Historique de la base aérienne 701 de Salon-de

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Historique de la base aérienne 701 de Salon-de
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Historique de la base aérienne 701
de Salon-de-Provence 1935 - 2010
Christian BRUN
Enseignant-chercheur, Centre de Recherche de l’Armée de l’Air (CReA), Ecole de l’Air, 13 661, Salon
Air
Dimanche 22 février 2015
Les débuts : 1933-1938
La fin de la décennie 1920 est marquée par un débat entre les tenants et les opposants à la
création d’une armée de l’air indépendante de l’armée de terre et de la marine. Le 1er avril 1933, le
président Lebrun signe un décret ministériel qui constitue l’acte de naissance de cette nouvelle armée.
Ce texte fixe les principes généraux d’emploi et d’organisation de l’armée de l’air. Les officiers servant
au sein de l’armée de l’air sont désormais formés dans une école qui lui est propre.
Construction du futur Bâtiment de la Direction de l’Enseignement (BDE)
Le site géographique accueillant l’Ecole de l’air doit respecter quatre critères : implantation sur
un aérodrome, région à la météorologie clémente, proximité d’une ville universitaire, proximité d’une
garnison et d’un port. Plusieurs régions sont candidates : Versailles/Saint-Cyr, Orléans, Bordeaux,
Montpellier, Salon/Berre.
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Le choix final se porte sur Salon. Cette annonce soulève une polémique. Le journal Les Ailes, dans son
numéro 622 du 18 mai 1933, publie un article intitulé « Où doit-on installer l’Ecole de l’air ? » qui critique
le choix du gouvernement :
« Comme il était à prévoir, l’annonce que l’Ecole de l’air serait installée à Salon-de-Provence a
provoqué quelque surprise dans les milieux aéronautiques (…).
« Il a beaucoup été question, depuis quelques années, de la décentralisation géographique des usines
et des escadres (…) le Ministère de l’Air opère peu à peu, sur le littoral méditerranéen, c’est-à-dire sur
une frontière aérienne particulièrement accessible, une concentration qui place de nombreux organes
essentiels de notre Aéronautique, à portée immédiate des avions et des canons italiens (…).
« Ainsi donc, les éléments vitaux de notre défense en Méditerranée, et les écoles fondamentales des
Forces Aériennes vont être concentrées dans une zone distante de trois cent kilomètres des points de
départ d’une attaque éventuelle, et cela, dans une région où les nuits sont belles, où les jours
présentent des plafonds permettant l’attaque à haute altitude, hors de l’atteinte de la D.C.A.
« Dans ces conditions, n’est-il pas permis de se demander s’il est opportun d’ajouter à l’Ecole d’Istres,
une autre école tout aussi essentielle, et qui, dans l’hypothèse d’un conflit en Méditerranée, devrait être
rapidement transférée ailleurs ? »
En prévision de l’installation de l’Ecole de l’air, des terrains situés sur les communes de Salonde-Provence et de Lançon-de-Provence sont achetés. La première promotion de l’Ecole de l’air est
rassemblée en 1935 à Versailles. Cette même année commence les travaux de construction à Salon
avec le montage de hangars.
En juillet 1937 est fixée la composition du Centre école de Salon : un groupe d’instruction
d’aérostation, un bataillon de l’air, un groupe d’instruction d’aviation qui comprend des moyens
généraux d’instruction des services techniques et un service avions (32 appareils). Durant cette année
les travaux s’intensifient pour permettre à l’Ecole de l’air de s’installer en Provence dans des locaux
provisoires.
L’année suivante débute l’édification du Bâtiment direction enseignement, BDE, appelé à tort depuis à
Bâtiment des études ou Bâtiment des élèves.
