… M.G.-G.
Assises, Exercices de style
du 26 juin au 16 sept
Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var
04 94 23 36 49
www.lavalette83.fr
Morgane Le Gall, commande de Maison Française,
stylisme photo Anne Prud'Homme 2011 © Morgane Le Gall
Sébastien Cordoléani, Strates, fauteuil © Sébastien Cordoléani
Design Parade 7
Ils sont 10 jeunes designers internationaux à concourir pour le prix Design
Parade. L’événement aurait pu rester confidentiel, sauf que la Villa
Noailles organise à cette occasion des expositions conçues comme une
vitrine de la création contemporaine dans le domaine du design (projets
produits lors de workshops d’étudiants au Cirva, sélection d’objets édités
par Lidewije Edelkoort, photographies de Morgane Le Gall…), des
conférences, des rencontres et un marché d’antiquités du 20e siècle. M.G.-G.
festival les 29 juin et 1er juillet
expositions du 30 juin au 30 sept
Centre d’art Villa Noailles, Hyères
04 98 08 01 98
www.villanoailles-hyeres.com
60
CINÉMA
LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE
Ciné Tilt
La
Buzine
Soirée surprise
Le 17 juin à partir de 14h, Marius d’Alexander
O'Brother des freres Coen
Dans le cadre de sa 17ème édition Ciné Tilt propose
26 soirées de projections dans 8 lieux de Marseille ! Toutes les projections ont lieu à la tombée
de la nuit. Animaux et Cie de Reinhard Klooss et
Holger Tappe ; Le discours d’un roi de Tom Hooper ;
Billy Elliot de Stephen Daldry ; L’apprenti-sorcier
de John Turteltaub ; O’Brother des frères Coen ;
Moi moche et méchant de Pierre Coffin et Chris
Renaud.
Korda ; Fanny de Marc Allégret et César de Marcel Pagnol.
Le 24 juin à 14h, La Maman et la putain de Jean
Eustache, Prix Spécial du Jury Cannes 1973 ; avec
Bernadette Lafont, Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun.
Puis, le 30 juin à partir de 20h, première projection
plein air dans le Parc du Château : Ciné Piquenique. Six courts-métrages sur le thème de l’été:
La Carte de Stéfan Le Lay ; Miramare de Michaela Müller ; Nouvelle Vague de Simon Dronet ;
Bottle de Kirsten Lepore ; Time to relax de Bard
Ivar Engelsas et l’excellent Le Marin masqué de
Sophie Letourneur.
La Buzine, Marseille 12ème
04 91 45 27 60
www.chateaudelabuzine.com
Prix du Jury du Festival de Cannes 2012
Le 22 juin à 20h30, le cinéma 3 Casino à Gardanne propose une soirée «surprise» : projection du
prix du Jury du festival de Cannes 2012, suivie
d’un verre de l’amitié.
04 42 51 44 93
www.cinema-gardanne.fr
Jusqu’au 18 août
04 91 91 07 99
www.cinetilt.org
Couleur
de peau : miel
Les Classiques
de l’été
Jusqu’au 27 juillet, l’Institut de l’Image à Aix
propose Les Classiques de l’été.
Lame de fond de Vincente Minnelli ; Si Paris l’avait su, un des premiers films de Terence Fisher ;
French Cancan de Renoir ; Attaque ! de Robert
Aldrich ; L’Assassin et Les Jours comptés d’Elio
Petri ; Sandra de Visconti ; Trois femmes d’Altman ; Comédie Érotique d’une nuit d’été de
Woody Allen ; Go Go Tales d’Abel Ferrara.
Rendez-vous avec Marilyn dans Troublez-moi ce
soir de Roy Ward Baker et Bus Stop de Joshua
Logan.
Institut de l’Image
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Sandra de Viscontia
La Maman et la putain de Jean Eustache
Ce
qui nous arrive
Le 20 juin à 18h45 à la Friche, dans le cadre du
Le 22 juin à 20h, au cinéma Les Variétés, en
partenariat avec la Région Paca et la librairie La
réserve à Bulles, projection de Couleur de peau :
miel, récit autobiographique d’animation, en
présence du réalisateur Laurent Boileau, de
Michel Cortey et Christophe Devaux de la station
animation d’Arles.
www.cinemetroart.com/cinema_marseille
Colloque national sur la création artistique pour
les publics sous main de justice, Lieux Fictifs
propose la projection de Ce qui nous arrive de
Caroline Caccavale, réalisé avec des personnes
détenues de la prison des Baumettes ; mise en
jeu et en écriture de Jeanne Poitevin et Maxime
Carasso de la Cie Alzhar.
Lieux Fictifs
04 95 04 96 37
www.lieuxfictifs.org
Benda
Bilili !
Le 21 juin à partir de 19h, au Jardin des Aurès
dans le 15ème, en partenariat avec Accueil &
Rencontres, Peuple et Culture propose Benda
Bilili ! de Renaud Barret et Florent de La Tullaye,
présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2010.
Peuple et Culture, Marseille
04 91 24 89 71
www.peuple-culture-marseille.org
Benda Bilili ! de Renaud Barret et Florent de La Tullaye
Couleur de peau miel de Laurent Boileau
Écrans sous
les
étoiles
À partir du 26 juin, l’Alhambra Cinémarseille, en
partenariat avec la Mairie de secteur, propose à la
tombée de la nuit dans différents lieux des 15ème et
16ème arrondissements, des séances de cinéma
en plein air : Une Vie de chat d’Alain Gagnol et
Jean-Loup Felicioli : Kung Fu Panda 2 de Jennifer Yuh ; Astérix et Obélix : mission Cléopâtre
d’Alain Chabat ; La première étoile de Lucien
Jean-Baptiste ; The green Hornet de Michel
Gondry ; Horton de Jimmy Hayward.
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Juin
au jardin
Festival d’Espigoule
Le 27 juin à 21h30, la Bibliothèque départementale Gaston-Defferre propose en partenariat
avec Tilt, dans le jardin de lecture, Poussière
d’Ange d’Edouard Niermans, avec Bernard
Giraudeau, Fanny Cottençon, Fanny Bastien.
Le 6 juillet ce sera L’Ultime razzia de Stanley
Kubrick, avec Sterling Hayden et Coleen Gray.
ABD Gaston Defferre
04 13 31 82 00
http://www.biblio13.fr
Faîtes le mur de Banksy
Les 6 et 7 juillet, à Ginasservis, le Festival d’Espigoule, organisé par Sans Tambours Ni Trompettes
déploie pour la dernière fois sa convivialité estivale
et populaire : concerts, exposition, projection de
courts-métrages et le 7 juillet à 22h30, Faites le
Mur de Banksy, un documentaire sur le street art.
http://festival-espigoule.over-blog.com
Les Toiles de mer
Cinépage
Le 28 juin à 20h, Cinépage, en partenariat avec le
Cinéma Pathé Madeleine, propose She Hate me
de Spike Lee avec Anthony Mackie, Kerry
Washington, Ellen Barkin, John Turturro,
Monica Bellucci, Jim Brown.
04 91 85 07 17
www.cinepage.com
Les femmes du 6eme étage de Philippe Le Guay
Poussiere d’Ange d’Edouard Niermans
Le 11 juillet vers 22h à l’espace Mistral, l’Alhambra Cinémarseille en partenariat avec le Comité
des Fêtes et le Centre social de l’Estaque,
présente Les femmes du 6ème étage de Philippe Le
Guay avec Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain.
Alhambra Cinémarseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
She Hate me de Spike Lee
Court», ArtCourtVideo propose une soirée de
projection consacrée aux court-métrages d’animation au cinéma Actes Sud à Arles.
04 90 93 33 29
www.artcourtvideo.com
Ciné
Silvain
Le 2 juillet, à la tombée de la nuit, Ciné Silvain (voir
p. 17) propose Le Voyage en Arménie de Robert
Guédiguian avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan,
Simon Abkarian ; le 16 juillet, ce sera Indigènes
de Rachid Bouchareb avec Jamel Debbouze,
Samy Naceri, Roschdy Zem.
Théâtre Silvain, Marseille
www.capsur2013.fr
La momie de Shadi Abdel Salam
Aflam
Un
Jeudi
Tout
Court
Le 28 juin à 20h, dans le cadre de «Un Jeudi Tout
Le 13 juillet à la tombée de la nuit, au Théâtre
Silvain, Aflam, en partenariat avec l’Egyptian Film
Center et le Bureau Culturel de l’Ambassade
propose La momie de Shadi Abdel Salam.
04 91 47 73 94
www.aflam.fr
62 CINÉMA CANNES
Marathon à CANNES
Alors que s’achève le Festival de Cannes et que
tout le monde attend le palmarès, une longue file
d’attente s’étale, tôt le matin, devant la salle du
Miramar. 360 enseignants et étudiants qui s’apprêtent pour un marathon cinéphilique : 30 heures
de films non stop, 12 longs métrages et 3 courts,
issus de toutes les sections du festival, choisis
minutieusement par la commission Cinécole, six
enseignants de l’Académie de Nice, coorganisatrice avec Cannes-Cinéma de cette manifestation
qui rencontre chaque année le même succès.
Ces programmateurs étaient particulièrement en
phase avec les jurys officiels puisque 8 des films
qu’ils avaient sélectionnés ont été primés ! La
Palme d’Or pour le film de Haneke, le Prix du Jury
pour La Part des Anges de Ken Loach ; le Prix
d’Interprétation Masculine pour Mads Mikkelsen,
dans La Chasse de Thomas Vinterberg ; La Caméra d’Or et le prix Un Certain Regard pour le
premier long métrage de Benh Zeitlin, une sorte
de conte philosophique en Louisiane, Les Bêtes
du Sud sauvage, dans lequel Quvenzhané Wallis,
une fillette, crève l’écran ; le Prix Fipresci des
sections parallèles pour le premier long de Rachid Djaïdani, Rengaine, sur les relations inter
communautaires ; le prix de la SACD pour Les
Voisins de Dieu, premier film de Meni Yaesh qui
plonge dans l’intégrisme religieux
en Israël ; l’Art Cinema Award pour
No ! de Pablo Larraín ; la Queer
Palm du court métrage pour Ce
n’est pas un film de cow-boys de
Benjamin Parent.
L’autre palmarès
ment en fût. On suit Robbie (Paul Brannigan) un
jeune futur père, quelque peu délinquant, de la
banlieue de Glasgow, condamné à 300 heures de
travaux d’intérêt collectif : une
chance pour lui qui n’en a pas eu
beaucoup dans la vie car un éducateur au grand cœur spécialiste de
whisky va l’initier à la dégustation et
Robbie a un excellent nez ! Il est
bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles et les
plus chères. Avec trois autres malchanceux de la société, ils vont ainsi
visiter une distillerie, participer à
une dégustation, assister à une
vente aux enchères en kilt ! au
milieu des riches habitués et… allez
voir la suite ! Ken Loach et son fidèle scénariste Paul Laverty nous
font vibrer devant les aventures de
ces pieds nickelés ; on rit aux gags
et aux bons mots de cette tendre comédie sociale à la morale de Robin
La part des anges de Ken Loach
des bois.
C’est ensuite le dernier Ken Loach, la Part des
Juste avant, c’est le Prix Écrans Junior qui a été
anges, qui a séduit le public. «La part des anges» proposé : Ombline qu’a réalisé Stéphane Cazes,
est une expression qui désigne les 2 % d’alcool
à partir d’histoires entendues en prison. Ombline
qui s’évaporent dans l’air pendant le vieillisse- est une jeune fem-me qui donne naissance à
Lucas qu’elle apprend à élever en prison. Séparée
de son fils, placé en famille d’accueil à 18 mois
selon la loi, elle se (dé)bat, femme abîmée par la
vie parmi les autres dans l’espoir d’en récupérer
la garde à sa sortie de prison… Malgré une fin trop
appuyée, le film offre de beaux portraits de
femmes, surtout grâce au jeu intense de Mélanie
Thierry (César du Meilleur Espoir Féminin 2010).
Cette trentième édition de Cinécole s’est achevée
avec Amour, mais dans la douleur, avec le
superbe et éprouvant film de Haneke, palme d’or
d’un autre palmarès au tapis rouge.
Broken de Rufus Norris
Après une nuit blanche et pleine, les
cinécoliens ont attribué leur coup de
cœur à Broken, premier film de
Rufus Norris, metteur en scène de
théâtre britannique, adapté d’un
roman de Daniel Clay, qui avait fait
l’ouverture de la 51ème Semaine de
la Critique. Dans un quartier populaire,
une jeune adolescente, diabétique,
Skunk Cunningham (magistralement interprétée parEloïse Laurence),
élevée par son père (Tim Roth) est
confrontée à la dureté de la vie,
étant témoin d’un acte de violence injuste qui va
entraîner les voisins du quartier dans un terrible
engrenage de malen-tendus et de mensonges.
