DOSSIER SPECIAL DISTRIBUTION Janvier / Février
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DOSSIER SPECIAL DISTRIBUTION Janvier / Février
+ A SP NN EC UA IA IR L D E D IS 20 E L TRI 16 A D BU -2 IS T 01 TR IO 7 IB N UT IO N PIC N° 96 - JANVIER/FÉVRIER 2016 - 24 € WWW.PIC-MAGAZINE.FR PROTECTION INDIVIDUELLE & COLLECTIVE LE MAGAZINE DE LA SANTÉ ET DE LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL RPS une question d’organisation DR p. 25 Dossier SPÉCIAL Distribution p. 33 ENTRETIEN P. 20 >Jacques Mounier, directeur du site Bonduelle Rosporden Équipements de sécurité Qualité de vie au travail SIGNALISATION QVT lumineuse ou sonore Dix recommandations p. 40 p. 46 dossier + ANNUAIRE DE LA DISTRIBUTION 2016-2017 Spécial distribution Sur un marché tendu, au marges dégradées, les distributeurs d’EPI et de vêtements de travail doivent constamment trouver les moyens de maintenir leur chiffre d’affaires. Pris entre les exigences des fabricants et celles des utilisateurs, ils ne cessent d’innover et ont réussi à s’imposer comme des experts à part entière du monde de la protection de l’homme au travail et de la prévention des risques professionnels. D.R. Sommaire PIC - www.pic-magazine.fr Les distributeurs innovent aussi... > De plus en plus d’acteurs > De véritables experts de la SST > L’épineux problème des MDD > Où aller chercher de la marge ? > Être visible et se rapprocher du client final > Et demain ? p. 34 p. 35 p. 36 p. 36 p. 38 p. 38 Janvier / Février 2016 - 33 Dossier SPÉCIAL DISTRIBUTION Les distributeurs innovent aussi... On estime le marché des EPI à 1 milliard d’euros en valeur. C’est donc sur un petit marché que travaillent les distributeurs. Et ils sont nombreux. Alors comment se différencier ? Où aller chercher de parts de marchés ? Comment se rendre visible ? Comment produire de la valeur ajoutée ? Quels partenariats établir ? MDD ou pas MDD ?… ous travaillons dans un contexte économique difficile, confie à Pic Serge Collomb, directeur du réseau EPI Center. Les marges sont en baisse. Il nous faut constamment tenter de trouver le juste équilibre entre la pres- «N sion qu’exercent sur nous, en termes de prix, nos partenaires fabricants et la pression de certains clients qui ne cherchent qu’à acheter au plus bas prix ». Ce point de vue, Serge Chamblas, Pdg d’Orexad, le partage. « Le marché des EPI est dépendant de secteurs en crise comme l’industrie ou le BTP. Il souffre donc forcément de la situation économique. Par ailleurs, il faut rappeler que le tissu économique de notre pays tend à se rétrécir. Ce contexte n’est donc pas favorable, d’une manière générale, à notre activité », constate le dirigeant. Avant d’ajouter : « En outre, certains segments au sein même des EPI souffrent plus que d’autres, c’est le cas notamment de la protection du corps et des pieds. Nous nous attendons donc à une année 2016 peu porteuse de croissance. » De plus en plus d’acteurs C’est un paradoxe que nous avons déjà souligné. Le marché de la distribution des EPI et du vêtement de travail est un petit marché qui attire beaucoup de monde. De plus en plus même. « Il est indéniable que ce marché attire du monde. Et tout le monde peut décider du jour au lendemain de s’afficher distributeur EPI, constate Vianney Hamoir, directeur activités marchés professionnels pour le réseau Cofaq (enseignes Master Pro et Master Pro Expert EPI). D’autres nouveaux entrants sont plus sérieux et disposent de structures logistiques qui leur permettent de satisfaire des besoins quantitatifs chez les utilisateurs finaux. » Du côté de Mabéo Industries, l’arrivée de nouveaux acteurs est même logique. « L’arrivée de nouveaux distributeurs est logique et typique des périodes où les marchés sont un peu plus difficiles. On va chercher ailleurs des parts de marchés, explique Patrick Martin, président de Mabéo Industries. Par ailleurs, la concurrence qu’ils pourraient générer dépend des marchés qu’ils vont adresser. S’attaquer au marché de ce qu’on appelle les ‘’Commodities’’ n’est pas très difficile. Mais s’ils souhaitent toucher des clients plus complexes, il leur faudra monter en expertise, recruter des technico-commer- Les