1 Vie des affaires et emploi
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1 Vie des affaires et emploi
Vie des affaires et emploi – suite Marie-Noëlle Blancheteau Michel Berne Les électroniciens et équipementiers Les constructeurs américains se réorganisent et/ou licencient. Intel se réorganise en janvier et passe de 3 à 5 divisions produits, regroupés en « plates-formes » nommées : Mobility, Digital Enterprise Group (infrastructures pour le secteur professionnel), Digital House (appareils d’électronique de loisirs), Digital Health Group et le Channel Products Group (diffusion mondiale du catalogue d’Intel). Intel renforce son centre de R&D de Bangalore (avec un investissement de 668 M€) mais accorde également à Intel Capital, son fonds d’investissement qui a déjà financé plus de mille sociétés, 250 M$ pour investir dans des jeunes sociétés high-tech indiennes. Depuis 1998, ce fonds a financé en Inde 40 nouvelles sociétés dans sept grandes villes, comme Deccanet Designs (informatique), FutureSoft (télécommunications), NIIT (e- learning), Nipuna Services, Tejas Networks, India Infoline.com Ltd. (portail), Sasken Communication Technologies ; les deux dernières sont entrées en bourse en 2005. Chez Nortel, Bill Owens, nouveau P.D.G., restructure l’entreprise en deux divisions produits (Solutions d’entreprise et réseaux de paquets et Mobilité et cœur de réseau convergent) et quatre divisions régionales. En avril 2005, il achète PEC Solutions (SSII de 1 700 salariés spécialisés dans les services informatiques pour les administrations fédérales, le FBI et la poste). Franck Dunn, CEO adjoint et deux autres cadres sont poursuivis en justice et de nombreux départs ont lieu pendant la première partie de l’année. De leur côté, Matsushita Electric Industrial (TV à écrans plasma) licencie 18 % de ses effectifs américains (500 p.) alors que National Semiconductor Corp. fait partir 550 personnes en Californie (cartes pour téléphones portables et TV). Les grands groupes d’électronique japonais souffrent de la concurrence coréenne (Samsung) qui entraîne une baisse continue du prix des lecteurs de DVD, écrans plats et appareils photos numériques. Fujitsu fait des pertes énormes au 4ème trimestre et annonce des mesures de réductions d’effectifs. Pioneer ferme dix de ses quarante usines disséminées dans le monde et supprime 2 000 emplois (5% de ses effectifs). Sanyo supprime 14 400 postes dont 8 000 au Japon, revend 20 % de la surface de ses usines et réaffecte 20 % de ses effectifs à d’autres postes. Sa nouvelle stratégie vise les solutions environnementales, de transports, de relations familiales et de santé. Enfin, Sony perd de l’argent et supprime 7 % de ses effectifs mondiaux. Nokia réduit son budget de R&D à 10 % de son CA, surtout dans le domaine « multimédia » et supprime 250 postes en Finlande et un peu moins à l’étranger © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 1 (principalement en Allemagne). Fin novembre, il reprend Intellisync (société américaine de messagerie et d’applications mobiles créée en 1993) et ses 450 employés. En Allemagne, Infineon prépare la revente de son activité déficitaire de fibres optiques (1 200 personnes). Siemens (39 000 p. dans les TIC dans le monde et environ 16 000 en Allemagne) continue ses réductions d’effectifs. En janvier 2005, c’est un nouveau plan social dans la téléphonie fixe (1 350 p.) et dans les services informatiques SBS (950 p.). En octobre, c’est la revente des téléphones mobiles (6 000 p. dont 3 000 en Allemagne) au taïwanais BenQ (ex filiale d’Acer) et une annonce conjointe de 4 224 suppressions de postes (dont 2 860 en Allemagne) dans sa filiale Com. En fait, 2 838 postes dans les systèmes de communication pour les entreprises, 797 postes dans les réseaux de téléphonie fixe et mobile et 294 dans la fabrication des téléphones fixes sans fil sont supprimés et 295 emplois d’informaticiens de la filiale Com sont délocalisés en Inde. Avec des pertes de 690 M€ pour un chiffre d’affaires de 5,75 milliards d’euros sur l’exercice 2005 clos fin septembre, l’entreprise fonde