Tous les personnages de Rufus Norris ont des
fêlures dont certains ne se remettront pas.
Alternant scènes de tendresse et de violence,
Broken est un film au noir sur les illusions
perdues.
Autre film fort apprécié et grave, La Chasse de
Thomas Vinterberg, réalisateur de Festen, qui
suit le parcours de Lucas (le Danois Mads Mikkelsen qui a bien mérité son prix !) travaillant dans
un jardin d’enfants, accusé à tort de pédophilie.
Immédiatement mis au ban de la communauté,
il lutte pour faire reconnaître la vérité mais aussi
pour montrer qu’il reste digne face au groupe et à
ses attaques. Une mise en scène tendue, sans
La chasse de Thomas Vinterberg
faille, pour ce film qui parle de la fin de l’innocence et fait mentir l’adage : «La vérité sort de la
bouche des enfants.»
ANNIE GAVA
QUINZAINE | CINÉMA CHINOIS
CINÉMA
63
Top treize à l’Alhambra
No de Pablo Larrain
Si tu ne vas pas à Cannes, Cannes vient à toi ! À
l’Alhambra bien sûr, où, depuis 2005, treize des
films de la Quinzaine des Réalisateurs, vivier du
cinéma d’auteurs, sont projetés, trois jours à peine
après la clôture du festival cannois. Le 29 mai,
Edouard Waintrop, nouveau délégué général de
la Quinzaine et William Benedetto, directeur du
cinéma de St Henri, ont ouvert le programme par
un Adieu, celui des frères Podalydès à Berthe, la
mémé de leur comédie aux jeux de mots pataphysiques, aux tours de passe-passe tirés d’une
malle de magicien, variations métaphoriques de
la disparition qui s’essoufflent quelque peu en se
déclinant.
La suite a réservé d’excellentes surprises. Camille redouble (prix SACD 2012) l’émouvante fable de
et avec Noémie Llovsky, version française du
Peggy Sue got married de Coppola, en moins
«rose» et beaucoup plus drôle, qui pose avec sensibilité et justesse la vaine mais inévitable question
de la maturité : et si c’était à refaire ?
Subversion des codes, décalages, dérapages très
contrôlés, la comédie triomphe aussi dans le cynique et «so british» Sightseers de Ben Wheatley
où on suit, ravis, l’itinéraire meurtrier de Chris et
Tina durant leurs premières vacances en amoureux. Une Bonnie et un Clyde en K-way et jogging
mou, qui traversent dans leur caravane une
nature idyllique tout en massacrant au passage,
sans état d’âme, entre musées et campings, les
gêneurs qu’ils croisent.
Belle découverte encore que No de Pablo Larraìn,
ultime volet iconoclaste d’une trilogie sur la dictature chilienne, récompensé par le Art Cinema
Award, qui reconstitue la campagne électorale
des partisans du non au référendum de 1988
imposé par les autorités internationales pour la
réélection de Pinochet. Tourné avec une caméra
de 1983 dans un format 4/3, le film retrouve le
style visuel de l’époque intégrant les archives à la
fiction. Gael Garcia Bernal y incarne un jeune
publicitaire de talent revenu d’exil, peu politisé, qui
va «vendre» le choix démocratique comme une
lessive ! La communication prévalant sur le contenu, l’efficacité sur l’éthique : «Après tout, le Chili
pense à son avenir» affirme le héros avant chacune de ses présentations. Pinochet perd parce que
le pays a évolué et que la campagne du vieux
dictateur est «ringarde» !
Films légers, grinçants, dérangeants, poignants,
romanesques, la variété de la sélection a même
permis aux grands et petits cinéphiles de fondre
de plaisir en partageant les chamallows, roudoudous, berlingots et guimauves d’Ernest et Célestine,
le conte politico-poétique de Renner, Aubier et
Patar à s’éveiller assis.
ÉLISE PADOVANI
Les films de la Quinzaine des Réalisateurs
ont été présentés à l’Alhambra Cinémarseille
du 29 mai au 5 juin
Vive Mr Shu !
Le Festival du Cinéma Chinois en France, qui se
déroule cette année dans six villes, s’est ouvert à
Marseille au cinéma le Prado avec l’ensemble
musical Xin Yi de musique traditionnelle dirigé
par Wang Guozhen : neuf jeunes femmes ont joué,
à la cithare Guqin, à la flûte de bambou ou au
hautbois, des morceaux aux titres évocateurs de
Cueillir les herbes, Parfums de jasmin, ou Fleurs
épanouies, pleine lune…
Après différentes allocutions qui ont précisé
l’objectif de la manifestation, «faire découvrir des
films inédits en France et promouvoir les échanges entre les deux pays» a été projeté le premier
des 14 films choisis, Ce que pensent les femmes,
une comédie romantique de Chen Daming, remake mou de What women want avec Mel Gibson,
qui n’a d’autre intérêt que d’y pouvoir admirer la
superbe Gong Li, invitée d’honneur du festival. Le
mélodrame de Zhang Yimou, Sous l’aubépine,
permet de découvrir une jeune actrice Zhou
Dongyu incarnant une jeune fille qui, pendant la
révolution culturelle, vit une histoire d’amour
troublée par cette période répressive… une mise
en scène traditionnelle, sinon simpliste.
Plus intéressant le film d’animation, Une fille juive
à Shanghai de Wang Genfa, construit en flash
back successifs, raconte l’histoire d’une petite fille
qui a été emmenée à Shanghai pour échapper
aux nazis. Petite rousse aux superbes yeux bleus,
elle rencontre un jeune Chinois, A-Gen, qui l’aide
à survivre. Leur amitié prend fin quand la guerre
est finie mais lorsqu’elle revient à Shanghai,
soixante ans plus tard elle y retrouve, comme
dans les contes, son ami.
Hello Mr. Shu de Han Jie
Le plus réussi est le film de Han Jie, Hello Mr. Shu.
Dès le premier plan, le ton est donné : un homme
étrange est perché sur un arbre ; Shu en chinois
signifie «arbre». On le reverra ainsi dans des scènes toutes oniriques. Car, comme le disent les
habitants du village minier qui se vide peu à peu
Shu n’est pas «stable» : il a des visions, récurrentes, de son père mort, puis de son frère ; il est
un peu devin, il tombe amoureux d’une jeune
muette qu’il épouse, un vrai fiasco ! Il boit, il se
bat. Il recompose le monde à sa guise. Il est perché sur son arbre… Alternent de superbes plans
des paysages enneigés de la Chine rurale du Nord
Est, de fêtes éclatantes de couleurs jusqu’à ce
plan, rouge, hallucinatoire, des mineurs quittant
le village. Tout n’est-il que rêve ? Il n’est pas
étonnant que ce film ait obtenu le Grand Prix du
jury au festival de Shanghai…
ANNIE GAVA
Le Festival a eu lieu du 7 au 12 juin
au cinéma le Prado, Marseille
64 CINÉMA GRAND REPORTER | CASSOS
Francoise Joly, Alexandra Deniaux, Guilaine Chenu © A.G.
Rendre compte
Gilles Jacquier, Rémi Ochlik, Marie
Calvin : envers ces journalistes occidentaux tombés en couvrant des
conflits, trop d’européens, protégés
par la relative prospérité de leurs
démocraties, éprouvent émotions factices ou méfiance. Cette volonté de
s’exposer n’est-elle pas suspecte ?
Le prix de leurs témoignages n’est-
il pas exorbitant ? La question de la
limite de l’engagement de la presse
était au cœur de la soirée d’hommage aux Grands reportages organisée
à l’Hôtel de Région, le 22 mai, dans
le cadre de l’exposition Printemps
arabe. Michel Vauzelle rappelant le
destin partagé des peuples méditerranéens, a fustigé la tentation du
repli, celle de la désillusion de
«l’après» en Égypte ou en Tunisie,
celle de l’indifférence. Françoise
Joly et Guilaine Chenu, les deux
rédactrices en chef du magazine
Envoyé Spécial sur France 2, ont
expliqué comment les risques s’évaluaient en accord avec les équipes
souvent privées de recul ou d’information cruciales, comment on
renonçait parfois à aller sur le terrain parce que la chaîne ou les
intervenants y voyaient un danger
trop grand mais jamais sous la
pression d’autorités gouvernementales. Elles ont affirmé l’importance
de la présence des reporters pour
recueillir sans les juger, les paroles
d’hommes et de femmes dans leur
complexité et leurs contradictions,
pour capter le dit et le non-dit, pour
considérer tous les points de vue
parce qu’informer ce n’est pas
seulement
transmettre
des
dépêches.
Quatre extraits de reportages «à
hauteur humaine» ont été présentés par des journalistes travaillant
pour l’émission, passionnés par leur
métier et en aucun cas suicidaires.
Lucas Menget a raconté son entrée
clandestine en Lybie, la prise de
Nalout par les insurgés, l’attaque
des forces armées de Kadhafi contre ce lieu stratégique à la frontière
tunisienne et l’aide déterminante
des responsables de la ville pour
Coup d’essai
À Marseille, on connait tous Philippe Carrese, écrivain et réalisateur
de télévision, personnage sympathique et fédérateur. Il a décidé de venir
au cinéma et son premier film, présenté en avant-première le 6 juin au
cinéma Le Prado, sort en salle le 13
juin. Devant une salle pleine le producteur, Thierry Aflalou de Comic
Strip production a présenté le film
en présence de Philippe Carrese et
de «toute l’équipe» et a demandé en
plaisantant qu’on parle de Cassos
s’il nous plaisait et qu’on ne dise
rien dans le cas contraire !
On serait tenté de se taire tant on
admire la ténacité de Carrese à réaliser un film avec un petit budget :
tournage en 11 nuits, entre 6h du soir
et 8h du matin pour simplifier les
raccords lumière, trois appareils
photo-caméras numériques pour
les scènes à l’intérieur d’une voiture,
techniciens et acteurs de sa tribu…
Mais cela suffit-il ? Le scénario, construit en boucle, manque d’originalité :
un assureur (Didier Benureau), hu-
milié et cocufié par sa femme (Agnès
Soral), décide de la faire supprimer,
rencontre un professionnel du crime
(Simon Astier) et devient lui-même
un tueur. Le découpage en saynètes
ralentit le rythme, le personnage de
la femme, tyrannique et hystérique,
est caricatural et les dialogues, parfois drôles, entre le tueur et l’assureur
sont aussi très lourds par moments.
Heureusement, il a de très belles
images de Berre l’Etang, de ses
usines et le 2ème personnage féminin
(Marie Kremer) est touchant.
On espère que le prochain film,
Démons de Dante, sera un coup de
maître !
ANNIE GAVA
Cassos de Philippe Carrese,
sortie le 13 juin
Cassos de Philippe Carrese
sauver son équipe. Alexandra Deniaux nous a embarqués dans un
cercueil flottant avec des harragas
tunisiens. Jeunes garçons qui ne
croient pas à la révolution à laquelle
ils ont participé et veulent profiter du
chaos actuel pour fuir vers les rêves
consuméristes italien ou français.
Vincent Barral quant à lui, a choisi
de parler du harcèlement sexuel en
Égypte où les femmes, qui ont pourtant joué un rôle primordial dans la
chute du régime, n’en finissent pas
de subir les discriminations que des
générations d’hommes frustrés leur
imposent : dialogue de sourds entre
Mohamed Diab, réalisateur du film
Les femmes du bus 678, et un jeune
égyptien justifiant les viols, propos
ahurissants de l’unique femme sexologue médiatisée qui incrimine les
femmes violées à 50 % ! Discours
résigné d’une journaliste en butte au
harcèlement malgré son voile et sa
pudeur. Les dernières images projetées furent celles deGilles Jacquier
tué à Homs en Syrie le 11 janvier
2012, celles de la révolution tunisienne en marche à Kasserine, juste
avant la chute de Ben Ali. Images
d’un monde mu par un espoir toujours
renouvelé, justifiant l’engagement
d’une vie. Edith Bouvier, frêle
trentenaire, rescapée du bombardement du centre de presse de Homs,
très émue, a évoqué le professionnalisme, la gaieté, la gentillesse de
Gilles. Elle a tenu à rappeler que
sans les syriens anonymes qui ont
risqué leur vie pour elle, elle n’aurait
pu être sauvée, que sans les journalistes-amateurs du pays, dotés de
quelques portables et d’une immense bravoure, la presse étrangère ne
pourrait pas travailler. Un poignant
hommage au courage des grands
reporters et à leur désir obstiné de
rendre compte.