Effectifs stationnés à Salon en 1ère urgence en 1937
Personnels
Effectifs
Officiers
77
Sous-officiers
411
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Hommes de troupe
941
Officiers-élèves
300
Elèves-officiers
200
Total
1929
Avions
Effectifs
Avions en ligne
185
Avions en volant
70
Total
255
Le temps des incertitudes : 1939-1945
Lorsque la Seconde Guerre mondiale s’annonce imminente les autorités françaises, craignant
des bombardements aériens, font déplacer le site de l’Ecole de l’air. Celle-ci reçoit fin août 1939 l’ordre
de se replier à Bordeaux. Après l’armistice du 22 juin 1940, l’école est fermée. Cependant la base de
Salon accueille plusieurs unités : le commandement des Forces aériennes n°37, le groupe de chasse
I/6, des échelons roulants, 4 compagnies de l’air, 2 bataillons de l’air. La quasi-totalité de ces unités est
ensuite démobilisée. Fin 1941 l’Ecole de l’air est autorisée à se réinstaller en Provence. En novembre
1942, après l’invasion par les Allemands de la zone libre, la Wehrmacht occupe le site de Salon. Les
promotions d’élèves sont dispersées sur différents sites en France et à l’étranger. La base aérienne de
Salon subie trois bombardements successifs de l’aviation alliée.
Après la libération de la région provençale en 1944, un détachement de l’armée de l’air
découvre le site de Salon dans un état affligeant. La base, en grande partie détruite, doit être rétablie
pour accueillir de nouveau l’Ecole de l’air. Du grand ensemble d’avant-guerre, il ne subsiste plus qu’une
partie du BDE, les hangars, la maison des élèves et le mas de Lurian. Les hangars du groupe nord sont
éventrés, l’aile est du BDE a été dynamitée par les Allemands avant leur retraite et les installations de la
base ont été pratiquement vidées. La reconstruction des bâtiments principaux débute fin 1945. La base
accueille alors l’Etat-major de la 5e escadre de chasse et deux de ses groupes. Elle comprend alors le
terrain et ses hangars, les bâtiments de l’Ecole de l’air, le camp de baraques occupé par le Centre de
rassemblement et d’administration du personnel (CRAP), l’usine de Lurian et le château réquisitionné.
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La base de Salon sous les bombes en mai 1944
La reconstruction : 1946-1957
En 1946 est créée la « Base n°151 » qui assure le soutien des unités implantées sur le site de
Salon. Constituée en unité formant corps, cette base équipée comprend : des services administratifs,
des services généraux, un atelier de base, trois compagnies administratives. Au mois de juin, la base
prend le nom de « Base école 701 – Ecole de l’air ». Son organisation est la suivante : commandement
de la base école, division d’instruction, moyens généraux, services techniques. Le Centre de montagne
d’Ancelle lui est rattaché. En 1947 la base de Salon prend l’appellation de « Base école 701 » et se
dote d’une piscine.
Fin 1948 la subordination de la base est à nouveau modifiée. Désormais elle relève du général
« Commandant supérieur des Ecoles de l’air et Commandant le 3e Région aérienne » en ce qui
concerne : l’emploi, les programmes d’instruction et les méthodes pédagogiques, la diffusion des
documents techniques, la gestion du personnel et du matériel de la Division d’instruction et des services
techniques. La base relève du général commandant la 4e Région aérienne pour les questions d’ordre
territorial, les questions du personnel et du matériel des moyens généraux de la base école.
En 1949 la « Base école 701 » devient « Base aérienne n°701 à Salon ». Le mauvais état des pistes de
décollage et d’atterrissage est signalé plusieurs fois. La situation s’aggravant, une note de juillet 1950
précise :
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« I – La plate-forme de Salon est constituée par un sol à base de limon (…). Les avions qui
utilisent ce terrain y provoquent des déformations, lesquelles à leur tour agissent sur les appareils
auxquels elles causent certains dégâts.
« II – En outre, pendant les précipitations, l’eau de ruissellement ne s’infiltre que dans le sol, rendant la
piste impraticable pendant une assez longue durée.
« Pour lutter contre les déformations de la plate-forme au fur et à mesure qu’elles se produisent, un
rouleau compresseur travaille en permanence sur la Base. Mais ses effets sont très limités. On peut
tout au plus espérer qu’ils empêcheront une aggravation de l’état de la plate-forme.
