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PORTRAIT D’ANCIENS Entretien avec Margot Chancerelle (promo 1994-1995) Responsable du service de l’Auditorium du Musée du Quai Branly réalisé le lundi 10 décembre 2012 QUELLE A ETE VOTRE FORMATION PREALABLE ? Je viens d’un cursus musical “amateur”: j’ai fait ce qui s’appelait à l’époque la section A3 musique et je faisais du hautbois au conservatoire. J’avais toujours eu dans l’idée que plus tard j’avais envie de travailler dans les coulisses des métiers de spectacle et de la musique. J’ai intégré d’abord l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux, où j’ai fait un cursus de trois ans. Je me suis demandé ensuite comment réussir à rejoindre l’administration et le côté musical pratique de l'accompagnement des concerts, et c’est à ce moment-là que s’est créé ce qui s’appelait le DESS Gestion et Administration de la musique que j’ai intégré. ETIEZ VOUS PARISIENNE ? Non, j’étais Nantaise à l’époque. J’arrivais à Paris, c’était une grande aventure sur tous les plans, sur le plan personnel aussi puisqu’il s’agissait de connaître cette ville que je connaissais uniquement en tant que touriste, et de la pratiquer aussi en tant qu’amatrice de concerts, de spectacles, de découvrir cette vie culturelle foisonnante que je ne connaissais pas du tout. C’était passionnant. QUELLES ETAIENT VOS ATTENTES PAR RAPPORT A CETTE FORMATION ? Je connaissais les institutions musicales de l’extérieur en tant que spectatrice ou auditrice de concert, mais je n’avais absolument aucune idée de comment tout cela s’organisait ; comment est-ce qu’on engageait des artistes, comment est-ce qu’on les faisait venir, comment est-ce qu’on montait un projet… Je me disais que ce type de formation était évidemment l’idéal pour découvrir tout ça ; avec en plus des professionnels de ces métiers-là qui étaient les enseignants du DESS à l’époque, et qui pouvaient donc nous donner une vision à la fois généraliste et très pratique du fonctionnement. COMBIEN D’ANNEES D’ETUDE AVEZVOUS SUIVI ? À l’époque, cela durait un an : une année scolaire d’octobre à juin, puis un stage pratique de trois mois et un mémoire à rendre à la fin du DESS. QUEL ETAIT LE SUJET DE VOTRE MEMOIRE ? Le sujet de mon mémoire s’est porté sur le développement de l’éveil artistique dans les maisons d’Opéra, à Paris, en France et en Europe : les actions que l’on mène pour rapprocher le jeune public du genre musical très codifié de l’opéra auquel il n’a pas accès par l’école a priori, et comment les maisons d’opéra qui proposent des productions lyriques, essaient de créer une envie chez le jeune public, pour les faire intégrer ces lieux souvent difficiles d’accès pour un public non initié. J’avais rencontré Agnès de Jacquelot, responsable du jeune public de l’Opéra de Paris, qui avait l’air assez débordée : je lui ai dit « Si vous cherchez une stagiaire, prenez-moi ! ». J’ai donc fait un stage à l’opéra pendant toute l’année avec elle et j’ai appris énormément de choses. J’ai pu voir des projets pilotes de ce qui se faisait à l’époque, et du coup j’ai fait un tour de France de ce qui se pratiquait ailleurs en direction des enfants, à Bordeaux, à Nantes, à Nice, à l’opéra de Lille, à l’opéra de Rennes, pour essayer d’évaluer les différentes politiques de ces maisons-là. POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE CE STAGE A L’OPERA DE PARIS ? C’était un stage de terrain absolument génial, car il s’agissait de suivre ce qu’Agnès avait mis en place entre les classes d’enfants - de la maternelle aux étudiants- et les différents projets artistiques. L’idée était de mettre en relation les classes avec des artistes ou des techniciens du spectacle pour leur donner une idée de la magie de ces métiers là. Ce qui m’a marqué c’est la magie de la vie quotidienne à l’Opéra de Paris, cette effervescence constante d’une maison qui vit au rythme de la musique. Agnès m’avait vraiment intégré au sein du projet ; l’expérience m’avait conforté dans mon envie de travailler dans ce domaine. VOUS AVEZ EGALEMENT FAIT UN STAGE DE FIN DE DESS ? J’ai effectué ce stage à la Cité de la Musique, j’étais ravie qu’ils aient accepté ma demande. La Cité de la Musique venait d’ouvrir et ils étaient en train de créer le Musée de la Musique qui a ouvert quelques mois après mon arrivée. J’ai commencé mon stage au service des relations avec le public pour savoir comment une maison pionnière en matière de recherche de nouveaux publics et de propositions tarifaires fonctionnait, et à la fin du stage, j’ai travaillé au service culturel du Musée de la musique. QUEL EST VOTRE MEILLEUR SOUVENIR DE LA FORMATION? J’en ai beaucoup, car ça a été une année très riche. On était une petite promotion en DESS, très soudée, avec des étudiants qui venaient de tous les horizons, du rock, du baroque, de la musique classique ou traditionnelle. Il n’y avait pas beaucoup de Parisiens, donc