utilisateurs aiment encore se rendre dans une boutique pour voir, toucher, essayer le produit avant de l’acheter éventuellement sur Internet. BIA FRANCE « LES UTILISATEURS NE SONT PAS ASSEZ CONSULTÉS LORS DU CHOIX DES EPI » « L’attention portée au prix est très présente en cette période de crise. Dans ce contexte tendu, ce sont les services que propose le distributeur qui permettent de maintenir nos marges. Tout le monde est capable de vendre des EPI de mauvaise qualité, à bas prix… Mais ce n’est pas le meilleur moyen de créer une relation durable et de confiance avec ses clients et c’est un modèle économique pas tenable. Chez BIA, nous voulons vraiment que nos partenaires nous perçoivent comme des spécialistes des EPI capables de leur apporter une vraie expertise. Nos commerciaux commencent toujours leur approche par une analyse des risques. C’est ensuite qu’ils vont aller chercher, dans notre large panel de fournisseurs, celui qui a le produit le plus adapté à l’usage du client. Nous proposons également à nos clients la possibilité de s’appuyer sur notre expertise afin d’informer leurs utilisateurs du bon usage des EPI que nous leur livrons. C’est un service qui plaît beaucoup. Le message passe mieux quand il vient d’une personne extérieure à l’entreprise plutôt que de l’encadrement. 34 - Janvier / Février 2016 EPI Center VINCENT BIA, GÉRANT DE BIA FRANCE PIC - www.pic-magazine.fr ciaux, les former, leur faire connaître les gammes. Cela représente de gros investissement financiers et humains… » De véritables experts de la SST 3 questions à... Serge Chamblas, P.-D.G. D’OREXAD Dans un contexte économique difficile, face à une concurrence agressive, les distributeurs ont dû abandonner leur casquette de simple revendeur d’équipements de protection individuelle et de vêtements de travail. « La survie sur ce marché passe par notre capacité à devenir l’interlocuteur privilégié de nos partenaires, clients finaux ou fabricants, insiste Caroline Allysier, co-fondatrice de Protec Nord. C’est ainsi que nous pouvons nous démarquer des simples fournituristes qui se contentes de vendre des solutions qu’ils ne connaissent pas toujours. » Un distributeur expert alors ? C’est ce que pense Patrick Manchini, directeur général de groupe RG. « Pour offrir des produits performants, plus protecteurs, plus durables, il faut bien connaître les métiers de ses clients, il faut une véri- q Comment évolue la distribution des EPI ? Se diversifie-t-elle ? Depuis quelques années les distributeurs spécialistes étendent leurs champs d’action : les hygiénistes vendent de l’EPI et inversement. Cela correspond à la fois à une demande du marché (rationalisation de portefeuille fournisseurs chez les utilisateurs finaux) et à des perspectives de développement pour le distributeur. Cependant, les nombreuses contraintes (expertise, choix des produits, puissance logistique et image de marque plus ou moins attachée à un secteur) freinent la diversification. Observe-t-on une amélioration des achats, mieux adaptés aux porteurs et aux risques du terrain ? Les porteurs sont-ils assez consultés par les acheteurs et par les distributeurs ? De plus en plus d’entreprises professionnalisent leurs achats d’EPI, avec trois enjeux majeurs : la sécurité, le confort et la réduction des coûts. Nos partenaires fournisseurs, particulièrement impliqués auprès des utilisateurs, sont des maillons essentiels du processus d’achat. De par leurs services R&D, ils innovent chaque année pour proposer des nouveautés répondant à des segments et des risques de plus en plus précis. Nos équipes commerciales sont également très à l’écoute de nos utilisateurs pour leur fournir le matériel le plus adapté à leurs contraintes métier. Ainsi, nos spécialistes EPI (une trentaine sur la France) sont là pour leur préconiser les meilleures solutions possibles. Le marché de la distribution des EPI est petit. Et paradoxalement, il y a beaucoup d’acteurs. Comment se procure-t-on de la lisibilité ? En tant que spécialiste de la distribution d’équipement de protection individuelle nous nous devons d’être présents sur les salons professionnels, tels que Preventica Lyon qui a eu lieu en octobre