19 mai ONF_0 - Maison de la Radio
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JEUDI 19 MAI 2016 20H THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES Coproduction Radio France/Théâtre des Champs-Élysées ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE DANIELE GATTI DIRECTEUR MUSICAL JONAS KAUFMANN TÉNOR DANIELE GATTI DIRECTION ÉLISABETH GLAB VIOLON SOLO PROGRAMME Franz Liszt Orphée, poème symphonique n° 4 (12 minutes environ) Richard Wagner Wesendonck Lieder 1. Der Engel (L’Ange) 2. Stehe Still (Arrête-toi !) 3. Im Treibhaus (Dans la serre) 4. Schmerzen (Douleurs) 5. Träume (Rêves) (22 minutes environ) Entracte (20 minutes) Anton Bruckner Symphonie n° 7 en mi majeur 1. Allegro moderato 2. Adagio 3. Scherzo vivace 4. Finale (70 minutes environ) › Ce concert est diffusé en direct sur France Musique. Il est également disponible à l’écoute sur francemusique.fr › Retrouvez la page facebook des concerts de Radio France et de l’Orchestre National de France. › Consultez le site sur maisondelaradio.fr rubrique concerts. FRANZ LISZT 1811-1886 ORPHÉE, POÈME SYMPHONIQUE N° 4 COMPOSITION : À WEIMAR EN 1853. CRÉATION : LE 16 FÉVRIER 1854 AU THÉÂTRE DE LA COUR DE WEIMAR SOUS LA DIRECTION DE LISZT. NOMENCLATURE : 3 FLÛTES (DONT PICCOLO) ; 3 HAUTBOIS (DONT COR ANGLAIS) ; 2 CLARINETTES ; 2 BASSONS ; 4 CORS ; 2 TROMPETTES ; 3 TROMBONES ; 1 TUBA ; TIMBALES 2 HARPES ; CORDES Liszt a noté lui même, dans la préface d’Orphée, que l’inspiration lui en était venue au cours des répétitions de l’Orphée de Gluck, un ouvrage qui ne faisait plus partie du répertoire courant (c’est Pauline Viardot et Berlioz qui lui feront retrouver sa place en 1859). Il avait été frappé par le « point de vue, touchant au sublime dans sa simplicité, dont ce grand maître a envisagé son sujet ». Il y a loin pourtant du langage préclassique de Gluck aux chromatismes romantiques de Liszt qui a néanmoins retrouvé quelque chose de la transparence du modèle. Mais davantage peut-être que la musique de l’opéra, un souvenir a nourri l’inspiration du compositeur : la vision d’« un vase étrusque de collection du Louvre, représentant le premier poète-musicien drapé d’une robe étoilée, le front ceint de la bandelette mystiquement royale, ses lèvres d’où s’exhalent des paroles et des chants divins, et faisant énergiquement résonner les cordes de sa lyre se ses beaux doigts, longs et effilés». Dans ce dessin, Liszt voyait le symbole du « caractère sereinement civilisateur des chants qui rayonnent de toute œuvre d’art » et la conclusion de sa préface, mettant des mots imagés sur ce qu’il entendait par « œuvre d’art civilisatrice », semble une évocation des qualités de son poème symphonique : « Leur suave énergie, leur sonorité noblement voluptueuse à l’âme, leur ondulation douce comme des brises de l’Élysée, leur élèvement graduel comme des vapeurs d’encens, leur Éther diaphane et azuré enveloppant le monde et l’univers entier comme dans une atmosphère, comme dans un transparent vêtement d’ineffable et mystérieuse Harmonie ». Il est presque superflu, après cela, d’indiquer que les harpes tiennent une place de premier plan et que les deux motifs principaux, apparentés, semblent découler l’un de l’autre ; mieux vaut attirer l’attention sur les ombres qui serpentent à l’arrière plan : elles tentent de saper la placidité euphonique pour, finalement, la mettre en valeur. Cette année-là : 1854 : Viollet-le-Duc entreprend la rédaction du Dictionnaire raisonné de l’architecture française. Gérard de Nerval publie les Chimères et les Filles du feu. Saïd Pacha accorde à Ferdinand de Lesseps une concession de 99 ans pour le creusement et l’exploitation du canal de Suez. Abolition de l’esclavage au Venezuela puis au Pérou. Pour en savoir plus : Deux ouvrages s’imposent : la biographie d’Alan Walker (2 volumes, Fayard 1990 et 1998) et la monographie très pénétrante et personnelle de Serge Gut (Liszt, éditions de Fallois, L’Âge d’Homme, 1989) RICHARD WAGNER 1813-1883 WESENDONCK LIEDER COMPOSITION : DU 30 NOVEMBRE 1857 AU 1er MAI 1858 AVEC RÉVISIONS ULTÉRIEURES SEUL