« III – Ces défectuosités ont conduit le Commandant de la Base à utiliser au maximum les pistes
annexes de Salon. Il a même envisagé, au cours de l’hiver dernier, d’utiliser la piste d’Orange pendant
toute la période durant laquelle les pluies rendaient la piste impraticable.
« IV – Le seul remède sérieux à cet état de chose réside dans la construction d’une piste à revêtement.
Cette solution a été retenue par l’Etat-major général des Forces armées « Air » qui a prévu au projet de
budget de 1951 les crédits nécessaires à cette réalisation. »
Le commandement de la base entame le développement d’un plan d’infrastructure cohérent
avec la mise en place progressive d’installations définitives. Une infirmerie est construite. En 1951
viennent s’ajouter une piste de 1 000 m, une tour de contrôle et une station météorologique. En 1952 la
base devient « Base école des officiers de l’armée de l’air ». Le commandant de la base groupe sous
son autorité : l’Ecole de l’air, l’Ecole militaire de l’air, le groupement d’instruction, la bataillon de l’air, la
parc de base aérienne, le contrôle local d’aérodrome.
Devant le BDE est aménagée la place d’arme « Pelletier-Doisy » et une section de protection
est mise sur pied. Le confort des élèves augmente avec la construction d’un gymnase et des bâtiments
« Brocard », « Testart » et « Valin » pour leur logement.
1954 voit un accroissement appréciable de l’activité aérienne avec l’achèvement d’une piste en dur en
béton qui permet la mise en œuvre d’avions de combat modernes. Ainsi arrive en 1956 le Fouga CM
170 Magister, premier véritable avion d’entraînement à réaction au monde.
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Effectifs stationnés à Salon au 1er mars 1956, pour 722 élèves à l’instruction
(161 officiers et 561 sous-officiers)
Unités
Officiers Sous-officiers Hommes de
troupe
Total
Commandement de la Base école
701 et de la Division d’Instruction
118
255
178
551
Bataillon de l’Air 1/701
18
114
403
525
Atelier Magasin de Base 10/701
4
55
67
126
Groupe d’entretien principal
13/701
5
123
150
278
Parc spécialisé régional 15/701
6
83
72
161
Contrôle local d’aérodromme
Type I 20/701
2
15
6
23
Station météo militaire Type II
22/701
0
3
7
10
Section de protection Type I
35/701
1
3
37
41
Section de transmissions 84/701
1
37
26
64
155
688
946
1789 (*)
Totaux
(*) Dans le total est compris le contingent maintenu en raison des affaires d’Algérie.
L'ouverture sur le monde : 1958-1989
En 1958 le maréchal Juin effectue une visite à Salon. Deux ans plus tard c’est le tour du
président de la République, le général de Gaulle, et en 1963 du ministre des Armées Pierre Messmer.
L’enseignement devient homogène et s’ouvre sur la « sphère civile » : des liens sont développés avec
les universités d’Aix-Marseille. En 1964 la base reprend définitivement l’appellation « Base Aérienne
n°701 » et la patrouille de l’Ecole de l’air prend le nom de « Patrouille de France ». L’organisation est
modifiée tandis que des moyens administratifs) apparaissent.
Le rôle de la base aérienne est de rassembler et de mettre en œuvre les moyens nécessaires au
fonctionnement de l’Ecole. Elle comprend six entités. Les moyens opérationnels gèrent la plate-forme, à
ce titre ils assurent la mise en condition du support opérationnel des unités aériennes. Les moyens
techniques assurent la maintenance, la gestion et l’entretien de la quasi-totalité du matériel technique.
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Les moyens administratifs concernent l’administration du personnel et, partiellement, celle des élèves.
Les moyens généraux exercent leur action dans les domaines du transport, de l’armement, des mess,
du logement, de la sécurité incendie, du social, de la protection. Sont aussi concernés le service
médical et la section de transmissions.