sa nouvelle stratégie sur la téléphonie par Internet ou les produits de communication à large bande. En France, Alcatel (56 000 salariés fin 2004 contre 100 000 en 2001) continue ses restructurations et ses créations. En France, il revend ses parts dans Nexans et après trois années de procédure, doit réintégrer dans sa filiale Nextira One, 328 ex-collaborateurs d’Alcatel Réseaux d’Entreprise licenciés après leur reprise par Marine Communication. Il regroupe à Gênes ses activités de NGN (Next Generation Networks) et crée un centre de recherche pour réseaux à large bande en environnement métropolitain (10 M$). Ce centre doit employer environ 150 chercheurs d’ici deux ans. En Inde, c’est la création d’une joint-venture avec le C-DOT (Centre indien pour le développement des Technologies des Télécommunications) dédiée à la conception et au développement de produits haut débit sans fil. Le C-DOT Alcatel Research Center de Chennai et l’usine ITI de Mankapur (technologie radio GSM) fournissent le premier million de lignes GSM à l’Inde début 2005. En Chine, après avoir créé (en août 2004) avec le chinois TCL Communications , une filiale nommée TAMP (TCL & Alcatel Mobile Phones), Alcatel revend ses parts en mai et rapatrie ses 360 salariés à Colombes. Le franco- italien ST Microelectronics (50 000 p. dans le monde, dont la moitié environ en Europe, 10 000 en France, 10 000 en Italie, 3 200 aux Etats-Unis et 16 150 dans la zone Asie Pacifique, le reste étant réparti entre la Belgique, la Pologne et l’Allemagne) annonce un nouveau plan de licenciement de 2 300 personnes en Europe pour réduire sa masse salariale de 6 %. En France, mille personnes sont concernées par ces mesures d’incitation au départ volontaire et à la création d’entreprise mais il n’y a pas de fermeture d’usine ; le reste correspond à des délocalisations en Asie. Cette décision est motivée par trois raisons : la concurrence dans les semi-conducteurs tire les prix vers le bas, le dollar est faible et la demande atone. Les mémoires flash, qui génèrent 20 % des revenus, sont particulièrement touchées (ce qui est également vrai pour son concurrent AMD). Le plan, qui doit être achevé à © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 2 la mi 2006, coûte entre 100 et 130 M€ et devrait permettre d’économiser près de 90 M€ par an. Après 3 ans de contrats garantis par Alcatel et la perte d’un contrat pour Thalès Avionique, Flextronics, qui avait repris l’usine de Laval, la ferme début nove mbre 2005 et licencie 503 salariés. Une centaine de salariés seulement sont repris par Cofidur (électronique) pour produire les cartes électroniques de Thalès. Malgré des aides publiques importantes, la filiale française MMCE (Melco Mobile Communication Europe S.A.) du japonais Mitsubishi Electric créée en janvier 2003 en Bretagne à Cesson-Sévigné, ferme à la fin de l’été son centre européen de recherche pour téléphones portables et licencie 167 salariés. NEC applique un plan social sur son site d’Angers et invite 300 des 890 salariés du site à effectuer un bilan de compétences. Après avoir racheté à HP en 2002 l’usine de l’Isle d’Abeau, Sanmina-SCI (600 p.) envisage sa fermeture en raison de l’évolution défavorable de la parité euro-dollar US. Solectron France effectue un sixième plan social (janvier, 218 p.) puis un septième (août, 250 p.) en quatre ans. La filiale française du groupe américain de micro-électronique ne compte plus que 880 salariés. La moitié de ces diminutions d’effectifs sont dues aux délocalisations vers des pays à bas coût de main-d’œuvre. Deux créations de centres de recherche en France : LG Electronics (5ème fabricant de téléphones mobiles destinés à Hutchison, Orange, Vodafone) crée un 5ème centre de R&D pour les mobiles de 3ème génération à Villepinte avec une centaine d’ingénieurs. Le centre doit doubler ses effectifs en 2006. Renesas Technology Corporation ouvre à Rennes une nouvelle entité pour développer des plates- formes de téléphonie 3G : design des LSI pour téléphones mobiles et reprend une petite partie des salaries licenciés par MMCE. Télécommunications