DEVELOPPER UNE STRATEGIE DU CHAUD
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DEVELOPPER UNE STRATEGIE DU CHAUD
Pour découvrir la nouvelle version 2016 du Guide Bâtiment Durable en ligne, Rendez-vous sur: http://www.guidebatimentdurable.brussels GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS - RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 - DEVELOPPER UNE STRATEGIE DU CHAUD Assurer le confort d’hiver en limitant au maximum la consommation d’énergie. PRINCIPES DEMARCHE Les bâtiments que l’on construit ou rénove doivent permettre la création de conditions de confort, tant en hiver qu’en été. Pour cela, outre l’architecture, on se base sur des installations de chauffage et éventuellement de climatisation, consommatrices d’énergie. Dans une démarche d’architecture durable, on cherchera à limiter au maximum ces consommations d’énergie par une réflexion sur la conception du bâtiment, encadrée par une « stratégie du chaud », développée ci-dessous, et une « stratégie du froid », développée dans une autre fiche. Stratégie du chaud. Les concepts intervenant dans une stratégie du chaud sont les suivants : o o o o o o Capter la « chaleur gratuite ». Stocker cette chaleur dans le bâtiment. Conserver la chaleur accumulée, tout en assurant la qualité sanitaire de l’ambiance. Définir des consignes de température assurant un confort thermique suffisant, sans surchauffer. Produire le complément de chaleur nécessaire de façon efficace. Distribuer efficacement la chaleur dans le bâtiment. OBJECTIFS Minimum o Assurer le confort : éviter la sensation de paroi froide, définir des consignes de température adéquates PAGE 1 SUR 7 – DEVELOPPER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS - RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 - o o Assurer la santé des occupants : concevoir un système de ventilation hygiénique combinant la qualité de l’air et l’économie d’énergie. Limiter la demande d’énergie par une isolation répondant aux exigences légales et une bonne gestion de l’installation de chauffage (intermittence nocturne, choix des consignes, etc.). Conseillé o o Concevoir un bâtiment demandant peu d’énergie de chauffage : Concevoir les ouvertures de façon à profiter au mieux des gains solaires, renforcer l’isolation au-delà des exigences légales, adapter l’inertie thermique à l’usage du bâtiment. Concevoir des installations techniques performantes et économes : Opter pour un système de ventilation double-flux avec échangeur de chaleur, et pour un mode de production de chaleur limitant l’impact environnemental (chauffage bois, chaudières à condensation, etc.). Optimum o o Viser l’absence de besoin de chauffage par une construction ou rénovation selon les principes de la « maison passive ». Profiter de la chaleur de la terre via un puits canadien. La plupart de ces points sont traités plus en détail dans des fiches pratiques spécifiques. Cette fiche-ci a pour objectif de porter la réflexion plus en amont, sur la combinaison de ces différentes recommandations. ELEMENTS DE CHOIX ASPECTS TECHNIQUES > Définir une température de confort ? Une stratégie d’hiver ne cherche pas à maintenir à tout prix une certaine température dans les locaux, mais bien à assurer le confort thermique. Ces deux notions sont différentes. Scientifiquement, pour quantifier le confort thermique, on se base au minimum sur la température opérative des locaux : il s’agit de température ressentie, qui est la moyenne entre la température de l’air et celle des parois. Pour être tout à fait correct, il faudrait également prendre en compte la physiologie des occupants, leur activité et habillement, l’humidité relative de l’ambiance, la vitesse de l’air, etc. C’est possible via des critères de confort complexes, tels que les indices PMV et PPD. Ces derniers ne sont cependant pas suffisamment « maniables » pour être utilisés dans la régulation des immeubles. Pratiquement, dans les petits