Dans une brochure publiée en 1965 pour le trentenaire de l’Ecole de l’air, celle-ci et ses élèves
officiers sont peints sur le vif :
« Riche d’un passé plus chargé de gloire que d’ans, mais forte des traditions et des vertus que lui ont
léguées ses anciens, l’Ecole de l’air ne peut faillir à la tâche qui lui est confiée de former les officiers de
l’arme la plus technique tant par la complexité de son matériel aérien que par la perfection demandée à
ses installations de détection, de contrôle et de transmission.
« A ces officiers qui auront à connaître les techniques les plus modernes de l’air et de l’espace le
conseil de perfectionnement de l’Ecole a décidé en 1959 de donner une forte culture scientifique et
technique. Cette décision s’est concrétisée par l’instruction ministérielle du 20 janvier 1962 qui a fixé les
nouveaux programmes de l’Ecole. La difficulté qu’ont rencontré les rédacteurs de ces programmes est
double. D’une part les techniques aéronautiques sont si vastes qu’aucun esprit ne serait assez puissant
pour les assimiler toutes. D’autre part, elles évoluent avec tant de rapidité que les techniques
enseignées à l’Aspirant risquent de n’être d’aucune utilité au Commandant qu’il deviendra 10 ans après.
D’où le double écueil que les programmes doivent éviter : vouloir donner aux élèves une vue générale
de toutes les techniques, un vernis scientifique qui ne tardera pas à s’écailler ou, deuxième écueil, leur
surcharger l’esprit de détails technologiques approfondis qui se démoderont avant leur arrivée en
formation. »
A partir de 1967 la base évolue au gré des restructurations de l’armée de l’air avec, tout
d’abord, l’arrivée d’un détachement de l’Escadron de liaison aérienne d’Aix les Milles. L’année suivante
apparaît « L’équipe de voltige de l’armée de l’air » puis la Division des vols chargée de la formation
initiale des élèves officiers pilotes.
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Fouga Magister en plein vol
Une modernisation constante : 1990-2010
1990 voit la création de la Section de vol à voile et 1992 l’implantation à Salon d’une antenne
de l’Office national d’étude et de recherche aérospatiale qui permet aux élèves officiers d’être en
contact avec les technologies de pointe. La même année la base aérienne de Salon-de-Provence reçoit
comme nom de baptême celui de « Général Pineau », du nom de son premier commandant de base.
En 1994 est regroupé sur ce site la formation de tous les officiers de l’armée de l’air. L’Ecole de
l’aéronautique navale assure la formation des futurs pilotes et ingénieurs de l’aviation navale. A partir de
1995 les Embraer EMB 312 Tucano remplacent les Fouga Magister.
En 2002 est mis en place le CReA, Centre de recherche de l’armée de l’air, qui remplit une
triple mission : recherche fondamentale, recherche appliquée au profit de l’armée de l’air,
enseignement. L’année suivante est installé l’Etat-major de la zone aérienne de défense Sud. La
formation initiale des pilotes de l’armée de l’air monte en puissance : en 2005 la Division des vols
devient l’Ecole de pilotage et de formation des navigateurs de l’armée de l’air (EPNAA), la section vol à
voile devient Centre d’initiation à l’aéronautique militaire (CIAM), en 2006 arrivent les premiers TB10.
La formation des officiers de l’armée de l’air est modernisée avec la création en 2007 des
Ecoles d’officiers de l’armée de l’air (EOAA) garantissant la continuité de cette formation et un Etatmajor veillant à la cohérence de celle-ci. La base aérienne 701 de Salon-de-Provence assure le soutien
des EOAA, du Groupement des écoles d’administration de l’armée de l’air et des Equipes de
présentation de l’armée de l’air. Le fonctionnement de la base s’accorde avec celui des écoles.
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Depuis 2010, bien des changements sont intervenus et de nombreux projets et ouvertures dans les
domaines de la pédagogie, de la recherche et du développement sont prévus d'ici la fin de la décennie.
Présentation d’un Mirage 2000 et d’un Mirage F1 sur la BA 701
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