dernier. Nos confrères y sont présents également. C’est un vrai lieu d’échanges, où nous sommes confrontés à nos clients. Il est indispensable d’être représentés sur ces types d’événements. Pour revenir à ce que nous évoquions plus haut, notre volonté est également d’être un acteur Web incontournable sur le segment EPI. Le développement de notre département E-business témoigne de cette volonté. Mais c’est aussi dans nos relations quotidiennes, au plus près des utilisateurs et de leurs préoccupations, en apportant des solutions adaptées et en assurant la sécurité de milliers de porteurs, que la reconnaissance de notre réseau se développe. COFAQ « NOTRE FORCE, C’EST NOTRE PROXIMITÉ TERRAIN ET NOTRE RÉACTIVITÉ » VIANNEY HAMOIR, DIRECTEUR ACTIVITÉS MARCHÉS PROFESSIONNELS POUR LE RÉSEAU COFAQ « Il y a certains marchés que nous ignorons, sur lesquels nous n’allons pas parce que les prix sont trop tirés vers le bas. La valeur ajoutée de notre réseau repose sur l’historique des distributeurs qui le composent. Ils sont connus et jouissent d’une relation de proximité avec leurs clients qui en font des interlocuteurs privilégiés en termes de conseils, de préconisation, d’études du risque… Si notre réseau de proximité nous permet d’être très réactifs, nous ne nous limitons pas au niveau local. Nous disposons d’une structure Master Pro Grands Comptes qui coordonne tous nos points de vente pour répondre aux appels d’offres des grands comptes. Nous voulons être toujours plus proches de nos clients pour les accompagner de manière opérationnelle dans l’ensemble de leurs problématiques SST. » PIC - www.pic-magazine.fr Janvier / Février 2016 - 35 Dossier SPÉCIAL DISTRIBUTION q Serge Collomb, DIRECTEUR DU RÉSEAU EPI CENTER Comment qualifieriezvous le marché des EPI ? C’est un marché en difficulté avec des marges basses. Constat que partagent nos partenaires fabricants. Mais nous sommes arrivés à un moment clé de la relation entre le distributeur et ses partenaires fabricants. En effet, dans ce contexte et compte tenu de l’importance qu’ils ont prise, les distributeurs sont aujourd’hui en position de pouvoir négocier les prix avec leur partenaires. D’autant plus qu’ils ont su développer une réelle expertise (technique, commercial, marketing…) pour vendre et prescrire les solutions. Prix tirés vers le bas ou achats de produits de qualité ? On y rencontre un peu tout. Mais la distribution EPI est aussi un marché de renouvellement. Ce qui renforce l’importance de l’expertise que doit acquérir le distributeur pour faire monter en gamme et donc en prix les matériels et le vestiaires fourni à l’utilisateur. Le renouvellement est le moment idéal si on sait faire preuve de technicité, de qualité, d’expertise quant aux besoins de l’utilisateur, de services associés, de cohérence de gamme. Il est aujourd’hui absolument nécessaire de gagner des marges sur les services associés par rapport au prix des produits sortants. Vous êtes très nombreux sur ce marché. Comment être visibles ? Il faut réfléchir aux nouveaux canaux de distribution. L’acheteur est de plus en plus cross canal. Il peut acheter sur Internet après être passé en boutique pour voir, tester le produit, discuter avec un expert. Certains de mes confrères, après avoir tout misé sur la logistique, commence à réfléchir en termes de magasins physiques ou de magasins virtuels. Il faut être visible. Partout. Dans les régions et sur Internet. Dans les réseaux sociaux où s’échangent beaucoup d’informations sur l’utilisation des EPI. Il faut aller explorer d’autres marchés comme celui du blanc (paramédical, médecin, métiers de bouches) qui peut être intéressé par nos solutions. 