TRÄUME A ÉTÉ INSTRUMENTÉ PAR WAGNER. FÉLIX MOTTL A (RÉ)ORCHESTRÉ L’ENSEMBLE VERS 1890 / CRÉATION : DE TRÄUME (ARRANGÉ POUR VIOLON SOLO ET PETIT ENSEMBLE) SOUS LES FENÊTRES DE MATHILDE WESENDONCK LE 23 DÉCEMBRE 1857, JOUR DE SON ANNIVERSAIRE. PREMIÈRE AUDITION PUBLIQUE DU CYCLE PAR LA SOPRANO EMILIE GENAST ACCOMPAGNÉE AU PIANO PAR HANS VON BÜLOW DANS LES SALONS DE L’ÉDITEUR SCHOTT À MAYENCE LE 30 JUILLET 1862 / DÉDICACE : À SON EXCELLENCE MADAME LA COMTESSE LUISA ERDODY. NOMENCLATURE : 2 FLÛTES ; 2 HAUTBOIS ; 2 CLARINETTES ; 2 BASSONS ; 4 CORS ; 1 TROMPETTE ; TIMBALES ; CORDES «Que j’aie écrit Tristan, c’est ce dont je vous remercie du plus profond de mon âme, en toute éternité. » avait écrit Wagner à Mathilde, l’épouse d’Otto Wesendonck, banquier philanthrope de Zurich. Exilé, parvenu aux limites de la stérilité créatrice et de la gêne matérielle, il avait trouvé refuge chez eux de 1852 à 1858 et, sans qu’on sache jusqu’où elle les a conduits, leur intimité fut ardente et profonde. Une lettre parmi tant d’autres contenues dans un coffret que l’hôtesse referma en confiant avec une douloureuse fierté à son visiteur français, Louis de Fourcaud : « Je ne suis allée à Bayreuth qu’en passante, à peine reconnue. Et pourtant, c’est moi qui suis Isolde». C’était en 1902, Mathilde, âgée de soixante-quinze ans était allée, chaque été, voir représenter sur la colline de Bayreuth, les ouvrages de celui qui fut le grand amour de sa vie. Pas seulement Tristan, et d’ailleurs à des degrés divers elle est présente à partir de 1853 dans chacune des partitions de Wagner. C’est en composant à son intention une sonate pour piano qu’il parvint enfin à se remettre à écrire après cinq ans d’interruption et si l’on sait que les cinq Wesendonck Lieder, sur des poèmes de Mathilde, contiennent en préfiguration les principaux motifs de Tristan, on ignore que la première page de l’esquisse de La Walkyrie porte en exergue les initiales «G. s. M ! » (« Bénie soit Mathilde ! ») et que l’Eva des Maîtres Chanteurs doit beaucoup à la belle Zurichoise. Compositeur et chef d’orchestre autrichien, Felix Mottl débuta à Bayreuth en 1876 (il avait vingt ans) comme assistant d’Hans Richter pour les premières représentations de la Tétralogie. Il allait devenir l’une des baguettes les plus appréciées de la « fosse mystique », mais c’est à Munich qu’il eut le privilège de mourir en dirigeant Tristan. Admirateur de Berlioz dont il révéla l’intégralité de Troyens, ami de Chabrier (dont il orchestra la Bourrée fantasque et fit triompher les œuvres en Allemagne), Mottl a fait œuvre personnelle en orchestrant les Wesendonck Lieder car, s’il a pu suivre littéralement quelques passages repris par Wagner dans Tristan, il fallait trouver un langage orchestral bien différent de celui des opéras. Ces années-là : 1857 : Flaubert publie Madame Bovary et Baudelaire Les Fleurs du mal. JeanFrançois Millet peint L’Angélus. 1858 : mort d’Ary Scheffer. D’origine hollandaise, le peintre s’était fixé à Paris depuis 1811. 1862 : Victor Hugo publie Les Misérables. La leçon inaugurale au Collège de France est confiée à Ernest Renan. Pour en savoir plus : Judith Cabaud : Mathilde Wesendonck ou le rêve d’Isolde (Actes Sud, Arles ; 1990). L’épaisseur de cette biographie (la première en français) rend justice à la richesse et à l’intérêt exceptionnel de la matière. C’est écrit comme un grand roman d’amour, mais un roman vrai, avec un tact rare pour un sujet qui prête aux extrapolations. LIVRETS Der Engel (L’Ange) In der Kindheit frühen Tagen L’ange Hört ich oft von Engeln sagen, Die des Himmels hehre Wonne Dans les premiers jours de l’enfance J’ai souvent entendu dire des anges Qu’ils échangeaient les sublimes joies du ciel Tauschen mit der Erdensonne, Pour le soleil de la terre, Daß, wo bang ein Herz in Sorgen Que, quand un cœur anxieux en peine Schmachtet vor der Welt verborgen, Daß, wo still es will verbluten, Cache son chagrin au monde, Que, quand il souhaite en silence saigner Und vergehn in Tränenfluten, et s’évanouir dans un flot de larmes, Daß, wo brünstig sein Gebet Que, quand avec ferveur sa prière Demande seulement sa délivrance, Alors l’ange descend vers lui Einzig um Erlösung fleht, Da der Engel niederschwebt, Und es sanft gen Himmel hebt. Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder, Und auf leuchtendem Gefieder Führt er, ferne jedem Schmerz, Meinen Geist nun himmelwärts! Et le porte vers le ciel. Oui, un ange est descendu vers moi, Et sur ses ailes brillantes Mène, loin de toute douleur, Mon âme vers le ciel ! Stehe still! Sausendes, brausendes Rad der Zeit, Reste tranquille ! Sifflant, mugissant, roue du temps, Messer du der Ewigkeit; Leuchtende Sphären im weiten All, Arpenteur de l’éternité ; Sphères brillantes du vaste Tout, Die ihr umringt den Weltenball; Urewige Schöpfung, halte doch ein, Genug des Werdens, laß mich sein! Qui entourez le globe du monde ; Création éternelle, arrêtez, Assez d’évolutions, laissez-moi être ! Halte an dich, zeugende Kraft, Arrêtez, puissances génératrices, Urgedanke, der ewig schafft! Hemmet den Atem, stillet den Drang, Schweiget nur eine Sekunde lang! Pensée primitive, qui crée sans cesse ! Ralentissez le souffle, calmez le désir, Donnez seulement une seconde de silence ! Schwellende Pulse, fesselt den Schlag; Ende, des Wollens ew’ger Tag! Daß in selig süßem Vergessen Ich mög alle Wonnen ermessen! Pouls emballés, retenez vos battements ; Cesse, jour éternel de la volonté ! Pour que dans un oubli béni et doux, Je puisse mesurer tout mon bonheur ! Wenn Aug’ in Auge wonnig trinken, Seele ganz in Seele versinken; Wesen in Wesen sich wiederfindet, Und alles Hoffens Ende sich kündet, Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen, Keinen Wunsch mehr will das Innre zeugen: Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur, Quand un œil boit la joie dans un autre, Quand l’âme se noie toute dans une autre, Un être se trouve lui-même dans un autre, Et que le but de tous les espoirs est proche, Les lèvres sont muettes dans un silence étonné, Et que le cœur n’a plus aucun souhait, Alors l’homme reconnaît le signe de l’éternité, Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur! Et résout ton mystère, sainte nature ! Im Treibhaus Hochgewölbte Blätterkronen, Dans la serre Couronnes de feuilles, en arches hautes, Baldachine von Smaragd, Kinder ihr aus fernen Zonen, Baldaquins d’émeraude, Enfants des régions éloignées, Saget mir, warum ihr klagt? Dites-moi pourquoi vous vous lamentez. Schweigend neiget ihr die Zweige, En silence vous inclinez vos branches, Malet Zeichen in die Luft, Und der Leiden stummer Zeuge Tracez des signes dans l’air, Et témoin muet de votre chagrin, Steiget aufwärts, süßer Duft. Un doux parfum s’élève. Weit in sehnendem Verlangen Largement, dans votre désir impatient Breitet ihr die Arme aus, Und umschlinget wahnbefangen Öder Leere nicht’gen Graus. Vous ouvrez vos bras Et embrassez dans une vaine illusion Le vide désolé, horrible. Wohl, ich weiß es, arme Pflanze; Ein Geschicke teilen wir, Ob umstrahlt von Licht und Glanze, Unsre Heimat ist nicht hier! Je sais bien, pauvres plantes : Nous partageons le même sort. Même si nous vivons dans la lumière et l’éclat, Notre foyer n’est pas ici. Und wie froh die Sonne scheidet Von des Tages leerem Schein, Hüllet der, der wahrhaft leidet, Et comme le soleil quitte joyeusement L’éclat vide du jour, Celui qui souffre vraiment Sich in Schweigens Dunkel ein. S’enveloppe dans le sombre manteau du silence. Stille wird’s, ein säuselnd Weben Füllet bang den dunklen Raum: Tout se calme, un bruissement anxieux Remplit la pièce sombre : Schwere Tropfen seh ich schweben Je vois de lourdes gouttes qui pendent An der Blätter grünem Saum. Au bord vert des feuilles. Schmerzen Sonne, weinest jeden Abend Douleurs Soleil, tu pleures chaque soir Dir die schönen Augen rot, Wenn im Meeresspiegel badend Jusqu’à ce que tes beaux yeux soient rouges, Quand, te baignant dans le miroir de la mer Dich erreicht der frühe Tod; Tu es saisi par une mort précoce ; Doch erstehst in alter Pracht, Mais tu t’élèves dans ton ancienne splendeur, Glorie der düstren Welt, Du am Morgen neu erwacht, Gloire