RESOLUTION n°14 : la liberté d`expression et la

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RESOLUTION n°14 : la liberté d`expression et la
RESOLUTION n°14 : la liberté d’expression et la situation des écrivains dans la Région
autonome du Tibet. Présentée par le centre PEN Tibetan Writers Abroad, appuyée par
PEN Angleterre, le centre PEN
indépendant Chine et PEN Sydney.
Assemblée des Délégués de Pen International réunie au 81ème congrès mondial à Québec,
Canada, du 13 au 16 octobre 2015.
Depuis des années, PEN International adopte des résolutions exprimant ses vives
préoccupations sur la situation en termes de liberté d’expression dans la Région autonome du
Tibet, la plus récente datant de 2014. L’Assemblée des Délégués appelle de manière répétée
les autorités chinoises à prendre des mesures urgentes pour régler la situation en libérant les
écrivains et militants emprisonnés, et en protégeant le droit à la liberté d’expression. Nous
exhortons régulièrement la République Populaire de Chine à autoriser la communication et
l’éducation en langue tibétaine et à permettre à chaque individu de promouvoir et protéger la
culture tibétaine grâce à la poursuite d’études tibétaines, dont l’enseignement monastique.
En tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui prévoit la
liberté légitime d’expression, le droit à ne pas être arbitrairement détenu et à un procès
équitable, la Chine est obligée de « s’abstenir de tout acte contraire aux objectifs ou à la raison
d'être du traité. »
Malheureusement, depuis la dernière résolution de 2014, les autorités chinoises n’ont fait aucun
progrès dans l’amélioration de cette situation dans la région autonome du Tibet.
Compte tenu de la déclaration jointe du Centre PEN Tibetan Writers Abroad PEN,
L’Assemblée des Délégués de PEN International exhorte le gouvernement de la
République Populaire de Chine à :
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Libérer tous les écrivains tibétains et autres personnes emprisonnés pour le simple fait
d’avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, dont Konchok Tsephel;
Cesser l’usage de la torture et d’autres mauvais traitements à l’encontre des écrivains
emprisonnés ;
Protéger le droit de tous au Tibet à exprimer librement ses opinions ;
Abstenir de menacer écrivains tibétains qui expriment leurs opinions à l'étranger, et
d’arrêter leur harcèlement par des fonctionnaires chinois à l'étranger et leurs associés
Lever les restrictions sur l’usage de la langue tibétaine pour la communication et
l’enseignement ;
Prendre les mesures nécessaires pour assurer la préservation et le développement de
la culture tibétaine.
Déclaration du centre PEN Tibetan Writers Abroad, octobre 2015
Depuis plus d’un demi-siècle, les Tibétains sont victimes de souffrances sans précédent
causées par l’oppression prolongée brutale et la torture des politiques totalitaires, coloniales et
discriminantes du parti communiste Chinois.
Le peuple tibétain vit encore actuellement dans cette angoisse qui ne cesse de croître chaque
jour.
Le Centre PEN Tibetan Writers Abroad demande donc une fois encore à PEN International –
l’un des avocats majeurs et défenseurs de la liberté et l’égalité pour tous les écrivains dans le
monde –d’exprimer sa solidarité sincère envers le peuple du Tibet.
Répression de la culture tibétaine : depuis l’occupation militaire du Tibet, le gouvernement
chinois a adopté un certain nombre de politiques qui détruisent les Tibétains ainsi que leur
culture et leur langue dans toutes les régions du Tibet. De ce fait, nous considérons que le Tibet
traverse encore à l’heure actuelle une période très grave de répression continue et
d’anéantissement de son peuple, y compris la dégradation de son environnement, faite de
désagrégations et de réinstallations forcées de communautés tibétaines, et d’une éradication
qui porte délibérément atteinte à la langue et la culture tibétaine. La pratique répétée d’autoimmolation par le feu des Tibétains, qui a débuté il y a quelques années, est un signe évident
de leur douleur et souffrance profondes, ainsi que de leur frustration intense face à la situation
de leur pays.