36 - Janvier / Février 2016 L’épineux problème des MDD « La marque de distributeur ou marque exclusive peut poser problème, constate Serge Collomb. Lancer une MDD pour une MDD, c’est idiot. Elle ne doit pas servir à purement placer du produit pas cher et casser la marque fabricant. Elle doit être un véritable vecteur de communication et pas juste un moyen de casser les prix. Certains de mes confrères considèrent à tort qu’en situation de crise, on doit tirer les prix vers le bas et que la MDD peut le permettre. Je pense sincèrement qu’ils se trompent. Selon moi, on doit justement profiter d’une période de crise pour faire l’effort d’emmener son offre vers de produits plus techniques, de meilleure qualité… quitte à perdre des marchés. C’est certes moins facile que de vendre du prix mais c’est, à mon sens, le meilleur moyen de ne pas continuer à descendre… » Bien conçue, la marque exclusive peut permettre de proposer une alternative EPI Center 3 questions à... table expertise produit/métier. Le partage et l’utilisation de cette expertise est aussi une forte différenciation que savent reconnaître les acheteurs et les responsables sécurité. Nous ne nous contentons pas de poser quelques échantillons sur un coin de bureau. En tant que spécialiste, nous proposons notre expertise par des analyses de postes et des conseils appropriés et c’est d’ailleurs l’axe que nous avons choisi comme nouvelle signature : « bien conseillé, mieux protégé ». aux marques nationales, en toute transparence, à des niveaux de prix qui permettent à tout le monde de vivre. Où aller chercher de la marge ? Les distributeurs vont chercher de la marge sur des produits à forte valeur ajoutée et les produits haut de gamme. La création de valeur passe par des solutions techniques préconisées par les spécialistes EPI des distributeurs, sur des problématiques particulières liées à l’environnement de travail. « Mais la massification des achats et l’optimisa- DESCOURS & CABAUD « LES RESPONSABLES QSE S’IMPLIQUENT DE PLUS EN PLUS DANS LA CONCEPTION DES NOUVEAUX PRODUITS » JOCELYNE PELOUX, DIRECTEUR MÉTIER EPI « La crise influence fortement le comportement de nos clients en matière de politique d’achat. Les postes d’achats sont mieux gérés, tout comme les stocks chez nos clients. Les approvisionnements sont plus fréquents, avec une baisse moyenne des quantités. Par ailleurs, la logistique est un élément de ce service auquel peut s’ajouter toute une palette d’offres et elle est un élément clef du développement durable. Enfin, pour aider au choix, les spécialistes du groupe Descours & Cabaud proposent donc des audits de poste avec les responsables QSE et les employés de façon à identifier les besoins et les EPI pouvant y répondre. » PIC - www.pic-magazine.fr GROUPE RG « CERTAINS GRANDS COMPTES FAVORISENT LA PAUPÉRISATION DU MARCHÉ » PIERRE MANCHINI, DIRECTEUR GÉNÉRAL CHEZ GROUPE RG La force des réseaux comme EPI Center est de disposer de points de vente au plus près du tissu économique régional, voire local. « L’entrée de gamme est souvent une solution à court terme car il n’y a pas la maîtrise des variations tarifaires, notamment lorsque l’origine des produits est soumise à un taux de change euro/dollar qui fluctue. De plus, l’entrée de gamme n’offre pas le même niveau de protection ou de durée de vie des équipements.Par ailleurs, nos clients ne peuvent pas toujours différer l’achat d’un produit consommable d’autant plus sur certains EPI comme les gants, les chaussures, les masques…. Pour certains,de nos clients, le but de l’achat est d’obtenir les meilleures remises. Pour d’autres, c’est de sélectionner un partenaire dans une relation « gagnant-gagnant » qui saura répondre pertinemment au cahier des charges. Le prix n’est plus le principal critère. C’est souvent celui du délai compte ». MABÉO INDUSTRIES tion du flux logistique sont aussi une des clés pour améliorer la rentabilité. Et notre développement sur le marché EPI chez les grands clients nous oriente, depuis début 2015, vers des partenariats de plus en plus étroits et spécifiques avec nos fournisseurs prioritaires », reconnaît le P.