bâtiments, on veillera à choisir une température de consigne basse (19°C ou légèrement plus selon la sensibilité des occupants) et à diminuer cette température la nuit (16°C dans les chambres) ou lor sque les locaux sont inoccupés (maintenir au minimum 5 à 6°C). La présence de parois froides, d’une humidité élevée, ou de personnes sensibles justifie des températures de consignes plus élevées. Part ailleurs, de nombreux exemples ont montré que des bâtiments dont la gestion est trop complexe n’assurent pas le confort des occupants. Des installations de régulation simples, telles que des thermostats d’ambiance et vannes thermostatiques bien gérées sont donc à conseiller. > Comment éviter les surfaces froides ? Vu la définition du confort thermique donnée ci-dessus, on comprend que la présence d’une paroi ressentie comme étant froide peut créer un inconfort réel pour l’occupant. Une sensation de surface froide peut provenir d’un manque d’isolation ou d’un choix de vitrage trop peu performant. Une élévation de deux degrés de la température de paroi sera donc perçue comme une élévation de 1°C de la température ressentie, si l’ on néglige l’effet des autres paramètres du PAGE 2 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 confort thermique. Une isolation conforme aux règlements en vigueur permet cette élévation de deux degrés de la température des parois, comme le montre l’exemple ci-dessous. Exemple 1 Exemple 2 Température intérieure 20°C 20°C Température extérieure 0°C 0°C 1,4 W/m²K 0,6 W.m²K Température paroi 16,5°C 18,5°C Température opérative 18.25°C 19.25°C U mur La présence de ponts thermiques ou une mauvaise mise en œuvre de l’isolation peuvent également créer une sensation de paroi froide. La qualité du suivi du chantier sera donc importante. > La thermocirculation Dans les années 80, des bâtiments ont été conçus de façon à favoriser les transferts thermiques à l’intérieur des bâtiments, entre les différents locaux. L’objectif était de transférer la chaleur des locaux Sud, bénéficiant des gains solaires et souvent prolongés par des serres ou jardins d’hiver, vers les locaux Nord, plus froids. Le « moteur » de ces mouvements d’air était la différence de température entre les locaux, il s’agissait donc d’une stratégie entièrement naturelle. Figure 1 Illustration du principe de la thermocirculation. Aujourd’hui, ces stratégies sont moins pertinentes. D’une part, les niveaux d’isolation plus élevés font que la température est plus uniforme à l’intérieur des bâtiments, et d’autre part le souci pour la qualité hygiénique de l’air pousse vers des ventilations mécanisées souvent incompatibles avec les principes de thermocirculation. PAGE 3 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 Néanmoins, à l’échelle d’un local, il est toujours pertinent de garder le phénomène de thermocirculation à l’esprit. On positionnera par exemple les fenêtres et les corps de chauffe en tenant compte des mouvements d’air qu’ils induiront : il est toujours intéressant de placer les radiateurs sous les fenêtres pour limiter le risque de voir une masse d’air frais et inconfortable descendre le long de la fenêtre puis longer le plancher. C’est particulièrement vrai si la fenêtre est équipée d’un aérateur de ventilation, qui en hiver laissera entrer de l’air parfois très froid. ASPECTS ENVIRONNEMENTAUX Les différentes démarches que sont l’isolation des parois, la recherche de gains solaires et d’inertie et l’efficience des systèmes de chauffage et de ventilation n’ont pas le même impact énergétique. Il est cependant difficile de déterminer quel paramètre aura le plus grand impact. Leur poids relatif est en effet différent pour chaque bâtiment, et toute amélioration de l’un des points rend le poids des autres d’autant plus important. Les économies possibles par les différentes mesures considérées individuellement sont détaillées dans des fiches spécifiques (voir liens hypertextes en fin de fiche). La figure ci-dessous permet de baliser le poids relatifs des pertes de chaleur dues à l’enveloppe et à la ventilation selon le type de logement et la qualité de son enveloppe. 