ELISE PADOVANI
L’exposition Printemps Arabe
est visible jusqu’au 28 juin
à l’Hôtel de Région, Marseille
04 91 57 52 11
www.regionpaca.fr
IMAGE DE VILLE | LA CIOTAT
CINÉMA 65
Vivre la Ville
Pour clore ses traversées urbaines et comme une
évidence, Le Merlan a laissé carte blanche à
Image de ville, du 3 au 9 juin. Le festival aixois qui
vise à mettre en lumière l’approche sensible de
l’architecture par le cinéma, s’est donc aventuré
dans la cité phocéenne pour proposer des
«histoires d’hier et d’aujourd’hui», trajectoires
individuelles et collectives inscrites dans des lieux
réinventés par la mémoire ou la perception intime
de chacun. Au programme, trois films sur Alger et
une rétrospective commentée par Sofiane
Hadjadj, écrivain et éditeur. Occasion de mieux
connaître le cinéma algérien et d’en découvrir les
nouveaux talents. Khaled Benaïssa (diplômé
d’architecture par ailleurs) orchestrant avec
humour dans son court métrage Sektou le
vacarme d’une capitale exubérante, attachante,
tolérante, ébranlée par les attentats terroristes de
90. Amin Sidi Boumédienne dramatisant dans
Demain, Alger, le temps des choix pour quatre
jeunes banlieusards juste avant les émeutes de
88. Invité par Luc Joulé, Mohamed Lakhdar Tati
est venu présenter son documentaire de 2008
Joue à l’ombre dont le titre reprend l’injonction
faite aux enfants menacés d’insolation. Vérifier
ses souvenirs. Laisser venir le récit urbain entre
torpeur et effervescence, entre ombres et
lumière, d’un quartier à l’autre, sans fil narratif :
portes entrouvertes sur la fraîcheur des maisons
obscures de la casbah, façades XIXème aux
balcons bâchés de draps, cités dégradées des
années 50, surpeuplées, saturées des cris de
gamins investissant l’espace public, vieilles cartes
postales de touristes plaquées sur l’écran dont
Bar centre des autocars de Patrick Zachmann
les textes se substituent en voix off à la rumeur
d’une ville construite par d’autres pour d’autres,
et que les algérois se réapproprient à leur
manière. Deux documentaires enfin sur les
quartiers Nord de Marseille. Le très prometteur
Omégaville d’Anne Alix, en cours de tournage
dans le microcosme du Grand Saint-Barthélémy,
où s’affirme, à travers le portrait de quelques
personnalités-phares, la volonté de considérer les
communautés ici et maintenant. Le poignant Bar
centre des autocars de Patrick Zachmann qui
retrouve, 20 ans après, les adolescents «en
difficultés» dont il fut le professeur de photo en
1984, dans la cité Bassens. Certains sont sortis
de ce ghetto, d’autres y sont restés, certains
gardent espoir, d’autres ont renoncé. Sans doute
n’aura-t-il rien changé à leur destin mais peutêtre aura-t-il modifié, ne serait-ce qu’un peu, leur
façon de cadrer le monde et de se cadrer euxmêmes.
ELISE PADOVANI
Premiers films
Le 8 juin, au Théâtre du Golfe, dans
le cadre du 31ème Festival du premier film, organisé par La Ciotat
Berceau du Cinéma, Frédéric Beigbeder est venu présenter, avec son
producteur, L’amour dure trois ans,
qu’il a réalisé à partir de son roman
écrit quinze ans plus tôt. «Pour
dissiper l’angoisse du premier film,
il suffit de prendre un sujet banal :
l’amour est-il possible ? Cela me
rassurait de m’inspirer d’un roman
autobiographique. Mon film est un
pamphlet contre les aspects ridicules de la passion mais il donne aussi
envie d’aimer.»
L’histoire, romanesque, est simple :
Marc Marronnier (Gaspard Proust),
mondain cynique et dépressif, qui
pleure chaque fois qu’il revoit Peau
d’âne, vient de divorcer d’Anne (Elisa
Sednaoui). Il est sûr que l’amour ne
dure que trois ans. Il a même écrit
un livre pour le démontrer, mais sa
rencontre avec l’explosive Alice
(Louise Bourgoin), à un enterrement, va renverser ses certitudes.
«Bien sûr, il y a un décalage entre le
roman et le film. Par exemple, la
publication du roman est une mise
en abyme, forme qui est une sorte
d’obsession chez moi. À la voix off
léger. «La légèreté c’est beaucoup
de boulot !» Les dialogues sont enlevés et des trouvailles visuelles et
de mise en scène émaillent le film :
des lapins blancs sur la pelouse
souvent choisie pour les adaptations, que je n’aime pas, j’ai préféré
la voix in et l’adresse au spectateur.»
Le film ? Il est drôle, pétillant et
porte Maillot alors que les amoureux
se déclarent leur amour par des
antiphrases, incrustations de SMS
sur les images, les plans «vu/pas
L’amour dure trois ans de Frederic Beigbeder
vu» du pays basque… Les acteurs
sont excellents, Valérie Lemercier
en éditrice, JoeyStarr en «macho»
qui tombe amoureux d’un surfeur,
Annie Duperey en mère autoritaire,
Frédéric Bel, Nicolas Bedos, Bernard Menez ou Jonathan Lambert.
Et à la fin du film, le plan de Michel
Legrand, le compositeur adoré par
le cinéaste, jouant du piano sur la
plage, est superbe.
Après cette comédie, cynique et romantique, celui qu’on a souvent trouvé
arrogant, dit avoir appris l’humilité
en faisant ce premier film. «J’aimerais bien faire un deuxième film ; j’y
ai pris goût.»
Le jury du festival, présidé par Pascal Thomas à qui l’association La
Ciotat Berceau du Cinéma a
décerné un Louis Lumière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière
a fort apprécié ce film puisqu’il lui a
attribué le Louis Lumière d’Or du
meilleur premier film.
ANNIE GAVA
66 ARTS VISUELS FLÂNERIES D’AIX | ARTS ÉPHÉMÈRES
Hasard objectif
Quel délice que d’errer, d’entrer dans
des jardins découverts au fil des
rues… derrière un entrelacs de branches une sculpture, un tableau, un
piano, une harpe, parfois une eau
murmure, un brin de vent, le paysage s’ébroue, un rai de lumière joue
sur une toile… C’est ainsi que le promeneur quadrille les lieux connus
de géométries nouvelles, établissant
une carte secrète de la ville. Flâner,
quelle belle invention ! Andréa Ferréol offre à Aix-en-Provence deux
jours délicieux de rencontres et de
découvertes. Parcours éclectique et
délicieux : lourds bijoux conçus pour
des Salammbô contemporaines de
Dominique Aurientis au Jardin de
Belcodène, à côté d’extraordinaires
animaux de verre soufflé (Fernando
Agostinho) : autruche aux plumes excentriques, pomme acide sur laquelle
un serpent se love ; au Pavillon de
Vendôme, le mobilier contemporain
(ligne Komodo) des trois sœurs Moretti
unit utile et raffinement esthétique
et Kimiko Yoshida se démultiplie en
autoportraits à travers une histoire
choisie de la peinture ; cultivant le
paradoxe sous les calmes ombrages des grands platanes du Jardin
de l’Aigle d’Or, les gueules arrachées à la nuit, par le pinceau fauve
et poignant de Jean-Louis Foulquier, pendant que les sculptures de
Jordi déclinent la même forme
répétée en compositions géométri-
© Mohamed Lekleti
ques qui apprivoisent la lumière ; les
lignes abstraites de Loïc Madec proposent leurs énigmes sous une
tonnelle ; les céramiques de Franck
Brunet semblent explorer les remuements de la matière ; les photographies
de Claudie Rocard-Laperrousaz
s’attachent à l’intuition du détail révélateur. Des yeux de métal s’étonnent
vaguement sur les ovales de bronze
de Jean-Pierre Dussaillant, avec des
cheveux emportés par d’invisibles
tempêtes, sur les sages pelouses du
Jardin Mérindol ; une gamelle au
pied d’un arbre du Jardin du Cancel,
à son aplomb, un chien, banal ? sauf
s’il s’agit d’une construction de Robert Bradford composée d’éléments
de jeux ou de figurines, tandis que
les toiles de Paul Maisonneuve aux
grands traits rapides se prélassent
dans leurs énigmatiques instantanés ;
à la Galerie Lisse des Cordeliers
les meubles peints de Chantal Saccomanno aiguisent leurs pieds de
danseuse tandis que les sculptures
d’Olivier Dayot les nourrissent de
légendes et d’ironie ; les œuvres de
Martin Lartigue foisonnent de personnages, couleurs chaudes d’où
sourd une inquiétante étrangeté ; au
Cloître d’Entrecasteaux les toiles
de Mohamed Lekleti s’imposent par
la puissance du trait, l’équilibre des
compositions ; au premier étage de
l’Hôtel de France, les toiles écrues
de Véronique Bigo, sacs, fragments
et objets empruntent à l’art du
conteur, comme ces tableaux qui évoquent la destinée tragique de Marie
Bashkirtseff, russe du XIXème morte trop jeune qui, possédée sans
cesse par le désir d’être peintre,
laissa dans son abondant journal les
traits d’une âme insatisfaite.
Aux œuvres exposées ajoutez les
guitares, le chant, la danse, la délicieuse lecture du beau texte de Joëlle
Gardes sur le temps par MarieChristine Barrault… Le temps de
flâner ?
MARYVONNE COLOMBANI
Les flâneries d’Aix ont eu lieu
les 9 et 10 juin
Vertus éphémères
Au Parc de la Maison Blanche (Mairie des 9ème et
10ème arr de Marseille), le Festival des Arts Éphémères prend chaque année plus d’ampleur, et de
teneur. Cette édition, concoctée par Thierry Ollat,
conservateur du MAC, et Jean-Louis Connan, directeur de l’École d’art et design (ESADMM), fut d’une
qualité exceptionnelle. Parce que l’événement sait
créer dans un lieu public une atmosphère où la
curiosité du passant (et des mariés !) s’émerveille.
Parce que les œuvres présentées par les Ateliers
publics de l’ESDAAM sont d’une qualité imagiArts Éphémères, Thierry Mouille © Chris Bourgue
native qui les tient éloignées du concept pour faire
vibrer visiblement la joie de la sensation et de la
pratique. Parce qu’une des plus belles œuvres,
toute simple, est celle d’une jeune étudiante de
l’École, Morgane Aziza, qui avec Ondée sait mettre
en suspens la chute des feuilles, et fixer l’éphémère…
Parmi les artistes «pro», des pièces formidables.
Dans la mairie les clichés d’Alfons Alt, que l’on a
vu souvent mais qui frappent toujours autant par
leurs vieillissements fabriqués ; une magnifique
installation de Katia Bourdarel, qui comme toujours
joue sur notre peur des contes, les transformations nocturnes, les têtes de cerf et les biches
sacrifiées en robe de noce, juste à côté de la salle
des mariages. Dehors, un rhinocéros dort fermement (Victoria Klotz), et des lits poussent dans
les arbres (Thierry Mouillé), un arc en ciel se
dessine sur le lac lorsque d’autres arbres pleurent (Lionel Loestcher), un opossum se repose
sur un banc (Lina Jabbour). Partout les artistes
décalent le réel et l’apaisent, signe du printemps.
Pourvu que cet éphémère persiste !
AGNÈS FRESCHEL
Le Festival des Arts Éphémères
a eu lieu du 24 mai au 3 juin
Entre ciel et terre
Le BNM a apporté sa contribution aux Flâneries
et aux Arts éphémères avec une performance
dansée et chorégraphiée par Anton Zvir, jeune
biélorusse plein de talent et Béatrice Mille, entrés
respectivement au Ballet en 2006 et 2009. Ce pas
de deux porte le nom évocateur de Doux ?, avec
une interrogation qui souligne tout ce que peut
cacher la douceur d’une relation amoureuse. À
Maison Blanche, dansé devant le plan d’eau, à
côté du lit accueillant de Thierry Mouillé, ce duo
apportait un moment de tendresse suspendu, un
peu d’éternité. Et comme en écho l’artiste russe
Roman Korzhov offrait aux spectateurs la possibilité de participer à l’expérience de la liberté en
libérant des ballons blancs gonflés à l’hélium, retenus au sol par un verre en plastique blanc rempli
d’eau. Il s’agissait de vider peu à peu l’eau pour
permettre aux ballons de rester en suspension,
puis de s’envoler... Deux expériences entre ciel et
terre ! CHRIS BOURGUE
GRANET | VASARELY
ARTS VISUELS 67
Pour l’amour
de la peinture
Le musée Granet présente pour la première fois une
sélection d’œuvres de la collection Frieder Burda. Un bel
aperçu, de l’Expressionnisme à la jeune peinture
allemande actuelle
Le Musée Aixois exposait il y a peu
la collection Planque reçue en donation pour quinze ans. L’exposition
actuelle courant sur toute la saison
estivale se présente comme un best
of issu d’une autre collection privée
appartenant à Frieder Burda, héritier de l’empire de presse du même
nom. L’intégralité est installée à
Baden-Baden dans un bâtiment
commandé à Richard Meier (siège
de Canal+, MacBa de Barcelone…).
