La cogénération au gaz naturel
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La cogénération au gaz naturel
Cogénération au gaz naturel Contribution de la filière à la transition énergétique JUIN 2015 L’Association Technique Énergie Environnement (ATEE) rassemble tous les acteurs concernés dans leur activité professionnelle par les questions énergétiques et environnementales (petites et grandes entreprises, sociétés de service, organismes publics, collectivités territoriales, universités, …). Elle compte environ environ 2.000 adhérents. Elle a un rôle d’alerte et d’information sur les dernières techniques, sur les tendances économiques et tarifaires, ainsi que sur les évolutions réglementaires nationales ou internationales. Force de proposition reconnue, souvent consultée par les pouvoirs publics, l’ATEE est objective et indépendante. Quatre clubs fonctionnent au sein de l’association : le Club C2E, le Club Biogaz, le Club Stockage d’énergies et le Club Cogénération, co-auteur de cette note de synthèse. Avec FEDENE et UNIDEN, le Club Cogénération de l’ATEE est le principal organisme représentatif regroupant la majorité des acteurs français de la filière cogénération (141 sociétés). Vingt de ces acteurs (fournisseurs d’énergies, gestionnaires de réseaux gaziers, industriels utilisateurs, distributeurs de matériels de cogénération, bureaux d’étude, installateurs et exploitants – voir liste en annexe) ont été associés à ce travail. Contact : Patrick Canal, Délégué général du Club Cogénération ([email protected]) E-CUBE Strategy Consultants est un cabinet de conseil de Direction générale. E-CUBE intervient dans trois domaines : Énergie & Environnement : accompagner les énergéticiens dans l’anticipation de l’évolution des marchés, de la réglementation, de la concurrence et des technologies. Assister les acteurs privés et publics dans la réévaluation de leur stratégie afin d’intégrer les enjeux et les opportunités d’une « nouvelle donne » énergétique et environnementale ; Mobilité : accompagner les acteurs de l’automobile, du ferroviaire, de la logistique, du transport aérien et maritime dans leurs projets stratégiques, réglementaires et opérationnels. Infrastructures : conduire des projets de stratégie de croissance ou d’amélioration de la performance pour des gestionnaires et exploitants d’infrastructures. Assister les fonds d’investissement dans leurs acquisitions et prises de participation. E-CUBE Strategy Consultants accompagne ses clients à partir de son siège à Paris, de ses bureaux à Bruxelles, Lausanne, Munich, San Francisco, Chennai, Tunis et Hongkong. Contact : Alexandre Bouchet, Directeur Associé ([email protected]) Stéphane Schifflers, Directeur ([email protected]) Alexandre Hoffer, Senior Consultant ([email protected]) 2 Cette note a été commanditée par le Club Cogénération de l’ATEE. E-CUBE Strategy Consultants, corédacteur de la note, a assisté l’ATEE à consolider l’état des lieux de la filière, et à modéliser les impacts de la cogénération sur les économies d’énergie primaire et les émissions de CO2. Depuis plusieurs années, les discussions entre les acteurs de la filière et les pouvoirs publics ont été centrées sur la définition des contrats d’obligation d’achat (OA), en particulier sur les modalités d’application des tarifs d’achat. Le processus de Planification pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui vise à fournir un cadre intégré (électricité, gaz, chaleur) à la politique énergétique française est l’occasion de réfléchir plus globalement à l’évolution de la filière de cogénération au gaz naturel aux horizons de la PPE (2018 et 2023) puis à 2030. Cette note complète la présentation faite par l’ATEE à l’atelier PPE « Mix électrique » du 5 juin 2015. Elle dresse un état des lieux synthétique de la filière, et donne aux différentes parties prenantes des pistes de réflexion quant à la place de la cogénération au gaz naturel dans le futur mix énergétique français pour les productions d’électricité et de chaleur. 3 Messages-clés 1. UN OUTIL DE LA TRANSITION ÉNERGETIQUE EN EUROPE SOUSDEVELOPPÉ EN FRANCE La cogénération est au cœur des politiques de transition énergétique en Europe. En moyenne, les centrales de cogénération au gaz naturel assurent 10% de la production européenne de chaleur et d’électricité, contre environ 2% en France. 2. AMBITION : DOUBLEMENT DU PARC Compte tenu des objectifs de croissance des réseaux de chaleur et d’évolution du mix électrique de la France (part croissante des sources d’énergie renouvelables intermittentes), la cogénération aidera à réussir la transition énergétique ; la filière ambitionne un doublement du parc d’installations à horizon 2025, portant la capacité totale installée à 10GWe. 3. UN APPUI POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE LA PPE Ses atouts lui permettent de contribuer à l’atteinte de tous les objectifs de la PPE : production décentralisée à haut rendement, générant des économies d’énergie ; sécurisation de l’approvisionnement en électricité et stabilisation du réseau électrique consolidant l’intégration des énergies renouvelables ; interface entre les réseaux intelligents ; réduction de la précarité énergétique et amélioration de la compétitivité industrielle. 