Répression des manifestations non-violentes : durant l’occupation chinoise, des centaines
de Tibétains ont été jugés pour des offenses illégales et criminelles, et victimes d’une variété de
fausses accusations et de lourdes sanctions par le gouvernement chinois en réponse à leur
participation à des manifestations non-violentes, à leurs appels pourtant conformes à la loi, ou à
l’expression de leur aspirations et attentes à travers des œuvres artistiques et littéraires. Nous
considérons que le Tibet est désormais arrivé à un moment critique, totalement privé de liberté
d’expression, fondation de tous les droits humains. La longue incarcération, les mauvais
traitements puis la mort de l’humanitaire Tulku Tenzin Delek dans une prison chinoise en est un
exemple frappant.
Premier appel : les Tibétains sont un peuple par nature pacifique et doux, qui possède un
héritage culturel riche et unique, capable de répandre la paix et l’harmonie dans le monde
entier. Nous appelons donc le gouvernement chinois à reconnaitre que l’anéantissement de la
race tibétaine par une force d’occupation est une grande perte pour toute l’humanité, y compris
la Chine elle-même.
Deuxième appel : il est essentiel que le gouvernement chinois vise la promotion de politiques
éthiques globales qui donnent la priorité aux aspirations et bien-être de son peuple, et en même
temps essaient de comprendre les aspirations et doléances du peuple tibétain, en lui
témoignant le respect qu’il mérite. Nous invitons instamment le gouvernement chinois à cesser
sa stratégie hypocrite en clamant que les Tibétains sont des citoyens de la nation chinoise tout
en les traitant comme des ennemis et en leur faisant subir des politiques brutales et cruelles.
Troisième appel : l’humanité est une communauté qui se caractérise par sa diversité ethnique
et linguistique. Le respect de tous ces groupes ethniques, leurs langues et leurs cultures est
une nécessité à notre époque, la seule manière d’aller de l’avant pour nous tous. Par
conséquent, nous demandons fermement au gouvernement chinois de cesser la criminalisation
des Tibétains qui travaillent d’arrache-pied à la préservation de leur propre langue, culture et
identité ; de cesser de de leur infliger des sanctions graves et déraisonnables ; et de stopper
toutes les campagnes qui sans relâche visent à détruire une civilisation respectée et ancienne.
Quatrième appel : la littérature et l’art sont deux des dix domaines de Sciences sans frontières
profondément enracinés dans la pensée du peuple tibétain. Nous voulons que la Chine stoppe
toutes ses arrestations illégales, la détention et l’emprisonnement des intellectuels, écrivains,
artistes et militants tibétains, qu’elle lève ses politiques cruelles et ses lourdes sanctions que
ces derniers subissent sans cesse. Nous appelons le gouvernement chinois à créer un nouvel
environnement pour les artistes et écrivains tibétains, dans lequel ils puissent jouir pleinement
de leur liberté de pensée et d’expression, et de libérer immédiatement tous ceux d’entre eux
emprisonnés afin qu’ils puissent vivre librement et sans contraintes, y compris le rédacteur
littéraire en chef Konchok Tsephel (condamné à 15 ans), et l’écrivain Yeshi Choedon, les deux
condamnés également à 15 ans.
Le Centre PEN Tibetan Writers Abroad encourage l’Assemblée des Délégués de PEN
International à rappeler lors de ses réunions les résolutions précédentes ainsi que les
discussions en relation avec le Tibet, et à agir comme une seule voix de soutien continue
envers le peuple tibétain *et certainement ceux qui sont en Chine également, par exemple le
miliant Woeser ?*. Nous exhortons également PEN International à lancer des appels au
gouvernement chinois et au monde entier au nom du Tibet, et à communiquer de manière
intermittente sur l’arrestation, la détention et l’emprisonnement d’écrivains et artistes tibétains.
De telles actions sont non seulement conformes aux principes moraux universels mais sont
également l’une des obligations des membres de PEN.

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