Jacques-Etienne Bovard et Lionel Salaün
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Jacques-Etienne Bovard et Lionel Salaün
Jacques-Etienne Bovard et Lionel Salaün Lauréats du Prix Lettres frontière 2011 et parrains de la 19ème Sélection ©Emile Zeizig “ «Lettres frontières» : mais à vrai dire quelles frontières, me demandais-je, rentrant de Boëge ou de Sierre, d'Annemasse, de Lovagny, de Thonon-les-Bains, d'Evian, de Ville-laGrand ou de Genève ? Bien sûr, j'avais perçu des accents différents du mien ou appris tel mot inconnu, j'étais donc bel et bien hors de chez moi, mais alors d'où venait cette impression d'être en lieux encore plus familiers que chez moi, comme accueilli dans un espace précisément sans frontière, aussi large que peut l'être une langue ? Sans doute étaitce l'effet de l'accueil, de la bienveillance, de la générosité de gens dévoués au livre en général, et ce jour-là au mien en particulier. Il faudrait parler plutôt de«lettres grandes ouvertes», me disais-je. Le fait est que je me sentais très touché. Et davantage : comblé. Réjouissez-vous donc, auteur sélectionné ! Où que vous atterrissiez, petit village perdu, bourgade ou cité internationale, ne vous attendez guère à des foules immenses (pour ma part de 9 à 32 personnes, ai-je discrètement compté), mais ne doutez pas d'une compagnie fort chaleureuse, dont les questions, les réparties franches et souvent drôles, parfois même les confidences inattendues, créeront ce qu'il y a de plus encourageant sans doute pour un écrivain : des rencontres avec des gens qui vous ont lu avec le cœur, sans préjugés, juste pour le plaisir, et qui vous attendent pour partager avec vous le banquet de votre roman. ” Savourez bien ce privilège. C'est plaisir de roi au royaume de la fiction. Jacques-Etienne Bovard Lauréat du Prix Lettres frontière 2011 (côté Suisse romande) “ Lettres frontière! Pris à la "lettre", l'intitulé à de quoi surprendre tant les deux termes sont, par essence, antinomiques. Pour nous tous, lecteurs et auteurs, la valeur du Verbe, l'amour que nous lui portons, se mesure à sa qualité première, essentielle entre toutes, sa liberté. Animés par elle, qui leur insuffle l'oxygène sans lequel ils ne seraient que des gribouillages stériles, les mots véhiculent la sève qui abreuve l'Humanité, les idées, les sentiments, les émotions dont le caractère universel constitue l'âme du Monde. Un mouvement profond, irrépressible, pareil aux courants océaniques, à la circulation des nuages et à la migration des oies sauvages que rien n'arrête, ni les orages, ni les prières et, bien moins encore, les frontières. Celles qui nous occupent, bien sûr, ne sont pas les remparts d'une citadelle inaccessible, ne peuvent ni ne doivent constituer une barrière dressée entre les peuples. En vérité, passé le poste de Douanes, désert, en gare de Cornavin, non sans une vague émotion, je dois l'avouer, quelque chose entre le malaise et l'excitation liée à la nature "exotique" que représente pour un ressortissant de l'Espace Européen le franchissement d'une telle ligne, fut-elle virtuelle, je me suis senti, aussitôt, chez moi. Ici et là, une langue commune, une culture différente et si proche mais, avant tout, un même cœur, la même générosité et une amplitude d'esprit égale de Saint-Etienne à Yverdon, de Thonon, Annemasse à Genève. Un beau carnet de voyage enluminé de rencontres aux couleurs inaltérables auquel il convient de donner un titre: «Lettres sans frontières.» ” Lionel Salaün Lauréat du Prix Lettres frontière 2011 (côté Rhône-Alpes)