3 maisons de 100 m² chauffées sur 1 ou 2 niveaux, avec ou sans mitoyenneté Type de logement De plain pied Niveau K U parois (W/m²K) T = toitures / M = murs F = fenêtres / P = planchers Déperditions thermiques Enveloppe Ventilation T M F P en W/K En % en W/K En % K208 4,2 2,3 2,7 1,5 699 89 88 11 K48 0,3 0,5 2,7 0,6 161 65 88 35 K39 0,3 0,4 1,6 0,6 132 60 88 40 K29 0,2 0,3 1,5 0,4 99 53 88 47 K214 4,2 2,3 2,7 1,5 524 86 88 14 K55 0,3 0,5 2,7 0,6 134 60 88 40 K43 0,3 0,4 1,6 0,6 105 54 88 46 K33 0,2 0,3 1,5 0,4 81 48 88 52 K187 4,2 2,3 2,7 1,5 380 81 88 19 K42 0,3 0,5 2,7 0,6 103 54 88 46 K33 0,3 0,4 1,6 0,6 80 48 88 52 K25 0,2 0,3 1,5 0,4 62 41 88 59 2 niveaux 2 niveaux mitoyens Figure 2. Répartitions de l’importance de la ventilation et des déperditions par les parois dans la facture énergétique selon la configuration et l’isolation du bâtiment. PAGE 4 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 ASPECTS ECONOMIQUES Les différentes démarches intervenant dans une stratégie du chaud impliquent des investissements différents : o Capter la chaleur gratuite : les choix d’implantation et de répartition des ouvertures allant dans le sens d’une « architecture solaire » n’occasionnent pas de surcoût en construction neuve. En rénovation, le percement de nouvelles baies est une dépense importante qui peut être très variable selon les cas (Quel type de paroi à percer ? Quelle façon de reprendre les charges ? etc.). o Stocker la chaleur : En construction, la mise en œuvre d’une masse thermique adéquate fait partie des choix de gros œuvre et ne nécessite pas de surcoût. En rénovation, si la construction est légère, il ne sera pas possible d’ajouter de la masse sans modifier la structure du bâtiment, ce qui est un coût très important et ne peut être chiffré que pour un cas particulier. Si le bâtiment existant était à l’origine une construction massive, la mise en jour de cette masse n’occasionne pas de coût élevé, mais dépend des choix de finition intérieure (voir fiche spécifique) o Conserver la chaleur accumulée : une surisolation entraîne des coûts variables selon le type de technique mise en œuvre. Une construction en bois, permettant facilement des épaisseurs d’isolation de l’ordre de 12 ou 15 cm, n’est pas nécessairement plus chère qu’une construction traditionnelle. Des techniques d’enduits sur isolant en rénovation coûtent de l’ordre de 80 € htva/m² de façade, auxquels s’ajoutent les frais d’échafaudage. Enfin, une « maison passive » nécessite un surinvestissement important, qui n’est pas tout à fait compensé par les économies d’énergie (au coût actuel de l’énergie) : en faisant un calcul sur 30 ans, il reste un surcoût de 10 % (source : Passievehuisplatform). Des techniques de ventilation double flux avec récupérateur de chaleur sont généralement facilement rentabilisées. o Produire efficacement la chaleur : des modes de production traditionnel performants, tels que les chaudières à condensation, ont un bon rapport qualité prix. Des solutions plus intéressantes d’un point de vue environnemental, telles que des capteurs solaires, des chaufferies bois, etc. ne sont généralement pas facilement rentabilisées et présentent souvent un investissement important. Des études spécifiques doivent être faites pour chaque projet. ARBITRAGE Les différentes mesures intervenant dans une stratégie du chaud ne sont pas concurrentes. La mise en œuvre d’une ventilation avec récupération de chaleur ne rend pas inintéressante ou inapplicable une isolation importante des parois ou la recherche des gains solaires maximaux. Il arrive cependant que, en cours de projet, les limitations budgétaires nécessitent de choisir entre différentes opérations. Dans ce cas, déterminera les mesures à prendre