La flûte de Quantz - Pierre Etchegoyen

Transcription

La flûte de Quantz - Pierre Etchegoyen
Pierre Etchegoyen
flûtes traversières baroques
et flûtes andines
La flûte de Quantz
Quelques données pour une première prise en main
Les flûtes attribuées à Quantz qui nous sont parvenues (environ 13 instruments) présentent des
caractéristiques similaires, qui tranchent avec celles des instruments réalisés par les facteurs qui lui sont
contemporains. Sa recherche est celle d'un son pénétrant, privilégiant le registre grave, d'un diapason bas
hérité des instruments français, et de particularités de facture visant à hisser la flûte au niveau du violon
comme instrument soliste en rendant l'instrument apte à jouer dans toutes les tonalités. Il donne dans son
essai des indications très précises sur les techniques à appliquer sur sa flûte.
Cette présentation a pour objet de résumer succinctement les particularités les plus importantes et
remarquables, qui tranchent avec la technique des autres flûtes baroques, pour vous donner rapidement les
clés d’un bon démarrage sur l'instrument. Mon travail sur la facture de cette flûte a été de retrouver ces
particularités, mes flûtes pouvant se jouer dans le respect des indications de l'essai de Quantz.
Ce texte ne remplace en aucun cas la lecture de l’essai, que je vous engage à étudier. Cet essai est de plus
certainement l’un des textes les plus importants de cette période pour comprendre l'univers musical de cette
époque charnière (l'union des styles : les « Goûts Réunis » puis le style « sensible »).
Dans ce qui suit je renvoie systématiquement aux chapitres et paragraphes de l’essai.
Positions relatives des différentes parties de la flûte : Les trous des doigts des corps main gauche et main
droite doivent être alignés selon Quantz, et le trou de la clef 8 (courbée) positionné sur cette même ligne.
Quantz recommande de tourner la tête « en dedans » de la valeur du diamètre de l’embouchure par rapport à
cette ligne (Chap. II §2 page 29). L'important est cependant d'être à l'aise, notamment dans le maniement des
deux clefs, et vous trouverez vous-même la position qui vous conviendra le mieux.
Tenue de la flûte : Le pouce de la main gauche doit être positionné « presque vis-à-vis » du doigt bouchant
le trou 2. Cette position est le point d’équilibre de la flûte. Et en effet mes flûtes Quantz avec la bague en
argent sur le pied respectent ce point d’équilibre, qui facilite la tenue de la flûte quand le pouce de la main
gauche est positionné dessus (chap. II §3 page 29 et 30).
C’est le pouce de la main gauche, et lui seul, qui assure la tenue de l’instrument (chap. II §7 page 30, et §9
page 31).
La tablature (Tab : I Fig. 1, 2 et 3) : Quantz précise que « les lignes de travers » représentent des trous
ouverts.
Les chiffres 7 et 8 sont pour les clefs : 7 (la petite) pour le Mib et 8 (la grande courbée) pour le Ré# .
Remarquez que la grande clef courbée ne sert que pour quatre notes : Ré# et La# du premier registre et Ré#
et Sol# du second registre.
Lorsque le chiffre 7 ou 8 est indiqué, la clef correspondante doit être actionnée (« § débouche leurs trous où
il y a un chiffre », Chap. III §4 page 36).
Pour les autres trous, le chiffre indique le trou comme bouché.
Pour certaines notes, Quantz indique deux, voire trois doigtés différents : « la première façon reste toujours
la plus commune et la plus usitée » Chap. III §4 page 37.
Fa # « extraordinaires » : il s’agit des Fa# du premier et du second registre de l'instrument.
Ces deux doigtés ( 1 2 3 - 5 6 - ) se font sans aucune des deux clefs, ainsi que l'indique Quantz dans sa
tablature (fonctionne avec le corps main gauche pour 392 Hz. Avec le corps pour 415 Hz, la flûte fonctionne
comme les autres flûtes baroques, utiliser systématiquement la petite clef de Mib, sauf bien sûr pour Ré# ou
vous utiliserez la grande clef courbée).
Ces doigtés de fourche ne peuvent se faire qu'avec une particularité de facture au niveau du corps main droite