Aux Etats-Unis, d’une façon générale, le secteur télécom est peu favorable pour l’emploi. Les opérateurs longue distance sont fragilisés par les décisions de la FCC sur le dégroupage et l’autorisation donnée aux compagnies locales de relever leurs tarifs d’interconnexion. Les fusions que nous avons décrites plus haut ont des répercussions directes sur les fournisseurs, les conseils juridiques et comptables. Suite aux désordres financiers des années précédentes, les sanctions arrivent et Bernard Ebbers, 63 ans, ex-pdg de WorldCom jugé pour « complot, fraude boursière et fausses déclarations à la SEC », est condamné à 25 ans de prison. Les compagnies régionales, pour obtenir de nouvelles sources de revenu, offrent des services aux grandes entreprises et font des alliances. Les petits opérateurs survivent difficilement. Ainsi, l’américain Birch Telecom annonce début août 2005, une réduction de 330 employés ce qui ramène ses effectifs à 525. Eureka Networks (NY.) qui employait 700 salariés en 2000, n’emploie plus 5 ans après que 75 personnes pour un chiffre d’affaires qui a quadruplé. Le taux de syndicalisation des employés des télécoms augmente et les opérateurs limitent leurs licenciements en externalisant au maximum. Il devient courant de voir des opérateurs télécoms régionaux réaliser un chiffre d’affaires confortable tout en employant © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 3 trois personnes. Certes les opérateurs vont créer de nouveaux postes de relation clientèle pour rester compétitifs et éviter le « churn », mais leur priorité reste le développement de services sur le câble. Ils offrent aussi de nouveaux services de vidéo sur les téléphones portables. Verizon installe massivement le câble optique chez les particuliers et prévoit un recrutement de 5 000 vendeurs et techniciens. La domotique doit aussi créer des emplois et permettre ainsi aux opérateurs de concurrencer les câblo-opérateurs. La téléphonie sur Internet (VoIP) est en fin d’année utilisée par environ 3 millions d’utilisateurs résidentiels américains. Les anciens acteurs comme AOL (avec Level 3 Communications et Sonus Networks), Skype (29 M d’utilisateurs, racheté par e-bay), Vonage (environ 1 million d’abonnés fin 2005) ou plus récents proposent soit des services à bas coûts (Sunrocket) soit des formules illimitées (Broadvoice vers 21 pays, dont les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, ou la Chine) mais ils recrutent très peu. Les opérateurs asiatiques et africains En Corée, l’opérateur Hanaro Telecom réduit ses effectifs de 16 %. A Hong-Kong, Hutchison Telecommunications International (HTIL) supprime 750 emplois à Hong Kong mais seulement 480 personnes sont reprises dans les autres filiales du groupe Hutchison Whampoa. Autour du bassin méditerranéen, Orascom rachète l’opérateur mobile italien Wind (3ème dans les mobiles et 2ème dans le fixe) à Enel. Ce fonds d’investissement égyptien dirigé par Naguid Sawiris s’étend maintenant en Egypte, Tunisie, Algérie, au Bengladesh, en Irak, en République Démocratique du Congo, au Zimbabwe et regroupe 11 000 salariés. Les opérateurs historiques qui préparent leur privatisation réduisent leurs effectifs : Gabon Telecom fait passer ses effectifs de 1700 salariés à 1000, l’australien Telstra (52 000 p.) annonce en novembre une réduction du quart des effectifs sur 5 ans, soit 12 000 postes. Télécommunications en Europe En janvier 2005, Deutsche Telekom supprime 2 200 emplois chez T-Mobile pour économiser un milliard d’euros par an. Début octobre 2005, l’opérateur annonce un nouveau plan de licenciement sur 3 ans qui va coûter près de 3,3 milliards d’euros et toucher 32 000 personnes (soit 13 % des effectifs). La téléphonie fixe (T-Com) est particulièrement concernée. Malgré l’annonce de la suppression de 8 000 postes en 2005 (finalement, 3500 postes supprimés dans le monde, mais 6 700 en France en 2005), le groupe France Télécom recrute environ 3 000 collaborateurs dans les domaines du commerce et du marketing, de la R&D et des réseaux. La transformation en société privée se concrétise