du monde obscur, Éveillé à nouveau au matin, Wie ein stolzer Siegesheld! Comme un fier héros vainqueur ! Ach, wie sollte ich da klagen, Ah, pourquoi devrais-je me lamenter, Wie, mein Herz, so schwer dich sehn, Muß die Sonne selbst verzagen, Muß die Sonne untergehn? Pourquoi, mon cœur, devrais-tu être si lourd, Si le soleil lui-même doit désespérer, Si le soleil doit disparaître ? Und gebieret Tod nur Leben, Geben Schmerzen Wonne nur: O wie dank ich, daß gegeben Solche Schmerzen mir Natur! Et si la mort seule donne naissance à la vie, Si la douleur seule apporte la joie, Oh, comme je suis reconnaissant Que la Nature m’a donné de tels tourments ! Träume Sag, welch wunderbare Träume Rêves Dis, quels rêves merveilleux Halten meinen Sinn umfangen, Daß sie nicht wie leere Schäume Tiennent mon âme prisonnière, Sans disparaître comme l’écume de la mer Sind in ödes Nichts vergangen? Dans un néant désolé ? Träume, die in jeder Stunde, Rêves, qui à chaque heure, Jedem Tage schöner blühn, Und mit ihrer Himmelskunde Chaque jour, fleurissent plus beaux Et qui avec leur annonce du ciel, Selig durchs Gemüte ziehn! Traversent l’air heureux mon esprit ? Träume, die wie hehre Strahlen Rêves, qui comme des rayons de gloire, In die Seele sich versenken, Dort ein ewig Bild zu malen: Allvergessen, Eingedenken! Pénètrent l’âme, Pour y laisser une image éternelle : Oubli de tout, souvenir d’un seul. Träume, wie wenn Frühlingssonne Aus dem Schnee die Blüten küßt, Daß zu nie geahnter Wonne Sie der neue Tag begrüßt, Rêves, qui comme le soleil du printemps Baise les fleurs qui sortent de la neige, Pour qu’avec un ravissement inimaginable Le nouveau jour puisse les accueillir, Daß sie wachsen, daß sie blühen, Träumend spenden ihren Duft, Sanft an deiner Brust verglühen, Pour qu’elles croissent et fleurissent, Répandent leur parfum, dans un rêve, Doucement se fanent sur ton sein, Und dann sinken in die Gruft. Puis s’enfoncent dans la tombe. ANTON BRUCKNER 1824-1896 SYMPHONIE N° 7 COMPOSITION : ESQUISSÉE À L’AUTOMNE 1881, ACHEVÉE À SAINT-FLORIAN EN SEPTEMBRE 1883 / CRÉATION : 30 DÉCEMBRE 1884 À LEIPZIG SOUS LA DIRECTION D’ARTHUR NIKISCH / DÉDICACE : À SA MAJESTÉ LE ROI LOUIS II DE BAVIÈRE NOMENCLATURE : 2 FLÛTES ; 2 HAUTBOIS ; 2 CLARINETTES ; 2 BASSONS ; 8 CORS ; 3 TROMPETTES ; 3 TROMBONES (DONT TROMBONE ALTO, TROMBONE TÉNOR, TROMBONE BASSE) ; TUBAS ; TIMBALES ; CORDES Alors que les symphonies de Mahler occupent désormais la place, ou peu s’en faut, de celles de Beethoven, celles de Bruckner font toujours un peu figure d’exception. Elles n’ont pourtant jamais manqué d’ardents prosélytes. Dès 1951, à contre-courant de la pensée dominante en France qui se piquait d’aimer Brahms et de rejeter Bruckner sans le connaître, le jeune Bernard Gavoty ne craignait pas d’affirmer : « Ce musicien conjugue l’esthétique de Wagner, la haute leçon de Bach et la fraîcheur de Schubert. Résolument lyrique, il tient des classiques allemands ses procédés d’écriture et des organistes les règles de développement. Magnifiquement harmonisés, ses thèmes s’élancent pareils à des piliers de basilique, étayés par de robustes contrepoints. Il orchestre par plans, jouant des groupes instrumentaux comme des claviers de son orgue, s’offrant le luxe de basses richement étoffées et, quand il déchaîne le fracas du tutti, faisant feu des seize, voire des trente-deux pieds de l’instrument aux cent voix. […] À cet homme pur, sincère et grand convenait une musique noble, fervente et non pas longue mais profuse : celle d’un artiste qui avait beaucoup à dire ». Premier grand succès public de Bruckner dès le soir de sa création à Leipzig, il s’en faut de beaucoup que la Septième Symphonie ait été reçue comme elle le méritait par la critique viennoise : « Bruckner compose comme un pochard » pouvait-on lire dans le Wiener Allgemeine Zeitung tandis que dans le Neue freie Presse Eduard Hanslick écrivait : « Je reconnais sans détour que je ne saurais porter un jugement équitable sur la Septième Symphonie de Bruckner, tant cette musique m’est antipathique, tant elle me paraît