4. À COURT TERME : RISQUE DE DEMANTÈLEMENT À EVITER À court terme, elle souffre cependant de conditions de marché défavorables (écart électricité-gaz), et d’un manque de visibilité sur l’évolution des mécanismes d’accompagnement et du marché de capacité. La filière souhaite que la PPE puisse conduire à une bonne définition des mécanismes d’accompagnement, afin de stabiliser le parc actuel et de stimuler une reprise de la croissance. 4 Sommaire 1. Introduction : qu’est-ce que la cogénération au gaz naturel ? 2. Le parc français : près de 900 installations ; 4,7GWe de puissance installée 3. Le parc français est l’un des moins développés en Europe 4. Seuls 15% de besoins de chaleur « cogénérables » sont satisfaits par la cogénération en France 5. À terme, la cogénération devra capter l’augmentation de la part du gaz dans le mix électrique 6. Objectif PPE #1 : Sécurité d’approvisionnement 7. Objectif PPE #2 : Économies d’énergie 8. Objectif PPE #3 : Développement des énergies renouvelables 9. Objectif PPE #4 : Développement des territoires 10. Objectif PPE #5 : Compétitivité 11. La fin annoncée du régime de tarif garanti pour les sites de plus de 500 kWe crée un climat d’incertitude 12. Les conditions de marché actuelles ne permettent pas d’envisager une rentabilité de la filière à horizon 2017 13. Sans une stabilisation des conditions d’exploitation, la filière hors OA risque de connaître une vague de démantèlements 5 1. Introduction : qu’est-ce que la cogénération au gaz naturel ? L a cogénération est un mode de production simultanée de chaleur utile et d’électricité, la plupart du temps à partir de gaz naturel, dans des installations dont la puissance peut varier de quelques kW à plusieurs centaines de MW. La chaleur est consommée sur site, l’électricité injectée sur le réseau ou autoconsommée. La cogénération consomme 10% à 35% d’énergie primaire en moins que les meilleurs outils de production séparés (voir Figure 1). La production décentralisée d’électricité, proche des points de consommation, limite les pertes réseau, pouvant aller jusqu’à 16%. Lorsqu’elle répond à un besoin de chaleur (chaufferie d’un bâtiment tertiaire, réseau de chaleur municipal, procédé industriel, serre), la cogénération produit de l’électricité avec un rendement marginal inégalé par les autres filières thermiques. Dans la mesure où elle se substitue à ces dernières, elle est donc une source d’économie d’énergie primaire et d’émission de CO2. C’est dans ce sens que la Commission Européenne encourage le déve- loppement de la cogénération (Directive sur l’efficacité énergétique de 2012 ; Directive cogénération de 2004). C’est aussi la justification des mécanismes de soutien (obligations d’achat, certificats de garantie d’origine ou d’économies d’énergie) mis en place dans la plupart des pays européens. Ceux-ci permettent aux producteurs de valoriser leur production d’électricité au-delà de la simple vente sur le marché ou de l’autoconsommation. 6 2. Le parc français : près de 900 installations ; 4,7GWe de puissance installée L ’ATEE recense près de 900 installations de cogénération au gaz naturel en service en avril 2015, représentant une puissance électrique totale de 4,7 GWe. Cette capacité représente environ 4% de la puissance électrique totale en France, et 20% du parc de production d’électricité par voie thermique à flamme, soit l’équivalent de l’autre grande filière au gaz naturel, les centrales à cycle combiné (CCG). On distingue quatre grands d’installations (voir Figure 2) : types Chaufferies : 379 installations pour une puissance totale installée de 0,5 GWe, soit une puissance moyenne de 1,4 MWe ; Réseaux de chaleur : 237 installations, 1,5 GWe, Pmoy 6,3 MWe ; Sites industriels : 191 installations, 2,5 GWe, Pmoy 13 MWe ; Serres maraîchères : 65 installations, 180 MWe, Pmoy 2,7 MWe. Outre la chaleur (alimentant les serres) et l’électricité (injectée dans le réseau), le CO2 peut aussi être valorisé (capture par photosynthèse). Un cinquième segment, constitué de la microcogénération (< 36 kVA) et de la minicogénération (36 à 250 KVA), est implanté dans les logements et les bâtiments tertiaires. Ce segment est très peu développé en France. Le parc est réparti sur tout le territoire (voir Figure 3). Un aperçu plus détaillé du parc est fourni en Annexe. 7 3. Le parc français de cogénération au gaz naturel est l’un des moins développés en Europe E nviron 2% de l’électricité produite en France est issue de la cogénération au gaz naturel (3% pour la chaleur). Il s’agit de l’un des plus faibles pourcentages en Europe. (Voir Figure 4) L’Allemagne, par exemple, dispose d’un parc de cogénération total (tous combustibles confondus) d’une puissance de 45 GWe assurant 15,4% de la production d’électricité nationale, dont 9% au gaz naturel. En outre, suite à sa décision de sortir du nucléaire, l’Allemagne s’est fixé l’objectif de doubler son parc de cogénérations moyennant la mise en place d’un système de soutien adapté. Le faible poids de la cogénération dans le mix énergétique français est historique. Il résulte d’une politique ayant favorisé les productions 8 électriques nucléaire et hydraulique. Si la cogénération répond avant tout à un besoin de chaleur en produisant secondairement de l’électricité, la valorisation de cette électricité est néanmoins indispensable pour le producteur. La faiblesse des prix de marché en France a rendu plus difficile que dans d’autres pays la valorisation de l’électricité cogénérée. La comparaison internationale suggère l’ampleur de la marge de développement de la cogénération au gaz naturel en France. À terme, dans la perspective d’un système européen de l’énergie unifié, les caractéristiques des mix énergétiques propres à chaque pays s’estomperont. La place future du parc de cogénération français est alors à considérer au sein de ce mix européen unifié. 