par des élections et des négociations : les 130 000 fonctionnaires et contractuels élisent pour la première fois le 18 janvier 2005 leurs 3 000 délégués du personnel et les membres de ses comités d’entreprise et © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 4 de son Comité central d’entreprise. Les résultats sont conformes aux élections précédentes : CGT (31,8 % des voix), Sud (27 %) puis CFDT (19,5 %) avec un taux de participation de 74,8 %. En revanche, les négociations salariales des 17 000 salariés de droit privé échouent en février et la Direction prend une décision unilatérale d’augmentation de 1,3 % pour les noncadres, 2,1 % pour les cadres. Les MVNO autorisés par l’Arcep (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) recrutent peu : Debitel (430 p.), FuturTelecom (50 p.), Neuf Cegetel (3 500 p. en tout), NRJ Mobile, Omer Telecom, Tele2, Transatel, Virgin Mobile. Les sociétés informatiques Celles qui cherchent à rester indépendantes se réorganisent ou licencient : en avril, Jon Swaison nouveau PDG de Computer Associates change de nom pour « CA » et se réorganise en cinq divisions. Novell (5 800 p., logiciels d’identification et applications réseaux) licencie en août 150 personnes en Europe. Une seconde vague de licenciements a lieu entre octobre et décembre soit 600 personnes en tout. Unisys Corp. annonce 3 600 licenciements fin octobre (10 % de ses effectifs) après des pertes importantes au 3ème trimestre (24,3 M$). 3Com licencie en mars 220 salariés (dont 120 au Royaume-Uni et en Irlande). L’éditeur i2 Technologies Inc. (2 000 p., logiciels pour la chaîne logistique), licencie 15 % de ses effectifs. Les éditeurs de logiciels et SSII françaises vont mieux En France, les offres d’emplois des SSII-éditeurs de logiciels augmentent de 69 % sauf sur les postes d’exploitation et de maintenance (+ 33 %). L’audit et le conseil progressent également de 36 % et l’ingénierie R&D, qui se répartit plus largement en France en raison des clients industriels progresse de 45 %. Le CA prévisionnel pour 2005 est de 31,5 milliards d’euros soit une croissance d’environ 6 % par rapport à l’année 2004. Pourtant, l’augmentation des activités délocalisées que le syndicat professionnel Syntec chiffre à 6 % du marché, ralentit la progression de l’emploi. Après la mise en examen puis la démission d’Alexis Kniazeff, le nouveau P.D.G. d’Altran, Christophe Aulnette réorganise ses 200 filiales et réduit ses coûts. Deux ex-salariés licenciés abusivement (pour faute grave et lourde pour avoir refusé de mettre en place un système de fausse facturation) en 2002 et 2003 attaquent l’entreprise aux prud’hommes et réclament 5,1 M€ chacun. Pour compenser le turn-over, un plan de recrutement de 4 000 ingénieurs dont la moitié en France est lancé ; malgré un niveau de recrutement similaire en 2003 et 2004, les effectifs sont toujours d’environ 16 500 salariés. Alten atteint les 5 000 salariés, Business & Decision (e-business) rachète Domino Systems , (société anglaise créée en 1995 en création Web et intégration de technologies ebusiness) et WelNetwork ce qui porte ses effectifs à 700 personnes en Europe. © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 5 Capgemini reprend sa stratégie de développement par acquisition et veut recruter 14 000 ingénieurs informatiques d’ici 2008 tout en réduisant ses coûts. Pour cela, l’entreprise qui emploie déjà 3 500 salariés indiens, cherche à y acquérir une nouvelle société. Sa filiale Sogeti-Transiciel (14 000 p.) s’allie en février avec l’éditeur ActivCard pour proposer aux grandes entreprises des solutions européennes d’identification numérique. Elle lance en mars un plan de recrutement de 2 800 ingénieurs dans 11 pays dont 1 600 en France. Sa filiale américaine, issue du rachat de Ernst & Young est restructurée en mai 2005 : réduction de la sous-traitance de 30 % et des coûts administratifs de 50 %, 200 cadres sont licenciés. En octobre, Paul Hermelin, remercie son adjoint Pierre Danon – recruté six mois avant – qui a manifesté son intention d’accepter la présidence d’Accor. CSC reprend