Que dire, sinon que ces cinquante
trois peintures et quelques sculptures sont des chefs- d’œuvre (dont
un petit Pollock) ? Dans ce parcours
respectant la chronologie, il n’échappera pas au visiteur qu’il fait face à
de très belles pièces, dont nombre
de taille imposante ! La part majeure est représentée par les artistes
outre rhénans : les expressionnistes
du début du siècle dernier Kirchner,
Beckmann, Macke, les représentants
du renouveau de la peinture allemande de l’après seconde guerre
mondiale, Richter, Polke, Baselitz
(Anselm Kiefer n’a pu être retenu
pour cause de trop grande fragilité),
et plus près de nous la jeune école
de Leipzig à la renommée grandis-
sante : Neo Rauch, Tim Eitel, Heribert
C.Ottersbach, Eberhart Havekost,
Anton Henning.
La peinture américaine est rappelée
avec l’expressionisme abstrait (Pollock, De Kooning, Rothko), la figuration
du Pop art (Rauschenberg, Katz) et
de l’hyperréalisme (Morley, Estes).
Sept Picasso, dernière époque de
Mougins où vécut aussi le collectionneur, traduisent son inclination pour
des œuvres à forte expressivité. On
constatera en revanche l’absence d’artistes français hormis, dès l’entrée,
l’imposant dessin de Jean Olivier
Hucleux, représentant le collectionneur francophile mis en abyme devant
une de ses œuvres peinte par Richter.
Il faudra aller jusque Baden-Baden
pour voir Othoniel, Desgrandchamps,
Frize ou Venet car «pour dire la vérité, c’est difficile de trouver des
jeunes artistes en France».
Faire une collection implique un acte
intime, un choix émotionnel : «Écoutez, on ne peut pas tout expliquer.
Parce que c’est comme une olive : vous
aimez ou vous n’aimez pas ! Comment voulez-vous expliquer cela ?»
Comme la première acquisition
effectuée en 1968 par rébellion face
Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), Zwei Akte mit Badetub und Ofen (Deux Nues avec Baquet et Poele) (recto),
1911 (Huile sur toile, 89 x 80 cm) - Musee Frieder Burda, Baden-Baden ©musee Frieder Burda
à son père, lequel collectionnait les
expressionnistes : Concetto spaziale, une peinture toute rouge lacérée
par Lucio Fontana : «…parce que
c’était quelque chose d’une radicalité
jamais vue ! [..] Et quand on n’a
jamais vu que de l’expressionnisme
allemand et qu’on voit un Fontana…»1
Une certaine idée du chef d’œuvre !
1
Citations extraites de l’entretien
entre Bruno Ely, conservateur du Musée
Granet et Frieder Burda, in le catalogue,
complément indispensable de
l’exposition
Les chefs d’œuvre du musée
Frieder Burda
jusqu’au 30 septembre
Musée Granet, Aix
04 42 52 88 32
www.museegranet-aixenprovence.fr
CLAUDE LORIN
L’art se réclame
Témoignages d’une époque où la pub se disait réclame,
les travaux publicitaires de Victor Vasarely rarement
montrés. Avant l’Op’art et le Cinétisme
maceutiques, affiches, couvertures
de livres complétés par des publications d’époque.
L’évolution des conceptions et des
styles de communication visuelle
transparaît concomitamment à ses
investigations plus personnelles, dans
la veine constructive d’un Fernand
Léger (Plastocoat), ou vers des recherches plus plasticiennes intégrant
différentes techniques modernes :
aérographe, montage et collage photographique (Asthme ou l’oiseau
rouge), inclusion de matières tel ce
voile de tulle noir collé sur gouache
(Tuberculose).
L’exposition est prolongée par un
catalogue plus largement illustré et
documenté. Des écrits de l’artiste,
Victor Vasarely, Plastocoat, huile sur carton,26.5x21cm, 1934
Mais qui se souvient avec exactitude
du logo créé en 1972 pour revigorer
l’image de la marque d’automobiles
Renault ? L’exposition de ses dessins publicitaires ne nous en dévoile
malheureusement pas les recherches. Mais on découvre en une
centaine de documents cette activité
professionnelle alimentaire méconnue, et néanmoins significative, dans
la carrière d’un des plus influents
plasticiens de la modernité. De son
installation à Paris dans les années
30 jusqu’à 1957 où il se consacre
entièrement à ses ambitions artistiques, la présentation suit, linéaire
et monotone, un ensemble éclectique de travaux publicitaires
originaux, esquisses, encarts phar-
témoignages, de sa galeriste Denise
René notamment, rappellent ce travail théorique permanent de l’artiste
en prise avec le monde présent, son
regard sur la pratique artistique
dans un souci constant d’intégration
sociale. Dans son article Optique,
graphisme et publicité, paru dans le
numéro spécial d’Art Présent en
1947, Vasarely expose déjà certaines
orientations qui nourriront ses conceptions sur la forme et la fonction
de l’art dans la société. En 1955,
dans son Manifeste jaune il déclare :
«Nous ne pouvons laisser indéfiniment la jouissance de l’œuvre d’art
à la seule élite des connaisseurs. L’art
présent s’achemine vers des formes
généreuses, à souhait recréables :
l’art de demain sera trésor commun.»
CLAUDE LORIN
Vasarely et la publicité
jusqu’au 30 sept
Fondation Vasarely, Aix
04 42 20 01 09
www.fondationvasarely.org
68 ARTS VISUELS ARLES
Paradigmes signifiants
Après les mémorables fulgurances
de 2008, Christian Lacroix retrouve
les lieux de ses premiers émois
esthétiques, la figure tutélaire de
Picasso mise en scène avec panache
Une des caractéristiques du musée Réattu est la
recherche permanente de mise en réseau de
signification des œuvres. Brisant la linéarité
traditionnelle de l’accrochage son conservateur
Michèle Moutashar s’ingénie à souffler au
visiteur des connexions insoupçonnées, lors de
ses visites commentées particulièrement.
L’accrochage est conçu comme une médiation
particulière avec parfois ses parts de mystère.
L’Acte V dévoilé en début d’année sollicitait la part
théâtrale des collections du musée à travers les
projets de décor de Jacques Réattu, et des
œuvres contemporaines, les installations de
Jocelyne Alloucherie, Javier Perez, Nancy WilsonPajic…
Pour cet Acte V scène 2, l’éclairage se resserre
sur la série offerte au musée par Picasso en 1971
auprès de laquelle s’invitent les créations
scéniques de Christian Lacroix. Malgré la
réduction des budgets (jusqu’où ira-t-on ?) les
commissaires du projet ont su tirer leur épingle
de ces enjeux délicats : faire s’imbriquer deux
figures exceptionnelles dans un bel échange
selon un parcours allant crescendo jusqu’à la
dernière salle entièrement habitée/habillée par le
couturier, devenu costumier depuis la fermeture
de son entreprise de mode.
Ce sont Fellini et Almodovar réunis. Il faut au
visiteur prendre son temps en profondeur, en
observant un à un les portraits réalisés par
Christian Lacroix, quatre costumes pour Cyrano de Bergerac, 2006. coll. Comedie Francaise_Pablo Picasso, huit dessins de Mousquetaires, 1971.
coll. musee Reattu, don de l'artiste © Succession Picasso 2012, photo Olivier Amsellem
Picasso vers ses quatre-vingt-dix ans, datés jour
après jour, autant de formes d’autoportraits,
autant de tentatives d’interroger les tenants de sa
propre existence, comment le geste instaurateur
expérimenté vient occuper l’espace de ces petits
formats, entre dessin et peinture, prend
l’apparence de la gravure (autoportrait de Dürer !),
là où s’insinuent les bribes des portraits des
chevaliers de Malte vus plusieurs décennies en
arrière. Il faut fouiller du regard les moindres
replis de matière, modes d’assemblage des
pièces de tissus, anoraks et couverture de survie
assemblés en un sculptural manteau bouffant (on
Achromies
Après Anne-Marie Pêcheur puis Adalberto Mecarelli, Pierre Malphettes
investit les cryptoportiques arlésiens. Énigmatiques lumières de néon laiteux,
pour certaines créées à l’occasion. Qui a peur du blanc, de l’obscur ?
Dans les antiques entrailles d’Arles des
linéaments de lumière blanc pur semblent lutter
dans les ténèbres. Tout autant contre le jus
blafard des blocs de sortie de sécurité. L’ennemi
c’est aussi l’humidité omniprésente dans l’air, au
sol, sur les parois. L’inquiétude suinte de ces
lourdes galeries bordées d’arcades à l’utilité d’un
autre âge, périmée. Et de l’absence d’issue
apparente. Le salut vient peut-être de ces totems
lumineux (La Fumée blanche, 2010), ex-voto, ou
objets de culte incertain. Que désigne cette longue
ligne (Une ligne, 2012) irrégulière (de crête ?)
suspendue, si fragile. Que trace-t-elle ? Délimitet-elle quelque espace, frontière ou contour ? Un
lien à suivre dans la pénombre ? Tentons de nous
rassurer. Au plafond d’une des voûtes, le rail de
tubes fluorescents (Le doute, 2012) dans le plus
pur style cuisine ou hangar n’est pas en
dysfonctionnement. Des deux tubes, celui
clignotant reprend en fait, nous dit-on, en code
morse, les mots de Bruce Nauman bien connu
pour ses œuvres de néon : «The true artist is an
amazing luminous fountain». Qui peut saisir le
message? A contrario, deux bucranes aux
mâchoires rapprochées (Deux crânes ou le
baiser, 2012) imposent par trop de littéralité l’idée
pense au feutre salvateur pour Beuys), dans les
lambeaux chamarrés des costumes élaborés
pour les Caprices de Marianne chargés de
puissance quasi chamanique. Une partie de la
complexité du monde est ici, vraisemblablement.
CLAUDE LORIN
Les Picasso d’Arles, invitation à Christian Lacroix
jusqu’au 30 décembre
Musée Réattu, Arles
04 90 49 37 58
www.museereattu-arles.fr
de vanité. Combien de scénarios ont rebattu ce
duo cynisme/humour du cadavre souriant ? À
moins que l’artiste ne le joue sur le registre de
l’oxymore visuel. «Je t’aime/moi non plus, pour la
vie/voyez où ça nous mène». Juste au-dessus,
place du Forum, sous le bon soleil de Provence,
on s’bécote pour de vrai indifférent à ce qui se
trame au-dessous. On renoue avec la vie, la
couleur.
C.L.
Blanc Néon
Pierre Malphettes
jusqu’au 8 juillet
Cryptoportiques
Entrée par l’Hôtel de ville
Galerie Espace pour l’Art, Arles
04 90 97 23 95
www.espacepourlart.com
© Pierre Malphettes,
Deux cranes ou le Baiser, 2012
© Laura-Maria QUINONEZ
ARTEUM | LA CHARTREUSE
ARTS VISUELS
69
La poésie est dans le pré
Dans le parc de Châteauneuf le Rouge,
six installations évoquent différemment le voyage
sous le regard d’Ulysse
En investissant à plusieurs occasions le parc et son labyrinthe (un
peu à l’abandon, ce qui n’est pas
complètement pour déplaire) les
responsables d’Arteum ont eu cette
double bonne idée de réactiver ces
lieux ouverts au public par des propositions d’artistes contemporains.
Le thème est suggéré par le projet
Ulysses emmené par le Frac Paca
dans la perspective de Marseille
2013. Les œuvres devraient se maintenir jusqu’à cette échéance.
Dans le cadre de cette préfiguration,
six artistes ont conçu chacun un projet spécifique réparti dans les salles
du musée et le parc. Le lit de Benoît
Rassouw offre un p’tit chez soi qui
s’est endormi dans les feuilles au
fond du jardin. Au pied des arbres,
Olivier Nattes a aménagé avec des
bouchons de liège un espace confortable très prisé des visiteurs mais la
construction de Sandro Della Noce
se perd à jouer la maison dans les
branches.