antinaturelle, boursoufflée, morbide et pernicieuse ». La presse allemande, en revanche, se montra plus réceptive : « Comme cela fait du bien, de se trouver à nouveau en présence d’un musicien naïf dans le meilleur sens du terme, qui ne recherche pas l’effet, mais œuvre sous l’impulsion de la plus profonde nécessité » (Theodor Helm, Deutsche Zeitung). Le Frankfurter Zeitung allait plus loin : « Bruckner est un génie qui force la comparaison avec Beethoven car il manifeste des traits dignes du seul Beethoven ». Et les Neueste Nachrichten de Munich de conclure : « Voici enfin un compositeur qui ne s’évertue pas à tirer quelque chose de grand à partir de thèmes mesquins et insignifiants, mais qui d’emblée conçoit réellement sur une vaste échelle ». Le destin de cette partition qui reste la symphonie de Bruckner la plus régulièrement jouée et appréciée des mélomanes, donne raison à ceux qui l’ont applaudie les premiers. Comme la Troisième Symphonie, la Septième est marquée par l’admiration fructueuse que Bruckner éprouvait à l’égard de Richard Wagner. Rien d’épigonal pour autant dans cette œuvre dont le premier mouvement était achevé en 1882 quand Bruckner se rendit à Bayreuth pour y découvrir Parsifal. Quant à l’Adagio, inspiré par la mort de Wagner, il l’a anticipée de quelques mois comme l’indiqua Bruckner à Felix Mottl : « un jour je rentrai chez moi très abattu ; je sentais que le maître n’avait plus longtemps à vivre : et l’Adagio en ut dièse mineur me vint à l’esprit ». Quand tomba la nouvelle, le 13 février 1883, il ne manquait à l’Adagio que la reprise. En hommage, Bruckner y introduisit quatre tuben, ces petits tubas recourbés à embouchure de cor que Wagner fit construire pour les représentation du Ring. Joués par les cornistes, les tuben ont une sonorité plus sombre, assourdie. Les dimensions du Final, par rapport aux autres mouvements, a fait dire que l’œuvre était mal conçue globalement. À l’inverse, l’analyse détaillée de la partition révèle une fidélité si académique aux lois de la symphonie romantique qu’à trop y regarder on risque d’en méconnaître le contenu. Paul-Gilbert Langevin a trouvé, pour l’exprimer synthétiquement, des images qui méritent d’être citées : « Son élan est irrésistible : ni méandres, ni chute ni chicane ne viennent freiner ce fleuve majestueux qui, prenant sa source dans le génial thème initial qui débute imperceptiblement sur son lit de trémolo, trouve son apothéose dans l’immense péroraison aux mille voix concordantes, semblables aux mille cours d’un delta ». On peut naturellement, entendre tout autre chose, voire l’inverse, dans cette partition plutôt lumineuse et sereine, tant il est vrai que le privilège de la musique est de commencer là où les mots s’arrêtent. Gérard Condé Ces années-là : 1883 : Stevenson publie L’Île au trésor ; Maupassant, Une vie ; Zola, Au bonheur des dames ; Carlo Collodi Les Aventures de Pinocchio. Le 5 juin, inauguration à Paris de l’Orient-Express. 1884 : Début du régime parlementaire en Norvège. Joris-Karl Huysmans publie À rebours. Inauguration, sous la présidence d’Odilon Redon, du Salon des Indépendants parmi lesquels se distinguent Georges Seurat et Paul Signac. Pour en savoir plus : Armand Machabey : La Vie et l’Œuvre d’Anton Bruckner. Calmann-Lévy, Paris, 1945. Première monographie publiée en France, qui vaut par la précision des analyses musicales quoique fondée sur les seules éditions disponibles alors. Jean Gallois : Anton Bruckner. Bleu Nuit éditeur, Paris 2014. En 1971 l’auteur avait donné à la collection Solfèges (Le Seuil) un biographie enrichie d’aperçus analytiques pertinents. Cette nouvelle publication en a conservé et augmenté les qualités. Paul-Gilbert Langevin : Bruckner, apogée de la symphonie. L’Âge d’homme, Lausanne, 1977. L’ouvrage fondamental, à tous points de vue : outre une empathie sensible avec l’homme et l’artiste, il est le fruit d’une longue fréquentation des œuvres dans le labyrinthe des versions et des éditions successives. DANIELE GATTI direction 1961 : naissance à Milan. 