1 Lycée Raymond SAVIGNAC – 12200 Villefranche de Rouergue

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1 Lycée Raymond SAVIGNAC – 12200 Villefranche de Rouergue
Lycée Raymond SAVIGNAC – 12200 Villefranche de Rouergue
Colloque des premières 2015
Note synthétique réalisée par J. Berthet, H. Gaillac, E. Lecarme, L. Mazières, M. Pons, E. Raffy, L. Regourd, S. Tazi.
L’engagement en SCOP
L’engagement est un investissement dans une activité, un lien réciproque entre deux
entités dont il résulte une production, matérielle ou non. Il implique néanmoins des risques et
des contraintes. L’engagement peut être stimulé par des incitations de nature affective ou
économique.
Nous avons choisi comme objet d’étude l’engagement professionnel, c’est-à-dire
l’implication des individus au travail. Il peut s’agir, d’après les travaux de Meyer et Allen (1991),
d’un engagement d’ordre affectif (les valeurs et l’ambiance
de l’entreprise), normatif
(organisation et pratiques) ou calculé (analyse rationnelle des avantages et inconvénients).
Nous allons nous intéresser plus particulièrement aux SCOP (Sociétés Coopératives et
Participatives). En effet, les SCOP sont des entreprises qui relèvent de l’Economie Sociale et
Solidaire, dans lesquelles les salariés semblent particulièrement impliqués en raison de leur
statut particulier : ils doivent posséder 51% du capital social et 65% des droits de votes. Ainsi,
pouvoir, risques, et bénéfices sont partagés entre les salariés, quelle que soit leur place dans la
hiérarchie. De plus, ces entreprises défendent des valeurs démocratiques, ce qui semble une
forte incitation à la participation.
Nous pouvons donc nous demander si le statut SCOP modifie, influence l’engagement
professionnel, si les salariés en SCOP sont forcément plus impliqués que ceux des entreprises
traditionnelles, et en quoi. Tout d’abord, nous allons montrer que travailler dans une SCOP
favorise l’engagement. Puis, nous allons prouver que ce système performant comporte des
limites. En conclusion, nous proposerons des solutions pour améliorer l’engagement
professionnel au sein de l’entreprise.
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I.
La SCOP, une structure particulière vis-à-vis de l’engagement : travailler en
SCOP favorise/stimule l’engagement.
L’engagement en SCOP peut être défini comme un engagement affectif, c’est-à-dire lié à
un attachement aux valeurs de l’entreprise.
Premièrement, il se traduit par un attachement aux objectifs de l’entreprise, selon 93% des
personnes interrogées1. Les objectifs fixés par ces entreprises de l’ESS ne sont pas,
contrairement aux entreprises traditionnelles, la recherche de profit maximal à tout prix. Si les
SCOP doivent – comme toute entreprise – être rentables pour être pérennes, leurs objectifs
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Enquête réalisée par nos soins, sur 44 personnes travaillant en SCOP en Midi-Pyrénées
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sont avant tout de servir les intérêts des salariés, et d’avoir un impact positif sur le territoire
(emploi, dynamique économique, lien social..).
En outre, plus de la moitié des enquêtés déclarent que l’ambiance et les conditions de travail
sont deux facteurs qui influent sur leur engagement. Or, ces facteurs sont liés à des valeurs qui
entraînent une certaine manière de travailler telles que la coopération et la solidarité qui sont
récurrentes; ici, elles représentent 20% des réponses. On retrouve fréquemment la Démocratie,
le sens du travail, l’égalité, le partage, les valeurs humaines. Différents mots, mais une seule
idée en tête : l'Humain. Ainsi, travailler en SCOP favorise la liberté, la créativité, l’autonomie et
surtout le sens que l’on donne au travail. « Je m’engage car j’adhère aux valeurs de cette
entreprise, j’y suis car je m’y sens bien. Oui ; Je suis engagé ».
L’engagement normatif, c’est-à-dire lié à des normes, au statut particulier des SCOP est
aussi présent. Pour 69,5% des personnes interrogées, leur engagement est lié au statut
SCOP.
En effet, la participation aux assemblées est un droit accordé aux salariés-associés qui
participent ainsi aux décisions que ce soit pour des choix d’orientation ou pour l’élection de
leurs dirigeants, selon le principe 1 personne = 1 voix (sans tenir compte de la part de capital
détenue). En outre, travailler en SCOP signifie partage équitable des savoir-faire, des décisions,
des risques et des bénéfices de l’entreprise. Le dirigeant, quant à lui, a également un statut de
salarié.
Comme dans toute entreprise, on retrouve une troisième forme d’engagement lié à des
facteurs financiers, l’engagement calculé.
En effet, les salariés étant aussi associés, ils perçoivent un salaire, mais aussi une part des
bénéfices (dividendes). Ainsi, ils ont intérêt à travailler au mieux pour que l’entreprise dégage
des bénéfices élevés. De plus, Le statut légal implique plus de risques pour le salarié que dans
une entreprise classique, car en cas de difficultés voire faillite de l’entreprise, les associés
perdent la totalité du capital investi.
II. SCOP ne rime pas toujours avec engagement, et l’engagement professionnel n’est
pas le monopole des SCOPs.
Malgré le fait que le concept actuel de la SCOP soit nouveau, celui-ci montre déjà ses limites,
liées au fait que certaines valeurs des SCOP ne sont, en pratique, pas respectées.