Pascale Mijares, À la semelle du soulier, la terre s'emporte, container en bois de coffrage, terre végétale et végétation, projet pour Arteum, 2012 © C. Lorin/Zibeline
Deux projets mettent en œuvre des
nouvelles technologies. Un portrait
sur deux appliqués sur parpaing par
Alain Brunet a été capté sur le net
pour des rencontres fortuites venant
du bout du monde. Joël Belouet a
planté des fleurs en bois commu-
nicantes : leur couronnement floral
en QR code renvoient vers d’autres
lieux et applications via le numérique.
Et sous la présence bienveillante de
la Sainte-Victoire, Pascale Mijarès
fait accoucher une montagne miniature d’un container. Le dispositif est
Entre lumière et ombre
À la Chartreuse,
peintures, photographies
et installations de Guy
de Malherbe restituent
l’esprit des lieux
Alors que d’un côté du Rhône, la ville
du théâtre a pris l’effervescente habitude de toutes les attentions, le
visiteur se donnera la peine de
prendre de la hauteur vers la Chartreuse. Il suffit de passer le pont…
C’est ce que le peintre Guy de
Malherbe a vécu le temps d’une résidence, comme un écho au retrait du
monde souhaité par les religieux en
des temps plus anciens. Après une
première restitution dans la Tour
Philippe Le Bel, son travail se déploie
actuellement dans la Chartreuse à
travers peintures, photographies et
installations réalisés in situ. Ici ce fut
pour l’artiste l’expérience particulière de la puissance de l’écrasement
solaire où tout se joue sans nuance
parfois dans une certaine brutalité :
«En déambulant dans la Chartreuse, j’ai été saisi par le jeu constant
de l’ombre et la lumière dans l’architecture…/…Dans ce lieu où
l’harmonie semble liée à la règle,
l’ombre est ténèbres et la lumière
aveuglement. La paix n’est qu’apparente, la violence sous-jacente».
Tout ici vit la dialectique du clair et
de l’obscur. Les photographies retiennent la scansion répétitive des
ombres portées sur le sol, les peintures de grand format renvoient par
les jaunes d’or et de Naples à la
minéralité d’un environnement surexposé suggérant des paysages de
lumière suspendus. Dans les angles
assombris des livres amassés
nécessitent un éclairage artificiel.
Ailleurs, dans les cellules monacales, des écritures chiffonnées, un
crâne orné d’or, protégés derrière
une vitre, s’exposent dans les
passe-plats étroits et sombres,
devenus pour un temps reliquaires.
C.L.
Obscuritééblouissement
Guy de Malherbe
jusqu’au 5 août
La Chartreuse,
Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
Triptyque realisé in-situ, huile sur papier marouflé,
Guy de Malherbe à la bugade de la Chartreuse de Villeneuve © Delphine Michelangeli/Zibeline
bien moins sophistiqué mais tout
aussi signifiant. Posé en haut du pré,
un fac-similé de conteneur maritime à l’échelle réelle mais réalisé en
planches de coffrage déverse son
volume de terre toutes portes ouvertes. Chargé de promesses fertiles, il
suggère des questionnements relatifs
à l’exogène (importation, immigration) et son pendant l’intégration, à
l’espace et à l’économie comme à
l’environnement (mondialisation, glocal), entre durable et éphémère et
suivant le regard de chacun titille
bien d’autres responsabilités citoyennes comme, durant l’exposition de
l’œuvre, de ne pas marcher sur la
pelouse.
On lui entrevoit un autre coin de
paradis au pied de la tour d’un grand
armateur marseillais, non loin de
cet autre conteneur porté par deux
sumos, si jeffkoonsien et rigolo mais
plutôt décoratif ?
C.L.
Le chez soi et l’ailleurs
jusqu’au 28 juillet
installations évolutives jusqu’en
2013
Arteum, Châteauneuf le Rouge
04 42 58 61 53
www.mac-arteum.net
70 ARTS VISUELS PRINTEMPS DE L’ART CONTEMPORAIN
La Statue qui pleure, exposition au Passage de l'art © Laurent Perbos
Om, Le maregraphe-Exposition a la galerie Porte-Avion © Paul-Armand Gette.
L’affaire est dans le PAC !
Plus qu’un parcours de 3 jours
dans la ville, le Printemps de l’art
contemporain est l’occasion de
découvrir les galeries du réseau
Marseille Expos, rencontrer les
artistes et pénétrer des lieux trop
discrets. La fête est finie mais les
expositions se poursuivent jusqu’à
l’été !
Les 17, 18 et 19 mai, les 3 Jours du PAC ressemblaient à un marathon avec chaque soir son lot de
vernissages, de rencontres, de performances ou de
lectures. Quand ce n’était pas les trois à la fois ! La
Compagnie accueillait l’expo photo de Myr Muratet,
L’exécution et autres sentences, la lecture de La
sécurité des personnes et des biens-drame social
par Manuel Joseph et l’installation de Marie Pellaton. Heureusement, le parcours libre s’opérait de
quartier en quartier et le temps suspendait son vol
grâce aux galeries qui sortaient tables, pliants et
boissons pour rendre l’aventure plus festive encore.
Le public ne s’y est pas trompé qui s’est mêlé aux
professionnels avec curiosité, notamment au Centre
international de recherche sur le verre et les arts
plastiques qui, à 21h, avait bien du mal à pousser
vers la sortie des familles venues en nombre.
Conçu comme une vitrine de l’art contemporain à
Marseille, le PAC va plus loin encore : il booste par
ricochet l’ensemble des acteurs qui en profitent
pour imaginer «des plus», là une exposition monographique, une rétrospective, ici une invitation en
duo. Vidéochroniques offre ses espaces à Jérémy
Laffon qui se lance un défi en mettant en scène son
œuvre protéiforme : Jusqu’à épuisement rassemble
ses médiums préférés de manière cohérente et récréative, et les habitants du Panier furent nombreux
à y déambuler. De l’autre côté de la ville, le Passage
de l’art fait les yeux doux au jeune Laurent Perbos
qui réalise des pièces in situ : La statue qui pleure,
La chute de l’arc-en-ciel convoquent les matériaux
jusqu’à les faire parler, matérialisent des notions
poétiques ou font appel à la culture populaire, à la
mythologie ou aux récits fantastiques. François Daireaux, habitué aux expositions muséales et aux
centres d’art, s’était fait tout petit pour rentrer dans
la galerie Où-lieu d’art contemporain avec une
vidéo de 110’ sur la gestuelle répétitive des artisans
et des populations marocaines dans leur quotidien.
Une mise en bouche talentueuse avant de produire
un plus vaste projet à Marseille… Déjà exposé en
2008 à la Galerieofmarseille, Harald Fernagu est
de retour avec ce même esprit de bricoleur de génie :
dans une installation quasi théâtrale, ses nouvelles
productions (vanités sculptées comme des masques, bâtiments de l’armée modélisés) à partir de
matériaux recyclés offrent une relecture mi-glaciale
mi-amusée de l’enfance, du jeu, de la guerre.
Complices, la galerie Porte-Avion embrasse l’en-
L’exécution et autres sentences, Myr Muratet
jusqu’au 17/7, La Compagnie
semble de la carrière «sulfureuse» de Paul-Armand
Gette à travers une bibliothèque fournie, des pièces
anciennes incontournables (ah, les loukoums roses
en verre… leur effet ne s’est pas terni !) et des pièces
réalisées spécialement à Marseille Autour du point
O. Il fallait voir l’artiste répondre avec délectation aux
questions des plus intrépides sur son œuvre toujours espiègle, extra sensuelle… Dans son minuscule
espace, La Gad-galerie Arnaud Deschin parvient à
faire cohabiter du sol au plafond les deux univers
formels de Véronique Rizzo et Francisco Da Mata
pour un Battle à armes égales : dans ce savant
mélange, difficile de s’y retrouver, sauf pour un œil
expert. Mais le principe de l’interaction est la règle
du jeu !
jusqu’au 30/6, Galerie Territoires Partagés
Véronique Rizzo versus Francisco Da Mata, Battle
jusqu’au 7/7, La GAD-Galerie Arnaud Deschin
Plutôt comme un soupçon que comme une certitude,
Joäo Vilhena
jusqu’au 31/8, Galerie Nomade
Aparté
jusqu’au 23/6, La Traverse
Jusqu’à épuisement, Jérémy Laffon
jusqu’au 13/7, Vidéochroniques
À force de regarder
au lieu de voir
jusqu’au 30/6, Galerie des Grands Bains Douches de
la Plaine
Autour du point O, Paul Armand Gette
jusqu’au 13/7, Galerie Porte Avion
Prix de l’ESADMM
jusqu’au 23/6, Galerie Gourvennec Ogor
WIAOBA ? de Noël Ravaud
et Charlotte Serrus
jusqu’au 27/7, association Château de Servières
Exodus, Giancarlo Caporicci
jusqu’au 23/6, Galerie Gourvennec Ogor
Les Migrants, Mathieu Pernot
jusqu’au 13/7, Atelier de visu
Anouk Berenguer
jusqu’au 26/6, OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel
Harald Fernagu
jusqu’au 13/7, galerieofmarseille
L’Enclave
jusqu’au 30/6, Galerie Territoires Partagés
Heigh-ho, heigh-ho (on rentre du boulot),
Thierry Lagalla
Les Années mauves, Josée Sicard
du 23/6 au 13/7, Galerie Meyer
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Les ouvrages de Véronique Rieffel
et Laurent Perbos, présentés
pendant le PAC, feront l’objet
de chroniques en pages Livres Art
dans nos prochains numéros
La fête est terminée,
Mathilde Magnée
du 29/6 au 26/7, Vol de Nuits
Des Architectures
du 30/6 au 4/8,
Galerie Gourvennec Ogor
Amélie Derlon Cordina
du 2/7 au 13/7, OÙ lieu d’exposition
pour l’art actuel
Contacte, Emilie Perotto et Maxime
Thieffine
du 31/8 au 30/9, La GAD-Galerie
Arnaud Deschin
D… vs R…/B…2
du 31/8 au 12/10, La GAD-Galerie
Arnaud Deschin
www.marseilleexpos.com
ARTS VISUELS 71
Focus méditerranéen
À Sanary, Bendor et Bandol, Photomed disposait de 13 lieux d’exposition pour mettre en perspective la photographie méditerranéenne d’hier et d’aujourd’hui, sur
chaque rive. Entre fiction et réalité, patrimoine et découvertes.
Rendre compte de l’avalanche de photographies est
impossible, mais de ce vaste parcours quelques haltes
imprègnent notre mémoire. D’abord à Sanary, au musée
Frédéric Dumas, dont le fonds dédié à la plongée sousmarine offre un environnement pertinent au reportage
aquatique de Joan Fontcuberta sur le fossile d’une sirène.
L’an dernier déjà avec Philippe Ramette le propos était
savoureux et mouillé, cette fois «les photos documentaires
ouvrent un dialogue avec la fiction» de manière savante,
scientifique et poétique.
Reportage toujours, en changeant de lieu et d’époque :
l’hommage à Walter Carone à la Maison Flotte fait revivre
quelques moments clefs de la vie de celui qui signa de
nombreux scoops pour Paris-Match, portraitura Cocteau,
Prévert ou Hassan II, témoigna tout autant de la vie sur le
front de la guerre que des paillettes sur la Croisette.
Réminiscences d’un monde révolu à l’instar des photos de
Jacques-Henri Lartigue qui ressuscitent la dolce vita
version Côte d’Azur avec Guitry, Picasso et Kennedy en lieu
et place de Mastroianni, Anita Ekberg et Anouk Aimée…
Grâce à cette relecture du patrimoine, la photographie de
création impose sa différence en des temps de profusion
confuse d’images i-phone. Pour preuve, à l’espace SaintNazaire, Massimo Vitali qui compose en coloriste subtil de
banales scènes de baignade comme un tableau, inventant
une lumière laiteuse toute particulière. Ou encore
l’admirable sélection de photographes marocains qui révèle
une acuité aiguisée des profonds bouleversements de la
société, des paysages, de la famille, des histoires
singulières ou collectives.