1988 : premier engagement à La Scala de Milan (L'occasione fa il ladro, dans une mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle). 1992 : directeur musical de l'Orchestre de Santa Cecilia de Rome (jusqu'en 1997) 1996 : directeur musical du Royal Philharmonic Orchestra (jusqu'en 2009) 1997 : directeur musical du Teatro comunale de Bologne (jusqu'en 2007). 2002 : dirige Simon Boccanegra pour ses débuts au Staatsoper de Vienne. Disponible en DVD. 2008 : directeur musical de l'Orchestre National de France. Dirige Parsifal à Bayreuth (repris en 2009, 2010 et 2011) et fait l'ouverture de La Scala avec Don Carlo (disponible en DVD). Sortie en disque des Trois pièces opus 6 et de la Lulu suite de Berg avec l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. 2009 : nommé Chefdirigent à l'Opéra de Zurich (jusqu'en 2012). 2010 : Elektra au Festival de Salzbourg (mise en scène de N. Lehnhoff). Disponible en DVD. 2011-2012 : cycle Brahms (le Requiem allemand et les quatre symphonies) avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne. 2012 : nouvelle production de Falstaff dans la mise en scène de Robert Carsen à Covent Garden. La Bohème de Puccini au Festival de Salzbourg. 2013 : nouvelle production de Parsifal au Metropolitan Opera de New York. Concerts avec le Boston Symphony Orchestra, notamment à Carnegie Hall. Nouvelle production Die Meistersinger von Nürnberg de Wagner au Festival de Salzbourg. Tournée avec l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. 2013-2014 : inaugure la saison de la Scala de Milan avec une nouvelle production de La Traviata de Verdi. Reprend à l'Opéra d'Amsterdam avec l'Orchestre du Concertgebow la production de Falstaff de Verdi qu'il a créée avec Robert Carsen à Londres. Se produit au Festival de Salzbourg pour deux concerts symphoniques avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne et pour Il Trovatore de Verdi en compagnie d'Anna Netrebko, Placido Domingo, Francesco Meli et Marie-Nicole Lemieux. 2014-2015 : inaugure la saison de l'Orchestre National de France avec Roméo et Juliette de Berlioz. Intégrale des symphonies de Brahms avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne à Canergie Hall. Dirige plusieurs symphonies de Mahler avec l'Orchestre du Concertgebouw. Se produit avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin dans un programme Wagner, Berg, Brahms, et avec l'Orchestre de la Radio Bavaroise. Falstaff à la Scala de Milan. Cycle Beethoven / Bartók, résidence au Musikverein de Vienne, tournée américaine et débuts dans Tristan und Isolde de Wagner avec l'Orchestre National de France. Poursuite de son intégrale Beethoven avec le Mahler Chamber Orchestra. Retour à l'Orchestre Santa Cecilia de Rome. Tournée avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne. À partir de septembre 2016 : Chefdirigent de l'Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam. Daniele Gatti enregistre en exclusivité pour Sony Classical. Le site : danielegatti.eu JONAS KAUFMANN ténor Naissance à Munich. Études à la Hochschule für Musik und Theater de Munich. Se forme également auprès de Hans Hotter, James King, Josef Metternich, puis Michael Rhodes. 1994 : commence sa carrière au Théâtre national de la Sarre. 2001 : intègre l’Opéra de Zurich. Début de sa carrière internationale. Parmi ses rôles-phare : rôles-titres de Don Carlo, Werther, Parsifal, Faust, Tosca (Cavaradossi), Carmen (Don José), Fidelio (Florestan), Ariadne auf Naxos (Bacchus)… 2006 : triomphe au Metropolitan Opera de New York dans La traviata. 2010 : début au Festival de Bayreuth dans le rôle de Lohengrin (mise en scène Hans Neuenfels). 2011 : sa prise de rôle de Siegmund (Die Walküre) au Metropolitan Opera de New York est retransmise à la radio et en HD dans des cinémas du monde entier. Il est le premier à donner un récital solo au MET de New York depuis Luciano Pavarotti en 1994. 2012 : ouvre la saison de la Scala de Milan avec Lohengrin sous la direction de Daniel Barenboim (mise en scène Claus Guth). 2015 : parution d’un disque consacré au Arias de Puccini dirigé par Antonio Pappano (Sony). Ses enregistrements au disque et au DVD ont été récompensés dans le monde entier. ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE 1934 : fondation de l'Orchestre National. D.E. Inghelbrecht en est le premier chef. Le 13 mars : concert inaugural. années 30 : concerts dirigés par Toscanini et Stravinsky. 1944 : Manuel Rosenthal devient chef permanent de l'orchestre. 1946 : premiers concerts hors de France : Berlin, Londres, la Suisse. L'orchestre ne cessera plus, par la suite, d'effectuer des tournées dans le monde entier. années 50 : création du Soleil des eaux de Boulez, de la Première Symphonie de Dutilleux, de Déserts de Varèse, etc. 1963 : concert inaugural de la Maison de la Radio sous la direction de Charles Munch. années 70 : nombreux concerts dirigés par Leonard Bernstein et Sergiu Celibidache. 1987 : Lorin Maazel, directeur musical. Charles Dutoit lui succédera en 1991, Jeffrey Tate étant nommé premier chef invité. 2001 : Kurt Masur est nommé à son tour directeur musical puis directeur musical honoraire à partir de 2008. 2008 : Daniele Gatti, directeur musical (son premier concert à la tête de l'orchestre datant de 2005). 2010-2011 : l'Orchestre National de France, sous la direction de Daniele Gatti, donne dix-neuf concerts dans dix pays (République tchèque, Autriche, Suisse, Italie, Allemagne, Angleterre, Hongrie, Espagne, Canada, États-Unis). 2011-2012 : sous la direction de Daniele Gatti, l'Orchestre National achève son cycle Mahler, interprète Parsifal avec la distribution de Bayreuth et donne les grands chœurs de Verdi. Il invite par trois fois Colin Davis et joue le Requiem de Berlioz avec John Eliot Gardiner. Kurt Masur retrouve Anne-Sophie Mutter à l'occasion du Concerto pour violon de Dvořák. Sortie du disque Debussy pour le 150e anniversaire du compositeur. 2012-2013 : intégrale des Symphonies de Beethoven dirigée par Daniele Gatti couplée à la création mondiale de pièces courtes de cinq compositeurs français (Guillaume Connesson, Bechara El-Khoury, Bruno Mantovani, Fabien Walksman, Pascal Zavaro). 27 concerts pour la saison du centenaire du Théâtre des ChampsÉlysées, ouverture du festival MITO au Teatro Regio de Turin et à la Scala de Milan, résidence au Musikverein de Vienne, à Barcelone et à Madrid. 2013-2014 : Daniele Gatti et l'orchestre présentent un nouveau cycle. Après Brahms, Mahler et Beethoven, place à une intégrale des symphonies de Tchaïkovski. 2014 est aussi l'occasion de fêter les 80 ans du National tout au long de l'année et notamment à l'occasion du concert anniversaire qui a eu lieu le 13 mars 2014, placé sous la direction de Riccardo Muti. 2014-2015 : inaugure sa nouvelle salle, l'Auditorium de la maison de la radio, où il se produit chaque jeudi soir. L'Orchestre préserve toutefois les liens noués, il y a soixante-dix ans, avec le Théâtre des Champs-Élysées en y programmant un cycle Shakespeare (deux concerts symphoniques et cinq représentations de Macbeth de Verdi sous la direction de Daniele Gatti) au printemps 2015. 2015-2016 : pour sa dernière saison en tant que directeur musical, Daniele Gatti signe notamment un cycle Beethoven-Bartók. Au Théâtre des Champs-Élysées, il dirige Tristan et Isolde ; Jonas Kaufmann chante les Wesendonck-Lieder. À l’affiche également : Werther de Massenet avec Joyce DiDonato et Juan Diego Florez ; Première Symphonie et Concerto pour violoncelle de Dutilleux à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur, etc. Tournée en Amérique du nord et en Autriche (Canergie Hall, Musikverein de Vienne). À consulter : maisondelaradio.fr ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE Daniele Gatti directeur musical Violons solos Luc Héry, premier solo Sarah Nemtanu, premier solo Altos Nicolas Bône, premier solo Sabine Toutain, premier solo Premiers violons Elisabeth Glab Bertrand Cervera Lyodoh Kaneko Teodor Coman Corentin Bordelot Cyril Bouffyesse Julien Barbe Emmanuel Blanc Adeliya Chamrina Noriko Inoué Christine Jaboulay Ingrid Lormand Paul Radais Françoise Séjourné Allan Swieton Sophie Terrier Brigitte Angélis Hélène Bouflet-Cantin Catherine