4. Seuls 15% de besoins de chaleur « cogénérables » sont satisfaits par la cogénération en France U ne « Analyse du potentiel national pour l’application de la cogénération à haut rendement » a été publiée par le Ministère de l’Ecologie en 2010 en application de la Directive 2004/8/CE. Cette analyse a conclu qu’un peu plus de la moitié du besoin national de chaleur à horizon 2020 était, compte tenu des profils de consommation, « techniquement cogénérable » par un parc de cogénération d’une puissance électrique théorique totale d’environ 30 GWe, soit six fois la taille actuelle du parc. peut être considéré comme un scénario de rupture, nécessitant des évolutions économiques et réglementaires significatives, le seul potentiel de croissance des secteurs historiques de la cogénération (industrie, serres, réseaux de chaleur), représente déjà plus du double de la puissance installée à ce jour. L’analyse du besoin national de chaleur confirme donc que la taille relative du parc de cogénération observée dans d’autres pays européens est techniquement atteignable en France. Même si le développement de la cogénération raccordée en basse tension (qui représente près de la moitié du potentiel total identifié) 9 5. À terme, la cogénération captera l’augmentation de la part du gaz dans le mix électrique L a Loi sur la Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) a récemment confirmé l’objectif d’un abaissement de la part du nucléaire dans la production électrique à 50% pour 2025. Cet objectif, couplé aux objectifs de réduction des émissions de CO2 et aux incertitudes sur la vitesse de déploiement des parcs renouvelables, rend inéluctable une augmentation de la part du gaz naturel dans le mix électrique. Le scénario « Nouveau Mix » élaboré par RTE (cohérent avec l’objectif de baisse du nucléaire et très ambitieux sur la croissance du parc renouvelable) prévoit d’ailleurs un quasi-doublement des capacités CCG en 2030. 3. Faible risque. Le déploiement d’un parc de cogénération est beaucoup moins aléatoire et plus rapide que le déploiement de grosses unités de production centralisées. Les chapitres suivant exposeront que les différents atouts de la cogénération (son caractère décentralisé et sont haut rendement énergétique) en font la filière thermique la plus à même de soutenir l’atteinte de tous les objectifs assignés à la Planification Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Les représentants de la filière cogénération au gaz naturel, réunis au sein du Club Cogénération de l’ATEE, estiment que cette filière pourrait légitimement capter une large part de cette croissance : 1. Gisement thermique. Le besoin de chaleur pouvant être couvert par la cogénération est important (voir chapitre précédent). 2. Compétitivité coût. Par rapport aux CCG, le meilleur rendement de la cogénération (grâce à la valorisation de la chaleur) devrait pouvoir compenser des coûts d’investissement et d’exploitation (maintenance, etc.) légèrement plus élevés (et partiellement compensés par des dépenses évitées dans une chaudière). Objectif réaliste du Club Cogénération ATEE : 10GWe en 2025 Compte tenu d’un important gisement thermique et des besoins induits par les changements du mix de production électrique (baisse du nucléaire, hausse des énergies renouvelables) 10 6. Objectif PPE # 1 – Sécurité d’approvisionnement et sûreté du système énergétique : la filière de cogénération est porteuse d’une sécurisation structurelle du système électrique Sécurité d’approvisionnement électrique A vec ses 5GWe fonctionnant en semibase en période hivernale, le parc de cogénération contribue déjà significativement à la sécurité d’approvisionnement électrique. Le développement de la cogénération pourrait fournir une réponse adaptée au déficit de capacité de production prévu par RTE (900MW en 2015-16 progressant à 2 GW en 2016-17 selon le Bilan prévisionnel 2014) en raison de la concomitance des besoins de chaleur (base de la cogénération) avec la pointe de consommation électrique. Le déploiement d’un parc de cogénération est moins aléatoire que le développement de grosses unités de production type CCG (relative simplicité technico-administrative ; opposition locale réduite ; délais de réalisation plus courts ; intégration territoriale et implantation équivalentes à celles d’une chaufferie), moins risqué financièrement, et plus adaptables aux conditions locales de déséquilibre entre l’offre et la demande. Sûreté de fonctionnement du réseau électrique Le parc de cogénération, fortement