-D.G. d’Orexad. Le groupe RG a choisi de s’attaquer aux petites entreprises comme le confirme son directeur général : « Nous visons particulièrement le vivier des PMI/PME en France qui est loin d’être totalement visité. Par ailleurs, nous souhaitons agrandir notre terrain de jeu en investissant davantage sur d’autres pays européens à la fois en développant nos structures existantes mais aussi par croissance externe. » Accroître son chiffre d’affaires peut aussi passer par de la croissance organique ou des rapprochements avec de partenaires. « Il faut que les distributeurs tentent de se consolider en se rapprochant de partenaires qui leur permettront de gagner ‘’en puissance’’ face aux fabricants », explique Serge Collomb. Point de vue que partage évidemment Laurent Lairy, président de Protect’Homs : « Notre acquisition du Belge Carbone +, quatrième acteur de la distribution EPI en Belgique, nous permet d’accroître notre périmètre d’activités et de conquérir des parts d’un marché assez similaire au marché français, mais dix fois plus petit, où nous pouvons proposer notre expertise à des PME-PMI et TPE/TPI patrimo- « NOUS N’AVONS PAS DE MDD, CE QUI CLARIFIE NOS RELATIONS AVEC LES FABRICANTS » PATRICK MARTIN, PRÉSIDENT DE MABÉO INDUSTRIES « Nous avons une relation claire avec les fabricants. Nous n’avons pas de MDD. Cela simplifie notre relation avec eux. Ils travaillent avec nous en confiance et ils ont compris que nous n’allons pas leur tirer dans les pattes avec une MDD qui viendrait casser les prix et leurs marques nationales. Par contre, nous sommes confrontés à une forte exigence de service qui se combine avec une forte pression sur les prix. Nos clients veulent acheter pas cher des produits logotés, sérigraphiés, personnalisés, livrés dans des colis individualisés… Par ailleurs, afin de nous rapprocher de nos clients, nous avons fortement investi dans le ecommerce. » LYRECO « NOTRE ARRIVÉE SUR LE MARCHÉ DE L’EPI S’INSCRIT SUR LE LONG TERME » FRANCK SUHIT, DIRECTEUR MARKETING « Depuis 2013, le développement de notre activité sur le marché EPI répond à une vraie stratégie et ne se limite pas à la simple vente de solutions. Nous disposons d’une puissance logistique qui garantit à nos clients qu’ils seront livrés sous 24 ou 48 heures. D’ailleurs, notre démarche a vite été comprise par les fabricants. Nous travaillons avec 100 000 clients. Les fabricants y ont vu leur intérêt : pouvoir adresser via notre réseau un grand nombre de clients potentiels, qu’ils ne peuvent pas toujours aller démarcher. La vente des EPI devrait en 2016 représenter environ 2 % de notre CA. Ainsi, l’essentiel de notre croissance 2016 se fera sur le marché des EPI. » q PIC - www.pic-magazine.fr Janvier / Février 2016 - 37 Dossier SPÉCIAL DISTRIBUTION q niales semblables à celles que nous adressons en France. » Être visible et se rapprocher du client final Le service, le conseil et l’accompagnement sont des axes de différenciation indispensables pour l’accroissement du marché. « L’ensemble de nos supports commerciaux évoluent vers plus d’informations produits. Nos catalogues présentent à nos clients l’environnement normatif, essentiel à la commercialisation d’EPI, souligne Serge Chamblas. Sur Internet, nos fournisseurs développent de nouveaux systèmes en e-learning pour aider notre force de vente à rester la plus informée possible sur les évolutions normatives. Nous constatons que la France accuse un certain retard par rapport à ses voisins européens sur l’utilisation du digital, et cela sur beaucoup de marchés. Pour reprendre une longueur d’avance, nous avons déployé depuis septembre une nouvelle version de notre site e-commerce, plus professionnel, accessible et clair pour nos clients. » Tous les distributeurs nous l’ont confirmé. Il leur faut absolument développer de nouveaux services et accroître leur couverture géographique pour fidéliser et se rapprocher de leurs clients. « Cela passe par la mise en place d’outils informatiques dédiés et personnalisés, du service et du conseil à nos clients. Par exemple, nous organisons régulièrement des demi-journées d’information sur des thèmes spécifiques (travail en hauteur, risques liés au bruit, protections respiratoires…) », explique Vincent Bia, gérant de BIA France. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi disposer d’une force de vente technicocommercial qui soit capable d’aller sur le terrain, d’ouvrir des portes, de rencontrer le clients. Rien ne remplacera le contact avec le client. Nous avons racheté il y a quelque temps un des plus gros adhérents du réseau EPI Center. « Il faut être le plus proche possible du porteur. Rien ne coûte plus cher qu’un EPI qui n’est pas porté, explique Pierre Manchini. Lors des phases de conception de nouveaux produits, que ce soit pour notre marque propre (ERGOS) ou en partenariat avec nos fabricants, nous avons pris l’habitude de tester et de recueillir les avis des utilisateurs finaux. Ces échanges nous permettent d’ajuster les paramètres pour une acceptation totale du produit fini. Toutefois, cette démarche n’est pas systématique et certaines entreprises n’y souscrivent pas forcément. C’est dommage car, de notre point de vue, c’est le bon réflexe pour assurer l’acceptation de l’EPI et une meilleure implication des salariés dans une démarche de prévention et de sécurité. Nous allons également à la rencontre de nos clients via les réseaux sociaux, la participation aux salons professionnels (Préventica, A+A, Expoprotection…), via également l’organisation de nombreuses journées techniques…» Et demain ? Tout d’abord, soulignons que si les distributeurs poursuivent leur montée en puissance, ils pourront peut-être un jour accorder les mêmes moyens en termes de commercialisation et de prescriptions à leurs marques MDD, à l’image de ce que font les fabricants pour leurs marques nationales. Il y a fort à parier que ce jour-là les MDD explosent. On sent d’ailleurs que le monde de la distribution est à un tournant de son histoire. Il a rééquilibré sa relation avec les fabricants. Il est au cœur du système et se donne les moyens de l’être de plus en plus. Alors pourquoi ne pas envisager que les distributeurs jouent demain le rôle de la grande distribution et la vente des biens de consommation courante ? Qui sait… Lyreco Certains distributeurs comme Lyreco disposent d’une logistique qui est un de leurs principaux atouts. 38 - Janvier / Février 2016 PIC - www.pic-magazine.fr NORD « COMME POUR LEURS ACHATS COURANTS, NOS CLIENTS COMMANDENT EN LIGNE » CAROLINE ALLYSIER, COFONDATRICE DE PROTEC NORD « Certains de nos clients n’hésitent pas à acheter des solutions de qualité car ils ont compris qu’en achetant à bas prix, ils seront obligés de les remplacer très vite. Cela revient finalement plus cher. Nous avons cependant fait un gros travail de sensibilisation. D’une manière, face à l’offre EPI, nos clients attendent beaucoup d’expertise de la part du distributeur. Nous devons les aider et les accompagner dans leur choix. Est-ce le syndrome Amazon ? Toujours est-il qu’ils sont de plus en plus exigeants en termes de délais de livraison. La logistique joue donc un grand rôle dans notre métier. Autre constat : certains de nos clients hésitent à travailler avec les gros distributeurs qui ont parfois tendance à pousser leur MDD. Ils se tournent vers nous pour trouver une autre offre, plus qualitative et du service associé. Enfin dans notre métier, la visibilité et la proximité avec nos clients est de plus en plus importante. Il faut être présent sur Internet, leur donner la possibilité d’acheter en ligne car ils ont des habitudes de consommateurs qui achètent de plus en plus en ligne. » PROTECT’HOMS « NOUS JOUONS RÉSOLUMENT LA CARTE DE L’HYPER-SPÉCIALISATION » LAURENT LAIRY, PRÉSIDENT « Notre métier attire de nouveaux acteurs, des généralistes qui vendent en masse. Pour contrer cette concurrence, nous avons pris le parti de l’hyper-spécialisation. Nous nous attachons à être capables de faire des préconisations très précises et nous tentons autant que possible d’aider nos clients à optimiser l’utilisation de leurs EPI et leur gestion. Cela leur permet de faire des économies et nous de vendre des services à valeur ajoutée et de la protection qui fait du bien ! Même s’il est normal que de nouveaux entrants viennent sur notre marché, ils doivent comprendre qu’on ne vend pas des EPI ou des vêtements de travail comme des “fournitures industrielles sans valeur ajoutée”. Ils doivent veiller à ne pas abîmer le marché en tirant prestations et prix vers le bas. Mais je reste optimiste. Nous avons su nous doter d’outils qui nous permettent de faire la différence : réalisation d’audits, préconisation, plateforme logistique intégrée, services broderie, sérigraphie, couture, contrôle EPI de classe 3, emballage individuel… et même un SAV ambulant. » PIC - www.pic-magazine.fr Janvier / Février 2016 - 39