Premièrement, dans certains cas, la direction (élue par les salariés-associés) monopolise toutes
les décisions. En effet, la direction utilise parfois un jargon comptable difficilement
compréhensible par les salariés-associés. De telle sorte que, dans cette situation, la plupart des
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salariés ne participent plus aux assemblés générales et perdent tout contrôle sur l'entreprise.
L'engagement peut alors être remis en question et la réalité ne correspond plus aux principes
démocratiques d'une SCOP. On assiste à la reproduction d'une part du schéma classique des
entreprises et d'autre part de nos sociétés modernes où l'engagement devient une notion
abstraite.
De plus, selon 11,1% des personnes interrogées lors de notre enquête, la pression hiérarchique
est l’un des facteurs responsables de l'engagement en SCOP. Or on pourrait penser que la
pression n'est pas compatible avec le principe de coopération, ce chiffre remet donc en cause
les valeurs d'engagement véhiculées par les SCOP. De plus, Mme Lagriffoul. qui fait un travail
de recherche sur les SCOP a constaté durant ses entretiens que les SCOP ne fonctionnent pas
toujours selon les principes coopératifs. Enfin, dans un article publié dans Alternatives
Economiques n°310, Ph. Frémeaux écrit : « Quand les directions ont le souci de mettre en
oeuvre un management participatif (…) les salariés font preuve d'une forte implication et d'une
grande loyauté (…) mais cette règle n'est pas générale!».
Enfin, la création de SCOP peut être motivée par les avantages économiques plutôt que par les
valeurs des SCOP. En effet, le statut SCOP permet aux entreprises d’être exonérées de
certaines taxes dont la Contribution Economique Territoriale. Les entreprises bénéficient
également d’un droit de préférence lors de la passation d’un marché public: à égalité de prix ou
à équivalence d’offres, l’offre présentée par une SCOP est prioritaire.
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En définitive, la SCOP est une entreprise à géométrie variable. Les valeurs caractéristiques
d’une SCOP et le fonctionnement de la structure favorisent l’engagement des salariés.
Cependant les principes propres à la SCOP ne sont pas toujours respecté. Ainsi,nous avons
réfléchi à des propositions afin d’optimiser l’engagement professionnel des salariés au sein
d’une SCOP. On peut tout d’abord agir sur le mode d’organisation de l’entreprise afin d’éviter le
langage technique et les pressions hiérarchiques : proposer des formations en management
“participatif” ou encore l’introduction d’un tiers dans les Assemblées générales.
Il faut favoriser la prise de parole et la discussion pour améliorer les relations humaines au sein
de la SCOP. La coopération au sein de l’entreprise est un facteur déterminant pour la vie et la
pérennité de la structure. Les salariés travaillent mieux s’ils se sentent considérés, intégrés et
aiment leur cadre professionnel. En tous cas, c’est un modèle d’entreprise qui semble susciter
l’intérêt des entrepreneurs, des salariés, et de l’Etat, comme en témoigne la loi de 2014 sur
l’ESS (économie sociale et solidaire), qui vise à faciliter la création de SCOP.
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ANNEXE 1 : PRESENTATION DE LA DEMARCHE
Afin d’aboutir à cette note, nous avons suivi le parcours suivant. Tout d’abord, nous
avons pris connaissance du thème et établi les généralités le concernant. Après avoir débattu
sur les différents types d’engagement et leurs caractéristiques, l’engagement professionnel a
finalement retenu notre attention. Le statut particulier des SCOP nous a paru intéressant pour
notre travail.
Pour en savoir plus, nous avons effectué des recherches sur des supports variés. Puis,
nous avons contacté des entreprises à statut SCOP pour aller sur le terrain. Nous avons fait
face à de nombreux refus, mais la Coopérative d'Activités et d’Entrepreneurs OZON a
finalement répondu positivement. Cette rencontre a été très enrichissante et a été le moteur de
la rédaction de notre projet. Pour compléter nos informations, nous avons envoyé un
questionnaire à toutes les SCOP de Midi- Pyrénées. Nous avions donc suffisamment de
matière pour commencer la rédaction. Nous nous y sommes consacrés durant 3 séances, la
dernière effectuée avec les tuteurs.
ANNEXE 2 : RESSOURCES LES PLUS UTILISEES
Bibliographie :
 ALTER Norbert, Donner et prendre. La coopération en entreprise, La Découverte, 2009.
 BRACONNIER Pierre, L’économie sociale et solidaire et le travail, L’Harmattan, 2013.
 L’Entreprise, n°296, janv. 2011, Céder son entreprise à ses salariés, p. 80
 Alter Eco n°310, fév. 2012, L’ESS, un modèle ?, p. 63.
Sitographie :
 la
loi
sur
les
SCOP:
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;?cidTexte=LEGITEXT000006068644
 Site de la coopérative d’activités et d’entrepreneurs Ozon : http://www.ozon-cooperer.org/
Rencontre effectuée le mercredi 7 janvier à Septfonds
 http://www.les-scop.coop/sites/fr/l-annuaire-scop/ Site officiel des SCOP avec registre
de chacune d’elles en France, nous ayant permis d’effectuer un sondage ayant récolté
44 réponses.
Emissions de radio :
 http://www.franceinter.fr/emission-interception-scop-les-salaries-entrepreneurs
 http://www.franceinter.fr/emission-le-telephone-sonne-les-societes-cooperatives-unmodele-economique-davenir-1
Film :
 Entre nos mains, tourné en 2009 près d’Orléans, réalisé par Mariana Otero, et qui
montre l’expérience de tentative de reprise de leur usine sous forme de SCOP par des
salariés d’une entreprise de lingerie menacée de fermeture.
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