décentralisé, présente un risque de défaillance systémique quasi-nul et sollicite peu le réseau de transport. Dans un contexte de hausse des sources de production intermittentes fatales, son développement présente des atouts intéressants : - Possibilité de mise à disposition du système électrique local avec des délais d’activation très courts (1 à 5 MWe par minute à compter d’un démarrage à froid) ; - Production programmable, avec engagement fiable de disponibilité à la pointe (plus de 97% pour le parc actuel sous OA) ; - Compatibilité avec les futurs codes réseaux européens, soutien actif à la stabilité des réseaux (tension, fréquence). Facteur de sûreté du réseau gazier La forte dispersion du parc de cogénération permet de répartir le pic de demande de gaz sur l’ensemble du réseau. Hiver 2012 : suite à une défaillance majeure du réseau de transport, la ville de Seclin approvisionnée en électricité grâce à une centrale de cogénération Le 5 mars 2012, des chutes de neige collante et de pluie d’une intensité exceptionnelle ont touché les départements du Nord et du Pas-de-Calais, causant la défaillance du réseau RTE. Environ 150.000 clients finals ont subi des coupures d’alimentation, dont 20.000 foyers à Seclin. Après plus de 36 heures, le réseau n’étant toujours pas rétabli dans cette ville, ERDF a sollicité auprès de NovaWatt la mise en route de sa centrale de cogénération de Seclin, à hauteur de 3MWe. Cette centrale a assuré sans interruption la totalité de l’approvisionnement électrique de la ville jusqu’à la remise en service du réseau de transport deux jours et demi plus tard. 11 7. Objectif PPE #2 - Amélioration de l’efficacité énergétique et baisse de la consommation : l’atout majeur de la cogénération L es économies d’énergie primaire et la réduction des émissions de CO2 attribuables au parc de cogénération ont été estimées par E-CUBE Strategy Consultants sur la base d’une modélisation du parc de production (de chaleur et d’électricité) qui se substituerait à la cogénération si cette dernière s’effaçait entièrement. Ce « mix déplacé » a été modélisé à trois horizons (2018, 2023, 2030) en prenant en compte les hypothèses suivantes : - Niveaux et profils de production du parc de cogénération calés sur les valeurs de 2014, segmentés (industrie vs. réseaux de chaleur, etc.) et incluant une dose croissante de modulation (voir détail en annexe). 12 - Production de chaleur : substitution à 100% par des chaudières à condensation au gaz naturel. - Production d’électricité : mix de substitution (CCG, nucléaire, charbon, etc.) modélisé au pas horaire en fonction de l’ordre de préséance économique (« merit order ») des actifs disponibles, en cohérence avec le scénario « Nouveau Mix » de RTE. Selon cette modélisation, le parc actuel de cogénération représente une source d’économie d’énergie primaire de 12TWh en 2018 à parc constant, baissant progressivement à 6TWh en 2030 (voir Figures 7 et 8). Les réductions d’émissions de CO2 s’élèvent à 4,6 Mtonnes en 2018, et 1,5 Mtonnes en 2030. Les gains sont plus importants en début de période en raison d’une prépondérance du charbon dans le mix électrique déplacé. Ceci reflète les importations d’électricité produite en Allemagne, dont les centrales au charbon sont la première source (près de 50GWe installés, représentant la moitié de la production nationale). À terme, la réduction du contenu carbone du mix déplacé induit une baisse des gains d’énergie primaire attribuables à la cogénération. Le développement de la cogénération, notamment pour les usages tertiaires ou résidentiels (micro- et mini-cogénération), dans les serres ou les réseaux de chauffage urbain, augmenterait ces bénéfices proportionnellement à la puissance installée. E-CUBE Strategy Consultants estime que le développement de chaque tranche de 1 GWe de cogénération (produisant 3,5 TWhe annuels) permettrait d’économiser environ 3 TWh d’énergie pri- maire en 2018, 2 TWh en 2023 et 1 à 2 TWh en 2030. De façon analogue, l’impact sur la baisse des émissions de CO2 serait d’environ 500.000 tonnes en 2030 par GWe de puissance installée. Les impacts de la cogénération sur les besoins d’investissement dans le système énergétique n’ont pas été modélisés, mais sont néanmoins réels. Un démantèlement du parc actuel nécessiterait à terme des investissements dans des nouveaux moyens de production, et probablement des renforcements de réseau. L’ajout de nouvelles capacités de cogénération se substituerait à des investissements dans des moyens de production centralisés. Localement, cela pourrait réduire les besoins d’investissements dans les réseaux de transport et de distribution. Ces effets doivent être évalués au cas par cas. 13 8. Objectif PPE #3 - Développement des énergies renouvelables et de récupération : des synergies plutôt qu’une concurrence Apport de fiabilité et de disponibilité au réseau électrique, accompagnant le développement des EnR L e développement des filières photovoltaïques et éoliennes pose des défis au système électrique : intermittence ; production fatale ; contraintes de capacité d’accueil réseau à la maille locale. Face à ces défis, la cogénération est un outil complémentaire performant. Une