Bourgeat Véronique Castegnaro Nathalie Chabot Marc-Olivier de Nattes Xavier Guilloteau Stephane Henoch Jérôme Marchand Sumiko Hama-Prévost Agnès Quennesson Caroline Ritchot David Rivière Nicolas Vaslier Hélène Zulke Violoncelles Jean-Luc Bourré, premier solo Raphaël Perraud, premier solo Alexandre Giordan Florent Carrière Oana Marchand Seconds violons Florence Binder, chef d'attaque Carlos Dourthé Laurent Manaud-Pallas, chef d'attaque Muriel Gallien Emmanuel Petit Marlène Rivière Constantin Bobesco Emma Savouret Nguyen Nguyen Huu Laure Vavasseur Pierre Vavasseur Gaétan Biron Mathilde Borsarello Contrebasses Laurence del Vescovo Maria Chirokoliyska, premier solo Young-Eun Koo Benjamin Estienne Jean-Edmond Bacquet Claudine Garçon Thomas Garoche Claire Hazera Morand Grégoire Blin Khoi Nam Nguyen Huu Ji-Hwan Park Song Jean-Olivier Bacquet Philippe Pouvereau Didier Bogino Bertrand Walter Dominique Desjardins Stéphane Logerot Françoise Verhaeghe Flûtes Philippe Pierlot, premier solo Michel Moraguès Adriana Ferreira Patrice Kirchhoff Piccolo Hubert de Villele Hautbois Nora Cismondi, premier solo Mathilde Lebert Pascal Saumon Cor anglais Laurent Decker Clarinettes Patrick Messina, premier solo Bruno Bonansea Petite clarinette Jessica Bessac Clarinette basse Renaud Guy-Rousseau Bassons Philippe Hanon, premier solo Frédéric Durand Elisabeth Kissel Contrebasson Michel Douvrain Cors Hervé Joulain, premier solo Vincent Léonard, premier solo Philippe Gallien François Christin Jocelyn Willem Jean Pincemin Jean-Paul Quennesson Trompettes Marc Bauer, premier solo Andreï Kavalinski, premier solo Raphaël Dechoux Dominique Brunet Grégoire Méa Trombones NN, premier solo Julien Dugers Sébastien Larrère Olivier Devaure Tuba Bernard Neuranter Timbales Didier Benetti, premier solo Délégué artistique par intérim Steve Roger Chargée de production musicale Isabelle Derex Administrateur délégué Samuel Serin Chargée de production musicale Solène Grégoire Responsable de la promotion Camille Grabowski Responsable du programme pédagogique Marie Faucher Adjointe Vanessa Penley Musicien attaché au programme pédagogique Marc-Olivier de Nattes François Desforges Percussions Emmanuel Curt, premier solo Florent Jodelet Gilles Rancitelli Harpes Emilie Gastaud, premier solo Isabelle Perrin Claviers Franz Michel Responsable de la bibliothèque des formations Maud Rolland Bibliothécaire Monique Hallier Bibliothécaire attachée au programme pédagogique Cécile Goudal Régisseur principal Nathalie Mahé Adjointe Valérie Robert Régie d’orchestre Nicolas Jehle François-Pierre Kuess Responsable du service des moyens logistiques de production musicale Nicolas Gilly Administration Elisabeth Fouquet Responsable du parc instrumental Patrice Thomas SAMEDI 21 ET MARDI 24 MAI 2016 18H THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES TRISTAN ET ISOLDE DE RICHARD WAGNER Torsten Kerl ténor (Tristan) Rachel Nicholls soprano (Isolde) Michelle Breedt mezzo-soprano (Brangaine) Brett Polegato baryton (Kurwenal) Steven Humes basse (le roi Marke) Andrew Rees ténor (Melot) Mark Larcher ténor (Un berger, un marin) Francis Dudziak baryton (Un timonier) Pierre Audi mise en scène Christof Hetzer décors et costumes Jean Kalman lumières Orchestre National de France - Chœur de Radio France Stéphane Petitjean chef de chœur Daniele Gatti direction Nouvelle production Coproduction Théâtre des Champs-Elysées / Stichting Nationale Opera & Ballet - Amsterdam / Fondazione Teatro dell’Opera di Roma Coproducteur associé pour les représentations parisiennes : Radio France Spectacle en allemand, surtitré en français Renseignements: 01 49 52 50 50 (theatrechampselysees.fr) JEUDI 2 JUIN 2016 20H MAISON DE LA RADIO - AUDITORIUM Orchestre National de France Anton Bruckner Symphonie n°8 Daniele Gatti direction Coproduction Radio France/Théâtre des Champs-Élysées Renseignements : 01 56 40 15 16 - maisondelaradio.fr Directeur de la musique et de la création culturelle à Radio France Michel Orier Réalisation du programme de salle Direction de la musique Impression Reprographie Radio France