Club de lecture du 11 septembre 2016 Les lectures de l`été

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Club de lecture du 11 septembre 2016 Les lectures de l`été
Club de lecture du 11 septembre 2016
Les lectures de l'été
Ce livre peut être emprunté à la BPT Vence
Sylvette C.
« Churchill m’a menti » Caroline GrimmEditions Flammarion 2014
De nationalité française, Caroline Grimm est née le 08 juin 1964.
En 1986, Caroline Grimm commence une carrière artistique dans la
chanson, puis au cinéma et à la télévision, parallèlement à des études de
littérature.
Caroline Grimm présente sur France Inter, une émission intitulée La Nuit
Caroline de 1996 à 2000. En 2000, elle sort un livre érotique intitulé La Nuit
Caroline, en référence à l'émission de radio qu'elle a animée. En 2009, elle
publie une biographie d'Olympe de Gouges, première féministe de l'histoire,
intitulée Moi, Olympe de Gouges. En décembre 2014 : Churchill m’a menti
C’est un roman sur un pan méconnu de la guerre de 39-45 et dont l'intrigue
historique est mise en abîme dans une autre, celle d'une jeune narratrice partie sur les traces de son
grand-oncle, « demi-juif » déporté par les allemands dans les îles anglo-normandes.
C’est ainsi que l’on appelait les juifs mariés à des « aryennes » catholiques, et ceux-ci, au lieu d’être
expédiés en Pologne furent envoyés dans le camp de concentration de l’île d’Aurigny où ils
travaillèrent en véritables forçats, à l’édification d’une partie du mur de l’Atlantique.
S’il s'agit bien d'un terrible chapitre souvent ignoré de la 2ème guerre mondiale, c’est aussi, l'histoire
de la population des îles anglo-normandes, reniée et abandonnée probablement parce que cet
archipel minuscule est tenu pour quantité négligeable. Churchill supposant sans doute que ces îles
n’intéresseraient pas les allemands a fait le choix de protéger en priorité l’Angleterre, île dont l’ennemi
n‘a pas foulé le sol depuis 1066 ... C’est l'histoire, vraie et méconnue, d'un archipel démilitarisé à l'aube
de la Seconde Guerre mondiale et qui va être envahi par les Allemands, puis occupé pendant plus d'un
an après la fin du conflit. Si l’essentiel du roman se déroule sur les ’îles de Jersey, et d’Aurigny, toutes
les autres petites anglo-normandes ont bien été envahies elles aussi, et il est à noter que Churchill
dans ses Mémoires, les rattachera à la France, alors qu'elles ont toujours été sous la protection de la
Couronne britannique !
Le roman débute le 15 juin 2013 à St Malo avec la narratrice Nathalie Goldman, en partance pour
Jersey, elle est à la recherche d’un pan obscur du passé de sa famille.
Et dès le 2ème chapitre, on se retrouve le 8 août 1940 pour la Fête des Fleurs à Jersey, avec des
scènes de liesse brutalement interrompues par des bombardements allemands. Apparaît alors le
personnage de Victoire Le Gallais qui va à son tour entrer en lice en tant que narratrice. Il en sera ainsi
pour tous les personnages qui vont jouer un rôle dans ce roman, d’Emma Landry, au capitaine
Richardson en passant par Diane Fitzgerald pour ne citer qu’eux. Gardien de phare, bailli, boulangère,
épicière, prisonnier dans le camp de l’île d’Aurigny, tout un petit monde qui va peu à peu nous livrer
son histoire face aux Allemands qui oppriment, tyrannisent les habitants de l’archipel. Ici comme
ailleurs à cette même époque, certains vont se révéler héroïques, d'autres lâches, ou encore juste
essayer de survivre, résignés, l’insularité exacerbant tout.
Les points de vue adoptés par l'auteur, seront essentiellement féminins, chacun d’eux donnant à voir
un nouvel aspect de la violence de la guerre et de la barbarie de certains hommes. On s'attachera
particulièrement à Victoire que l'on découvre au tout début jeune adolescente insouciante, et qui va
devoir grandir vite, très vite. Elle prendra des coups chapitre après chapitre, année après année,
jusqu'à la fin, où cette jeune femme ne se départira jamais de son courage.
Ce roman à l’écriture et l’intrigue simples, qui ne tombe jamais dans le pathos, et nous plonge dans le
quotidien des insulaires à une époque troublée – ne peut que toucher le lecteur.
Ce livre peut être emprunté à la BPT Vence
Evelyne B.
« Quatuor » Anna EnquistActes Sud 2016
Anna Enquist nous entraîne dans un avenir proche et dans une ville qui, jamais
nommée, ressemble étrangement à Amsterdam. Un quatuor amateur réunit des
amis à qui la pratique musicale offre un dérivatif bienvenu à une vie
professionnelle ou personnelle difficile. Caroline (violoncelle) est médecin
généraliste ; Jochem (alto) est luthier ; Heleen (deuxième violon) est infirmière ;
Hugo (premier violon) dirige un centre culturel qui n’en a plus que le nom…
Et puis il y a Reinier, ancien soliste virtuose auprès de qui Caroline prend
toujours des leçons, vieillard vivant reclus dans la terreur du monde qui
l’entoure. Tandis que la musique de Mozart, Schubert ou Dvořák est une
consolation pour les quatre amis, la ville alentour est le théâtre d’une affaire
criminelle qui, de prime abord, ne semble pas les concerner.