unité de cogénération peut par exemple s’effacer lors de la pointe de production photovoltaïque à midi, ou fournir des capacités électriques d’appoint le soir. Sa flexibilité est accrue par le stockage de chaleur (pratiqué dans les serres) ou la modulation entre production de chaleur seule et d’électricité + chaleur. Synergies avec le développement du biogaz Le développement de la filière biométhane est un des enjeux majeurs de la Transition énergétique. Les objectifs sont ambitieux : multiplication par quatre de la production d’électricité et de chaleur en 2020 ; 10% de biométhane injecté dans le réseau à horizon 2030, et 30% à horizon 2050 ; développement de plus de 1.500 méthaniseurs à la ferme d’ici 2020. Il est artificiel de considérer séparément les filières biogaz et cogénération. La cogénération est le mode principal de valorisation du biogaz : 260 MWe de capacités sont déployés en France sur 400 sites produisant 2,4TWhe. 14 Une filière de cogénération forte, présente dans les territoires, est un gage de réussite du défi industriel que représente le développement du biogaz. A contrario, un affaiblissement de la filière gaz hypothéquerait ce développement, en fragilisant les acteurs de l’ensemble de la chaîne de valeur : bureaux d’études, installateurs, exploitants, opérateurs de maintenance, distributeurs, etc. À plus long terme, le parc de cogénération au gaz naturel pourrait représenter l’une des filières de choix de valorisation du biométhane : meilleur rendement, production décentralisée, proche des centres de production. Complémentarité avec la biomasse La croissance de la biomasse comme source de chaleur est également un enjeu important de la Transition énergétique. Production de chaleur par biomasse et cogénération au gaz naturel sont complémentaires plus que concurrentes, car adaptées à des types de sites différents : - Zones urbanisées ou industrielles desservies par le réseau gazier pour la cogénération ; les contraintes logistiques associées à l’approvisionnement et au stockage de la biomasse peuvent la rendre inadaptée à cet environnement - Zones rurales et diffuses pour la biomasse, en particulier les zones proches des ressources de biomasse. 9. Objectif PPE #4 - Réseaux, stockage, transformation des énergies, pilotage de la demande : la cogénération interface entre les réseaux électrique, de gaz et de chaleur L e projet de Loi relatif à la Transition énergétique pour la croissance verte assigne à la PPE l’objectif suivant : « Art. L 141-2 4° [le] développement équilibré des réseaux, du stockage et de la transformation des énergies et du pilotage de la demande d'énergie pour favoriser notamment la production locale d'énergie, le développement des réseaux intelligents et l'autoproduction. Ce volet identifie notamment les interactions entre les réseaux d'électricité, de gaz et de chaleur aux différentes échelles pour en optimiser le fonctionnement et les coûts » La cogénération au gaz répond parfaitement à cet objectif : - Production d’électricité locale pouvant être autoconsommée ; - Commandabilité des installations facilitant leur intégration dans des réseaux intelligents à la maille locale. L’expérimentation Greenlys à Grenoble intègre par exemple plusieurs installations de cogénération ; - Pont entre les réseaux de gaz (et de biogaz), d’électricité et de chaleur (voir Figure 9). L’adjonction de capacités de stockage de chaleur fournit un levier d’arbitrage complémentaire, flexibilisant encore la production d’électricité. 15 10. Objectif PPE #5 - Préservation de la compétitivité du prix de l’énergie : en valorisant l’électricité produite, la cogénération baisse le coût de la chaleur La cogénération est un facteur de compétitivité dans de nombreuses entreprises L a cogénération permet à plus de 190 sites industriels répartis sur l’ensemble du territoire de bénéficiant d’un coût de la chaleur compétitif. La cogénération contribue à la lutte contre la précarité énergétique L a FEDENE estime que 800.000 logements sociaux sont raccordés à des réseaux de chaleur, dont 500.000 avec cogénération. Les familles occupant ces logements bénéficient La production maraîchère sous serre est un en moyenne, grâce à la cogénération, d’une exemple intéressant, détaillé dans l’encart ci- baisse de 10 % du prix de la chaleur. Cet dessous. avantage pourrait devenir plus prégnant encore avec l’objectif affiché dans la LTECV d’un quintuplement à l’horizon 2030 des réseaux de chaleur valorisant les sources de chaleur renouvelable et récupérable. La cogénération facteur de compétitivité – Exemple des serres L’énergie est un facteur-clé de la compétitivité des entreprises de production sous serres. Selon les régions, l’énergie représente en effet entre 18 et 30 % des coûts directs de production. Sur un peu plus de 1.300 hectares de serres chauffées en France, 275 hectares (employant directement 1.700 personnes) le sont par cogénération, soit 21%. Le parc représente près de 200 MWe. L’utilisation de la cogénération dans les serres est particulièrement efficace : Grâce à l’utilisation de cuves de stockage de chaleur, le rendement thermique est proche de 100% Jusqu’au quart des émissions de CO2 peut être réinjecté dans les serres et capté par photosynthèse La valorisation de l’électricité produite permet de réduire le coût de la chaleur de 15 à 30%, soit un avantage de coût global moyen de 6% environ. Cet avantage est décisif dans un secteur soumis à une concurrence internationale, notamment des Pays-Bas (parc de cogénération agricole de 3GWe !) et de l’Espagne. La filière estime que chaque MW e installé permet de participer à la sauvegarde d’environ 12 emplois directs. 