on s’est serré les coudes pour découvrir des choses ensemble via le DESS et grâce au DESS. J’ai également de très beaux souvenirs de ce qui se passait à Radio France. Le DESS à l’époque était dirigé par Jean Maheu, ancien PDG de Radio France qui a nous a fait le plaisir de nous organiser une journée entière à la Radio, où l’on avait pu assister à des émissions et des enregistrements et déjeuner dans la salle de la présidence. COMMENT S’EST PASSEE VOTRE INSERTION PROFESSIONNELLE APRES LE MASTER ? J’avais donc commencé par travailler pendant mon stage de fin de DESS au service culturel du Musée de la musique ; le musée allait s’ouvrir, ils avaient besoin d’étoffer ce service et ils m’ont proposé tout de suite après mon stage de m’intégrer aux équipes. J’ai évidemment sauté sur l’occasion ! C’était une chance incroyable ! C’était un salaire dérisoire, mais c’était un CDI, ce qui était très rare pour une première opportunité professionnelle. Nous étions une petite équipe de six dans ce service et nous avons ouvert les réservations des visites, les ateliers, les pratiques de musiciens qui faisaient des démonstrations d’instruments sur le plateau du musée, les premiers concerts sur instruments d’époque, des colloques de musicologie, des séances de cinéma… On était un groupe très motivé, de parcours professionnels très variés. J’étais la plus jeune de l’équipe. Je suis restée trois ans au Musée de la musique avant de réintégrer la Cité de la Musique du côté du service de production des concerts de la grande salle, en tant que chargée de production. Il y avait là toutes les typologies de concerts imaginables, depuis le grand concert symphonique, le concert baroque avec effectif plus réduit, jusqu’au concert de musique du monde et au concert Rock. Cela a été extrêmement fructueux sur le plan professionnel et sur le plan juridique, avec la pratique des différents contrats d’artistes, des contrats de cession. Il y avait aussi le prestige de cette grande salle, ce lieu extraordinaire où l’on rencontrait les artistes les plus intéressants du moment. Cela fait partie de mes très belles années. Lorsque l’on travaille à la Cité de la musique il y a ce plaisir de se dire que l’on participe à cette vie artistique et à la diffusion de la musique quelle qu’elle soit pour des publics très variés. QUEL FUT VOTRE PARCOURS PROFESSIONNEL? J’ai enchaîné plusieurs contrats de chargé de production à la Cité de la musique puis j’ai rencontré Christian Labrande, qui s’occupe de tout ce qui est musique filmée à l’auditorium du Louvre et qui m’a proposé de travailler pour lui. Je suis restée un an et demi au musée du Louvre d’une part pour la production d’un festival de films sur la musique -les grand films des archives de concerts filmés des télévisions européennes - ; et d’autre part pour un programme de projections plus régulières qui se faisait au sein de l’auditorium du Musée. Après cela j’ai eu l’opportunité d’intégrer Radio France. L’orchestre Philharmonique cherchait quelqu’un de neuf pour monter tout un programme d’activités jeune public en lien avec les productions de l’Orchestre. J’ai donc passé trois ans passionnants avec Myung-Whun Chung qui venait d’arriver et souhaitait développer cet aspect-là de l’orchestre. On m’a ensuite proposé le poste d’administratrice de la maîtrise de radio France, une structure de 80 élèves de primaires et collège. Une vie de maîtrise c’est une vie très en cocon avec des enfants qui ont une identité particulière d’enfant musicien ; c’est à la fois excitant et en même temps un peu enfermant, donc j’ai ensuite postulé au Musée du Quai Branly où je suis arrivée 6 mois avant l’ouverture du musée en 2006 en tant de chargée de production. Nous étions deux chargées de production pour le service de l’auditorium du Musée du Quai Branly et avons mis en place tout le fonctionnement administratif et pratique des manifestations. Je suis responsable du service depuis un an et demi. Il s’agit beaucoup de coordination à partir de programmations déjà déterminées, que l’on nous propose de l’extérieur ou proposées par des programmateurs que l’on embauche au Musée du Quai Branly : définir les grands axes de cette programmation et la mettre en œuvre très concrètement en déléguant ensuite au chargé de production la production des manifestations. SELON VOUS, QUELLES SONT LES QUALITES “ESSENTIELLES” POUR REUSSIR DANS LE DOMAINE DE L’ADMINISTRATION ET DE LA GESTION DE LA MUSIQUE? Il faut un très bon sens de l’organisation et une bonne capacité d’adaptation, pour pouvoir s’adapter à des types de projets et à des structures différentes. Il faut aussi une forme de stabilité émotionnelle, de « zen » ! Il y a beaucoup de tension pour les artistes, il faut pouvoir apporter une sorte de calme, des réponses systématiques à leur questionnement et à celui des producteurs. Léna Hennessy et Lorraine Prigent (étudiantes Master 1 promo 2012-13)