Brouiller les époques, mélanger les styles, confronter le
noir et blanc et la couleur, c’est cela Photomed ! C’est donc
révéler en France l’une des figures emblématiques de la
photographie marocaine, Daoud Aoulad Syad, dont
l’écriture s’impose à l’Atelier des artistes à travers
différents formats et types de vue. Portraits de villes qui
jouent de la présence et de l’absence ; portraits révélant la
noblesse et l’élégance de ses modèles vivants. Face à ses
© Daoud Aoulad Syad
photos de 1995 dont la moitié n’avaient jamais été tirées,
celui qui a arrêté l’argentique pour devenir réalisateur a
tout d’un coup «envie de ressortir ses vieux Leica». On
l’attend avec impatience…
À Bandol, parmi les multiples propositions, l’espace Paul
Ricard a fait la part belle au littoral en mutation vu par 6
artistes de la région. Notamment Michel Eisenlhor parti
Sur les traces de Malpasset marqué à jamais par la rupture
du barrage en 1959 : sans pathos, tout en entretenant des
relations fortes avec les survivants, son regard poétique
s’ancre dans le réel et les vestiges d’un passé douloureux.
«Un travail porteur d’espoir» pour Yvon Allamand,
bouleversé par la parole qui s’est rouverte… grâce la
photographie.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Photomed s’est déroulé du 24 mai au 17 juin
www.festivalphotomed.com
Un Américain à Toulon
Joël Meyerowitz est comme «la cerise sur le gâteau» de Photomed : une
gourmandise supplémentaire dans
une affiche déjà alléchante. À l’Hôtel
des arts de Toulon, l’exposition retrace 50 ans de photographie, dont
une série sur l’après 11 septembre
2001 à New York. Les ruines du World
Trade Center comme on ne les a jamais vues car le photographe américain fut le seul habilité à accéder à
ground zero de manière illimitée durant 9 mois. Sur plus de 8000 clichés
qui composeront bientôt la collection
du Mémorial et du Musée du 11 septembre, les tirages sélectionnés sont
troublants, mélange de précision, de
distanciation et d’humanisme. Une
marque de fabrique que l’on retrouve
dans ses voyages à travers l’Amérique
des années 60, Paris vers 1965, la Turquie ou l’Espagne dont il saisit la vie
quotidienne, la rue, les gens avec un
sens aigu de l’instantané, et toujours
beaucoup de tendresse. Ce ne sont
pas les monuments qu’il regarde dans
l’objectif, mais la vie, tout simplement.
Excepté dans sa dernière série sur la
Provence, sans surprise, avec champs
de lavande, restanques et vignes !
Smoke in rising sunlight, New York City, 2001 © Joel Meyerowitz
Dae Jin Choi
du 30/8 au 15/9, OÙ lieu d’exposition
pour l’art actuel
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Autres temps forts
En marge des vernissages noctambules et de quelques visites impromptues,
le PAC proposait la visite du chantier
de la Friche Belle de Mai commentée
par son directeur Alain Arnaudet et la
rencontre des artistes en résidence
chez Astérides. Marc Étienne, Harold
Guérin, Hélène Moreau et Lucy Watts
ont ouvert exceptionnellement leurs
ateliers pour se prêter au jeu du dialogue et du commentaire d’œuvres.
Une intrusion rare que les «pèlerins»
ont appréciée à sa juste valeur. Venu
en voisin Documents d’artistes en
profitait pour expliquer son fonds
documentaire en ligne sur une sélection d’artistes visuels de la région.
Initiative qui s’est essaimée depuis
dans d’autres régions… Autre chemin
de traverse à l’Alcazar avec la rencontre-signature de Véronique Rieffel,
directrice de l’Institut des cultures de
l’Islam à Paris, pour son livre Islamania, De l’Alhambra à la burqa, histoire
d’une fascination artistique. Immersion dans l’histoire de l’art d’orient et
d’occident («une histoire partagée»),
explications de l’Islamania «comme le
miroir des obsessions politiques et
sociales de l’occident» et analyse d’œuvres d’hier et d’aujourd’hui ont donné
envie au public de se plonger dans la
lecture, entre deux expositions.
PHOTOMED | TOULON
Bref, revenons à l’essentiel… c’est à
dire à son talent : «Faire 50 ans de
photographie cela demande une certaine endurance. Quand j’ai commencé (Meyerowitz est né dans le
Bronx avant la seconde Guerre Mondiale, ndlr), la photographie n’était pas
prise au sérieux. Je regardais le
monde, je le voyais avec mon appareil
et je le regardais en couleurs car c’est
ainsi que je voulais le voir. Je me
considérais comme un missionnaire
de la couleur (…) Mais ce n’est qu’en
1970 que j’ai réussi à faire passer le
message de la couleur». Qu’il regarde
le monde en couleur ou en noir et
blanc, sa vision est toujours celle d’un
esprit libre et curieux.
M.G.-G.
L’exposition a été présentée
jusqu’au 17 juin
www.hdatoulon.fr
72 LIVRES DOUGLAS KENNEDY | MAYLIS DE KÉRANGAL
Comment peut-on
être écrivain ?
Deux rencontres récentes,
deux jours de suite,
ont permis de mesurer,
s’il en était besoin, le fossé
qui sépare un auteur de bestsellers d’une romancière
résolument engagée dans
l’aventure langagière.
Retour sur deux conceptions
radicalement opposées du
métier d’écrivain
Vendredi soir,
la mécanique du succès
Ses lecteurs, surtout des lectrices, l’attendaient. Il les a
gratifié(e)s d’une rapide escale dans deux librairies des
BdR, à la fin d’une tournée française chargée et sur le
chemin de Nice, où il était espéré dès le lendemain.
Avec un emploi du temps plus que serré, Douglas
Kennedy a écourté de moitié la rencontre avec la
libraire. Car ce qui compte visiblement pour lui, ce
n’est pas de parler de son travail ; en bon professionnel
de la communication, il s’en tient sur ce point à des
formules rodées. Non, ce qui compte, c’est le moment
des signatures, lorsque ses nombreuses admiratrices
piétinent, attendant leur tour pour échanger quelques
mots «en français s’il vous plaît» avec le maître, se faire
prendre en photo avec lui et le voir dédicacer les
nombreux exemplaires des romans qu’elles ont
achetés.
De cette rencontre avec l’écrivain vedette, on retiendra
surtout cet engouement des groupies qui disent toutes
se retrouver dans ses textes. C’est qu’il est habile, Mr
Kennedy, à assurer l’identification des lecteurs en
ficelant des intrigues croisées, dont les narrateurs sont
souvent des femmes et le thème récurrent la passion
amoureuse contrariée. Ce sera encore le cas dans son
prochain roman, tout juste terminé, et dont il a révélé
le titre, Cinq jours. Des livres dont les sujets sont
inspirés de la vie quotidienne et qui abordent des
«questions philosophiques» (sic), voici ce qu’il cherche
à écrire, au rythme de 1000 mots par jour, 6 jours sur
7. Un travail efficace, régulier… et lucratif !
Il a d’ailleurs été assez longuement question d’argent
lors de cette rencontre à l’Attrape-mots, l’un des deux
livres dont DK était venu faire la promotion étant
Combien ?, récit de son «voyage au pays de l’argent»,
un périple plaisamment conté dans un certain nombre
de places financières de la planète. Cet ouvrage, le
dernier de ses trois récits de voyages, écrit au début des
années 90 juste avant que l’auteur ne se lance dans la
fiction, paraît aujourd’hui en France, agrémenté d’un
prologue qui en retrace la genèse et en justifie la
présente édition française : «L’argent est tout» ; «il est
© X-D.R
son travail à partir de mots ou d’expressions: «lisière»,
«couture», «rideau de fer», «pas après pas»… Ce que
l’écrivaine a fait volontiers, jouant le jeu avec beaucoup
d’acuité et régalant le public d’une jolie leçon de
littérature, sans prétention et bien au frais sous les
arbres.
Elle a rappelé que ses deux dernier livres, Tangente vers
l’est (voir Zib’49) et celui-ci, bien que nés de
sollicitations extérieures, sont, comme les précédents,
des «gestes littéraires» à part entière, où le concret,
l’espace, le territoire, proposent «un décollage vers la
fiction». Car il s’agit toujours pour elle d’affirmer le
roman comme «lecture du monde contemporain»,
comme «saisie et enchantement du réel». Alors, «pas
après pas», fiction après fiction, elle élabore son épopée
langagière. Pour faire du langage sa propre langue et
parvenir à ce qu’elle nomme «l’effacement
autobiographique». Une écriture en devenir, en
modulation constante selon le sujet, dont la langue est
la «traduction organique». Rien de moins figé que ce
travail qui procède du tâtonnement, de la couture
pièce à pièce. Et rien de moins établi que le statut
d’écrivain pour cette artisane des mots à laquelle le
terme d’ «auteur» fait penser à quelque meuble lourd,
dans le genre «buffet normand» ! Loin de se draper
dans une quelconque
posture
de
«jeune
romancière à succès» (ce
qu’elle est de fait), Maylis de
Kérangal émeut par la
sincérité de sa recherche, par
la façon qu’elle a de la
formuler, pour mieux la
partager avec ses lecteurs.
Avec une belle ambition
littéraire et une véritable
générosité.
À quelques rues, à quelques
heures d’écart, deux façons
d’être au monde et à
l’écriture…
FRED ROBERT
Pascal Jourdana et Maylis de Kerangal © Nadia Champesme
partout dans notre vie», «en tant que métaphore de tout
ce qui nous dérange et nous déstabilise». Vaste sujet…
qui devrait enrichir encore «le plus français des auteurs
américains».
Samedi matin,
la littérature au jardin
C’est dans une tout autre atmosphère que s’est déroulé
le brunch littéraire organisé par Libraires du Sud
dans l’arrière-jardin de la librairie Histoire de l’œil
autour de Maylis de Kérangal. Puisque son dernier
texte Pierre, feuille, ciseaux laisse éclore la fiction sur le
rythme en trois temps de ce jeu enfantin -3 mots, 3
histoires, 3 générations sur un même territoire (voir
Zib’51)-, Pascal Jourdana lui a proposé d’évoquer
Douglas Kennedy
était invité dans le cadre
des Escales en Librairies ;
Maylis de Kérangal
dans celui des Itinérances littéraires
On peut lire à la rigueur :
Cet instant-là et Combien ? (Belfond) ;
mais mieux vaut découvrir
le 1er roman de Douglas Kennedy,
Cul-de sac, réédité sous le titre Piège nuptial,
un polar percutant situé dans l’outback australien,
disponible chez Pocket
De Maylis de Kérangal, on peut tout lire
sans modération
74 LIVRES APOSTILLE | ABD | PRIX LYCÉENS
Noailles sur
le Cours Ju’
Vernissage Apostille le ventre de Marseille © X-D.R
Depuis qu’elle a repris la bouquinerie Book In et l’a
transformée en Apostille, Muriel Parrouffe n’a pas
ménagé ses efforts. Mais le jeu en valait la chandelle :
lorsqu’on entre dans la librairie, on dirait presque que
sa propriétaire en a poussé les murs. C’est clair, aéré, engageant. Le fatras ancien a peu à peu été dégagé, la
mezzanine transformée en un agréable espace d’exposition, et si les livres d’occasion sont toujours nombreux
(telle est la vocation première du lieu), ils sont désormais
rigoureusement sélectionnés et répertoriés ; comme le
sont les DVD, qui font aujourd’hui la part belle aux
classiques du 7ème art. Cette exigence de qualité a d’ailleurs incité plusieurs éditeurs de Marseille et de la
région à y exposer une sélection d’ouvrages neufs. Tout
cela ne suffisant pas à l’énergique Muriel, elle s’est engagée au sein de l’association Libraires à Marseille et
organise dans sa librairie de nombreux événements :
ateliers d’écriture, cercles de lecture, expositions, et bien
entendu, rencontres littéraires. C’est ainsi qu’elle recevait
dernièrement l’éditeur David Gaussen venu présenter
Le ventre de Marseille, en compagnie d’une de ses deux
rédactrices Blandine Scherer et de la photographe
Anna Puig Rosado. Afin de permettre au public nombreux de pénétrer dans ce qu’on a longtemps appelé
«le ventre du monde» (d’où le titre du livre), à savoir
le quartier Noailles, D. Gaussen et B. Scherer ont offert
une lecture apéritive, alerte et expressive, d’extraits
choisis. Ont suivi un temps de questions-réponses puis
la visite de l’exposition de quelques unes des photographies réalisées par A. Puig Rosado. Une façon
vivante et très pertinente d’inviter à la découverte de
cet ouvrage original. Ni guide touristique, ni simple
reportage, ce livre se veut «un instantané de la rue
d’Aubagne en 2012». Rien d’improvisé pourtant :
tous les témoignages sont réécrits. Quant à la poésie de
E-lévation,
bon Bon
ces lieux quelque peu désenchantés, grâce au talent de
la photographe, elle saute aux yeux.