16 11. La fin annoncée du régime de tarif garanti pour les sites de plus de 500 kWe crée un climat d’incertitude L e parc actuel de cogénération au gaz naturel s’est développé grâce à un mécanisme d’obligation d’achat (« OA ») proposant un tarif qui garantissait l’équilibre économique de la filière (voir historique en Annexe). Sur un parc de total de 4,7GWe, 1,8GWe est piloté par l’OA dans le cadre du contrat « C13 » d’une durée de 12 ans (voir Figure 10). Les installations de plus de 12 MWe, exclues du mécanisme d’OA depuis la loi de février 2000, bénéficient d’un « contrat transitoire de capacité », qui cessera fin 2017 avec la mise en place du marché de capacité. Le régime d’OA, remanié fin 2013, sera profondément modifié en 2016 en application des lignes directrices de la Commission européenne encadrant les aides à la protection de l’environnement et à l’énergie. Elles continuent cependant à autoriser les tarifs d’achat garantis pour les installations de moins de 500 kW. Au-delà de ce seuil, les mécanismes suivants sont prévus. À partir de janvier 2016, une prime de marché et une prime de gestion compléteront la rémunération issue de la vente sur le marché de l’électricité produite et des certificats (de capacité, de garantie d’origine, d’économie d’énergie). À partir de janvier 2017, les installations de plus de 1 MWe seront soutenues via des appels d’offres technologiquement neutres. Le relatif manque de visibilité quant à la transcription de ces règles en droit français, encore en cours de discussion, génère de l’incertitude pour la filière. Les modalités du marché de capacité et des futurs mécanismes de soutien (en particulier sur les appels d’offres, dont l’efficacité passée sur la biomasse n’a pas été démontrée) sont aussi des sujets d’incertitude. 17 12. Les conditions de marché actuelles ne permettent pas d’envisager une rentabilité de la filière à horizon 2017 À court terme (avant 2017), le marché de le signal prix du CO2, l’évolution des mécanismes l’énergie ne permet pas d’envisager l’équilibre de soutien aux EnR évitant les phases de prix économique des installations de cogénération négatifs, le démarrage du marché de capacité, la sans mécanisme de soutien. En effet, le prix de diminution du parc nucléaire. De plus, les autres gros de l’électricité – historiquement bas – est composantes devraient également progresser : inférieur au coût de production. Ceci concerne transport, taxes,… La sophistication croissante du toutes les filières au gaz naturel dont la marché de l’électricité permettra également de rentabilité est conditionnée par le « Clean Spark mieux valoriser les atouts de la cogénération en Spread » (CSS), soit l’écart entre le prix de tant qu’outil flexible, programmable et disponible. l’électricité et le prix du gaz qui a permis sa production (majoré du prix du CO2), actuellement négatif (voir Figure 11). À moyen terme (2017-2023), l’incertitude plane tant sur l’évolution des conditions de marché que sur l’aptitude du futur marché de À long terme (après 2023), si l’évolution capacité à faire émerger un prix suffisant pour du CSS restera sujette à des fluctuations de les certificats de capacités délivrés par RTE. Le marché, elle devrait cependant progresser plafond envisagé (40 à 45 k€/MW/an) est trop avec : le retour de la croissance économique, faible pour compenser le niveau actuel du CSS. 13. Sans une stabilisation des conditions d’exploitation, la filière risque de connaître une vague de démantèlements ce jour, des actifs de cogénération au gaz naturel représentant une capacité totale de 400 MWe ont été démantelés, sous l’effet combiné : À - d’un manque de visibilité, jusqu’à fin 2013 sur l’avenir des contrats d’OA ; - d’une substitution ponctuelle par la cogénération biomasse sur les sites papetiers ; - d’une baisse de la demande de chaleur liée à une conjoncture économique difficile ; - de la dégradation rapide du CSS survenue depuis 2012 pour les grosses installations sorties d’OA. La stabilisation récente du parc tient en grande partie au déploiement du nouveau contrat C13 qui a provisoirement apporté la visibilité nécessaire notamment grâce à un nouveau référentiel du prix du gaz disponible sur Powernext et prévisible. Une mauvaise adaptation des mécanismes d’accompagnement conjuguée à des perspectives de marché négatives (voir chapitre précédent), provoquerait, avant 2020, la reprise du démantèlement du parc de grosses installations (> 12 MWe), estimé à 2,2 GWe de capacités en service (dont 29 sites industriels et 7 sites raccordés à des réseaux de chaleur). Une telle vague de démantèlements aurait des effets négatifs, déjà en partie décrits plus haut : - Pertes d’emplois ; - Perte de compétitivité pour certains sites industriels ; - Augmentation de la précarité énergétique dans les logements sociaux desservis par les réseaux de chauffage urbain concernés ; - Affaiblissement rapide du système électrique français, qui serait privé de capacités de production fortement mobilisées pendant les pointes. À court terme, seule une augmentation des importations permettrait de compenser cet effet. Au-delà de ces impacts directs, le coût d’opportunité pour la Transition énergétique serait important. L’érosion de la filière priverait la France d’une source d’économies d’énergie primaire et de baisse des émissions de CO2 et générerait des surcoûts d’accès au réseau gazier pour les autres consommateurs. Elle pourrait hypothéquer la réussite du développement de la filière biogaz, qui ne bénéficierait plus des effets d’échelle et du partage d’expérience avec la cogénération au gaz naturel. Finalement, la diminution de parc de cogénération français irait à l’encontre de la dynamique européenne encourageant le développement de la filière. La Directive sur l’efficacité énergétique de 2012 conforte les préconisations de la Directive cogénération de 2004 en faveur de la filière. Le projet de Loi relatif à la Transition énergétique pour la croissance verte confirme cette orientation. L’Article 49, Section 4 indique que la PPE doit comporter un plan stratégique national ayant pour objectif, notamment de « développer des synergies avec la production électrique par le déploiement et l’optimisation de la cogénération à haut rendement ». 19 Annexes A. Liste des contributeurs à cette note B. Aperçu du parc de cogénération au gaz naturel C. Méthodologie de modélisation des gains d’énergie primaire D. Historique des contrats d’obligation d’achat (OA) 20 A. Liste des contributeurs à cette note VRIngénierie 21 B. Aperçu du parc de cogénération au gaz naturel Segments Nombre de sites en service (avril 2015) 1. Chaufferies Administration Aéroports Bureaux Résidentiel et petit tertiaire Enseignement et recherche Grande distribution Santé Sports-loisirs Moteurs Turbines Total 364 15 379 43% 7 0 7 1% 4 2 6 1% 7 2 9 1% 156 1 157 18% 26 1 27 3% 3 0 3 0% 143 8 151 17% 18 1 19 2% 2. Régies & Réseaux de chaleur Puissance installée (MWe) Moteurs Turbines Total 479 46 525 11% 3 0 3 0% 5 12 17 0% 6 0 6 0% 194 0 195 4% 30 5 34 1% 4 0 4 0% 217 29 246 5% 18 0 18 0% 173 64 237 27% 627 3. Industrie Aéronautique Agro-alimentaire Automobile Chimie Electricité Electronique Environnement et propreté Industrie du bois Industrie Minérale Mécanique Métallurgie Papier Pétrole et gaz Textile 70 121 191 22% 10 1% 40 5% 27 3% 41 5% 2 0% 5 1% 3 0% 7 1% 5 1% 5 1% 2 0% 39 4% 3 0% 2 0% 243 4. Serres 63 2 65 7% 169 Total 670 202 872 100% 1.517 Source : ATEE Club Cogénération 22 5 21 8 7 1 5 2 3 3 3 2 7 1 2 5 19 19 34 1 0 1 4 2 2 0 32 2 0 8 98 31 14 7 4 3 5 12 7 4 38 4 8 855 Puissance moyenne (MWe) 1,4 0,5 2,9 0,7 1,2 1,3 1,4 1,6 1,0 1.482 32% 6,3 2.222 2.465 53% 30 38 1% 221 319 7% 122 153 3% 949 963 21% 40 47 1% 0 4 0% 11 14 0% 26 31 1% 10 22 0% 12 20 0% 0 4 0% 505 544 12% 295 299 6% 0 8 0% 12,9 3,8 8,0 5,7 23,5 23,5 0,7 4,6 4,5 4,4 3,9 2,0 13,9 99,7 3,9 7 176 4% 3.130 4.647 100% 2,7 5,3 C. Méthodologie de modélisation des gains d’énergie primaire M esurer les économies d’énergie primaire et la baisse des émissions de CO2 attribuables au parc de cogénération actuel revient à poser les questions suivantes : si le parc actuel était totalement démantelé ... profil horaire donné), et on calcule deux scénarios d’offre (toujours au pas horaire) : Un premier scénario (A) incluant le parc de cogénération actuel, dont la production est calée sur le niveau de production 2014 (voir détail ci-dessous). La production des autres - ... quelle surconsommation d’énergie primaire filières (nucléaire, EnR, etc.) s’ajoute à la serait nécessaire afin de satisfaire les besoins production par cogénération. Elle est modélisée de selon l’ordre de préséance économique (« merit chaleur et d’électricité qu’il satisfait order » des coûts variables) : les EnR (PV et aujourd’hui ? - ... quelle quantité de CO2 supplémentaire les éolien) ont un coût variable nul, et sont donc moyens se substituant à la cogénération toujours sollicitées en premier, vient ensuite le émettraient-ils ? nucléaire, etc. ; l’ordre des autres moyens de Le parc actuel (4,7GWe) est supposé assurer une production annuelle de 12TWhe d’électricité et de 15TWhth de chaleur. de chaleur serait substituée capacités disponibles sur le marché par type de production sont cohérentes avec le scénario « Nouveau mix / MDE renforcé » défini par RTE Production de chaleur : 100% de la production production peut varier. Les hypothèses de par des chaudières au gaz naturel. Production électrique : le mix de substitution est modélisé au pas horaire. On suppose que la demande globale d’électricité est fixée (selon un dans son Bilan prévisionnel 2014. (Voir Figure C1) Un deuxième scénario (B) sans le parc de cogénération. Dans ce cas, le mix de production est calculé entièrement sur la base de l’ordre de préséance économique. 