Dans l’avenir proche esquissé par Anna Enquist, la culture est un luxe inutile, l’assurance maladie un
privilège, et la vieillesse une disgrâce que l’on camoufle dans des institutions aux allures pénitentiaires.
Un monde inhospitalier, inquiétant, et qui pourtant nous est familier. À la beauté du motif musical, la
grande romancière néerlandaise ajoute ici des éléments nouveaux dans son œuvre: une critique
politique et sociale aux accents visionnaires et une intrigue digne d’un thriller.
Ce livre peut être emprunté à la BPT Vence
Yolaine M.
« La frontière du loup » Sarah HallEditions Christian Bourgois-2016
Rachel Caine travaille dans une réserve indienne de l'Idaho. Elle est sans nul
doute le meilleur expert britannique de la biologie et du comportement des
loups. À la demande d'un riche propriétaire terrien militant de la cause
environnementale, elle accepte de rentrer en Ecosse pour l'aider à
réintroduire le loup gris dans son domaine. Pour Rachel, ce retour en
Combrie n'est pas uniquement synonyme de changement professionnel.
Enceinte depuis peu, elle doit également se réconcilier avec sa famille
désunie et faire face au défi que représente la réintroduction d'un animal
disparu de l'île depuis plus de cinq siècles. Sur fond de débat sur
l'indépendance de l'Ecosse, Sarah Hall interroge la nature fondamentale de
l'homme et de l'animal, se penche sur les concepts d'écologie et de progrès,
sur les préoccupations les plus obsédantes de l'humanité.
René G.
« Mon frère le Che » Juan Martin Guevara, Armelle VincentEditions Calmann-Lévy 2016.
Il existe de nombreuses biographies d’Ernesto Che Guevara. Notre lecteur à
choisi de nous présenter celle écrite par son frère Juan Martin qui se
distingue par une approche sensible et intimiste.
Juan Martin fait revivre ainsi ce frère aîné au sein d’une famille excentrique,
bohème mais où la culture est une valeur essentielle.
Devenu un intellectuel engagé, soucieux de l’éducation et de l’instruction des
masses, il continuait à lire un livre par jour même au plus fort de la guérilla.
Pénétré par un ardant souci de justice et d’égalité sociale, cependant non
dépourvu d’un certain pragmatisme, ce médecin de formation deviendra le
ministre de l’économie de Fidel Castro.
Juan Martin, de 15 ans son cadet, s’est décidé à rompre le silence voulu par
l’ensemble de la famille à la mort du Che, afin de perpétuer le message et le rayonnement de ce
combattant devenu une légende et une source d’inspiration pour les jeunes générations.
Claude-France M.
« Geai » Christian Bobin.
Editions Gallimard 1998.
Christian Bobin est né au Creusot en 1951 où il vit toujours. Contemplatif, ami
du silence et de la nature il célèbre les petites choses de la vie, la simplicité et
la richesse des vies minuscules.
Dans « Geai », il nous raconte la vie d’Albain huit ans au début du récit, petit
garçon rêveur et de sa rencontre avec une mystérieuse dame du lac, qui lui
sourit. Il n'y a qu'Albain qui puisse voir cette Dame, Geai. "Geai était morte
depuis deux mille trois cent quarante-deux jours quand elle commença à
sourire".
Ensemble, ils vont au fil de la vie d'Albain. L’enfant grandit et découvre la vie,
toujours dans son petit monde à lui, sous le regard et le sourire toujours
bienfaisant, bienveillant de Geai.
Ce livre peut être emprunté à la BPT Vence
Claude T.
« Nymphéas noirs » de Michel Bussi
2011- Presses de la Cité
Michel Bussi, né le 29 avril 1965 est un auteur et politologue, professeur de
géographie à l’université de Rouen. Devenu un auteur à succès dans la
catégorie Polars et suspense, il est selon le classement GFK-Le Figaro, le
troisième écrivain français en nombre de livres vendus, derrière Guillaume
Musso et Marc Levy
Cinquième roman de l'auteur, Nymphéas noirs, est le polar français le plus
primé en 2011 avec cinq prix littéraires.
L’intrigue se situe à Giverny, village de Claude Monet, berceau de nombreux
chefs-d'œuvre du peintre, mais aussi lieu de tous les mystères. Le récit porte
sur trois femmes vivant dans ce village: une fillette de 11 ans douée pour la
peinture, une jeune et séduisante institutrice et une vieille femme, se terrant
dans sa tour ne manquant jamais d'espionner la vie au dehors. Tout semble être réuni pour mener une
vie paisible sauf qu'un meurtre inexpliqué va venir rompre ce calme apparent.
Ce livre peut être emprunté à la BPT Vence
Michèle R.
« Femmes » Andrea Camilleri.
Editions Fayard-2016.