ses embauches : 500 p. en 2005 et 600 en 2006. En début d’année, Devoteam reprend la SRIT (Siemens réseaux informatique et télécommunications à Lannion) et sa centaine d’ingénieurs. GFI Informatique emploie 7 000 salariés dans 30 agences et 11 filiales à l’étranger. Teamlog (150 p.) est repris par le Groupe Open. En août, Thalès se réorganise avec Thalès Services qui réunit les activités de conseil et d’informatique, en particulier Thalès IS (Information Systems, 3 000 p.) Thalès Training and Systems (650 p.), Thalès Université Coopération (81 p.), Thalès Information Consulting (25 p.) et 130 personnes de la DSI du groupe. Enfin, les sociétés indiennes commencent à racheter des sociétés européennes : Ainsi, KPIT (8ème société de services indienne avec 3 000 p.) rachète Pivolis. Les sociétés Internet Les fournisseurs français d’accès internet à bas débit stagnent. Oreka créé en mai 2000 disparaît exactement cinq ans après, repris par Club-Internet (groupe T-Online ). C’est la 3ème disparition d’un FAI après celle de La Poste et Cario (groupe Crédit Agricole). En revanche, les FAI qui proposent du haut débit se portent bien : les offres – reposant sur le dégroupage – couplant accès Internet, téléphonie et/ou télévision sur ADSL sont nombreuses ; pourtant, comme les coûts sont importants, non seulement les FAI n’embauchent pas mais ils se regroupent. Ainsi, comme nous l’avons indiqué plus haut, Tiscali France (400 p.) est repris par Telecom Italia, Cegetel et Neuf Telecom fusionnent (2ème opérateur ADSL). Club Internet cherche à être un opérateur à part entière et obtient un investissement de 500 M€ de T-Online) pour déployer son réseau IP. Seuls AOL (qui supprime une centaine de postes avec des départs volontaires) et Tele2 s’adossent toujours sur le réseau dégroupé de Neuf Cegetel pour le haut débit. Lycos France fait la une des quotidie ns en mai en proposant à 34 de ses 75 salariés, dans le cadre d’un « plan de sauvegarde de l’emploi » des reclassements en Arménie au tarif local de 300 à 500 euros par mois. Le Comité d’entreprise dénonce des pratiques de dumping social et le responsable, Matthieu Guinard qui refuse d’être « pris pour un patron voyou » explique qu’il met tout en œuvre pour sauver l’emploi. © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 6 Quelques autres faits marquants : des accords, une perte de repères et des interrogations sur la pénurie qui revient Les accords en France Il faut signaler d’abord, la signature le 19 juillet, d’un Accord National Interprofessionnel sur le Télétravail à approuver à l’unanimité. Il précise les règles qui régissent le télétravail, notamment en termes d’organisation et de durée de travail, de droits collectifs et individuels. Cette forme de travail concerne environ 1,5 million de salariés en France, qui est très en retard par rapport aux autres pays européens. En octobre, c’est la création de l’AFDEL, association d’une dizaine de fournisseurs de logiciels pour « promouvoir et défendre le métier d’éditeur de logiciels » conjointement à la création de l’European Software Association (ESA) qui ambitionne de « devenir le principal interlocuteur auprès des institutions de l’Union européenne, des médias et du grand public sur les questions touchant l’industrie du logiciel ». Enfin, malgré la signature d’un accord-cadre sur la formation négocié avec l’ensemble des partenaires de la profession et l’existence d’un label de responsabilité sociale mis en place par le géant de l’audit, Ernst & Young (E&Y), le secteur des Centres d’appels embauche sans beaucoup évoluer. Chez Transcom (12 000 salariés dans 25 pays), une grève parmi les 1 400 salariés français afin d’obtenir une revalorisation salariale a lieu en décembre 2005. Une perte de repères ou les « stop and go » des permis de travail américains Jusqu’à présent, un bon indicateur de l’emploi américain dans les technologies de l’information était donné par le nombre des visas H-1B accordés par les autorités fédérales pour permettre aux entreprises (principalement de la Silicon Valley) d’embaucher des étrangers qualifiés. Le