et de la patte. Mes flûtes respectent cette particularité, pour que ces Fa# si importants pour Quantz puissent
se jouer sans difficulté (appréciable dans la tonalité de Mi M, pour les enchaînements de Fa# et Sol#). Leur
emploi nécessite cependant un apprentissage.
Il s'agit là d'une particularité importante de la flûte de Quantz, dans la recherche de la facilité de modulation.
Une particularité qui n’apparaît pas dans le traité : le doigté du Fa bécarre aigu : Quantz l'indique
comme 1 2 0 4 0 0 avec la clef 7 activée (qui ouvre le plus gros trou). Ce doigté n'est pas satisfaisant, le Fa
sortant avec difficulté, ce qui est normal pour les flûtes à grosse perce comme les flûtes Hotteterre ou
Rippert, celle de Quantz étant celle dont la perce est la plus grosse.
Mais si vous activez les deux clefs simultanément, le Fa bécarre aigu, avec le corps à 392 Hz, sort sans
aucune difficulté et avec justesse. Avec le corps à 415 Hz, il faut, en plus, boucher en partie le trou 5
(particularité indiquée aussi par Hotteterre dans son traité). L'activation des deux clefs ensemble est un coup
à prendre, en couchant le petit doigt sur les deux clefs, sans chercher d'ailleurs à les actionner complètement.
De l’embouchure (chap. IV) : Dans le chapitre IV §11, Quantz donne une règle sur « combien retirer ou
mettre en avant le menton et les lèvres » avec un schéma Tab.II Fig.2 :
- découvrir au niveau de la première ligne pour le Ré3 grave,
- couvrir au niveau de la seconde ligne du schéma de Mi3 à Fa#4 extraordinaire,
- dès le Sol4 du second registre et jusqu’au Ré5 couvrir au niveau de la troisième ligne,
- recouvrir davantage au niveau de la quatrième ligne dès le Sol5.
On retiendra que les octaves sont naturellement légèrement élargies (à l'inverse des autres flûtes de la même
époque). Quantz indique une progression régulière dans le recouvrement de l’embouchure sur la totalité de
l’ambitus de sa flûte. C’est là certainement que les différences de technique sont les plus marquées (avec les
Fa# extraordinaires) par rapport aux autres instruments de la même période.
Position du bouchon :
Quantz compare le bouchon de la flûte à l'âme du violon (chap. I §10 page 26), et indique (avec raison) que
sa position influe sur le timbre et la justesse : « ... trop avancé ou trop retiré, empêche non seulement la
beauté du son, mais aussi la bonne intonation ».
La position indiquée ci-dessous est celle qui permet à mon sens la meilleure intonation, mais en fonction de
votre propre technique de jeu vous pouvez la modifier légèrement (tester l'octave Ré4/Ré5, si trop bas
rapprocher le bouchon, si trop haut le repousser).
Flûte 392 Hz : bouchon à environ 23 mm de l’axe de l’embouchure. A noter que la position est sensiblement
la même, voire un peu supérieure, avec le corps de rechange pour 415 Hz.
Je fournis avec la flûte une tige avec un repère pour positionner convenablement le bouchon.
Position de la coulisse d’accord de la tête :
Cette coulisse doit être tirée d'environ 5 mm pour la flûte à 392 Hz, ainsi qu'avec le corps de rechange pour
415 Hz. Là encore cette position dépend de votre technique de jeu, vous pouvez donc la modifier légèrement
en plus ou en moins.
Je fournis une petite plaquette de bois de la bonne épaisseur pour vous permettre de régler convenablement
cette coulisse.
Je prévois qu' après 10 ou 15 minutes de jeu, lorsque la flûte a donc été chauffée, vous devez tirer un peu (de
1 à 3mm) sur cette coulisse (ou sur le corps main gauche comme pour les autres flûtes) pour jouer à la bonne
hauteur du diapason, avec l'un ou l'autre corps main gauche.
Pour terminer je vous souhaite un bon apprentissage sur cette flûte, qui mérite quelques efforts pour être
pleinement maîtrisée et donc bien sûr appréciée.
site Web : www.flutesbaroques.com
courriel : contact(at)flutesbaroques(point)com

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