ACTUALITE MAISON DU BARBIER

Transcription

ACTUALITE MAISON DU BARBIER
Renaissance du Lille ancien
ACTUALITE MAISON DU BARBIER
Soumis par catherine
25-05-2010
Dernière mise à jour : 24-01-2013
Quelle histoire !
    A l’angle de la rue au Péterinck et de celle de la Monnaie, s’élève une maison datée de 1726 connue de
promeneurs et amoureux des vieux quartiers de la ville. Elle présente une gresserie en rez-de-chaussée, dont les
montants sur la rue de la Monnaie ploient sous le poids des ans, supportant deux étages montés en pierre calcaire pour
les encadrements des fenêtres, entre lesquels s’intercalent des remplages de brique.
Depuis quelques mois, le commerce de vêtements a quitté les lieux, rachetés par un propriétaire décidé, passionné,
acharné même, qui a entrepris un travail de fourmi digne d’éloges.
Ce sont les peintures sur les montants de grès côté rue de la Monnaie qui lui ont mis la puce à l’oreille. Non pas des
traces de badigeon noir, mais des dessins naïfs superposés, qui alternent des formes de plats à barbe et des fleurs de
lys. L’existence de ces dessins n’est pas une découverte mais jusque là , on se perdait en conjectures sur leur datatio
leur signification . Plats à barbe de forme ovale avec le retrait pour le cou du client, certes, mais qui racontent quelle
histoire, quel commerce, quel artisan ?
Intrigué, le propriétaire s’est rendu régulièrement aux Archives Départementales et aux Archives Municipales, déc
trouver le fin mot de l’histoire : consultation des registres des vingtièmes (imposition de l’Ancien Régime), des dixiè
et, malgré les manques, les numérotations hasardeuses et les changements de dénomination de la rue, il a retrouvé le
premier artisan installé là .     Â
ÂÂ
Â
En premier lieu, quelques points d’information sur le métier de «barbier-perruquier-chirurgien ». Chirurgien en effet, no
pas à cause de leurs connaissances anatomiques, mais parce qu’ils possédaient des outils tranchants : dure époque q
le moyen-âge pour les malheureux placés entre leurs mains. Avec l’évolution de la mode, ils rajoutèrent la fonction de
« perruquier » aux deux premières d’origine. Leur emblème étaient le plat à barbe, noir et jaune pour ceux spéc
(!) dans la chirurgie, noir et blanc pour les barbiers. Tel est le cas pour la façade qui nous intéresse.
Plongeons dans l’histoire des petits métiers lillois, celle des barbiers-perruquiers, mis à l’honneur lors du siège de la
par les Autrichiens en 1792, quand le barbier Maes a continué à exercer son art dehors, dans les ruines, en rasant ses
voisins dans un éclat de boulet qui lui servait de plat à barbe.
L’acte le plus parlant a été retrouvé par le propriétaire aux Archives Départementales. Il date du dix-huit janvier 174
(ADN, 2E 3, 2214, actes 3,4 et 69). Il s’agit d’une vente de charge, celle d’un maître barbier, Guillaume François
un garçon barbier, Combert de son nom de famille. Le document précise que le premier cède « le livre journal des
pratiques, sa boutique entier avec tous les effets qui la concernent tels que vitres, planches, armoire, bassins,
coquemards, deux têtes à pied, tables et linge à raser, pour en jouir par le second comparans ». Nous avons devant les
yeux l’inventaire d’une boutique de barbier de l’époque avec un mobilier réduit, adapté au local qui mesure Ã
Les « coquemards » sont des pots à feu qui servent à faire chauffer l’eau nécessaire au rasage, ce qui implique
présence d’un foyer dans la petite boutique. S’y ajoutent les bassins et linges, et cette étonnante mention de deux
« têtes à pied », supports destinés à recevoir des perruques en exposition.
Sans rentrer dans le détail de l’ensemble des documents consultés, l’histoire de cette boutique se suit pas à pas. Le
fondateur de la charge n’est autre que Guillaume François Leleu, natif de la paroisse Saint-Pierre, qui s’y est égalem
marié et qui y est mort, sans descendance. Il s’est installé dans la maison dès sa construction, en 1726, mais n’en Ã
pas propriétaire. Le loyer qu’il payait alors à un certain Vandervecken ponctionnait une grande partie des faibles revenus
de son métier et son successeur, le sieur Combert, n’a tenu qu’une seule année.
C’est un autre barbier-perruquier qui a alors repris la charge, avant que le local ne change de fonction pour devenir
magasin de faïence en 1775 . . . jusqu’à sa reconversion à venir en boutique de traiteur de spécialités régionales co
2010.
Seuls ont survécu, à travers les siècles, les plats à barbe de la façade qui rappellent de manière émouvante ces petits
métiers d’antan, ces artisans attachés à leur office, à leur paroisse, qui œuvraient leur vie durant sans laisser de trace
la mémoire collective.
http://lille-ancien.com/dynamic
Propulsé par Joomla!
Généré: 15 February, 2017, 05:19
Renaissance du Lille ancien
Justice est donc rendue à Guillaume François Leleu, barbier-perruquier de son état. Les peintures qu’il a laissées sero
protégées, mises en valeur dans une restauration que nous tardons de voir débuter. Ici, les gresseries ne seront pas
noircies, et ces dessins nous montrent que si le noir a été trouvé en quelques endroits, il faut bien se garder d’en éte
l’application sur tous les soubassements : les plats à barbe sont en effet dessinés directement sur le grès brut.
Faites parler les traces et les témoins, ils vous raconteront à la fois l’histoire des bâtiments et celle de leurs habitants.
Jean-DenisClabaut
http://lille-ancien.com/dynamic
Propulsé par Joomla!
Généré: 15 February, 2017, 05:19