quota 2006 (de 65 000 visas) ayant été atteint dès la mi-août 2005, soit un mois et demi avant le début de l’année fiscale, la pression (dont celle de l’ITAA, Information Technology Association of America) pour faire remonter cette barre est forte. Le Sénat américain réclame une augmentation de 50 % du nombre des visas et surtout une revalorisation importante des frais de délivrance. Ainsi 95 000 autorisations seront accordées en 2007 (contre 195 000 dans les années 2000). De surcroît, les quotas non utilisés des années 1990 sont libérés et affectés à l’exercice 2006, évidemment au nouveau tarif. L’IEEE-USA proteste car cette mesure contribue à limiter la hausse des salaires qui ont chuté entre 20012002 ; les titulaires de visa H-1B sont en moyenne moins bien payés que les nationaux à qualification égale. De nouvelles interrogations sur la pénurie dans le secteur high-tech Une étude américaine fait état d’un manque de travailleurs en informatique dès 2012 (21 millions d’emplois contre 17 millions de travailleurs disponibles) et s’alarme sur le fait que © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 7 certains signes sont déjà présents : chute du nombre des étudiants en sciences, difficultés de recrutement de Google, avertissement de la sérieuse association IT Professionals Association of America (ITPAA), mais aussi une croissance insolente des activités indiennes regroupées dans le NASSCOM…. Une étude de la filiale people 3 de Gartner, conseille aux entreprises d’adopter une vision à long terme afin d’éviter dès 2012 un déficit de 4 millions de personnes. 1 Une autre étude menée par le journal EE Times et l’agence de communication MCClenahan Brue révèle que 9 sur 10 des 4 000 ingénieurs sondés ont peur que les EtatsUnis perdent leur suprématie technologique. Cette crainte est relayée par un rapport de plusieurs académies nationales américaines 2 qui analyse l’impact (positif et négatif) de la présence importante des «post-docs » étrangers dans la recherche US. 58 % des post-docs sont aujourd’hui des résidents temporaires, contre seulement 37 % il y a 20 ans. Le leadership américain dans la recherche repose sur cette capacité à drainer les meilleurs scientifiques du monde. Le rapport met en lumière le dilemme américain : d’un côté, il faut augmenter la qualité de la R&D en attirant les meilleurs étudiants ce qui tend à diminuer les niveaux de salaire et les perspectives de carrière mais il faut aussi encourager les étudiants américains à s’engager dans les programmes scientifiques ce qui demande d’offrir des salaires plus élevés et de meilleures carrières... En France, l’impact du papy-boom est inégalement ressenti par les spécialistes de l’emploi. La dernière enquête annuelle de l’APEC sur l’emploi des cadres européens en 2006 met en lumière des disparités importantes. Si l’Espagne et la Belgique montrent un potentiel d’accroissement des recrutements cadres, le Royaume-Uni et l’Allemagne devraient accuser une baisse entre 6 et 13 % des recrutements. L’explication fournie par l’APEC, réside dans « une réelle dégradation de la conjoncture et peut-être aussi des délocalisations ». En effet, l’informatique n’a représenté que 2 % des recrutements des cadres britanniques, la R&D 3 % pour la période 2004/2005 (tandis que pour les autres pays, sur la même période la R&D représentait 10 % en Allemagne, 15 % en Italie et 19 % en France). Il est vrai que les exportations indiennes de logiciels ont cru de 34,5 % entre 2004 et 2005 et atteignent cette dernière année 12,2 milliards de dollars. W WW WW W .. O OS ST TIIC C .. IIN NF FO O Télécommunications ~ Électronique ~ Informatique ~ Médias ~ Internet ~ Applications Ce document est sous licence creative commons 1 The Incredible Shrinking Workforce: Addressing Tomorrow’s Issues Today , people3, 2005. The National Academy of Sciences, National Academy of Engineering, National Academy of Medicine Rising above the gathering storm: energizing and employing America for a brighter economic future, National Academies press, 2006 2 © OSTIC L’année des TIC 2005 l’emploi 2 ème partie 8