Andrea Camilleri, né le 6 septembre 1925 dans la province d'Agrigente en
Sicile est un metteur en scène et un écrivain italien.Il connaît un énorme
succès en Italie comme ailleurs, notamment grâce à ses romans mettant en
scène le commissaire Montanalbo
Son dernier opus « Femmes » est un recueil est consacré à une figure
féminine. Dans cette galerie de portraits inédite, Andrea Camilleri rassemble
aussi bien des femmes de son entourage (sa grand-mère, son éditrice, des
amies, des rencontres.) que des personnages littéraires ou historiques
(Antigone, Néfertiti, Desdémone, la Béatrice de Dante, Jeanne d’Arc…).
Classées par ordre alphabétique, ces destinées intenses, originales,
émouvantes, parfois drôles, sont toujours racontées avec admiration par un
Camilleri ouvertement du côté des femmes.
Evelyne C
« Vie et destin » Vassili GrossmanLe livre de Poche-1980
Œuvre majeure de Vassili Grossman, auteur russe né en 1905, mort en 1964,
« Vie et destin » est le deuxième tome d’une œuvre monumentale dont le
premier tome « Pour une juste cause » relate l’irruption brutale de la guerre et
l’inexorable progression de l’armée allemande sur le territoire russe. Très
imprégné par l’adhésion de l’auteur aux valeurs soviétiques, ce premier tome
est généralement délaissé au profit de « Vie et destin » poignant témoignage
sur la bataille de Stalingrad, la victoire du peuple russe et l’après guerre avec
les désillusions de l’auteur sur le régime soviétique.
On y retrouve avec plaisir les protagonistes de la galaxie Chapovnikov
présente dans « Pour une juste cause » et des éléments autobiographiques
relatifs à l’auteur : origines juives, études scientifiques, perte d’un fils au front,
d’une mère qui périt dans un ghetto en Ukraine et la critique d’un régime devenu paranoïaque avec
Staline.
Le récit se déploie sur plusieurs plans. Au centre, les deux sœurs Chapovnikov, Evguénia et Loudmilia,
leurs destins terribles et dissemblables. Loudmilia, mariée au physicien Strum, un homme droit et
lucide, héros principal du roman et double de l’auteur. Il est à l’origine d’une découverte capitale dans
le domaine sensible de la physique nucléaire mais sera chassé de son laboratoire parce que juif. Son
désamour pour Loudmilia et le sort atroce réservé à sa mère font partie de la vie même de Vassili
Grossman. Ses compétences en matière de physique nucléaire étant cependant essentielles au régime
Strum sera réhabilité sur un simple appel téléphonique de Staline en personne et bénéficiera de
moyens exceptionnels pour poursuivre ses travaux. Toutefois, devenu une sorte d’otage choyé du
pouvoir, il ne pourra échapper à la compromission et connaîtra une sorte de chute morale entraînant la
perte de l’estime de soi.
Tout ce qu’il y a à retenir de la deuxième guerre mondiale, se trouve dans cette œuvre : le sens profond
de ce combat contre les forces obscures du mal absolu qui entendait s’attaquer à l’être, au sens
ontologique du terme, pour le chosifier, le minéraliser, en faire un esclave oublieux de la liberté et du
bonheur, simplement doté d’une cruauté au service d’une idéologie terrifiante. Comme il est de tradition
dans la littérature russe, ce récit va bien au-delà d’un simple roman, il véhicule de profondes idées
philosophiques sur l’histoire, la guerre, la finalité de la science, la nature humaine, notamment sur le
mystère du mal absolu, sa banalisation, mais aussi l’attachement indéfectible de l’homme à la vérité et
à la liberté, la noblesse du travail, l’amitié, la bonté désarmante de certains individus dans les
circonstances les plus extrêmes au sein du chaos.
Dans ce tome 2, Vassili Grossman laisse apparaître tout son scepticisme et dénonce les équivalences
des idéologies : le totalitarisme soviétique a triomphé du totalitarisme nazi et la révélation sera d’autant
plus brutale que le pouvoir stalinien désireux de reprendre en main la société, après l’ivresse de la
fraternisation et de la liberté expérimentées dans les tranchées de Stalingrad ne donnera pas
l’occasion au peuple russe de profiter de la liberté retrouvée.
On ne saurait parler de cette fresque monumentale sans évoquer son destin éditorial si particulier.
Publié en 1952 et 53, « Pour une juste cause » valut à son auteur de subir de violentes attaques ainsi
que les effets de la politique exercée par Staline et le Parti.
Grossman deviendra un écrivain clandestin, une non-personne. Dans les années soixante les
exemplaires de« Vie et destin » seront confisqués par le KGB. L’œuvre connaîtra une résurrection à
partir d’un manuscrit miraculeusement retrouvé et sera publiée en occident en 1980 et en 1989 en
Russie.
Il semble dérisoire de vouloir transmettre en quelques lignes la profondeur et l’étendue de ce roman qui
est une totalité, une sorte de cathédrale, une œuvre incontournable que « l’honnête homme » (au sens
que cette expression recouvrait au XVIIème siècle) de notre temps se doit de connaître.