FRED ROBERT
La rencontre a eu lieu le 31 mai
à la librairie Apostille à Marseille
http://apostille.web.free.fr
À lire
Le ventre de Marseille, commerçants de Noailles
Marie d’Hombres et Blandine Scherer,
Anna Puig Rosado
Gaussen, 19,50 €
La lecture, c’est pas toxique !
Cette maxime du Lycée du Coudon de La Garde s’accorde parfaitement à la nouvelle aventure de lectures
et de rencontres vécue par les 30 classes des lycées qui
ont, cette année encore, participé au choix du Prix
littéraire des lycéens et des apprentis de la Région
Paca. Leur exposition d’affiches sur le thème «Littérature et société : images et langage» témoigne de leur
plaisir de lire, et de la reconnaissance de ce qu’elle leur
apporte.
Le 25 mai la fête a battu son plein avec les réalisations
© Chris Bourgue
artistiques, préparées autour des livres de la sélection
par les élèves avec leurs enseignants et des artistes associés. Ainsi le lycée Mistral de Marseille a choisi de
faire part de son initiation à l’art de la BD au cours
d’ateliers avec Thomas Azuélos, tandis que le lycée Victor Hugo, de Marseille également, présentait un sténopé
(ancêtre de l’appareil photo) et ses réalisations avec Gisèle Laforgue. Particulièrement remarquables cette
année, des vidéos. Celle, par exemple, de l’École libre
des Métiers de Marseille dont le film, tourné avec le
réalisateur Mathieu Petit, retrace les hésitations d’élèves peu passionnés par l’acte de lecture mais qui, se
mettant en scène avec humour, finissent par se prendre
au jeu !
La Région représentée par son vice-président Patrick
Mennucci, et l’ARL (Agence Régionale du Livre) ont
remis le Prix de notre région à Vélibor Čolić pour son
roman Jésus et Tito (Gaïa) (voir Zib’35). Pour la BD les
lycéens ont choisi l’album Championzé (Futuropolis)
(voir Zib’51) d’Aurélien Decoudray pour le scénario
et Eddy Vaccaro pour le dessin.
CHRIS BOURGUE
C’est beau le monde vu d’en haut... Baudelaire en rêvait,
Google Earth l’a fait et François Bon a, un jour, traversé Buffalo en auto. Moteur et embarquement immédiat
pour l’urbaine fiction : la ville, les photos aériennes,
l’histoire industrielle et sociale des Grands Lacs en
fond d’écran mental, et les micro-récits à toute allure
inventent une nouvelle aventure de l’écriture non imprimée. C’est ce drôle d’objet (lecture-performance
mais aussi création mobile depuis deux années sur le
Web) que le spectateur est invité à découvrir en «lecture
dense», saisi d’entrée par le violon de Dominique Pifarély qui mêle ses improvisations proches de la
saturation à la voix de l’auteur et accompagne les images sur grand écran ; entouré des attributs numériques
visibles de l’E-crivain, Mac, téléphone portable et tablette, François Bon, désuet en regard de l’environnement
technologique, dramatise sa lecture, monte et descend
la voix, se balance sur un pied puis l’autre dans une
scansion aléatoire.
Ce que l’on voit est plus intéressant : les grands à-plats
géométriques constitués à partir des clichés de Google,
nœuds routiers filant vers l’abstraction ou cuves de
pétrole en constellation constituent des motifs propices à l’envol ; le texte, à la prose précise et mate, distille
sagement sa dose de fantastique en fictions contraintes
qui feront dire à une dame intervenant dans la rencontre «mais votre ville, c’est un cauchemar !».
Pascal Jourdana ouvre évidemment le dialogue sur la
forme non du territoire mais du texte ainsi tramé et
des nouveaux outils d’auteur : écriture en évolution
flottant dans l’espace du Net contre clôture relative du
livre… Numérique ou papier ? François Bon réaffirme l’intérêt de l’écriture «rhizomatique» qui met fin à
la solitude de l’écrivain, et distille sa vision stimulante
des mutations de l’écrit, reprenant les remarques de
son essai Après le livre (Seuil) : l’outil de travail a toujours été au cœur de la création et Flaubert, avant de
partir pour son périple en Orient, s’était mis en quête
des meilleures plumes d’oie normandes, taillées pour
l’ouvrage à venir. Pragmatique parfaitement rassurante pour le lecteur dans la mesure où elle n’oppose pas
l’Ancien et le Nouveau : Julien Gracq sur liseuse WiFi ne change pas La Forme d’une ville… mais il est plus
difficile d’attaquer La Traversée de Buffalo au coupepapier spécial José Corti !
MARIE-JO DHO
Une Traversée de Buffalo est disponible
en téléchargement sur publie.net
Fiction Ville est à retrouver sur tierslivre.net
Écrivains en dialogue (coproduction La Marelle
et Libraires à Marseille) a eu lieu aux ABD le 31 mai
Francois Bon et Dominique Pifarely © X-D.R
76 PATRIMOINE SALAGON | LA VALETTE | ARLES | PONT DU GARD
Jardins des Fées
gé noblesse tiers état, (espace de
méditation pour les uns, reconstitution du jardin d’Éden, jardin
d’agrément destiné aux plaisirs pour
les autres, propice à l’amour courtois,
jardin vivrier, nourricier enfin pour le
© Maryvonne Colombani
Depuis 10 ans, le ministère de la Culture en collaboration avec le Comité
des Parcs et des Jardins de France
organise les Rendez-vous aux jardins :
2 000 jardins publics et privés ouvrent leurs portes, le visiteur renoue
avec ses racines, se rappelant un
passé proche où la majorité de la
population était à la terre… Les cinq
jardins à thème de Salagon, labellisés «Jardin remarquable» constituent
un écrin particulièrement intéressant.
Bien sûr, comme partout, une foire
accueille des exposants de produits
locaux et bios, de ventes de végétaux, de miel et autres douceurs, de
médecine par les plantes, d’ateliers
de vannerie, de cosmétique, jardins
miniatures, cerf-volant, bouturage,
bijoux écologiques (la coquetterie
sait emprunter les voies du développement durable !), initiation à l’art de
la ruche, spectacles nichés aux détours des massifs, marionnettes qui
se hâtent avant la pluie… Il y a aussi
des conférences, passionnantes et
documentées. Pierre Lieutaghi,
ethnobotaniste, auteur de nombreux
ouvrages de référence sur les jardins,
leur histoire et les plantes que l’on y
trouve, créateur du jardin ethnobotanique du prieuré de Salagon, cultive
avec érudition le paradoxe du «Jardin
contre nature».
Isabelle Rive, guide conférencière
s’attache quant à elle à présenter une
histoire de l’art des jardins. Du «paradeïsos» persan, jardin clos entouré
de murs, aux jardins utilitaires
contemporains, passant par le jardin
médiéval qui suit la tripartition cler-
MARYVONNE COLOMBANI
Les Rendez-vous aux jardins
ont eu lieu les 2 et 3 juin
Musée et jardins de Salagon,
Mane (04)
www.musee-de-salagon.com
1, 2, 3… chut !
Ainsi commencent les spectacles de Contes et
jardins à La Valette-du-Var. Silence, le conteur
conte, les enfants tendent l’oreille aux histoires
chuchotées, mimées, parfois chantées, par les
comédiens à l’imaginaire rebelle ! Catherine
Caillaud revisite l’éternelle histoire des roses et des
choux d’un jeu de mots sur «ils sèment dans le
jardin des tomates et des choux, ils s’aiment à la
folie dans la chambre !» Les parents esquissent un
sourire tandis que leurs rejetons gloussent de
plaisir… Un peu brouillonne, l’histoire se perd en
route et l’interprétation, un brin classique, ne
décolle pas. Heureusement Philippe Sizaire et sa
complice Dalèle Muller à l’accordéon nous
entrainent en deux pirouettes et une chanson vers
des histoires d’amour impossible entre un roi et son
peuple, un homme entre deux âges et deux
femmes, «un petit homme plus petit qu’un acarien».
Drôle, savoureux, parfois même muet, le tandem se
partage les rôles, grimace et ponctue son spectacle
troisième ordre), le jardin suit dans
ses constructions la pensée humaine,
reflet de sa philosophie et de sa
métaphysique : la division en 4 carrés
par exemple (le carré étant le symbole de la terre) renvoie aux 4 évangélistes
ou aux 4 vertus cardinales ; le point
d’eau n’est rien d’autre que la représentation de la source d’Éden, et
des 4 fleuves qui en sortent. La Renaissance ouvre sur le paysage, trace
les premières perspectives dans un
harmonieux dialogue avec la maison.
Le jardin du grand siècle baroque se
plie à la volonté royale, la nature
domptée file la métaphore du pouvoir
solaire. Les Anglais en réaction instaurent le principe d’irrégularité, le
sensible se substitue à l’intelligible.
La sinuosité à la rectitude. Le XIXème
enfin permet à des artistes comme
Monet d’affirmer «je dois peut-être
aux fleurs d’avoir été peintre»…
On achève par une visite guidée érudite et passionnante des jardins de
Salagon, la mandragore y pousse encore auprès d’autres herbes magiques,
s’en faire conter l’histoire appartient
encore à cet art délicat du jardin. À
se sentir pousser une âme de Candide
au terme du voyage…
de chansons pour adultes… Ah les amoureux des
bancs publics chers à Brassens repris en chœur par
les parents ! Avec Rémy Boussengui qui fait parler
les baobabs accompagné de son djembé et de son
arc musical, le dépaysement est assuré. Ses
histoires s’étirent comme des flèches, parlent de
transmission et de sagesse, glissées comme le
serpent de la forêt gabonaise entre proverbes,
devinettes et percussions corporelles.
Philippe Sizaire, Laurent Peuze et Dalele Muller © X-D.R
Ainsi va la vie des familles dans le parc des Troènes
transformé en village d’enfants avec manèges à
pédales pour percussionnistes d’un tour, attractions
burlesques, coins détente, librairie, buvette,
jukebox, mur de dessins pour apprentis graffeurs…
Pour sa 10e édition, le festival a rajouté une
journée à son programme afin d’inviter tous ses
coups de cœur, comme la Cie Audigane et son
ambiance foraine avec orgue de barbarie et roulotte
en arrière-scène. Au détour d’une yourte ou d’une
roulotte, on croise le Bonbon Circus, le toujours
farceur M. Atchoum, Jimmy V et la guitoune
ambulante des Petites Poucettes. Là, à seulement
quelques centimètres, les artistes sont «pour de
vrai» !
M.G.-G.
Contes et jardins a eu lieu du 24 au 28 mai
à La Valette-du-Var
www.lavalette83.fr
Effervescences
muséales
Le musée archéologique d’Arles avec
la réalisation de l’ajout d’une aile de
800 m² connaîtra cet été quelques perturbations : la maquette du cirque
romain ne sera plus visible, l’Hortus
sera amputé d’une partie de son labyrinthe, les horaires seront modifiés
(sauf les week-ends). Mais le 23 juin,
une conférence menée par Claude
tuites des Euménides d’Eschyle (24
juin à 17h et 26 juin à 20h).
Tous les premiers dimanches du mois
à 11h, des conférences festives ayant
pour thème De l’enthousiasme Dionysiaque à l’ivresse du pouvoir, par
Pierrette Nouet. À noter aussi le 1er
juillet Au bonheur d’Alice, Modes et
luxe à Rome et le 5 août, Marc Antoine au mois d’Août, belle revanche pour
l’anti Auguste par Alice Vallat. Une
série de concerts du festival les Suds
MDAA © Remi Benali, CG13
Sintès, directeur du MDAA, Sabrina
Marlier, archéologue responsable des
fouilles et du relevage de l’épave du
chaland qui suscite tant de travaux et
d’effervescences, et des représentants
du CG, rendra compte des travaux et des
perspectives liées à cette fabuleuse
opération ainsi que des conséquences
positives de l’accord scellé entre l’INRA
et le CG. L’auditorium accueillera cette
année les élèves de l’école de théâtre
Actéon pour deux représentations gra-
animera l’auditorium (voir Zib’52). En
travaux donc le beau musée bleu,
mais toujours une ruche de fêtes et
de savoirs !
M.C.
Musée Départemental
Arles Antique
Arles
04 13 31 51 03
www.arles-antique.cg13.fr
www.suds-arles.com
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Edité à 32 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
L’art du photon
Clin d’œil aux JO de cette année, le
spectacle du Groupe F, désormais incontournable en début d’été, endosse
le nom aux somptueuses consonances
antiques, Ludolux, Les Dieux du Jeu.