sur base de deux critères : leur impact environnemental et la possibilité d’une mise en œuvre ultérieure. En effet, certaines mesures telles que l’isolation d’un mur creux ne peuvent être aisément mise en œuvre qu’au moment de la construction. L’ajout d’un chauffe-eau solaire par contre peut être aisément différé dans le temps. Notons qu’une fois un chantier achevé, de nombreuses mesures ne seront plus prises avant la fin de vie de certains équipements. Par exemple, une chaudière ne sera probablement pas remplacée avant 15 ou 20 ans. Conception des ouvertures Masse thermique Impact environnemental Complexité de mise en œuvre différée Très important Très difficile Limité Très difficile PAGE 5 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 Impact environnemental Complexité de mise en œuvre différée Important Très difficile Isolation des toitures Très important Simple Vitrages performants Important Isolation des murs Choix de la production de chauffage Qualité du réseau de distribution de chaleur Qualité du réseau de ventilation hygiénique Important Difficile (attente de la fin de vie des éléments existants) Difficile (attente de la fin de vie des éléments existants) Important Difficile Très important Très difficile Si l’on suit ce raisonnement, ce sont les mesures architecturales qui recevront la priorité : dessin des ouvertures, conception des parois, intégration d’un système de ventilation efficace. DANS LA PRATIQUE Des mesures doivent être prises aux différentes phases de développement et de réalisation du projet. Ces mesures sont décrites plus en détail dans des fiches spécifiques : ESQUISSE o o o Orienter les locaux et dessiner les surfaces vitrées en tenant compte de l’orientation. Privilégier des ossatures bois, permettant facilement une isolation thermique importante. Conserver une certaine masse thermique. Pour cela, on combinera de préférence une enveloppe légère type ossature bois à une structure massive traditionnelle. AVANT-PROJET o o o Maximiser l’isolation des parois : voir fiche spécifique pour des ordres de grandeur. Choisir des modes de production, de distribution et d’émission de la chaleur efficace. Envisager un système de ventilation double flux avec un récupérateur de chaleur sur l’air extrait RECEPTION ET MISE EN EXPLOITATION o Réguler les installations de façon à minimiser leur impact environnemental : ralenti nocturne, vannes thermostatiques, thermostat d’ambiance, etc. INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES AUTRES ELEMENTS A GARDER A L’ESPRIT Voici une liste de fiches dont les thématiques croisent celles de la stratégie de chaud : o o o o o o o o o o o ENE04 - Construire un bâtiment bien isolé ENE06 - Optimiser la conception des fenêtres ENE09 - Limiter les ponts thermiques ENE10 - Assurer une bonne étanchéité à l'air de l'enveloppe ENE11 - En rénovation: isoler les parois ENE12 - Envisager une construction "passive" ENE14 - Choisir le meilleur mode de production de chaleur ENE16 - Optimiser le réseau de distribution de chauffage ENE17 - Choisir un corps de chauffe adéquat ENE22 - Réaliser un puit canadien/provençal ENE23 - Choisir un mode de ventilation énergétiquement efficace PAGE 6 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02 BIBLIOGRAPHIE Informations sur la stratégie du chaud : o Architecture et Climat, Les conclusions de Pleiade, http://www-climat.arch.ucl.ac.be/pleiade/conclusions-pleiade.pdf o Elisabeth Gratia, AMCO2361 – Physique appliqué au bâtiment – notes de cours http://www-energie2.arch.ucl.ac.be/ CD-ROM Concevoir avec le climat – La maison individuelle, disponible auprès de la Région Wallonne, www.energie.wallonie.be o o Guide conseil pour la conception énergétique et durable de logements collectifs, IBGE, 2006 PAGE 7 SUR 7 – DEVELOPPEER UNE STRATEGIE DU CHAUD – FEVRIER 2007 GUIDE PRATIQUE POUR LA CONSTRUCTION ET LA RENOVATION DURABLES DE PETITS BATIMENTS – ENE02 RECOMMANDATION PRATIQUE ENE02