23 La demande électrique (commune aux deux scénarios) est simulée au pas horaire sur la - un profil continu toute l’année (s’appliquant principalement au segment Industrie) période 2015-2030, sur la base de données - un profil continu du 1er novembre au 31 historiques (pour le profil horaire), et des prévisions de RTE (pour le niveau total de consommation). mars Aucun profil « dispatchable » (sensible à un signal marché) n’a été modélisé. Même si les La production électrique du parc de cogénération contrats d’obligation d’achat prévoient ce à substituer est modélisée séparément sur quatre mode de fonctionnement, il est dans les faits segments (Chaufferies, Réseaux de chaleur, assez peu utilisé. Afin de traduire le souci de Industrie, Serres). Chacun combine, dans des la filière de coller mieux aux conditions de proportions variables, deux profils de production, marché, les deux profils décrits ci-dessous reflétant : intègrent progressivement (au fil des années) une part de modulation (voir Figure C2). 24 La différence entre les deux scénarios d’offre (A et B) définit les sources d’électricité qui se substitueraient à la cogénération, et donc permet d’évaluer l’économie d’énergie primaire et la réduction des émissions de CO2 en prenant en compte - - un facteur d’émission de CO2 moyen - les pertes réseau évitées par la production décentralisée de la cogénération. Les Figures C3 et C4 présentent respectivement les hypothèses de rendement des différentes filières, et des prix de combustibles. le rendement moyen du mix se substituant à la cogénération 25 D. Historique des contrats d’obligation d’achat (OA) L a majeure partie du parc français de cogénération au gaz trouve son origine dans le mécanisme d’obligation d’achat (OA) instauré par les arrêtés tarifaires de 1997, 1999 puis 2001. Stimulé par ce mécanisme, le parc de cogénération au gaz a rapidement crû pour atteindre une capacité totale proche de 5 GWe en 2002. Après l’an 2000, seules les installations d’une puissance inférieure à 12 MWe ont été éligibles au contrat d’OA, ce qui a fortement freiné le développement de la filière. Les contrats d’OA dits « C97 », « C99 » et « C01 » – conclus pour une période de 12 ans – imposaient à EDF (l’acheteur obligé) d’acheter aux cogénérateurs l’électricité produite à un tarif composé d’une prime fixe et d’une rémunération proportionnelle plafonnée et indexée sur le tarif STS du gaz (tarif régulé grand transport). Le tarif d’achat dont bénéficiaient ces installations a été construit dans une logique de coûts évités pour le système électrique. Ceci inclut les coûts d’investissement et d’exploitation évités d’un cycle combiné au gaz de référence de 650 MWe et la rémunération des économies de réseau et d’énergie primaire réalisées grâce à la cogénération. La dérégulation progressive du marché du gaz dans les années 2000 a conduit à une décorrélation entre le tarif de référence STS et le prix de marché du gaz. Le plafond de la composante proportionnelle du tarif d’achat des contrats d’OA a systématiquement été atteint à partir de 2005, pénalisant la rentabilité des installations de cogénération. Chaque année, un coefficient de déplafonnement négocié entre la profession et les Pouvoirs pu26 blics a été appliqué afin de corriger ce problème. À partir de 2007, de nombreux contrats d’OA arrivant à échéance ont été renouvelés. L’arrêté tarifaire de décembre 2006 offrait en effet aux producteurs la possibilité, en contrepartie d’un investissement de rénovation d’au moins 410 € (valeur actualisée 2014) par kWe de puissance installée de bénéficier d’un nouveau contrat d’OA de 12 ans, avec un tarif d’achat modifié par rapport aux conditions de 2001, mais toujours constitué : - d’une prime fixe liée à la puissance installée ; - d’une rémunération proportionnelle à l’énergie fournie, toujours indexée sur le tarif (STS) ; - d’une prime complémentaire fonction de l’efficacité énergétique de l’installation. Ces dispositions ont engendré un démarrage timide de rénovation du parc à partir de 2009. En 2013, un nouvel arrêté tarifaire (14 octobre 2013) a profondément modifié les conditions tarifaires pour les nouveaux contrats d’OA et permis aux anciens contrats (« C01/C01R») de migrer vers des nouvelles conditions (« C13 »), prenant notamment en compte un référentiel marché pour le prix du gaz. La quasi-totalité du parc sous OA a migré vers ces nouvelles conditions. Concomitamment, les dernières installations d’une puissance supérieure à 12 MWe inscrites dans le mécanisme d’OA sont arrivées au terme de leur contrat fin mars 2013. Les conditions de marché (CSS défavorable), et la structure même du marché de l’électricité (difficulté de valoriser la valeur capacitaire des installations de cogénération) ne permettaient pas d’envisager une rentabilité propre de ces installations. Alertés par la filière du risque de démantèlement de nombreux sites, les Pouvoirs publics ont mis en place le « contrat transitoire de capacité ». Il garantissait aux installations de plus de 12 MWe une rémunération annuelle proportionnelle à la puissance garantie, plafonnée à 45 k€/MWe (rémunération capacitaire de 35 k€/MWe et rémunération investissements de 10 k€/MWe). Ce mécanisme (toujours en cours d’actualisation suite au rejet en juillet 2014 par le Conseil constitutionnel de l’arrêté du 19 décembre 2013) doit perdurer jusque fin 2016. 27