Sous la houlette d’un meneur de jeu,
cinq «Photons» lumineux abordent
les rives du Gardon à bord d’une barque
aux allures de Nautilus qui s’empanache de flammes à l’instar du Pont
qui s’embrase. Apolo, Ardent, Roméo,
Lilight, Aquaria, (équipés de 1 200
LED !) dont les noms s’affichent à la
fin des épreuves, arpentent le pont,
qui se transforme en fleuve sur lequel
évolue la barque du pêcheur de sirènes,
en maisons à balcons qui repoussent
à l’infini la quête éperdue de Roméo
pour une insaisissable Juliette, en onFééries du Pont © Thierry Nava Groupe F
des mouvantes où palpite un monde
délicat de mosaïques, en architectures humaines qui deviennent atlantes
et cariatides… Flammes, feux d’artifices, tout se conjugue pour un spectacle
acrobatique et inventif. Une imagination féérique, une belle unité, un
spectacle fluide, sans aucune des
longueurs que l’on ressentait parfois
dans de précédentes prestations.
L’architecture immense de l’aqueduc,
purement utilitaire dans sa conception, nous séduit aujourd’hui par sa
beauté, l’équilibre de ses formes, et
sa capacité à devenir le creuset des
imaginaires les plus débridés. Les
Gymnopédies de Satie accompagnent
le départ d’un public émerveillé alors
que le pont garde dans ses illuminations plus sages, les reflets de la
tempête de feu qui l’a animé.
M.C.
Ce spectacle pyrotechnique
a été donné les 8, 9 juin
au Pont du Gard
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www.pontdugard.fr
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FESTIVAL DU LIVRE
LA CANEBIÈRE
Une fois encore, le Festival
du Livre de la Canebière
a tenu ses promesses
et a emporté le public dans
de multiples balades, au fil
des mots, au fil de l’eau ;
de rencontres en promenades
urbaines, de lectures en
musiques, de la Canebière
au Frioul. Voici quelques échos
de ce cabotage festivalier
Rappelons d’abord qu’il n’est pas aisé d’ancrer le
festival en haut de la Canebière. Le collectif Manifeste
Rien se souviendra sans doute longtemps des
conditions dans lesquelles la comédienne Virginie
Aimone a joué Chacal : chants révolutionnaires
kurdes, manifestation des mêmes, départ en fanfare
des voitures de l’Agence de Voyages Imaginaires,
cloches des Réformés, sans compter le micro qui faisait
des siennes… pas facile de rester concentré dans un
tel charivari. Mais bon, elle l’a fait. C’est ainsi sur ce
festival, on joue le jeu quoiqu’il arrive. Parfois, c’est
un peu rude ; la plupart du temps, tout se passe bien.
Il en a été ainsi de la majorité des rencontres littéraires,
qui ont attiré beaucoup de monde et ont permis
d’aborder des genres et des thèmes variés, des
monologues théâtraux de Léonora Miano consacrés
aux Afropéens, à la BD avec Eddy Vaccaro et
Clément Baloup (un jeune auteur très prometteur
dont nous reparlerons bientôt), en passant par un
passionnant retour sur 50 ans d’indépendance
algérienne en compagnie de Maïssa Bey… On s’est
aussi beaucoup promené durant ce festival.
Balades en ville
En 1909, l’éthologue Jakob von Uexküll introduisit le
terme Umwelt pour désigner la bulle de perception
dans laquelle chaque être vivant se déplace, filtre
exclusif ne nous permettant pas d’accéder à l’univers
d’autrui, sauf à déployer une certaine imagination. Ce
concept trouve une illustration frappante lorsque deux
mondes coexistant habituellement en parfaite
ignorance l’un de l’autre se croisent soudainement. Ce
fut le cas samedi 9 juin, lorsqu’un troupeau constitué
en grande majorité de femmes attirées par le Festival
du Livre, et mené par la comédienne Bénédicte Sire,
fut conduit aux abords de la Canebière pour une
balade littéraire. La découverte d‘espaces urbains
insoupçonnés -d’un vaste hôtel délabré aux dorures
© Juliette Lück
© G.C
© Juliette Lück
78
Festival vagabond
baroques, à celui où Louise Michel rendit son dernier
soupir, en passant par le royaume du poulet, et jusqu’à
un tripot peuplé exclusivement d’hommes- fut des
plus réjouissantes. Les populations autochtones,
écoutant les extraits d’ouvrages (Blaise Cendrars,
Albert Cohen, Stendhal...) dont il était fait lecture,
semblaient apprécier la visite. Et les interprètes de
l‘ASIP -qui traduisaient comme on danse le propos
en langue des signes pour celles dont l’Umwelt est
dénué de sons- ont ajouté un troisième univers à cette
belle occasion de vérifier qu’on n’explore jamais mieux
sa ville qu’en sortant des sentiers battus. Autre
parcours, autres découvertes insolites sur les pas
d’Hendrik Sturm. À partir du mur du Mémorial des
camps de la mort, dont certaines fentes sont incrustées
(décorées ?) de chewing-gums -déposés là par qui ?
pourquoi ? depuis quand ?- le cheminement de
l’artiste-promeneur nous a offert, entre autres, une
étrange plongée, via le parking souterrain, dans le
monde clos d’un Centre Bourse fermé le dimanche :
des grilles partout, et pourtant la clim’, la lumière et
surtout cette soupe musicale omniprésente ; glaçant…
À la sortie, direction la rue Thubaneau, dont il connaît
très bien l’histoire et qui fournit, vers la Mission de
France, un assez joli exemple de coexistence religieuse.
De retour sur la Canebière, c’est une autre balade dans
Marseille que le CipM a proposée, un quadrillage
loufoque de la ville par l’Inspecteur Ruiz(z), lu par son
pince-sans-rire d’auteur Denis de Lapparent, à
l’occasion de la sortie du n°4 de Fondcommun, entre
revue d’artistes et gratuit urbain.
Virée en mer
Après ces heures passées à arpenter le bitume, quel
délice de prendre le bateau pour une escapade au
Frioul ! Joie de la musique et des contes, calme et
volupté lors des ateliers d’écriture où tous se
concentrent et s’écoutent, piochant dans les réserves
d’imagination des uns et des autres. Luxe de s’adosser
aux confortables coussins d’un canapé sous les pins,
pour écouter deux auteurs de polar débattre de
techniques à glacer le sang des lecteurs. Pour Monika
Kristensen, le plus grand moteur de l’écriture est de
ne pas «surtravailler», de garder le plaisir, s’asseoir dans
un café, observer autour d’elle, et penser à ce qui
pourrait bien arriver. Ce qui intéresse Marie Neuser,
c’est «le passage à l’acte, la perte des pédales». Toutes deux
ont su donner généreusement de leur temps pour
contenter les insulaires d’un jour.
De retour au port, il était temps de clôturer ces trois
jours de fête, en poésie et en musique. La très belle
lecture de Gabriel Mwènè Okundji a fait planer tous
ceux qui avaient embarqué sur Le Don du Vent, avant
que les rythmes et la guitare de Didi Pausé et de son
groupe Salaz ne les entraînent vers les rivages de
l’Océan Indien. Ultime et joyeux vagabondage d’un
festival qui bouscule les frontières.
GAËLLE CLOAREC ET FRED ROBERT
Le Festival du Livre de la Canebière,
organisé par l’association Couleurs Cactus,
a eu lieu à Marseille les 8, 9 et 10 juin
Zibeline, partenaire du Festival de la
Canebière, publie la nouvelle et l’illustration
lauréates des deux concours organisés par
Couleur Cactus pour le Festival du Livre :
Anita Lindskog a remporté le concours de
nouvelles, et Darren Johnson le concours de
l’illustration numérique, inspirée du recueil
de nouvelle de Francesc Seres (voir p. 79).
FESTIVAL DU LIVRE 79
La caresse du monstre
Le soleil au zénith, j’ai dévalé la pente pour gagner le rivage. Sur la
plage matelassée de cailloux, de bois et de varech enchevêtrés, j’ai
posé mon sac et, en un rien de temps, me suis dévêtue. En entrant
lentement dans le bleu intense, contraste de la blancheur de ma peau,
j’ai éprouvé la sensation fugace du déjà vécu.
J’ai ajusté mon masque, contracté le bassin et envoyé la tête première
sous l’eau. Dans cet élan j’ai nagé instantanément pour conjurer le
froid picotant du contact avec les eaux. Alors que je plongeais en
apnée, un banc lumineux de poissons aux ailerons striés m’a effleuré
le dos et je l’ai suivi plus loin au hasard.
Je jouais, testant des cabrioles sous l’eau, fixant, tête en bas, le soleil
à travers la surface. Combien de hors-temps, cette sirénade avait-elle
duré ? Un corps plongé délicieusement dans du liquide n’est pas
capable de mesurer…
Puis, un bruit étrange, comme une basse de fosse émise du fond
marin, a peu à peu dérangé l’équilibre.
J’ai songé au moteur d’un petit bateau mais non… ce n’était pas la
musique crachotante du kérosène soulevant des remous.
D’ailleurs, la surface de la mer restait lisse, et pourtant, par l’en
dessous, une vibration dans les graves n’en finissait pas de monter, en
puissance.
J’ai réalisé à quel point je m’étais éloignée du rivage.
Une vague angoisse s’est installée et j’ai entrepris de regagner la
plage. J’ai choisi de crawler, m’appliquant avec une régularité de
métronome.
Alors une onde violente m’a fait dériver vers le large. Ayant repris
vaillamment la nage en direction opposée je me suis contrainte à
respirer, le plus calmement possible, sur chaque battement de bras.
C’est alors que je l’ai entendu. Sur le moment, j’ai cru défaillir tant le son
et la tonalité me paraissaient proches et familières.
C’était une voix qui m’appelait, une voix d’homme, une voix ancienne
et vieille, presque chevrotante.
Cette voix résonnait partout dans l’air, les flots et au fond de ma tête.
Je me suis mise à haleter, je m’épuisais en mouvements désordonnés
et plus je fermais les yeux, plus la voix m’appelait. Car c’était bien mon
prénom prononcé à l’infini qui avait envahi jusqu’à la mer et l’air.
Je suffoquais, je résistais à l’appel. Il y en allait de ma vie peut être. Je
ne savais plus. En tentant d’avancer au plus vite, je me suis débattue
contre mon corps qui s’épuisait, contre ma tête qui ne commandait
plus ; dans cette lutte insensée je me paralysais de fatigue et de peur.
La voix, cette voix, sa voix qui résonnait à me rompre les tympans,
c’était bien lui. C’était toi. Tu m’avais cherchée disais-tu et voulais
m’étreindre une dernière fois.
Des cris jaillissaient depuis le rivage. Les oiseaux tournoyaient en
rondes anarchiques au-dessus des flots. Le ciel s’était assombri.
Un vertige me happait, je sentis la caresse glacée sur mes cuisses,
mon ventre et au fond de mon sexe.
Mon corps lesté de plomb se mit à couler. Je me sentais vide, absente
et m’abandonnais à l’aspiration.
Ce n’est que lorsque mon masque s’est soulevé que j’ai vu le regard,
ce regard… ton regard dément ; la panique m’a transpercée. Je t’avais
reconnu, tu as saisi ma main et l’a caressée doucement… L’air s’est
mis à manquer, mes tempes se congestionnaient du sang comprimé,
mes poumons explosaient et dans un coup de rein inespéré je me suis
propulsée vers le haut.
La première fois j’ai troué la surface en cherchant douloureusement
l’air qui s’offrait. La main s’était agrippée à la mienne et me tirait à
nouveau vers le fond, je replongeais…
Dans un effort désespéré j’ai violemment rué et le contact avec l’abîme
s’est rompu dans un craquement sourd.
La seconde fois, la tête hors de l’eau, j’ai inspiré à en mourir…
Sur la plage, ils m’ont étendue.
Les sirènes des ambulances retentissaient. Des badauds s’étaient
regroupés et certains d’entre eux laissaient échapper des phrases
étranges. Je ne comprenais plus le sens des mots, une épaisse
couche de brume m’enveloppait. Un visage inconnu s’est penché sur
le mien et m’a parlé dans ma propre langue.
Ne craignez rien madame, je suis secouriste, vous avez été prise dans
un séisme de petite magnitude, c’est fréquent sur cette côte, le saviezvous ?
Non, je n’avais pas idée, ai-je murmuré.
Les gens d’ici l’appellent «la caresse du monstre»… Tout ira bien, vous
êtes sauve.
ANITA LINDSKOG
La sardine gitane de Darr
en Johnson

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